Journal des avocats - N°8

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journal des avocats - N째8



- le journal des avocats -


Rêves d’automne

Le journal des avocats voyagera de mains en mains. Ceux qui le trouveront y ajouteront leurs histoires et leurs dessins et alors leur journal atteindra une forme continue d’art collectif. C’est une expérience et vous en faites toujours partie.


Editorial Faites le test. Prenez une feuille de papier blanc. Notez votre nom, votre âge, votre activité, vos revenus mensuels… Et arrêtez-vous un instant pour relire. Un sentiment étrange et un malaise vous gagnent : « Non, ce n’est pas moi ! » Toutes ces étiquettes qui nous enferment dans une catégorie sociale ne révèlent qu’une partie de nous-mêmes, la partie immergée de l’iceberg, pourtant partie intégrante de nos vies. Mais on ne « veut » pas être que cela. Notre vraie nature est autre, plus complète, plus secrète. Plus rêveuse. « Je est un autre », écrivit Arthur Rimbaud. Moi aussi. Vous aussi. D’ailleurs, qui sommes-nous ? Nous avons tous un coin caché à peine connu de nous-mêmes; si bien camouflé qu’il semble parfois faire partie d’un rêve. Un rêve que nous entrevoyons, ressentons et aimons, surgissant certains soirs d’automne, dans la solitude ou dans une cohue que nous fuyons. Ce rêve, nous avons très envie de le voir exploser au grand jour, de le réaliser envers et contre tout et tous, évitant la nostalgie des regrets inutiles. Est-ce une question d’âge, doiton vivre son automne pour le capturer ce rêve ? Non, certes. Au fond de soi, il existe chez chacun de nous une certitude : à tout âge, notre apparence n’est qu’une toute petite partie de nous. Pour saisir qui sont les avocats, il faudrait que naisse une encyclopédie des aspirations, un HPC, pour High Performance Computing, des projets, une géographie des rêves… 7000 avocats, c’est aussi 7 millions de rêves et de passions à découvrir. Ne le prouvent-elles pas ces lectures étonnantes, audacieuses et magnifiques que nous permettent de faire nos généreux auteurs, se découvrant dans le journal des avocats sous tant de multiples facettes ? Et on ose dire que plus rien ne fait rêver ? Peut-être parce que le monde ne parvient plus à construire un rêve collectif à partir des myriades de rêves personnels. En tout cas c’est certain, les rêves sont encore bien là, tapis en tous, nous poussant à nous dépasser, à mener à bien des projets, à donner de notre passion une belle image. Ils nous poussent à nous améliorer et à nous dévoiler au monde qui nous entoure. Preuve en est faite par la diversité et la beauté des textes publiés dans ce journal des avocats. Découvrez les rêves d’automne. Myriam Robert-César Allogators & Cie


SOMMAIRE - INHALT Du cahier de l’éditeur Editorial La tombola des auteurs Notre saison Tous en récré… Epitre à mon dernier écu Du Banc de l’Étudiant Au printemps le journal des avocats avait ouvert ses pages aux étudiants. Cet automne Anna Dejonckheere succède à Xavier Miny et garnit avec brio cette nouvelle rubrique grâce à son texte «En-vie». Notre invité Rolf Lennertz, Président du tribunal d’Eupen Eupen, ein Portrait - Mais que savez-vous donc d'Eupen ? Et ensuite, classés par ordre alphabéthique du nom de leurs auteurs, les articles suivants : Olivier Bonfond

BON

Profanez, profanez, il en restera toujours quelque chose…

Xavier Born

BOR

Barreau de Charleroi « Le jeu des lois … chronique de gens de robe »

Roger Chaidron

CHA

Voyages, …Voyage ?

Daniela Coco

COC

L'Epopée Popelin

Anna Dejonckheere

DEJ

En-vie

Marie-Céline Elleboudt

ELL

Ma passion: la Cuisine ou l'Art de ne pas faire Régime

Ingrid Jodocy

JOD

Empathie

Eric Lemmens

LEM

Là ne manque qu’un olivier

Gérard Leroy

LER

Les églises du Moyen-âge étaient-elles orientées ?

Bernard Mairiaux

MAI

Achille Chavée, avocat au Barreau de Mons

Marco Ossena Cantara

OSS

Petit carnet de voyage

Ghislain Royen

ROY

Une Modification

Vincent Sauvage

SAU

Du bois vivant au droit

Frank Spruyt

SPR

Les 5 mots clés de Frank Spruyt

Michel Vlies

VLI

Le léger cliquetis du dérailleur

Olivier Vrins

VRI

Bloc-notes Avis et Remerciements

ABC

Retrouvez tous nos auteurs Photos


LA TOMBOLA DES AUTEURS Après une gravure originale de Picasso, après des séjours INOUBLIABLES à Saint Petersbourg, Paris, Hout-Si-Plou (destination tenue secrète par le gagnant), Durbuy, et Zagreb... le journal des avocats offre à nouveau un premier prix exceptionnel au grand gagnant de notre TOMBOLA DES AUTEURS. NOTRE PREMIER PRIX : UN SEJOUR MEMORABLE EN SUISSE Un séjour de rêve au GSTAAD PALACE Quatre nuits en demi-pension dans une suite avec vue exceptionnelle sur les majestueuses Alpes Suisses, à l’hôtel GSTAAD PALACE ! Un cadre distingué et une ambiance conviviale, avec plus de 200 employés en été et 300 en hiver dédiés à la satisfaction de vos demandes ! www.palace.ch NOTRE DEUXIEME PRIX : UNE COLLECTION DE 50 CD Le journal des avocats est heureux d’offrir au gagnant du second prix de la Tombola des auteurs une magnifique collection de 50 CD de différents labels de la production outhere, l’un des leaders européens du monde des producteurs et éditeurs de musique classique et ancienne, de jazz et de musique du monde.

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Notre tombola est organisée tous les trimestres pour les auteurs du numéro dans lequel ils viennent d’écrire, en remerciement de leur amicale et gracieuse contribution au beau succès de notre magazine! Les résultats du tirage sont envoyés par email à tous nos auteurs et les heureux gagnants sont aussi contactés par téléphone pour la remise de leur prix. La tombola est toujours aimablement contrôlée par notre huissier de Justice, Maître Frank SPRUYT, que nous remercions chaleureusement. Nous souhaitons BONNE CHANCE A TOUS !


du cahier des éditeurs

Tous en récré… VANILLE ET CHOCOLAT

LE PATIENT CHEZ LE PSY

Deux Alzheimer sont assis dans le parc. Le premier: "J'ai une folle envie de glace" L'autre: "Je vais en chercher, que veux-tu ?" "Deux chocolat, et toi ?" "Moi je prends deux vanille" L'autre réplique: "Il vaut mieux que tu te le notes" "Mais non, le camion de glace est là, juste devant !" "Note-le, je te dis que tu vas l'oublier !" "Non, non, je n'oublierai rien !" Il part en grommelant "Deux chocolat, deux vanille... Deux ch..." Après un bon quart d'heure il revient avec deux saucisses grillées. L'autre lui dit "Et où est la moutarde ? "Bon sang, je l'ai oubliée !" "Tu vois, je t'avais bien dit de le noter !"

Le patient : - Docteur, j'ai un problème. Tous les soirs, quand je suis au lit, j'ai l'impression qu'il y a quelqu'un caché dessous. Alors, je me relève pour regarder sous le lit, et, bien sûr, il n'y a personne. Je me recouche, mais au bout d'un moment, je me dis que je n'ai peutêtre pas bien regardé. Alors je me relève pour vérifier de nouveau, sans résultat bien entendu. Bref, j'ai beau me dire que c'est idiot, je ressens toujours le besoin de m'assurer que personne n'est caché sous le lit. Docteur, tout ça me pourrit la vie, pouvez-vous faire quelque chose ? Le psychiatre : - Hum... Je vois... obsessionnel compulsif... Comptez quatre ans d'entretiens de psychothérapie, à raison de trois séances par semaine, et je vous guéris de votre obsession. Le patient : - Euh... Combien ça va me coûter, Docteur ? Le psychiatre : - 60 € par séance. Donc, 180 € par mois, 2.160 € par an et donc 8.700€ au final. Le patient (songeur) : - Euh... 8700€, je crois que je vais réfléchir...

Ce matin je me suis réveillée, j'ai étiré mes bras, j'ai plié les genoux, tourné la tête et tout a fait "craaaaaccc"…… Alors j'en suis arrivée à la conclusion, non pas que j'étais ''vieille'' mais que j'étais ''craquante'' !!! Avec un grand bonjour aux Avocates "craquantes' ! On embrasse aussi tous les craquants de notre connaissance ! ...

Six mois plus tard, le psychiatre rencontre le type dans la rue, par hasard : - Alors, Pourquoi n'êtes-vous jamais revenu me voir ? Le patient : - A cause de vos 8.700 € ! Mon livreur de pizza m'a résolu mon problème pour 30€ seulement. Le psychiatre (vexé) : - Votre livreur de pizza ? Vraiment ? Et comment a-t-il fait ? Le patient : - Il m'a conseillé de scier les pieds de mon lit !


du cahier des éditeurs

SAVEZ-VOUS QUE : Incroyable mais vrai ! Puisque nous l’avons lu sur la toile - sourire ! 1. Les éléphants sont les seuls animaux qui ne peuvent pas sauter 2. L’orgasme du sanglier dure 30 minutes 3. La fourmi peut soulever 50 fois son poids, entraîner 30 fois son propre poids et tombe toujours sur le côté droit quand elle subit une intoxication (?!) 4. Les ours polaires sont sourds (et/ou gauchers ?!) 5. La puce peut sauter 50 fois la longueur de son corps. C’est comme si un être humain sautait un stade de football en longueur 6. Le crocodile ne peut pas tirer la langue. (Pour les alligators, on ne sait pas) 7. Les lions peuvent s’accoupler plus de 50 fois par jour 8. Les papillons goutent avec les pieds 9. Un cafard peut vivre 9 jours sans sa tête, puis finalement il meurt de faim 10. L’huître a le cerveau plus petit que ses yeux. (Je ne savais même pas qu’elle en avait) 11. Le cri du canard (coin-coin) ne provoque pas d’écho, et personne ne sait pourquoi ! 12. L’étoile de mer n’a pas de cerveau 13. Les moustiques ont des dents 14. Un escargot peut dormir pendant trois ans 15. Les pieuvres ont 3 coeurs 16. Il est impossible d’éternuer les yeux ouverts 17. La pression que crée le cœur humain en battant est suffisamment forte pour lancer le sang à 9 mètres de haut 18. Le muscle le plus fort du corps est la langue (ou le grand fessier ?) 19. Il est impossible de se lécher le coude 20. Les droitiers vivent en moyenne 9 ans de plus que les gauchers (sorry) 21. Thomas Edison craignait l’obscurité NDLE : Et dire que nous ne le savions pas !


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Notre saison... Gardez-vous bien surtout de remettre à l'automne: L'hiver vient aussitôt: rien n'arrête le temps, Clymène, hâtez-vous, car il n'attend personne. Clymène - Jean de La Fontaine

Mon âme vers ton front où rêve, ô calme soeur, Un automne jonché de taches de rousseur, Et vers le ciel errant de ton oeil angélique Monte, comme dans un jardin mélancolique... Poésies (1898) - Stéphane Mallarmé

A l'enterrement d'une feuille morte Deux escargots s'en vont Ils ont la coquille noire Du crêpe autour des cornes Ils s'en vont dans le soir Un très beau soir d'automne. Chanson des Escargots qui vont à l'enterrement Jacques Prévert

L'automne est un andante mélancolique et gracieux qui prépare admirablement le solennel adagio de l'hiver. Aurore Dupin, baronne Dudevant, dite George Sand

La vieillesse n'ôte à l'homme d'esprit que des qualités inutiles à la sagesse. Il semble que, pour certaines productions de l'esprit, l'hiver du corps soit l'automne de l'âme. Pensées (1774-1824) - Joseph Joubert


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Marcher dans une forêt entre deux haies de fougères transfigurées par l'automne, c'est cela un triomphe. Que sont à côté suffrages et ovations? De l'inconvénient d'être né (1973) - Emil Michel Cioran

De la dépouille de nos bois L'automne avait jonché la terre Le bocage était sans mystère, Le rossignol était sans voix. Elégies, la Chute des feuilles - Charles Hubert Millevoye

Les minuits lourds sonnent là-bas, Abattants lents, comme des glas; De tour en tour, les minuits sonnent, Les minuits lourds des nuits d'automne, Les minuits las. Les Villages illusoires (1895), Les pêcheurs - Emile Verhaeren

L'automne, l'automne merveilleux, mêlait son or et sa pourpre aux dernières verdures restées vives, comme si des gouttes de soleil fondu avaient coulé du ciel dans l'épaisseur des bois. Contes de la bécasse (1883) - Guy de Maupassant

Dans le brouillard s'en vont un paysan cagneux Et son boeuf lentement dans le brouillard d'automne Qui cache les hameaux pauvres et vergogneux. Alcools (1913), Automne - Guillaume Apollinaire


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L'amour, c'est comme l'été Il nous faut un automne pour le regretter. L'amour, etc (1974) - Joe Dassin C'est l'automne, la saison où, sous un soleil refroidi, chacun recueille ce qu'il a semé. La Colline inspirée (1913) - Maurice Barrès

Et que j'aime ô saison que j'aime tes rumeurs Les fruits tombant sans qu'on les cueille Le vent et la forêt qui pleurent Toutes leurs larmes en automne feuille à feuille. Alcools (1913), Automne malade - Guillaume Apollinaire

L'automne, c'est cousu de moments de grâce, qui ne durent pas. La maison des enfants (2000) - Janine Boissard

Pourtant que la montagne est belle Comment peut-on s'imaginer En voyant un vol d'hirondelles Que l'automne vient d'arriver ? La Montagne (1964) - Jean Tenenbaum, dit Jean Ferrat

En souvenir de toi tendrement je fredonne Cette chanson d'amour dont le refrain si doux Nous parlait du Printemps, à présent c'est l'Automne Je me souviens de toi, je me souviens de nous... En souvenir de toi... - Charles Trenet Source : Automne - Citations - Dicocitations ™


•  v i t r a p o i n t . b r u s s e l s   -   a v e n u e   l o u i s e   1 5 4   -   1 0 5 0   b r u x e l l e s   -   t   0 2 - 2 4 2 . 0 2 . 0 2   -   f   0 2 - 2 4 1 . 0 1 . 0 1 •  d o m i n i q u e   r i g o   -   r u e   d e   s t a l l e   2 1 0   -   1 1 8 0   b r u x e l l e s   -   t   0 2 - 6 4 9 . 9 5 . 9 4   -   f   0 2 - 6 4 9 . 9 5 . 9 1 e-mail: info@brussels.vitrapoint.net

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w w w. b ru s s e l s . v i t ra p o i n t . n e t


du cahier des éditeurs

ÉPITRE A MON DERNIER ÉCU. O Mon dernier écu , mon unique ressource , Solitaire habitant des déserts de ma bourse , Toi que je méprisais dans mes prospérités , Quand je roulais sur l’or , au sein des voluptés , Depuis que j’ai fléchi sous le joug qui m’accable , Tu parais à mes yeux cent fois plus estimable. Tous mes amis ont fui leur ami ruiné , Et tes frères ingrats m’ont tous abandonné , Toi seul a partagé ma disgrâce cruelle , Comme un vieux serviteur à son maître fidèle. Voyons , mon cher écu , que ferais-je de toi ? De l’or jusqu’à présent j’ai méconnu l’emploi ; En prodigalités sans cesse renaissantes , En fêtes , en plaisir j’ai dissipé mes rentes. J’avais loge au Français , maîtresse et cuisinier ; Un jour voyait partir l’argent d’un mois entier ; Mais par l’adversité désormais rendu sage , De toi , mon cher écu , je ferai bon usage. D’abord j’achèterai. . . . .Qu’achèterai-je enfin ? Quoi ! pour me décider , je balance , incertain ! J’hésite . . . C’est vraiment l’embarras des richesses. J’ai l’air d’un parvenu qui , fier de ses espèces ,


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Et d’un œil satisfait comptant son fier trésor , Médite , embarrassé de l’emploi de son or. Que faire ! je pourrais , et la chose est commune , Quadrupler en jouant ma modeste fortune : Malheureux près du sexe , au jeu on est heureux. . . . Mais qui peut deviner ce dé capricieux , Qui ramenant toujours un numéro contraire Viendrait mettre bientôt le comble à ma misère. Repoussons , mon écu , ce funeste dessein ! Immolons au présent l’avenir incertain. . . . Mais quel est ce vieillard dont la main sollicite Une humble charité d’un Crésus qui l ‘évite ; Ses traits , ses cheveux blancs excitent ma pitié ; De mon dernier écu donnons lui la moitié ; Craignons de l’affliger par un refus barbare : Le pauvre est généreux et le riche est avare. Il est vrai que demain je serai sans argent , Mais ce petit malheur à Paris est fréquent. Combien d’honnêtes gens , par un sort bien plus rude , De dîner aujourd’hui n’ont pas la certitude ! Et demain cependant le soleil matinal ,


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Les verra tous au lit dormir tant bien que mal. Mais nargue des soucis et vive l’allégresse ! Je ne suis pas encore réduit à la détresse , Et pour mes vingt huit sols , et deux sols au garçon Je peux chez un traiteur de modeste renom , Evitant des Véry l’enseigne magnifique Faire ce qui s’appelle un diner poétique. Vienne après un voleur , je l’attends sans effroi ; Notre fripon sera plus attrapé que moi. M. FOUQUEAU DE PUSSY NDE Jeanne-Justine Fouqueau de Pussy (1786–1863) Extrait repris tel quel de

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LEN

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Eupen-ein Portrait Von Rolf LENNERTZ

Quand notre invité, Rolf LENNERTZ, Président du tribunal d’Eupen nous raconte Né en 1953 Rolf LENNERTZ est du côté paternel, issu d’une famille d’agriculteurs originaire du village de Kettenis, incorporé à la ville d’Eupen lors des fusions des communes. Son grand-père maternel était militaire belge, d’origine bruxelloise, stationné après la première guerre mondiale en Rhénanie où il fit connaissance de sa grand-mère, originaire de la région d’Aix-la-Chapelle. Après ses études primaires et secondaires au collège patronné d’Eupen, il étudia le droit à l’UCL et les sciences fiscales à l’ULB. Il fit partie du barreau de Verviers de 1980 à 1987 avant d’être nommé juge au tribunal de première instance d’Eupen début 1988. A partir de 1990 jusqu’en 2011, il fut procureur du Roi près du tribunal de première Instance d’Eupen. Rolf Lennertz est marié et père de trois enfants.

EUPEN


Que savez-vous donc d’Eupen ?

Portrait & Histoire Hier regnet es oft und anhaltend. Meistens kalten Regen. Eupen liegt am nördlichen Fuß der Eifelhöhen, direkt unterhalb der Hochmoore, denen die Bäche entspringen, die, fischlos und sauer, sich in dem Städtchen zu einem Fluss vereinigen, dessen Wasserqualität seit dem 17. Jahrhundert die Tuchmacher dwazu brachte, sich hier nieder zu lassen. La pluie y tombe souvent et elle est tenace. D’habitude, elle est froide. La ville d’Eupen est située au pied septentrional des hauteurs de l’Eifel, juste en dessous des fagnes où prennent source les ruisseaux aux eaux acides et naturellement dépourvues de poissons. Au niveau de la petite ville, ils confluent en une rivière dont la qualité de l’eau incita dès le 17è siècle les tisserands à s’y installer. Rings um Eupen wurden mehrere Wasserläufe gestaut zu malerischen, waldumgebenen Seen, die nicht nur die gesamte Region mit Trinkwasser versorgen, sondern auch, an sonnigen Tagen, Radfahrer und Wanderer anziehen und in verschwiegenen, den Blicken entzogenen Buchten, die örtliche Jugend zum dort strikt verbotenen Baden locken. Dans les environs d’Eupen, différents cours d’eau ont été endigués pour donner naissance à de pittoresques lacs boisés qui non seulement approvisionnent toute la région en eau potable, mais qui, par beau temps, font le bonheur des cyclistes et randonneurs, et dont les baies retirées, à l’abri des regards, invitent la jeunesse locale à des baignades, d’ailleurs strictement interdites. Diese Stadt ist ein Ort der Begegnung und der Abgrenzung. Wenn man auf der hinter Eupen steil ansteigenden Straße durch die dichten Wälder in Richtung Süden kurvt, gelangt man nach nur wenigen Kilometern in von moselfränkischen Singsang sprechenden Menschen bewohnte Eifeldörfer, und streift auf dem Weg zur luxemburgischen Grenze Orte, deren wallonisch klingende Namen keinen Zweifel daran aufkommen lassen, dass hier erste vorgeschobene Bastionen des französischen Kulturkreises liegen. Cette ville est à la fois un lieu de rencontres et de distanciation. En quittant Eupen en direction sud par la route en pente raide à travers une forêt drue, l’on atteint rapidement, au bout de quelques kilomètres, les villages de l’Eifel, dont les habitants chantent en dialecte francique mosellan, et longe sur son chemin vers la frontière grand-ducale des localités dont les noms à consonance wallonne ne laissent subsister aucun doute qu’il s’agit des premiers avant-postes de la sphère culturelle française.


Auch in Eupen kann man den Eifeler Singsang hören. Die Menschen folgen den Arbeitsplätzen. An den Kassen der Supermärkte jedoch sitzen viele Frauen, deren Deutsch einen unüberhörbaren französischen Akzent aufweist. Sie stammen aus den westlich, in – aus Eupener Perspektive - „Altbelgien“ liegenden Nachbarortschaften. Der eingesessene Eupener selbst spricht ein gemütliches, breites, rheinisches Deutsch, das durchaus seinem Temperament und Wesen entspricht. Le parler chantant de l’Eifel s’entend aussi à Eupen. C’est la conséquence d’une transhumance professionnelle. Pourtant, les caissières des supermarchés s’expriment dans un allemand au fort accent francophone. Elles sont originaires des localités voisines situées à l’ « ouest » - dans la perspective eupenoise -, dans les ainsi nommées communes de l’ « ancienne Belgique ». L’Eupenois de souche lui-même parle un charmant allemand rhénan qui reflète parfaitement son tempérament et sa nature. Nicht nur der Sprache nach gehört der Eupener zum Rheinland. Hier wird mit ungebrochener Begeisterung der rheinische Karneval gefeiert. Nach Kölner Vorbild bilden die Blauen Funken alljährlich die Vorhut des imposanten Rosenmontagszugs und vom Kind bis zum Rentner kann praktisch jeder echte Eupener die Kölner Karnevalslieder mitsingen – zumindest den Refrain. Mais l’Eupenois n’est pas seulement rhénan de par sa langue. C’est avec un enthousiasme inaltérable que l’on y fête le carnaval rhénan. Tous les ans, la société dite des « Blaue Funken », prenant modèle sur sa consoeur colonaise, ouvre l’imposant cortège du « Lundi des Roses », et tout vrai Eupenois, du plus petit au plus âgé, connaît les airs de carnaval de Cologne – ou tout au moins leur refrain.


