Actuel10

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(4) Patricia Sarne (12) Charlotte Massip (22) Jumpei Likami (30) Kayako Konomi (34) Gilles Hebette (40) Martine Souren

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(48) Anne Rolland

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(62) Présence de la peinture en France, 1974 - 2016, focus sur Erik Desmaizière

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(52) Chantal Nemery (58) 10e Biennale internationale d’estampe contemporaine de Trois-Rivières (64) MiniPrint Dreux 2018 (65) La fondation Taylor, en mai, honorait l’estampe

n t Ont collaboré à l’écriture de ce numéro : Patricia Sarne, Anne Cesbron-Fourrier, Charlotte Massip, Kayoko Konomi, Jean-Pierre Lipit, Michel Barzin, Martine Souren, Anne Rolland, J.L.W., A.B., Élisabeth Mathieu, Diane Murez.

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En couverture Patricia Sarne

Entrez dans la danse Molécules d’eau, particules de lumière, fibres végétales… les gravures de Patricia Sarne entretiennent un lien étroit avec les éléments. Gravant le cuivre, son pinceau danse au rythme du monde et nous entraîne dans un cycle perpétuel qui invite à l’unité. Il n’est pas difficile de se laisser flotter et d’épouser le flux et le reflux de la vague qui, du creux à la crête, marque la dualité fondamentale.

Actuel est une émanation du groupe Facebook « Parlons Gravure ».

Œuvre de sillons et de reliefs, la série Aquae Musica joue sur une partition ondoyante de bulles, de reflets et d’écume.

Comité de sélection : Jean-Michel Uyttersprot Catho Hensmans

C’est la vie à l’état liquide qui nous submerge, du blanc le plus pur au bleu lumineux.

Comité de rédaction : Jean-Michel Uyttersprot Pascale De Nève

Inutile de résister… Pascale De Nève

Les estampes en 1er, 2e et 4e de couverture sont de Patricia Sarne Pour toutes informations : magazine.actuel@gmail.com www.actueldelestampe.com

Éditeur responsable : K1l éditions. Imprimé par : Hengen Print & More G.D.L Prix de vente : 20 € N° Issn : 0774-6008

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Patricia Sarne

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Patricia Sarne Vit et travaille en ĂŽle de France. Plasticienne (ESAA DUPERRE, Paris. Section Art mural, 1981) http://www.patriciasarne.com

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AQUAE MUSICA

Livre d’artiste, Gravures originales et montage audio de Patricia Sarne Musique « La Vie » d’Isabelle Olivier, harpe jazz (Island #41, Nocturne)

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13 gravures sous coffret comprenant un CD audio. Éditions Signum, Paris 2015 (Techniques : Eau forte sur cuivre, carborundum sur plexiglas, gravure sur linoléum.) Prix ASA du Livre d’artiste 2016, Salon d’Automne, Paris.

En quête de permanence éphémère, Patricia Sarne explore le mouvement. Ses moyens d’expression évoluent et peuvent être la peinture à l’encre sur papier grand format, la calligraphie chinoise, la gravure et la vidéo. Des performances de « Calligraphie de Danse », en symbiose avec la musique, évoquent son envie d’exprimer l’instant présent. Des papiers découpés lors d’Installations mettent en scène les « Éléments ».

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« Le Temps — son étirement, l’illusion de sa capture au travers des métamorphoses de la Nature — et la Lumière forment l’essence de mon travail. Après une Installation sur le thème des Lumières végétales, prolongeant cette expérience par un livre d’artiste, j’ai découvert la gravure. Je me suis plongée avec passion dans ce monde inversé où, en peintre, je grave le cuivre au pinceau et joue, par le travail des vernis acryliques, avec de subtiles matières.

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La technique du gaufrage par gravure sur linoléum transpose la beauté des ombres mouvantes et me mène vers une présence très épurée de la blancheur. Le livre Aquae Musica est la rencontre artistique et amicale avec la musicienne de jazz Isabelle Olivier, dont les compositions me touchent particulièrement. » Patricia Sarne.

Le livre « Prière à l’Esprit de l’Eau » est une méditation sur le poème de Roselyne Sibille, avec laquelle je partage les ressentis très sensibles des Éléments.

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Charlotte Massip Née en décembre 1971 de parents complémentaires aux cœurs délicieux. Enfance dans des espaces particuliers et accrochée dans la nacelle d’un aéronef. Découvertes et rencontres en milieu livresque dans les rues parisiennes et lors d’escapades avec sac à dos. Liberté d’expression des surréalistes (A. Breton, G.Bataille, G. de Chirico, M. Ernst…) L’élégance des cubistes (G. Braque), un personnage «  accompagnant  » un autre, une écriture « pointant » une autre… des vies pleines et sensibles offertes. Traces et aquarelles : Croq’cafés et Carnets de voyage. Des portes d’école s’ouvrirent, celles de l’École Estienne, celles des Arts Décoratifs de Strasbourg. Elle ramasse, déchire, colle ses trompel’œil, une sorte d’écriture automatique pour s’émerveiller. A 21 ans, elle s’embarque sur un gréement âgé de 180 années pour un autre équilibre : cartes postales. Retour à Paris dans un atelier la porte ouverte, elle plonge des années durant dans l’incision, la morsure et commence ses anatomies : les disséqués.

