Montréal vue par 30 grands reporters

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Montreal M É Tm e Rt r O o p oPl i sO L E VUE PAR 30 GRANDS REPORTERS Photographed by 30 photojournalists

Éditions


Montréal Métropole Montreal Métropolis



Concept éditorial / Editorial Concept Jean-Eudes Schurr et Daniel Staquet Direction artistique et création graphique / Artistic Director Jean-Pierre Croquet Directrice de collection / Executive Producer Louise Larivière Traduction du français à l’anglais / Translation from the French to English Gordon Martin et Louise Larivière Traduction de l’anglais au français / Translation from the English to French Annick Duchatel Révision des textes / Language Editors Annick Duchatel, Philip Préville Corrections linguistiques / Copy Editing Chantal Tellier, Siobhan O’Connor Tous les droits réservés / All rights reserved Imprimé au Canada / Printed in Canada Photos de couverture / Cover photos Michel Baret Jean-Christian Bourcart Gunther Gamper Laurent Giraudou

Gilles Mingasson Andy Hall Patrice Halley Louise Oligny

William Stevens Brent Stirton Peter Turnley

Photo dernière page de couverture / Back cover photo Patrick Artinian

ÉDITIONS AUX YEUX DU MONDE C.P. 48721 CSP Outremont Outremont, Québec H2V 4T9 Téléphone / Telephone: (514) 235-6695 Télécopieur / Fax: (514) 941-1131 Courriel / Email: reporters @ videotron.ca Dépôt légal: 1er trimestre 2000 Bibliothèque nationale du Québec / Bibliothèque nationale du Canada Montréal Métropole vue par 30 grands reporters Montreal Metropolis photographed by 30 photojournalists © 2000, Éditions Aux Yeux du Monde ISBN 2-9806634-0-9 Montréal métropole vue par 30 grands reporters version prestige ISBN 2-9806634-1-7

Données de catalogue avant publication (Canada) Vedette principale au titre : Montréal métropole: vue par 30 grands reporters = Montreal metropolis: photographed by 30 reporters (Aux yeux du monde) Texte en français et en anglais ISBN 2-9806634-0-9 1.Montréal(Québec) - Ouvrages illustrés. 2.Montréal, Région de (Québec)Ouvrages illustrés. I Schurr, Jean-Eudes. II Staquet, Daniel. III Larivière, Louise. Titre: Montréal métropole. V.Collection FC2947.37.M623 2000 971.4’28’00222 C00-940256-XF F1054.5.M843M623 2000

Canadian Cataloguing in Publication Data Main entry under title: Montréal métropole: vue par 30 grands reporters = Montreal metropolis: photophotographed by 30 reportersgraphed by 30 reporters (Aux yeux du monde) Text in French and English ISBN 2-9806634-0-9 1.Montréal (Québec) - Picturial works. 2.Montréal Region (Quebec) - Pictorial works. ISchurr, Jean-Eudes. II Staquet, Daniel. III Larivière, Louise. IV. Title : Montreal metropolis. V.Series FC2947.37.M623 2000 971.4’28’00222 C00-940256-XF F1054.5.M843M623 2000 Sommaire: © Ralph Nykvist, Brent Stirton, Andy Hall et Marc Tomalty

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Summary

Sommaire

3 P ROLOGUE Prologue 33 D ESTINATION M ONTRÉAL Destination Montreal

Patrick Francès

18 L A MÉTROPOLE EUROPÉENNE D ’A MÉRIQUE America’s European metropolis Véronique Dassas 32 L E SPORT, OBJET DE CULTE Sports versus religion

Alain Gerbier

46 L E TRAVAIL Men at work

Alain Gerbier

62 PAR PONTS ET BANLIEUES Urban island, urbane suburbs

Stéphane Batigne

74 G ALERIE Galler y 84 K AHNAWAKE , COMMUNAUTÉ MOHAWK Mohawks from Kahnawake

Kenneth Deer

94 L ES « ANGLOS » The anglophone community

Arabella Bowen

109 C ULTURE D ’ ÉTÉ , CULTURE D ’ HIVER Summer culture, winter culture

Odile Tremblay

120 L A VILLE EN MARGE Montreal at the margins

Olga Duhamel

134 E XTÉRIEUR NUIT DANS LA After dark in the city

Yves Schaëffner

146 L A JEUNESSE A new generation 158 L’Œ IL , L’ ÉVÉNEMENT... Eyes on the event... 162 R EMERCIEMENTS Acknowledgements 163 C ARTE Map

VILLE

La mère de Tom


© Ralph Nykvist


Le 8 septembre 1999, un débarquement a lieu. La «métropole européenne d’Amérique», Montréal, tombe sous le feu de photo-reporters qui la mitraillent pendant trois jours. La ville ne sera plus jamais la même après leur passage.

On September 8, 1999, an invasion took place. For three consecutive days, N o r t h A m e r i c a’s “ E u r o p e a n Metropolis” was exposed to the unremitting shots and flashes of photojournalists. The city would never be seen in the same way again. © Benoît Gysembergh

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heures hours 30 photo-reporters photojournalists

Une ville en septembre A city in September 30 000 clichĂŠs shots

>Un dĂŠfi A challenge < Peinture de ville Portrait of a city 11 auteurs writers Une mĂŠtropole se raconte A city tells its stor y 11 000 mots words

>Un livre a book <

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Destination MONTRÉAL Mieux qu’une belle ville, une vraie ville «MONTRÉAL N’EST PAS UNE BELLE VILLE.»

Sous la plume d’un «maudit Français», pareille affirmation, compte tenu de la susceptibilité locale, ferait grincer des dents et soulèverait une belle tempête sur le Saint-Laurent qui, lui, est, sans l’ombre d’un doute, un grand et très beau fleuve. Sous la plume d’un journaliste du cru, Gil Courtemanche, auteur d’un album à la gloire du Québec1, ce jugement devrait être mieux accepté, corroboré d’ailleurs par le regard d’un autre journaliste, Jean Barbe, qui évoque «une ville qui ne flamboie pas» et «n’offre rien de saisissant»2.

Better than a beautiful city, a real city “MONTREAL IS NOT A BEAUTIFUL CITY.”

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f written by a “damn Frenchman,” such an assertion would be sure to offend local sensibilities, set teeth to grinding and whip up quite a storm on the St. Lawrence – which is, one must concede, a major and very beautiful river. But coming from the pen of local journalist Gil Courtemanche, author of a lavishly illustrated book singing the praises of Quebec,1 this opinion should be easier to swallow. It is, moreover, corroborated by the perspective of another Quebec journalist, Jean Barbe, who writes of “a city that does not dazzle,” a place “with no striking features.”2 Centre-ville Downtown © Michel Baret

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Page précédente: aéroport de Dorval, heure locale Dorval Airport, local time © Patrice Halley

En bas, à droite: à table, rue Saint-Denis Bottom right: dining out on St-Denis Street

Venant d’observateurs locaux, ce singulier constat dédouane le visiteur étranger qui, découvrant Montréal pour la première fois, ne voit là rien qui, de prime abord, hormis une floraison de petites maisons de brique flanquées d’escaliers métalliques, tranche sur le classique schéma urbain nord-américain: une succession monotone de banlieues sans fin, le flux et le reflux d’automobiles qui, à heures fixes, saturent le maillage serré des autoroutes. Et comme point de convergence, un centre-ville en damier, tracé au cordeau et planté de la traditionnelle, mais ici fort modeste, poignée de gratte-ciel, édifices emblématiques d’un Nouveau Monde qui, sur les bords du Saint-Laurent, fut d’abord la NouvelleFrance. Montréal, ville française, certes, mais d’abord et surtout, nordaméricaine. De la naissance de l’Amérique, Montréal garde en héritage ce pragmatisme indifférent au passé et à l’esthétisme. D’où ce développement urbain anarchique dicté par la seule loi économique et favorisé par un espace sans limites. Ainsi la ville s’est-elle évadée rapidement de l’île qui l’avait accueillie pour se muer en une boulimique métropole qui, aujourd’hui, urbanise l’horizon à des kilomètres à la ronde. L’ogre urbain (la moitié de la population du Québec!), après s’être nourri de l’exode rural, continue d’aimanter ceux qui, de par le monde, croient toujours au rêve américain. Une immigration qui a singulièrement modifié le visage d’une ville longtemps figée dans la cohabitation, tantôt stérile tantôt stimulante, de francophones majoritaires mais en quête de pouvoirs et d’anglophones minoritaires sans complexes retranchés dans des bastions très british – hier le Golden Square Mile et ses fastueuses résidences victoriennes, aujourd’hui le huppé Westmount.

© Peter Turnley

L’écluse du Vieux-Port Locks at the Old Port © Laurent Giraudou

Coming as they do from knowledgeable locals, these peculiar observations provide a measure of freedom to visitors who, exploring Montreal for the first time, see nothing that departs in any significant way from the standard North American urban landscape. Other than a unique profusion of small brick houses flanked by metal staircases, one sees only an endless series of uniform suburbs and the to and fro of cars. At the same hours every day, traffic clogs the tight grid of highways that converge upon a downtown laid out like a checkerboard, outlined with electrical wires and studded with the traditional – but in this case modest – cluster of skyscrapers, symbols of a New World, which, here on the shores of the St. Lawrence, was originally a New France. Though certainly a French city, Montreal is first and foremost a North American one. With the rest of North America, Montreal shares a pragmatism that is indifferent to the past and to aesthetic concerns. This accounts for the anarchic urban development dictated by economic imperatives and fostered by limitless space. The city rapidly escaped the confines of its island accommodations to become a bloated metropolis that has urbanized the horizon for miles around. Home to fully half of the population of Quebec, Montreal is an urban ogre, which, having fed on the rural exodus, continues to attract people from around the world who still believe in the American dream. Immigration has dramatically changed the face of a city long frozen into the alternately sterile and stimulating coexistence of a Francophone majority struggling for power and a self-assured Anglophone minority entrenched within oh-so-British strongholds – originally the Golden Square Mile with its luxurious Victorian homes, now the very upscale Westmount.

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Montréal, dans l’île Montreal, the Island © Brent Stirton

Montréal, on l’aura compris, n’est ni Paris, ni Venise, villes aux décors chargés d’histoire et dont la perfection esthétique reste à jamais gravée dans la mémoire. Mais quid de leurs habitants? De Venise, on se souvient des pigeons et des chats, voire d’un gondolier chantant. De Paris, des pigeons, aussi, et des moineaux qui partagent le pavé avec des solitaires peu diserts, courant on ne sait où. Foules virtuelles, théâtres d’ombres que l’on parcourt un guide à la main, histoire de sous-titrer ces façades muettes où la vraie vie se retranche derrière des portes codées.

Montreal, you see, is no Paris or Venice, cities laden with historical settings whose aesthetic perfection is forever engraved in our memories. But what of the inhabitants of those cities? Visitors to Venice recall pigeons and cats, perhaps even a singing gondolier or two. And visitors to Paris? Pigeons, too, and the sparrows that share the streets with solitary, tight-lipped Parisians rushing who-knows-where. Virtual crowds, shadow theatres we trudge around in, guidebook in hand, trying to affix the appropriate caption to mute façades, while real life goes on behind closed doors with secret codes.

Jardin chinois et Stade olympique Chinese gardens & Olympic Stadium © Michel Baret


Tout cela pour dire que si Montréal n’est pas, à proprement parler, une belle ville, c’est une vraie ville, chaleureuse et attachante. Pas une ville à voir et à admirer, tête en l’air et bouche bée. Mais une ville à vivre, à écouter, à respirer, à parcourir à pied. En arpentant Saint-Denis ou Saint-Laurent, en magasinant dans les rues Sainte-Catherine, Sherbrooke ou Crescent, en flânant dans les ruelles étroites et pittoresques du Vieux-Montréal, en sillonnant chacun des quartiers de ce chatoyant «patchwork» urbain, collage de véritables «villages» fiers et jaloux de leurs atmosphères respectives, à l’image du Plateau MontRoyal, d’Outremont, de Chinatown ou de la Petite Italie. Une ville cosmopolite et ouverte sur le monde (surtout depuis l’Exposition universelle de 1967), conviviale et tolérante. Une ville de toutes les couleurs, de toutes les cultures et de toutes les religions. Une ville de toutes les modes, des plus branchées aux plus ringardes, avec un faible pour le débraillé confortable. Une ville métissée, épicée et gourmande. Une ville pour tous les palais. Avec, au fil des rues, pizzerias et glaciers italiens, fast-food américain, brasseries parisiennes, crêperies bretonnes, «moules-frites» belges, tavernes grecques, poissonneries portugaises, épiceries chinoises et restaurants juifs, temples du smoked meat. Une ville à boire et à manger. Une ville à croquer. À l’instar de ces trente photo-journalistes venus des quatre coins de la planète pour fixer sur la pellicule, dans le cadre d’un marathon de trois jours, les multiples facettes d’un Montréal au quotidien. Un Montréal de septembre, s’enivrant des derniers jours de l’été sur les pelouses du Mont Royal, aux terrasses des cafés ou le long des bassins du Vieux-Port, fenêtre opportunément rouverte sur un fleuve longtemps occulté par la muraille des élévateurs à grains, des hangars et des entrepôts qui se dressaient sur les quais quand, après la fourrure, bois, céréales et minerais divers firent la fortune de la ville. Un Montréal ludique, tonique et sportif, qui vibre aux exploits du Canadien (l’équipe de hockey), des Expos (baseball) et des Alouettes (football), se la joue Indiana Jones en descendant les rapides de Lachine, sur un Saint-Laurent soudain déchaîné, ou, plus paisiblement, en suivant, sur des kilomètres, le canal de Lachine en rollers (patins à roues alignées) ou à vélo. Histoire de s’emplir les poumons une dernière fois avant qu’un hiver implacable ne contraigne toute la ville à s’enfouir dans les kilomètres de galeries souterraines, ville sous la ville, où l’on déambule en bras de chemise et en teeshirt tandis qu’en surface le froid pétrifie le visage des passants qui courbent l’échine dans le vent glacial. Montréal, belle, finalement, de sa diversité et de celle de sa couronne, une agglomération de plus de 100 municipalités dont quatre sont ici privilégiées. Lachine, à l’ouest de l’île de Montréal, aujourd’hui associée à sa voisine SaintPierre, et qui, fidèle à son passé de poste de traite des fourrures, cultive le souvenir des coureurs des bois qui sillonnaient les territoires de trappe et la mémoire de Robert Cavelier de La Salle qui pensait effectivement y avoir découvert… la Chine! Terrebonne, banlieue jeune (plus de 40% de la population a moins de 30 ans) et «dorée» fière des moulins à eau qui, le long de la rivière des Mille-Îles, firent sa fortune et sont à présent les vedettes d’un secteur historique protégé. Repentigny, féconde entre toutes (à en croire la rumeur, on y enfanterait plus que partout ailleurs) et Charlemagne qui, avec son ambiance villageoise à nulle autre pareille, s’enorgueillit également d’avoir vu naître une star planétaire nommée Céline Dion. Patrick Francès

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All this to say that Montreal is not, strictly speaking, a beautiful city, but rather a real city, a warm, likeable place. It’s not the kind of city you stop to admire, wideeyed and open-mouthed, but a city to experience, to listen to, breathe in and explore on foot. Walk up and down St-Denis or St-Laurent, shop on Ste-Catherine, Sherbrooke or Crescent. Stroll through the pretty, narrow alleyways of Old Montreal. Crisscross the many neighbourhoods in this shimmering urban patchwork, this collage of genuine “villages,” each proud and protective of its own special atmosphere – the unique ambience of Plateau Mont-Royal, Outremont, Chinatown and Little Italy. This is a cosmopolitan city, open to the world, especially since Expo ’67. A friendly and tolerant place, home to people of all colours, cultures and religions. A city where every style is in fashion, from the very latest to the decidedly out-of-date, with a weakness for the comfortably untidy look. A cross-cultural, flavourful, food-loving city. A city for all palates, its streets are lined with Italian pizzerias and ice-cream parlours, American fast-food outlets, Parisian brasseries, Breton crêperies, Belgian mussels-and-fries restaurants, Greek tavernas, Portuguese fish shops, Chinese groceries and Jewish delis – shrines to smoked meat.