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Ähnlich steht es bei den sportbegeisterten Eupenern in Sachen Fußball. Die hiesigen Fanclubs halten in Treue fest wahlweise zum ersten FC Köln, zu Borussia Dortmund oder zu Schalke 04. Problematisch gestalten sich für die Sportfreunde internationale Turniere, bei denen deutsche Vereine auf einheimische Clubs treffen. Oder gar Länderspiele, in denen die hiesige Nationalelf gegen die Deutschen antreten muss. Ein alter Eupener Schalke-Fan hat es vor einem Weltmeisterschaftsspiel auf den Punkt gebracht. „Da spielen die unseren gegen die unseren“ – das Herz blutet und kann sich nur schwer dazu durchringen, für die Richtigen zu schlagen. L’on peut en dire autant des amateurs de sport eupenois en ce qui concerne le football. Les clubs de supporters restent éminemment fidèles aux grands clubs allemands, qu’il s’agisse du « Erster FC Köln », de « Borussia Dortmund » ou de « Schalke 04 ». La situation devient problématique lors de tournois internationaux, lorsque les clubs allemands rencontrent des clubs du pays. Où même lors de rencontres internationales, lorsque les Diables rouges jouent contre les Allemands. Un supporter de longue date de « Schalke 04 » a parfaitement résumé ce dilemme à l’occasion d’un match de coupe mondiale : « Ce sont les nôtres qui jouent contre les nôtres.» - le cœur saigne et ne peut que difficilement se résoudre de quel côté balancer. Ansonsten setzt man sich in Eupen gern von den deutschen Nachbarn ab. Sie sind so schrecklich selbstbewusst und vermitteln den Einheimischen ständig das Gefühl, wie arme Vettern und Cousinen von oben herab behandelt zu werden. Von Leuten, deren Land nach dem Krieg in Trümmern lag und die doch wieder über so viel Geld verfügen, dass inzwischen ganze Viertel in Grenznähe fest in ihrer Hand sind und ihre Kauflust dem Immobilienmarkt zu einem stattlichen Aufschwung verholfen hat. Pour le reste, l’Eupenois se distancie plutôt de son voisin allemand. Car ce dernier est terriblement sûr de soi et l’autochtone se sent sans arrêt traité avec la condescendance accordée aux membres nécessiteux de la famille. Et ce notamment de la part de personnes dont le pays était en ruines après la guerre, mais qui pourtant disposent à nouveau de capitaux importants de sorte qu’ils ont fini par s’approprier en quelque sorte des quartiers entiers en zone frontalière et que leur propension à d’acheter a contribué à un essor considérable du marché de l’immobilier. Problematisch ist, dass der Eupener als regelmäßiger Konsument deutscher Fernsehprogramme, alles über Deutschland und die Deutschen weiß oder zumindest zu wissen glaubt, während der zugezogene Teutone, am Geschehen im Ländchen nicht sonderlich interessiert und des Französischen wie des Niederländischen meist nicht mächtig, keine Ahnung davon hat, was die Belgier umtreibt und wo sie der Schuh drückt. Man bleibt sich fremd. Il se révèle problématique que l’Eupenois, en tant que fidèle spectateur des programmes de télévision allemands, sait - ou croit tout au moins savoir – tout sur l’Allemagne et les Allemands, alors que le Teuton immigré ne s’intéresse guère aux événements qui surviennent dans ce petit pays et, souvent sans connaissance aucune du français ou du néerlandais, reste dans l’ignorance totale des hantises et tracas des Belges. Aucun rapprochement ne s’opère entre eux.

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Die deutschen Mitbürger, die dafür sorgen, dass das Eupener Land statistisch einen der höchsten Ausländeranteile vorweisen kann, ohne deswegen besonders multikulturell zu wirken, sollten sich keine all zu großen Sorgen machen. Die westlichen Nachbarn der Eupener, die Wallonen, sind hier auch nicht sonderlich beliebt. Ähnlich ergeht es den tüchtigen Eifelern, die im Verdacht stehen, den Einheimischen die Arbeitsplätze weg zu nehmen und zu großen politischen Einfluss auszuüben. Que les concitoyens allemands, grâce auxquels la région eupenoise connaît statistiquement une des proportions d’étrangers les plus élevées du pays sans pour autant paraître particulièrement multiculturelle, ne s’en soucient pas trop. Les voisins occidentaux des Eupenois, les Wallons, n’y sont pas non plus fort appréciés. Il en est de même pour les Eifelois, adroits, que l’on soupçonne de rafler les postes aux autochtones et d’exercer une trop grande influence politique. Denn Eupen ist Hauptstadt. Nicht ehemalige Hauptstadt, wie Aachen. Oder Provinzhauptstadt, wie Lüttich. Eine richtige Hauptstadt, mit allem was dazu gehört, also mit einem Parlament, einer Regierung, einem echten Ministerpräsidenten und den zu derartigen Einrichtungen gehörenden Verwaltungen, Behörden und Intrigen. Hauptstadt eines Gebildes, für das die Regierenden den wichtig klingenden Begriff „Kleinstgliedstaat“ geschaffen haben. Die Ansiedlung zahlreicher Regierungs- und Verwaltungsstellen hat der in der Nachkriegszeit als mausgraues Kreisstädtchen im Stillstand dahin dümpelnden Stadt Auftrieb gegeben und ihr zu ungeahnter Bedeutung, zu Vollbeschäftigung und zu gelegentlichen Staatsbesuchen verholfen. Die Republik Österreich und die deutsche Bundesrepublik unterhalten hier Konsulate. Zufrieden sind die bei jeder sich bietenden Gelegenheit maulenden Eupener dennoch nicht. Vielen stößt sauer auf, dass die rührigen Eifeler die Mehrheit der Minister und der Spitzenbeamten von Verwaltung und Justiz stellen. Car Eupen est Capitale. Non pas une ancienne capitale, comme Aix-la-Chapelle. Ou une capitale de province, comme Liège. C’est une vraie capitale, avec tout ce qu’il s’en faut, donc avec un parlement, un gouvernement, un véritable ministre-président et les administrations, autorités et intrigues qu’il convient d’y associer. C’est la capitale d’une entité pour laquelle les gouvernants ont créé le terme de « micro-Etat fédéré » à consonance valorisante. L’implantation de nombreux services gouvernementaux et administratifs a contribué à l’essor de cette petite ville qui, dans l’après-guerre, vivotait immobile et insipide comme chef-lieu d’arrondissement, et lui a conféré une signification inespérée, le plein emploi et occasionnellement des visites d’Etat. La République d’Autriche et la République fédérale d’Allemagne y entretiennent des consulats. Mais les Eupenois, au tempérament râleur à la première occasion qui se présente, sont loin d’être satisfaits. Nombreux sont ceux qui sont en rogne contre les habiles Eifelois qui constituent la majorité des ministres et fonctionnaires dirigeants de l’administration et de la justice.


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Der Eupener hält sich für weltoffen, vorurteilsfrei und kultiviert. Es käme ihm nicht in den Sinn, dass man ihn für verschlossen und fremdenfeindlich halten könnte. Eupener bleiben nur halt gern unter sich. Im Jahr 1970, als sich die Welt ringsum unter dem Impuls der achtundsechziger Revolution wandelte, fuhr eine konservative Liste den größten je verzeichneten Wahlsieg bei einer Stadtratswahl ein mit dem Slogan „Wir bleiben, was wir sind“. Das entsprach und entspricht dem Eupener Lebensgefühl. L’Eupenois se considère comme ouvert sur le monde, sans préjugés et cultivé. Il ne s’imaginerait pas une seule seconde que l’on pourrait le tenir pour renfermé et xénophobe. Bien que – les Eupenois aiment rester entre eux. En 1970, lorsque le monde tout autour vivait des changements radicaux sous l’effet des révoltes de 68, une liste conservatrice gagnait, avec le plus haut score jamais atteint, les élections communales. Son slogan ? « Nous restons, ce que nous sommes ! ». Cela correspondait et correspond toujours à l’état d’esprit eupenois. Die Betroffenen wollen es vielleicht gar nicht wahrhaben, aber die Geschichte und die Lage der Stadt haben dafür gesorgt, dass sich hier seit vielen Jahrhunderten Fremde niedergelassen haben. Noch nie ist man hier „unter sich“ geblieben. Die Römer haben hier Straßen und Villen gebaut. Merowinger und Karolinger gingen hier zur Jagd und unterhielten Königshöfe. Im Flickenteppich des Feudalwesens gehörte das Städtchen nacheinander zu den Herzogtümern Limburg, Brabant und Burgund, landete zunächst bei den spanischen, dann bei den österreichischen Habsburgern, wurde von den Franzosen ins département de l’Ourthe gesteckt und nach dem Wiener Kongress von den preußischen Königen in ihre Rheinprovinz. Staatenwechsel, Feldzüge, Ketzerverfolgungen oder der Eisenbahnbau spülten Spanier, Niederländer, Flamen, Franzosen, Lutheraner, Hugenotten, Preußen und Italiener in die Stadt, Fremde und Flüchtlinge, von denen etliche blieben, heimisch wurden, einheirateten und dafür sorgten, dass Eupener Familien sowohl deutsche als auch französisch oder niederländisch klingende Namen tragen können. Les intéressés eux-mêmes refusent peut-être de l’admettre, mais l’histoire et l’emplacement de la ville ont fait que depuis de nombreux siècles, des étrangers s’y sont installés. Jamais, l’on n’a eu l’occasion de rester « entre soi ». Les Romains y ont construit des routes et érigé des villas, les Mérovingiens et les Carolingiens s’y sont adonnés à la chasse et ont entretenu des cours royales. Tout au long de l’époque féodale, la petite ville a appartenu successivement aux duchés de Limbourg, du Brabant et de Bourgogne, s’est retrouvée tout d’abord auprès des Habsbourg d’Espagne, et ensuite d’Autriche, a été intégrée au Département de l’Ourthe par les Français et, après le Congrès de Vienne, par les rois de Prusse à leur province du Rhin. Les changements de patrie, les campagnes militaires, les persécutions d’hérétiques ou la construction de chemins de fer ont fait affluer Espagnols, Hollandais, Flamands, Français, luthériens, huguenots, Prussiens et Italiens dans la ville, des étrangers et des réfugiés, nombreux étaient ceux qui y sont restés, y ont pris racine, s’y sont mariés et ont contribué à ce que les familles eupenoises portent des noms tant à consonance allemande que française ou néerlandaise.

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Sein im Kern intaktes barockes Stadtbild verdankt Eupen einer ersten Blütezeit unter der Regierung der österreichischen Habsburger, deren Andenken in Ehren gehalten wird. Nicht nur eine Maria-Theresia-Straße und ein Habsburger Weg zeugen von dieser Verbundenheit. Einmal jährlich wird, seit undenklichen Zeiten, in der Sankt-Nikolaus Kirche eine Messe für die Herrscher des Hauses Habsburg gelesen. So viel Glück haben die preußischen Souveräne nicht. Vergeblich sucht man eine Kaiser-Wilhelm-Straße oder eine Hohenzollern Allee. Zum Ausgleich erfreuen sich einige tüchtige Bürgermeister aus der Preußenzeit ungebrochener Popularität und dürfen als Namensgeber für etliche Straßen herhalten. La physionomie baroque intacte du coeur de la ville d’Eupen est due à une première période de prospérité sous le règne des Habsbourg autrichiens, dont le souvenir reste à l’honneur. Ce ne sont pas seulement une rue Marie-Thérèse et un chemin de Habsbourg qui témoignent de cet attachement. De temps immémoriaux, une messe annuelle est célébrée en l’église Saint-Nicolas en l’honneur des souverains de la Maison de Habsbourg. Les monarques prussiens n’ont pas eu autant de chance. C’est en vain que l’on cherche une rue ou une allée en souvenir de l’empereur Guillaume ou des Hohenzollern. Par contre, quelques bourgmestres zélés de l’époque prussienne sont restés populaires et ont pu prêter leur nom lors de l’attribution de noms de rues. Der Durchreisende findet auf Eupens Straßen und Plätzen nur wenige Denkmäler. Genau genommen gibt es deren nur zwei. Unauffällig, von einigen Bäumen umringt, steht an einer viel befahrenen Straße auf einem schmucklosen Sockel ein Clown, Sinnbild der Lebensfreude und des Humors. Karnevalsbegeisterte Bürger erhielten nach langem Ringen mit der zögerlichen Stadtobrigkeit vor mehr als 50 Jahren die Genehmigung, diesen Clown auf eigene Kosten in die Stadt zu stellen. Zu seinen Füßen wird nun seit langer Zeit der Karneval eröffnet und die „alten Weiber“ bringen ihm alljährlich eine ebenso lärmende wie liebevolle Huldigung dar. Das zweite Denkmal ist nicht zu übersehen. Eupens


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größten Platz überragt, hoch zu Ross, ein den Drachen tötender Reiter. Er stellt das den Erbfeind Frankreich niederwerfende deutsche Reich dar, und erinnert an den Sieg von 1871. Es wird nur wenig deutsche Städte geben, in denen noch ein imposantes, an den stolzen Sieg über den einstigen Feind erinnerndes Denkmal in so zentraler Lage die Zeiten überdauert hat. Die Namen zahlreicher für König und Vaterland den Heldentod gestorbener Eupener sind in den verwitternden Stein eingemeißelt. Das Vaterland ist inzwischen ein anderes, eine neue Dynastie herrscht über Eupen, die Bürger kümmert es wenig. Das Denkmal gehört zum Platz und einmal wöchentlich, am Freitag, ragt es auf aus den Marktständen, zwischen denen sich die Hausfrauen und Rentner auf der Suche nach frischem Gemüse, Eiern, Käse und Fisch drängen. Le voyageur de passage ne trouvera que peu de monuments dans les rues et sur les places d’Eupen. Pour être tout à fait précis – il n’y en a que deux. Entouré de quelques arbres, un clown, symbole de la joie de vivre et de l’humour, est discrètement placé en retrait au bord d’une rue très fréquentée sur un soubassement nu. Il y a plus de 50 ans, quelques citoyens, grands amateurs du carnaval, ont fini par arracher aux autorités réticentes de la ville la permission d’installer, à leurs frais, ce clown en plein centre ville. C’est donc à ses pieds que s’ouvre depuis de longues années la session du carnaval, et tous les ans, les « vieilles femmes » lui rendent un hommage tout aussi bruyant qu’affectueux. (Voir l’article de Stéphanie Moor - « Le jeudi des femmes » pour le journal des avocats N°3). Le deuxième monument se remarque tout de suite. Un chevalier sur son puissant cheval, tuant un dragon, surplombe la plus grande place d’Eupen. Il représente l’Empire allemand, écrasant son ennemi juré, la France, et a été érigé en mémoire de la victoire de 1871. Il n’existe probablement que peu de villes allemandes où, en plein centre, un monument aussi imposant à la mémoire de la fière victoire sur l’ancien ennemi aura survécu au temps. Les noms de nombreux Eupenois, morts en héros pour le roi et la patrie, ont été gravés dans la pierre érodée. Depuis lors, la patrie est devenue une autre, une nouvelle dynastie règne sur Eupen, le citoyen ne s’en soucie guère. Le monument fait partie de la place et toutes les semaines, notamment le vendredi, il se dresse parmi les échoppes du marché où se pressent ménagères et pensionnés à la recherche de légumes frais, d’œufs, de fromage et de poisson. Der letzte Vaterlandwechsel hatte auch seltsame Folgen. Erinnerungsstätten und Denkmäler für die Gefallenen der beiden großen Weltkriege sucht man in Eupen vergeblich. Zwischen 1914 und 1918 kämpften und fielen die hiesigen Helden auf der falschen Seite und die neue Obrigkeit verspürte keine Neigung, der ehemaligen Feinde ehrend zu gedenken. Nach der 1940 erfolgten Heimholung ins Reich ergingen Einberufungsbefehle zur Wehrmacht. Wer diesen Einberufungen Folge leistete, ob freudig oder widerstrebend, wurde prompt zum Verräter, dessen Namen nicht auf ein Heldendenkmal gehört. Le dernier changement de patrie a aussi connu des conséquences étranges. C’est en vain que l’on cherchera à Eupen des lieux commémoratifs ou des monuments à la mémoire des soldats morts pendant les deux grandes guerres mondiales. Entre 1914 et 1918, les héros d’ici ont combattu et sont morts du mauvais côté et les nouvelles autorités étaient peu enclines à mettre en honneur d’anciens ennemis. Après avoir réincorporé le Reich en 1940, les jeunes gens ont été appelés sous les drapeaux allemands. Donner suite à ces incorporations, peu importe que ce soit de plein gré ou contre son gré, signifiait automatiquement devenir traître, dont le nom ne pouvait pas trouver place sur un monument aux morts.

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Wer wissen will, wie viele und welche Eupener in den beiden letzten Kriegen ihr Leben ließen, muss seine Schritte in die Pfarrkirche lenken. Dort, im schützenden Raum des Gotteshauses, findet er, unter einer die Toten beweinenden Skulptur, eine lange Namensliste der für das richtige und für das falsche Vaterland Gefallenen. Pour savoir qui et combien parmi les Eupenois ont laissé leur vie au cours des deux dernières guerres, le visiteur doit franchir le portique de l’église paroissiale. C’est là, dans l’espace protecteur de la maison de Dieu, qu’il trouvera, aux pieds d’un pleurant, une longue liste de ceux qui sont morts pour la bonne ou la mauvaise patrie.

An jedem elften November, dem Jahrestag des Waffenstillstands von 1918, kann man in Eupen ein seltsam anmutendes Zeremoniell beobachten. Nach einer dem Gedenken an die Gefallenen der beiden Weltkriege gewidmeten feierlichen Messe, an der die vollständig versammelten Würdenträger von Regierung, Parlament, Stadt, Militär, Justiz und Verwaltung, die kirchlichen Amtsträger, die Leiter von Schulen und Krankenhäusern, die Polizeiführung sowie Abordnungen der Vereine, der Kriegsveteranen und patriotischen Vereinigungen teilnehmen, setzt sich, hinter einer Musikkapelle und den Fahnenträgern, eine Prozession durch die Stadt in gemächliche Bewegung. Ihr Ziel ist der Ehrenfriedhof. Hier ruhen, unter schlichten Grabsteinen, deren Form an das Eiserne Kreuz erinnert, Eupens tote Soldaten.


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Tous les ans, le 11 novembre, jour commémoratif de l’armistice de 1918, l’on peut observer à Eupen un curieux cérémonial. Au bout d’une messe solennelle à la mémoire des morts des deux guerres mondiales, à laquelle auront participé sans exception tous les dignitaires du gouvernement, du parlement, de la ville, de l’armée, de la justice et de l’administration, les ecclésiastiques, les directeurs d’écoles et d’hôpitaux, la direction de la police ainsi que des délégations des sociétés, des vétérans de guerre et des associations patriotiques, c’est une procession, précédée d’une fanfare et des porte-drapeaux qui se dirige lentement à travers la ville vers le cimetière du champ d’honneur. Ici reposent, sous des pierres tombales dont la forme ressemble à la croix de fer allemande, les dépouilles des soldats eupenois.

Nachdem die Honoratioren gemessenen Schrittes und angeregt plaudernd den winterlichen Friedhof durchquert haben, dessen Bäume ihre nackten, blattlosen Äste in den Himmel recken, versammelt sich die Menge an der mächtigen Skulptur, die, im Zentrum des Gräberfelds des Ehrenfriedhofs, zwei die Ruhestätte ihrer gefallenen Kameraden bewachende Soldaten darstellt. Der Kirchenchor singt ein besinnliches Lied. Dann treten der Bürgermeister, der Kommandant der Garnison und der Präsident des Verbandes der Kriegsteilnehmer vor zur Kranzniederlegung. Die Musik spielt „ Ich hatt’ einen Kameraden“. Die Soldaten und der Kommandant der Militärabordnung salutieren. Die Fahnenträger senken die Fahnen. Tatsächlich, ein Detachement der belgischen Streitkräfte ehrt die gefallenen, ehemaligen Feinde aus dem kaiserlichen Heer und der großdeutschen Wehrmacht. „Ich hatt’ einen Kameraden“ verklingt. Eine einzelne, klagende Trompete setzt zu „ Au Champs“ an. Die Flaggen wehen. Anschließend wird die Nationalhymne gespielt. Die Honoratioren straffen sich. Das Militär salutiert noch einmal. Als der letzte Ton verhallt ist, kommt Bewegung in die stillstehenden Menschen. Die Zeremonie ist zu Ende. Der Garnisonskommandant lädt alle anwesenden Würdenträger zu einem Empfang in die Offiziersmesse ein.

Après que les notables, conversant avec animation, aient traversé d’un pas solennel le cimetière hivernal dont les arbres tendent leurs branches nues, défeuillées vers le ciel, la foule se rassemble auprès d’une imposante sculpture placée au centre de la nécropole du champ d’honneur, qui représente deux soldats veillant sur les sépultures de leurs camarades morts au combat. La chorale paroissiale entonne un chant de recueillement. Ensuite, le bourgmestre, le commandant de la garnison et le président de l’association des anciens combattants s’avancent pour déposer une gerbe. La fanfare joue « Ich hatt’ einen Kameraden ». Les soldats et le commandant de la délégation militaire saluent. Les porte-drapeaux baissent les drapeaux. Oui, vraiment, un détachement des forces armées belges honore les anciens ennemis de l’armée impériale et de la Wehrmacht grande-allemande, morts pendant les guerres. « Ich hatt’ einen Kameraden » prend fin. Une seule trompette plaintive entonne « Aux champs ». Les drapeaux flottent. La cérémonie s’achève par l’hymne national. Les notables bombent le torse. Les militaires se mettent une dernière fois au garde-à-vous. Le dernier son s’éteint et la foule immobile se met en mouvement. La cérémonie est terminée. Le commandant de garnison convie tous les notables présents à une réception au mess des officiers.

