Razkas

Page 1

Actuel

l’estampe contemporaine.

Atelier Razkas

Collection Chantier Éditions K1L


Ont participé à la rédaction : Sylvie Kwaschin, André Clette et Alan Speller

magazine.actuel@gmail.com http://www.actueldelestampe.com. Éditeur responsable : K1l a.s.b.l Imprimé par : Hengen Print & More G.D.L Prix de vente : 14 € N° Issn : 0774-6008 L’estampe en 1ère de couverture est de Anne-Catherine Van Santen. L’estampe en page 4 est de Claire Hilgers. L’estampe en 4e de couverture est de Jean-Claude Salemi.

2


Atelier Razkas L’atelier Razkas est un collectif indépendant de 12 artistes graveurs. Localisé à Bruxelles (Schaerbeek) en Belgique, son histoire est aussi une histoire d’amitiés et de rencontres qui remonte à plus de trente ans. Les membres actuels sont : Kikie Crêvecœur, Corinne Dubus, Marilyne Coppée, Stéphanie De Lœul, Myriam De Spiegelaere, Luc D’haegeleer, Éliane Fourré, Gaby Gailly, Véronique Goossens, Claire Hilgers, Jean-Claude Salemi, Anne-Catherine Van Santen. Chaque artiste a décidé de se présenter avec son style et ses mots.

3


4


Atelier Razkas « Bonjour, Votre gravure parrain est en route… bientôt dans votre boîte. Signé : Les Razkas. » Chaque début de mois, un mail nous avertit d’avoir à surveiller la boîte aux lettres. Dans les jours qui suivent, on relèvera le courrier avec une attention particulière. Il ne faudrait pas que la précieuse enveloppe se perde ou s’abîme parmi les factures et les dépliants publicitaires. C’est qu’elle contient une gravure originale d’un membre du groupe Razkas… Dans l’enveloppe cartonnée, soigneusement protégée par un papier de soie porteur d’une étiquette « parrainage Razkas » mentionnant la date, la série, le numéro, le nom de l’artiste et la technique utilisée, on découvre une œuvre au format 18 x 24 cm. Chaque gravure est tirée en vingt exemplaires. La nôtre porte toujours le numéro 14. Chaque mois apporte sa surprise : tantôt c’est une scène de rue, tantôt un visage, un clin d’œil, une tranche de vie, un paysage, un troupeau d’animaux insolites, un insecte, parfois une recherche graphique, une forme, un tracé… et (presque) toujours une émotion. Avant même l’image, il y a la sensualité du papier. Ici, il est épais et pulpeux, fortement estampé, là il est fin et lisse, l’encre s’y est déposée avec légèreté. Ensuite, on examine avec curiosité. Si le format est constant, les techniques sont diversifiées : linogravure, sérigraphie, litho, eau-forte, burin, pointe sèche, manière noire… Toutes les techniques du « beau-métier » (selon l’expression ancienne) sont présentes parmi la collection qui se constitue au fil des mois et des années. On en découvre aussi de plus neuves comme la gomme gravée, ou plus mystérieuses, pour l’amateur non initié, comme la gravure à la soude sur film photopolymère.

Page 4 : Claire Hilgers, sérigraphie.