Pont Victoria, vers Montréal View of Montreal from the Victoria Bridge © Marc Tomalty

It’s a place to eat and drink in, a city to bite into. As did these 30 photojournalists who, as part of a three-day marathon, came from the four corners of the earth to capture on film the various aspects of daily life in this city. Montreal in September, greedily soaking up the last days of summer on the grassy slopes of Mount Royal, on café terraces or along the docks of the Old Port – a window on the river that has fortunately been reopened after being obscured for many years by the wall of grain elevators, sheds and warehouses that sprang up along the waterfront when the city’s fortunes came to depend on lumber, grain and various minerals rather than on fur. Playful, invigorating and athletic, Montrealers thrill to the exploits of their hockey team the Canadiens, their Expos baseball team and their Alouettes football team. They play Indiana Jones by descending the Lachine Rapids, where the St. Lawrence suddenly unleashes its fury – or, less spectacularly, by rollerblading or cycling, for kilometers at a stretch, along the Lachine Canal. They want to fill their lungs one last time before the implacable winter forces the entire city to retreat into kilometers of underground tunnels, the city beneath the city, where you can stroll around in shirtsleeves or a T-shirt, while above ground the faces of pedestrians, who submit to the icy wind, are paralyzed with cold.

In the end Montreal does achieve a certain beauty, thanks to the diversity of both the city and its urban belt, an agglomeration of more than 110 municipalities, four of which are featured here. Lachine, on the western part of the island, now incorporates its neighbour Ville Saint-Pierre. Faithful to its past as a trading post, Lachine celebrates the memory of the fur traders, or coureurs des bois, who crisscrossed the trapping grounds, as well as the memory of Robert Cavelier de la Salle, who thought he had actually discovered China! Terrebonne, a young, up-and-coming suburb (over 40 per cent of its population is under 30), proudly maintains the watermills on the Mille-Îles River that brought the community to prominence and are now the main attraction in a protected heritage area. And finally, Repentigny, the most fertile suburb of all – word has it that more children are born here than anywhere else in Greater Montreal – and Charlemagne, which prides itself not only on its unique village atmosphere but also on being the birthplace of international superstar Céline Dion. Patrick Francès

1 L’album Québec de Gil Courtemanche, Éditions Hermé, 1998 2 Montréal, de Stéphane Batigne, Éditions Autrement, Paris, 1998



Quartier général de L’Œil, Hôtel Reine Elizabeth: vue sur la ville View from Eyes on headquarters at The Queen Elizabeth Hotel © Jérôme Chatin



Promenade à 2 ou 4 pattes sur l’avenue Mont-Royal Upright or on all fours : walkers on Mont-Royal Street © Peter Turnley

La métropole européenne d’Amérique «La ville, parce qu’elle ne vit que dans la durée, parce qu’elle condense toutes les mémoires, nourrit plus que toute autre formation sociale une culture conflictuelle, condition de l’exercice démocratique. » Paul Chemetov, 20 000 mots pour la ville

Il fut un temps où un panneau municipal planté près du Jardin botanique annonçait la couleur : « Montréal, la plus grande métropole française d’Amérique ». De cette affirmation, on pouvait d’abord déduire qu’il y avait de la concurrence: Bâton Rouge ? La Nouvelle Orléans ? Et puis, le passant soucieux de comprendre finissait par conclure que Montréal affirmait ainsi sa suprématie sur Québec. Vieille rivalité entre Québec, la ville française, avec ses remparts et ses vieilles maisons normandes et Montréal, métropole américaine, industrielle, cosmopolite, inscrite sur le circuit des grandes villes de la côte est du continent – Baltimore, Philadelphie, New York, Boston – et française malgré tout.

America’s European Metropolis "Because it lives only to last, because it condenses all memories, the city, more than any other social formation, feeds cultural conflict, the sine qua non of democracy." Paul Chemetov, 20 000 mots pour la ville

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t one time a municipal sign near the Botanical Gardens boldly proclaimed : "Montreal, the largest French metropolis in North America." As though other cities were in the running for the title. Bâton Rouge, perhaps ? New Orleans ? But after a little thought, curious passers-by no doubt concluded that Montreal was trumpeting its superiority over Quebec City. It’s an old rivalry : in one corner, Quebec City, the walled French city with its historic Norman houses. And in the other, Montreal, the American, industrial, cosmopolitan metropolis on the same circuit as the other major cities on the East coast of the continent (Baltimore, Philadelphia, New York, Boston and so on) and still French despite it all. La place Jacques Cartier...indémodable ! Place Jacques Cartier... fashion today and yesterday ! © Jean-Christophe Bechet


Montréal est française malgré tout. Et d’abord, en guise de revanche sur l’histoire, malgré l’abandon de la France. Malgré la puissance économique des Anglais. Malgré le désaveu massif opposé au clergé catholique qui défendit langue et foi sur ce continent sauvage et protestant. Malgré toute cette culture du quotidien, cette façon de manger, de chanter, de faire de la politique incontestablement anglo-saxonnes et peut-être bien américaines, selon la logique de la géographie. Montréal est française malgré tout. Malgré le mélange des genres, observable aussi à New York et dans ces grandes villes américaines qui sont dans l’impossibilité de l’uniforme.

Montreal is French despite everything. First of all, given its history, despite France. Despite the economic power of the English. Despite the wholesale disavowal of the Catholic clergy, defenders of language and faith on this savage and Protestant continent. Despite so much of our everyday culture, our decidedly English or rather, given our geography, American way of eating, singing and doing politics. Montreal is French despite everything. Despite its hodgepodge of urban styles, just like New York or other major North American cities incapable of achieving a unified look.

En haut : là, tout n’est qu’ordre, beauté... et bain de pieds au marché Maisonneuve à Hochelaga Top left : where all that remains is order and beauty... having a foot bath at the Maisonneuve Market in the Hochelaga district © Allen McInnis

En bas : du haut du mont Royal, tout Montréal... Bottom left : view of the city from Mount Royal... © Wendy Sue Lamm

Page de droite: rue Saint-Hubert Next page: St-Hubert Street © Michel Baret

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En haut, à gauche: le Plateau Mont-Royal, à fleur de peau Above left : skin on skin on the Plateau Mont-Royal © Peter Turnley

En bas, à gauche: un pied, même chaussé, est toujours au bout d’une jambe... Below left : a foot, even wearing its shoe, is always found at the end of a leg... © Peter Turnley

À droite: les riches heures du marché Maisonneuve en danse et en musique, par la compagnie du Théâtre Bolduc Above right : music and dance with the Théâtre Bolduc, at the Maisonneuve market place © Allen McInnis

Page de droite: place du Marché, Hochelaga-Maisonneuve Next page : market place in the Hochelaga District © Allen McInnis

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Montréal « condensait » plusieurs mémoires bien avant que les immigrants venus de partout ne la métissent encore. Aujourd’hui, elle se souvient à la fois du travail des ouvriers irlandais du canal de Lachine et de l’éloquence patriotique de Papineau. Elle donne à voir les restes de la prospérité industrielle que la proximité de New York lui procura, son sol conserve encore les cendres du premier hôtel de ville, construit là où se trouve l’actuel, sur le modèle, dit-on, de celui de Paris et du Palais du commerce de Rennes ! Montréal est la scène sur laquelle nous jouons notre façon d’être ensemble. Elle se donne à tous boulevard Saint-Laurent, le temps d’une affaire en or, puis elle renvoie chacun chez soi : d’un côté les Anglais, de l’autre les Français, comme dans les quadrilles. Mais la Main n’est pas la frontière étanche que l’on fait remarquer au touriste pour faciliter ses déplacements et sa compréhension. Trop facile, trop linéaire. La frontière indique quelque chose, une mise à distance, une méfiance, un mépris peut-être, mais l’essentiel est sans doute ailleurs, dans l’appartenance commune à l’Amérique. Chacun affiche ses symboles, la fleur de lys ou le chardon, la tour Eiffel ou la photo de la Reine. Mais ce n’est pas si simple. La France est parfois reléguée très loin dans la culture québécoise, l’Angleterre plus proche qu’on est prêts à le reconnaître, les États-Unis carrément voisins. C’est ce que commencent à dire les historiens, c’est ce que savent depuis toujours les gens du peuple et les écrivains comme Réjean Ducharme. « Je ne suis pas Français, [...] je ne veux pas être Français ; c’est trop fatigant, il faut être trop intelligent, il faut être trop poli et trop connaisseur de dates de vins, il faut trop parler pour rien, il faut s’estimer trop meilleur que les autres. [...] Douce France ? Pouah ! Âpre Canada ! »

Montreal "condensed" many memories long before immigrants from all over the world made it even more heterogeneous. Today, it remembers the Irish immigrants who worked along the Lachine Canal as well as the patriotic eloquence of Papineau. It displays the remnants of industrial prosperity, the legacy of its proximity to New York and the ground beneath the current city hall still contains the ashes of the original Hôtel de Ville, which was, they say, modelled on the one in Paris and on the Palais du Commerce in Rennes ! Montreal is the stage on which our unique way of living together plays itself out. On special occasions, St-Laurent Boulevard accommodates the entire cast, who then, as in a square dance, return to their respective positions : English to the west of St. Laurent, French to the east. But "The Main" is no longer the clear dividing line we point out to tourists to help them understand the city and get their bearings. That’s too easy, too clear cut. "The Main" is still a border of sorts, indicating a certain distance, a wariness, even a little disdain perhaps. But the fundamental truth is clearly elsewhere, in our shared North American identity. Each side displays its symbols, the fleur-de-lis or the thistle, the Eiffel tower or a picture of the Queen. But it’s not that simple. France is often very remote from Québécois culture, England closer than many would care to admit, and the United States right next door. That’s what the historians are beginning to acknowledge and what ordinary people, and writers like Réjean Ducharme, have always known. "I’m not French, [...] and I don’t want to be," writes Ducharme. "It takes too much effort. You have to be too intelligent, too polite and know too much about wine vintages ; you have to talk too much about nothing and think you’re too much better than other people [...] Genteel France ? Yuck ! Crude Canada !"

En vivant à Montréal, on découvre que le français est plus élastique que ce que l’on avait cru jusque-là. « Je ne parle couramment aucune langue. Je comprends mal le français et mal l’américain », écrit encore Ducharme qui joue, lui aussi, sur plusieurs registres : celui du français de France, de l’anglais de l’affichage bilingue et de nos voisins de palier, des vieux mots dont les Français ne se servent plus. Une langue hybride qui s’est forgée ici, chevillée à nos habitudes.


When you live in Montreal, you learn that French is much more flexible than you ever imagined. "I don’t speak any language fluently. I don’t understand French or North American English very well," continues Ducharme, whose own language strikes many different notes : from the French of France to old words the French no longer use, and from the English of bilingual signs to that of our upstairs or downstairs neighbours. Québécois is a homemade hybrid that reflects our way of life.

Aux couleurs du Pays d’ici dans une rue du Plateau A proud bearer of the official Quebec colours, Plateau Mont-Royal district © Jean-Christian Bourcart

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Page de droite: arrêt sur image rue Duluth Next page : freeze frame...on Duluth Street © Peter Turnley

En haut, à gauche: trilogie du Plateau au Carré Saint Louis Above left : human trilogy, Saint-Louis Square, Plateau Mont-Royal district © Peter Turnley

En bas, à gauche: le OUI sous toutes ses formes Below left : YES TO with full figures. © Jacques Nadeau

En haut, à droite: le Plateau en marche ...et en escaliers Above right : plateau Mont-Royal’s famous staircases © Peter Turnley

En bas, à droite: Belles lettres à Hochelaga Below right : the beauty and the book...in the Hochelaga District © Allen McInnis

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Nous allons chez le dépanneur, sur la Main, nous traversons la track de chemin de fer, selon les usages très particuliers de notre langue particulière. Nous allons au carré Saint-Louis, ce qui à l’évidence traduit le mot square, sans trop de scrupules linguistiques. Le Robert historique dit du mot square: « en parlant des pays anglo-saxons, une place publique carrée et en France (1836) un petit jardin public situé sur une place. Il est sorti d’usage au sens repris de l’anglais "espace carré entouré de maisons" (1844), qui correspond au français place ; on trouve dans ce sens carré en français du Canada (par exemple à Montréal, le carré Saint-Louis)». Le carré Saint-Louis, c’est à la fois un square et une place, le français plus l’anglais. C’est ça la base weird de la mosaïque montréalaise.

Montréal, comme toutes les villes, connaît la domination satisfaite des riches et la misère grise de ceux qui ne le sont pas. Mais elle n’a pas souffert des grands cataclysmes de l’histoire. Son jour de gloire est à venir, elle hésite, elle s’interroge. En attendant, à l’est, on prend des libertés avec la langue, avec l’alignement des maisons, avec le bon goût et les bonnes manières, avec l’habit et l’allure. Et dans cette liberté, il y a de la civilité.