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Das Leben geht weiter. Am späten Nachmittag ziehen die Fackeln des Martinszugs durch die Straßen der Stadt. Und Abends wird, in brechend vollen Sälen, die Karnevalssession eröffnet. Hier ruft man auf rheinische Art „Oepe Alaaf“. La vie continue. A la nuit tombante, c’est à la lumière des flambeaux que le cortège de la Saint-Martin traversera la ville. Et le soir, les salles combles fêteront l’ouverture de la session du carnaval. Cela se fera - tradition rhénane oblige - au cri de « Oepe Alaaf ».

Rolf LENNERTZ


Lola vit, Lola bouge. Lola est de son temps, mais surtout du vôtre. Lola vit le midi, Lola vit le soir. Le week-end, les après-midis aussi. Lola a cette qualité infinie : la simplicité. Rare, il est. Elégant, il reste. Place du Grand Sablon, 33 1000 Bruxelles Tél : 02 / 514 24 60 Ouvert tous les jours de 12 à 15h et de 18h30 à 23h30 Cuisine non-stop le samedi et le dimanche de 12 à 24h

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Profanez,

profanez, il en restera toujours quelque chose… Par Olivier BONFOND

Olivier Bonfond est né le 18 mars 1974 à Liège. Licencié en droit de l’Université de Liège et titulaire d’un diplôme d’études approfondies en relations internationales et intégration européenne de la même université. Avocat au Barreau de Liège depuis 2000. Associé au sein du cabinet Draps & Oosterbosch. Président de la Commission internationale du Barreau de Liège entre septembre 2009 et août 2011.

Martin Drölling, L’intérieur d’une cuisine, 1815, Paris, Musée du Louvre


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Alexandre Lenoir défendant les monuments de l’abbaye de Saint-Denis contre la fureur des terroristes, XIXè siècle, Paris, Musée du Louvre.

e soir du 10 août 1792, après la prise du palais des Tuileries, la monarchie française n’existe pour ainsi dire plus; elle sera d’ailleurs officiellement abolie le 21 septembre suivant, dans la foulée de la victoire de Valmy. Il ne reste plus à la Révolution qu’à guillotiner son Roi pour affirmer, à la face des vieilles dynasties européennes, que la France est désormais devenue une République. Ce sera chose faite le 21 janvier 1793. Dans les mois qui suivent, la jeune République demeure en guerre, contre ses ennemis de l’intérieur et de l’extérieur. Le soulèvement de Vendée, la lutte contre la Prusse et l’Autriche attisent encore la haine des révolutionnaires contre

l’Ancien Régime. Mais dans la mesure où il ne lui reste plus de monarque vivant à abattre, la seule action symbolique qui s’offre encore à la France consiste à s’en prendre à ses morts. Le 1er août 1793, la Convention nationale, à l’initiative de Bertrand Barère, adopte un décret dont l’article 11 dispose que «les tombeaux et mausolées des cidevant rois, élevés dans l’Eglise de Saint-Denis, dans les temples et autres lieux, dans toute l’étendue de la république, seront détruits le 10 août prochain». Dans l’idée de Barère, que Marat comptait pourtant au nombre des faux républicains, on ne pouvait mieux célébrer le premier anniversaire de la chute de la monarchie.

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Hubert Robert, La violation des caveaux royaux dans la basilique, en octobre 1793, vers 1793, Paris, Musée Carnavalet

Soucieux lui aussi de faire la preuve de son zèle révolutionnaire, le maire de Saint-Denis, un ancien prêtre, décida, dès le 6 août, d’ouvrir à tous vents les portes de la basilique. S’ensuivit une destruction anarchique des statues des saints, des gisants, des colonnes, des vitraux et des autels, à tel point que la Commission des Monuments Historiques s’en plaignit ouvertement. Seuls certains monuments funéraires, sélectionnés par cette Commission, purent être préservés des vandales et transportés dans l’ancien couvent des Petits Augustins. Un bref répit fut ainsi octroyé aux morts, entre le mois d’août et le mois d’octobre, moment où les «travaux» reprirent. Car contrairement aux idées reçues, la véritable profanation de la nécropole de Saint-Denis, qui eut lieu entre le 12 et le 25 octobre, n’est pas le fait d’une foule aveuglée par la rage et la vinasse. Elle s’inscrit dans la perspective de véritables travaux publics ordonnés par la Convention afin d’effacer définitivement les traces de la puissance royale et de fournir des munitions à l’armée à partir du bronze des statues et du plomb des cercueils. Les récits des événements proviennent essentiellement des notes prises par Dom Germain Poirier, un moine bénédictin adjoint à la Commission des Monuments Historiques et archiviste à Saint-Denis, et par Alexandre Lenoir, futur premier conservateur du Musée des Monuments Français.

Le 12 octobre 1793, les commissaires à l’exhumation, les commissaires à l’orfèvrerie, les commissaires au plomb, les ouvriers et quelques visiteurs ayant montré patte blanche pénètrent dans la basilique. Deux fosses sont creusées le long du bâtiment : la première servira à recueillir les corps des Bourbons, la seconde engloutira les restes des cadavres des Valois et des «premières races». Un atelier de fonderie est installé à proximité de la basilique. Le premier cercueil royal ouvert est celui d’Henri IV. Le «Vert Galant», parfaitement conservé, fait forte impression sur l’assistance. Son corps reste exposé pendant deux jours dans les chapelles basses, ce qui donne ainsi l’occasion aux personnes présentes d’y prélever diverses reliques (des dents et des fragments de moustache, notamment), avant d’être jeté dans la fosse commune. C’est à cette occasion que la tête du souverain sera perdue. Elle ne sera retrouvée et authentifiée qu’en 2011… Le 14 octobre, ce sont les cadavres de Louis XIII et Louis XIV qui sont précipités dans la fosse, sur un lit de chaux vive. Les corps d’Anne d’Autriche et de Marie de Médicis les y rejoignent dans la foulée. Les restes de l’épouse d’Henri IV seront d’ailleurs mis à mal par l’assistance, celle-ci lui conservant rancune du rôle qu’on lui prête dans l’assassinat de son mari.


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Les travaux se poursuivent le 16 octobre, avec l’ouverture du cercueil de Louis XV. Mais une désagréable surprise attend les profanateurs : Louis XV n’ayant pas été embaumé – étant mort de la variole –, son corps est dans un tel état de putréfaction que le vinaigre, le genièvre et la poudre dispersés dans la basilique ne peuvent étouffer l’odeur effroyable qui s’en dégage. Le même jour, à quelques lieues de là, Marie-Antoinette monte sur l’échafaud. Le 17 octobre, ce sont notamment Philippe d’Orléans et Charles VII que l’on arrache à leur dernière demeure. Le lendemain, Henri II, Charles IX, Jeanne de Bretagne et Louis X subissent le même sort. Le 19, les restes de Philippe le Bel sont exhumés. Les ouvriers parviennent même à retrouver, dans les catacombes, le cadavre du premier Roi de France enterré à Saint-Denis, Dagobert. Ce dernier, ironie de l’histoire, sortant ainsi du néant à l’époque des sans-culottes… Le 20 octobre, François Ier et Bertrand du Guesclin rejoignent la fosse. Philippe V et Philippe VI les y retrouveront le 21. Le 25 octobre, Jean II est le dernier occupant de la basilique à s’en voir exclu sans autre forme de procès. Révélant une inquiétante minutie du détail dans le chef des profanateurs, le corps de Louise de France, fille de Louis XV, sera rapporté du couvent des Carmélites pour rejoindre ses prestigieux ancêtres. Une fois cette sinistre besogne terminée, les pièces d’orfèvrerie seront entassées dans des chariots et conduits à la Convention nationale, dans la nuit du 11 au 12 novembre 1793. «Nous vous apportons, citoyens législateurs, toutes les pourritures dorées (…) qui existaient à Franciade1 : mais comme il se trouve des objets désignés par la commission des monumen(t)s, comme précieux pour les arts, nous en avons rempli six chariots. Vous indiquerez un dépôt provisoire, où la commission des monumen(t) s puisse en faire le triage. Il ne reste à Franciade qu’un autel d’or, que nous n’avons pu transporter à cause du précieux du travail. Nous vous prions de donner ordre à la commission des monumen(t)s de nous en débarrasser sans délai, pour que le faste catholique n’offense plus nos yeux républicains…»2. Ce n’est que le 21 janvier 1817, le jour anniversaire de la mort de son frère, que Louis XVIII fait ramener les restes dans la crypte de la basilique. Ils seront placés dans un ossuaire scellé par des plaques de

marbre sur lesquelles les noms des monarques seront gravés. Les corps de Louis XVI et de MarieAntoinette, enterrés au cimetière de la Madeleine, avaient entre-temps été ramenés à Saint-Denis le 21 janvier 1815. Cet épisode illustre une fois encore à quel point la Révolution française a offert au monde le meilleur et le pire. Mais il inquiète plus encore par le caractère réfléchi, voire méthodique, des profanations que par le zèle farouche de leurs auteurs, à une époque où faire preuve de sa passion révolutionnaire ne relevait plus du luxe mais devenait un véritable gage de survie. On rappellera en effet que la Terreur est instaurée le 5 septembre 1793 et que la «Loi des suspects»3 reçoit sa pleine ampleur le 17 septembre suivant. Enfin, on apprendra que subsistent quelques traces encore visibles des profanations d’octobre, car les événements de Saint-Denis ne furent pas un cas isolé. A la même époque, la chapelle Sainte-Anne de l’église du Val-de-Grâce, qui abritait les cœurs embaumés de plus de quarante rois et reines de France, fut pillée et un certain Louis-François PetitRadel, architecte de son état4, s’empara de treize urnes pour les vendre… à des peintres. En effet, la substance issue de l’embaumement, très rare et hors de prix, était supposée donner aux tableaux un glacis incomparable. Parmi ces peintres figure Martin Drölling, qui se serait servi de ce glacis pour réaliser «L’intérieur d’une cuisine» et les portraits de «Monsieur et Madame Louis-Charles Maigret». Ces toiles sont aujourd’hui exposées au musée du Louvre et à voir, bien évidemment, si le cœur vous en dit…

Olivier BONFOND 1. Saint-Denis a été rebaptisée "Franciade" le 17 septembre 1793. 2. Extrait du supplément du Bulletin de la Convention nationale du mardi 12 novembre 1793, cité par Pierre-Jean-Baptiste LEGRAND d’AUSSY in Des sépultures nationales, Paris, Imprimerie de David, 1824, pp. 370-371. 3. En réalité, il s’agit d’un décret. 4. A qui l’on doit une méthode "pour écrouler une église gothique en dix minutes" (voy., Anne COSTE, L’architecture gothique : lectures et interprétations d’un modèle, Saint-Etienne, Publications de l’Université de Saint-Etienne, 1997, p. 69).

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Charleroi Barreau de

« Le jeu des lois… chronique de gens de robe » Par Xavier Eric BORN

Quatre sets gagnants : c’est le temps qu’il fallut à cette bande d’une bonne dizaine d’avocats de mon Barreau, tous aussi fous que preux acteurs improvisés pour conquérir le public d’un grenier théâtral. Quatre grands moments qui jalonnent un siècle de la vie du Barreau de CHARLEROI mis en scène.


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e 18 novembre 2011, douze avocats du Barreau de CHARLEROI, dont le Bâtonnier et le Vice-Bâtonnier, montaient sur les planches du théâtre de la Ruche à MARCINELLE : panique à bord - hormis Pierre JANDRAIN, metteur en scène et acteur éprouvé, de même que JeanPierre DARDENNE, qui se colla jadis aussi aux planches - c’était pour tous les autres l’aventure, la découverte et au bout du compte une expérience aussi redoutable qu’inoubliable. La troupe presque ainsi improvisée fit salle comble à chacune des ses deux représentations : succès d’un jour ne signifiant pas succès toujours, nous en sommes restés là, bien heureux du résultat engrangé et des lauriers tressés. Mais quelle mouche piqua donc ces avocats pour qu’ils sortent de leur prétoire habituel et troquent la toge d’audience contre l’habit de scène ? Les mauvaises langues diront évidemment qu’à force de faire du cinéma quotidiennement, le théâtre n’a plus de secret pour eux : le feu des projecteurs les attire comme papillons de nuit. Un brin d’histoire s’impose : d’avril à novembre 2011, sous l’impulsion de quelques courageux, sinon téméraires, la ville de CHARLEROI, avec de multiples partenaires, fêta les 100 ans de la grande exposition industrielle de 1911, qui permit à CHARLEROI de briller de tous ses feux (ceux de la métallurgie, des hauts fourneaux, des verreries, des charbonnages et autres industries, dont le rayonnement à l’époque dépassait de loin nos frontières étriquées).



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Cent ans plus tard, CHARLEROI se souvenait donc, sous le thème « l’industrie s’associe à la culture ». A la rentrée du Jeune Barreau de CHARLEROI de janvier 2011, peut-être émoustillé par le brillant succès de cette journée, le Bâtonnier lança l’idée que le Barreau pourrait à son tour s’inscrire dans le fil de cette commémoration. Mais comment donc ? Mais oui, bien sûr, il suffisait d’y penser, en montant une pièce de théâtre, dont les quatre fermes (pour ceux qui l’ignoreraient, le mot s’emploie aussi bien pour désigner la pièce d’une charpente qu’un décor de théâtre) soutenant la faîtière seraient faites de quatre saynètes, jalonnant les grands moments de la vie du Barreau carolo de 1911 à aujourd’hui. Primo, l’avocat de 1911, grand bourgeois épris de culture et attaché à la défense des droits des plus faibles ; Secondo, l’avocat dans cette triste période qui suivit la guerre de 40-45, soit celle de la répression de la collaboration ; Tertio, l’entrée de la gent féminine au Barreau, les années 60-70 et la féminisation de la profession ; Quatro, l’informatique dans tous ses états, qui fait de l’homme-avocat un cyber-avocat. L’idée, c’est une chose, mais la réaliser en est une autre. Je ne vous raconte pas les réunions, les prises de bec, les incidents, les coups de gueule, les moments d’enthousiasme et de désespoir, enfin, tous ces vertiges qui s’emparaient de jour en jour et de mal en pire de ces amateurs inconscients que nous étions. Heureusement que l’avocat est souvent homme entêté et opiniâtre qui lâche difficilement sa proie : il fallait tenir bon à tout prix. Le mot d’ordre avait beau passer, le moral n’était pas toujours au zénith, loin de là ! Le super professionnel qui nous dirigeait connut aussi de grands moments d’incertitude mais il garda le cap, ayant déjà probablement vécu dans sa vie d’acteur d’autres passages à vide que ceux-là. Le 18 novembre, jour « J », vint vite, beaucoup trop vite : il fut précédé d’une répétition quelques

jours plus tôt dans les combles d’un bistrot carolo, où, entre deux chopes, nous avons pu mesurer l’énormité du vide qui nous séparait encore du grand jour. Certes, avec les heures, et surtout les chopes, qui passaient, nous devenions de plus en plus optimistes, de cet optimisme béat dont seuls sont nimbés les innocents. Et puis, le 18 novembre au petit matin, nous foulions les planches du grenier de la Ruche, qui nous recevait pour la première fois et qui verrait quelques heures plus tard notre probable déconfiture ; nous avons pété de trouille et répété à l’envi les rôles dont nous enfilions de mieux en mieux la doublure. Personnellement retenu à LIEGE toute la journée, j’arrivai à la Ruche vers 17 h 00 : horreur et crucifixion instantanée, mon constat était implacable : tout était à faire ! Sono postillonnante, éclairage falot, décors de guingois, textes en souffrance, et par dessus tout une cohue invraisemblable, où chacun y allait de sa recommandation, de ses imprécations et conseils totalement inexpérimentés : enfin de quoi mettre une pression de tous les diables sur une casserole déjà en ébullition. Je me serais enfui, fermement convaincu que dans une heure, nous allions connaître la débâcle de notre vie à côté de laquelle la bérézina de Napoléon ne serait que pisse de chat. 18 h 00 : trois coups de maillets résonnent. Notre présentatrice, Jocelyne, la voix aussi nouée que les tripes, et la tête vide comme une calebasse, s’avance dans la semi-obscurité devant une salle comble : tiens, tiens, du fond des coulisses où nous sommes encaqués, nous percevons quelques rires, certes timides mais encourageants, d’une salle qui manifestement se chauffe. Puis les rires succèdent aux rires, qui amplifient très fort dans notre petit réduit et nos oreilles qui ne voulaient point entendre le silence. Applaudissements inattendus et tellement réconfortants à l’issue de cette première introduction suivie de sa représentation, où le Bâtonnier, qui joue son propre rôle, s’avance dans le noir et prend place sur un banc légèrement placé de côté.

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Son chef de cabinet et Jules DESTREE (qu’incarne magistralement notre metteur en scène) s’installent aussi. Le dialogue des deux premiers mêle présent et passé. Soudain, Jules DESTREE sort de son immobilité marmoréenne comme ces acteurs anonymes rencontrés Place Saint Marc à VENISE ou du Trocadéro à PARIS, qui bougent le coin de la paupière pour vous remercier de la pièce déposée dans leur sébile : il se joint à la conversation, interpellé qu’il est au passage par cette nouvelle jurisprudence, « comment dites- vous : Salduz ? ». Evoquant ensuite sa propre histoire commencée au Barreau de CHARLEROI et très vite son engagement dans la lutte sociale contre la misère, crasse de l’époque, sa présence aux côtés des verriers lors des sanglantes émeutes de 1886, DESTREE s’enflamme retrouvant les feux de sa passion de jadis. Enfin, il est très fier de rappeler sa lettre prémonitoire adressée au Roi Albert 1er en 1913 sur l’avenir de son petit royaume. Et puis, comme il le dit lui-même, il se retire sur la pointe des pieds pour aller rejoindre le panthéon des célébrités. Le texte de cette saynète du Vice-Bâtonnier MF et de Maître EL a fait merveille : « lumen fit » et un tonnerre d’applaudissements accueille ce premier morceau. La partie n’est pas encore gagnée, mais nous sommes sur le bon chemin. Maître JH revient au-devant de la salle mais cette fois ne fait plus rire : la 2ème scène est grave et encore porteuse de douloureux souvenirs chez ceux qui étaient en âge d’avoir connu, sinon vécu, cette dure période de la collaboration et de sa répression. Sur le plateau, le Bâtonnier de l’époque et son jeune confrère, lui-même rescapé d’un oplag allemand, où il a passé 5 années, les plus belles de sa vie, à qui son Bâtonnier demande de défendre le salopard de collabo, par qui sa propre famille a souffert et fut peut-être décimée. Le cas est cornélien. La conscience est agitée, sinon déchirée entre ce serment d’avocat qu’à peine quelques années plus tôt il a prêté de

défendre toutes les causes et ce souvenir cuisant dans sa chair du mal qu’il a subi. Le Bâtonnier insiste, soulignant la noblesse de la tâche, au point que Maître X, fidèle à son serment, accepte cette défense impossible. L’entretien qui suit, dans un sombre coin d’un parloir de la prison, entre l’avocat commis et son client, est riche d’émotions : le dernier, d’abord rebelle et agressif, se découvre petit à petit, confie ses convictions passées et ses erreurs de jugement qui l’ont ainsi dévoyé. La sentence est implacable : condamnation à mort. Pour la dernière fois, son conseil va le voir à la prison avant son exécution : le condamné s’y attendait car il savait par d’autres précédents que seule la peine capitale pouvait sanctionner un comportement devenu aux yeux du peuple impardonnable. L’ultime dialogue donne la mesure de l’intensité de ces derniers instants vécus : se dirigeant vers le peloton d’exécution, le collabo se retourne vers son avocat et lui adresse un dernier mot : « merci ». L’on perçoit alors dans ce silence étranglé de la salle, le frémissement des esprits qui s’apaisent et des âmes qui s’envolent. A nouveau, une volée d’applaudissements salue ce beau moment de théâtre. Les deux scènes suivantes transportent dans le plus léger, non pas le Vaudeville mais la vie vécue, qui, vers les années 6070, voit surgir, d’abord la féminisation du Barreau et ensuite son informatisation, en quelque sorte un conflit des sexes et des générations. C’est d’abord le colloque singulier d’une mère et de sa fille que tout oppose : la première mène au Barreau une vie de forçat et exhorte sa fille à suivre ses traces dans l’espoir de reprendre un jour son cabinet. Celle-ci est provocante et outrancière à souhait. A sa mère prosélytiste, elle objecte qu’elle a mille et une bonnes raisons de ne pas vouloir chausser ses pantoufles. Détour ensuite du côté de Marie POPELIN, qui, dans les années 1888, avocate victime de sa condition,


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se fit jeter du Barreau par une décision judiciaire à peine sexiste, soulignant toutes les infirmités naturelles entachant la condition féminine et la rendant ainsi inapte à la profession. Après beaucoup d’escarmouches et de paroles envoyées comme assiettes à la figure, le couple ennemi mère-fille se retrouve et pactise, s’accordant sur ce que la médiation est la voie de l’avenir et que tout compte fait, conclut la fille, « qu’est-ce qui m’empêcherait de postuler ensuite la magistrature ? ».

ce que nous confirma le tonus et la chaleur des applaudissements. Dans les coulisses de cet exploit, nous nous sommes tous fièrement congratulés, aussi surpris l’un que l’autre du miracle qui s’était produit. Charleroi, le 21/08/2012.

