Actuel 12

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Actuel l’estampe contemporaine

n°12


(4) Marie-Noëlle Deverre (10) Marie Le Bruchec (14) Jean-Pierre Pain (18) Michel Barzin (22) Isabel Mouttet (26) Hervé Sachy (30) Arnaud Laval (34) Chantal Sallustin (38) Marika Polasek (42) Philippe Dessein (46) Ellen Rouppe (50) Alix Dumont (52) Edward Bateman (56) Éric Schelstraete (60) Les Ateliers D.P.J.

Ont collaboré à l’écriture de ce numéro : Caroline Boudehen, Marie Le Bruchec, Jean-Pierre Pain, Michel Barzin, Isabel Mouttet, Denise Pelletier, Hervé Sachi, Arnaud Laval, Michel Van Lierde, Chantal Sallustin, Marika Polasek, Philippe Dessein, Ellen Rouppe, Alix Dumont, Edward Bateman, Sabine Delahaut, Roger Dewint, Xavier Paccagnella et Éric Schelstreate.

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En couverture : Marie-Noëlle Deverre

Exercices de style Si la gravure est l’art du multiple, Marie-Noëlle Deverre le décline à l’infini, découpant, fouillant, triturant, métamorphosant et recomposant l’image selon une cartographie qui lui est propre. Un rapport à l’espace qui inscrit le trait dans la durée, suivant une spirale qui nous ramène toujours au présent, insaisissable et sinueux. Et pourtant si réel. Le regard se perd dans les détails du motif, façon toile de Jouy, et s’imprègne des références que l’artiste noue comme les fils sous-jacents de l’imaginaire universel. Intime et organique. Pluriel et ciselé.

Actuel est une émanation du groupe Facebook « Parlons Gravure ». Comité de sélection : Jean-Michel Uyttersprot Catho Hensmans Sabine Delahaut Comité de rédaction : Jean-Michel Uyttersprot Pascale De Nève Les estampes en 1re, 2e et 4e de couverture sont de Marie-Noëlle Deverre

Un véritable travail de tisserand. Un tourbillon de vermillon. Une toile végétale et animale. Pascale De Nève Juin 2018 Pour toutes informations : magazine.actuel@gmail.com www.actueldelestampe.com Éditeur responsable : K1l éditions. Imprimé par : Hengen Print & More G.D.L Prix de vente : 20 € N°Issn : 0774-6008

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Série de 9 bois gravés pour un livre à paraître aux éditions de la Canopée Parois des incertitudes de Yves Peyre, 31X24 cm 2016/2017


Marie-Noëlle Deverre

Marie-Noëlle Deverre vit en Normandie (France). Elle a été formée aux Beaux-Arts de Caen et aux Universités de Rennes et de Valenciennes. Elle mêle la gravure à ses installations, ses performances, ses sculptures portables et textiles. Son travail a notamment été présenté en France à la Galerie Modulab (Metz), à la Galerie Duchamp (Yvetot), au Relais Culturel 2Angles (Flers), à l’Usine Utopik (Tessy sur Vire), au Grand Théâtre (Angers), aux Biennales de gravure de Limay et de Dreux, au Festival Meteor de Bergen (Norvège), à la Downton Art Center Gallery de Los Angeles (U.S.A), à la Kznsa Gallery de Durban (Afrique du Sud). Ses gravures apparaissent dans les revues Arts et Métiers du Livre, Mecanica.

« Une rencontre inattendue entre la gravure et les travaux publics me propulse dans l’univers de la taille d’épargne : je réalise en effet ma première linogravure en 2011 grâce à la galerie Modulab, qui a repéré mon travail d’estampe à la pointe sèche et m’invite à participer à un workshop d’impression sur linoléum en format XXL au rouleau compresseur de chantier (événement intitulé 1 m2 de lino).

Grâce à de régulières collaborations avec des musiciens (notamment avec Offrandes, ensemble de musique contemporaine), j’explore la question du temps, du mouvement et du hasard au travers d’une série d’estampes dont les matrices sont évolutives et voudraient se combiner tels les Mille milliards de poèmes de Raymond Queneau. Ces gravures, regroupées sous le nom de Nature variable, constituent un ensemble exponentiel dont les éléments se démultiplient comme dans un kaléidoscope, en vue de faire naître une infinité de possibles. Le hasard des combinaisons donne une autonomie particulière à cette Nature variable qui finirait par exister sans intention. Mes linogravures sont gaufrées afin de faire ressortir le blanc du papier qui surgit comme une ligne charnue à travers les aplats de couleur vermillon. Ma première linogravure gaufrée est inspirée d’un motif de coin de mouchoir en dentelle, qui a été radiographié comme un corps dans un service de radiologie, lors d’un projet Art et Sciences au Centre hospitalier d’Alençon en partenariat avec le Musée des Beaux-Arts et de la Dentelle d’Alençon. Cette radiographie, me servant de modèle, m’a fourni une occasion d’entrer dans la matière, de fouiller le minuscule, l’imperceptible, grâce à mes gouges.

Ce puzzle aléatoire s’enrichit à chaque nouvelle expérience (résidence Gestatio à la galerie In Situ, résidence À col ouvert avec le Centre hospitalier et la Maison des Dentelles d’Argentan, etc.). Les linogravures “ratées” de la série Nature Variable sont réinvesties dans le projet Elastic time. Les estampes sont découpées, recyclées, réassemblées pour accommoder les restes. En grand format, éclater les marges, les bords, laisser l’image générer ses frontières, créer une matière presque vivante, plus physique, où le corps est convoqué. Déployer progressivement cette matière gravée dans l’espace de manière organique selon un mouvement presque naturel, un continuum… »

Page 4 : Les restes du jour, linogravure 70 x 100 cm, imprimée à la galerie Modulab Page 6 : 1 et 2 A col ouvert, série Nature variable, linogravure 40 x 50 cm, 2017 Page 7 : 1 : Gestation, série Nature variable, linogravure 40 x 50 cm, 2013 2 : A col ouvert, série Nature variable, linogravure 40 x 50 cm, 2017

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Geste, peau, mémoire. Se jouer du négatif et du positif. Questionner le double. Renverser le miroir. Le traverser ? La démarche de Marie-Noëlle Deverre s’incarne dans de multiples pratiques artistiques, afin d’explorer ces champs de manière intime, dans un mouvement continu, un aller vers. Perpétuelles recherches, ses gravures, dessins, sculptures, installations, performances viennent questionner le corps : le corps en chair et le corps imaginé – le sien et celui de l’autre. Dans chacune de ses réalisations, en deux dimensions ou en trois dimensions, elle invente des ponts entre matière et pensée. Elle met en lumière des liens fragiles et profonds qui unissent les matériaux, et les univers sensoriels et poétiques qu’ils suscitent. Une transformation s’opère tout au long de la création, au fil des passages de la presse et des surprises — accidents, trouvailles qui surviennent. C’est une rencontre sublimée entre l’objet et la graveuse, dans laquelle l’inattendu a une place essentielle. Cet inattendu est une matière première autant qu’un agent révélateur : malléable et actif dans le même temps. Marie-Noëlle Deverre cultive ce qui lui échappe. (…) Après le passage de la presse, c’est comme une peau que la main vient décoller. Une peau qui appartient à l’artiste et à l’objet premier, une empreinte-fusion qui vient symboliser leur relation.