La trentaine finissant, deux petits garçons lui donnent la main. Émerveillement de jouer à nouveau et devoirs matériels, naïveté s’estompant pour l’autre lucidité « du grandir vrai ». « Il faudrait avoir deux vies : une pour apprendre, l’autre pour faire » lui soufflait sa grande amie Nicole L (qui manque définitivement à ses jours). Construction « d’une maison – port » dans le Gers, sans mer à ses pieds, mais sait-on jamais ! Mais pour sûr, l’espérance en l’imaginaire, la beauté, la liberté qui prend corps : s’aimantant, s’entremêlant et s’alimentant avec vous. «  Il faut porter du chaos en soi pour accoucher d’une étoile qui danse.  » Résonances du Zarathoustra de Nietzsche qui me rassurent. Tant de pages qui m’ont éveillées, recentrées : M. Duras, F. Dostoïevski, G.Steinbeck, M. Boulgakov, A.Laude, F.Pessoa, H.Bellmer, H.Crews, et toutes celles qui m’attendent, partout, car « Tout est dans tout ».

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Morsures du temps Elle souhaitait rédiger un texte sur sa pratique, son parcours, les rencontres qui ont compté. Charlotte Massip a finalement confié sa plume et ses mots à une amie. À deux, elles ont remonté le temps, rouvert les carnets de souvenirs, croisé les illustres du burin, de la pointe, de la presse et des Lettres, les Maîtres de cette néo-bordelaise, graveuse en taille-douce. On questionne l’année nouvelle, ses rendez-vous prévisibles, sa délicieuse part d’inconnu et son lot de résolutions. Charlotte a rendez-vous avec le dessin. C’est décidé, elle va reprendre ses stylos-bille. Elle va coller et peindre peut-être. Charlotte grave depuis l’École supérieure d’imprimerie Estienne. Toute fraîche bachelière qu’elle est, la demoiselle découvre les

plaques de cuivre, les morsures et les incisions. Mais Charlotte regrette le dessin. 1991, direction les Arts déco de Strasbourg et les cours de Claude Lapointe. Charlotte observe ses comparses qui manient la gouache. Laborieuse, elle ne quitte pas ses stylos bic qui l’accompagnent depuis ses plus jeunes années. Flash-back. Quand elle ne vole pas accrochée à l’aéronef familial, la petite Parisienne aux boucles folles dévore les livres d’art et déniche des planches anatomiques chez les bouquinistes. Ses fugues l’emportent dans la ville en mouvements. Un plan de métro en main, elle court les rues, rien n’y est statique, tout est source de création. Ciment et pots de peinture façonnent l’expression de l’adolescente, Tapiès est son premier Maître. Ce tourbillon se heurte à une injonction paternelle. Son architecte de père lui intime l’ordre de dessiner. Elle s’exécute.

En détail Puis un choc : Fred Deux qui la « révèle » et Domenico Gnoli. C’est le temps du détail, de l’hyperréalisme, des feuilles à l’infini « remplies de mailles, de fils et de bouts de ficelle ». Le dessin lui impose une concentration nouvelle, lui offre une respiration, « un état méditatif ». Elle s’assied. Dans les cafés, au théâtre, elle croque. « J’ai l’impression que je regarde, que j’écoute mieux avec mon carnet en main. En dessinant, je m’approche, je touche l’acteur ou le musicien. » Charlotte a 15 ans, elle lit Breton, Bataille et découvre Hans Bellmer.

Après Paris et Strasbourg, la jeune artiste fait escale aux Baléares. Le dessin est son métier, dix années durant. Pieds nus sur le pont d’un vieux gréement, Charlotte honore des commandes. Palmiers majestueux, hôtels grandioses et cathédrale gothique de Palma se couchent au recto de cartes postales. Aujourd’hui encore, la lumière et la chaleur de Majorque accueillent Charlotte lorsque l’envie point.

Corps ouverts Le retour continental est parisien. Un voisin imprimeur se fait connaître. Charlotte grave et vend ses petits formats non loin du canal Saint-Martin, « un encouragement ». Commence le temps des corps incisés, révélés, « mais disséqués ». L’anatomie et les autopsies du savant André Vésale sont convoquées, ainsi que les chairs nues et le geste puissant de Fragonard. L’écriture incisive et sensuelle de Marcel Moreau l’accompagne au plus profond de cette exploration. — Je touche tellement de choses, depuis que ma peau s’en

est allée, que je touche à l’indicible de la genèse. Je touche au vernis du paraître, qui ne dure que ce que durent les illusions, je le craquelle, je le saigne, je le lynche, je le pollue nerveusement de ma chromatique intramusculaire et autres trésors exhumés des fonds de corps liquéfiés d’orgasmes, état résumé ainsi par Michaux : « Connaissance par les gouffres ». — (Extrait. Les disséqués de Charlotte Massip. Marcel Moreau).