Enfin, pour terminer, un très authentique débat, façon DELARUE, opposant d’un côté le journaliste vedette à trois avocats incarnant trois générations fort distantes l’une de l’autre : - celle de nos pères, pour qui le mot et le concept informatiques restent parfaitement inconnus ; - celle de l’avocat des belles années sixties, qui découvre les premières avancées de la révolution informatique en devenir : logiciel, microcompresseur, format ci, format là, tinte à ses oreilles comme le nom de nouveaux produits que pour les plus enhardis, il faut éprouver et que pour les autres, il vaut mieux soigneusement garder à distance. - enfin arrive la dernière génération, celle du jeune avocat, qui, comme Obélix, est né dedans, se shoote jour et nuit des bienfaits de la toile devenue son alpha, son omega et sa drogue quotidienne. L’incarnation de ces trois rôles est merveilleuse de réalité : le Vice-Bâtonnier occupe sa place parfaitement au sein de la seconde génération, qui veut paraître dans le coup mais n’en a pas encore les moyens. Quant à Maître MF, qui plante la génération des papys, il se prend au jeu, agite sa canne, ronchonne, se lève offusqué, se renfrogne, interrompt DELARUE et les fait toutes : Maître F excelle dans ce rôle. Le rideau, qu’il n’y avait pas, tombe et la salle se lève presque d’un même élan (enfin j’exagère quelque peu). La seconde séance, dite en soirée, fut tout aussi réussie que la précédente, dite en matinée,

Le Bâtonnier Xavier BORN

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Voyages,

…Voyage ? Par Roger CHAIDRON

Bâtonnier de l’Ordre des avocats du barreau de Dinant, Roger Chaidron a placé ses pas dans ceux de Charles Foucauld à Tamanrasset, recherché les traces d’Arthur Rimbaud au Yémen et aussi rencontré les réfugiés tibétains au Sikkim. Il pratique la course à pied (hors compétition), et aujourd’hui s’interroge sur la finalité de tous ces chemins parcourus.


En deux mille dix, Gallimard publiait, enfin, le mythique texte de la littérature américaine Sur la route « Le rouleau original », de Jack Kerouac.

Cette démarche, qui n’avait de différent que le qualificatif du rêve, d’autres bien avant lui et en d’autres lieux l’avaient entreprise.

Le Livre de Poche vient déjà de le mettre à la disposition de chacun, tandis que le cinéma s’en est emparé à son tour.

Pensez à ces voyageurs – ce substantif est important – qui véritablement découvraient les lieux où ils accostaient et dont ils foulaient le sol.

Pas question de faire ici de la critique littéraire (qui serait positive, ô combien !), pas plus qu’il ne s’agit de présenter l’œuvre1 mais il faut savoir au moins que l’auteur, considéré comme chef de file de la Beat Generation, y développe ses errances sur le continent américain qu’il parcourt à plusieurs reprises d’Est en Ouest.

Ils faisaient route vers l’Orient, le long des rives de la Méditerranée, et voilà que Rome, Constantinople ou le Liban deviennent sous la plume de Stendhal, Théophile Gautier ou Lamartine, à chaque fois, une terra incognita qui se révèle à nos yeux émerveillés.

Le texte qu’il présenta à son éditeur était un rouleau de trente à quarante mètres qui, une fois déroulé, symbolisait la route ainsi parcourue. La route … Pour Kerouac, c’est le chemin obligé qui le conduit à la recherche du rêve américain.

Il est vrai que sans être des explorateurs, ils progressaient sans Routard ou Michelin dans leur sac. Le 16 juillet 1892, dans Le Gaulois, Maupassant publie une chronique qui règle déjà le compte de ces faiseurs de touristes : « J’aime à la folie ces marches dans un monde qu’on croit découvrir, les étonnements subis devant des mœurs qu’on ne soupçonnait point, cette constante


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tension de l’intérêt, cette joie des yeux, cet éveil sans fin de la pensée. Mais une chose, une seule, me gâte ces explorations charmantes : la lecture des guides.

Tout est dit, le voyageur n’est pas le touriste, et Michel Onfray en a fait sa Théorie du Voyage. D’aucuns vont le vivre avec intensité.

Ecrits par des commis voyageurs en kilomètres, avec des descriptions odieuses et toujours fausses […], ils sont […] la consolation des bonnetiers voyageant en train de plaisir et visitant la contrée dans le Joanne et le désespoir des vrais routiers qui vont, sac au dos, canne à la main, par les sentiers, par les ravins, le long des plages … »

Première européenne à pénétrer à Lhassa (en 1924), Alexandra David – Néel est une incroyable audacieuse.

Car pour lui (même chronique), il faut « ne suivre jamais les grand-routes, et toujours les sentiers, coucher dans les granges quand on ne rencontre point d’auberge, manger du pain et boire de l’eau quand les vivres sont introuvables, et ne craindre ni la pluie, ni les distances, ni les longues heures de marche régulière, voilà ce qu’il faut pour parcourir et pénétrer un pays jusqu’au cœur, pour découvrir, tout près des villes où passent les touristes, mille choses qu’on ne soupçonnait pas ».

Et que penser de Nicolas Bouvier ? Un véritable nomade qui avait décidé d’en découdre avec luimême, avec la vie, avec l’écriture. Lorsque le désir résiste aux premières atteintes du bon sens, écrit-il dans son avant-propos de L’Usage du Monde, on lui cherche des raisons. Et on en trouve qui ne valent rien. La vérité, c’est qu’on ne sait comment nommer ce qui vous pousse. Quelque chose en vous grandit et détache les amarres jusqu’au jour où, pas trop sûr de soi, on s’en va pour de bon. Un voyage se passe de motif. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt c’est le voyage qui vous fait, ou vous défait.


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Même si la manière paraît moins aventureuse, on ne peut pas ne pas citer Sébastien de Fooz, ce Belge qui, durant l’année 2005, en cent quatrevingt-quatre jours, sac au dos, et à pied bien sûr, a tracé une route de Gand à Jérusalem. Savaient-ils, ceux-ci ici cités et bien d’autres encore qui ont pris la route, ce qu’ils allaient chercher au loin ? Quoi qu’il en soit, ils ont dû découvrir non pas seulement des lieux d’exploration, mais aussi les autres, mais surtout eux-mêmes ! Car finalement n’est-ce pas notre quête quotidienne ? Sans arpenter le globe, sans véritable danger, ne peut-on aujourd’hui encore, chaque jour, qui que nous soyons, tenter cette aventure ? Ceux qui le soir ou au petit matin chaussent leurs Nike ou autres Asics, dans le plus strict anonymat, n’était la couleur par trop voyante de leur maillot, que cherchent-ils tout au long des kilomètres ainsi parcourus ? Comme une eau, le monde vous traverse et pour un temps vous prête ses couleurs. Puis se retire, et vous replace devant ce vide qu’on porte en soi, devant cette espèce d’insuffisance centrale de l’âme qu’il faut bien apprendre à côtoyer, à combattre, et qui, paradoxalement, est peut-être notre moteur le plus sûr (Nicolas Bouvier, L’Usage du Monde).

Roger CHAIDRON

) On se reportera à cet égard à l’article de François Collon publié dans le numéro 7 du Journal des Avocats.

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L’épopée

Popelin Par Daniela COCO

Produit d’une curieuse double ascendance calabraise et luxembourgeoise, Daniela Coco vit son tempérament ‘bel canto et commedia dell’arte’ solidement encadré par une rationalité toute germanique. Avocat au Barreau de Bruxelles, elle participa à de nombreuses Revues de la Conférence du Jeune Barreau, fonctionnant le plus souvent en binôme avec Nathalie Penning (la chanteuse et la sketcheuse), avant qu’elles ne se lancent dans l’écriture de leurs propres spectacles : d’abord « Vous n’êtes pas au courant ???! » puis, «L’Epopée Popelin », avant « Dormir avec le chien » (en préparation). Féministe assumée, passionnée des questions de genre, elle observe sans se lasser les rapports subtils établis entre les hommes de Mars et les femmes de Vénus, qu’elle commente dans des articles et des conférences à l’attention de ceux qui penseraient qu’au XXIème siècle tout est réglé et que « franchement de quoi se plaignent-elles encore ? »


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n mai 2011, la Monnaie de Belgique (pas l’Opéra mais la respectable institution qui bat nos pièces de monnaies) émit à l’occasion du Centenaire de la Journée de la Femme, une pièce de 2 euros sur laquelle figurent les portraits d’Isala Van Diest et de Marie Popelin. Isala Van Diest (1842-1916) née à Leuven, fut la première femme médecin en Belgique. Elle dut se rendre à l’étranger, en Suisse, afin de pouvoir faire ses humanités complètes, celles-ci n’existant pas en Belgique. Elle y retourna ensuite pour ses études de médecine. L’ULB n’admettra en effet les premières jeunes femmes - dont la future pharmacienne Louise Popelin (1850-1939) – que quelques années plus tard, en 18801. La belle Isala fera une carrière dédiée principalement aux groupes sociaux ‘à risques’, allant jusqu’à s’installer dans un refuge protestant pour anciennes prostituées créée par un irrésistible « Comité de l’association des dames pour le relèvement des filles tombées et qui désirent se relever. » Marie Popelin (1846-1913) fut institutrice puis directrice d’école avant de devenir la première femme Docteur en Droit de Belgique. Elle fut également la première femme à requérir son admission à l’Ordre des Avocats, ce qui lui fut refusé par l’arrêt de la Cour d’Appel de Bruxelles de 1888, après une controverse qui retentit dans toute l’Europe. Elle n’était que la troisième européenne, après Lidia Poet (Italie) et Emilie Kempin-Spyri (Suisse) à tenter sa chance et à perdre ce combat. Isala Van Diest et Marie Popelin avaient nombre de points communs : intelligentes, indépendantes, elles firent leurs études sur le tard, furent des pionnières dans leur profession, créèrent ensemble la Ligue Belge du Droit des Femmes, militèrent toute leur vie et se détestaient cordialement. Elles doivent être bien embêtées de se retrouver coincées en un éternel tête à tête sur cette fameuse pièce. C’est d’autant plus regrettable que c’était la première fois que des femmes ne faisant pas partie de la famille royale apparaissaient sur une pièce de monnaie belge. Il faut avouer qu’il y avait de quoi hésiter…des femmes sur des pièces de monnaie, et puis quoi encore ? Des Schtroumpfs ?2

Voilà qui nous ramène toutefois plus de cent ans en arrière, dans la Belgique des voitures à cheval et de la Senne à ciel ouvert. Depuis 1842, les filles avaient droit à l’école primaire. En tout et pour tout. Les garçons, eux, s’envolaient ensuite vers l’école moyenne, l’école supérieure et l’université. Les filles de la campagne ou de la classe ouvrière connaissaient dans le même temps les joies du travail aux champs ou à l’usine tandis que les bourgeoises attendaient le Prince Charmant, leur statut social leur interdisant de gagner leur vie. La législation Napoléonienne était terrible : les femmes n’étaient qu’un accessoire, un meuble de leur mari. Elles n’avaient de pouvoir ni sur leur patrimoine ni sur leurs enfants. Les politiciens de la jeune Belgique ne voyaient pas l’intérêt d’améliorer leur statut ; elles étaient en effet – tout partis confondus - considérées comme émotives, bêtes et superficielles. Evidemment, avec un bagage scolaire primaire saupoudré de catéchisme, de piano et de broderie, il y a un gros risque de demeurer émotive, bête et superficielle. C’est pourquoi celles qui sortaient du rang étaient considérées avec effarement : pour créer la première école secondaire moyenne pour filles de Bruxelles,

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quatre éléphants. Une super idée de Léopold. Et dans ses conditions rocambolesques, Emile dut rejoindre le Lac Tanganyika – à pied - en affrontant les méchants Rougas-rougas, la mouche tsé-tsé et les bêtes féroces. Les 19 et 20 octobre 2012, au Concert Noble à Bruxelles, c’est leur histoire que l’on vous raconte ; celle de tous ceux qui ont réalisé leurs rêves et accompli leur existence à force de courage, de volonté et d’anti-conformisme avec comme toile de fond un XIXème siècle où tout était possible… Si vous avez envie de venir, venez ; traînez-y tous ceux que la libération de la femme titille, ceux qui confondent encore Marie Popelin et Marie Poppins, ceux qui aiment rire, ceux qui aiment la musique, les belles histoires, les histoires vraies et les éléphants.

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Les universités de Liège et Gand suivront immédiatement le mouvement. L’Université Catholique de Louvain, elle, ne cédera aux femmes qu’en 1920. Quarante ans plus tard. (2) Une pièce commémorative de 5 euros fut émise en 2008 pour célébrer le cinquantenaire de la création des Schtroumpfs par Peyo. (1)

Isabelle Gatti de Gamond (1839-1905) dut ruser en s’assurant le concours des loges maçonniques, qui virent dans une meilleur instruction de la femme une arme pour lutter contre le clergé et le Parti Catholique. Et tandis que le mot ‘féministes’ naissait, à propos de celles qui ne voulaient plus être considérées faibles de corps et d’esprit, comme nos héroïnes, leur frère Emile Popelin un fier militaire à l’esprit d’aventure, fut expédié par Léopold II à la conquête du Congo. Léopold avait de grandes ambitions et de curieuses méthodes. Pour conquérir le Congo, ce qui n’est pas rien, un autre aurait peut-être envoyé 3000 soldats armés et bien entraînés. Et bien lui pas. La première expédition comprenait quatre hommes : deux militaires, Cambier (qui a une rue à son nom à Schaerbeek), Crespel (qui a une rue à son nom à Ixelles), un botaniste, le Dr Maes, et un voyageur autrichien. Pour envahir, pacifier, et occuper durablement le Congo, ça paraît peu…c’est pourquoi ils furent rapidement rejoints par la seconde expédition, commandée par notre Emile Popelin, qui comptait cette fois, outre un nouveau petit groupe de braves suicidaires,

Articles : « Les dessous de la robe » Lettre électronique du Barreau de Bruxelles, 8 mars 2012. // « Lettre aux avocates » JT du 3 mars 2012. Article consacré à Marie Popelin dans le fascicule édité en 2011 par l’Ordre des avocats du Barreau de Bruxelles à l’occasion de son Bicentenaire Exposition : Caricatures, dessins et photos de femmes-avocats de 1880 à 1920, Maison de la Femme de Schaerbeek, mars-avril 2012 Spectacles : Co-auteur et metteur en scène d’un spectacle intitulé ‘Vous n’êtes pas au courant ?!!’ (2005 à 2012). Auteur et co-metteur en scène d’un spectacle intitulé ‘l’Epopée Popelin’ (19 et 20 octobre 2012). Conférences : Club Richelieu de Namur, décembre 2012 : « Etre féministe aujourd’hui : une vigie entre fantasmes et préjugés». Conférence sur Marie Popelin à l’occasion de la cérémonie qui se tint le 6 mars 2009 en l’honneur de celle-ci, à la Cour de Cassation. Cercle Marin organisé par la Conférence du Jeune Barreau de Bruxelles en mai 1998 : ‘La femme et le Barreau’. Interviews télévisées au sujet de Marie Popelin. 8 juin 2011 : RTBF. 6 mars 2009 : Télé-Bruxelles



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En-vie Par Anna DEJONCKHEERE

Née le 1er mars 1989 dans l’Indre (France), Anna Dejonckheere est l’aînée d’une famille de quatre enfants. Diplômée en droit de l’Université Catholique de Louvain en juin 2012, elle entame actuellement son stage d’avocat. Passionnée de théâtre, musicienne, animatrice de mouvement de jeunesse, elle s’implique depuis son plus jeune âge dans de nombreux projets. Elle s’est également investie dans les structures de la faculté de droit dès son arrivée à l’UCL, a été déléguée puis présidente du bureau des étudiants.


Les mangeurs de pommes de terre (Vincent Van Gogh, 1885)

De frites. Sérieusement. Très sérieusement. Le bruit du cornet qu’on déballe. L’odeur qui nous emballe. L’aspect doré qui fait craquer. Les grains de sel qui restent collés sur les doigts. Le croustillant et le fondant à la fois. Les frites méritent toute notre attention parce qu’elles sont véritablement un symbole de la culture belge et un emblème de notre patrimoine culinaire, au même titre que le chocolat ou la bière. [En 2011, l’on dénombrait plus de 5000 friteries en Belgique.] La frite «nourrit le peuple autant qu’elle nourrit l’inspiration»1 précise l’auteur d’un livre publié en mai 2012 et intitulé «Carrément frites». [Une friterie belge vend en moyenne 100 paquets de frites par jour, ce qui fait 50 kg de pommes de terre pelées.] C’est d’un sujet bien belge dont je veux vous entretenir aujourd’hui. La légende que nous raconte l’historien Jo Gérard (1)

Hugues Henri

veut qu’en 1781 déjà, et il ajoute que la coutume daterait même d’un siècle auparavant, les pêcheurs de la Meuse faisaient frire à la poêle le butin de leurs longues heures passées à attendre qu’un poisson ne morde à l’hameçon. Au grand dam de ces messieurs, un hiver impitoyable rendit le fleuve impraticable à la pêche. L’un d’eux imagina alors de couper des pommes de terre en petits bâtonnets, afin d’approcher au mieux l’aspect des goujons traditionnellement dégustés, et de les plonger dans l’huile brûlante. C’est ainsi qu’est née la «frite», dont le nom est issu du verbe «frire». La suite de l’histoire, vous la connaissez : les pêcheurs trouvèrent ces petits bâtonnets croustillants si délicieux que, quelle que fût la rigueur des hivers suivants, l’on ne cessa plus depuis ce jour de faire des frites. Il faut le dire : le premier mérite des frites fut de sauver la vie de bon nombre de petits poissons de nos rivières! [En Wallonie, les frituristes utilisent en moyenne 130 000 kg de pommes de terre par jour. Par an, il faut consacrer aux friteries près de 1130 hectares de champs de pommes de terre, c’est-à-dire l’équivalent de la superficie de 2262 terrains de football.] L’on aurait tort de ne pas se targuer d’avoir les meilleures frites du monde.


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Notre secret réside dans une astuce de cuisson : les frites doivent être cuites deux fois. Une première à basse température, pour que l’intérieur de la frite prenne l’aspect d’une purée; une seconde à haute température afin de saisir la frite et de la rendre croustillante et dorée. Entre ces deux étapes, il faut que la frite «transpire», c’est-à-dire qu’il est requis de la laisser se reposer dans du papier absorbant au minimum pendant 15 minutes. Grâce à cela, les frites belges croquent sous la dent et fondent dans la bouche. En anglais, nos frites sont pourtant appelées « french fries ». En réalité, lors de la première guerre mondiale, maigre consolation, les soldats anglais et américains en poste à Ypres découvrirent les friteries. Les personnes autour d’eux parlant français, ces guerriers, légitimement, en déduisirent que la frite était une invention française. [La frite rend heureux ! Dans une étude britannique, 60 personnes ont été conviées à regarder un documentaire sur les ravages de Hiroshima pendant plusieurs minutes. A l’issue de l’expérience, la moitié du groupe reçut un magazine à lire, pour se détendre et se changer les idées, tandis que l’autre partie des participants avala un cornet de frites. Après cela, tous eurent à remplir un questionnaire d’humeur. Les résultats de l’expérience démontrent que les personnes ayant dégusté les frites se sentaient mieux, moins déprimées que les autres par les terribles images.]

En-vie Eté, automne, hiver, printemps Le matin, le midi, le soir Peu importe le moment Il est déjà trop tard Subitement, une sensation Imprévisible perception Quelque chose La perverse, elle ose L’envie fait son apparition, brusque, foudroyante Elle s’immisce, envoûtante On tressaille On a envie Qu’elle s’en aille ! On est en vie Pourquoi là, maintenant? Comme ce refrain qui tourne dans la tête des heures durant, Obnubilante, l’envie s’invite L’on a pas forcément envie d’avoir envie de frites ! Ne dit-on pas que le meilleur moyen de résister à la tentation est d’y céder ?2 Très bien, mais pour la santé, il vaut mieux ne point trop souvent en manger Ma raison et mon envie se livrent désormais une bataille sans merci «Grandir, c’est trouver le bon équilibre entre responsabilité et envie»3 (2) Oscar Wilde (3) Dagur Kari


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D’accord... Il faut maintenant que je prenne les choses à bras le corps, Mais ai-je vraiment envie de grandir? Une décision ; facile à dire Manger des frites aujourd’hui ? Oui, à tout prix trouver un moyen d’en manger Un cornet de frites à la friterie Ou à la maison, un steak-frites revisité? Zut, je n’ai pas fait les courses Un signe, sans doute Ca y est Le dessein est arrêté, à exécuter L’envie de frites me gonfle d’énergie et me ravit Passer le reste de la journée à rêver de ce moment divin Où je sentirai l’odeur qui me séduit En m’approchant de la friterie du coin Enfin l’heure de prendre la route J’approche, je commande sans le moindre doute Le cornet est entre mes mains Des étoiles dans les yeux, enfin.

«On voudrait maîtriser le miracle qui vient à la fois de se produire et de s’échapper» . Sur ce, je dois vous laisser, écrire cet article m’a donné envie de frites. Bon appétit !

Anna Dejonckheere

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MA PASSION:

la Cuisine ou l’art de

NE PAS FAIRE RÉGIME…

Par Marie-Céline ELLEBOUDT

Je suis avocate au barreau de Bruxelles depuis peu mais m’y sens déjà comme en famille. Je pratique le droit civil général et ai la grande chance d’avoir deux maîtres de stage pour le prix d’un. Unique stagiaire du cabinet Wauthier-Ramet, je suis très bien formée et suivie. Et je les en remercie. Je suis membre active du Carrefour des Stagiaires depuis août 2010 et élue Déléguée des Stagiaires pour cette année 2012-2013. J’en suis aussi heureuse que fière.