Luc D’haegeleer, sérigraphie

6


Tout aussi divers sont les styles, les formes d’expression et les sources d’inspiration. Razkas n’est ni une chapelle ni une école. Son territoire, c’est l’atelier où le collectif partage les presses, les outils, les encres et la passion de la création, de l’art. Les gravures, quant à elles, portent la marque de personnalités variées aux sensibilités multiples. Papier, trait, techniques, couleurs se rencontrent chaque fois pour créer une œuvre unique en son multiple qui peut être sensuelle, dense, inquiétante, légère, volubile et généreuse, ramassée et méditative. Dans l’accumulation qui grandit au fil du temps, on reconnaît des styles, on perçoit des évolutions. On retrouve, différemment, ce qui nous avait déjà fait signe. Une fois par an, au moins, ce n’est pas la gravure qui vient à nous, c’est nous qui allons à la gravure. L’Atelier Razkas est ouvert, au prétexte d’un marché de Noël. L’occasion de rencontrer les artistes qui se trouvent derrière l’accumulation de nos petits formats, accrochés un peu partout dans la maison ou (presque) soigneusement classés. De belles rencontres et un coup d’œil admiratif et curieux vers les presses. Et chaque fois, nous sommes saisis par une, deux, trois nouvelles œuvres que nous ramènerons pour les héberger en nos murs ou que nous offrirons aux murs de nos amis. Tels grand format vertical, aplats de noir intense, blancs longilignes auxquels nous ne pouvons résister, cette litho dont les couleurs dansent dans la jupe qui vole… Pourquoi les murs ont-ils des limites ? Jusqu’à l’année prochaine ou plus tôt, à l’occasion d’une exposition de l’un/e ou de l’autre. De toute façon, au mois prochain sans encore savoir avec qui nous avons rendezvous dans une enveloppe cartonnée soigneusement délivrée par la Poste. Sylvie Kwaschin et André Clette


P

our aborder l’histoire de l’atelier de gravure Razkas, une conversation avec certains de ses membres actuels se révéla être un point de départ idéal. Cependant, les souvenirs s’étant émoussés avec le temps, une fouille des archives s’avéra des plus utiles pour en compléter le récit. Après plus de trente ans, les mémoires avaient besoin d’un petit coup de pouce pour restituer les circonstances exactes ayant mené à la constitution de ce collectif d’artistes.

L’histoire de Razkas remonte au début des années 1980, lorsqu’une bande de jeunes aux vocations artistiques diverses et variées décident d’unir leurs efforts pour contribuer à « la réalisation, la production, la diffusion, la distribution, l’édition par quelque procédé que ce soit, connu ou inconnu à ce jour, de tout document, œuvre graphique, photographique, cinématographique, sonore, dessiné ou écrit, de tout spectacle et œuvre audiovisuels ou visuels, sonores et écrits. » Vaste programme fédérateur et joyeusement utopiste réunissant entre autres cinéma, musique, théâtre et bande dessinée. Au total, une bonne vingtaine d’artistes se rallieront à ce collectif naissant, y apportant leurs idées et leur énergie. C’est en mars 1981 qu’ils officialisent l’existence de leur ambitieux projet en créant une association en bonne et due forme. Officialisation oblige, la question du nom à lui donner se pose très naturellement. Il existe plusieurs histoires concernant l’origine du nom Razkas — qui s’écrit encore Raz-Kas à l’époque. Ceci expliquant peut-être cela, toutes les versions, généralement confuses, concordent pour dire que le nom fut choisi lors d’une soirée un peu arrosée dans le grenier de l’un des cofondateurs du collectif. Selon une version, il s’agissait de rejeter la société de consommation sous le slogan « Que les rats se cassent », transformé en « Les Rats se cassent ». Une autre version, incomplète 8

et néanmoins complémentaire, parle de faire table « rase » du passé, de provoquer un « raz » de marée dans le monde de l’art, de se « casser ». La vérité réside probablement en partie dans chacune de ces histoires. Il est intéressant de noter que ce n’est que récemment, à l’occasion d’un voyage à Moscou, que deux des membres de l’association entendirent quelqu’un prononcer le mot Razkas sur la Place Rouge. Renseignement pris, ils apprirent que le mot russe « Рассказ », prononcé Razkas, pouvait se traduire par « récit » ou « trace ». Inspiration prémonitoire aux accents slaves convenant parfaitement à ce qui, avec le temps, deviendra un atelier de gravure. L’ASBL officiellement constituée, les idées de projets se mirent à fuser de toutes parts lors de nombreuses réunions qui prenaient parfois une tournure politique. Un scénario de film fut écrit et le film partiellement réalisé. Il fut même question à un certain moment de mettre sur pied un café-théâtre. D’autres projets ne virent jamais le jour. Petit à petit, les réunions s’espacèrent, chacun suivit son propre chemin et l’association fut mise entre parenthèses pendant quelques mois. C’est finalement la gravure qui permettra à Razkas de trouver sa véritable vocation et prendre son envol. En effet, parmi les membres fondateurs de Razkas on retrouve Anne-Catherine Van Santen qui, passionnée de dessin et d’illustration et désireuse d’explorer de nouvelles techniques, participe à plusieurs stages de gravure à l’Académie d’été de Wallonie et suit les cours de gravure et de lithographie à l’Académie des Beaux-Arts de Watermael-Boitsfort.