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onheur, « honneur », la Casa de Velazquez à Madrid lui ouvre ses portes pour une année en résidence. Rencontres qui comptent de deux imprimeurs : Juan Lara et Julio León. « Ils m’ont apporté des clés pour avancer » — la photogravure est l’une d’entre elles —, eux qui lisent la plaque, la caressent, « pour révéler la vérité. En creux ». Charlotte s’attaque à des grands formats, une série de saintes martyres, grâces baroques. Les corps des Saintes Agueda, Justa, Rufina, Inès, Ursula, Lucia et Margarita, du haut de leur 1,80 mètre, laissent entrevoir organes, os, supplices et monstres dévoreurs d’entrailles. À propos de ces souffrances féminines, l’artiste se livre. Ces intérieurs révélés, torturés racontent le mal, l’incompréhension, la violence qui s’imposent, là même où s’exprimaient le désir et la beauté. Alors la maternité déchire, l’amour ronge et déchire. Alors la plaque est une thérapie, un corps à corps. Avec minutie, dans l’extrême lenteur du détail, mentalement, les mots se posent à mesure que la plaque est rayée, manipulée, que l’acide entre en scène. « Mon paysage, c’est le corps humain ». Et Charlotte de se plonger dans ces tripes, ces noirs et ces ombres. A Bordeaux où le vent l’a portée récemment, Charlotte a fait la

connaissance du graveur Philippe Mohlitz. Elle dit sa fascination pour les dessins à la pointe sèche, les trais burinés de cet orfèvre fantastique, et se souvient de José Hernandez, dont un portrait monstrueux orne un mur du salon. Elle dit aussi qu’elle perçoit une énergie nouvelle et colorée. Charlotte veut dessiner. La peur la tiraille, c’est un défi. Elle rêve d’abstraction et se projette. Plus tard, dans très longtemps, elle s’imagine sans table ni chambre, dehors, aux prises avec une autre échelle, celle de la nature. Les corps des hommes, des femmes s’y exprimeront-ils toujours ? D’autres forces assurément peupleront les paysages de l’artiste. Pour l’heure, Charlotte se prépare à un important rendez-vous. Heureux hasard, c’est aux côtés de Fred Deux que l’on va la retrouver au printemps, en l’abbaye de Beaulieu-en — Rouergue. Pour un hommage à celui qui, rappelons-le, l’a révélée. Anne Cesbron-Fourrier

Du 29 avril au 2 juillet : Fantasque Fantastique. Hommage à Fred Deux. art-beaulieu — rouergue.com

Charlotte Massip a remporté le Prix de la gravure au Salon d’Automne, 2016, Paris

Page 12 : Richard II, eau-forte, vernis mou, photogravure, 2 couleurs - 75 x 75 cm Page 15 : Santa Ursule, eau forte, aquatinte, 150 x 52 cm Lucia, eau forte, aquatinte., 182 x 68 cm Margarita, eau-forte, aquatinte., 165 x 70 cm Page 16 Santa Agueta, eau forte, aquatinte., 157 x 53 cm Santas Justa y Rufina, eau forte, aquatinte., 185 x 68 cm Santa Inès eau forte, aquatinte., 190 x 76 cm Page 18 David, eau forte, aquatinte, 200 x 70 cm David, 200 x 70 cm, matrice en cuivre Page 19 : Étreinte, eau-forte, vernis mou., 164 x 77 cm Pages 20 et 21 : Lady Anne, eau-forte, vernis mou, photogravure, deux couleurs, 60 x 60 cm

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Jumpei Mikami Cours de gravure sur cuivre, Atelier Contrepoint à Paris Cours de maître des beaux arts, Académie royale des beaux-arts d’Anvers (Koninklijke Academie voor Schone Kunsten van Antwerpen) Licence des beaux-arts : obtenue à Académie royale des beaux-arts d’Anvers, Belgiquee

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Page 22 : Le rêve, 12,3 x 10 cm Page 23 : Le Silence, 10.x 15 cm Le Silence II, 10 x 15 cm Pages 24, 25 : Communication, 30 x 42 cm Pages 26, 27 : running, 11.5 x 19 cm Comme des épis II, 10,0 x 14 cm Pages 28, 29 : Ear cap, 9.5 x 12 cm

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Kayoko Konomi

Kayoko Konomi est née à Kyoto, au Japon, le 24 mars 1971 En 1989, elle s’inscrit à la Faculté des Lettres et des Arts de l’Université Kyoritsu Joshi à Tokyo, Japon. Elle y obtient les diplômes de Licence de lettres et d’arts et de Conservateur de musée. De 2008 à 2013, elle suit une formation de graveure à l’Atelier Contrepoint à Paris.

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Les sources des sujets de ma création sont les légendes, les mythologies et les contes. Les histoires dont beaucoup de gens parlent jusqu’à aujourd’hui ont nourri leur imagination. Princesses, princes et dieux dans la mythologie, univers cachés dans la forêt et la mer, villes anciennes qui ont disparu... Ils racontent le mystère du monde et piquent notre sensibilité, c’est pourquoi ils nous attirent tous : enfants et adultes. Libérer les cœurs et ouvrir les ailes de l’imagination. Elle pourra voler haut et loin. Je dessine « Icare » pour le symboliser. L’image d’un garçon qui vise le soleil m’attire beaucoup. Mais mon Icare ne tombera pas. Cela aussi, c’est une imagination libérée qui est inspirée de l’histoire. Mes gravures racontent les récits, mais à travers mon esprit. Ces histoires sont le reflet de nous-mêmes. J’espère que mes créations rappellent la joie de rêver aux spectateurs.