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Les couleurs employées, vives et lumineuses – rouge, orange, jaune, avec en particulier une fascination pour la couleur vermillon qui revient régulièrement – reflètent le désir de réanimer l’objet. Ce choix fait également référence aux peintres primitifs, aux enluminures, au Jardin des délices de Jérôme Bosch… on trouve aussi dans ces gravures des bribes d’écriture, des formes organiques, des effets de renversement. (…) Ces formes organiques, qu’elle génère par un geste spontané, apparaissent dans un mouvement circulaire, comme une donnée qui ne cesse de croître. Ces références au mouvement continu, à l’infini, sont également présentes dans l’œuvre de Marie-Noëlle Deverre à travers des figures symboliques contemporaines, en lien avec la société et la consommation : la célèbre Laitière de Vermeer par exemple, personnage éternellement dans l’action et rendu populaire en tant qu’emblème d’un grand groupe agroalimentaire… Les matrices, les gravures se déploient, se dédoublent. Le tout fonctionne comme un grand puzzle aléatoire. Rien n’est figé, tout est en mouvement. Cette explosion perpétuelle et cette nécessité de croissance se retrouvent dans toutes les propositions de Marie-Noëlle Deverre. En vie, envie, les œuvres naissent de rapports de désir, et peuvent avoir la violence d’un accouchement. Confrontant sans cesse l’immédiateté avec la durée, l’artiste met en lumière, en chair et en scène ce questionnement sans fin. Après leur création, les œuvres, vivantes, demeurent en expansion. Se nourrissant de leur contexte et de leur rapport au monde, elles interpellent corps et esprit, et déclenchent, chez celui qui les envisage, une réaction : en tissant un lien intime, elles viennent résonner en lui. Caroline Boudehen, journaliste et auteure (extraits du catalogue « Réceptacles » édité à l’occasion d’une résidence de création de Marie-Noëlle Deverre au C.H.U. d’Angers en 2015.)

www.marienoelledeverre.com

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Page 8:1 : Nature Variable, composition exponentielle de linogravure assemblables (chacune : 40 × 50 cm) 2012-2018 2 : Ça déborde, linogravures évolutives, 90 × 100 cm, C.H.U. Angers, crédit photo : Alain Chudeau, 2015-2018 Page 9 : Les restes du jour, linogravure 70 × 100 cm, imprimée à la galerie Modulab

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Marie Le Bruchec

« Savoir se vider de ce que l’on veut, de ce que l’on désire, afin d’être à même d’accueillir le non connu. Il faut parcourir un long chemin pour arriver à cette totale ignorance, cette transparence, cette innocence, qui vous donnera un regard neuf. Si l’on sait qu’on ne sait pas, si l’on est attentif à ce qu’on ne connaît pas, si l’on guette ce qui apparaît comme inconnu, c’est alors qu’une découverte est possible. » Extrait de « Entretien avec Pierre Soulages » par Charles Juliet. Expérimenter, invoquer ou convoquer le hasard, provoquer des incidents… Travailler les deux côtés du papier pour faire surgir « cette lumière qui vient de l’arrière  », jouer des transparences, dessiner rapidement « dans le frais », sans aucune possibilité d’annuler le geste précédent. Puis moment de trouble, je ne sais plus où est l’original. Le monotype ou bien la matrice qui me sert à faire le monotype ? Comme si l’essentiel advenait là où je ne m’y attendais pas, là où je ne projetais rien, sans quête de sujet précis, mais avec ma présence, dense et concentrée, ancrée dans le faire. Et le plaisir intense quand cette alchimie vient à fonctionner, je m’émerveille comme une enfant, étonnée que je sois devant ces dessins, ces apparitions étranges et magiques.

C’est un univers végétal, toujours à la limite entre paysage et abstraction, entre graphie et photographie, sur le fil, la crête en quête de légèreté. « Ce que je désire c’est un coin de moi-même encore inconnu » Paul Gauguin Marie Le Bruchec vit et travaille en Normandie (formation d’architecte et étude de photographie à l’Université de Paris VIII) Marie Le Bruchec a participé à de nombreuses expositions en France, ses travaux font partie des collections de la Bibliothèque nationale de France

marie.lebruchec@free.fr https://www.facebook.com/marie.lebruchec.1 http://marielebruchec.blogspot.fr/

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Page 10 : sans titre, monotype, 52 × 69 cm, papier wenzhou-encre charbonnel, 52 × 69 cm, 2017 Page 12 : sans titre, monotype, papier wenzhou-encre charbonnel, 48,5 × 63 cm, 2017 Page 13 : sans titre, monotype,, papier wenzhou-encre charbonnel, 50 × 68 cm matrice PVC, 2014

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Jean-Pierre Pain Études d’arts graphiques à l’École Estienne de Paris. Après une formation universitaire (licence et maîtrise d’arts plastiques, CAPES), Jean-Pierre Pain  enseigne les arts plastiques en collège et en lycée puis en section arts appliqués. Jean-Pierre Pain a été l’élève de Willy Ronis en photographie, de Willy Anthoons en sculpture et d’Albert Chaminade en peinture. Depuis, 2009, il consacre essentiellement son temps à la gravure taille douce. Il est aussi passionné par l’apiculture, par l’ouverture à l’autre et par la poésie. Les mots et les images finissent par dialoguer. Si c’est dans le cuivre que j’inscris l’inquiétude, c’est sur la page que j’essaie de saisir la parole perdue. J.-P. P.

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Face à une œuvre d’art, cette réelle distinction a tendance à s’effacer. C’est peut-être là, dans cette confusion fusion que réside le sublime.

EST-CE QUE DÈS NOS PREMIERS PAS, NOUS NE SERIONS PAS D’EMBLÉE FACE À L’ÉCLOSION DE LA TOTALITÉ DU SENS ? J’essaie, lorsque je grave, de faire coïncider l’être présent et son devenir. L’être de la ligne que je trace rejoint son devenir au sein de l’image totale qui naîtra. Mouvements graphiques en étroite relation avec les mouvements de la pensée. Médiatiser l’immédiat, le spontané, pour parvenir à établir une communion entre la matière travaillée et l’énergie investie. Dialogue intense et souvent conflictuel entre la substance et le sujet. Jusqu’à m’interroger pour savoir si, quelquefois, l’être que je suis n’est pas devenu substance et la substance, corporéité. Étrange, cette fusion entre l’humain et le non humain. Porosité des frontières. La gravure, ainsi vécue, devient logos et non une simple idée restrictive appartenant à la raison discursive. La vérité, la sincérité de la création n’appartiennent pas au rationnel monosémique, mais sont des signifiants prolifiques. Ne pas réduire l’œuvre au réel de l’objet. La soi-disante objectivité du sujet et l’objectivation de l’objet ne sont que deux modes de donation, de captation, du réel. Faire advenir, et ceci pour chaque création, une pensée aurorale, un état de naissance première. L’image ainsi vécue devient un logos qui nous établit dans la proximité de l’étant – l’être dans un espace-temps parfaitement circonscrit – et non dans la durée de l’ontologie ‒ l’être inscrit dans une éternité –. Ce logos ne doit jamais devenir figé, mais toujours se présenter comme un invariant se déclinant cependant à chaque création. Pas de substance statique, mais une substantialité comme une réserve, un potentiel, un fond inépuisable. Il me semble indispensable d’établir une distinction entre l’ontologique et l’ontique. L’ontologie tente de cerner les fondements de l’être en tant qu’être alors que l’ontique, lui, se rapporte à la connaissance des objets du monde.