En haut et en bas, à gauche: dans la chaleur de nos nuits.... Above and below left : in the heat of the night... © Gérard Uféras

En haut et en bas, à droite: plein soleil sur le centre-ville Above and below right : in the heat of the sun...downtown Montreal © Benoît Gysembergh

Page de droite: Hochelaga, à l’ombre du Stade Next page: under the Olympic Stadium midnight shadow, district of Hochelaga-Maisonneuve © Allen McInnis


Whether English or French, Montrealers go to the dépanneur on "The Main." Our very unusual French includes very unusual phrases such as "après la track de chemin de fer." We go to Carré Saint-Louis, a name containing a literal translation of the word "square" that takes more than a few linguistic liberties. Robert’s historical dictionary of the French language defines "square" as follows : "in English-speaking countries, a square public place and in France (1836) a small public garden located in a square public place. It is derived from a usage borrowed from the English meaning a square space surrounded by houses (1844), which corresponds to the French word place ; this meaning of carré is found in Canadian French (as in, for example, Carré Saint-Louis in Montreal)." So Carré Saint-Louis is both a square and a place, French and English. That’s just how curieux Montreal’s mosaic can be. Like all cities, Montreal is familiar with the self-satisfied domination of the rich and the dull misery of the poor. But the city has not been directly affected by any of history’s major cataclysms. Still awaiting its glory days, it wavers and wonders. Meanwhile, in the east, people continue to take liberties with language, with the alignment of houses, with good taste and good manners, with clothing and personal style. And in this manic liberty, a certain civility shines through.



La terrasse du chalet de la Montagne The look-out, Mount Royal Š Marc Tomalty



Parc Jeanne Mance: tout en muscles.... All muscles...in Jeanne-Mance Park © Jean-Christian Bourcart

Le sport, objet de culte Longtemps, à Montréal, les héros ont été les saints. Ceux que l’on fige dans les vitraux ou que l’on accroche aux murs des églises. Aujourd’hui, ce sont indiscutablement les sportifs. Ceux dont les affiches lumineuses tapissent les couloirs du centre Molson ou du Stade olympique. Ceux dont les bannières pendent aux plafonds des patinoires. Cette substitution d’une hagiographie laïque à une hagiographie religieuse s’est vraisemblablement faite au moment de la « révolution tranquille », dans les années 1960. Mais, à vrai dire, la transition est tout aussi difficile à cerner qu’à dater.

Sports versus religion I

n the beginning, the most heroic figures in Montreal were actual saints – those immortalized in either stained glass or affixed to the walls of churches. Nowadays, our greatest heroes are unquestionably sports figures – those featured on the illuminated posters that line the corridors of the Molson Centre and the Olympic Stadium, those whose banners hang from the rafters of our arenas and stadiums. This substitution of a lay canon for a religious one was supposedly part and parcel of the Quiet Revolution of the 1960s. But the transition is actually just as hard to date as it is to define.

Charlemagne: je pointe ou je tire ? Charlemagne: shalI I wait or shall I go ? © Patrick Artinian


Il y a bien eu, autrefois, le culte semi-païen de forces de la nature comme Alexis le Trotteur, un simple d’esprit qui se mesurait aux chevaux et les battait à la course en hennissant ; Jos Montferrand capable de planter, d’un coup de botte, un clou au plafond d’une taverne et Louis Cyr, dont la statue, coulée dans le bronze plutôt que la fonte, trône dans le quartier Saint-Henri. Cependant, force est de constater que rien n’a réussi à détourner la foule de la foi catholique avant l’arrivée des trois grandes religions polythéistes que sont le hockey sur glace, le baseball et le football américain. D’aucuns feront coïncider ce changement d’idoles avec l’un des plus touchants miracles qu’ait réalisés le frère André. Concierge du Collège Notre-Dame, aujourd’hui dans l’échelle de Jacob puisque béatifié à la fin des années 1970, le thaumaturge du mont-Royal aurait en effet réussi à... fournir un ballon de football à des potaches démunis de l’institution qui fait face à l’oratoire Saint-Joseph. Aujourd’hui cependant, le doute n’est plus possible: le « saint » montréalais le plus vénéré est le joueur de hockey professionnel Maurice Richard, retraité depuis deux décennies. Il a été, sans véritable confession, statufié de son vivant et une patinoire ainsi qu’un club portent respectivement son nom et son surnom. Inutile, devant tant de vénération, de faire longuement écho aux souverains poncifs des journalistes sportifs locaux qui parlent de la « sainte flanelle » lorsqu’ils évoquent son club d’attache, le Canadien de Montréal, malencontreusement attardé, en ce début de siècle, au purgatoire du championnat nord-américain.

Page de gauche: Rapides de Lachine, rafting et kayak à deux minutes du pont Champlain Top and bottom left : rafting and kayakiing on the Lachine Rapids, a few minutes from the Champlain Bridge © Frédéric Stevens

Page de droite: entraînement avec les Alouettes de Montréal Next page: training with Montreal’s football team : the Alouettes © William Stevens

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In days of yore, there were, of course, semi-pagan cults devoted to forces of nature. There was Alexis le Trotteur, a simple man who competed against horses and whinnied as he trounced them in races. Or Jos Montferrand, who with a single kick could drive a nail into the ceiling of a tavern. Or Louis Cyr, the weightlifter whose statue, cast in bronze rather than iron, presides over the Montreal neighbourhood of St. Henri. Still, there’s no denying that nothing managed to unseat the Catholic faith until the arrival of the great polytheistic troika of ice hockey, baseball and North American football. Some link this changeover to one of the most touching miracles ever performed by Brother André on Jacob’s ladder since his beatification in the late 1970s. As the caretaker of Collège Notre-Dame, the miracle-worker of Mount Royal is said to have provided the deprived schoolboys of this institution, which faces St. Joseph’s Oratory, with a football. Today, however, there can no longer be any doubt : the most venerated "saint" in Montreal is a professional hockey player, Maurice Richard, who retired two decades ago. Though not yet a candidate for beatification, he has already been turned into a larger-than-life statue. Both an arena and a club bear his name and nickname, respectively. In the presence of all this veneration, there is little point in repeating the cherished clichés of local sports journalists who continue to refer to Richard’s former team, the Montreal Canadiens, as la Sainte-Flanelle (literally "the Holy Flannel," actually the team jersey), even though they now spend more time in hockey purgatory than on the Stanley Cup podium.


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A gauche (2 photos) : au cœur de la mélée avec les Redmen de l’université McGill Top and bottom left : in the heat of the action with McGill University’s football team, the Redmen ©Brent Stirton

En haut à droite: le sport au troisième âge au Centre Claude Robillard Top right : seniors enjoying bowling at the Claude Robillard sporting complexe © William Stevens

En bas à droite: quand la feuille d’érable se fait ...feuille de vigne ! Bottom right : when the maple leaf becomes a necessary garment © William Stevens

Page de droite: la piscine de l’université McGill Next page: McGill University swimming pool ©Brent Stirton

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À cette réforme s’est ajouté, au milieu des années 1970, un nouveau schisme, lié, cette fois, à la tenue des Jeux olympiques dans la métropole québécoise. Cette balise est, elle aussi, arbitraire mais elle n’en marque pas moins la fin d’une monoculture sportive. Jusque-là, il y avait bien quelques sports « de soutien » comme l’on dit au cinéma. Des versions édulcorées du hockey à l’intention des femmes comme la ringarde « ringuette » importée d’Ontario ou le «ballon-balai», sport « ménager » sur glace par excellence. Végétaient également quelques disciplines reléguées aux gymnases scolaires comme le basket-ball, pourtant canadien de naissance. Ou d’autres, comme le « saut de barils », que ceux qui cherchent des crosses (pas seulement aux Mohawks de Kahnawake ou Kanesatake) qualifiaient de « bidon ». Ce n’était à vrai dire qu’effet d’optique, car entrer dans le trois-pièces qu’occupait le sauteur de barils Yvon Jolin dans le nord-est de la ville, c’était comme pénétrer dans la caverne d’Ali Baba, les trophées et médailles « d’or » de ce Mike Powell des glaces, une demi-douzaine de fois champion du monde, ne laissant de place qu’à la baignoire et au tabouret sur lequel se recroquevillait sa compagne. Trompe-l’œil encore si l’on prend en compte que le premier club de rugby nord-américain - le «Scottish Club » de Westmount, fondé en 1876 - a vu le jour dans l’île de Montréal, ou que le nombre de joueurs de soccer est supérieur à celui de baseball. (La popularité du ballon rond est étroitement liée aux vagues d’immigration.) Aujourd’hui encore, un jeune Montréalais sera plus au fait des aléas de la carrière du gardien de hockey José Théodore que des exploits de Michel Platini qu’il continuera de confondre avec une marque de... nouilles. Il demeurera insensible au fait que les installations olympiques de 1976 aient été sacrifiées, le vélodrome devenant une sorte de zoo couvert et le Stade et la piscine des aires d’exposition pour comices agricoles.

Another schism was added to this religious reform in the mid-1970s, when the Summer Olympics were held in Quebec’s metropolis. This turning point marked the end of professional sport’s Montreal domination. Before the Olympics, several sports played what people in the movie business would call supporting roles : watered-down versions of hockey designed for women, such as the rinky-dink Ontario import "ringuette" and broomball, housecleaning on ice. Other sports in stagnation were those played only in school gymnasiums, including, despite its Canadian roots, basketball. Then there were "disciplines" like barrel jumping, which was sometimes labelled a sham by people who openly went around looking for trouble. In Montreal, it was a sport worthy of reverence. Entering the three-room apartment of barrel-jumper Yvon Jolin in the north end of city was like gaining access to Ali Baba’s cave. A six-time world champion, this Mike Powell on ice won so many trophies and gold medals that there was room only for a bathtub and the stool on which his companion was curled up. The absolute dominance of the holy trinity of professional sports is also belied by the fact that North America’s first rugby club, the Scottish Club of Westmount, was founded in 1876, and by the fact that soccer players outnumber baseball players on the Island of Montreal. The popularity of the round football is directly connected to successive waves of immigration. Even today, however, young Montrealers tend to be more familiar with the ups and downs of the career of hockey goalie José Théodore than with the exploits of Michel Platini, who is still confused with a brand of noodles. And they don’t appear to mind that the installations built for the 1976 Olympics have been sacrificed : the velodrome is now a sort of covered zoo, the pool and the stadium are now venues for agricultural shows.

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Mais désormais, à l’instar de la plupart de ses chums, il communiera aussi bien dans la pratique du hockey de ruelle que dans celle de la bicyclette et du patin à roues alignées le long du canal de Lachine, ou du soccer au pied du mont-Royal. Mieux, il aura autant d’indulgence pour les innombrables sportifs de la fin de semaine qu’il aura d’élan mystique devant « un gain de 12 verges des Alouettes » (l’équipe de football américain), avec... l’inévitable multiplication des pains à hot dog à la clé.


But most of them no longer "commune" only by playing street hockey ; they also cycle and rollerblade along the Lachine Canal, or play soccer, football, frisbee or hackysack at the foot of Mount Royal. Better still, they are just as likely to indulge innumerable weekend warriors as to experience religious ecstasy following a 12-yard gain by the Alouettes, Montreal’s Canadian football team. Provided, of course, that they have eaten their fill of hot dogs by day’s end.

Triathlon international, bassin olympique de l’île Notre-Dame Thriathlon at the Notre-Dame Island Olympic Game Complexe ©William Stevens

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Résonances urbaines au tam-tam du dimanche sur la Montagne Urban beats at Mount Royal’s Sunday tam-tam © Andy Hall

Page de droite: Triathlon international, épreuve cycliste sur le circuit Gilles Villeneuve de l’île Notre Dame Biker on Gilles Villeneuve circuit of the International Triathlon, Île Notre-Dame © William Stevens

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En haut, à gauche: les écuries de la police sur le Mont Royal Top left : the Police’s stables on Mount Royal © Michel Baret

En haut à droite: petite pêche, grande ville ! Top left : a fly fisher, the big city © Fréderic Stevens

En bas, à gauche: Lachine, école de voile Bottom left : a Sailing School in Lachine © Fréderic Stevens

En bas, à droite: Lachine, la tête et les jambes le long du canal Bottom right : the sculpture and the bicycle by the Lachine Canal ©Jérôme Chatin




Siège social de la Banque de Montréal, quartier des affaires, Vieux-Montréal Bank of Montreal headquarters, business district of Old Montreal © Benoît Gysembergh



Du haut de l’élévateur numéro 4, au terminal céréalier Scene from the top of a freight elevator at the cereal dock © Gunther Gamper

Le travail Qui n’est pas tenté par la patente n’est pas Montréalais

Vus de haut, depuis le bras articulé qui équipe les navettes spatiales, les Québécois ou... les Montréalais - qui sont l’agrégat urbain des premiers - sont une fourmilière de comptables agréés. Mais, plus près de la terre, on découvre qu’ils sont d’invétérés patenteux. D’incollables bricoleurs, de révérés rêveurs, d’ingénus ingénieurs, d’aventureux inventeurs, immanquablement nés sous « l’autodidactature » de la nécessité. Beaucoup - candeur et cadence - font songer à leur cousin, le facteur Cheval. Mais ce dernier, ramasseur impénitent de cailloux, tient plutôt du Petit Poucet à rebours. Eux, véritablement perdus au fond des bois, n’ont eu de cesse que de s’en extirper pour venir, en ville, trouver, en pleine clairière, gloire et reconnaissance de leur savoir empirique.

Men at work Montrealers try their hand at everything and anything

Seen from the heights of the Canadarm used on the space shuttle, Quebecers, or rather Montrealers, the inhabitants of Quebec’s urban nebula, appear to be a hive of chartered accountants. But as you drift closer to the Earth, you realize that they’re actually a bunch of inveterate inventors and do-it-yourselfers. Tireless tinkerers, invaluable visionaries, ingenious engineers and intrepid innovators – all self-taught by imperious necessity. In their naïveté and their rhythms, many Montrealers bring to mind their storied French cousin, postman Cheval, who built a palace from the stones he ceaselessly collected along his route. But Cheval was more like a backwards Tom Thumb. Stuck in the deepest woods, Quebecers with a flair for invention had no choice but to uproot themselves and move to the city, an unobstructed clearing where their empirical knowledge could bring them glory and recognition.