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epuis qu’elle est en âge d’accorder de l’importance à son physique, Zoé est victime d’une obsession qui l’entoure. A l’Institut de la Vierge Fidèle (établissement réservé aux jeunes filles), rares étaient ses copines qui ne se plaignaient pas de « devoir absolument faire régime ! ». Elles n’avaient pourtant que 15 ans ! Sur les bancs de l’université, ce n’était pas fini. Dès la première année, un jeune étudiant à l’embonpoint certain, avec lequel Zoé venait de sympathiser, le lui a confirmé en une phrase digne du film de Bridget Jones : « c’est exténuant de courir pour des gens comme toi et moi ! ». C’était dit, c’était fait. Aujourd’hui, Zoé est employée dans une petite structure par une jeune maman charmante. Et tous les midis, c’est controverse et polémique pour trouver un lunch pas trop calorique… Pendant tout ce temps-là, depuis les appels plaintifs de ses camarades de classe jusqu’au semblant de complexe partagé avec sa patronne, Zoé ne pense pourtant qu’à une chose : ... la cuisine ! « Mmmh, j’essaierais bien cette recette que j’ai lu dans un magazine avec ces fines tranches de pomme de terre parsemées de fromage bleu et de morceaux de poires puis gratinées au four…. » - « Qu’est-ce que je vais préparer de bon ce soir à mon petit mari ? » - « Oh qu’est-ce que j’ai envie d’un moelleux au chocolat, là, tout de suite ! » Pour pouvoir satisfaire ses envies Zoé a tout essayé : Montignac, Dukan, Atkins… Elle est même passée par les Slimfast, Oenobiol, Gerlinéa et autres horreurs dignes de ce nom. Mais si après de rudes efforts, de cruelles privations et de pénibles frustrations, sa balance lui annonce effectivement 4 kilos de moins, Zoé sait pertinemment bien que pour maintenir ce chiffre, elle ne pourra pas se ruer sur ce moelleux qui lui fait tant envie ! Pourtant, tel un produit de marketing bien ficelé, l’obsession du régime continue de courir et de l’envahir… Un lundi matin, pleine de courage, Zoé s’est abonnée au programme WeightWatchers en ligne. Elle était

très enthousiaste. Le programme avait l’air simple et très encourageant. Il suffit d’y inscrire les points qui correspondent aux aliments ingérés durant la journée et de s’en tenir à un quota préalablement déterminé en fonction de ses caractéristiques personnelles. En rentrant le soir, elle a donc décidé, encore emballée par son initiative de la matinée, de préparer un dîner relativement light, pour ne pas se sentir coupable le lendemain matin en comptabilisant ses points : une salade folle avec des éclats de feta, des tranches de jambon fumé, des pignons grillés, des petits morceaux de pomme et une vinaigrette bien relevée. Aucune différence sur la balance évidemment, mais le maximum de ProPoints hebdomadaire autorisé dans le cadre de son programme minceur n’a pas été dépassé. Voilà déjà une bonne chose. Mercredi soir, Zoé a invité deux couples d’amis à diner chez elle. Toute la journée, elle a pensé à ce qu’elle allait préparer. Recevoir des amis a toujours été une de ses activités préférées. Cela lui donne l’occasion de mettre les petits plats dans les grands pour tenter de les impressionner. Et rien ne peut plus la combler que les commentaires positifs de ses convives après le dîner ! Alors au menu ce soir, cette amoureuse de la cuisine a prévu une salade de chèvre chaud avec du pain d’épice grillé en entrée, suivi d’un filet d’agneau sur un lit de risotto crémeux aux champignons et pour finir, un crumble de fruits rouges au speculoos.

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En sortant du boulot, elle court au supermarché remplir son caddie de parmesan à râper, crème fraîche, beurre à l’ail et aux fines herbes, speculoos, glace vanille pour accompagner le dessert, sans oublier quatre beaux filets d’agneau bien tendres et les fruits et légumes frais inscrits sur son menu. Que ce sera bon ! Quand elle cuisine, Zoé ne lésine pas sur les bonnes choses. Non, on ne remplace pas le beurre par de l’huile lorsqu’on fait revenir les filets d’agneau et les champignons. Non, on n’utilise pas de la crème allégée pour la finition du plat. Et oui, le parmesan c’est ce qu’il y a de meilleur dans le risotto, donc on y met la dose… Autant dire que Zoé n’a même pas pris la peine de visiter le site internet de WeightWatchers le lendemain… et voilà son abonnement de trois mois qui file à la poubelle ! Juliette, une amie de toujours, lui parle alors d’un régime qui fait fureur en précisant, bien sur, qu’ « il paraît que ça marche vraiment ! ». Aussi, lors d’une belle matinée d’automne, Zoé et Juliette ont-elles décidé, par solidarité féminine doublée d’une longue amitié, de commencer, à deux, ce nouveau régime. Les premiers jours, comme dans toute nouvelle initiative, elles tiennent bon. Mais la fin de semaine approche et Zoé part, comme à chaque fois qu’elle en a l’occasion, rejoindre sa maman à la Roche-en-Ardenne, dans sa maison d’enfance, pour le week-end. Sa mère y a ouvert récemment deux chambres d’hôtes auxquelles elle se consacre entièrement. Parce que la pomme ne tombe jamais très loin de l’arbre, sa maman fait aussi table d’hôte et cuisine donc, avec amour, pour ses convives. Le plaisir lui est cependant souvent volé lorsque Zoé, à peine débarquée le vendredi soir, s’empare des fourneaux pour concocter les plats dont elle a rêvé toute la semaine.

Le problème arrive quand les hôtes, souvent charmants et quelquefois charmés, l’invitent à leur table pour partager ledit dîner. Ce week-end-là, après quatre jours de résistance et d’application, Zoé ne peut refuser cette invitation... Qui choisirait une escalope de veau maigre et ses haricots blanchis face à un filet de biche, sauce crème-moutarde-airelles, poêlée de champignons des bois légèrement relevée à l’ail et gratin dauphinois au parmesan fait maison ? Mais, alors que la culpabilité tiraille le ventre de Zoé devant son plat de gibier en sauce, ce sont les intestins de Juliette, restée à Bruxelles, qui grognent ! Elle ne digère plus les haricots blanchis, légumes crus et autres poissons vapeurs qu’elle se coltine depuis lundi… C’est donc l’heure du bilan et la conclusion de Zoé est simple : le régime n’est pas bon pour la santé, ni mentale ni physique ! Elle choisit le filet de biche préparé avec goût et plaisir. Alors finies les comparaisons entre copines, finies les frustrations répétitives ! Acceptons notre physique comme il est et surtout, surtout !, profitons de tous ces délicieux plaisirs que nous offre la vie. Sur ce, moi je vais manger ce moelleux !

Marie-Céline Elleboudt


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Empathie Par Ingrid JODOCY

Ingrid Jodocy, ist seit 1982 Rechtsanwältin in Brüssel. Seit 1985 hat sie ihre eigene Kanzlei. 1984 gründete Sie gemeinsam mit einigen anderen Kollegen die Belgisch-Deutsche Juristenvereinigung. 2001 war sie Schatzmeisterin der EWLA (European Women Lawyers’ Association). Am 30.6.2009 wurde sie mit dem Goldenen Ehrenzeichen für Verdienste um die Republik Österreich ausgezeichnet. Neben der Arbeit in der Kanzlei, reist sie am liebsten nach Asien. Außerdem kümmert sie sich um den von ihr mitgegründeten deutschsprachigen Lions Club in Brüssel. Ingrid Jodocy est avocate au Barreau de Bruxelles depuis 1982. Depuis 1985, elle a son propre cabinet. En 1984, elle a, avec d’autres confrères, créé l’association des juristes belgo-allemands. En 2001, elle était trésorière de l’EWLA (European Women Lawyers’ Association) Le 30.6.2009 elle a été décorée de l’Insigne d’Honneur en Or pour services rendus à la République d’Autriche. Outre son activité d’avocate, elle aime les voyages en Asie, sinon elle s’occupe du Lions Club germanophone à Bruxelles, dont elle est membre fondatrice.


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Das Thema Empathie liess mich gleich an die Juni -Ausgabe 2010 des Journal des Avocats denken. Dort stand zu lesen : dis-moi et j’oublie (sage mir und ich vergesse), montre-moi et je me rappelle (zeige mir und ich erinnere mich) , fais –moi participer et j’apprends (lass mich teilnehmen und ich lerne) “. Ich kann also nur sagen „fais moi participer et j’apprends”. Le thème „empathie“ me fit penser immédiatement à l’édition de juin 2010 du Journal des Avocats. On pouvait y lire : „dis-moi et j’oublie, montre-moi et je me rappelle, fais –moi participer et j’apprends “. Je ne peux alors que dire „fais moi participer et j’apprends“ Zwei Gedanken kristallisierten sich gleich heraus: Zeit und Empathie. Empathie und Zeit. Stehen diese beiden Begriffe im Widerspruch? Auch wenn man sie verbinden kann, habe ich mich für Empathie entschieden. Deux pensées se sont cristallisées en moi : le temps et l’empathie. L’empathie et le temps. Ces deux termes sont-ils contradictoires ? Même si on peut les relier l’un à l’autre, je me suis décidée pour l’empathie. Empathie kommt aus dem altgriechischen „empatheia“ und heißt Leidenschaft. Le terme empathie vient du grec ancien « empatheia » et signifie « ce qui est éprouvé ».

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Im Duden wird Empathie definiert mit „Bereitschaft und Fähigkeit, sich in die Einstellungen anderer Menschen einzufühlen”. Synonyme sind Einfühlungsvermögen, Feinfühligkeit, Fingerspitzengefühl, Mitgefühl, Anteilnahme, Verständnis, Zartgefühl. Die Erklärung in Wikipedia gefällt mir besser: „Empathie bezeichnet die Fähigkeit, Gedanken, Emotionen, Absichten und Persönlichkeitsmerkmale eines anderen Menschen oder eines Tieres zu erkennen und zu verstehen. Zur Empathie gehört auch die eigene Reaktion auf die Gefühle anderer wie zum Beispiel Mitleid, Trauer, Schmerz oder Hilfsimpuls.” Dans le dictionnaire DUDEN, le terme « empathie » est défini comme suit : « disponibilité et capacité de se mettre au diapason d’autres personnes. ». Des synonymes sont : aptitude à se mettre au diapason, sensibilité, doigté, compassion, intérêt pour l’autre, compréhension, bienveillance. L’explication dans le WIKIPEDIA (version allemande) me plaît mieux : empathie désigne la capacité de reconnaître et de comprendre les pensées, les émotions, les projets et les signes de personnalité d’une autre personne ou d’un animal. La propre réaction quant aux sentiments des autres comme par exemple la compassion, la tristesse, la douleur ou l’impulsion d’aide entrent aussi dans l’empathie. Der amerikanische Anthropologe und Psychologe Paul Ekman definiert Empathie als eine Reaktion auf die Emotion eines anderen Menschen. Kognitive Empathie lässt uns erkennen, was ein anderer fühlt. Emotionale Empathie lässt uns fühlen, was der andere fühlt, und das Mitleiden bringt uns dazu, dass wir dem anderen helfen wollen. L’anthropologue et psychologue américain Paul EKMAN définit l’empathie comme une réaction à une émotion d’une autre personne. L’empathie cognitive nous laisse reconnaître ce qu’un autre ressent. L’empathie émotionnelle nous laisse ressentir ce qu’un autre vit et la compassion nous amène à vouloir aider l’autre. Da das Thema Empathie so weitläufig ist, geht es hier nur um einige Denkanstöße. Man muss nicht notwendigerweise so weit gehen wie Jeremy RIFKIN in seinem Buch „Die empathische Zivilisation“ ein Aufruf die Welt durch empathisches Verhalten zu retten. Die Empathie würde dazu das Rüstzeug liefern. Rifkin versucht aus Puzzlesteinen ein Bild der Zivilisation zusammenzusetzen, in der die Empathie, einen immer größeren Einfluss gewinnt. Diese Empathie bringe ein wachsendes Bewusstsein der Menschen für die Existenz und die Leiden anderen Kreaturen. Dies scheint bei Weitem zu moralistisch und idealistisch zu sein.


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Le thème de l’empathie étant très vaste, il n’est question ici que d’un encouragement à la réflexion. On ne doit pas nécessairement aller aussi loin que Jeremy RIFKIN dans son livre « la civilisation empathique », un appel à sauver le monde par un comportement empathique. L’empathie nous en fournirait le matériel. RIFKIN essaie, par un assemblage de pièces de puzzle, de créer une image de la civilisation dans laquelle l’empathie aurait une influence de plus en plus grande. L’empathie apporterait une augmentation de la conscience des personnes quant à l’existence et aux souffrances d’autres créatures. Ceci me semble trop moralisateur et trop idéaliste. Wir sollten aber über das „Werkzeug“ Empathie in unserem alltäglichen privaten und beruflichen Leben nachdenken, auch wenn Empathie alleine die Welt nicht retten kann. Nous devrions réfléchir dans notre vie quotidienne privée et professionnelle à l’ « outil » empathie, même si cette dernière ne peut pas sauver le monde. Die große Bedeutung der Empathie für die Bewältigung praktischer Aufgaben in verschiedenen Lebensbereichen ist unbestritten. Die Fähigkeit Emotionen und Persönlichkeitsmerkmale eines anderen Menschen zu erkennen und zu verstehen ist im alltäglichen Leben unabdingbar und gilt als Schlüssel zu verschlossenen Räumen. L’importance de l’empathie dans différents domaines de la vie est incontestable. La capacité de reconnaître et de comprendre les émotions et les caractéristiques de la personnalité d’une autre personne est indispensable dans la vie quotidienne et représente la clé d’accès à des portes fermées .

Empathie ist ein großes Hilfsmittel nicht nur im Anwaltsberuf, sondern im auch im Bereich des Managements, der Politik, der Medizin oder Psychologie. Oder in der Schauspielkunst – ohne Empathie, das Hineinversetzen in den anderen ist es kaum möglich, diesen Beruf auszuüben. L’empathie est un grand moyen d’aide, pas seulement dans la profession d’avocat, mais également dans le domaine du management, de la politique, de la médecine ou de la psychologie. Ou pour les acteurs – sans empathie ou sans faculté de se mettre à la place des autres, il est pratiquement impossible d’exercer cette profession. Diejenigen, die eine Fortbildung in Mediation belegt haben, haben sich zwangsläufig mit dem Begriff Empathie befasst. Wir denken hier an die gewaltfreie Kommunikation von Marshall B. Rosenberg. Ceux qui ont suivi une formation en médiation se sont familiarisés inévitablement avec la notion d’empathie. Nous pensons ici à la communication non violente de Marshall B. ROSENBERG.

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Der Begriff Empathie verfolgt uns alltäglich und überall. Wie wichtig die Fähigkeit und Bereitschaft, sich in anderen Menschen einzufühlen, gerade in angespannten Situationen ist, macht eine „mitfühlende“ Beobachtung die Entstehung von Konflikten deutlich. Wenn ein Mensch sich erst einmal verschlossen hat, „zugemacht hat“, dann hat es überhaupt keinen Sinn mehr, weiter auf ihn einzureden und zu argumentieren. Ein wesentliches Mittel zur Verhinderung einer destruktiven Eskalation ist die Fähigkeit und Bereitschaft zur Empathie. Wie oft sagen wir: „Ja natürlich, ich verstehe Sie vollkommen”, während wir noch damit befasst sind, etwas aufzuschreiben oder während wir in Dokumenten blättern. Drücken wir damit nicht schon die Unwilligkeit des Verstehens aus? Können wir sofort danach, das was wir hörten so umformulieren, so dass unser Gegenüber sich in unseren Erklärungen zurecht findet? Sind wir bereit zur Einfühlung oder reflektieren wir unser Lebensmuster auf den Anderen? Ein wesentlicher Vorteil in fast allen Bereichen, ist eben die Empathie als Werkzeug in unserem Handeln mit einzubeziehen.


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La notion d’empathie nous suit quotidiennement et partout. L’observation « compatissante » de la naissance de conflits démontre à quel point la capacité et la disposition de se mettre au diapason des autres personnes, surtout dans des situations tendues, sont importantes. Si une personne s’est refermée sur elle-même, cela n’a plus de sens de chercher à la persuader et d’argumenter. Un moyen essentiel d’éviter une escalade destructrice est la capacité et la disposition à l’empathie. Combien de fois ne disons-nous pas « oui, je vous comprends tout à fait », alors que nous sommes encore en train d’écrire ou de consulter des documents ? N’exprimons-nous pas déjà le manque de volonté à comprendre ? Pouvons-nous, immédiatement après avoir entendu les paroles, les reformuler, pour que notre vis-à-vis se retrouve dans nos explications ? Sommes-nous prêts à nous mettre au diapason de l’autre ou reflétons-nous notre modèle de vie sur l’autre ? Dans tous les domaines, l’outil empathie constitue un avantage essentiel pour nos agissements. Natürlich ist es auch eine Frage der eigenen mentalen und körperlichen Verfassung. Stehen wir unter Druck, werden wir nicht fähig sein, die Situation des anderen zu verstehen und weiter auf ihn einzugehen. Wer das Gefühl hat, dass die eigenen Bedürfnisse nicht beachtet werden, ist auch nur eingeschränkt bereit, die Gefühle anderer zu achten. Empathie verlangt somit auch Zeit, und auf der Zeitachse führt Empathie sicherlich zu einer besseren Lebensqualität. C’est évidemment aussi une question de propre disposition mentale et corporelle. Si nous sommes sous pression, nous ne serons pas capables de comprendre la situation de l’autre et de le convaincre. Celui qui a le sentiment que ses propres besoins ne sont pas respectés n’est capable que de façon restreinte à faire cas des sentiments de l’autre. L’empathie demande du temps, et sur la ligne du temps, l’empathie mène certainement à une meilleure qualité de vie. Eigentlich ist Empathie ein positives „Werkzeug“ in unserem alltäglichen sozialen, privaten und beruflichen Leben. Die Fähigkeit Empathie zu haben, stößt aber auch sicher an Grenzen. En fait, l’empathie est un « outil » positif dans notre vie quotidienne sociale, privée et professionnelle. La capacité d’avoir de l’empathie se heurte toutefois également à des limites. Die Frage die sich stellt, ist ob Empathie in unserer hektischen Gesellschaft noch einen Stellenwert hat. La question qui se pose est de savoir si dans notre société frénétique, l’empathie a encore sa place. Eine weitere Grenze ist, dass Empathie auch missbraucht werden kann. Eine gute Ausübung der Empathie, sich in den anderen einfühlen, kann auch zu gefährlichen und missbräuchlicher Machtausübung führen. Es gibt ausreichend Beispiele in der Geschichte und der aktuellen Politik. Une autre limite est aussi que l’empathie peut être utilisée abusivement. Une bonne pratique de l’empathie, de se mettre au diapason de l’autre, peut aussi mener à un exercice du pouvoir dangereux et abusif. Il y a suffisamment d’exemples dans l’histoire et la politique actuelle.

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Wichtig bleibt aber, dass bei dem Nutzen des Werkzeuges Empathie, die eigene Individualität nicht in Leidenschaft gezogen wird. Nach Freud muss Empathie es ermöglichen, von außen eine andere Person ganzheitlich – also auch unter Einbeziehung ihrer Emotionalität zu erfassen, diese im eigenen Bewusstsein als „alter Ego“ zu konstruieren und mit dieser zu kommunizieren - die Fähigkeit , eine Person, unter strikter Respektierung der Individualität von außen ganzheitlich wahrzunehmen. Dieser Gedanke ist in beiden Richtungen wichtig und zwar den anderen ganzheitlich wahrzunehmen, aber auch seine eigene Grenze zu kennen. Empathie soll nicht heißen, Selbstaufgabe, sondern unter Respektierung der eigenen Individualität den anderen wahrzunehmen. L’important est que lors de l’utilisation de l’outil empathie, l’individualité propre ne soit pas touchée. D’après FREUD, l’empathie doit rendre possible de capter entièrement une autre personne de l’extérieur, aussi en tenant compte de son émotivité, de la construire de façon consciente comme un alter ego et de communiquer avec elle - la capacité de capter complètement une personne en respectant strictement son individualité. Cette réflexion est importante dans les deux sens, soit de capter complètement l’autre, mais aussi de connaître ses propres limites. Empathie ne doit pas signifier l’abandon du soi, mais bien de capter l’autre dans le respect de l’individualité propre. Empathie ist ein fantastisches Werkzeug für unseren sozialen und beruflichen Umgang, wobei die eigene Individualität bestehen bleiben soll. L’empathie est un outil fantastique pour notre entourage social et professionnel, où cependant l’individualité propre doit continuer à exister. Eine indianische Redensart besagt „Urteile nie über einen anderen, bevor Du nicht einen Mond lang in seinen Mokassins gegangen bist” Ich würde hinzufügen: vergiss‘ allerdings nicht, dass es seine Mokassins sind! Un proverbe indien dit : « ne juge pas les autres si tu n’as pas marché durant une lune complète dans ses mocassins ». J’ajouterais : n’oublie cependant pas que ce sont ses mocassins !

Ingrid JODOCY


Jean-Pierre & Willy De Cuyper

DE CUYPER BROTHERS AdF L i C e n s e D P r i vat e i n v e s t i g ato r s a n D C o u r t e x P e r t s ALL FRAUD & DISLOYALTY PROBLEMS • REPRESENTATIVE OF ThE LAW

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DISLOYALTY PROBLEMS REPREsEntAtivEs of thE lAW decuyper@skynet.be • www.decuyper.net

INVESTIGATIONS BRANCH DEfEnsivE Economic intElligEncE EnquiriEs – survEillancEs – shaDowings by all appropriatED mEans By appoint : Home office 14.219.06

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Jean-Pierre DE CUYPER

criminologist

Doctor h.c. in criminology

EXPERT APPRAISEMENT BRANCH All tYPEs of fRAUD – CommERCiAl AnD PRivAtE

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Willy DE CUYPER

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Jean-Pierre DE CUYPER

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...and other fine judicial experts, all branches

head office : 502 Avenue Louise – 1050 Brussels – by appointment only : +32 (0) 2 649 44 88 Postal mail & Operational Office : 10, Pont de Bois – 6533 ThUIN – Call : + 32 (0) 71 59 50 53 Détective = decuyper.det@skynet.be / Expertise = decuyper@skynet.be / www.decuyper.net


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Là ne manque qu’un olivier…

Par Eric LEMMENS

Bâtonnier de l’Ordre des avocats du barreau de Liège. Associé au sein du cabinet Actéo, Me Lemmens pratique le droit administratif et le droit public, ainsi que le droit pénal économique. Elu à 8 reprises au conseil de l’Ordre, il fut aussi orateur de rentrée de la Conférence Libre du Jeune Barreau (1994) et Président de la Conférence Libre du Jeune Barreau (1996-1997).


