Hommes bleus du désert malien

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K r z y s z t o f hommes

bleus du dĂŠsert

malien

Tu m a n o w i c z


Design graphique : Jean-Pierre Croquet


U N E E X P O S I T I O N P R É S E N T É E PA R

Tatiana Parniakova, commissaire



HOMMES BLEUS DU DÉSERT MALIEN ÉLEVEURS ET CULTIVATEURS D’AUJOURD’HUI Krzysztof Tumanowicz

Au mois de mai, il ne reste plus rien des pâturages pour les animaux.

Retour du marché à Duékiré avec une chèvre achetée.


J’ai réalisé quatre séjours au Mali. J’y suis allé la première fois en 1987, avec Vétérinaires Sans Frontières (France), je suis resté deux ans dans le nord du pays. Même si je venais dans la région en tant que médecin vétérinaire, mon travail était tout autre. Je devais agir comme architecte, agronome, médecin familial, menuisier, maçon et formateur, le but étant de tout mettre en place pour soutenir l’élevage des animaux, la seule ressource de survie de la population. Mes trois séjours successifs, d’un mois chacun, ont eu lieu en 1999, en 2001 et en décembre/janvier 2004/2005. Ces trois séjours ont porté sur des mini projets que j’avais montés moi-même pour un groupe de Touaregs que j’avais connu et dont j’avais beaucoup apprécié le travail lors de mon premier séjour au Mali. Ainsi, je décidais de revenir, dix ans plus tard, pour les aider de nouveau. J’ai choisi d’aider le groupe de Hamahadi, car sa population me paraissait plus consciencieuse et plus travailleuse que celles des autres campements avec lesquelles j’avais travaillé à la régénération des pâturages. Je souhaitais, bien entendu, les retrouver tels que je les avais laissés en 1989. Mais, en dix ans, ils avaient changé. Il y avait eu une guerre qui les a épuisés et ils avaient tous vieilli. Les enfants étaient devenus adultes et s’étaient mariés ou établis ailleurs. Leur environnement, lui, était resté le même, mais j’avais l’impression que leurs conditions de vie s’étaient légèrement améliorées. Mon Hamahadi possédait plus d’animaux et la tente sous laquelle il vivait était en tissu et non plus en natte. Il s’occupait toujours de ses animaux, mais un petit jardin de tomates et d’aubergines était apparu au bord du canal, le long duquel il exploitait depuis toujours une bourgoutière pour nourrir ses animaux. Chaque année, le long de ce canal, il plantait aussi des eucalyptus qui, par ironie du sort, disparaissaient aussitôt.


Dans le campement, au petit matin, le petit fils de Hamahadi surveille les chèvres.


Sœur du piroguier qui transportait les gens de l’autre côté du canal, dans une baignoire en tôle galvanisée qui coulait. Sa sœur cuisinait pour lui une fois par jour, le riz avec la sauce.


Haribanda, un village des Bellah de l’autre côté du canal. Ils cultivent le riz, l’oignon et la tomate.

Piste à travers les champs de cram-cram (Cenchrus bifolia) une graminée sauvage et excellent fourrage pour les animaux durant la saison de pluies.

Hamahadi, le chef, devant ses chèvres et celles de ses frères et cousins de Tombouctou dont il prend soin.


En travaillant avec eux, je les observe et je les photographie pour saisir leur état d’âme et l’expression de cette différence entre les civilisations dans lesquelles eux et moi avons évolués et évoluerons. Je ne suis plus un étranger, mais un membre de leur famille. Je compare nos références morales et nos agissements qui sont le reflet de nos bagages et les empreintes de nos religions respectives si différentes. Je les photographie aussi pour saisir cette beauté que représente pour moi leur lien avec la nature, qui est plus fort et plus intime que le mien - cette association - et leur dépendance aux animaux qu’ils élèvent qui sont, en fait, leur unique ressource pour pouvoir vivre.

Dromadaire, le meilleur véhicule pour se déplacer même dans une tempête de sable.



Jeune berger d’un troupeau de chèvres et de moutons de passage dans la région se réchauffe devant un feu après une nuit froide en décembre.


Jeune berger couvert de poussière après une longue route, arrive à Gargando, un village perdu dans les sables.