Port de Montréal : Claude en inspection sur un réservoir Port of Montreal : Claude does the inspection of a reservoir © Gunther Gamper


Tous les objets, tous les aspects de la ville sont modelés par cette étonnante valorisation du bricolage, par cet élan incessant de créativité. Des meubles anciens, localement sous-estimés dans les années 1970 et partis par wagons entiers vers les États-Unis, mais dont on peut encore apprécier les assemblages, des teintures au sang de bœuf ou jus de bleuets chez les antiquaires de la rue Notre-Dame jusqu’aux motos aquatiques, tout relève de cette transposition au quotidien du Concours Lépine. Qu’ils vivent en grande banlieue de Montréal ou à deux heures de vol d’outarde de la métropole, tous les patenteux - « pure laine » comme importés - finissent par quitter le garage ou la cuisine où ils ont gossé (tâtonné, rodé, peaufiné), dans le but d’exposer à la ville l’invention qu’ils rêvent de voir poursuivre, sous les feux de la chaîne de montage, une carrière industrielle.

Everything about Montreal, everything the city has to offer, has been shaped by this astonishingly widespread do-it-yourself spirit, this incessant creative drive. Quebec-made antique furniture was undervalued by local collectors during the 1970s and shipped by the wagonload to the United States. But you can still appreciate its craftsmanship, its beef-blood and blueberry finishes if you visit the antique shops on Rue Notre-Dame. From these old treasures to motor-marines (commonly called Sea-Doos), everything in Montreal illustrates how the spirit of invention can be put to practical use. Whether they live in Greater Montreal or a two-hour goose flight away from the metropolis, all inventive Quebecers, native and non-native alike, end up leaving the garage or kitchen where they’ve plugged away at (fidgeted with, broken in, polished up) their creations. They come to town to exhibit the homemade products of their self-taught skills, in the hope that their dream be will transformed, under the lights of an assembly line, into a career in industry.

Photo du haut : l’aéroport international de Dorval Top : Dorval International Airport © Patrice Halley

Photo du bas et page de droite: chaîne de montage de Bombardier Aéronautique à Dorval Bottom left and next page: making planes...at the Bombardier Aeronautic Industry © Daniel Staquet


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En haut,à gauche: Vieux-Montréal, rue Saint François Xavier, on répare ! Top left : maintenance on St-François Xavier Street in Old Montreal ! © Jean-Christophe Bechet

En bas, à gauche: mise au point finale des réacteurs chez Bombardier Aéronautique Bottom left : last check on reactors at the Bombardier Aeronautic plant © Daniel Staquet

En haut, à droite: Lachine, fabrique d’éléments pour des ponts Top right : steel plant in Lachine © Jérôme Chatin

En bas, à droite: profession, guide à Dorval ! Bottom right : Guiding you in, at Dorval airport ! © Patrice Halley

Page de droite: Carl Millier et son faucon Gibraltar, au travail sur la piste... Next page: at work on the runway, Carl Millier and his master falcon from Gibraltar... © Patrice Halley

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Certains sont les créateurs d’une œuvre unique, d’autres gambergent en couple, d’autres encore sont des incontinents dont les produits inondent la planète. Marcel Gagnon, par exemple, est l’inventeur d’un «catalasemètre » (appareil qui permet de mesurer l’enzyme qui décompose l’eau oxygénée) ; Daniel Vendette, comptable défroqué, est depuis 15 ans le créateur bien embouché de l’« entonnoir rétractable » qui se visse sur tous les contenants en plastique. Depuis qu’elles ont imaginé la prothèse qui permet de fixer un pinceau au bout d’un manche à balai, Geneviève Courval et Jocelyne Munger ont commercialement le bras plus long... Quant à Aurèle Courty, pour ne citer, encore au hasard, que l’un de ces multiples génies communs, il a quitté sa Gaspésie natale pour venir mettre au point à Montréal un « coupe-tuyau à encliquetage » que l’on retrouve désormais jusqu’au fin fond du continent australien. Parmi ces imaginatifs natifs de la nébuleuse montréalaise, il y a, bien sûr, quelques étoiles comme Armand Bombardier ou, plus près de nous, Jean Saint-Germain. Figurent également ceux dont l’état d’esprit ne saurait se situer à des années-lumière et qui y ont atterri naturellement comme Emile Berliner, inventeur du microphone, du gramophone et du disque. C’est à Montréal en effet que le chien Nipper - celui de la « Voix de son maître », peint par le huguenot français Francis Barraud - a trouvé sa première niche commerciale. C’est ici, en 1908, qu’est né le disque à deux faces avec un enregistrement de la Marseillaise chantée par Joseph Saucier. Pour ce qui est de Saint-Germain, look hybride de Moïse, Santa Claus et Léonard de Vinci, il est à la fois le géniteur de 12 enfants et de l’« aérodium» (simulateur pour parachutistes) ; du « raz mut », précurseur de l’ultraléger ; du déflecteur pour camions ainsi que d’un échafaudage hydraulique révolutionnaire... C’est lui encore qui a eu l’idée, un soir où il gardait l’enfant de sa sœur, d’introduire un préservatif dans le contenant de lait et d’inventer le biberon jetable et sans air... commercialisé, ensuite, par Playtex.

Some come up with a single invention, others toil away in twos, but there are also incontinent inventors whose creations swamp the globe. Marcel Gagnon, for example, invented a catalysis meter (a device that makes it possible to measure the enzyme that decomposes oxygenated water), while reformed accountant Daniel Vendette has sealed his reputation as the well-connected creator of a "retractable spout" that screws on to all plastic containers. Since the day they dreamed up the prosthetic device that allows a brush to be attached to the end of a broomstick, Geneviève Courval and Jocelyne Munger have extended their commercial reach. As for Aurèle Courty (to again randomly choose one of many ordinary local geniuses), he left his native Gaspé and came to Montreal to perfect a ratchet-and-pawl pipe-cutter now used in places as far afield as central Australia. Among the many imaginative bright lights in the Montreal nebula, there are, of course, a few shining stars : Armand Bombardier of Ski-Doo fame or, more recently, Jean Saint-Germain. Looking like a cross between Moses, Santa Claus and Leonardo da Vinci, Saint-Germain is the father of 12 children and of the aerodium (a simulator for skydivers), the "raz mut" (the precursor of ultra-light aircraft), the truck spoiler (an air deflector) as well as revolutionary hydraulic scaffolding. And it was also Saint-Germain who, one night when he was looking after his sister’s child, had the idea of sticking a condom inside a milk container, and – voilà ! – the disposable feeding bottle later marketed by Playtex was born. There are others whose restless spirits could not settle anywhere else in this world, and who naturally touched down in Montreal – including Emile Berliner, inventor of the microphone, the gramophone and the record. It was here, in fact, that Nipper the dog – the one featured on the famous "His Master’s Voice" label illustration painted by French Protestant Francis Barraud – found his first commercial niche. In 1908, the world’s first double-sided record was produced when Joseph Saucier sang "La Marseillaise" into a recording device in Montreal.

Tous ont fini par prendre leur envol. Souvent au propre comme au figuré. Bombardier, qui a mis au point en 1937 le premier véhicule motorisé adapté à la neige, est devenu le troisième avionneur mondial et l’un des fabricants de véhicules les plus diversifiés (trains, métros, motos aquatiques). Saint-Germain, on l’a vu, n’a jamais manqué d’air et pour ce qui est de Berliner, il a amorcé, au gré des participations et des rachats, l’essor de la RCA Victor. Cette dernière entreprise, convertie au matériel militaire (radars) durant la Seconde Guerre mondiale, s’est muée en Spar Aérospatiale, désormais responsable de la fabrication du bras spatial évoqué plus haut.


All these inventions eventually took off, often literally as well as figuratively. Bombardier who in 1937 developed the first motorized vehicle designed to travel on snow, is now the third-largest aircraft manufacturer in the world and one of the most diversified manufacturers of vehicles writ large (trains, subway cars, Sea-Doos). SaintGermain also aimed for and rose to great heights. And Berliner, through a series of investments and buyouts, presided over the growth of RCA Victor : the company was converted into a military radar systems manufacturer during World War II, ultimately became Spar Aerospace, the manufacturer of the Canadarm.

Charlemagne: Monsieur Breton, collectionneur... et patenteux Charlemagne: Mr. Breton, collector... and a do-it-yourself gentleman Š Patrick Artinian

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Du bras qui guide l’aiguille d’un gramophone à celui de la navette, le raccourci est vertigineux. Tout comme la conversion du lac aux Loutres (il alimenta jusqu’au XIXe siècle la rivière Saint-Pierre qui se jetait dans le port de Montréal, porte d’entrée industrieuse du continent) en gare de triage. Ou encore les créations numériques locales qui font se télescoper notre époque et les dinosaures du Parc jurassique !

The short distance between the arm that guides a gramophone needle and that of the space shuttle is dizzying. At least as dizzying as the creation of a marshalling yard on what was once Otter Lake (which, until the 19th century, fed the St. Pierre River that flowed into the Port of Montreal, the industrial gateway of the continent). And almost as dizzying as the local digital whizzes whose software was the missing link that brought the dinosaurs of Jurassic Park back to life !

En haut, à gauche: heure de pointe sur René-Lévesque Top left : rush hour on René-Lévesque Boulevard © Jean-Christian Bourcart

En bas, à gauche: concepteurs de jeux vidéo chez Ubisoft Bottom left : computer games wiz kids at Ubisoft © Daniel Staquet

En haut, à droite: le temps, rue Saint-Jacques, Vieux Montréal Top right : “Time,” St-Jacques street, Old Montreal © Jean-Christophe Béchet

En bas, à droite: trains communs pour banlieusards Bottom right : suburbans taking trains © Jérôme Chatin

Page de droite: sur le parquet de la Bourse Next page: getting into the action at the Montreal trade exchange © Benoît Gysembergh

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Page de gauche: Pont Jacques Cartier au petit matin Left page: Jacques Cartier bridge at dawn © Christophe Calais

Surveillance de la circulation avec Urgences Santé et la Sureté du Québec Taking care of business, Urgence Santé and the Sureté du Québec © Christophe Calais

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Photo du centre: tour de contrôle à Dorval Center : Dorval Airport tower control © Patrice Halley

En bas, à gauche: travail sur un cargo dans le port Botton left : worker on a cargo boat docked in the Port of Montreal © Gunther Gamper

En haut, à droite: dans les couloirs de l’hôtel Reine Elisabeth Top right : man delivering flowers in the corridors of the Queen Elizabeth Hotel © Patrice Halley

Page de droite, en haut à gauche: la réception du siège de la Banque de Montréal Next page, top left : the reception desk at the Bank of Montreal headquarters © Benoît Gysembergh

Centre et bas : travail à quai dans le port (3 photos) Center and bottom : dockers in the Old Port (3 photographs) © Gunther Gamper

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Le pont Jacques Cartier, vu des studios de télévision TVA “Good morning Montreal.” View from TVA television studio onto Jacques Cartier Bridge © Patrick artinian



Terrebonne: Saturday night ! Saturday night in Terrebonne © Gilles Mingasson

Par ponts et banlieues « Pont Jacques-Cartier : il faut compter 20 minutes depuis RenéLévesque. Champlain, c’est long à partir de l’échangeur Turcot. Pour Mercier, c’est encore recommandable. » L’insularité de Montréal n’est jamais aussi manifeste qu’en fin d’après-midi, à l’heure qualifiée dramatiquement de « pointe » par les chroniqueurs de la circulation. C’est alors – entre 16 et 18 heures, soyons précis – que s’opère le vaste mouvement de transhumance qui fait refluer les flots d’automobiles vers Laval, Longueuil, Saint-Lambert ou Repentigny, vers les confins de ce beigne symbolique dont Montréal représente le trou. La ceinture fluviale que composent le Saint-Laurent et sa voisine, la rivière des Prairies, est alors franchie à petite vitesse par plusieurs dizaines de milliers de véhicules, englués sur l’un des quelque 14 ponts routiers et autoroutiers.

Urban island, urbane suburbs "G

ive yourself 20 minutes to get from René-Lévesque to the Jacques Cartier Bridge. Toward the Champlain, it starts to bog down at the Turcot Interchange. The approach to the Mercier is still in good shape." The insularity of Montreal, the fact that it is an island, is never more evident than at the end of the afternoon, the time of day traffic reporters dramatically refer to as the rush hour. That's when – between 4 and 6 p.m., to be precise – the vast daily human migration takes place, when the cars of commuters stream back to Longueuil, Saint-Lambert or Repentigny, to the outer edges of the "donut" of which Montreal represents the hole. Crammed onto over a dozen roads and highway bridges, tens of thousands of vehicles crawl across the river belt formed by the St. Lawrence and its tributary, the Rivière des Prairies.

Une « belle américaine » au rassemblement annuel de Terrebonne A true American car at an annual collectors’ car event in Terrebonne © Gilles Mingasson


Ponts et banlieues. Peut-on concevoir les uns sans les autres dans la métropole montréalaise ? « Avec les ponts, les banlieues se sont développées – à moins que ce n’ait été l’inverse », notait sans trancher la directrice générale du musée Pointe-à-Callière dans l’avant-propos du catalogue de l’exposition Montréal, par ponts et traverses. Chose certaine: sans son fleuve, Montréal n’existerait pas. C’est par l’eau que sont arrivés Cartier, de Maisonneuve et tous les autres ; par cette voie aussi qu’ont transité fourrures, articles manufacturés et aujourd’hui conteneurs. Jusqu’au début du XXe siècle, Montréal est fondamentalement restée une île, avec l’idée d’isolement que trahit l’étymologie du mot. Pour gagner la terre ferme ou les autres îles de l’archipel en été, on grimpait sur une traverse. En hiver, on empruntait des « ponts de glace » sur la surface gelée du fleuve. Mais ces traversées demeuraient anecdotiques : les Montréalais ne quittaient guère la ville, tandis que les « habitants » n’avaient que faire de Montréal.

Bridges and suburbs. In Montreal, it’s impossible to conceive of one without the other. "With the bridges, the suburbs developed – or was it the other way around ?" asks Francine Lelièvre, director of the Pointe-à-Callière Museum of Archaeology and History, in her foreword to the exhibition catalogue Montréal, by Bridge and Crossing. Though Lelièvre provides no answer to this question, one thing is certain : without its river, Montreal would not exist. Cartier, De Maisonneuve and the city's other founders arrived by water, which also facilitated the transportation of furs, then manufactured goods, and now container ships, to the port destination of Montreal. Until the beginning of the 20th century, Montreal essentially remained an island, and as the word’s Latin roots suggest, Montreal also remained isolated. To reach the mainland or the other islands around the city in summer, Montrealers had to board a ferry. In winter, they used the "ice bridges" on the frozen surface of the river. But these crossings were few and far between : Montrealers rarely left the island, and the people of rural Quebec had little use for the city.