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Le nouveau Palais de Justice de Liège s’installeraitil dans ses murs ? Que nenni ! Ce sont les nouvelles annexes du palais qui prennent vie, dont Maître René Swennen – avocat et écrivain – vous dit de sa plume rare quelques mots choisis. C’est que l’ancien Palais de Justice, le Palais des Princes-Evêques, demeure. Les salles du Palais de Justice y furent restaurées - il sera temps d’y revenir - juste avant la deuxième guerre, sous l’égide du Bâtonnier Paul Philippart de Foy. Et la justice s’y rend encore puisque la Cour d’Appel et le Parquet Général y conservent leur siège. Nous entendrons encore longtemps craquer les planchers bruyants et patinés des longs couloirs aujourd’hui quelque peu défraichis, des salles prestigieuses et chargées d’histoire telles celle des audiences solennelles de la Cour d’Appel et celle

de la cour d’Assises qui a reçu tant de peine et de douleur, de paroles fortes, de sang et de larmes. C’est dans cette salle que fut jugée l’affaire dite du « softenon », il y a un demi-siècle. C’est aussi dans cette salle que siégea le Conseil de Guerre allemand de 1940 à 1944, cette salle dont les murs gardent le souvenir de tant de héros, et de ces avocats courageux qui y étaient jugés ou qui y plaidaient, gratuitement, pour l’honneur de la défense et par patriotisme. Et comment ne pas se souvenir de ces mots terribles que j’ai moi-même entendu prononcer en ces lieux : « la Cour condamne l’accusé à la peine de mort » ? C’est dans ce beau palais chargé d’histoire, aussi, que les quarante avocats liégeois d’alors

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se réunirent le 12 septembre 1811, dans une salle de la Cour Impériale de Liège, à l’invitation du Procureur Général Impérial, Chevalier de l’Empire, pour proposer à ce dernier leur premier bâtonnier, Maître De Warzée, et les noms de ceux qui constitueraient le premier Conseil de Discipline du Barreau de Liège. Ce sont les mêmes gens de robe liégeois qui feront, pour une part importante, la révolution de 1830 qui nous a vu naître. Les rues de Liège s’en souviennent, la Colonne du Congrès aussi. Au cœur de la Cité encore, la Conférence de Jeune Barreau de Liège, qui n’était pas encore Libre en ce temps-là, apposa en 1931 une plaque commémorative du centenaire de la révolution sur l’une des colonnes extérieures de l’Opéra Royal de Wallonie qui vient d’être brillamment restauré. Elle s’y trouve encore aujourd’hui, mais qui s’en souvient, s’y arrête, la regarde ? Alors oui, résolument oui : oui aux annexes dont j’aurai l’occasion de dire la parenté architecturale

avec les façades du vieux Palais, oui aussi au maintien de la justice en son vieux Palais, son lieu naturel, magnifique, et tellement moins écrasant que son alter-ego de la place Poelaert, et oui encore à la justice à rendre sur cette place Saint-Lambert encore, au cœur de la Cité, à quelques mètres de l’Hôtel de Ville, en voisine du Palais Provincial, là où cette justice est rendue depuis huit siècles. Il ne manque, n’est-ce pas, au cœur de toute cette minéralité du Palais et de la Place, qu’un olivier millénaire, ou un chêne centenaire, au pied duquel s’asseoir et méditer.

Eric Lemmens



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Les églises du

Moyen-âge étaient-elles orientées Par Gérard LEROY

Avocat au barreau de Bruxelles depuis 1965. Il a récemment pris sa pension tout en terminant les dossiers en cours. Cela lui permet de se concentrer davantage à son hobby, étant des conférences avec diapositives sur des sujets historiques ou artistiques. Il a notamment présenté: « Qui a commandé le retable de Gand, Josse Vijd ou Guillaume IV de Hainaut? » « Nostradamus, critique de quelques interprétations » « L’Aiglon, trop désiré et trop gênant » « Les femmes dans la religion. Matriarcat, puis patriarcat … et maintenant dans l’Eglise catholique? » « Mythologies grecque et romaine amusantes. Des dieux et des déesses très humains »


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e Moyen-âge chrétien est imprégné d’ésotérisme. On retrouve cet aspect dans les proportions des édifices religieux, surtout les cathédrales. D’aucuns pensent qu’il affecte également leur localisation ou leur orientation. Peu de médiévistes pensent à une orientation vers Jérusalem. On parle d’une orientation vers le soleil levant le jour où l’on fête le saint auquel est consacrée la cathédrale, ou, pour d’autres, le jour où l’on fête le saint que l’on veut honorer. Le soleil ne se lève-t-il pas toujours à l’Est ? En réalité non. Le soleil ne se lève réellement à l’Est qu’aux deux équinoxes, soit aux environs, suivant les années, du 21 mars et du 21 septembre. Tous les autres jours, il se lève légèrement plus au Nord ou légèrement plus au Sud, l’angle maximal étant, dans nos régions, de 35°.

La cathédrale Saint-Lazare d'Autun

Ceux qui réfutent la thèse de l’orientation ont beau jeu de dire que le soleil ne se lève jamais dans l’axe de certains édifices. Ainsi, l’église de l’abbaye de Sénanque, dans le Sud de la France, est orientée au Nord, la cathédrale de Chartres au Nord-est et la cathédrale Saint-Lazare d’Autun au Sud-sudest. Par ailleurs, il semblerait que de nombreuses cathédrales gothiques d’Ile de France ou de Picardie, dédiées à Notre-Dame, ne soient pas orientées vers une fête de la Vierge, que ce soit sa Nativité, l’Annonciation, la Visitation ou l’Assomption. Chaque édifice a une histoire, qu’il faut découvrir. La cathédrale de Saint-Omer est dédiée à Notre-Dame des Miracles. Pourtant, nous explique Paul de SaintHilaire dans son (L)univers secret des labyrinthes, elle est orientée vars le soleil levant du 29 juin, fête des saints Pierre et Paul. L’édifice antérieur était l’œuvre des moines de l’abbaye bénédictine attenante et lorsque l’édifice, reconstruit, devint

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crâne est tout spécialement exposé à la vénération des fidèles le 6 novembre, fête des Saintes Reliques. Il est dès lors logique que la cathédrale soit orientée vers le soleil levant du 6 novembre. La chapelle de la ladrerie du Val d’Orcq à Tournai est orientée vers le lever du soleil du 11 février.

collégiale, les chanoines provinrent de cette abbaye. Or, les églises bénédictines initiales étaient consacrées à saint Pierre pour bien marquer l’indépendance de l’ordre par rapport à l’évêque local et sa dépendance directe envers Rome. La cathédrale Notre-Dame d’Amiens n’est pas non plus orientée vers une fête de Notre-Dame. Le même auteur explique que sa construction fut entamée quatorze ans après qu’un chanoine eût ramené d’Orient le crâne de saint Jean-Baptiste. Ce

La cathédrale de Bruxelles est orientée vers le lever du soleil du 29 septembre.

Pour la cathédrale Saint-Lazare d’Autun, le problème est différent. Elle n’est pas orientée vers le soleil levant que ce soit le 17 décembre, fête de saint Lazare, patron des lépreux, ou un autre jour. Elle est orientée à 63° au Sud du lever équinoxial. Jamais le soleil ne se lève dans l’axe de cette cathédrale. On pourrait penser que cette exception tient à la configuration du terrain, Autun étant bâtie sur un éperon. Mais pourquoi dans ce cas, à cinquante kilomètres de là, la chapelle de l’Hospice de Beaune, où l’on soignait les lépreux, est-elle orientée dans la même direction que la cathédrale d’Autun ? Et en Belgique ? Qu’en est-il de la cathédrale de Bruxelles ? Le bâtiment original était-il dédié à saint Michel ou à sainte Gudule ? Autrement dit, étaitil orienté vers le lever du soleil le 29 septembre, fête de saint Michel, ou celui du 8 janvier. On peut visiter les restes de l’église primitive sous la nef de l’actuelle cathédrale. Leur orientation est identique.

Schéma indiquant l’orientation de divers édifices religieux NORD Sénanque Chartres ÉTÉ

35°

EST

35°

Saint-Michel Bruxelles Ladrerie Tournai Amiens HIVER Autun

SUD


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La cathédrale d’Amiens est orientée vers le soleil levant du 6 novembre.

Il s’agit du lever du soleil le 29 septembre. Le bâtiment d’origine était dédié à saint Michel comme le confirme d’ailleurs l’Histoire.

déprédations du 18e siècle, un saint Lazare évêque était représenté à Autun sur le trumeau du portail Nord-est…

Intrigué par le problème de Saint-Lazare à Autun et Beaune, j’ai cherché dans nos régions. A Tournai, l’Eglise Saint-Lazare est orientée plein Sud. Comme elle a été construite au 19e siècle, elle ne nous intéresse pas. Par contre, pas loin de ce bâtiment s’élève la chapelle de la Ladrerie du Val d’Orcq, où l’on soignait les lépreux. Cette chapelle, inchangée depuis le Moyen-âge, est orientée vers le soleil levant du 11 février, date à laquelle on fête saint Lazare, évêque de Milan. Or, avant les

Que conclure ? La prudence est de mise. Certains édifices religieux du Moyen-âge sont orientés vers le soleil levant du jour où l’on fête le saint auquel ils sont consacrés. D’autres sont orientés différemment pour des raisons à découvrir. D’autres, enfin, peut-être, sont orientés de façon aléatoire. Gérard LEROY

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MAI

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Achille Chavée

Avocat au Barreau de Mons ou l’itinéraire d’un

vieux peau rouge qui ne marchera jamais dans une file indienne. (citation extraite de décoction)

Par Bernard MAIRIAUX

Bernard Mairiaux est né à La Louvière le 12 juin 1958. Issu d’une famille de médecins, il prend le contrepied de la tradition pour se tourner vers des études de droit. Son intention, dès le premier jour, étant d’exercer la profession d’avocat. Il exerce ce beau métier avec une joie renouvelée chaque jour depuis trente ans. Avocat au barreau de Mons depuis octobre 1982 il en est le Bâtonnier depuis septembre 2011. Il est père de trois garçons : l’aîné, Jean-Edmond, a embrassé la profession d’avocat depuis trois ans ; le deuxième, Maxime, a repris la tradition familiale de la médecine et le troisième, Pierre-François s’est tourné vers des études artistiques. Voilà de la continuité et de la diversité…


Achille Chavée est né le 6 juin 1906 et sa famille s’est installée à La Louvière en 1922. Il entame ses humanités à l’institut Saint-Joseph à La Louvière dont il est rapidement renvoyé pour avoir contesté l’existence de Dieu et s’être révolté contre le carcan de son éducation bourgeoise et catholique : « C’est parce que Dieu est toujours muet que nous avons acquis une ouïe si fine. » Il poursuit néanmoins son parcours scolaire et il entame ses études de droit à l’ULB. « Du temps que j’étais une petite chenille J’allais à l’école à l’Université Sur mon ardoise de complexe J’écrivais de mauvais poèmes D’amour et de philanthropie J’attendais patiemment le moment Où je serai un jour le papillon de l’invisible » Lorsqu’Achille Chavée prête le serment d’avocat, le 6 octobre 1930, il a déjà entamé une carrière politique et a participé à la fondation de l’Union Fédéraliste Wallonne qui revendique l’autonomie culturelle et politique de la Wallonie.


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De g. à dr., Pol Bury, Achille Chavée et André Balthazar (de face)

Il multiplie les conférences et participe à la création de la revue « La Bataille Wallonne ». Le métier d’avocat, il le découvre par la défense des ouvriers mineurs inquiétés et poursuivis après les grèves de 1932. Les confrères Montois mais surtout Louviérois qui l’ont connu à l’époque, se souviennent d’un confrère original, passionné, à la voix forte et rocailleuse des grands fumeurs. Son activité professionnelle était limitée et incitait Achille Chavée à évoquer son cabinet d’avocat comme étant « le cabinet des oubliettes… ». Il téléphonait volontiers à ses confrères pour leur demander conseil dans les dossiers qui lui étaient confiés. Il cherchait en vain son code civil au milieu des livres de poésie, des manifestes, des affiches politiques et des revues qu’il affectait. Il demandait alors à ses confrères les numéros des articles du code civil qui pouvaient se rapporter au dossier qu’il étudiait et dans lequel il était occupé à rédiger à la main les courtes conclusions qu’il irait déposer le lendemain au Greffe de la Justice de Paix.


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Une célèbre citation de Maître Achille Chavée est souvent évoquée pour critiquer les évolutions jurisprudentielles. Je ne résiste pas au plaisir de vous la livrer : « La jurisprudence est une grande dame de petite vertu. » L’œuvre principale d’Achille Chavée débute en 1934 lorsqu’il crée, à La Louvière, le groupe Rupture. C’est un engagement dont la motivation est essentiellement politique. Sa détermination est grande au point qu’en novembre 1936, il part en Espagne et s’engage dans la brigade DOMBROVSKI en tant qu’Officier puis Auditeur Militaire. Il fait ensuite la connaissance de Pol BURY, René MAGRITTE, André BRETON et bien d’autres artistes, et crée ainsi, à La Louvière, le groupe Surréaliste en Hainaut. Depuis septembre 1932, il partage son existence avec son épouse, Simone et écrit pour elle durant son combat en Espagne : « Elle a dans son cœur une île Pour moi quand je reviens de loin Elle porte une perle sur ses seins Quand je la bois comme une huitre… Elle croit à la révolution Comme à la mort et à l’amour Elle est sérieuse et m’abandonne Quand je dois prendre confiance De la couleur invisible de mon destin. » Extrait de « Une foi pour toutes »

Achille Chavée poursuit le métier d’avocat mais préfère de loin tourner le coin de sa rue pour s’attabler au Café du Bassin et écrire ses célèbres aphorismes et poèmes au dos des cartons de bière qui garnissent sa table, au fur et à mesure de ses consommations. Il a toujours pris soin d’épingler une carte de visite sur la porte de son cabinet afin d’avertir ses clients éventuels qu’il aurait un peu de retard étant retenu par quelques obligations prioritaires.

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Les clients qui le connaissent bien, savent qu’ils le trouveront attablé au Café du Bassin au coin de la rue !

Achille Chavée devant son domicile, rue Ferrer, à la Louvière, coll. privée. © G. Thiry

« C’est au Café du Bassin A cent pas de chez moi Que je tiens les propos sévères D’une inhumaine vérité Que j’écris des poèmes criés Sur une table d’infortune C’est là que je fuis mes fantômes Que je retarde Jusqu’au plus profond de la nuit Le dramatique cri De ma clef introduite Dans la serrure de la maison qui pleure. » Achille Chavée jouissait d’une certaine estime de la part de ses confrères. On le savait différent et marginal mais il n’a - semble-t-il - jamais été pris en défaut sur le plan de sa confraternité et de sa correction. A son retour de la guerre d’Espagne, Achille Chavée a dû solliciter sa réadmission au Barreau qu’il avait quitté pour pouvoir se battre à l’étranger. Il n’avait, semble-t-il, pas évoqué ce motif lors de sa demande d’omission et le conseil de l’ordre lui a dès lors fait le reproche de s’être rallié à une milice étrangère sans en avoir averti son Bâtonnier. Achille Chavée s’en est expliqué et son idéal politique et humain lui a permis de convaincre les autorités ordinales et il fut réadmis au Barreau de Mons sans autre difficulté. Mes souvenirs personnels sont bien présents dans ma mémoire. De septembre 1964 jusqu’à son décès, le 4 décembre 1969, je passe quotidiennement devant le domicile d’Achille Chavée pour me rendre à l’école primaire. Son domicile est situé au coin de ma rue. Il habite alors au numéro 1 de la rue Ferrer qui deviendra par la suite, la rue Achille Chavée. Il est debout, la cigarette à la main sur le pas de la porte de sa maison. Il a l’air grave et perdu dans ses pensées.


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Pour l’enfant que je suis, ce personnage, dont on m’a expliqué la notoriété, m’impressionne et j’ai le net souvenir de presser le pas sous ce regard rêveur mais sombre. Aux termes de son existence - marqué par le cancer du poumon qui l’emportera - il étouffe et écrit : « Je me vermine Je me métaphysique Je me termite Je m’albumine Je me métamorphose Je me métempsychose Me dilapide Je n’en aurai jamais fini… Je me cloaque et m’analyse… Je deviens mon alter égo Je me cache sous les couvertures Je transpire l’angoisse Je vais crever Madame la Marquise. » Achille Chavée décèdera le 4 décembre 1969 et ses funérailles dans La Louvière, le 12 décembre 1969, ont entrainé un mouvement d’évocation inoubliable. Ses œuvres sont puissantes et imagées. Je vous invite à les lire ou à les relire. Elles vous révèleront un personnage étonnant et rempli d’imagination. Sa poésie est une œuvre taillée au couteau. Ce fut pour moi un plaisir de pouvoir l’évoquer en quelques lignes…

Bernard MAIRIAUX, Un immense merci à Madame Françoise THONET, conseillère à la Cour d’Appel de Mons, qui m’a confié le texte de son discours de rentrée qu’elle a prononcé durant sa brillante carrière d’avocate lors de la rentrée du Jeune Barreau de Mons, le 12 décembre 1998. « Achille Chavée et Fernand Dumont, Avocats au Barreau de Mons et Surréalistes »

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Petit carnet de

voyage Par Marco OSSENA CANTARA

Marco OSSENA CANTARA, plonge ses racines dans le Frioul italien, comme son nom l’indique. Marié à Mimie depuis 33 ans, père de deux enfants : Sarah, 27 ans et Maxime, 24 ans. Avocat au Barreau de Verviers depuis le 01.10.1978 (le temps passe…) Professionnellement orienté vers le droit de la responsabilité et la réparation du préjudice corporel. Passionné de voyages et de sports mécaniques. Après une expédition en motos neige au Canada, un groupe s’est formé voici 12 ans. Six personnes d’horizons différents en constituent le « noyau dur ». Jean-Charles GAROT, également Avocat à Verviers, fou de rallyes automobiles, en est l’indispensable « Monsieur navigation ». Il est capable de nous sortir de tout, partout… Chacun des autres : André, Gilbert, Jean-Marie, Léo, remplit à merveille le rôle lui dévolu pour assurer la pleine réussite de nos escapades annuelles. Merci à eux.

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Voilà des années que les dunes de sable, les vraies, les grandes, les hautes, me donnent la chair de poule ! C’est une façon incroyable que mes potes et moi avons trouvée pour nous déconnecter des contingences du quotidien. Une dose d’adrénaline lorsque la nuit tombe ou que le vent se lève, que nous nous trouvons au milieu de nulle part et qu’un doute surgit quant à l’exactitude de notre tracé ou la possibilité de sortir par nos propres moyens d’une situation critique. Invariablement le principe est le même : utilisation de véhicules 4 x 4 loués sur place et départ sans guide. Les véhicules, et surtout les pneus, sont dans un état plus ou moins correct selon les endroits. Il faut faire avec. Les tracés sont soigneusement préparés avant le départ grâce à des cartes précises et à l’appui irremplaçable de Google Earth qui permet de suivre les pistes, de les jauger et calculer les points GPS avec une précision diabolique. Des dizaines d’heures de travail plus tard et chargés de centaines de points GPS nous allons pouvoir nous mettre en route. C’est ainsi que nous avons roulé notre bosse dans le Sahara sud marocain, au Sultanat d’Oman ou encore aux Emirats Arables Unis, pas à Dubaï, non, dans les bacs à sable ! Impossible de vous faire partager en ces quelques pages l’ensemble de nos « aventures » qui nous réunissent depuis plus de 10 ans. J’ai donc choisi un voyage parmi ceux qui nous ont le plus enthousiasmés : destination l’Australie, the land down under. Ce monde où les enfants ont du mal à imaginer que les gens puissent, comme nous, marcher la tête en haut. Départ de Francfort avec dans nos valises une sangle permettant de tirer un char d’assaut, manière de pouvoir sortir d’épaisseur l’imprudent ou le maladroit qui se serait enfoncé jusqu’aux essieux et … un compresseur de belle dimension car dans le sable il faut dégonfler, question de portance, mais lorsque l’on arrive dans la caillasse, il faut regonfler, sinon, adieu les pneus…

Imaginez la tête de l’agent de sécurité qui va scanner le bagage de cabine contenant ces articles qu’il n’est guère d’usage de retrouver dans les valises du voyageur lambda. Interpellation de votre serviteur invité à expliquer ce qui se trouver dans le bagage. Invitation à un entretien en a parte dans un bureau en retrait. Finalement notre interlocuteur se révèlera passionné par notre initiative et nous autorisera à emporter notre petit matériel en cabine. C’est une chance qui ne se représentera plus, malgré diverses tentatives ultérieures… Nous embarquons donc. Destination Alice Springs, via Sydney et Adelaïde, le tour de la moitié du pays par avion mais nous n’avions pu trouver plu simple pour l’aller. Arrivés à Alice Springs, capitale de l’Outback, après plus de 24 heures de voyage, nous prenons possession des 4 x 4 pourvus de deux gros réservoirs à carburant, distances obligent. Ensuite, direction les achats : du matériel comme frigos box, bbq, pelles, casseroles, également de l’eau en quantité, de la glace que nous pourrons nous procurer à chaque étape, mais aussi vins, alcools et alimentation. Les bivouacs ne sont pas que des lieux de méditation ! Nous voici fin prêts pour un périple qui va nous conduire d’Alice Springs à Uluru en passant par Mount Dare, la traversée d’ouest en est du désert de Simpson, Mungerannie et Coober Peddy, la ville de l’opale. Alice, créée en 1871 pour servir de relais entre le télégraphe trans-australien et celui reliant l’Australie au reste du monde, se niche entre les crêtes montagneuses des Mac Donnell. C’est à partir de cette ville comptant quelque trente mille âmes à forte densité aborigène, population malheureusement souvent désœuvrée et fortement alcoolisée, que s’organise la vie de l’Outback. The Flying doctors, ont été créés dans les années 20 à l’initiative du pasteur John Flynn avec l’aide de l’ingénieur Alf Traeger qui mit au point un émetteur à manivelle pouvant fonctionner sans apport de courant et de Hudson Fysh, futur fondateur de Qantas, qui se mit à sa disposition avec son avion. Les flying doctors, vont permettre d’apporter une assistance médicale urgente dans ces immenses espaces où tout autre moyen d’intervention nécessiterait un temps extrême.