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L’ontique est une saisie naïve, immédiate, première, mais essentielle. C’est une expérience non critique sans attention apparente au sens de l’être. Mais affirmer cela n’est qu’un artifice de l’analyse, puisque l’être, dès le premier instant de la rencontre, est déjà présent. Est-ce que dès nos premiers pas nous ne serions pas d’emblée face à l’éclosion de la totalité du sens ? Ainsi, le passé et le futur seraient toujours actualisés dans un présent. Mais c’est à partir du créateur de l’estampe et du spectateur de l’image que le présent s’ouvre à l’absence, non perceptible, mais bien réelle, qui s’incarne dans l’œuvre. Ici, la création artistique en général et la gravure en particulier ne font que révéler ce qui était latent et qui ne demandait qu’à advenir. http://jeanpierrepaingravure.unblog.fr/2018/02/01/est-ce-quedes-nos-premiers-pas-nous-ne-serions-pas-demblee-face-aleclosion-de-la-totalite-du-sens/


« Vernir, graver, mordre, décaper, encrer, essuyer, imprimer... Autant de gestes essentiels qui s’inscrivent dans la durée. Autant d’instants qui privilégient le processus, la gestation et enfin la naissance entre les feutres de la presse. Complexité de l’œuvre qui part du souffle pour permettre à une ligne de croître. Mais surtout, ne pas hésiter à enlever, à soustraire, pour que le plein puisse faire vibrer l’impalpable. Je regarde la surface de la plaque de cuivre. Parfois, une image fantôme apparaît. Un flou jaillit, engendré par l’ombre qui accompagne la main qui burine. Ombres portées sur une création qui vient combler l’absence du métal ôté pour indiquer au corps le chemin de la mémoire. Et si l’image est par trop séduisante, je me dois de la nourrir avec des incertitudes afin qu’elle demeure espace de questionnement. J’ai souvent le sentiment que la gravure relève d’une pratique magique : rendre visible une partie de l’invisible. En creux, dans le fond des tailles, se dessinent à la fois l’acceptation d’une non-saisie possible du monde et le désir illusoire de combler cette béance. Graver, c’est tracer un sillon pour y déposer un signe. Ici, la forme n’instaure en rien une quelconque stabilité, mais tente d’affronter la disparition. Ainsi, la puissance du fantomal est présente dans toute création. Dispositif mémoriel pour apaiser les spectres qui poursuivent leur existence en clair obscure. Chaque image imprimée n’est que le fragment d’un tout infini. Ce paradoxe n’est étrange qu’en apparence. La matrice qui vient d’être imprimée est une chose qui tente, modestement, de perturber la finitude qui se veut achèvement de la totalité. Se jouent, là, les relations étroites entre la partie et le tout. Chaque nouvelle image subvertit le fantasme d’un monde clos. Ainsi, nous appréhendons le fait que notre conscience n’est détentrice que d’une vérité parcellaire. » Jean-Pierre Pain le 10 avril 2018

Page 14 : Histoire d’un amour impossible, aquatinte, pointe sèche, eau forte, 20 x 29 cm, 2016 Page 15 : Une dernière nuit, burin, aquatinte, pointe sèche, 20 x 29 cm, 2017 Page 16 : Séparé de moi-même, aquatinte, pointe sèche, burin, 44,4 x 28,2 cm, 2015 Page 17 : Jonathan Levingstone le goéland, aquatinte, pointe sèche, burin, 49,3 x 34,7 cm, 2016

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Michel Barzin Michel Barzin est artiste plasticien. Il a fait ses études de dessin et gravure aux académies de Bruxelles, Boisfort et Liège et a été élève de Claude Lyr, Henri Brasseur, Georges Comhaire, Dacos et Robert Kayser. Barzin est professeur à l’Académie des Beaux-Arts de Verviers, à l’Académie Internationale d’été de Wallonie et aux Ateliers d’Art Contemporain. Conférencier à l’ENSAV La Cambre (2002-2003) et à Saint LucLiège (2011-2014) Organisateur des triennales internationales de gravure de Spa, 1983-1986. Fondateur des associations Silence, les Dunes ! (1989), Dialogue gravé (1983), Cuivre-à-Cœur (1982). Membre permanent de la Poupée d’Encre depuis 1978, de la Biennale Internationale de gravure contemporaine de Liège et de l’atelier RazKas de 2002 à 2009. . On retrouvera ses œuvres exposées, depuis 1974, dans le monde entier. Et dans diverses collections publiques (Chine, Belgique, Canada...) http://michelbarzin.be

Désastres de la guerre, taille-douce, 29 x 14 cm, 2011 Flying tree, eau-forte, 33 x 55 cm, 2011

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Flying tree, lithographie, 12 Ă— 20 cm, 2014 Flying tree, lithographie, 12 Ă— 20 cm, 2014

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Manière dont poussent les coquelicots, 56 x 38 cm, taille douce sur PVC, 2010


Avec ou sans lunettes de soleil, 56 x 38 cm, taille douce sur PVC, 2010

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Isabel Mouttet Isabel Mouttet vit et travaille à Sanary-sur-mer, en France.

Après un diplôme d’architecte et une formation à la calligraphie chinoise, la gravure m’a permis de lier ces deux expériences grâce à l’esprit particulier que suscite le travail au burin. Comme un projet d’architecte, une gravure au burin se compose trait par trait, en accordant une grande importance au vide. Comme « l’unique trait de pinceau » chinois, chaque trait de burin peut jouer des variations de nuances. Le travail est comme une méditation entre géométrie et écriture. Depuis 2005, j’ai gravé plus d’une centaine de plaques et participé de nombreuses fois aux principales biennales et triennales en France et à l’étranger, Arménie, Belgique, Bulgarie, Canada, Chine, Croatie, Espagne, Égypte, ÉtatsUnis, Japon. Un voyage au Japon en 2015 lors de deux expositions a laissé des traces dans une série de gravures sur ce pays.

Quelques expositions collectives récentes : Exposition Printsaurus, Galerie Motoazabu, Tokyo, Japon en 2015 Exposition «  Regards croisés  », galerie U, Matsudo, Japon en 2015 Exposition internationale de gravure miniature Awagami, Tokushima, Japon en 2015 et 2017 1re Biennale internationale de gravure de Xuyuan, Pekin, Chine en 2016 Biennale internationale de l’estampe de Saint- Maur, en 2017 1re Biennale internationale de l’estampe d’Erevan, Arménie en 2017 Prix René Carcan, à Bruxelles, Belgique en 2018

Membre du bureau de SUDestampe avec Caroline Garcia Membre du Trait Graveurs d’Aujourd’hui Membre de Graver Maintenant http://manifestampe.org/page-personnelle/9556