Page 30 : Amytis, 30x40cm, eau-forte Page 30 : Hypnos, 15x15cm, eau-forte, colorisation à la main. Page 31 : As-tu trouvé le nom de la rose ? 15x15cm, eau-forte Page 31 : Le petit chaperon rouge, 20x20 cm, eau-forte Page 32 : Trois troubadours, 30x40 cm, eau-forte. Page 33 : ICARE, l’oiseau du soleil, 30x40 cm, eau-forte Page 33 : Œuf du roi, 10x12 cm, eau-forte

https://www.facebook.com/kayoko.konomi.artiste

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Gilles Hébette Il est apparu un matin à la porte de l’atelier. Il est long et mince presque fragile. J’ai pensé le vent l’emportera. Je n’avais pas remarqué la petite flamme dans son regard. Quand il a ouvert son porte-documents, j’ai compris que je m’étais trompé. Cela se passait il y a quelques années. Le temps de mesurer le chemin. Pas le temps de tirer des conclusions, seulement le temps de regarder en arrière. Gilles Hébette est un graveur-type. Le graveur-type est un artiste qui accepte l’humilité du métier, qui accepte l’injuste classification d’art mineur attribuée aux métiers qui touchent à l’estampe, un artiste qui renonce dès l’entame aux fastes et honneurs dévolus au grand art. Car l’art de la gravure exige de longues heures de tâches obscures à l’abri des regards, replié sur soi et ses pensées, seul, seul, toujours seul. Le graveur-type n’est jamais graveur à part entière. Comme si la responsabilité était trop lourde à porter. Alors le graveur-type est graveur-professeur, graveur-musicien, graveur-médecin, graveur-écrivain, graveur-mécanicien, graveur-cuisinier. Oui, graveur-cuisinier ou cuisinier-graveur. Toutes les actions sont soignées et soigneuses, toutes les opérations sont délicates, précises et parfois décisives. Il faut doser, mesurer, sentir et décider, éviter les effets et les matières inutiles, être juste, ne jamais tomber dans le facile.

Gilles Hébette a un solide bagage littéraire, un passé de voyageur, une famille. C’est un homme complet. Il a peint, il écrit, il grave. Petit à petit, la gravure s’impose comme une nécessité. Il y découvre et la sérénité et l’intransigeance, l’exigence absolue du travail bien fait. Gilles Hébette est un graveur ancré dans la réalité. Son message n’est pas abscons et même s’il ne dédaigne pas l’usage du symbole, il propose des images accessibles, lisibles et donc parlantes. Savant mélange de curiosité qui l’emmène sur des chemins inattendus… et d’audace quand il ose revisiter des figures emblématiques de l’iconographie populaire. Que dire de la rencontre de Pinocchio (qui devient Pino) et de Woody woodpecker (qui devient woody woodcutter). Clin d’œil au graveur sur bois, à la marionnette qui devient homme… et inversement ? Il y a dans ce travail une bonne dose de malice, une vision originale qui reste dans une tradition chère à nos régions, l’expressionnisme, mais un expressionnisme ludique, fantasque et joyeux. Jean-Pïerre Lipit

Page 34 : To Holywood: format: 73,5 x 54cm, année 2017 Paqe 35: Couple, 75,5x43,5cm, Xylogravure, 2015 Page 36 : Woody, 14x20cm, Xylogravure, 2015 Page 37: Woody, 14x20cm, Xylogravure, 2015 Page 38: PIno, 14x20cm, Xylogravure, 2015 Page 39 : 14x20cm, Xylogravure, 2015

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Martine Souren Régime Souren Martine Souren nous impose son régime. Libelle est battu. Du reste Libelle n’imagine que des régimes peureux pour conformistes fragiles, angoissés du galbe arrondi. Non pas ! Chez Martine, le régime est odorat et mouvement. Les parfums sont forts et latins. Les gestes, lascifs et sans fin. Pour ces gestes il faut du rein. De la main. Il faut des sourcils fournis et des lèvres pleines. Du mascara, du bleu à lèvres. De la pâte. Puis de la dentelle au vernis mou pour durcir les fesses. L’important néanmoins, c’est l’abstrait pour la grandeur, l’élan.

Du Liban aux huiles capiteuses, Martine nous envoie aux Indes, aux Bouddhas, à Brahma. À Bruxelles peut-être... En tous cas dans des lieux sonores : la musique est partout présente, épaisse qui coule dans l’encre à travers le fil du bois. Dans les planches de bois à graver ses matrices, Souren pense tache, abstraction, tension, rythme, force et allusion. Les personnages de Martine Souren sont soumis à un régime sensuel strict et sans réserve, de joie douloureuse. Malgré la dictature implacable des odeurs bruyantes et la tendresse de la gouge, l’inatteignable bonheur apparaît, existe et perdure. Quel bon régime. Michel Barzin

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Un bout de moi J’aime le rouge, le noir et le marron du sang séché ; le drame, le tango et le chaud des entrailles. Lorsque je peins ou que je sculpte, c’est une danse de funambule entre ce qui séduit et ce qui perturbe. Parfois je glisse, parfois je tombe, mais l’art qui ne risque rien ne dit rien. Alors je continue à errer et à me tromper. Parfois, c’est le miracle, la grâce, le juste contrepoint : l’intensité, l’humanité s’accordent. Martine Souren