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C’est à Alice également que se situe The school of the air. Impossible de mettre un instituteur à la disposition des enfants de chaque famille distante de plusieurs centaines de kilomètres de sa voisine. L’instituteur est donc installé à Alice et sa salle de classe mesure 1.3 millions de kilomètres carrés ! Les enfants d’un même niveau scolaire vont à l’école en s’installant derrière la radio. Ils parlent à leur instituteur et aux autres élèves de la classe via le micro. Chaque jour deux leçons de 30 minutes sont prodiguées après quoi ils s’attèlent à leurs devoirs 5 à 6 heures par jour. L’envoi des devoirs s’effectue de manière bimensuelle par colis postal. Deux fois par an, les élèves de la classe viennent passer gratuitement une semaine à Alice Springs pour y rencontrer leur instituteur et leurs condisciples. Ils vont y apprendre les gestes de la vie courante auxquels l’existence dans le bush ne les a pas habitués, tels que payer dans un magasin ou encore traverser la route… Simple pour nos petites têtes blondes, moins évident pour ces enfants de fermiers vivant à 1.000 km ou plus de la première bourgade ou parfois du premier voisin. Nous quittons Alice à destination du désert de Simpson, bac à sable de quelque 100.000 kilomètres carrés qui doit son nom au géographe australien Allen Simpson. Le premier blanc à en effectuer la traversée fut Ted Colson en 1936. Nous empruntons la Old Andado track qui nous mènera jusqu’à notre première étape quelque 420 Km plus loin à Mount Dare, « ville étape » offrant une station service pour faire le plein de carburant, un dortoir et un cabanon servant de bar-restaurant. Population : deux personnes exploitant les lieux. Le plus proche voisin est à quelques heures... Nous y rencontrerons quand même deux helvètes qui font route en moto. Le lendemain sonnera le début des grandes manœuvres puisque nous allons attaquer la traversée du Simpson d’ouest en est via la French line, la Rig road et enfin sortie via la K1 line destination Mungerannie où nous attendra John HAMMOND, personnage éminemment sympathique et haut en couleur. La chaleur est harassante. Les paysages se déclinent en trois couleurs : le bleu quasi immaculé du ciel, le vert de la végétation (il en existe) et le

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rouge du sable. Un beau rouge brique, un sable bien fin dans lequel le maladroit aura tôt fait de mettre ses camarades à l’ouvrage pour le sortir des ornières qu’il aura creusées tout seul à grands coups d’accélérateur, surpris de sentir son véhicule s’enfoncer jusqu’aux essieux… A nous les vagues du Simpson. Les dunes barrent la piste à intervalles réguliers. Il convient de soigner sa technique : vitesse suffisante pour les gravir, brève immobilisation en équilibre au sommet pour éviter le risque du plongeon dans le vide en raison d’une pente vraiment trop abrupte, plonger ensuite rapidement (sans quoi c’est le coup d’arrêt avec obligation de sortir la sangle…) dans la pente et reprise de la piste jusqu’à la prochaine dune. En voici une à double pallier qui fait de la résistance. L’élan est coupé par le premier pallier très, trop, court. Impossible de reprendre une vitesse suffisante pour venir à bout de la seconde côte très raide. Nous tentons de l’attaquer par divers moyens mais, malgré toute notre bonne volonté, le franchissement s’avère plus que problématique. En plus il va falloir passer quatre véhicules. Comme les premiers ont déjà bien labouré le terrain à l’occasion de leurs tentatives infructueuses, si l’un parvient même à passer, la tâche des autres confinera à mission impossible. Obligation donc de trouver une voie de contournement que l’exploration du terrain en hors piste le long de la dune nous permettra finalement découvrir.

Impossible bien entendu de vaincre le Simpson en une journée. Aussi, après quelque 350 Km de piste il est temps de trouver un endroit pour bivouaquer. Après la récolte du bois mort, nous activons le feu qui permettra de préparer le souper. Nous dormirons à même le sable autour du feu dans un sac de couchage bien douillet. Pas de mauvaise rencontre. Les scorpions, identifiables sous le sable grâce à une lampe ultra-violette, serpents et autres araignées nous ont totalement épargnés. Au petit matin, il est prudent de secouer ses chaussures pour éviter les surprises désagréables. Après un copieux petit-déjeuner : œufs au bacon et toasts, nous reprenons la route en direction de Mungerannie. Il fait de plus en plus chaud. A la sortie du Simpson le sable devient tout à coup totalement blanc, comme du ciment. La végétation se résume à quelques branchages secs. Pas un coin d’ombre. Nous bifurquons sur la Birdsville track et atteindrons Mungerannie en fin d’après-midi. John HAMMOND, l’exploitant des lieux nous attend. A notre disposition : un chouette bar, une pompe pour faire le plein, une cabine téléphonique avec liaison satellite et des containers servant de chambre à coucher. Particularité extraordinaire, sur le parking où trônent nos seuls véhicules, l’intéressé a installé des parcomètres... Hilarité générale !


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Cette année pour nous les dunes se terminaient à la sortie du Simpson. Photo 19 Pour ce qui est de la chaleur, nous n’en avions pas fini. Nous reprenions, en effet, la route en direction de Coober Peddy qui signifie, en langage aborigène, l’homme blanc au fond du trou. C’est une petite ville de 3.500 habitants comptant pas moins de 45 nationalités différentes, ce qui en fait la ville la plus cosmopolite au monde. La chaleur écrasante explique qu’une partie de l’activité y soit souterraine. Si malgré cela l’homme s’y est précipité c’est parce que, en janvier 1915, un gamin de 14 ans y a découvert une pierre d’opale. Espérant faire fortune les hommes sont accourus. Ils creusent, descendent travailler dans des galeries étroites et étouffantes, filtrent la terre

à l’aide d’étranges camions à la recherche de ce qui pourrait faire leur fortune. A part cela, RAS. Aussi n’allons-nous pas nous attarder. Nous ne voudrions pas repartir sans faire un saut par Ayers Rock. Un saut de plus de 700 Km, mais ici on ne parle pas en kilomètres. Dans l’Outback point de bouchon. La distance se traduit donc en 7 heures de route. Pas plus, guère moins, même si, contrairement au reste du pays, il n’existe pas de limitation de vitesse. En parcourant cette route vous ne manquerez pas de rencontrer ces impressionnants road trains qui traversent l’Australie du Nord au Sud, sur l’axe reliant Darwin et Adelaïde. Ces camions pouvant mesurer jusqu’à 50 mètres de long, transportant 150 tonnes de marchandises. Surtout ne leur brûlez pas la priorité, il leur faut quelques 3 kilomètres pour s’arrêter. Consommation : grosso modo 100 litres

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aux 100 ! Lorsque vous les croisez sur une piste, ils soulèvent tant de poussière qu’il est impossible d’y voir encore. Après 7 heures de route nous arrivons à Kings Canyon.

qui en assure l’administration. Il s’agit du plus gros monolithe au monde (du second après le mont Augusta selon les sources). Il présente une circonférence de 9.5 Km pour une hauteur de 348 mètres.

« …Kings Canyon est comme une colline creuse posée sur le désert rouge et plat. Vu de l’extérieur, c’est principalement du caillou et quelques arbres. Du caillou rouge en strates et en morceaux, comme dans un cours de géologie en vraie grandeur. Parmi tout ce rouge, le ciel reflété dans l’eau est extrêmement bleu. La colline contient un canyon où le rocher semble avoir été coupé proprement et être tombé au fond. Le fond est un havre pour l’humidité et les plantes… ».

Selon la croyance aborigène, Uluru est source d’énergie appelée « Tjukurpa », le temps du rêve.

Revoici nos trois couleurs : le bleu, le rouge et le vert. Nous avons décidé de survoler les lieux en hélicoptère, non que nous soyons feignants, quoique... mais la vue de là-haut est féérique. Vous apercevrez un petit village aborigène, des chevaux sauvages venant se désaltérer et prendrez un cours de géologie grandeur nature grâce aux explications dont le pilote local n’est pas avare. Nous poursuivons en direction d’Ayers Rock. Ici se termine définitivement l’esprit d’aventure. Ici plus question de se frayer un passage dans les dunes. C’est entre les cars des touristes japonais qu’il faut passer. Nous en sommes revenus au stade du pur voyeurisme touristique. Mais c’est tellement beau, tellement magique ! Ayers Rock, du nom de Sir Henry Ayers, premier ministre d’Australie du Sud en 1863, Uluru en langue aborigène, est situé dans le parc national de Kata Tjuta, propriété de la communauté aborigène locale

Le temps est effectivement au rêve face à ce géant qui change de couleur en fonction de l’heure de la journée et de l’orientation du soleil. Il faut aller lui rendre visite au crépuscule et savoir se lever à l’aurore pour l’admirer encore. C’est la tête emplie d’images que, par la Larapinta, piste aborigène dont l’utilisation requiert le paiement d’une petite taxe, que nous regagnons Alice Springs. Dans peu de temps nous quitterons l’Australie, ce pays magique, totalement démesuré mais chaleureux et accueillant. Quelques années plus tard, les images de John HAMMOND, des jeunes aborigènes, des dunes de sable rouge restent toujours présentes à notre esprit. Qui nous avait dit que ce pays s’appelle « Reviens » ?

Marco OSSENA CANTARA


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Gardez le contrôle de la route. Pas de vos émotions. Les nouvelles 911 Carrera 4/4S.

Informations environnementales (A.R. 19/03/2004) : www.porsche.be

CONSOMMATION MOYENNE (L/100 KM) : 8,6 - 9,9 / ÉMISSIONS CO2 (G/KM) : 203 - 234.


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Une

modification

Par Ghislain Royen Vous ne connaissez pas Ghislain ROYEN ? Vous m’étonnez. C’est que vous n’avez pas lu ses précédentes collaborations au JDA. Au moins pour cette fois, vous ne devrez pas tourner la revue dans tous les sens (JDA n° 6) ou vous farcir un extrait des Pandectes Belges traitant d’un endroit que nul à part lui (parce qu’il y est né en 1957 – JDA n° 3) ou presque ne connaît. Les auriez vous lues que vous sauriez que cet avocat de campagne était Bâtonnier du Barreau de Verviers jusqu’en août dernier. Et qu’il ne craint, à ce qu’on dit, qu’une seule chose : d’être l’un des derniers Bâtonniers de son Barreau.


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ous commencez par saluer ce conducteur qui en demeure tout surpris, guère habitué qu’il n’est à recevoir pareille marque de politesse. Pour payer votre billet, vous avez du un peu vous tasser pour laisser le passage à quelques djeûnes qui vous regardaient bizarrement. Il est vrai qu’avec votre valisette, vous faites un peu tache dans cet environnement. Vous vous êtes placé vers le milieu, pas trop loin de la sortie, et surtout pas trop près non plus de ce groupe d’étudiants dont vous connaissez certains visages. Mais lequel vous a donc qualifié de blaireau lorsqu’il est passé derrière vous ? A peine assis que le bruit du diesel vous rappelle à votre jeunesse : il y a effectivement quelques années que vous n’avez plus pris cet étrange véhicule qu’on appelle autobus. Quelle fantaisie vous a donc pris de choisir ce jour d’hui le service des Transports En Commun ? Peu importe, la question n’a pas d’intérêt. Vous êtes dans un bus et c’est tout ce qui compte. Ah le voilà qui s’arrête. **** Et le voilà qui repart, le temps d’avaler quelques étudiant[e]s. L’une vous est effectivement agréable à regarder. Elle s’appellerait Madeleine ( ou Sonia, ou .. ) que cela ne vous étonnerait pas, tant elle vous rappelle ….que vous avez passé l’âge d’espérer quoi que ce soit de filles si jeunes qui, de toute manière, ne s’appellent plus ni Sonia ni Madeleine.

de leur congénère s’est fait agresser dans un pays dont elles n’avaient même pas conscience de l’existence l’instant d’avant. Alors elles font leur courses en voiture, les petites vieilles, de préférence lorsque vous, qui travaillez pour leur payer leur retraite, êtes pressé. Tant pis pour vous, vous savez qu’il ne sert à rien de klaxonner derrière une petite vieille, elle ne croira jamais que vous voulez l’aborder. **** L’arrêt ( de bus ) démarre lentement mais sans à coup et s’éloigne derrière vous de plus en plus vite ; il vous éloigne à peine de vos pensées : lointaines, faites de souvenirs de vos études, quand vous preniez le bus, puis le train puis le bus encore, ou plus proches, d’hier au soir quand vous avez résolu de vous confier à ce mode de transport. Il y a d’ailleurs bien longtemps que vous ne vous êtes plus couché d’aussi bonne heure. C’est en effet que le voyage qui vous attendait n’est pas aussi bref qu’à l’accoutumée ; bref, et non pas court, car ce périple, vous l’effectuez habituellement en quelques minutes. C’est du moins l’impression que vous en avez : vous entrez dans votre voiture, vous sortez du garage, vous parcourez quelques kilomètres, lieues, verstes qui vous séparent de votre destination. Au volant, vous écoutez la radio, les nouvelles invariablement mauvaises et si possible dramatiques, les dernières revendications de ceux qui font l’opinion et commerce de leurs indignations.

****

Mais hier soir, vous avez décidé de changer : vous avez consulté les horaires, désormais disponibles sur la toile. Vous n’avez rien compris, c’était somme toute normal. Jamais vous n’avez pu comprendre ces tableaux d’horaires que sans doute seuls peuvent comprendre ceux qui les ont rédigés,.. mais eux ils viennent au boulot en voiture.

Non ce n’était pas pour une petite vieille avec un cabas. Aujourd’hui, les petites vieilles ont peur des autobus. Les radios qu’elles écoutent et les journaux télévisés qu’elles regardent à 13 et 19 heures ne se font pas faute de leur raconter qu’une

Vous avez donc tenté de téléphoner : vous avez poussé sur le 1, puis le 4, puis l’étoile, puis le 7 puis vous ne savez plus ; vous avez entendu Vivaldi, Chopin et même des messages où l’on vous informait que les opérateurs étaient occupés : à quoi, vous me le demandez.

Et défile à côté de vous un paysage : les magasins et les garages qu’on construit désormais à l’extérieur des villages… et le bus qui s’arrête à nouveau, sans doute pour ….

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Et finalement, sous le regard sarcastique de votre compagn (on) e, vous avez programmé votre réveil pour si tôt, que vous ne saviez même pas qu’il existait une heure si tôt le matin, du moins pour se lever. Vous avez décidé de prendre le bus, ce qui, pour un campagnard comme vous ( la campagne s’arrêtant aux limites de la grande ville, s’entend ) est un fameux « challenge ». **** Ah tiens, ici il y en a qui descendent, vous êtes vous dit lorsque le bus s’est arrêté. Et les jeunes, là dans le fond, il en font du boucan. Dire que vous aviez choisi le bus en vous disant que vous pourriez y travailler. Ce ne serait d’ailleurs pas la première fois : les leçons qu’on relisait et les travaux ( ne dites plus devoirs, ça fait mauvais genre ) qu’on corrigeait tant bien que mal. Mais avec ce chahut.. Vous, jeune homme, vous chambardiez, mais avec classe, comme des jeunes sortant de chez la Montalant, en face des trois faisans. Allez, vous allez lire, vous avez repris le livre de vos dix sept ans. Michel BUTOR, La modification. Vous l’avez lu et relu. Quand vous en parlez, c’est toujours avec enthousiasme et peu vous comprennent. C’est normal, quand vous l’avez lu, vous aviez dix sept ans, cela vaut tous les sésames, toutes les explications. Nouveau roman, cela sonnait bien, cela vous a donné l’envie de lire Le Passage de Milan, mais c’est moins bien, vous n’avez pas dépassé la page 100. Et puis vous avez voulu passer à ROBBE GRILLET, le pape du nouveau roman, et vous avez été voir certains de ses films.. excellente l’idée de se draper dans l’excuse de l’art pour dévoiler les actrices..Et puis vous avez grandi et vieilli.

Mais une fois encore, vous avez voulu relire et pour le vivre un peu, comme vous n’êtes pas représentant pour une marque de machines à écrire italiennes, qu’il n’y a plus de train vous permettant de faire Paris - Rome en troisième classe, que de toute manière vous n’en auriez pas eu le temps, il ne vous restait que l’essentiel, vous farcir un trajet inconfortable et user de la deuxième personne du pluriel…

Ghislain ROYEN


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DU BOIS VIVANT AU DROIT Par Vincent SAUVAGE

Que peut-il y avoir de commun entre un avocat liégeois et un marionnettiste ? La passion ! Passion de la Justice et passion pour Tchantchès dont la place dans le cœur des liégeois est aussi présente que celle du Palais des Princes Evêques. Suivons quelques instants le fil de notre tringle en cuivre, vecteur de la vie que prête le montreur à ses sujets de bois. Vincent Sauvage est avocat généraliste spécialisé en droit des familles - LIEGE


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Ce merveilleux tilleul centenaire, à la croisée des trois chemins, tendait ses branches noueuses, tel un orant vers un ciel trop beau pour ne pas le toucher. Frappé par la foudre, il gît. Epave dérisoire sait-il qu’une nouvelle vie renaîtra de son bois sous les coups de gouges du sculpteur de marionnettes ? Depuis la moitié du 19ème siècle, dans le creuset industriel de Liège et de sa banlieue, les pantins de bois suscitent la passion des enfants et de ceux qui ont conservé le cœur jeune. La marionnette liégeoise est parfaitement identifiée par tous les amateurs de culture populaire et elle se retrouve dans des musées qui y sont consacrés jusqu’au 4 coins du monde puisqu’on en trouve des exemplaires au Musée Guignol de Lyon, en Allemagne et même jusqu’au Japon. Techniquement, il s’agit d’un fantoche animé par le dessus à l’aide d’une tringle de cuivre unique fixée au sommet de la tête et que le marionnettiste anime par d’habiles mouvements des deux mains. Si celui-ci est vraiment l’homme de l’ombre, ses personnages se projettent dans la lumière. La manipulation est une leçon de modestie et lorsque le spectacle se termine et que le montreur revient au jour, les petits spectateurs le regardent avec douceur et crainte…. N’est-il pas un peu magicien, ce dompteur de lutins en bois ? Et puis, n’actionne-t-il pas les macrales (sorcières), les diables ou les enchanteurs …. Non, décidément, c’est un homme à part et un très mauvais chrétien ! Pensez donc que les spectacles se donnent traditionnellement le dimanche matin à l’heure des messes !

Tchantchès, avocat et Pépin le Bref père de Charlemagne

Pourtant à y regarder de plus près, les théâtres de marionnettes liégeois sont des lieux populaires de rencontres où les enfants se rendent avec qui sont ses parents, ou grands-parents. Le vocabulaire utilisé par les pantins est émaillé de patois wallon et les spectateurs y croisent l’histoire : sans nous, nos têtes blondes ne connaîtraient certainement plus Charlemagne, Ganelon, Roland ou le Calife Marsile, la Fée vrillée ou le Mage Istra et surtout Tchantchès. Ah Tchantchès !

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Il représente à lui seul Liège et les liégeois : ingénieux, au grand cœur, redresseur de torts, prompt par sa verve à remettre les puissants à leur place, bagarreur s’il le faut et surtout, festoyeur hors pair. Il s’est raconté qu’il fut trouvé entre deux pavés d’Outremeuse et que sa mère adoptive, pour le nourrir, lui a donné des harengs. Tchantchès souffre depuis de la mort soif qu’il étanche à grands coups de peket (alcool de genièvre liégeois).

Maman m’emmenait sur les champs de foire de la région pour y assister à de courtes représentations de marionnettes données par Gaston ENGELS. La télévision a assassiné petit à petit les derniers théâtres et quand en 1977, nous avons décidé avec trois amis d’alors de fabriquer le nôtre, il n’en restait plus que 4 dont deux dans des musées. J’ai cependant eu la chance de connaître la vieille génération des montreurs dont certains avaient commencé carrière avant guerre. Pendant deux ans, j’ai brossé les cours de droit à l’ULg pour me rendre le mercredi après-midi à l’école de marionnettes qui avait été fondée par le regretté Adrien DUFOUR, afin de maintenir les vieux savoirs. Les marionnettes liégeoises se caractérisent par une tradition orale au niveau des textes. Avocat – marionnettiste …cela peut faire sourire au mieux mais je connais certains confrères qui font le guignol au palais et tout le monde trouve cela normal. Notre robe rappelle par son noir et son blanc l’univers magique de nos castelets dans lequel le manipulateur est dans l’ombre et les fantoches dans la lumière. Lorsque les marionnettes sont sur scène, elles apparaissent vivantes et il est agréable à notre équipe de leur donner, par la tringle, un peu de notre vie alors qu’elles sont immortelles. Venez donc nous retrouver au théâtre de marionnettes du Haut Pré, maison de quartier, rue Delbrouck 5 à 4102 OUGREE (04/337.36.36). Les spectacles se donnent début octobre à fin mars, le dimanche à 10 heures 30. Loin de vos codes et des ennuis qui nous taraudent, venez faire le plein de fraîcheur en toute simplicité dans la banlieue de Liège. Haut les tringles !

Photos aimablement mise à notre disposition par le musée Tchantchès. Tél.: 04 342 75 75

Vincent SAUVAGE



SELON VOUS… EN QUELQUES MOTS !

Le travail selon Frank SPRUYT

Frank Spruyt (1966) est Huissier de Justice, sa spécialisation : le droit judiciaire et le droit de l’exécution. Après sa formation en droit à Louvain, Frank Spruyt est nommé Huissier de Justice en 2002. Il crée alors son étude d’huissier de justice, entreprise unipersonnelle, qu’il sut développer en très peu de temps et qui occupe à présent 16 collaborateurs. Et accessoirement, comme vous le savez, tous les trimestres il nous fait le plaisir de contrôler notre TOMBOLA DES AUTEURS.


Quelques mots en toute amitié pour « le journal des avocats »

Les 5 mots-clés de Frank Spruyt

1. Rigueur Notre profession requiert énormément de rigueur. Il faut travailler de façon très minutieuse. La moindre erreur de procédure peut entraîner de graves conséquences. L’huissier de justice ne peut jamais perdre de vue la précision. Notre précision renforce la qualité du travail et offre une plus-value à nos clients. 2. Diplomatie Diplomate ou rustre ? La psychologie, la connaissance de la nature humaine, est essentielle. Il faut intervenir comme intermédiaire et cela n’est pas toujours accepté facilement. Jadis, mon maître de stage m’a dit : « Tu peux exercer cette profession de façon diplomate ou rustre. Tu as le choix. Néanmoins, cela fait une différence du tout au tout, aussi bien pour le créancier que pour le débiteur ». Donner un service hautement qualifié et personnalisé à chaque client, est donc l’un des atouts les plus importants de la réussite. 3. Equilibre Comment trouver un bon équilibre entre travail et vie privée ? Ce fut difficile. En 2002, j’ai obtenu ma nomination d’huissier de justice et peu après j’ai démarré. Bien sûr, lors de la croissance d’une société, subir quelques aléas, aussi bien au niveau professionnel que privé, vous me direz que c’est normal. Je dois énormément à mon épouse. Nous formons une belle famille avec cinq enfants. Et à présent, durant les week-ends, je me libère au maximum pour eux. 4. Conseil Mon meilleur conseil ? La connaissance et l’expérience sont deux atouts primordiaux, il faut les partager avec ses collaborateurs et ses stagiaires. Ceci leur permet de travailler de manière indépendante, dès le tout début. En plus, tout le personnel de mon étude se perfectionne continuellement en participant à des colloques. Ainsi, restons nous parfaitement au courant des récents changements relatifs à notre métier. 5. Glocal Réfléchir de manière GLObale et pouvoir agir au niveau loCAL ! C’est à mes yeux une philosophie fructueuse indispensable. Ce n’est que de cette façon que l’on atteint la réussite… et que l’on continue à croître.