Lieux dédiés à l’enseignement, mais également lieux de rencontre entre jeunes artistes. Un petit groupe de graveurs se forme assez rapidement autour d’AnneCatherine. Parmi les membres actuels de Razkas, on y retrouve Claire Hilgers, Kikie Crêvecœur, Jean-Claude Salemi et Éliane Fourré. À eux cinq, ils forment ce que l’on pourrait appeler aujourd’hui le noyau dur fondateur de l’atelier. Parmi les membres très actifs de la première heure ayant suivi d’autres chemins aujourd’hui, citons également Claire de Soissons et Josée Leybaert. Au fil du temps, d’autres graveurs les rejoindront et participeront à l’aventure Razkas pour des périodes plus ou moins longues 1. Il n’y a plus de doute, le train Razkas est sur les rails. La multidisciplinarité des premières heures fait place à un projet se concentrant plus sur les arts plastiques et plus particulièrement sur la gravure. Qui dit gravure, dit presse. Qui dit presse, dit lieu où l’installer. C’est finalement dans un appartement de la rue de la Tulipe à Ixelles que la presse taille douce de Claire de Soissons est installée et que les premières estampes du collectif voient le jour. Le lieu est relativement exigu et ne permet pas l’installation d’une presse de lithographie. Il leur faut trouver un nouvel espace. Une série de déménagements emmène donc nos graveurs en différents lieux de Bruxelles, de la rue de la Tulipe au Quai du Commerce — où la presse de lithographie trouve enfin sa place —, du 1 Parmi eux, citons Véronique Billiet, Fabrice Pellé, Jacques Defrang, André Stengèle, Geneviève Casterman, Dominique Baudon, Véronique Pierlot, Thierry Lenoir, Philippe Van Heer, Michel Barzin et Martine Souren.

Quai du Commerce à la rue de l’Union, pour aboutir à la Chaussée de Forest à Saint-Gilles. C’est là, dans un vaste loft postindustriel, que Razkas prend véritablement de l’ampleur. On y compte quatre presses, un espace dédié à la sérigraphie, du matériel de typographie et de nombreux plans de travail occupés par un nombre croissant de membres. Grâce aux parcours d’artistes

organisés par la commune de SaintGilles, le public a l’occasion de découvrir les travaux non seulement individuels, mais également collectifs des différents membres de l’atelier.


P

lusieurs éditions collectives seront ainsi réalisées au fil des années, certaines à l’occasion d’un événement particulier ou à l’instigation d’un complice extérieur à l’atelier, d’autres à l’initiative des membres eux-mêmes. Celles-ci sont également l’occasion pour Razkas de proposer des collaborations avec d’autres artistes, invités le temps d’une édition. Certains invités, Philippe Deltour, Louis Joos et Luc D’haegeleer pour ne citer qu’eux, deviendront des contributeurs fidèles des éditions Razkas. À ce jour, une douzaine d’éditions — dont le contenu et la forme témoignent d’une originalité incontestable — sont sorties des presses de l’atelier1. Parmi elles, notons Salles Obscures (1986), réalisée à l’occasion d’une exposition au cinéma Le Parc à Liège, Vie et mort de la viande (1988), livre d’artiste-objet sous forme de barquette de viande préemballée, réalisé à l’occasion du spectacle éponyme de Claude Semal,