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Depuis toute petite, je crapahute sur les mêmes chemins. Me griffant aux épines pour cueillir les baies, fouinant, filant d’un creux moussu à un trou d’eau. D’autres préfèrent les routes larges. Les sentes caillouteuses me vont mieux. Peut-être que je tourne en rond ? Je reconnais souvent mes propres traces. Je tente d’emprunter d’autres voies, d ’ e x p l o r e r d’autres vallons, mais les mêmes personnages me poursuivent, ma passion du rouge reste vive, il me faut suivre encore cette lisière entre effroi et séduction. A chaque fois que je pose mon crayon sur une feuille vierge, c’est un défi. Je sais pourtant que

voulant faire ceci, il en sortira cela et que malgré moi, en voulant inventer, je ne ferai que redécouvrir. Car je ne peux graver, peindre ou sculpter que l’énergie, la gaieté, la sensualité et l’espoir. Même dans la tragédie, il y a toujours une gourmandise. Quelque chose nous rappelle qu’il vaut mieux être en vie, même dans des situations révoltantes, plutôt qu’inexistant. Martine Souren

www. martinesouren.be

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Page 40 : Parque, gravure sur bois 120 x 50 cm. 2013. Eve, gravure sur bois 120 x 50 cm. 2014. Page 41 : Démarquée, gravure sur bois 120 x 50 cm. 2014. Page 42 : Victoire, gravure sur bois 120 x 50 cm. 2013. Page 43, La Bouchère, gravure sur bois 120 x 50 cm. 2013. Page 44, Isis, gravure sur bois 120 x 50 cm. 2015. Page 45, Beth, bois 50 x 50 cm. 2017. Zoé, bois 50 x 50 cm. 2017. Page 46 et 47 : Héroïnes, Rêve d’installation. Impressions sur acétate. Simulation de montage par Luc Noël.

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ANNE ROLLAND

Lignes et sillons

J’ai passé la plupart de mes vacances aux Baux-de-Provence, dans une maison de famille très mystérieuse que j’ai explorée de fond en comble. Mon grand-père — que je n’ai pas connu — aimait traîner chez les antiquaires et dans les galeries d’art ; ses étagères regorgeaient de livres d’art et d’estampes. C’est grâce à sa collection que j’ai découvert des reproductions de Miro, de Picasso et de tant d’autres. Plus tard, en école d’architecture, parmi les différents cours d’art plastique proposés, j’ai choisi la gravure et, même si nous avons très peu pratiqué, j’ai compris que le geste me correspondait parfaitement. Plus tard encore, je me suis inscrite au cours de Paris-Ateliers et, depuis dix ans, je fréquente l’atelier de Nicolas Sochos. J’ai commencé par la technique de l’eau-forte. À l’origine de mes premières gravures, il y a souvent une photographie, dont je m’éloigne assez rapidement, mais qui me sert de prétexte pour démarrer : sa trame géométrique me donne un cadre pour réfléchir. Étrangement — pour une architecte —, je ne passe pas par le dessin pour composer ma gravure. Je découpe des plaques, je les assemble. Je joue sur un contraste, une matière, un volume, une structure. Ma démarche est plus proche de la sculpture. Les morsures de l’acide font le reste : certaines produisent l’effet escompté, d’autres pas, ou alors trop. Auquel cas, il me faut gratter ma plaque, la polir, l’écraser pour revenir en arrière ou prendre un autre chemin. J’aime beaucoup ces accidents qui m’obligent à rebondir. Je les attends. Ils encouragent l’improvisation. L’année dernière, je me suis mise à la linogravure, et alors que je réalisais à peine trois eaux-fortes par an, j’ai achevé une douzaine de linogravures en quelques mois. J’ai découvert une tout autre échelle du temps et, plus encore, un autre monde. Son exploration m’échappe en grande partie : je ne m’attendais ni à cette effervescence ni à ce résultat. Mes linogravures sont en effet plus figuratives ; on peut y reconnaître des paysages — en l’occurrence, ceux des Baux-de-Provence, une nature aride et contrastée, construite par strates successives, qui me permet de travailler la ligne. Ma démarche a également changé. Je suis amenée à tout penser en amont. Et si je continue de partir d’une photographie, le dessin est revenu en force dans mon travail préparatoire. Je passe beaucoup de temps à dessiner une trame, à définir des zones de contraste et à faire des reports de cadres. L’exécution, elle, est très rapide. Je n’utilise qu’une seule gouge. Cette économie de moyen me conduit droit à l’essentiel. Quand je creuse, je creuse. Il n’y a pas de tâtonnements, de rebonds ou d’accidents possibles. Le geste est définitif. Anne Rolland

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Mon parcours d’architecte a toujours été accompagné d’une pratique de la gravure ou du design. L’on pourrait penser que ces domaines sont éloignés les uns des autres. Tel n’est pourtant pas le cas pour moi. Le temps nécessaire à l’apprentissage d’un geste, la recherche d’une réponse juste à une problématique donnée ou encore la bonne compréhension des savoir-faire sont autant de questionnements partagés par ces différentes disciplines. Anne Rolland

Page 48 : SANS TITRE, eau forte, morsure ouverte, dimension plaque 30X40cm, 2016. Page 49 : extrait de NATURE, linogravure, dimension plaque 29X51 cm, dimension papier 39X61 cm, 2015. Pages 50 : SANS TITRE, eau-forte, aquatinte, morsure ouverte, dimension plaque 20X30cm, dimension papier 40X50cm, 2015. page 51 : FAILLE II, linogravure, dimension plaque 29X29 cm, dimension papier 35x35 cm, 2016. Page 51 : FAILLE II, linogravure, dimension plaque : 29X29 cm, dimension papier : 35 X35 cm, 2016. FAILLE III, linogravure, dimension plaque 29Xcm, dimension papier 35 cm x 35 cm, 2016.

http://anne-rolland-estampe. ultra-book.com/accueil

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Chantal Némery « Ses gravures se veulent, à l’eau pure, un hommage. Jaillissant de la terre ou tombant des nuages, Cette source de vie crée tant de paysages : De torrents aux rivages, elle imprime son passage » (A.B.)