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Isabel Mouttet Artiste d’exception, diplômée en architecture, elle se consacre essentiellement à la gravure depuis plusieurs années. Griffes, graphes, lignes, scriptions multipliées à l’infini, additions, addiction au braille. Des traits en minuscules qui parlent tout bas. Le trait s’empare de tout, se rapproche de ce qui fuit, s’efface, donne à lire des pages d’écriture. Il ouvre sur des bibliothèques imaginaires, sur des archives réelles, sur des impressions de mémoire, sur des tableaux de paysages récents… comme à son retour de voyage au Japon récemment et aussi, parfois, sur des planches d’observations… tel le mur de Berlin. Dans l’atelier épuré siègent la table, la presse, le feu. L’escalier étroit, trace une longue diagonale au mur, monte vers la cellule silencieuse, nue. Lieu sacré. La bibliothèque regorge de poésies, d’essais, de livres beaux, de livres anciens, de livres rares. Les livres courent les murs, quelques œuvres y nichent elles aussi. L’architecte rythme l’espace, accueille les fragments du monde alentour, la pensée respire. L’artiste s’est installée dans l’ailleurs depuis 2014, plus au sud, pour naviguer d’elle en île à la voile ou en aviron selon l’humeur du temps. Nulle île n’est une île…

Ses burins tracent la lenteur et nous invitent à la méditation. Denise Pelletier

Page 22 : Songe à Kyoto, burin, 40 × 50 cm, 2017 Page 23 : Mémoires II et Mémoires I, burin, 40 × 50 cm, 2017 Page 24 : Les pierres de rêve de Kyoto, burin, 30 × 40 cm, 2016 Page 25 : Mémoires III et Mémoires IV, burin, 40 × 50 cm, 2017

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Hervé Sachy Après avoir commencé la gravure à Paris vers les années 1980, Hervé Sachy s’est attaché à travailler successivement toutes les techniques traditionnelles : le burin, l’eau-forte au trait, l’aquatinte, la pointe sèche, le vernis mou, quelques manières noires, plus récemment il a expérimenté les techniques alternatives telles que la gravure électrolytique, les films photopolymères, puis les plaques photopolymères. Hervé Sachy a finalement rencontré, vers 2010, l’héliogravure au grain.

« A l’exception de mes premiers débuts en gravure, j’ai toujours appris ces diverses techniques en autodidacte. Ce qui m’a le plus attiré dans l’héliogravure, outre la beauté des plaques gravées par ce procédé ainsi que des épreuves papier en résultant, c’est aussi l’apparente difficulté de cette technique et le mystère que cela engendrait. Cette technique étant assez peu pratiquée en France, il a fallu que je me tourne vers d’autres sources d’informations pour me lancer dans ce projet. Mes premières héliogravures satisfaisantes ont mis un certain temps avant d’arriver au sortir de ma presse. De ces nombreuses heures passées à maîtriser ce procédé à mon atelier, petit à petit, il m’est venu l’idée de diffuser mon travail, de proposer à mon atelier des stages permettant ainsi à ceux qui désirent appréhender cette technique de gagner un temps précieux et d’éviter de se décourager. Ainsi, depuis 2015, je propose à mon atelier de réaliser une héliogravure sur deux journées consécutives sous forme de stage personnalisé à l’intention des graveurs, photographes, artistes graphiques, etc.

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Simultanément à ces stages de deux jours d’initiation, j’ai continué au travers d’un site internet à apporter tous les détails techniques de ce procédé d’artisanat d’art reconnu au patrimoine immatériel de l’Unesco. » Hervé Sachy 2018


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L’héliogravure, technique originale et originelle, historiquement issue des débuts de la photographie au XIXe siècle, permet par les richesses de ses différentes nuances d’ombre et de lumière, du plus profond noir velouté jusqu’au gris le plus subtil, de redonner toutes leurs lettres de noblesse à l’image contemporaine ou non, ainsi qu’à la photographie d’art ou tout autre style de création graphique. Ses éditions de qualité et en nombre limité, imprimées sous la maîtrise de l’héliograveur lui procurent une valeur ajoutée en termes d’authenticité et de pérennité. Héliogravure : une technique mixte à la frontière de la photographie et de la gravure classique à l’eau-forte. Historiquement, on peut certifier que la première véritable plaque de métal gravée ainsi a été réalisée par Niecephore Niepce vers 1820, en utilisant du bitume de Judée nécessitant de longues heures d’exposition. Par la suite, le procédé fut perfectionné par Talbot, Niepce de St-Victor, Baldus et Karl Klic. C’est un procédé de gravure en creux et suite à tous ces travaux, on utilisera une gélatine photosensible en lieu et place du bitume de Judée, avec des temps d’exposition plus courts. Cette gélatine déposée sur le cuivre est l’équivalent, en comparaison avec l’eau-forte, du vernis graveur utilisé en gravure classique : elle laissera passer graduellement le mordant qui devra attaquer le cuivre sous-jacent.

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La véritable technique porte le nom d’héliogravure au grain de résine. Car à l’image doit être rajoutée une trame qui servira à retenir l’encre d’imprimerie. Ce grain, comme en eau forte classique, est une aquatinte. On utilise la résine de colophane ou la poudre de bitume. On peut aussi utiliser pour réaliser ce grain le vernis graveur liquide ou du vernis acrylique à l’aide d’un aérographe ou bien utiliser une trame aléatoire photographique. Comme en gravure traditionnelle, le métal de choix pour ce procédé est le cuivre, c’est pourquoi on retrouvera lors de l’élaboration d’une héliogravure, les mêmes outils que ceux utilisés par les graveurs sur cuivre, comme la pointe sèche, l’ébarboir, le brunissoir, etc. Aussi bien pour le travail préparatoire de la plaque, que dans les travaux de correction éventuels une fois la plaque gravée. On peut utiliser également le zinc, mais cela est beaucoup moins courant. Le papier chiffon, l’encre typographique, la presse taille-douce sont les mêmes que ceux utilisés par la gravure classique, encore, mais aujourd’hui on peut adapter ce procédé en imprimant les films positifs sur imprimante jet d’encre. Ensuite, on utilise un papier gélatiné pigmenté (carbon tissue) qui préparé avec un bain de bichromate de potassium devient sensible aux rayons ultra-violets.

On expose un film positif transparent sur ce papier sensible, une fois réhydraté ce papier est reporté sur la plaque de cuivre grainée à l’aquatinte. On procède au développement à l’eau chaude qui va dévoiler l’image en épaisseur de gélatine correspondant à la quantité de lumière transmise et reçue par le papier sensible. Une fois convenablement séché, cet ensemble cuivre grainé + gélatine exposée développée est soumis à une succession de bains de gravure de perchlorure de fer. La gravure va se faire progressivement depuis les zones les plus sombres de l’image jusqu’aux gris les plus légers. Par la suite, on dépouillera la gélatine par un bain d’eau chaude et l’image gravée apparaît alors dans le cuivre, il ne reste qu’à procéder aux opérations classiques de l’impression des eauxfortes