Photo du haut : Lachine, le fleuve Top left : view of river from Lachine © Jérôme Chatin

Photo du bas : fin de journée sur l’île du Moulin, face à Terrebonne Bottom left : lounging away at the end of the day, in front of Île du Moulin, in Terrebonne © Gilles Mingasson

Page de droite: près de Repentigny, les îles du Croissant de l’Est offrent les plaisirs de la campagne... et la vue sur la métropole Next page: country’s pleasures and view of the metropolis at the Croissant de l’Est Islands near Repentigny © Armand Trottier

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En haut, à gauche: Repentigny, banlieue en fleurs Top left : getting flowers at a Repentigny market place ©Armand Trottier

En haut, à droite: rue principale, Vieux Terrebonne Top right : Old Terrebonne’s main street © Gilles Mingasson

En bas, à gauche: petit matin au bar À l’eau de Charlemagne Bottom left : the local bar À l’eau, Charlemagne © Patrick Artinian

En bas, à droite: un salon de beauté du vieux Terrebonne Bottom right : Old Terrebonne’s beauty parlour © Gilles Mingasson

Page de droite: Terrebonne, le « cow boy» et la « barbière » Next page: the “cowboy” of Terrebonne and the barber woman © Gilles Mingasson

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Une Montréalaise âgée me racontait récemment sa première excursion hors de l’île de Montréal : c’était en 1937, elle avait 21 ans et son fiancé l’avait emmenée dans le petit village de Sainte-Rose, sur l’île voisine de Laval, pour une mémorable expédition campagnarde. Quelques années plus tard, à la faveur du baby boom et du développement de l’automobile, cette destination lointaine et pittoresque s’était transformée en une vaste zone résidentielle. Avec ses vieilles maisons coloniales, le cœur du vieux Sainte-Rose n’avait guère changé, mais tout autour, bungalows et centres commerciaux s’élevaient dans les anciens champs de citrouilles, de choux et de maïs. Aujourd’hui, les habitants de Blainville, de Saint-Sulpice et même de Saint-Basile-le-Grand (municipalités distantes de plusieurs dizaines de kilomètres du mont Royal) se réclament de la banlieue montréalaise au même titre que ceux d’Outremont, de Mont-Royal et de Westmount, qui ont pour ainsi dire la montagne dans leur jardin. C’est dire qu’à Montréal, la notion de banlieue doit être pensée en termes de couronnes concentriques plutôt que comme un tout uniforme. Rien de commun en effet entre le vieux tissu urbain d’Outremont, totalement intégré à celui de Montréal, et les nouveaux projets domiciliaires de Boisbriand ou de Mascouche. L’autre caractéristique des banlieues montréalaises tient à la présence de noyaux villageois remontant souvent aux origines de la colonie. Le peuplement initial de Longueuil, Verdun, Lachine, Repentigny et autres Boucherville date du XVIIe siècle ; celui de Laval, Saint-Eustache, Terrebonne ou Verchères est à peine plus récent. Même si l’essentiel du développement de ces localités s’est effectué depuis la Seconde Guerre mondiale et correspond bien aux schémas de la banlieue américaine (espaces verts, tissu urbain lâche favorisant l’usage de l’automobile, prédominance de l’habitat unifamilial, concentration des activités commerciales), la permanence d’un « vieux Longueuil » ou d’un « vieux Repentigny» garantit l’identification des résidents à un territoire – je n’ose pas écrire à un terroir. An elderly Montreal woman recently told me about the first time she left the island : in 1937, when she was 21 years old, her fiancé took her on a memorable camping trip to the tiny village of Sainte-Rose on the neighbouring island of Laval. Just a few years later, with the arrival of the baby boom and affordable cars, this once-distant and picturesque destination would become a vast residential area. The heart of old Sainte-Rose, with its graceful colonial houses, has not changed very much, but bungalows and shopping centres have sprung up in the pumpkin, cabbage and corn fields that once surrounded the village. Today, the residents of Charlemagne, Saint-Sulpice and even Saint-Basile-leGrand (municipalities tens of kilometres away from Mount Royal) have as much right to call suburban Montreal their home as do the residents of Outremont, Town of Mount Royal and Westmount, who can see the mountain from their backyards. In other words, the suburbs of Montreal should be thought of as a series of concentric circles rather than as a uniform whole. The well-worn urban fabric of Outremont is an integral part Montreal’s landscape, and has absolutely nothing in common with the new housing projects in outlying communities like Boisbriand or Terrebonne. Many of Montreal’s off-island suburbs have histories of their own : they were built around villages, some of which date back to the origins of New France. Longueuil, Verdun, Lachine, Repentigny, Boucherville and other municipalities were initially settled at the end of the 17th century, and Laval, Saint-Eustache, Terrebonne and Verchères only slightly later. Most of the development in these communities took place after World War II and shares most of the features of standard North American suburban sprawl (green space, loose urban fabric promoting the use of automobiles, predominance of single-family homes, concentration of commercial activities). But the continuing presence of villages like "Old Lachine" and "Old Repentigny," provide people with a link to their region's past, if not with genuine local roots.

Ainsi, dans chaque municipalité, le clocher argenté de l’église patrimoniale dominant quelques dizaines de maisons anciennes reconverties en boulangeries artisanales ou en restaurants exotiques joue-t-il le rôle d’un indispensable phare pour l’océan pavillonnaire qui s’étale alentour. Comme si, en dehors de l’île de Montréal, les centres villageois des banlieues fonctionnaient comme autant d’îlots d’urbanité.


In each of these municipalities, the silver steeple of the old village church, towering above a cluster of historical homes that have been converted into traditional bakeries or exotic restaurants, acts an indispensable beacon for the sea of suburban homes that stretches for miles around. You might say that the villages at the centre of these suburbs are little islands of urban sophistication themselves, however far they may be from the Island of Montreal.

Lachine, samedi après-midi : si tu veux, je te la prête... Lachine Saturday afternoon : if you’re nice, I might lend it to you... © Jérôme Chatin

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En haut, à gauche: Lachine, fouilles archéologiques dans la maison Lebert-Lemoyne Top left : excavations at the Lebert-Lemoyne historical house in Lachine © jérôme Chatin

En haut, à droite: club d’aviron à Lachine Top right : a rowing club in Lachine © jérôme Chatin

En bas, à gauche: Terrebonne: l’île du Moulin Bottom left : île du Moulin, Terrebonne © Gilles Mingasson

En bas, à droite: le chef Cayer, restaurant L’étang des moulins à Terrebonne Bottom right : chef Cayer, at the L’étang des moulins restaurant in Terrebonne © Gilles Mingasson

Page de droite: Lachine au clair de lune Next page: Lachine moonlight © Jérôme Chatin



En haut, à gauche: Charlemagne, Pauline Dion en famille. Oui, la sœur de ...! Top left : Pauline Dion, Céline’s sister (who else...), and her family © Patrick Artinian

En haut, à droite: vente de garage sur les trottoirs de Lachine Top right : a typical garage sale in Lachine © Jérôme Chatin

En bas, à gauche: couple au beau fixe dans le Vieux Terrebonne Bottom left : young couple in Terrebonne © Gilles Mingasson

En bas, à droite: Terrebonne, une vie d’ados Bottom right : adolescents hanging out in Old Terrebonne © Gilles Mingasson

Page de droite: les Internationaux junior de Repentigny Next page: the Juniors’ International Tennis tournament in Repentigny © Jean-Eudes Schurr

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© Peter Turnley

© Jean-Claude Coutausse

Montréal Métropole Carnet de voyage intime Acte collectif vécu à la première personne Poésie urbaine Images modernes et touchantes Miroir pour les hommes et les femmes de la métropole


© Jean-Claude Coutausse

© Ralph Nykvist

Montreal Métropolis An intimate travel diary A collective action in the first person Urban poetry Modern, touching images A mirror for the women and men of the city


© Peter Turnley

© Jacques Nadeau

Les Photographes The Photographers

© Ralph Nykvist

Graveurs d’images, princes et voyous Shapers of images, heroes and interlopers Ils photographient la vie de la planète They document life on the planet

Ils sont les yeux par lesquels le monde est VU The world is SEEN through their eyes


Š BenoÎt Gysembergh


© Louise Oligny

© Louise Oligny

Les Auteurs The Writers

© Jean-Claude Coutausse

Écrivains du quotidien de la métropole Chroniclers of everyday urban life Ils racontent l’histoire d’hier et d’aujourd’hui They tell the story of the past and the present Ils sont les mots avec lesquels la ville nous parle The city speaks to us through their words


© Daniel Staquet

© Ralph Nykvist


© Christophe Guibbaud

© Michel Baret

Miroir, miroir, dis-moi qui est la plus belle ? Mirror, mirror, which is the fairest ? Montréal, Venise, Paris ou Athènes ? Montreal, Venice, Paris, Athens ? Je suis différente. Mais BELLE? Unique ? Yes. But BEAUTIFUL? © Wendy Sue Lamm

L’ŒIL DE LA MÉTROPOLE a été mon miroir THE EYES ON THE CITY were my mirror Les images m’ont révélé qui je suis vraiment The images showed me who I really am Les mots ont saisi ma vie secrète The words captured my inner life


Mirror Mirror Miroir Miroir

© Laurent Giraudou

© Brent Stirton

Je suis et je serai vivante I am and will remain alive Une métropole européenne A European metropolis Unique en terre d’Amérique Unique in North America Belle ? L’Œil, mon miroir m’a dit OUI Beautiful ? YES. The eyes that gazed upon me, my mirror, told me so



Canal Lachine, au pieds des gratte-ciel Lachine Canal, beneath the city’s sky-scrappers Š Marc Tomalty



Jeunes Mohawks de Kahnawake Young Mohawk from the community of Kahnawake © Sandra Balsells Cubells

Kahnawake, communauté Mohawk HOCHELAGA

En 1535, lorsque les Amérindiens ont vu débarquer les premiers Européens, Jacques Cartier en tête, sur le rivage de ce qu’on nomme aujourd’hui l’île de Montréal, leur première impression a été qu’ils appartenaient à une bien étrange espèce. Les nouveaux venus parlaient une langue bizarre, voyageaient sur de gigantesques embarcations à voiles et transportaient des instruments inconnus. Néanmoins, les Iroquois ont accueilli avec bienveillance ces visiteurs qui avaient pour curieuse habitude de les saluer d’une poignée de main. Aussi ont-ils tout naturellement nommé les arrivants « le peuple qui serre la main ». En Mohawk, l’une des nombreuses langues iroquoises contemporaines, « main » se dit « osha» et « aka» signifie peuple ou nationalité. D’après la tradition orale des Mohawks, les Européens, dans la confusion de ce premier contact accompagné d’une communication rudimentaire, ont conclu par erreur que « osha aka» était le nom de la communauté indienne, et non celui qui leur avait été donné. Depuis, la dénomination s’est transformée en Hochelaga.

Mohawks from Kahnawake HOCHELAGA

I

Pause déjeuner pour des ouvriers Mohawks sous les structures du Pont Mercier Lunch under the Mercier Bridge: Mohawk steel workers take their break © Sandra Balsells Cubells

n 1535, when the local Indigenous People found Europeans, led by Jacques Cartier, on the shores of what is today called the Island of Montreal, they found them to be a curious lot. Speaking a strange language, sailing in large ships and carrying strange instruments, the Iroquoian inhabitants welcomed these new visitors to their community. These new visitors had the unusual habit of shaking hands when being greeted, so the Iroquois called them the people who shake hands. In the Mohawk language, one of a number of contemporary Iroquoian languages, the word for hand is osha, and aka means people or nationality. According to the oral tradition of the Mohawks, the confusion of initial contact and rudimentary communication perplexed the Europeans. They misinterpreted the name for them of osha aka as the word for the community. Hence, the name Hochelaga came about.



Le groupe suivant de visiteurs européens a constaté à son arrivée que la communauté d’Hochelaga ne se trouvait plus là où les carnets de voyage de Cartier l’avaient située. Le village s’était sans doute déplacé ailleurs, comme le faisaient à l’occasion les Iroquois. Il existait cependant d’autres communautés amérindiennes sur l’île de Montréal, dont certaines se sont rapprochées de Ville Marie, comme la ville s’appelait alors. Au fil des années, les relations entre les deux peuples furent tantôt cordiales, tantôt orageuses. La traite de la fourrure était au début le principal pôle d’attraction des Européens, et de vifs désaccords au sujet du contrôle de la traite, de la souveraineté des peuples autochtones et de la possession de la terre ont dégénéré en guerres et en discordes qui restent de nos jours non résolues. Une communauté Mohawk a quitté dans les années 1700 l’île de Montréal pour fonder Kanesatake sur les rives du lac des Deux Montagnes. En 1990, le conflit au sujet de la propriété de la terre a provoqué une levée de barricades et un face-à-face chargé d’électricité entre les Mohawks et l’armée canadienne.

KAHNAWAKE Au milieu du XVIIe siècle, une autre communauté Mohawk appelée Kentake ou Kahentake, ce qui signifie « les prairies », s’est installée de l’autre côté du Saint-Laurent, là où se trouve aujourd’hui la ville de Laprairie. Le village s’est plusieurs fois déplacé en amont du SaintLaurent, au fur et à mesure que les cultures et la coupe épuisaient la terre et les réserves de bois. Il s’est ensuite fixé là où il est aujourd’hui, en face de Lachine, devenant alors un poste de première importance pour la traite des fourrures. C’était le point de départ et d’arrivée de la piste de traite de l’Ouest.

The next group of Europeans returned to find that the community of Hochelaga was no longer where Cartier had described it. The village had probably moved to another location, as Iroquoian communities did from time to time. However, there were other villages in the Montreal area and some moved close to Ville Marie, as Montreal was first called. Over the years relations between the two peoples were both cordial and hostile. While trade was the dominant activity in the early years, disputes over control of that trade, the sovereignty of the Indigenous Peoples and the very land itself all became subjects of conflict and war which are still unresolved today. One Mohawk community was moved from the Island of Montreal in the 1700s to form Kanehsatake on the Lake of Two Mountains. In 1990, the dispute over the ownership of that land resulted in a tense stand-off between the Mohawks and the Canadian Army.