Chantal Némery vit et travaille à Bruxelles. Sa passion pour l’expression graphique s’est épanouie dans le cadre professionnel du design et de l’art moderne. En 1996, elle entame ses recherches plastiques personnelles, suit les cours et obtient les diplômes de gravure à l’Académie Constantin Meunier d’Etterbeek, et de lithographie à l’Académie de Woluwe-Saint-Pierre. Les nuages et les grands espaces sont ses principales sources d’inspiration. Elle participe régulièrement à diverses expositions et ateliers, essentiellement en Belgique et en France.

Reflet du Grand Nord, 38x50 cm, aquatinte, 2006. Savoca, 50x32 cm, eau-forte et aquatinte sur chine collé, 2014. Sirius, 49x40 cm, aquatinte, 2007.

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“ Ses compositions reflètent son goût des grands espaces, des voyages, de la mer et des ciels nuageux. L’abstraction l’attire, mais, comme Matisse, se départir du réel lui semble excessif. La gravure est pour elle “un vrai travail pour soi”, qui la calme, l’ouvre et la libère.”

(J.L.W.)

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“Chantal Némery est une graveuse dont les œuvres poétiques et intérieures font rêver et voyager. De par la technique et le style, qui ne sont pas sans rappeler les estampes japonaises et les dessins chinois. De par ses deux sujets de prédilection aussi, la nature et si chers à Baudelaire, « les nuages... les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages !”.” (A.B.)

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10e Biennale internationale d’estampe contemporaine de Trois-Rivières

10e Biennale internationale d’estampe contemporaine de Trois-Rivières Du 18 juin au 10 septembre 2017 Célébrer l’imaginaire ! La Biennale internationale d’estampe contemporaine de Trois-Rivières (BIECTR) fête ses vingt ans de diffusion de l’estampe contemporaine cette année. Véritable observatoire national et international, la biennale a acquis au fil du temps une reconnaissance certaine auprès d’artistes du Québec, du Canada et d’une soixantaine de pays dans le monde. Voilà maintenant 20 ans que les différentes équipes de la BIECTR mettent tous les efforts nécessaires pour présenter aux deux ans l’un des plus grands événements dédiés à l’estampe contemporaine en Amérique du Nord, reconnu internationalement. Bien implantée dans un milieu culturel fertile, la BIECTR peut compter cette année sur le solide appui de nombreux partenaires québécois et canadiens pour offrir au public, dans le cadre de sa 10e édition, un circuit unique permettant de découvrir divers lieux d’exposition et d’activités. À ces assises nécessaires s’ajoutent cette fois des échanges et des projets avec d’autres diffuseurs et artistes professionnels de Montréal et de Bruxelles. Les artisans de cet événement souhaitent ainsi continuer à promouvoir l’excellence en estampe contemporaine et l’émergence de la relève, favoriser les échanges avec d’autres pays et faire connaître l’art d’impression à de nouveaux publics. La renommée de la Biennale passe aussi par la qualité et le professionnalisme de son jury dont les cinq membres sont renouvelés à chaque édition. Sous ma présidence, le jury de la 10e édition composé de Marjolaine Bourgeois (artiste de Moncton), Paul Brunet, artiste et directeur adjoint à la Galerie Lacerte art contemporain (Québec), de Jo Ann Lanneville, artiste et membre de notre CA (Trois-Rivières), de Mario Laplante, artiste et professeur au State University of San Francisco et Paule Mainguy, imprimeur à l’Atelier Circulaire (Montréal), a sélectionné parmi 420 dossiers, 51 corpus d’artistes provenant de 19 pays. La tâche s’est faite avec rigueur, beaucoup d’écoute et de respect dans une atmosphère des plus conviviales. Ces cinq jurés connus du milieu de la pratique, de l’édition et de la diffusion de l’art contemporain, se sont laissés émouvoir par des œuvres aux influences diverses, qui les ont obligés à faire des différentes lectures et fréquenter des émotions multiples. Ils ont réuni des productions qui