les 2000 signets signés (2000) tous signés et numérotés et réunissant vingt-deux participants, D’la Broue dans l’toupette (2008), résultat d’un voyage au Québec et d’une collaboration avec l’atelier de gravure Presse-Papier de Trois-Rivières et 14-18 (2013), évocation émouvante des affres de la Première Guerre mondiale. La dernière édition en date, Raz, le récit (2014), s’éloigne quelque peu du livre d’artiste et prend une forme plus traditionnelle. Il s’agit d’un petit ouvrage biographique illustré par tous les membres du collectif et qui relate la vie tumultueuse et presque incroyable d’un ami de longue date de l’atelier qu’ils surnomment affectueusement Raz. Bien que ces éditions soient souvent le point de départ d’une exposition organisée à l’atelier même ou extra-muros, elles ne constituent naturellement pas l’essentiel du travail réalisé par les membres du collectif. Razkas est surtout et avant tout un espace de créativité pour chacun de ses membres. Leurs œuvres font régulièrement l’objet d’expositions individuelles ou collectives un peu partout en Belgique et à l’étranger2.

1 Salles Obscures (1986), Place-Public (1988), Vie et mort de la viande 1988), Bain-Baden (1992), Et l’arbre dans tout ça (1998), Corps, Ville, Société (1998), 2000 signets signés (2000), Au menu du jour (2004), D’la Broue dans l’toupette (2008), Et bien dansez maintenant (2009), 14-18 (2013), Raz, le récit (2014)

2

10

Plus d’une vingtaine d’expositions

réunissant les artistes de l’atelier ont eu lieu à ce jour.


En 2001, les prix de l’immobilier ayant flambé, l’atelier Razkas se voit contraint de déménager à nouveau. Le collectif s’installe à Schaerbeek, dans une arrière maison de la rue de la Ruche. Il y occupe deux plateaux, le premier accueillant les trois presses taille douce et la presse de lithographie, le second, les espaces de travail et d’exposition. C’est suite à ce déménagement qu’un système de parrainage est organisé pour soutenir l’atelier. Chaque mois, moyennant une cotisation annuelle relativement modeste, chaque parrain ou marraine reçoit une gravure originale de format 18 x 24cm réalisée par un membre du collectif. Le public a régulièrement l’occasion de les découvrir lors des journées portes ouvertes organisées par Razkas. Cellesci sont l’occasion pour l’atelier de montrer aux visiteurs les différentes facettes du travail réalisé par ses membres et le large éventail des techniques utilisées par ceuxci. La pédagogie est également au rendezvous. En effet, les personnes désireuses de s’initier à ces techniques ou de s’y perfectionner ont l’occasion de ‘mettre les mains dans l’encre’ pendant le stage d’une semaine organisé en cours d’année ou pendant l’été par Anne-Catherine et JeanClaude. En décembre de chaque année, deux dimanches sont consacrés à ce qui est devenu une tradition incontournable pour les amateurs de cadeaux artistiques véritablement originaux, le marché de Noël. À cette occasion, de nombreux artistes extérieurs sont invités à rejoindre le collectif pour y exposer leurs créations.

Razkas compte aujourd’hui douze membres. Aux cinq du noyau fondateur déjà évoqué, se sont ajoutés des artistes à l’origine invités qui, ayant tâté à la gravure, en ont attrapé le virus. C’est ainsi que Marilyne Coppée, Véronique Goossens, Stéphanie De Loeul, Myriam De Spiegelaere, Corinne Dubus, Gaby Gailly et Luc D’haegeleer ont rejoint Razkas et font désormais partie d’une aventure commencée il y a trente-cinq ans. Alan Speller

http://www.razkas.com https://www.facebook.com/razkas.atelier atelier.razkas@gmail.com


Gaby Gailly Née à Bruxelles en 1959. Psychologue de profession, j’entre dans l’atelier de gravure de Kikie Crêvecoeur à WatermaelBoitsfort en 2000. Après ce cursus, graver est devenu une nécessité, un impératif, un exutoire. Je travaille essentiellement en couleur la gravure en relief sur bois ou linoléum. Je m’intéresse à l’équilibre des masses et l’assemblage des formes principalement liées aux souvenirs d’impressions visuelles en lien avec l’enfance.