KAHNAWAKE In the mid 1600s, another Mohawk community called Kentake or Kahentake, meaning the fields, was located across the St. Lawrence river from Montreal where the contemporary community of Laprairie, French for the fields, is situated today. Kentake moved several times up the St. Lawrence River as the planting fields and wood supplies were exhausted. It is now situated where Kahnawake is today, across the river from Lachine. It became a very important staging area for the fur trade as it was both the beginning and end of the fur trading route to the west. Today Kahnawake is a thriving Mohawk community just twenty minutes from downtown Montreal.

Pow Wow réunissant différentes communautés Iroquoises sur le Vieux Port de Montréal Urban Natives from different communities taking part in a Pow Wow in Old Montreal Page de gauche © Jean-Christian Bourcart Page de droite © Sandra Balsells Cubells

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En haut, à gauche: Jody Diabo, Peacekeeper, en patrouille dans Kahnawake Top left : a Kahnawake Peacekeeper, Jody Diabo doing her rounds © Sandra Balsells Cubells

En haut, à droite: joueur de Lacrosse, le sport national des Mohawks Top right : a proud team player after a game of Lacrosse, the Mohawk traditional sport © Sandra Balsells Cubells

En bas, à gauche: l’album de famille de madame Diabo Bottom left : Mrs. Eugene Diabo, reminescing over family album © Sandra Balsells Cubells

En bas, à droite: Barry Diabo pose devant son autobus scolaire Bottom right : Barry Diabo in front of his school bus © Sandra Balsells Cubells

Page de droite: « pas de deux » sous le Pont Mercier Next page: steel worker’s routine under the Mercier Bridge © Sandra Balsells Cubells



De nos jours, Kahnawake est une florissante communauté mohawk située à 20 minutes à peine du centre-ville de Montréal. Avec une population de 7 000 habitants, cette communauté autochtone bénéficie à la fois de la proximité de la métropole et d’un environnement presque rural. Là, les Mohawks continuent à parler leur langue et à perpétuer avec fierté leur histoire et leur culture tout en s’efforçant de s’adapter à la société moderne. Parmi les Mohawks, beaucoup ont profité de la proximité de Montréal pour se trouver un emploi dans l’île. Grâce à leur remarquable aptitude à travailler sur de hautes structures d’acier sans éprouver de vertige, ils ont été engagés dès la fin des années 1880 à la construction du pont de chemin de fer du Canadien Pacifique reliant Kahnawake à l’île de Montréal. Ensuite, ils se sont mis à voyager d’un chantier à l’autre pour trouver du travail. De nombreux gratte-ciel de Montréal ont été construits par les « ouvriers funambules » mohawks, de même qu’une multitude de tours commerciales à travers les États-Unis. La tradition mohawk du « travail nomade » se perpétue de nos jours : excellents ouvriers du fer, une spécialité introduite dans la communauté dès 1800, les jeunes hommes de la nouvelle génération continuent à voyager pour proposer leurs services.

AUJOURD’HUI À nos yeux, Montréal fait toujours partie du territoire mohawk. Des siècles d’occupation européenne n’ont rien changé à notre vision de nous-mêmes et à notre lien avec la terre. Nous utilisons Montréal à notre avantage: c’est pour nous un endroit où travailler, nous distraire, nous instruire, faire nos achats. C’est aussi l’aune à laquelle nous mesurons notre propre développement. Nous examinons Montréal et ses institutions et prenons nos décisions en fonction des besoins et des préférences de notre communauté. En conséquence, nous possédons notre propre hôpital, notre propre police, notre propre système judiciaire, nos propres écoles, ainsi qu’une organisation de style municipal pour gérer notre infrastructure et d’autres services. Les visages que vous voyez sur ces photos sont ceux d’un peuple fier et vibrant qui vit aux portes d’une grande zone urbaine sans s’être laissé ni assimiler ni aveugler par l’éclat et le scintillement de la grande ville. With a population of 7,000, this Native community has the benefit of being close to an urban metropolis while retaining an almost-rural setting. Here the Mohawks continue to speak their language and take pride in history and culture. At the same time, they manage to adjust to a modern society. Many of the Mohawk people have taken advantage of living close to Montreal by finding employment on the Island. Mohawks are most famous for working on elevated steel structures. They began by working on the CPR rail bridge connecting Kahnawake to the Island of Montreal in the late 1880s. From there they travelled extensively to find work. Many of the high-rise buildings in Montreal were built by Mohawk high steel workers, as were buildings throughout the United States. The Mohawk tradition of working and travelling is continued today as new generations of Mohawk men ply the ironwork trade first learned in the 1800s.

TODAY We still look at Montreal as part of Mohawk territory. The centuries of European occupation have not changed our view of ourselves or our relationship to the land. We use Montreal to our advantage: a place to work, a source of entertainment, a collection of educational facilities, a multitude of places to shop and a yardstick to measure our own development. We look at Montreal and its institutions and decide what we need or prefer to have in our community. As a result we have our own hospital, our own police force, our own court system, our own schools, a municipal-style system for our infrastructure, and other functions. The faces you see in these photos are those of a proud and vibrant people who live next to a large metropolitan area, yet have resisted any attempts at being assimilated and consumed by the flash and glitter of the big city.

Montréal est une métropole multi-ethnique où vivent de nombreux membres des peuples autochtones : Mohawks, Cris, Inuit, Montagnais, Algonquins, Micmacs, etc., attirés vers Montréal par les multiples occasions qu’elle procure. Ces gens forment presque une minorité invisible mais vous pouvez les voir chaque été, rassemblés lors du grand pow wow annuel des Centres de l’amitié des peuples autochtones de Montréal, où ils célèbrent leurs cultures respectives à travers leurs traditions culinaires et vestimentaires, leurs chants et leurs danses.


Montreal is a multi-ethnic metropolis and there are many Indigenous Peoples living in the city : Mohawk, Cree, Inuit, Montagnais, Algonquin, MicMac, and others, who gravitate to Montreal for the opportunities it provides. They are almost an invisible minority but you can see these people every summer at the Montreal Native Friendship Centre’s annual pow-wow, where they display their culture in their dress, food, songs and dances.

Billy Two-Rivers, personnalité charismatique connue pour ses discours sur les droits et traditions des Mohawks Billy Two-Rivers, charismatic figure known for his public speaking about Mohawk’s rights and traditions © Sandra Balsells Cubells

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Le jardin chinois du Jardin Botanique The Chinese Garden at the Montreal Botanical Gardens Š Michel Baret



Pelouse interdite ! Forbidden grass... © Wendy Sue Lamm

Les « anglos » Prononcez le mot « anglophone » devant un Canadien de toute autre ville du pays et il vous gratifiera d’un regard ébahi. Et pour cause: ce terme n’a de signification qu’au Québec, particulièrement à Montréal où vivent la plupart des Québécois de langue anglaise. Ces quelque 600 000 anglophones forment ici une minorité linguistique, une situation sans équivalent dans le monde entier ! Au fil des siècles, les anglophones de Montréal ont fortement contribué au développement de la ville et ils ont modelé sa vie publique en y laissant une marque indélébile. Qu’il s’agisse des universités McGill et Concordia, du Centre Saidye Bronfman, du musée McCord, de l’Hôpital Royal Victoria ou de la Bibliothèque Atwater, de nombreuses institutions fondées par la communauté anglaise ont aidé la cité à conquérir une réputation internationale. Aujourd’hui encore, elles continuent à enrichir la vie sociale et culturelle de la métropole.

The anglophone community M

ention the word “anglophone” in any other Canadian city and you’re likely to get a blank stare. The term has meaning only in Quebec and especially in Montreal, where the bulk of the province’s English-speakers live. Numbering some 600,000, anglophones are a linguistic minority here, unlike anywhere else in the world. Over the centuries that anglophones have lived in Montreal, they have made important contributions to the city’s development and have left an indelible mark on its public face. Whether through the founding of such institutions as McGill and Concordia universities, the Saidye Bronfman Centre for the Arts, the McCord Museum, the Royal Victoria Hospital or the Atwater Library, many of these institutions have garnered the city an international reputation, and they continue to contribute to its cultural and social life today.

Joute de croquet à Westmount : verte est la couleur, et blanche la tenue ! Westmount : green is the landscape and white is the dresscode ! © Wendy Sue Lamm


Comme on peut s’y attendre dans une ville où deux groupes linguistiques dominants partagent le même espace vital avec, en apparence, plus de points de friction que de sujets d’entente, les stéréotypes foisonnent. Certains francophones prétendent quils peuvent reconnaître les anglophones dans la rue à leur seule apparence - ils sont plus grands, leur style vestimentaire est plus conservateur. D’autres affirment qu’ils se sont toujours tenus à l’écart de la soi-disant culture anglophone, mais quand on leur demande d’en fournir une définition, ils en sont incapables. Bien sûr, on ne peut les blâmer de se représenter les « anglos » comme des inconditionnels de la marmelade d’oranges et des buveurs de scotch, en accord avec la norme britannique. Il n’en reste pas moins qu’après des années de brassage culturel, les anglos du Québec ont désormais plus de points communs avec leurs voisins francophones qu’avec les anglophones du reste du Canada. Les Québécois de langue anglaise se distinguent des Canadiens anglais par leur passion et par un tempérament latin hérité des Québécois francophones. Mais ils conservent aussi des pans entiers de leur héritage britannique et protestant. Ce mélange de culture latine et de traditions anglo-saxonnes leur donne une identité double, parfois ambiguë, qualifiée même par certains de schizophrénique. Une enquête du magazine Info Presse sur leurs goûts, réalisée en 1995, nous donne d’étonnants indices sur ce phénomène. Les chiffres montrent que les anglos boivent plus de thé que leurs voisins francophones mais ce qui est plus surprenant, c’est qu’ils consomment aussi plus de vin. D’autres statistiques, plus éloquentes encore, indiquent qu’ils en boivent quatre fois plus que les autres Canadiens anglais du pays !

As might be expected in a city where two dominant linguistic groups share a living space and, on the surface, seem to argue more than they get along, stereotypes abound. Some francophones say they can pick out anglophones on the street based on their appearance (taller and more conservatively dressed). Other French-speakers claim they’ve never participated in so-called anglophone culture, yet are unable to define it when asked. Perhaps they can’t be blamed for picturing anglos eating marmite and drinking scotch in keeping with the British norm, but after years of mixing cultures, Quebec’s anglos now have far more in common with their francophone neighbours than with their English counterparts in the rest of Canada. Anglo-Quebecers distinguish themselves from other English Canadians by their passion and a Latin character they’ve acquired from franco-Quebecers, but they also retain elements of their British and Protestant heritage. The combination of Latin culture and Anglo-Saxon traditions makes for a dual and often ambiguous – some might even say slightly schizophrenic – identity. The magazine Info Presse’s study about the likes and dislikes of Anglo-Quebecers (1995) gives some indication of this phenomenon. The study found that anglos not only drink more tea than their franco neighbours, but they also drink more wine. More telling, however : the figure was more than four times the amount of wine consumed by anglos elsewhere in Canada. En haut : le Suburban, journal local de Westmount Top left : the Suburban, Westmount local weekly © Wendy Sue Lamm

En bas : Bibliothèque de Westmount Bottom left : Westmount’s library © Wendy Sue Lamm

Page de droite: l’Université McGill, au centre-ville Next page: McGill Universtity, located downtown Montreal © Laurent Giraudou

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En haut, à gauche: foyer d’étudiants à l’Université McGill Top left : inside McGill’s students residence © Brent Stirton

En bas, à gauche: dans un parc de Westmount Bottom left : one of Westmount’s many parks © Wendy Sue Lamm

En haut, à droite: un certain style, dehors..., Top right : a touch of style...outside, © Wendy Sue Lam

En bas, à droite: ...comme dedans ! Bottom right : ...as well as inside ! © Wendy Sue Lam

Page de droite: bonjour Westmount ! Next page: hello Westmount ! © Wendy Sue Lam

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La double personnalité des anglos de Montréal se manifeste à d’autres niveaux : un clivage semblable existe entre les générations. Les anciens, comme Isabella Gibson que l’on voit ici fêtant son 99e anniversaire, se souviennent du temps où Montréal n’avait pas d’accent aigu sur le « e ». Cette francisation est un phénomène récent dans la longue histoire de la ville, mais l’un de ses effets inattendus est de faire mentir - du moins chez les jeunes anglophones - le vieil adage selon lequel le boulevard Saint-Laurent est une frontière étanche entre le Montréal français et anglais. À présent bilingue, la jeune génération ne se représente plus Montréal comme une ville anglaise, et le fait de parler français couramment lui donne un atout supplémentaire sur un sous-continent en majorité anglophone. Même si les anglophones et les francophones ont de plus en plus de points communs, ils n’en conservent pas moins des dissemblances plutôt tranchées. Bien qu’au Québec le taux de nuptialité ait baissé dans tous les groupes linguistiques, les anglophones convolent plus que les francophones, toutes proportions gardées. Et tandis que les francophones ont tendance à adopter une attitude de laisser-faire envers les règles et les règlements, les anglophones sont plus disciplinés, comme l’illustre la photo du petit garçon coiffé d’un casque de sécurité. Mais la principale différence entre les deux cultures est qu’elles ne mettent pas les mêmes fêtes au calendrier. Le long week-end de mai, rebaptisé au Québec en l’honneur de Dollard des Ormeaux, demeure pour les anglos l’anniversaire de la reine Victoria. De plus, au lieu de célébrer la Saint-Jean-Baptiste, fête nationale du Québec, les anglos commémorent une semaine plus tard le Jour du Canada. Ces deux fêtes sont pour eux l’occasion d’affirmer que l’héritage britannique et la nationalité canadienne restent les deux pivots de leur identité. Mais dans la vie urbaine de tous les jours, anglophones et francophones se côtoient constamment. Dans les relations de voisinage, au restaurant ou à l’arrêt d’autobus, ils discutent en mêlant sans cesse l’anglais au français dans la conversation. Anglophones’ split personality is apparent on more than one level : it exists between the generations as well. Members of the older generation, like Isabella Gibson shown here celebrating her 99th birthday, can remember a time when the “e” in Montreal had no accent. Francisization is a recent phenomenon in the city’s long history, but one of its unexpected effects is the erosion (at least among younger anglophones) of the old adage that St-Laurent Boulevard is the dividing line between French and English Montreal. The bilingual younger generation of anglophones can’t imagine Montreal as an English city, and their fluency in French puts them in a privileged position on a continent of English-speakers. Even as anglophones and francophones grow more and more alike, however, they do maintain some sharp differences. While Quebec’s marriage rate has declined across all linguistic groups, anglophones still marry more often than francophones. And whereas francophones tend to have a laissez-faire attitude towards rules and regulations, anglos will be more conscientious about them (witness the boy wearing a safety helmet). But the most pronounced distinction between the two cultures is their celebration of utterly different holidays. The long weekend in May, though renamed in honour of Dollard Des Ormeaux in Quebec, steadfastly remains Queen Victoria’s birthday among anglophones. Moreover, instead of celebrating the feast of St. Jean Baptiste, Quebec’s national holiday, anglos observe Canada Day a week later. This reaffirms that anglos’ British ancestry and Canadian nationality remain important lynchpins of their identity. But when it comes to their daily lives in Montreal, anglophones and francophones constantly rub shoulders with one another. Whether as neighbours, dining out or simply waiting in line for the bus, they’ll be speaking English one minute and French the next. So much so that French words now frequently take the place of English ones in conversation .