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Le léger cliquetis du dérailleur Par Michel VLIES Bâtonnier de l’Ordre français des avocats du barreau de Bruxelles


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Qui, enfant attiré par le sport, n’a pas joué aux billes en rêvant de partir sur un vélo à la conquête de la Toison d’Or ? Comme le raconte Théo Mathy, le Rodrigo Beenkens des années soixante à quatre-vingt et accessoirement de ma jeunesse, les premières billes de Merckx s’appellent Coppi, Bobet, Ockers, héros du Tour – celui de France, le seul à mériter une majuscule – quand il commence à fréquenter l’école. Mes billes à moi s’appelaient Merckx ou Bruyère, son fidèle équipier dont les quelques victoires font aujourd’hui pâlir d’envie les plus grands champions – autre temps, autre cyclisme. Accessoirement, je les nommais aussi Poulidor ou Gimondi. S’ils étaient adversaires de mon idole, ils avaient malgré tout mes faveurs dès lors qu’ils en admettaient l’absolue supériorité. En revanche, je n’aimais ni Ocana, l’hidalgo à l’air ténébreux, ni Roger De Vlaeminck, le gitan qui ne l’était pas plus que vous et moi, mais qui en avait l’extrême fierté. Le temps ne m’a rien fait oublier, mais il m’a fait apprécier l’un et l’autre malgré ou peut-être pour leur volonté de ne rien céder. Qui, sauf sans doute à être espagnol ou américain, a assisté aux tours victorieux d’Indurain ou d’Armstrong sait à quel point l’on peut rêver de voir

sinon sombrer le favori, à tout le moins de voir son hégémonie remise en cause. Que le meilleur perde, mais pas trop souvent comme l’écrivait Antoine Blondin. Rappelons-nous station de ski.

Orcières-Merlette,

charmante

C’était en 1971. Dans les annales du Tour de France, la fameuse étape de 1971: GrenobleOrcières Merlette quand Ocana détrônait Merckx au col du Noyer. (photo «Dauphiné Libéré»). La saison n’avait pas vraiment commencé lorsque JeanPierre (« Jempi ») Monseré, grand espoir du cyclisme et jeune champion du monde, se tue en course, heurtant une voiture qui n’aurait jamais dû se trouver sur le parcours, comme pour nous rappeler l’extrême fragilité du cycliste dans l’effort. Merckx gagne Milan-San Remo, la course dans laquelle il a le plus souvent triomphé, 7 fois entre 1966 et 1976, et Liège-Bastogne-Liège, au sprint devant le petit Georges Pintens, deuxième après, événement exceptionnel s’il en est, lui avoir repris quelques minutes dans le final. Après cette victoire tout en souffrance, il poursuit sa conquête dans les tours. Comme Bradley Wiggins

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cette année, après avoir, en début de saison, triomphé dans Paris-Nice, il gagne le Critérium du Dauphiné Libéré, mais il semble moins dominateur en montagne. Fragilisé – ce qui est un comble – par ces victoires dont le cumul est d’un autre temps, il s’élance de Mulhouse, dans un contre-la-montre par équipes, placé en prologue du Tour de France, qu’il domine avec son équipe Molteni, maillot brun à la gloire de saucissons italiens, dream team de l’époque. Il enfile le maillot jaune, cédé le lendemain matin à l’un de ses équipiers et récupéré l’après-midi. Le Tour remonte vers le Nord pour descendre ensuite vers le Massif central où les meilleurs se sont donné rendez-vous au Puy de Dôme, haut-lieu du cyclisme depuis la victoire de Coppi en 1952 et l’exceptionnel mano a mano qu’Anquetil et Poulidor s’y sont livré en 1964, Poulidor, trahi au plus fort de la pente par un développement trop important, y finissant par lâcher le porteur du maillot jaune, mais trop tard pour lui voler une tunique que le brave Poupou ne portera jamais au cours d’une bonne quinzaine d’années de carrière.

Après Chamalières, dont le maire fera du chemin, les attaques fusent et Eddy doit laisser filer quelques-uns de ses principaux adversaires, dont Ocana, vainqueur d’étape auquel il concède une quinzaine de secondes. Le maillot jaune est sauvé, mais l’inquiétude se répand. Quarante-huit heures plus tard, le peloton affronte le massif de la Chartreuse, célébré treize ans plus tôt par la chevauchée fantastique de Charly Gaul, l’Ange de la montagne qui, démoniaque sous le déluge, gagne un Tour qu’il ne lui était plus permis d’espérer et y écrase ses adversaires dont Raphaël Géminiani, tout aussi célèbre par son courage en course qu’ultérieurement par sa complicité avec Jacques Anquetil dont il titilla si bien son côté métronome qu’il parvint à le convaincre de réaliser des exploits qui demeureront à jamais. Pour la première fois, Merckx perd son maillot jaune dans une étape de montagne. Certes, après une crevaison qui le laissa isolé face à trois futurs vainqueurs du Tour, Ocana, Thévenet et Zoetemelk, profitant de l’aubaine, mais Merckx est-il encore Merckx ?

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Le lendemain, à Orcières-Merlette, qui, avec PraLoup, est aux merckxistes ce qu’Alésia est aux Gaulois, la réponse ne fait plus de doute. Dès le 17e des 134 kilomètres que compte cette courte étape, à la sortie de Vizille, dans la côte de Laffrey, une longue ligne droite aux forts pourcentages, première difficulté, avec le Ballon d’Alsace et le col Bayard, à avoir été présentée dès 1905 comme plat de résistance aux coureurs du Tour, Joaquim Agostinho, le plus célèbre des coureurs portugais, met le feu aux poudres. Ocana, Zoetemelk et Van Impe notamment s’élancent alors. Et Ocana persévère, seul, sans plus personne pour l’accompagner, pour être capable de l’accompagner. Sous le soleil ardent, Ocana avance sans plus se retourner, creusant un écart « à la Merckx », au terme d’un effort qui n’est pas sans rappeler celui du vainqueur du Tour 1969 à l’occasion de la légendaire étape pyrénéenne, Luchon-Mourenx. Limitant les dégâts – et encore – seul Van Impe fait de la résistance. Son passif ne sera « que » de 6

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minutes. Quant à Merckx, traînant derrière lui les premiers attaquants de la journée et tous les autres qui ont perdu toute ambition, battu, archi-battu, il franchira la ligne, à la troisième place, près de 9 minutes après l’Espagnol. C’est aussi un exploit, dans une étape où près de la moitié du peloton arrive hors délais, non sans faire l’objet de repêchage afin de ne pas décapiter le Tour. Plus qu’un exploit sportif, c’est un morceau de bravoure. Mais l’histoire n’est pas finie et elle n’en devient que plus exceptionnelle. Après une journée de repos, les coureurs repartent de la station d’Orcières-Merlette. Le départ est donné en descente, ce qui plus jamais ne se fera par la suite. Dès les premiers mètres, Merckx sonne la charge, se dégage avec un petit groupe qui ne se relèvera qu’une fois la ligne d’arrivée franchie. Vingt kilomètres de descente à tombeau ouvert, 230 encore parcourus jusqu’à Marseille où Merckx termine deuxième, battu

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d’un boyau par un certain Armani, qui n’avait que fort peu collaboré à l’échappée et dont l’élégance était manifestement moindre que celle de son homonyme. Le peloton ou ce qu’il en reste termine à près de deux minutes. Tous et même les derniers sans qu’aucun spectateur ne fût là pour les applaudir… les coureurs avaient pris deux heures d’avance sur l’horaire prévu, au grand dam du maire, Gaston Defferre, vexé d’être, lui, arrivé trop tard pour la cérémonie protocolaire, jurant qu’on ne l’y reprendrait plus. Il a tenu parole. Jusqu’à son décès, plus jamais le Tour n’est passé par Marseille. La suite se résume en quelques lignes. Merckx reprend encore quelques secondes à Ocana dans un contre-la-montre quelque peu controversé. Et puis ce sont les Pyrénées où tout va se jouer. Dans la première étape pyrénéenne, Merckx prend tous les risques sous l’orage. L’eau et la boue ruissellent dans la descente du col de Menté. Des grêlons tombent et se mêlent aux graviers. Merckx chute, comme Ocana, se relève immédiatement, comme Ocana légèrement plus tard, mais ce dernier est percuté par Zoetemelk dont les freins ne répondent plus. Transporté par hélicoptère vers la clinique de Saint-Gaudens, Ocana quitte un tour que Merckx gagne pour la troisième fois. Merckx aurait-il remporté le Tour sans ce drame ? A l’époque, pour un supporter acharné comme moi, cela ne faisait aucun doute. Je n’en suis plus aussi certain aujourd’hui, mais qu’importe.

Merckx, retrouvant toutes ses sensations, a remporté l’année suivante le Tour de la revanche qu’il a dominé de bout en bout. En 1973, en l’absence de Merckx, ce qui n’enlève toutefois rien au mérite du vainqueur, Ocana, plein de panache, l’a méritoirement accroché à son palmarès. Le plus important était-il d’ailleurs la victoire ou le fait de ne pas accepter la défaite ? Ne sont-ce pas la volonté de se battre jusqu’au bout pour atteindre le Graal, malgré les risques d’une défaite cinglante s’ils ne sont pas pris, et la fierté de ne pas renoncer, qui font la grandeur d’un grand sportif ? Merckx est à cet égard incomparable. Et Ocana a sa place au Panthéon de l’histoire du sport.

Michel Vlies Légendes images : 1. Charly Gaul dans la roue de l’Espagnol Federico Bahamontès. Cette photo parut dans la revue Sport et Vie après le Tour 1959. 3. La fameuse étape de 1971: Grenoble-Orcières Merlette, Ocana sans rival, dans la montée d’Orcières. (photo Jean-Paul Rouchon) 4. Quand Ocana détrônait Merckx au col du Noyer. (photo «Dauphiné Libéré»). 5. Eddy Merckx - 1971 © Fotoreporter Sirotti


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savourez les plaisirs de la table de midi à minuit. Arrêtez le temps lors d’un repas entre amis ou d’une réunion d’affaires. Savourez une exquise cuisine de brasserie et de succulentes préparations françaises dans quatre endroits de très bon goût. Vouées aux plaisirs de tous, ces splendides villas au confort contemporain proposent chacune une terrasse magnifique, une plaine de jeux, une salle de jeux pour enfants, des salles de banquets, un fumoir et un parking aisé ou un service voiturier... Profitez-en sans tarder.

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BLOC-NOTES Par Olivier VRINS

Maître Olivier Vrins, collaborateur de la revue Crescendo (www.crescendo-magazine.be), a le grand plaisir de vous faire découvrir régulièrement quelques bijoux de sa discothèque dans les pages du journal des avocats.

© davidbrassrarebooks.com


LA TARENTELLE Antidotum Tarantulae Lucilia GALEAZZI, Marco BEASLEY et Alfio ANTICO, chant L’Arpeggiata, dir.: Christina PLUHAR 2001/2002-51’22’’-Textes de présentation en français et anglais Alpha 503 La collection «Les chants de la terre» éditée par le label Alpha (www.alpha-prod. com) recèle de nombreuses perles. J’affectionne tout particulièrement celle-ci. Il fut un temps où les morsures de tarentules – ainsi nommées par référence à la ville de Tarente, dans les Pouilles, où il s’en trouvait en grand nombre – faisaient beaucoup parler d’elles. Elles provoquaient, dit-on, des hallucinations ou des changements d’humeur soudains à ceux qui en étaient victime; certains chantaient, riaient, pleuraient ou criaient; d’aucuns étaient en proie à des insomnies ou s’abandonnaient au contraire dans les bras d’Orphée; d’autres encore vomissaient, tremblaient, râlaient ou angoissaient. C’est que, à en croire les scientifiques d’alors, il existait des tarentules mélancoliques, des tarentules colériques (inclinant leurs proies au meurtre et à l’étranglement), des bilieuses, des sanguines, etc. Comme si cela ne suffisait pas, le venin des tarentules changeait prétendument de qualité de jour en jour. Contrairement aux rumeurs qui avaient cours à l’époque, il semble qu’il ne causait que rarement le trépas des patients; en revanche, leurs souffrances pouvaient persister durant plusieurs décennies. La musique constituait le seul antidote efficace à ces maux: maintenant en éveil l’attention des victimes et induisant d’incontrôlables mouvements de danse, elle leur évitait de sombrer dans le gouffre des passions les plus violentes et suscitait un réchauffement corporel permettait d’exsuder le terrible poison. C’est ainsi qu’au fil des siècles virent le jour, en Italie mais aussi en Espagne, quantité de «tarentelles», qui se transmirent ensuite de génération en génération, essentiellement par voie orale – encore que plusieurs sources écrites aient été conservées, à Madrid notamment. Cette tradition remonterait, selon certains musicologues, à l’ère homérique (il en serait déjà question dans l’Enéide). L’art de soigner ce qu’il avait été convenu d’appeler, dès le Moyen Age, le «tarentisme» ou «tarentulisme» consistait à choisir, dans un catalogue séculaire, la tarentelle convenant à chaque patient. Ainsi les victimes des tarentules mélancoliques étaient-elles davantage remuées par les cuivres et les percussions (voire les tirs de fusil…) que par les cistres, clavecins, violons et autres instruments à cordes, qui eux, convenaient plutôt aux colériques, bilieux et sanguins. Les ouvrages les plus sérieux du XVIIème siècle rapportent qu’à chaque tarentulé correspondait une tarentelle efficace; l’incapacité à identifier celle-ci sans retard inutile pouvait être fatale. Il n’était dès lors pas rare que certaines rites de tarentisme se prolongent des heures durant sur une période de plusieurs jours. A vrai dire, l’histoire de la tarentelle, empreinte, comme on le voit, de superstitions, s’inscrit au confluent du sacré et de l’ésotérisme (il en est fait


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état dans plusieurs manuels d’exorcisme du XIVème siècle), de la médecine et de la philosophie. Les sceptiques ou taquins ajouteront qu’elle participait aussi du théâtre… et c’est sans doute un peu vrai. Une chose paraît sûre, néanmoins: en promouvant le mariage de la musique, de la danse et des couleurs comme remède aux morsures de lycoses et autres latrodectes, le tarentisme a contribué à l’éclosion de la musicothérapie comme une science à part entière. Pour fonctionnelles et thérapeutiques qu’elles aient pu être à l’origine, n’allez pas croire que ces tarentelles s’apparentent à de la musique tribale à trois sous! Si certaines revêtent, par la force des choses, un aspect obsessionnel résultant de leur caractère rituel, la plupart sont d’une grande délicatesse et profondément mélodieuses. J’ai une estime incommensurable pour les artistes de la trempe de Christina Pluhar qui, au lieu de nous servir une énième version du Requiem d’un dénommé Wolfgang Amadeus ou des Quatre Saisies d’un illustre prêtre roux, s’échinent à déterrer des trésors, qu’ils ne pourront pourtant vendre qu’à bas prix à une poignée d’éditeurs audacieux. Non pas qu’il soit critiquable – bien au contraire! – de revisiter les classiques du répertoire «sérieux» pour tenter sans relâche de toucher du doigt le Beau absolu. Mais, à une époque où nous ne cessons de mettre l’accent sur les méfaits de l’humanité, il me paraît au moins aussi important d’augmenter la somme des merveilles dont elle a accouché. Christina Pluhar s’y emploie, avec succès, depuis des années. Le disque que voici rassemble une petite vingtaine d’arrangements de tarentelles dégotées dans les recueils et les lieux les plus insolites. Les mélodies les plus exquises virevoltent sur fond de basses obstinées tout au long des dix-sept plages de cet enregistrement. On n’ose imaginer à quelles sauces elles ont pu être ingurgitées il y a quelques siècles, lorsqu’elles étaient chantées par quelque prétendu médecin et accompagnées par les violoneux d’un faubourg reculé d’Italie. Heureusement, nous n’aurions pu rêver meilleurs interprètes pour les immortaliser en studio. Lucilia Galeazzi et Marco Beasley s’investissent tout entiers dans ces arrangements délicieux, avec une ferveur et une sensibilité que la théâtralité de certaines pièces n’affecte en rien. Ceux et celles qui eurent l’indicible bonheur d’assister à l’inoubliable concert, à Louvain il y a quelques mois, de ce talentueux chanteur, acteur et voltigeur qu’est Marco Beasley n’auront aucune peine à imaginer l’émotion que leur promet ce disque. Et si je vous dis que le même Marco Beasley était ce samedi 1er septembre 2012 à l’AMUZ (Festival van Vlaanderen) à Anvers, vous m’en voudrez à coup sûr de ne pas vous en avoir informés plus tôt… Incandescentes, pour la plupart intensément sensuelles, quelquefois même ouvertement érotiques (la fin justifiant les moyens…), ces tarentelles vous donneront la fièvre au corps (ou au cœur). J’irais jusqu’à gager ma toge que les dernières secondes du Lamento funèbre vous feront tous attraper la chair de poule! N’attendez donc pas qu’une tarentule vous chatouille pour les savourer.

Olivier Vrins


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ABC

du cahier des éditeurs

RETROUVEZ TOUS NOS AUTEURS

Dans vos numéros 2010, 2011 et 2012 du -journal des avocats- vous retrouverez, classés par ordre alphabétique, les avocats, auteurs et artistes suivants :

A Roman Aydogdu

4

B Jean-Pierre Babut du Marès 1

Marina Blitz Olivier Bonfond Stéphane Boonen Xavier Born Jean-Paul Brilmacker Jean-Pierre Buyle

C Sandrine Carneroli

Roger Chaidron Françoise Chauvaux Daniela Coco Philippe Coenraets Marteen Colette (OVB) François Collon Olivier Collon

D Georges-Albert Dal

Marc Dal Christian Dalne Jérôme Dayez Bruno Dayez Robert De Baerdemaecker Jérôme de Brouwer Jacques De Dobbeleer Vincent Defraiteur Anna Dejonckheere Martine Delierneux Francis Delpérée Willy Demeyer Guy De Reytere Yves Derwahl François Dessy Marie-Fraçoise Dubuffet Aimery de Schoutheete Denis Dobelstein Caroline Dubois Axel Dumont Marie Dupont Véronique Drehsen

6 4-8 6

E Isabelle Ekierman

Marie-Céline Elleboudt

F Benoît Feron

Roland Forestini

8

7

G François Glansdorff 1 - 2 - 3 - 4 - 5 - 6 - 7 Jean-Marc Gollier

4

Simon Gronowsky Emmanuel Gueulette

4

8 2 5

4

1- 2-5

2 2

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4

8

3 4 7 1

3 1 7 1 1-2 4 4 4 1-3

8

6 2 7 4 2- 5 5-6-7 6 4 2 4 3 7 1-2

H Marie-Paule Helpens

5 5 3-4 3

J Dominique Jossart

4 4

Patrick Henry Guy Horsmans Jean-Damien Huberty

Alain Jacobs-von Arnaud Ingrid Jodocy

K Axel Kittel

L Vinciane Labeye

8 3

5 Véronique Laurent 3 1 Marc Lazarus Karl-Heinz Lambertz 1 Juan Le Clercq 4 Cédric Lefèbvre 3 Pierre Legros 3 Eric Lemmens 4-8 Rolf Lennertz 8 Serge Léonard 2 Antoine Leroy 3 1- 2 -3 -5-6 - 7 - 8 Gérard Leroy Luc Lethé 2-5 5 Vincent Lurquin


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Ecrire pour le plaisir et laisser une trace…

M Xavier Magnée

Michel Mahieu Bernard Mairiaux Paul Martens Christine Matray Jean-Pol Meynaert Yola Minatchy Xavier Miny Luc Misson Stéphanie Moor

O Martin Orban

Marco Ossena Cantara Yves Oschinsky

P Pierre Paulus de Châtelet

Alix Philippe Marie-Françoise Plissart Corinne Poncin

R Carole Raabe

Pierre-Jean Richard Yohann Rimokh Jacqueline Rousseaux Ghislain Royen

S Jean Saint-Ghislain

Vincent Sauvage André-Marie Servais Luc Simonet Marcel Siraut Jehanne Sosson Frank Spruyt Benoît Stévart Jo Stevens (OVB)

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T Patrick Thevissen

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V Louis Van Bunnen

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2- 4 5 5 1- 2 7

1-2-5 6 2 3 - 4 -8

Miguel Troncoso Ferrer

Séverine Vandekerkove Catherine van Gheluwe Xavier van Gils Claude Vanwelde Benjamin Venet Michel Vlies Olivier Vrins

W Jean-Paul Wahl

Jennifer Waldron Vincent Wauthoz Pierre Winand Hippolyte Wouters

1

7 2-3-6 3 4 4 7 3

8

5-6-7-8 5 2 6 4

1

Y Cavit Yurt

3-5-6 4

Z Marie Zaghem

6

Onur Yurt

4

8

4 3-6

1 1 8 4 4

Les opinions exprimées par les auteurs n’engagent qu’eux-mêmes et ne reflètent pas nécessairement celles des éditeurs. La présentation de nos auteurs est toujours rédigée par chacun d’eux.

ABC


le journal des avocats

Ils ont prêté leur plume et leurs images

Notre invité: Rolf LENNERTZ

Olivier BONFOND

Xavier BORN

Roger CHAIDRON

Daniella COCO

Anna DEJONCKHEERE

Marie-Céline ELLEBOUDT

Ingrid JODOCY

Eric LEMMENS


le journal des avocats

Jede unserer Lektüren lässt einen Samen zurück, der keimt.

[Jules Renard) Aus dem Journal 1894-1904

Chacune de nos lectures laisse une graine qui germe.

[Jules Renard] Extrait de son Journal 1894-1904

Gérard LEROY

Bernard MAIRIAUX

Marco OSSENA CANTARA

Ghislain ROYEN

Vincent SAUVAGE

Frank SPRUYT

Michel VLIES

Olivier VRINS


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