Psychologist by profession, I joined Kikie Crêvecoeur’s engraving workshop in Watermael-Boitsfort (Brussels) in 2000. Since attending this course, etching has become a necessity, an imperative, a release. I work essentially in coloured woodcut or linocut. I am interested in the balance of masses and the association of shapes mainly related to memories of childhood visual impressions. Werkt als psychologe. «Eens ik kennismaakte met het graveren in het atelier van Kikie Crêvecoeur werd graveren een dwingende noodzaak, een uitlaatklep. Ik werk uitsluitend in relïefdruk met hout of lino. Ik ben geïnteresseerd in de balans van de massa’s en hun vormelijke associaties. En mijn thema’s zijn vaak visuele indrukken uit mijn kindertijd.»

12



Page 13 :‘Lesse et Meuse’. Page 14 :‘L’Ourthe’, ‘Semois 2’. Page 15 :‘Semois 1’. Toutes ces gravures issues de cette série: 2014 - Xylographie, 60 x 60 cm.

14



Kikie Crêvecœur

Née à Bruxelles en 1960. Professeur de Gravure et de Lithographie à l’Académie des Beaux-Arts de Watermael-Boitsfort (Bruxelles) Je travaille essentiellement la gravure en relief. Ma démarche consiste à utiliser des procédés élémentaires et d’en repousser les limites. Mes outils se réduisent souvent à un simple cutter. Depuis plus de 30 ans, je développe un travail à partir de gommes à effacer. Une fois gravées, encrées, je les imprime une à une à la main, sans presse, comme des cachets. Ce concept me donne la liberté d’emporter mon atelier partout. Parallèlement, je grave dans du linoléum, ce qui me permet de travailler ma gestuelle autrement.

Page 16-17 : ‘2015, Fin d’été ensoleillé’ 2015 - Impressions de gommes gravées, 76 x 224 cm. Pages 18-19 : ‘Bribes et échappées’ 2006 - 39 linogravures, 150 x 520cm, Atelier Razkas. 16


Professor of Etching, Engraving and Lithography at the Academy of Fine Arts of Watermael-Boitsfort (Brussels). I essentially work in relief printing. My method consists in using basic processes and pushing back their limits. My tools are often reduced to a simple cutting knife. For over 30 years, I have developed a body of work using erasers. Once cut and inked, I print them by hand one by one, without printing press, like stamps. A concept which gives me the freedom to take my workshop with me anywhere I like. In parallel, I also do linocuts, where movements and gestures require a different approach.

Doseert etsen, gravure en linosnede aan de academie van WatermaalBosvoorde (Brussel) Ik werk hoofdzakelijk in reliëfdruk. Mijn aanpak is die van elementaire processen gebruiken om grenzen te verleggen. Mijn hulpmiddelen worden vaak gereduceert tot een eenvoudig snijmes. Sinds meer dan dertig jaar heb ik een techniek ontwikkelt met gommen. Eens gegraveerd, beïnkt, druk ik ze manueel één voor één af, zonder pers, maar als stempels. Deze techniek geeft me de vrijheid om mijn atelier overal mee naar toe te nemen. Ondertussen snij ik in linoleum, waardoor mijn lichaamstaal anders gaat werken.