s’imprègnent de la vie sous tous les angles, parfois avec poésie, parfois avec indignation, des fois avec humour, mais toujours avec authenticité. Les artistes sélectionnés traitent de sujets variés que Jo Ann Lanneville et moi avons regroupés sous sept thèmes que le public peut découvrir dans le catalogue et pendant sa visite des 4 lieux d’exposition. De cet exercice mené par les membres du jury ont émergé les thèmes qui suivent : Territoire ; Matière ; Indignation ; Fable contemporaine ; Géométrie variable/forme hybride ; Portrait ; Le geste/esthétique du vide et du plein. Pour cette édition anniversaire, le poète Guy Marchamps a accepté de présenter sous forme de poème les sept groupes d’artistes sélectionnés par le jury. Les visiteurs sont invités à découvrir ces courts textes poétiques en parcourant ce catalogue et les quatre lieux d’exposition. Cette contribution vient renforcer le titre de Capitale de la poésie et de l’estampe contemporaine de Trois-Rivières. Cette année encore 6 prix sont décernés à des artistes de la 10e édition pour la qualité de leurs œuvres : le Grand Prix de la BIECTR, le Prix Desjardins, le Prix Télé-Québec, le Prix Invitation Presse Papier, le Prix du public Prix Société Immobilière Duguay, le Prix Atelier-Galerie A. Piroir et trois mentions honorables. L’artiste lauréate du Grand Prix de la 10e BIECTR, Sabine Delahaut aime raconter des histoires à partir de personnages imaginés, élément par élément. Elle aime jouer sur l’antagonisme entre la nature domptée, pliée aux caprices de l’homme et la nature sauvage, instinctive, impulsive, toujours latente... Elle explore dans cette série qu’elle présente, notre part d’animalité, les jeux et les représentations du corps, entre autres. Elle travaille le burin et la taille-douce avec sensibilité et adresse. L’artiste originaire de la Begique vit maintenant en France. En ce 20e anniversaire, ce qui importe prend forme dans la qualité et l’originalité des œuvres présentées et dans les activités festives de cette 10e édition qui témoigne de la capacité phénoménale de l’estampe à inventer l’avenir. Élisabeth Mathieu Présidente du conseil d’administration et directrice artistique Biennale internationale d’estampe contemporaine de TroisRivières

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Page 58 : Sabine Delahaut (France) (Grand Prix de la 10e BIECTR) Ainsi font, Burin, roulette, pointe-sèche, 60 x 50 cm, 2015, crédit photo : © Sabine Delahaut Page 60 : Jean Dibble (États-Unis), Virginia, 2013, Intaglio, impression numérique, 90 x 60 cm, crédit photo : © Jean A. Dibble Page 61 : Sarah Galarneau, Québec, Canada, Floris, Linogravure, 2016 (Orix Télé-Québec) Roger Dewint : La vitre brisée, eau-forte, 56 x 76 cm, 2015, photo : Julie Gascon. Wuon-Gean Ho (Royaume-Uni) (Prix Invitation Presse Papier), Orchis Six, linogravure, 32.5 x 98 cm 2015. (Prix Invitation Presse Papier). Sohee KIM, Merry-go-round, Eau-forte et Chinecollé, 2015.

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Présence de la peinture en France, 1974 - 2016

Focus sur Erik Desmaizière À l’initiative de Marc Fumaroli, avec le parrainage de Jean Clair, Florence Berthout, Maire du 5e arrondissement, est heureuse d’accueillir, du 28 septembre au 30 octobre, l’exposition consacrée à dix artistes mettant à l’honneur la peinture, la gravure et la sculpture : André Boubounelle, Érik Desmazières, Gérard Diaz, Philippe Garel, Denis Prieur, Gilles Seguela, Sam Szafran, Ivan Theimer, Jean-Pierre Velly, Pascal Vinardel. L’exposition « Présence de la peinture en France, 1974 - 2016 » est née d’un amour vrai pour l’art et de la joie que l’on trouve à fréquenter les œuvres d’artistes féconds. La France en a vu apparaître dans les dernières décennies, mais dans une relative discrétion. Si quelques galeristes parisiens au regard aiguisé, des critiques et des collectionneurs attentifs ne les ont pas ignorés, le grand public n’a pas eu cette chance. Le souhait de Marc Fumaroli a été de réunir quelques-unes des plus belles de leurs œuvres en un lieu unique, afin de les rendre enfin

accessibles au public, invité à cette occasion à les contempler, à entendre leurs commentateurs et à rencontrer les artistes eux-mêmes. C’est dans ce cadre que plusieurs entretiens se dérouleront lors de l’exposition, entre un peintre et un écrivain, un musicien ou encore un critique d’art… La sélection des 30 œuvres présentées a été constituée avec le désir de montrer des pièces majeures qui rayonnent par leur beauté. Elles prennent place dans l’histoire de l’art, dans la suite des meilleures œuvres du passé et dans l’attente de celles du futur. Elles sauront toucher les yeux amateurs comme ceux des avertis, inviter le spectateur à s’arrêter et à entrer dans l’univers de la Colline à Volterra de Boubounelle, de Luigi de Velly, des Portes du fleuve de Vinardel, des Deux coings de Seguela, de la Tête de Méduse de Theimer…

L’œuvre de graveur d’Érik Desmazières est célèbre depuis les années 1979 par sa dimension onirique, en particulier ses perspectives fantastiques servies par une virtuosité technique exceptionnelle. La frontière entre la réalité et l’imaginaire tend à s’estomper dans son œuvre, qui dépasse la simple transcription minutieuse du réel, s’inscrivant ainsi dans la filiation de grands artistes visionnaires tels Piranèse ou Meryon. Anne-Marie Garcia Olivier Rolin Céline Chicha-Castex, Extrait de l’introduction Erik Desmazières - Voyage au centre de la bibliothèque, Hazan, 2012 Virtuose du dessin, graveur méticuleux, créateur d’images

vertigineuses, iconographe entre autres de Borges, Érik Desmazières est une figure atypique de l’art actuel autant par ses techniques, eau-forte et aquatinte, que par les thèmes et les sources qu’il privilégie. Le monde mystérieux d’Érik Desmazières est habité tour à tour de scènes d’intérieur désertées par leurs habitants, de planches naturalistes détaillant crabes et coquillages dans l’esprit des anciens cabinets de curiosités, de machines volantes dignes de Léonard de Vinci, de passages parisiens anamorphosés ou bien d’architectures foisonnantes où s’affirme la postérité d’un Jérôme Bosch ou d’un Piranèse.