ATELIER HELIOPSE Hervé Sachy www.heliogravure.fr

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Arnaud Laval

En 1994, il monte sa société en tant que créateur-conseil international indépendant pour Jean-Paul Gaultier, Issey Miyake, Yamamoto, Chantal Tomas, Armani, Make up for ever, Lancôme, l’Oréal, Viktor & Rolf, Lanvin, Guerlain, Serge Lutens… En 2001, une ligne de mobilier est créée en tant que « Arnaud Laval Design ». Depuis 2005, il revient aux sources de sa formation initiale : scénographie, gravures, dessins, sculptures légères . http://www.galerieminsky.com/artistes/arnaud-laval/

http://www.arnaudlaval. Né en 1945 à Reims, Arnaud Laval voue depuis son plus jeune âge une passion pour le théâtre et celui de Shakespeare — Hamlet, la Tempête, Macbeth, Roméo et Juliette — en particulier, et source d’inspiration pour ses œuvres : dessins, gravures et surtout ses « theater boxes », installés dans des boîtes, mises en scène d’un monde onirique et minuscule en papier gravé, peint et découpé. Après les Art Appliqués de Prague, l’apprentissage de la scène et la réalisation de « Magicien d’Oz » mise en scène de Michaël Meschke, puis « Qu’est-il arrivé à Hans et Gretel ? » mise en scène de Luisa Meschke au Marionetteatern de Stockholm 19651968, Arnaud Laval de retour à Paris, étudie le film d’animation à l’ORTF et réalise une série pour les enfants. Parallèlement, il étudie la gravure dans l’atelier de Friedlaender à Paris. Il réalise une scénographie, décors et costumes pour Élisabeth Janvier au Théâtre de la Commune à Aubervilliers «  Nils Holgerssons  », puis pour Jean-Louis Temporal, la scénographie et les costumes de « L’enfant et les sortilèges » œuvre de Colette et composition musicale de Maurice Ravel au Théâtre Romain Rolland de Villejuif 1972-1974. Il reprend la gravure et l’illustration de livres pour enfants, Flammarion, Grasset, Presse de la Cité, Artemis Verlag Zurich, Emme Edizioni Milan, Lemniscaat Pays-Bas, ainsi que des films d’animation. À l’occasion de la réalisation d’un grand décor de film publicitaire pour le lancement d’un parfum Guerlain, il entre dans la direction artistique de cette maison en tant que concepteur (1979). En 1988, il est appelé par Yves Saint-Laurent Parfums pour être responsable de la décoration internationale. Les nombreux voyages et la réactivité nécessaire aiguisent sa créativité pour les événementiels, les lancements presse et les décors de vitrines. En 1992, il est sollicité pour intégrer la Maison Lanvin en tant que directeur de l’architecture intérieure

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Page 30 : L’arbre à lettres, 29 x 29 cm, eau-forte et aquatinte, 2010 la Pomme, 32 x 52 cm, eau-forte et aquatinte, 2011 Page 31 : La Spirale, 44 x 52 cm, eau-forte, 2017 Page 32 : Les Visages, 36 x 26 cm, aquatinte 2016 Page 33 : King Lear Shakespeare , 49 x 37 cm, dessin à l’encre de chine sur papier Richard de Bas


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« De rouille et d’encre 2 » Linogravure, impression en creux 2014 52X91,4 cm

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Chantal Sallustin

Chantal Sallustin est née à Bruxelles en 1957. Elle est diplômée en Arts Plastiques à l’Institut Bischoffsheim et à l’école des Beaux-arts de Wavre en gravure. Professeur de dessin scientifique et de dessin d’après nature à l’Institut Bischoffsheim depuis 1982. Influencée par les cours de dessin scientifique et de dessin d’après nature, la géométrie est de loin sa principale source d’inspiration et d’autant plus lorsque s’établit la dualité avec le corps humain.

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Les Voies de la Ville de Chantal Sallustin. L’artiste affectionne la xylographie ou gravure sur bois. C’est le système d’impression le plus ancien. Via le bois puis le plomb, il est à la base de la typographie de Gutenberg. L’on y assure une gravure en relief (non en creux) où le trait dessiné sur la planche est « épargné », tandis que les fonds sont creusés. Le trait ainsi obtenu est généralement à la fois épais et net. Chantal Sallustin dit : « Dans un premier temps, je grave dans le bois de manière aléatoire tantôt en suivant le fil du bois, tantôt en contredisant celui-ci. Dans un second, j’imprime sur un papier fin et translucide. La lumière comme filtre assure une mise en contraste de la trace rigide et compacte du bois avec la gracilité de la feuille, réceptacle final du travail ». Dans l’un de ses travaux précédents, elle jouait de formes concentriques compressées à l’aide de matrices de disques 33T, colorant le support en tons primaires d’après l’empreinte des spires. Le dessin scientifique est et reste au cœur de son imaginaire. De par sa nature même, le thème de la Ville s’y trouve intimement lié. Avec les rouges et les gris en dominants, travaillés à la mine de plomb ou à l’encre, la dessinatrice donne vie à des formes souvent orthogonales. Sont-ce des tissus urbains avec leurs réseaux d’allées, chemins, et rues scandant places et parcelles de terrains, en ce compris leurs courbes de niveau ? Un univers en géométrie plane fait de lignes étalonnées et intersections se livre au regard du spectateur oiseau. Des compositions antérieures invitaient à de saisissantes

déambulations au travers de décors suggérant rouille, fer et verre. Ossatures ou reliques ? Vestiges de cités médiévales ou zonings postindustriels ? Cathédrales, gargouilles et flèches parlent d’un paradis à l’opium perdu… au profit d’un autre, tout aussi aliénant. Celui des ateliers urbains des Temps Modernes, leurs cadences inhumaines, leurs orgueilleuses cheminées cracheuses de funestes fumées. Chantal Sallustin confère à son travail sur tableau un même caractère « opératif ». Elle les conçoit en façonnant des textures ou strates successives de papier estampé et de dentelles en plans découpés. À coups de brosses chargées d’encre, elle inflige au papier des boursouflures qui le déchirent et qu’elle parachève au grattage. Jouant de ces transparences, elle souligne au fusain une forme ou l’esquisse d’une aspérité. Autant de marques et accents vécus d’une sensation ou d’une émotion de l’instant. Le tout est marouflé et monté sur châssis toilé. Chantal Sallustin : une artiste qui ne cesse de remettre son art en question. Le bonheur qu’elle éprouve à la recherche des ressources inépuisables de l’estampe est communicatif pour les visiteurs de l’exposition. Gageons qu’à la lumière de cette clef de lecture, « les Voies de la Ville », ne leur resteront pas impénétrables ! Michel Van Lierde, chroniqueur d’art, collectionneur. Novembre 2017.

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Page 34 et 35: sans titre, 20 x 29 cm, monotype et pointe-sèche Page 36 : sans titre, 50 x 70 cm, monotype Page 37 : ans titre, 80 x 80 cm, monotype

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MARIKA POLASEK

GENESE & EMERGENCE DE MA PRATIQUE

« Dans les années 90, mon travail naviguait entre peinture et dessin et entre peinture et photographie. Le plaisir du cadrage intensifie mon regard par ma pratique artistique au sein de l’école municipale d’art du BayonneAnglet Biarritz et par mon cursus scolaire dans le champ des Arts plastiques : – modèle vivant avec M. Berthommé – cours d’histoires contemporaines européennes et Américaines avec Virginia Garetta du CAPC de Bordeaux professeur des Beaux Arts de Bordeaux proposés par le musée de Guéthary, – natures mortes, pratique du dessin, peinture, sculpture, – participations à des colloques au Koldo Mitxelena de San Sebastian par exemple George Didi Hubermann, visites d’expositions d’art contemporain : biennale de Venise, Münster la Documenta de Kassel, CAPC, Bilbao avant l’arrivée du Guggenheim... Entre histoire de l’art et pratiques artistiques, j’entretiens une culture picturale qui s’inspirent à la fois des Nouveaux Fauves et de la Bad painting…”