Luc D’haegeleer Né à Bruxelles en 1950. Professeur de sérigraphie à la retraite aux Académies des BeauxArts de Namur et Charleroi La photographie est au centre de mon travail. Elle me permet de décoder le réel selon mes propres critères et révèle une part de mon inconscient. Imprimer une photographie sur du plâtre, du tissu, des ardoises ou un papier de gravure par le truchement de la sérigraphie ou de l’héliogravure plutôt que par les moyens plus conventionnels, permet la rencontre entre matière et image, volume et illusion d’espace. Déconstruire la représentation photographique du réel ouvre un passage vers l’imaginaire et laisse la place à sa propre interprétation du monde. Retired serigraphy professor at the Charleroi and Namur Fine Arts Academies. Photography is at the center of my work. It allows me to decode reality according to my own criteria and reveals part of my subconscious. Printing photography on plaster, cloth, slate or etching paper through silkscreen printing or heliography, rather than through more conventional means, allows the meeting of both matter and image, and between volume and the illusion of space. Deconstructing the photographic representation of reality opens a way to the imaginary and makes way for one’s own interpretation of the world. Docent zeefdruk (met pensioen) aan de Academies voor Schone Kunsten van Namen en Charleroi. De fotografie staat centraal in mijn werk. Het stelt me in staat om de werkelijkheid te decoderen met behulp van mijn eigen criteria en zo onthul ik de hand van mijn onderbewustzijn. Ik maak een afdruk van een foto op pleister, stof, leien of etspapier door middel van zeefdruk of diepdruk in plaats van de meer conventionele technieken. Hierdoor onstaat er een ontmoeting tussen materie en het volume en de illusie van ruimte . Deconstructie van de fotografische weergave van de werkelijkheid opent een doorgang naar de verbeelding en laat ruimte voor een eigen interpretatie van de wereld.

20


Page 21 : ‘Carrière’ 2015 /Héliogravure, 24 x 18 cm. Pages 22-23 : ‘Foule’ 2010 /Sérigraphie sur ardoises, 120 x 165 cm


22



Corinne Dubus

Née à Bruxelles en 1975. Je mélange la gravure en relief aux techniques moins traditionnelles, telles que la gravure sur Tetrapak ou l’impression d’autres supports détournés. La couleur et la matière sont des éléments importants de mon travail. Je joue avec les superpositions et les transparences dans univers graphique, ludique et coloré. I mix relief printing with less traditional techniques, using Tetrapak packages as carving basis or printing various other diverted materials Color and material are important elements of my work. I play with overlays and transparencies in a playful and colorful graphic universe. Ik meng reliëfdruk met minder traditionele technieken zoals graveren of afdrukken van Tetrapak en andere gekaapte media. De kleur en het materiaal zijn belangrijke elementen in mijn werk. Ik speel met overlays en transparanten uit de grafische wereld, vaak ludiek en kleurrijk.

Pages 25, 26 et 27 : ‘Tulipe’ technique bois et lino, 2017, 22x15 cm

24



26


Page 25 : ‘Tulipe’ 2016 - Lino et bois, 22 x 15 cm. Page 26 : Page 27 :


Anne-Catherine Van Santen

Née à Bruxelles en 1955.

Auteur de bandes dessinées (la série « Les Adorables »), illustratrice pour la presse et dans le domaine culturel. Graveur, principalement linogravures, pointes sèches et lithographies. Author of comics strips (“Les Adorables”), works as a press illustrator and for various cultural organizations. As a printmaker, uses mainly the techniques of linocut, dry point and lithography. Auteur van onder andere de stripserie « Les Adorables » en ze illustreert voor de schrijvende pers en verschillende culturele organisaties. Als grafisch kunstenaar gebruikt ze meestal de etstechniek, linosnede, steendruk en droge naald.

Page 29 : ‘Sans titre’, 2015 -pointe sèche , 18 x 26 cm Page 26 : -27: ‘Croquis’ 2016 - lithographie, 24 x 18 cm.

28



30



Jean-Claude Salemi Né àCasablanca en 1950. Travaille comme illustrateur (affiches, brochures, magazines…). Pratique la linogravure depuis 1985. Également guitariste et compositeur. Works as illustrator (posters, brochures, …) Practice linocut since the year 85. Also guitarist and composer..

leaflets,

Werkt als illustrator (posters, folders, brochures...) Snijdt zijn linosnede sinds 1985 en is tegelijkertijd ook gitarist en componist.