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Le français s’est tellement infiltré dans la langue anglaise qu’en 1997, le Oxford Guide to English Canadian Usage a classé l’anglais du Québec parmi les dialectes régionaux. En vérité, les années passées ensemble et l’espace partagé ont fini par rendre obsolète le vieux concept des « deux solitudes ». À force de tiraillements mais aussi d’échanges mutuels, les deux cultures linguistiques de la ville sont en train de mettre au monde une nouvelle catégorie de citoyens. Tout en restant farouchement Canadiens, les anglos d’aujourdhui sont fiers de se dire Montréalais.


The French infusion is so pronounced that the Oxford Guide to Canadian English Usage (1997) deems Quebec English a regional dialect. Indeed, the years spent living together and sharing a space are finally putting an end to the concept of “two peoples, two identities, deux solitudes.” The push-and-pull and give-and-take of Montreal’s two linguistic cultures is producing a new, single category of citizen : as fiercely Canadian as they are, anglos today would just as proudly call themselves Montrealers.

À la une d’un quotidien anglophone: 99 ans, le 9 du 9e mois de 1999, le premier jour de L’Œil de la Métropole. Front page in the English daily : 99 years old, the 9th of the 9th month, 1999, the first day of Eyes On the Metropolis. © Wendy Sue Lamm

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Pavillon du Jardin Botanique Inside the Botanical Gardens Š Michel Baret



Tournage de film dans l’usine de filtration d’Atwater Film shoot in Atwater’s filtration system © Marc Tomalty

Culture d’été, culture d’hiver T

out est question de saison à Montréal. En culture, comme en toute chose. Abordez la métropole côté cour blanchie, les yeux rivés sur un fleuve figé par la glace, il vous faudra magasiner vos loisirs culturels, consulter un guide, identifier les portes des théâtres, des cinémas, des musées « où ça se passe ». L’hiver pétrifie toute chose. Mais côté jardin ensoleillé de l’été, l’abondance fleurit. Les autochtones et les visiteurs n’ont qu’à se pointer au centre-ville et à suivre la foule. Le Montréal estival est une succession de festivals en tous genres. On démarre aux accents du Jazz. On rigole avec le Festival de l’humour, on chante aux FrancoFolies, on gambade avec la Nouvelle Danse, on se rue au Festival des Films du Monde. Tellement friands de leurs rendez-vous, les Montréalais, qu’un œil extérieur pourrait les croire grands cinéphiles, passionnés de jazz ou amateurs de chansons à texte. Stop ! Pas si simple. La métropole aime absorber l’art dans la foule et la liesse mais dès l’automne, sa frénésie s’estompe. On range le saxo, le cinéma américain prend ses aises sur les grands écrans, et la ville culturelle s’emmitoufle.

Summer culture, winter culture Like everything else in Montreal, its culture changes with the seasons. If you

Exposition de photographies à Wesmount Exhibition in a Westmount gallery © Wendy Sue Lam

arrive in the city when its white with snow and your eyes are drawn to a river blocked by ice, you will have to shop for cultural activities, consult a guidebook to find out what’s on at the various theatres, cinemas and museums. Winter freezes everything. But when the summer sun shines down on the city, its culture flourishes along with its gardens. Locals and visitors alike just have to head downtown and follow the crowd. In summer, Montreal hosts a succession of festivals. The rhythms of jazz come first, followed by the comedy of the Just for Laughs Festival. The city then sings along at the Francofolies (a celebration of French song), flits over to the Festival of New Dance, then dashes to the World Film Festival. Montrealers are so fond of their festivals that a casual observer might well mistake them for genuine film buffs, jazz aficionados or appraisers of the interplay between music and lyrics. But the truth is not so simple. Montrealers love to experience art en masse, as part of a jubilant crowd. Come fall, however, the frenzy fades. The saxophones are put away, American movies monopolize the big screens again, and the cultural life of the city heads indoors.


En dehors des images animées et des grands événements populaires (Ave Céline Dion, icône nationale ! Ave aussi, ô humoristes !) les manifestations plus pointues ratissent bon an mal an leur maigre 7 % d’auditoire. Ce qui n’empêche pas Montréal d’offrir à tout venant sa panoplie culturelle complète, dont une création théâtrale particulièrement vibrante. Les Robert Lepage, Wajdi Mouawad, Normand Chaurette mènent avec bien d’autres le bal sur les planches. Versant danse, La La La Human Steps, O Vertigo, Marie Chouinard sont quelques apôtres bondissants d’une modernité éclatée. Quant à notre Cirque du Soleil, il a fait école et toute une relève s’entraîne avec ardeur au trapèze et à la contorsion. La ville arbore de grands musées (plus fréquentés que le reste), dont dans l’ouest, rue Baile, perle de classe et d’avant-gardisme, ce Centre canadien d’architecture aux expositions thématiques si inspirées. Montréal, derrière sa bouille mal fardée, garde la trace de regards qui l’ont caressée dans ses murs, ses rues, ses escaliers en tire-bouchons. Allez vous promener sur le Plateau Mont-Royal, l’univers de Michel Tremblay surgira à chaque détour. Montez jusqu’au petit parc des Portugais, vous entrerez dans le fief de Leonard Cohen, le chantre de Suzanne. Arrêtezvous au carré Saint-Louis, l’ombre mélancolique du poète Nelligan, voué à la folie, flottera peut-être, évanescente, devant vos yeux.

Photo du haut : Jean-François Desmarais, sculpteur, dans son atelier de l’ancienne usine Watson and Foster dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve Top left : Jean-François Desmarais, sculptor in his studio located in an old wharehouse in the district of Hochelaga Maisonneuve © Allen McInnis

Photo du bas : silence, on tourne ! Bottom left : getting ready for the shoot © Marc Tomalty

Page de droite: jazz chez Biddles downtown Montreal Next page: a man plays the blues at Biddles’ famous jazz club in downtown Montreal © Jean-Claude Coutausse

Quite apart from the animated blockbusters and major public events (such as ritual tributes to Céline Dion, our national icon, and to our cherished comedians), more specialized cultural activities consistently attract their meager 7 per cent of the audience. But this does not prevent Montreal from offering a full range of cultural fare for all tastes. The theatre scene is particularly vibrant, with Robert Lepage, Wajdi Mouawad, Normand Chaurette and many others directing the on-stage action. On the dance scene, La La La Human Steps, O Vertigo and Marie Chouinard are just a few of the innovators exploding modernism from within. And as for our celebrated Cirque du Soleil, it operates a school where an enthusiastic new generation of trapeze artists and contortionists is learning the ropes. The city is also home to extraordinarily popular major museums, including the Canadian Centre for Architecture, which combines good taste and avant-gardism in exemplary fashion. Located on Rue Baille in the western part of downtown, the CCA is renowned for its truly inspired thematic exhibitions. Beyond its somewhat shabby façade, Montreal bears the traces on its walls, its streets and its winding staircases of those who have gazed upon and lovingly shaped the city. Take a stroll on the Plateau Mont-Royal and see parts of playwright-novelist Michel Tremblay’s vibrant world around every corner. Walk up St-Lawrence until you reach the little Portuguese park, and enter the realm of Leonard Cohen, bard of "Suzanne." Stop in Carré Saint-Louis, and the melancholy ghost of poet Émile Nelligan, doomed to madness, might just float before your eyes then vanish once again.


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En haut, à gauche: représentation au Théâtre du Vieux Terrebonne Bottom left : a performance is held at the Old Terrebonne’s Theatre © Gilles Mingasson

En bas, à gauche: Biddles, toujours et encore... Top left : Biddles forever... © Jean-Claude Coutausse

À droite: Montréal, vivier de la mode Right : Montreal, haven for young designers ©Gérard Uféras

Page de gauche: André Labbé, artiste scénographe, porte une de ses création Left page: André Labbé, designer for the theatre, wearing one of his creations © Jean-Christian Bourcart

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La métropole se conjugue au passé simple et au présent. L’histoire culturelle de Montréal est si récente qu’on retrouve souvent ses pionniers encore au poste, debout et actifs. Le jeune dramaturge Michel Tremblay qui créait une commotion en 1968 au Théâtre du Rideau Vert, rue Saint-Denis, en y présentant pour la première fois Les belles-soeurs, en joual s’il vous plaît, est le même homme qui y lançait trente ans plus tard sa dernière pièce, Encore une fois, si vous le permettez. Michel Brault, le coréalisateur en 1963 avec Pierre Perrault de Pour la suite du monde, œuvre emblématique qui ouvrit les écluses à notre cinéma direct, sortait en 1999 son film sur les Patriotes. S’il existe une date charnière par laquelle une poignée d’artistes, les peintres automatistes sous la houlette de Paul Émile Borduas, ont fait entrer le Québec dans la modernité, c’est bien 1948. Dans l’obscurantisme d’un Montréal à l’écoute de son clergé, était lancé le brûlot du Manifeste du refus global, texte incendiaire appelant à toutes les ruptures, à toutes les libérations. Or, Pierre Gauvreau, un de ses signataires, exposait en 1999 une impressionnante sélection d’œuvres récentes, débordantes de jeunesse et d’énergie. Ici, la source des courants artistiques est tout près de leur rivière ; d’où cet espèce de bouillonnement d’instantanéité, d’appel du large, sans les amarres d’un lourd passé à traîner. Virtuellement accrochée entre l’Europe et l’Amérique, aimantée par deux langues principales, Montréal s’est offert un pont : le boulevard Saint-Laurent, alias la Main, balafre ou frontière qui divise la ville d’est en ouest, confluent des cultures anglophones, francophones, yiddish, chinoises, italiennes et tutti quanti. Mal famée sur les bords, mais chargée de notre histoire culturelle, c’est la plus vieille artère montréalaise à s’être développée vers le nord à partir des anciennes fortifications (en 1729).

The cultural history of Montreal remains very present so much so, in fact, that many of the city’s cultural pioneers are still very much alive and hard at work. Michel Tremblay, the young playwright who caused such a commotion in 1968 when he staged the first production of Les Belles-Soeurs at the Théâtre du Rideau Vert on SaintDenis in Québécois French, s’il vous plaît, is the same man who, thirty years later, debuted his latest play, Encore une fois, si vous le permettez (For the Pleasure of Seeing Her Again), in the same location. Michel Brault, who in 1963 co-directed the documentary Pour la suite du monde (The Mooontrap, with Pierre Perrault), a classic film that launched a wave of cinéma-direct in Quebec released his film on the Patriotes (who rose up against British rule in the Rebellion of 1837) in 1999. If Quebec was indeed thrust into modern era at one particular moment, it was clearly in 1948 when Paul-Émile Borduas pointed the way for a handful of painters known as the Automatistes. In a Montreal where obscurantism still prevailed, where the clergy still held sway, Borduas and other artists and intellectuals signed a manifesto entitled the Refus global that called for a complete break with the past, a fight for freedom on all fronts. In 1999, Pierre Gauvreau, one of these signatories, exhibited an impressive selection of recent works overflowing with youthful energy. In this metropolis, artistic currents remain very close to their sources, which allows them to bubble over instantaneously and head for uncharted waters, without the anchor of a long past to weigh them down. Perched precariously between Europe and North America, pulled in opposite directions by its two main languages, Montreal has built itself a bridge: St-Laurent Boulevard, a.k.a. "The Main." A gash dividing the eastern part of the city from the west, it is the line of contact for Montreal’s various cultures : English, French, Yiddish, Chinese, Italian and the rest. Despite its somewhat dubious reputation, it is the repository of our cultural history, the first major road in the city to venture north of the original city fortifications (in 1729).

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N’est-ce pas sur cette même Main qu’au cours des années trente, les boîtes de jazz proliféraient, que les Américains, mafieux ou non, fuyant la prohibition, se réfugiaient pour boire et danser, attirant ici les meilleurs musiciens de Chicago et de New York ? Ceux-ci faisaient concurrence à La Bolduc, grande turluteuse devant l’Éternel, mère d’une longue lignée de chansonniers québécois, dont la voix résonnait pour chanter la crise, les petits bonheurs et les petites misères du peuple.


And it was also on "The Main" that jazz clubs sprang up during the 1930s, providing refuge for Americans who, whether mafiosi or not, wanted to drink and dance beyond the reach of Prohibition. These clubs also attracted the best musicians from Chicago and New York, creating competition for La Bolduc, Quebec’s great warbling songbird. Matriarch of a long line of Québécois singer-songwriters, La Bolduc sang about life’s ups and downs, the joys and woes of common people.

Tournage du film Hochelaga, dans le cimetière du Mont-Royal Shooting of Hochelaga, in Mount-Royal Cimetary © Marc Tomalty

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Encore aujourd’hui, le boulevard Saint-Laurent donne parfois l’illusion de réconcilier les deux solitudes linguistiques. Mais n’allez pas vous y tromper. Un écrivain comme Mordecai Richler, enfant de la Main, est lu davantage en France que par les Québécois francophones d’ici. Gaétan Soucy, dont le roman, La Petite fille qui aimait trop les allumettes fit un malheur en 1999 à Paris, se révèle un quasi inconnu dans le camp anglophone. Malaise sociopolitique oblige, la culture montréalaise demeure bicéphale et les deux rives de SaintLaurent appellent de nouveaux ponts que les générations montantes commencent d’ailleurs à enjamber joyeusement. Ce n’est pas un hasard si ce boulevard mythique a vu naître en 1999 exCentris, temple high tech voué au cinéma, aux nouvelles images et à l’expérimentation virtuelle, qu’on dirait aspiré, avec Montréal en selle, par le puissant mælström du futur.