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Page 38: Planète Il xylographie polychrome de diamètre 11 cm, 2016, EA1/1 Page 39: Chimères II, xylographie, matrice, 145 × 200 cm, 2016 , archives personnelles Page 40: Planète I, taille d’épargne polychrome - linogravure & xylographie, 10 × 11 cm, 2016, EA 1/1 Page 41: Sans titre, taille d’épargne polychrome -linogravure & xylographie - gaufrage, 10,5 × 11 cm, 2016, EA 1/1

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« Ce lieu m’a permis de croiser deux médiums. Le premier, la gravure taille-douce avec le buriniste et tailledoucier P. Laffont m’a permis de faire évoluer mon dessin sur de nouvelles technique burin, pointe sèche, eaux-fortes, aquatinte, etc. jusqu’à la taille d’épargne ainsi que par le biais de stages à Bayonne, à son atelier et sur Aix-en-Provence. Le second médium est la photographie essentiellement noir et blanc pour le tirage. Plus précisément, ce qui m’a intéressée est la complémentarité du dessin dans le monochrome et la notion de tirage qui relie la gravure à la photographie. Dans l’espace du tirage, ce moment devient à la fois un acte de création et de manipulation de l’image, un écart pictural. Suite à l’obtention du baccalauréat, j’ai choisi d’intégrer l’École des Arts Décoratifs de Strasbourg plutôt que l’École des Beaux Arts de Bordeaux et la Villa Arson de Nice après mûres réflexions. Étant plus proche de la culture germanique par ma pratique de l’allemand et les échanges scolaires avec notamment Ansbach, Strasbourg me semblait plus proche dans ma pratique ainsi que sa proximité de l’Allemagne, de la Suisse et du Benelux et me rapprochait de mes origines… Dès la première année, bien que l’accès aux ateliers était particulièrement réglementé, j’ai renforcé ma gravure à la fois en taille-douce et en taille d’épargne en parallèle à la peinture et la photographie. Dans mon cursus, les champs d’expérimentation croisent le dessin, la peinture, la gravure et le livre, entre le groupe ART et le groupe OBJET. L’espace pictural se déporte peu à peu dans l’image photographique et dans l’encrage des estampes comme j’ai pu l’exploiter grâce à différents enseignements et workshops d’artistes : – Roger Dale par le Laboratoire de Dessin, – Jean-Claude Luttmann, professeur référent Art – Bernard Gautherot pour la reliure, – Éric Poitevin, professeur référent Art – Buysse pour un projet d’édition – l’Atelier des Grammes, pour un projet d’édition – par des échanges internationaux entre l’École d’Art de Dresde et l’École des Arts Décoratifs de Prague avec Kurt Gebauer et Vladimir Škoda – et d’autres... Au fil du temps, la lecture bi dimensionnelle dans l’estampe et dans la peinture est interrogée par une relation recto verso qui se répondent par soit la transparence soit par la juxtaposition et les interférences provoquées l’une dans l’autre. Ainsi je place mon travail de gravure dans l’espace livre comme objet plastique par mon échange international à l’École nationale des Arts Décoratifs de Prague dans les ateliers de Madame Matasovà et Monsieur Šalamoun avec Monsieur Bujarek.

De 1995 à 1998, j’entreprends un travail sériel photographique de ma traversée en train, récurrente entre Prague et Ostrava. Après un travail photographique et pictural sur la quête de l’identité entre autoportrait et autofiction : quelque chose de l’ordre de Nan Golding ; l’identité glisse sur le PAYSAGE comme identité territoriale. Par l’héritage familial et culturel tel que le film “Trains étroitement surveillés”, Jiri Menzel et le livre “Moi qui ai servi le Roi d’Angleterre” de B.Hrabal, mon regard photographique fixe par un amoncellement de photographies qui navigue entre la nuit et le jour, passé du noir au blanc à la couleur comme le temps qui passe du passé au présent et vice versa, de la narration de l’intérieur et de l’extérieur. En résumé, cette surabondance d’images devient quasi picturale entre le net et le flou comme point de limite (Roger Dale et Thomas Ruff) tel un sténopé du noir au blanc jusqu’à la couleur. Puis ces images sont-elles déplacées par voie postale sous forme d’images numériques en billet aller-retour et avec des possibles altérations volontaires ou involontaires, 36 exemplaires 1/1, 1998... Petit à petit, au fil du temps, mon espace gravure s’accroît pour envahir l’image et sa représentation picturale. Comme pour Baselitz, ce qui demeure, c’est le renversement de l’image. Je ne réalise pas un simple remplissage de la surface de la matrice . Tout se joue dans cet écart : entre la matrice et le papier, par l’encre. Cette encre révèle alors l’immatérialité de la matrice en quelque chose de l’ordre du “REMPLISSEMENT” Marika Polasek 2018

Les formes s’élaborent comme des micros territoires pénétrant le papier. L’infra mince*. Recto verso : tout se dessine, s’interpénètre dans l’invisible et le visible. Travaux soutenus par Alexandre Castant, critique d’art, Daniel Schlier, peintre, Vladimir Škoda, sculpteur, Antonia Birnbaum, philosophe, Šalamoun, illustrateur et graveur, Prague. *l’infra mince, notion abordée par Marcel Duchamp, “Quand la fumée de tabac sent aussi de la bouche qui l’exalte, les deux odeurs s’épousent par infra mince.”

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Philippe Dessein est né à Calais et sa famille vivait à Lille et environ. Avec ses parents il allait le week-end acheter du chocolat, son oncle des cigarettes, son père faire le plein d’essence. Comment vivre sans inconnu devant soi ?  répond Philippe Dessein citant le poète René Char à la question : « Pourquoi la gravure ? » Qui connaît le burin, la pointe sèche, l’eau-forte, l’aquatinte ou le carborundum sait combien ces procédés d’empreinte sur cuivre demeurent source d’imaginaire.

Ses débuts d’aquarelliste lui permettent de participer à de nombreuses expositions dans le Sud-ouest. Il ouvre, à cette époque, un atelier d’enseignement de cette pratique plastique dans la région toulousaine. Initié à la gravure aux Beaux-arts de Toulouse, il poursuit à la Sorbonne des recherches universitaires où il explore le médium photographique notamment « la photographie sans objectif ». De nombreuses années durant s’ouvrent à lui les voies de l’enseignement des Arts plastiques. Les stages à l’école Estienne l’engagent à se consacrer désormais à la gravure. Il expose régulièrement en Touraine et en Bretagne. http://philippedessein.eklablog.fr/

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Page 42 : Découvrir-recouvrir, 20 × 20 cm, eau-forte, 2011 Page 43 : Trinité, 8,5 × 6 cm, carborundum et burin, 2017 Page 44 : Tal Coat, 25 × 20 cm, eau-forte, 2014 Page 45 : Hurle vague, 20 × 45 cm, eau-forte, 2016 Escuele d’olz, 20 x 30 cm, eau-forte, 2015

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Ellen Rouppe ....perdu.... (Les chaussures dans la mer)

– Les chaussures et l’eau évoquent le passage. Dans le désordre des mouvements, avec la mobilité des objets, c’est l’eau qui est l’objet et la vision du monde se perd. Le temps est aboli, le temps n’est qu’un instant, l’instant terrible ou dans le flux, dans le creux d’une sombre vague tout est perdu...

Les objets, les chaussures et la mer sont les éléments narratifs de mes œuvres. La nostalgie en est l’élément immatériel. Elle envahit le présent. C’est un ressac, c’est l’eau qui revient.