Page 33 : ‘Combo jazz’ 1989 - Linogravure, 13 x 9 cm. Pages 34-35 : ‘Les nageurs’ 2000 - Linogravure 3 couleurs, 21 x 28 cm

32





Myriam De Spiegelaere Née à Bruxelle en 1957. A côté de ma profession de médecin en santé publique, je me passionne pour la gravure depuis plus de 20 ans. Une de mes techniques de prédilection est l’eau forte sur zinc. J’utilise du vernis mou qui me permet de dessiner sur la plaque en interposant des tissus pour créer les textures qui m’intéressent. Dans mon travail le portrait a une place privilégiée, c’est pour moi une forme de rencontre silencieuse, mais forte avec des personnes connues ou inconnues. Alongside my profession as a public health physician, I’ve been passionate about engraving for more than 20 years One of my favorite techniques is etching on zinc. I use soft varnish that allows me to draw on the plate by interposing cloths to create the textures that interest me. The portrait has a privileged place in my work; it is for me a form of silent but strong meeting with known or unknown people. Naast mijn beroep als arts in de publieke geneeskunde ben ik gepassoneerd door het graveren. En dit sinds 20 jaar Eén van mijn favoriete technieken is etsen op zink. Ik gebruik zachte vernis die me in staat stelt om op de plaat weefsel texturen/structuren te tekenen waar mijn ieteresse naar uit gaat. In mijn werk heeft het portret heeft een bevoorrechte plaats, voor mij is het een vorm van stille maar krachtige ontmoeting met bekende of onbekende mensen.

Page 37 : ‘Zoé 1’ 2015 / Eau forte, vernis mou, 65 x 20 cm. ‘Zoé 2’ 2015 / Eau forte, vernis mou, 65 x 20 cm. Page 38 : ‘Kikie’ 2016 / Eau forte, vernis mou, 65 x 20 cm. ‘Patricia’ 2014 / Eau forte, vernis mou, 65 x 20 cm. Page 39 : ‘Maria’ 2015 / Eau forte, vernis mou, 65 x 20 cm. ‘Myriam’ 2016 / Eau forte, vernis mou, 65 x 20 cm.

36



38



Claire Hilgers Née à Bruxelle en 1955. Claire Hilgers est passée de la science économique aux arts graphiques, ce qui est beaucoup plus réjouissant. Elle s’intéresse assez tôt à diverses façons de reproduire ses images : gravure, sérigraphie, lithographie, création de petits films d’animation en passant par le graphisme dont elle fait son gagne-pain. La forêt et le végétal sont parmi ses sujets de prédilection, normal pour qui a vécu 7 ans au milieu des bois. Moved from Economics to Graphic arts, which she found much more enjoyable, and worked as a graphic designer. From early on, she showed an interest in the various ways of reproducing images: etching, silkscreen printing, and the occasional short animated film. Forests and vegetation are among her regular subjects, not surprising from someone who’s lived seven years in the middle of the woods. Ze is van het economische wereldje naar de grafische kunsten gegaan waar ze zich in thuis voelt. Van bij het begin voelde ze zich aangetrokken tot etsen, zeefdruk en steendruk. Af en toe maakt ze ook een animatiefilpje. De vegetatie in/en het bos behoren tot haar favoriete onderwerpen, niet verwonderlijk voor iemand die zeven jaar in het midden van een bos heeft gewoond.

40


Page 41 : ‘Feuillage 2’ 2016 - sérigraphie, 29 x 29 cm. Page 42 : ‘Arbre-top’ 2016 - sérigraphie, 29 x 29 cm. Page 43 : Série ‘Végétals’, suite de 4 pièces 2016 - sérigraphie, 62 x 62 cm.


42



Éliane Fourré Née à Eupen en 1963. Arbres ou jardins vus de l’atelier, paysages parcourus, photos de famille… racontent des tranches de vie. Selon que celleci m’accorde plus ou moins de temps libre, je travaille l’aquatinte, l’eau-forte, la pointe sèche ou le lino. Graver contribue à mon équilibre. Trees or gardens seen from my studio, travelled along landscapes, family photographs … tell slices of life. Depending on whether it gives me more or less free time, I practice aquatint, etching, dry point or linocut. Engraving helps me keep a balance. Bomen of de tuinen gezien vanuit het atelier, overdekte landschappen, familiefoto’s ... vertellen stukjes van het leven. Naargelang de tijd die ik heb werk ik met aquatint, etsen, droge naald of lino.