É

rik Desmazières est né à Rabat, en 1948. Après une enfance et une adolescence itinérantes passées entre le Maroc, la France et le Portugal, il entre à l’Institut d’Études Politiques de Paris. L’année de son diplôme, en 1971, il décide d’entreprendre une carrière artistique. Ayant toujours dessiné depuis l’enfance, il suit les cours du soir de la Ville de Paris, étudiant le dessin et la gravure avec Jean Delpech.

aux États-Unis et au Japon, dont les rétrospectives au Musée de la Maison de Rembrandt d’Amsterdam en 2004, au Musée Carnavalet en 2006, au Musée Jenish de Vevey en 2007. Ses œuvres sont présentes dans les collections de la Bibliothèque Nationale de France, du Rijksmuseum, du British Museum, du Metropolitan Museum, du Brooklyn Museum et de la New York Public Library.

En 1972, il choisit la gravure pour métier et principal moyen d’expression, encouragé par le graveur Philippe Mohlitz et le galeriste new-yorkais Andrew Fitch, qui entreprend aujourd’hui la publication de son œuvre gravée. La reconnaissance du secteur artistique est rapide pour Érik Desmazières, qui reçoit dès1978 le Grand Prix des Arts de la Ville de Paris. Son œuvre comprend, après quarante ans d’activité, plus de deux cents planches. De nombreuses expositions personnelles de ses œuvres ont lieu en Europe, Mairie du 5e arrondissement, 21 place du Panthéon - 75005 Paris du lundi au samedi, de 10 h à 18 h.

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Atelier René Tazé, V, 1993.

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Graver Maintenant organise en partenariat avec la ville de Dreux un concours d’estampes de petit format.

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Graver Maintenant organise en partenariat avec la ville de Dreux un concours d’estampes de petit format dont le thème sera : Racine(s) Tous les artistes qui voudraient participer à cet événement peuvent trouver le règlement complet et s’inscrire grâce au formulaire mis à leur disposition sur le site : http://www. gravermaintenant.com à partir du 15 septembre 2017. Les artistes, sans limites d’âge ou de nationalité, peuvent proposer jusqu’à 2 estampes (réalisées depuis 2015) sur un format papier imposé de 20x25 cm. Toutes les techniques de l’estampe sont acceptées. Clôture des inscriptions le 31 janvier 2018. Les estampes sélectionnées seront exposées du 7 avril 2018 au 17 juin 2018 à la Chapelle de l’Hôtel Dieu à Dreux (France).


En mai, la fondation Taylor honorait l’estampe et présentait deux expositions. Pointe et Burin 60 ans de gravure, en France. 1956-2017 L’association Pointe et Burin fondée en 1956 sur les conseils d’Edouard Goerg par Camille Quesneville, tailledoucier imprimeur, est destinée « à faire découvrir au public de jeunes graveurs talentueux non encore reconnus ». Pointe et Burin a organisé depuis sa création une soixantaine d’expositions auxquelles ont pris part des artistes de renom, dont Edouard GOERG, André DUNOYER de SEGONZAC, Kiyoshi HASEGAWA, Mario AVATI, Michel CIRY,

Un catalogue retraçant l’ensemble de l’exposition a été publié. Comme chaque année, Pointe et Burin éditera 2 gravures pour les amateurs qui seront réalisées par Alexandre BALDO et Isabelle PANAUD FONDATIONTAYLOR 1 RUE LA BRUYÈRE 75009 PARIS —01 48 75 85 24 — www taylor.fr Les expositions et manifestations organisées à la Fondation Taylor sont en libre accès Pour toute documentation complémentaire, contacter : Isabelle Hostein — isabelle@taylor.fr

Albert DECARIS, Claude WEISBUCH, Erik DESMAZIERES... Leur soutien a contribué à la renommée de l’Association. Témoin de la qualité et du dynamisme de la gravure jusqu’à aujourd’hui, leurs œuvres ont rythmé l’exposition des quelque 120 planches de souscription éditées par Pointe et Burin. Ce sont ainsi plus de 80 artistes qui étaient présentés à cette occasion.

D’autre part, étaient présents dans l’atelier les finalistes du Prix Gravix « qui a pour objet d’encourager la gravure et l’estampe contemporaine, en faire connaître les différentes techniques et soutenir de jeunes artistes » Marie Belorgey — Ariane Fruit — Benjamin Guyet — Pauline K. Muriel Moreau — Chelsea Mortenson — Lucile Piketty — Étienne Ppttier Blandine De La Taille — Wang Suo Yuan

Page 67:Desmazières Ciry Dunoyer de Segonzac Hasegawa.

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Tarifs 2017 Abonnement, un an /4 numéros, deux Hors Série

Abonnement, 4 Tirages deTête (revue+gravure, dans un emboitage), un Hors Série Gratuit,

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