Ellen Rouppe Atelier 150 13 rue de Châtillon 92170 Vanves

Ma recherche s’appuie sur une syntaxe qui tisse trois états, la vie, la mort et l’eau pour manifester les rapports entre la matérialité, la sensation et la quête des origines. Quand on enlève le revêtement des choses, quand l’objet est libéré de ses qualités, audessous apparaît le squelette.... L’objet inerte est imprimé de la vie de l’homme.

ellenrouppe@hotmail.com www.ellenrouppe.com

Mon travail raconte l’errance, la perte, la mémoire, le tourbillon des formes et des idées. Je coule ce tourbillon dans une forme et je fais des recherches avec différentes techniques, peinture, gravure, dessin, installation....

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Page 46 : Les chaussures dans la mer 11, 30 × 30 cm, lino-gravure sur papier coréen, monotype. 2015 Page 48: …perdu…(12), 20 × 20 cm, eau-forte, aquatinte, 2018 Page 49: L’île bleu , 20 × 30 cm, eau-forte, aquatinte et chine collé 2018

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sans titre 1: 18 × 88,5 cm, papier 37,5 × 107 cm sans titre 2: 3 × 9 cm, papier: 12,5 × 23 cm sans titre 3: 9 × 20,5 cm et papier 53 × 75,5 cm. sans titre 4: 18 × 88,5 cm et papier 37,5 × 107cm. (détail) Pointe sèche sur zinc

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Alix Dumont de Chassart

Alix Dumont de Chassart est née en 1984 à Namur. Elle a suivi une formation de psychologue à l’Université Catholique de Louvain avant de développer une pratique de dessin, peinture, vidéographie, écriture, chant et photographie. « Je pratique la gravure à l’école de recherche graphique de Bruxelles. Tantôt avec force, tantôt avec vulnérabilité, le métal est pour moi comme un territoire à conquérir, un espace de liberté, la pointe sèche comme un outil de ma propagande. Je vis l’impression comme une expérience du hasard, de celui qui s’impose, mais aussi de celui que je finirai peut-être par choisir ? Je grave comme j’aimerais écrire. La signification affleure comme pour étayer ce qui n’est fait que d’attente. En filigrane, la lancinante question du double. Un sens au double ? Le reproductible s’égare quand il absout le double. »

alixdumont@gmail.com

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EDWARD BATEMAN Edward Bateman est un artiste et professeur à l’Université de l’Utah, USA. Son utilisation innovante de la modélisation informatique pour la création d’images a été largement décrite et incluse dans six manuels. Bateman et son travail ont été présentés dans Printmaking Today, le journal autorisé de la Royal Society of Painter-Printmakers au Royaume-Uni. Mechanical Brides of the Uncanny, un livre signé et numéroté de son travail a été publié par Nazraeli Press. Bateman a exposé internationalement dans plus de 25 pays et fait partie des collections du Museum of Fine Arts, de Houston, du Victoria & Albert Museum, du China Printmaking Museum et de Getty Research, entre autres.

Collections: Victoria & Albert Museum; Londres, GB. Museum of Fine Arts, Houston; Texas, USA. China Printmaking Museum; Shenzhen, Chine. Getty Research Institute; Los Angeles, Californie, USA. Krakow International Print Triennial Society; Cracovie, Pologne. New York Public Library; Pforzheimer Collection; New York City, NY, USA. Bangkok Triennial International Print and Drawing Organizing Committee.

Principales expositions : Krakow International Print Triennial  ; 2018, 2015  ; Krakow, Poland. Biennales de gravures contemporaines : 2017, 2015, 2013, 2011 ; Liège, B. The 10th Kochi International Triennial Exhibition of Prints Japan 2017 The Lumen Prize Exhibition; 2016, 2014 à Londres (GB) ; Florence (I); Cardiff (GB); Athènes (Gr), ; NYC (USA); Amsterdam (Pays-Bas); Shanghai Modern Art Museum (Ch). The Bangkok Triennial International Print and Drawing Exhibition; 2015, 2012; Bangkok Art and Culture Center; Bangkok, Thaïlande.

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Sabine Delahaut 2018

www.ebateman.com


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« Presque simultanément à l’invention de la photographie, le Spiritisme naquit à Hydesville, New York. C’était une croyance en la pratique de communication avec les esprits humains désincarnés. Ces deux développements allaient s’entremêler en 1861, quand William Howard Mumler créa la première photographie spiritiste. La photographie avait toujours été utilisée sous une forme de vérité objective. A la suite du carnage de la Guerre Civile américaine, les gens virent les photographies spiritistes comme des preuves de la continuité de l’existence de leurs chers disparus. Cette pratique impliquait un “médium” humain qui voulait créer le contact avec le mort. Ce processus était incertain et enclin à la fraude. Mumler et d’autres furent poursuivis et de nombreux témoins respectables intervinrent dans les débats pour l’une et l’autre partie. D’autres recherches technologiques, comme l’appareil photo, prolongèrent les sens et capacités humaines. Les découvertes des hommes de science changèrent le monde et semblèrent annihiler le temps et l’espace. Ces apports individuels aux technologies de leur temps : le magnétisme, l’électricité, la vapeur menèrent au challenge de la révélation de l’existence de la vie outre-tombe.

Les images présentées ici mettent en lumière certains de ces inventeurs et leurs créations pour que se manifestent les esprits désincarnés. Nous pourrions mettre en doute la véracité de leur prétention, mais une chose est certaine : l’appareil photo, en effet, nous laisse voir le mort à nouveau, non pas en tant que manifestations fantomatiques, mais comme de significatifs et précieux documents de ceux qui un jour vécurent. “

Edward Bateman (trad. Sabine Delahaut)

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Eric Schelstraete Poète en gravure ou graveur en poésie ? Sous son nom de plume, Ardent Duchesne, le graveur et poète belge Eric Schelstraete a publié depuis 1994 plus d’une douzaine d’ouvrages (poésie et nouvelles). En 2017, son recueil « Petits haïkus du bonheur » a été traduit et adapté en langue japonaise par l’artiste Aimée Yamamoto. Le poète a aussi réalisé de nombreux livres d’art, notamment pour le compte du Musée Pierre de Ronsard de la ville de Tours en France. Il crée aussi de courtes vidéos de poésie animée que les lecteurs peuvent retrouver sur YOUTUBE (voir « Ardent Duchesne  » sous le lien https://www.youtube.com/channel/ UCbuewWbMVtaeFl8QLL9QENw).

Linos sereins

La gravure sur lino est un art exigeant. Il faut savoir maîtriser l’attaque de la gouge, le tranchant du couteau japonais, le glissé du rouleau encreur, la pose du papier, le déroulé de la presse manuelle… Ces techniques artistiques, Éric Schelstraete les maîtrise avec brio. C’est ainsi que naissent les images qui sommeillent dans le cœur du graveur. Des images qui tendent vers la beauté, fille de la sagesse et gardienne de nos joies.

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Formé à l’Académie des Beaux-Arts de Watermael-Boitsfort depuis 2012, Éric Schelstraete est un graveur qui sait allier maîtrise technique et imaginaire fécond… Ses linogravures sillonnent notre humanité dans tous ses recoins et offrent aux spectateurs un panorama artistique qui va de la simple approche esthétique à la critique sociale la plus hardie.