Fille Touareg et sa chèvre nourricière dans un petit campement où vit une seule famille.

La civilisation technique, tranquillement, s’infiltre et rattrape tout le monde. Le fils d’Hamahadi n’y échappe plus. Il porte maintenant une veste kaki, une montre à piles et garde un condom dans sa poche, qu’il montre fièrement, en ajoutant : «On ne sait jamais!» Il a vendu un dromadaire pour acheter un fusil et se promène souvent pour chasser des petits lièvres. Mais il est loin de se séparer de ses animaux, de se chercher une autre profession, ou de devenir cultivateur. Il est difficile de cultiver, dans la région, autre chose que du riz durant les quelques mois avant que l’eau de la crue ne disparaisse.

Je me suis habitué à voir des sandales en plastique aux pieds des Touaregs, des gourdes d’eau faites avec les chambres à air des roues des camions, à voir apparaître les couvertures synthétiques fabriquées en Chine sous toutes les tentes et les cuvettes en plastique pour manger le riz-sauce. Il ne me surprend plus de voir dans le désert un chamelier avec, dans sa main, une mini radio pour écouter les annonces nécrologiques en provenance de Bamako. La belle piste entre Tombouctou et Goundam a été nivelée et couverte de gravier rouge ; le transport est devenu moins aléatoire que jadis. Mais, je me demande, jusqu’où ira la civilisation technique dans cette région aride où seul l’élevage extensif est possible ? Quelle forme prendra-t-elle ?

Krzysztof Tumanowicz


Mahmour, habite dans un campement voisin. Il passait chez moi pour prendre du thé, en route vers le marché de Duékiré, un petit village à deux heures de chameau.

Resto du coin dans un cartier de Bamako. On y vend la viande de bœuf, grillée et fumée sur un foyer de fortune, durant des heures. Excellente au goût elle est toujours servie et vendue sur du papier de vieux sacs de ciment faite de plusieurs couches.

On fera avec tous cela des gris-gris amulettes, porte-bonheur ou malheur.


Le retour joyeux après une journée passée au marché en ville de Diré.


Marigot de Goundam, un canal remplie d’eau pendant six mois à peine. On y boit et se lave, on prend de l’eau pour les jardins et pour cultiver du riz.

Gargando, un petit village sur les dunes, traversé par une piste mais sans avenir.

On transporte chaque jour de l’eau du canal pour les besoins du campement éloigné à trois kilomètres ; c’est le travail de Winnie.


Une fille maure de Goundam et son cabri dont elle prend soins.


K r z y s z t o f hommes

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NOUS REMERCIONS : LA FACE CACHÉE DE LA POMME, LE MARCHÉ DES SAVEURS DU QUÉBEC LA PÂTISSERIE WAWEL UNIBROUE ALIMENTS TOKA FOODS POUR LEUR CONTRIBUTION AU LANCEMENT DE L’EXPOSITION

www.repor ters.qc.ca Krzysztof Tumanowicz : projetmali@hotmail.com


Photographe et homme de science, Krzysztof Tumanowicz découvre le Mali en 1987 au cours d’une mission pour Vétérinaires Sans Frontières, à Goundam, une petite ville à 100 km de Tombouctou. Originaire de Pologne, Krzysztof Tumanowicz fait une spécialisation tropicale à l’Institut de l’élevage et de médecine vétérinaire des pays tropicaux (I.E.M.V.T.) à Paris. De 1978 à 1985, il est professeur de médecine vétérinaire à l’Université de Constantine en Algérie. Arrivé au Québec en 1989, il enseigne à la faculté de médecine vétérinaire de Saint-Hyacinthe. Réhydratation d’un cabri malade

Depuis 1992, il travaille pour le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec. Krzysztof Tumanowicz est très impliqué dans les secteurs de la santé animale et œuvre depuis quatre ans pour les entreprises exportatrices à la Direction du développement des marchés. Docteur Tumanowicz est un humanitaire de l’ombre. De ses voyages, il rapporte des images de l’homme et de l’animal qui le nourrit et parfois de troublants portraits pris au fin fond du désert malien. Conférencier, il s’adresse aux jeunes : il leur parle du Mali, des Inuits, des Cris, de la persévérance...

Traitement vermifuge des vaches Zébu


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