44



38


Page 45 :  ‘Les jardins 1’ 1994 - Aquatinte, 18 x 16,5 cm. Page 46 : ‘Les murs’ 1993 - Aquatinte, 18 x 16,5 cm.


Stéphanie De Loeul Née à Bruxelles en 1972. Stéphanie De Loeul enseigne les arts plastiques à la Haute École Francisco Ferrer (HEFF) — Bruxelles. L’usage privilégié de la linogravure me permet de questionner l’espace de la feuille. Le placement et déplacement d’une forme, sa répétition, sa superposition, le jeu de couleur et les strates qui apparaissent modèlent un territoire onirique sans cesse renouvelé. Stéphanie De Loeul teaches fine arts at the Haute Ecole Francisco Ferrer (HEFF) in Brussels. Through the preferred use of linocuts, I question the space on the sheet. The positioning and the displacement of forms, their repetition, their overlapping, the colour interactions and the strata which appear create an ever renewed oneiric territory. Dosseert kunsten aan de Hoge School Francisco Ferrer (HEFF) in Brussel Het bevoorrechte gebruik van linosnede stelt me in staat om de ruimte van het blad in twijfel te trekken. Het plaatsen en verplaatsen van een vorm, de herhaling, de gelaagdheid, het kleurenspel en de verschillende drukfasen geven vorm aan een dromerige atmosfeer.

Page 49 : ’ Ressac Aller-retour 1 “2016 - Linogravures/Série de 15 linogravures, 44,5 x 32 cm, imprimées sur papier japon. Détail de l’ensemble. Pages 50-51: ‘Ressac Aller-retour 1’ 2016 - Linogravures/Série de 15 linogravures, 44,5 x 32 cm, imprimées sur papier japon. 48





Véronique Goossens Née à Bruxelles en 1956. Peintre, graveur et illustratrice. En gravure, je travaille l’eau forte, j’incise, gratte, combine les matières, caresse, obscurcis et paume la plaque de métal. Qu’il soit peint, gravé ou dessiné, mon parcours artistique actuel, souvent décliné en séries, me permet d’explorer des univers allant de l’intime au fugace et de mettre en perspective des mondes fragmentés. Painter, engraver and illustrator In my engraving work, I etch, cut, scratch, combine materials, caress, darken and hand wipe the metal plate. Whether painting, engraving or drawing, my current artistic path often unfolds in series and enables me to explore spaces ranging from the intimate to the ephemeral, and to put fragmented worlds into perspective. Schilder, etser en illustrator. In mijn praktijk als etser, graveer ik, ik snij, ik krap, ik combineer allerlei materialen, ik streel en verdonkermaan de metalen plaat. Of het nu geschilderd is, gegraveerd of getekend: mijn huidige artistieke reis (ik werk vaak in serie), begeeft zich binnen het universum van mijn intieme onderzoeken naar de vluchtige en in perspectief gefragmenteerde werelden.

Page 53 : ‘Signifiance 1’ 2017 - Eau forte, 40 x 29,5 cm Page 54 : ‘Errance 3’ 2011 - Eau forte, 45 x 36 cm. Page 55 : ‘Errance 11’ 2012 - Eau forte, 45 x 36 cm. 52



54



Marilyne Coppée

Née à Bruxelles en 1968. Marilyne Coppée travaille essentiellement le lino en noir & blanc. Chiens, moutons, loups, animaux hybrides constituent son vocabulaire. Marilyne Coppée works mainly linocut in black and white. Dogs, sheep, wolves, hybrid animals constitute her vocabulary. Ze werkt hoofdzakelijk met linosnede in zwart-wit. Honden, schapen, wolven en hybride dieren vormen haar woordenschat. .

Page 57, 58 et 59 : Série : ‘À travers les champs bleus’ 2015 - Linoleum, 30 x 22 cm.

56





« Bonjour, Votre gravure parrain est en route… bientôt dans votre boîte. Signé : Les Razkas. »


Razkas est le premier volume de la collection Chantier

Crédit photos : Marc Segond, Alan Speller, Luc D’haegeleer et certains des artistes eux-mêmes.



Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.