À l’origine, il y a la passion de la poésie que j’exerce depuis près de 25 ans sous le pseudonyme d’Ardent Duchesne. De cette matrice faite d’encre et de mots est venue la volonté d’illustrer des images poétiques. La gravure s’est alors imposée à moi tant par son rapport étroit avec le papier - et donc le livre - que par ma proximité avec de nombreux graveurs que j’admirais beaucoup comme Roger Dewint, Kikie Crèvecoeur ou Jean Coulon… Éric Schelstraete (Bruxelles - 1960)


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D’une plume à l’autre. Éric Schelstraete raconte des histoires. Il les écrit sur du papier et les publie dans des livres. Depuis peu, Éric a troqué la plume pour la gouge et le papier pour des plaques de lino. Il y grave ce qu’il écrivait, son univers idéaliste et ce qui fait dériver de ce bel idéal. Défilé hétéroclite d’animaux, oiseaux, grenouilles, de bombes atomiques, de gentils, de méchants. Ses linos sont parfaitement imprimés, délicatement nappés d’encre parfois dégradées, les traits sont francs et incisifs, la pression de la presse bien maîtrisée. L’alliance entre l’image et le médium utilisé sont bien adaptés l’un à l’autre. Éric réunit un bel alliage texte-image, qui devrait donner des résultats prometteurs. Bruxelles, juin 2018 Roger Dewint

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Page 56 : Au-delà de soi linogravure en 6 exemplaires, format 28 x 38,5 cm, 2017 Page 57: Une longue nuit linogravure en 10 exemplaires, 33 x 43 cm, 2015. Gravure exposée dans les collections permanentes du “Viet museum” de San Jose, Californie, USA Page 58: Théâtres, linogravure en 9 exemplaires, 24 x 32 cm, 2015.


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TRAIT POUR TRAIT C’est un trait fidèle et sans fausse nuance, à l’image de leur amour pour l’art, que les deux amis de l’atelier sétois DugripPicard-Jacomet façonnent de leurs mains, offrant à des œuvres déjà précieuses, un caractère rare. À ce moment précis, ils retiennent chacun leur souffle. Le dernier geste est méticuleux, délicat, inconsciemment ralenti pour entretenir une émotion qu’ils n’éprouvent à aucun autre moment. À observer leurs mains robustes d’hommes, on pourrait presque déceler une certaine fébrilité. À cet instant là, lorsque la feuille de papier se soulève, le graveur et l’imprimeur sont en communion. Ils découvrent avec une joie intérieure, mais ô combien communicative, le fruit d’un travail artisanal patient, exigeant et sans compromis : la gravure sur bois tirée sur presse typographique. Jean-Marie Picard, artiste graveur et Bruno Jacomet, imprimeur d’art, vibrent au même son : celui des machines centenaires qu’ils ont patiemment restaurées pour entretenir un savoirfaire séculaire, celui à qui Daniel Jacomet, grand-père de Bruno, donna ses lettres de noblesse. Prenant en 1910 la suite d’André Marty, éditeur de Toulouse-Lautrec, l’homme imprimera cinquante ans durant, les plus grands artistes de l’art moderne : Picasso, Braque, Miró, Chagall et quelques-uns des plus beaux albums de l’Histoire de l’art comme Les Bleus de Barcelone, Constellations… Le flambeau passera de mains en mains. D’abord au père et à l’oncle de Bruno Jacomet, qui le formeront pendant plusieurs années, avant que ne vienne son tour, en 1986. Depuis, il entretient religieusement le savoir-faire familial, mais y apporte sa propre patte. L’atelier lui doit d’avoir développé l’estampe originale au pochoir. Il a d’ailleurs fait acquérir à cette technique une reconnaissance égale à celle de procédés tels que la lithographie. Héritier d’une technique unique au monde et d’un savoir-faire presque centenaire de reproduction de peintures avec une fidélité inégalée, Bruno Jacomet offre aux artistes contemporains une technique aussi nouvelle qu’ancestrale : le pochoir, dont voici le descriptif du procédé : dans une fine feuille de zinc sont découpées des ouvertures préalablement tracées en fonction du dessin et de la couleur à reproduire. Le pochoir ainsi créé est appliqué sur l’épreuve pour l’impression. Après avoir déterminé la gamme des valeurs pour chaque couleur, l’emplacement et la forme des passages, la mise en couleur est réalisée à l’aide d’une brosse ronde. L’opération sera répétée autant de fois qu’il y a de couleurs. Autant dire beaucoup, puisque l’atelier compte parmi ses amis fidèles, des artistes comme Robert Combas et Hervé Di Rosa, qu’il n’est pas rare de croiser sur place.

La gamme des valeurs Spécialisée dans la gravure sur bois, cette maison édite principalement des œuvres d’art originales, à la façon des maîtres artisans du XVème siècle. Lui, est autodidacte, bien qu’il ait su saisir des occasions rares de se perfectionner aux côtés des plus grands. Jean-Marie Picard exprime avec ses mains ce qu’il ne dit pas avec des mots. Silencieux et animé par la perfection du trait, il règne en lui une part de mystère. Élève de Daniel Dezeuze lors de son apprentissage à l’école d’art de Nîmes, il a acquis au fil de ses vingt années d’expérience, une maîtrise hors pair de la gouge et est passé maître dans l’art de manier ce ciseau de fer, incontournable de la trousse d’un graveur sur bois. Chacune des gravures de Jean-Marie Picard est unique. En aucun cas, il ne s’agit de reproduire une œuvre existante. Seul le dessin original, mis en relief par la technique dite de « la taille d’épargne », est encré. Le bois gravé est simplement placé, ensuite, dans une presse typographique manuelle. L’encre y imprègne alors la feuille avec de légères variations à chaque passage. Chaque tirage est un moment unique et, à chaque fois où la feuille se soulève, se produit une nouvelle découverte. Pour conserver à cet instant une dimension intemporelle, les bois sont marqués et ne peuvent plus être utilisés. Chaque tirage est ensuite signé et numéroté par l’artiste. Chez Dugrip-Picard-Jacomet on est éditeur. Cela signifie, entre autres, qu’on choisit les artistes, comme l’explique Christelle Espinasse, elle-même artiste passée par l’École des Beaux Arts d’Aix-en-Provence, et en charge pour l’atelier de promouvoir ces savoir-faire perpétués. Séduite par l’âme de cette maison sétoise, elle raconte mieux que quiconque l’excellence de cette forme d’art, la rareté de son exécution — c’est le seul atelier demeurant en France — le lien presque intime qui se crée entre l’artiste peintre et le graveur. Pour l’atelier, elle redonne de la valeur au multiple, elle rêve des couleurs et de la légèreté que les artistes plasticiens pourraient offrir aux éditions produites, en opposition, presque, aux Vanités que leur confient en nombre les artistes collaborant avec l’atelier. Sur l’édition et l’imprimerie d’art, elle porte un regard aussi sensible que le geste du graveur ou l’émoi de l’imprimeur. Avec eux, elle forme un trio taillé dans le bois… dont on fait les grands hommes. Xavier Paccagnella

Gravure sur bois — Imprimerie au pochoir — Typographie sarl l’atelier d.p.j. — 1 rue Gabriel-Péri 34200 Sète — +33 (0)9 54 26 41 15 — contact@atelierdpj.com — www.atelierdpj.com — 809 460 850 r. c. s. montpellier

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Philippe Clarenc. Robert Combas HevĂŠ Dirosa Jean Marie Picard

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© Kollektiv Tod

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