Even today, St-Laurent Boulevard sometimes appears to reconcile Montreal’s two linguistic solitudes. But don’t be taken in too easily. The work of English writer Mordecai Richler, a child of "The Main," is read more widely in France than among French-speaking Quebecers. Gaétan Soucy, whose novel La Petite fille qui aimait trop les allumettes was a literary sensation in Paris in 1999, is practically unknown in English-speaking circles. Given the persistent sociopolitical malaise, the culture of Montreal remains two-headed, but people on both sides of St-Laurent are demanding new bridges and the new generations are beginning to cross them with glee. It is no accident that in 1999 this mythic boulevard witnessed the creation of exCentris, a high-tech temple devoted to cinema, new media and virtual experimentation that appears to be riding the mælstrom of the future, with Montreal firmly in the saddle.

Ballet jazz de Montréal Montreal’s Ballet jazz © Peter Turnley

Page de gauche - Left page: Slava’s Snow Show © Jacques Nadeau

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À gauche (2 photos) : École Nationale du Cirque Left : (2 photographs) : The National Circus School © Alain Keler

En haut, à droite: cours de claquette, École de danse Louise Lapierre Top right : tap dancing at Louise Lapierre’s Dance School © Alain Keler

En bas, à droite: la troupe Ballet Jazz Bottom right : a group of jazz ballet dancers © Alain Keler

Page de droite: Normand Chouinard, dans la peau de Don Quichotte au Théâtre du Nouveau Monde Next page: Normand Chouinard, getting ready to become Don Quichotte at the Théâtre du Nouveau Monde © Alain Keler

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À gauche et en bas, à droite: défilé au Ritz Carlton Left and bottom right : fashion show at the Ritz © Gérard Uféras

En haut, à droite: Michel Tremblay au square Berri Top right : Michel Tremblay, Quebec’s famous playwright, sitting at Berri Square © Alain Keler

Page de droite: École Nationale du Cirque. Next page: National Circus School © Alain Keler


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Pablo, «reine» de la nuit, boulevard St-Laurent Pablo, Queen of the night on St-Laurent Boulevard © Jacques Nadeau

La ville en marge Pour ceux qui trouvent que les chiens en ville, c’est inhumain

Tout est question d’organisation dans la marge. Il faut une combine pour trouver un peu de sous pour manger et s’amuser demain. Arpenter les rues, un certain secteur, avec les chiens qui suivent à la trace. Organiser le pantalon gigantesque et formidable qui drape les jambes d’adolescent. Mettre la main sur le tee-shirt de Bad Religion. Sur le blouson qui se porte comme une armure. À Montréal, la zone n’est pas cracheuse de feu, elle lave les pare-brise. Il faut quand même bien dire que rien n’est pratique l’hiver dans la marge: pas d’eau chaude dans le squat, les chiens refusés partout, des marées de slush au coin des rues qui attaquent les bottes. La dèche. Mais on n’est pas squeegees avenue des Pins parce que l’on a raté l’occasion d’avoir un modeste intérieur assez douillet, un travail honnête et des vêtements râpés mais eux aussi honnêtes et conformes. Non. C’est autre chose. Diversité des histoires personnelles.

Montreal at the margins For those who think it’s inhumane to have a dog in the city

L

ife in the margins is all about organization. You have to find a way to scrape together some money so you can eat and have some fun the next day. Scour the streets of your target sector, with dogs following your every step. Carefully arrange the incredible over-sized pants that barely grip your adolescent hips. Grab your Bad Religion T-shirt and the jacket you wear as armour. In Montreal, street people don’t eat fire ; they wash windshields. But there’s nothing easy about getting through winter in the margins of the big city : no hot water in the squats, stray dogs everywhere, rising tides of boot-drenching slush on every corner. Flat broke. But you don’t end up as a Pine Avenue squeegee because you just missed out on an almost cozy (though modest) room, a decent job and equally decent (though threadbare) conservative clothes. No. It’s something else. There are as many stories as there are people on the street. Éric, personnalité en vue – et en verve – du quartier Hochelega-Maisonneuve, avec son inséparable chien A colourful and very expressive personality of the Hochelaga-Maisonneuve District : Éric and his dog ! © Allen McInnis


Parfois il y a le rêve d’une autre vie, mais une vie assez inaccessible, vraiment tripante. Avec beaucoup de succès et de buzz, une grande voiture qui roule vite avec les copains dedans, un loft hallucinant aussi et toujours des chiens. En attendant, il faut continuer à penser à ce soir, à comment faire demain. Il faut continuer à organiser un peu. Les dimanches d’été, c’est les tam-tams au mont Royal où une foule se retrouve et danse autour de la statue aux rythmes des percussions. La plupart des gens aux tam-tams ont des apparts, d’autres un peu moins. Mais on danse, on fume sur l’herbe. On s’étire, on traîne. Des touristes passent par là et ils trouvent cette ville tolérante. C’est ce qui les frappe, c’est ce qu’ils disent. Ils parlent du visage accueillant des Montréalais. Les squeegees, eux, ne pensent pas trop à la tolérance de Montréal. Ils s’en foutent un peu. S’en foutent du melting-pot raté ou réussi. Pourvu qu’un règlement ne vienne pas interdire leur présence, c’est ce qui compte. Tu sais, ce genre de règlement que l’on met en place, paraît-il, pour protéger la « salubrité » publique, pour éviter que les contribuables ne soient importunés tandis qu’ils attendent le feu vert. Les squeegees ne sont pas tout à fait clochards. Certains sont même squeegees du dimanche et l’été, il y a toujours plus de jeunes qui lavent les pare-brise des voitures. Certains entrent de plein fouet dans la dope. Certains disparaissent d’un coup, changent de ville, retournent chez leur mère ; certains meurent aussi. Il y a des filles et des garçons qui forment des couples, des couples qui auront des enfants. Et leurs tanières sont dans la ville.

En haut : Cruella, friperie du Plateau Mont-Royal Top : Cruella, a vintage clothing store, Plateau Mont-Royal © Peter Turnley

En bas : avant d’entrer en scène, à l’Entre Peau Bottom : before show time at the Entre Peau night club © Jean-Christian Bourcart

Page de droite: tam-tams, haut lieu du happening musical, les dimanches sur la Montagne Next page: Revellers at the ritual tam-tams gathering, Sunday on the mountain © Andy Hall

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Sometimes it’s the dream of another life, a none-too-realistic dream of a really wild life. Full of success and stimulation, a big fast car for you and your friends, a trippy loft and the ever-present dogs. In the meantime, youve got to keep thinking about tonight, about how to make it through tomorrow. Got to get a little more organized. On summer Sundays, it’s the tam-tams on Mount Royal, where a crowd gathers to dance around the statue to the rhythm of improvised drumbeats. Though most of the people at the tam-tams have apartments to go home to, some don’t. But no matter. Everybody dances, smokes on the grass, stretches, hangs out. Tourists happen by and remark on the citys tolerance. That’s what strikes them, that’s what they say. They talk about the welcoming faces of Montrealers. But the squeegees don’t give much thought to the tolerance of Montreal. It’s not their concern. They don’t care whether the melting pot fails or succeeds. As long as a bylaw doesn’t put them out of business. That’s what counts. You know, the kind of bylaw that’s supposedly passed to protect public "health," to ensure that taxpayers aren’t disturbed while waiting for a light to turn green. Squeegees are not completely down and out. Some are just Sunday squeegees, and in summer there are always more kids to wash windshields. Some get heavily into drugs. Others disappear all of a sudden, head for another city, go back to their mothers. Some die. Then there are the girls and boys who form couples, who will have their own children some day in their city lairs.


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En haut, à gauche: initiation pour les étudiants des écoles HEC et ETS Top left : initiation time for HEC and ETS students © Jean-Christian Bourcart

En bas, à gauche: les couleurs de la Main Bottom lef : colours on the Main, the ever-famous St-Laurent Boulevard © Peter Turnley

En haut, à droite: la friperie Rebella, sur la rue Mont-Royal Top right : display at Rebella, one of many vintage stores of Mont-Royal Street © Peter Turnley

En bas, à droite: les armes du squeegee Bottom right : true squeegee armour © Andy Hall

Page de droite: ange ou démon ? Right page: angel or devil ? © Andy Hall

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Dans la marge de Montréal, on croise 1 000 visages encore. Des moins punk, des plus vieux, plus décrochés du centre. Il y a ce petit homme affairé qui tire toute la journée une charrette avec un vélo, et dans sa charrette il y a un vieux chien noir qui se tient à carreau et des chats un peu hébétés. Toute la journée, il descend l’avenue du Parc, puis la remonte. Ça dure des heures. Il y met de l’énergie. Peut-être qu’il est à Montréal avec sa charrette depuis 200 ans. Mais aujourd’hui, ce n’est plus du tout pratique avec la circulation automobile de tirer une vieille carriole remplie de trois ou quatre bêtes qui n’ont pas vraiment d’utilité. Les silhouettes de la marge s’agitent dans un temps si différent. Une femme qui souffle très vite et au hasard dans un harmonica, rue du Prince-Arthur. Des hommes qui vocifèrent à l’est comme à l’ouest de la ville. Des estropiés qui mendient rue Sainte-Catherine avec leurs chiens couchés sur des couvertures crasseuses. La ville est étendue. Marcher, parcourir la rue Sainte-Catherine, s’arrêter au métro Berri-UQAM une heure ou deux pour saluer des potes, et continuer jusqu’à Saint-Laurent. Chercher un plan pour la nuit, dans cette ville néanmoins douce. Trouver des cigarettes, de la nourriture pour les chiens et pour soi. À eux, les grands ouvrages du génie civil font de l’effet. Le pont Jacques-Cartier est extraordinaire. L’autre jour, il y avait quelques jeunes qui planaient à la Biosphère.

Great feats of civil engineering cast a spell over them. They marvel at the Jacques-Cartier Bridge. Kids trip at the Biosphere. The city is a valley full of enticing prey. And even though nature’s hostility of nature always manages to pierce through all that concrete and steel, it’s a hostility they wouldn’t dream of cursing. That’s just how it is : there’s no sense in cursing the forests. No matter how much dread they inspire. In the margins of the city, you still see a thousand faces. Less punky, older, more off-centre. There’s that busy little man who pulls his cart along by bike all day long, and in his cart there’s an old dog that remains above the fray and cats that look a little dazed. All day long, he makes his way up and down Park Avenue. It goes on for hours. He puts a lot into it. You’d swear he and his cart had been in Montreal for two hundred years. But today, with all the automobile traffic in the city, it’s difficult to pull around a ramshackle cart full of three or four animals that serve no real purpose. The silhouettes in the margins are so out of step with the rest of the city. A woman who blows very quickly and haphazardly into a harmonica on Prince-Arthur. Men who shout angrily in both the east and west ends. Damaged people who beg on SteCatherine Street, their dogs lying beside them on grimy blankets.

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La ville est une vallée giboyeuse, même s’il y a aussi l’hostilité de la nature dans tout ce béton et ce fer. C’est une hostilité qu’ils ne songent pas à maudire. C’est comme ça : il n’y a pas de sens à maudire les forêts. Quand bien même elles donneraient de l’effroi. Une année, des faucons pèlerins ont construit leur nid au sommet d’un gratte-ciel. Montréal, la métropole, ressemble quelquefois à une forêt dure et luxuriante. Elle en a l’ampleur.


The city is vast. Walk the length of Ste-Catherine Street, stop at the BerriUQAM metro station for an hour or two to check in with your friends, then continue on to St-Laurent. Come up with a plan for the night, in this nevertheless gentle city. Find some cigarettes, some food for the dogs and for yourself. One year, some peregrine falcons built their nest atop a skyscraper. Montreal, the metropolis, sometimes resembles a hard and luxurious forest. It’s on the same scale.

Mes pieds sont faits pour marcher ! These feet are made for walking ! Š Andy Hall

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A gauche: le squat, comment s’en sortir ? Left : upstairs, downstairs, which way out ? © Andy Hall

En haut, à droite: voies sans issues ? Top right : the alley that leads nowhere ? © Andy Hall

En bas, à droite: Stone et Flint sortent de chez eux Bottom right : Stone and Flint make an exit © Andy Hall

Page de droite: demain...on verra Next page: tomorrow is another day © Andy Hall

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En haut, à droite: squeegees square Berri Top right : squeegees hanging out at the square Berri © Jean-Christian Bourcart

Au centre, à gauche: vie de chien Centre left : It’s a dog’s life © Jean-Christian Bourcart

Au centre, à droite: la roue Centre right : spinning wheel © Andy Hall

En bas, à droite: tam-tams un jour, tam-tams toujours Bottom right : tam-tams one day, tam-tams forever © Jean-Christian Bourcart

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En haut, à gauche: équilibristes sur le mont Royal Top left : acrobats on the mountain © Andy Hall

En haut, à droite: musicien, rue Sainte-Catherine Top right : Ste-Catherine street musician © Jean-Christian Bourcart

En bas, à gauche: centre d’accueil pour jeunes itinérants au centre-ville Bottom left : downtown shelter for youg homeless people © Andy Hall

À droite: tam-tams sur la Montagne Bottom right : tam-tams on the mountain © Andy Hall et Jean-Christian Bourcart


École du cirque École du cirque © Alain Keler

À droite: séance de photos de mode au Ritz Next page : fashion shoot at the Ritz © Gérard Uféras




Le club Stéréo, boulevard Saint-Laurent Club Stereo, St-Laurent Boulevard © Jean-Christian Bourcart

Extérieur nuit dans la ville L e 1er mai 1993, il est à peine plus de minuit lorsque les derniers rythmes techno rebondissent sur l’immense piste de danse du Palais du commerce. En quelques secondes, les danseurs qui commençaient à faire corps avec les flots de musique électronique figent. La stupeur est d’autant plus grande que les éclairages hypnotiques sont brusquement remplacés par la lumière crue des néons. Puis, c’est la consternation quand des dizaines de policiers casqués et armés de matraques envahissent la salle pour mettre fin à H2O, le deuxième rave montréalais. Officiellement, les hommes en uniforme cherchent de l’ecstasy. Dans les faits, ils ne trouvent qu’un peu de marijuana...

After dark in the city It’s just past midnight on May 1, 1993, and the last techno rhythms are bouncing off the huge dance floor at the Palais du Commerce. In seconds, the dancers, who had just started to become one with the waves of electronic music, freeze. Their astonishment grows when the hypnotic lighting is abruptly turned off and replaced with harsh neon. Amazement, then turns to dismay, when a squad of helmeted, baton-carrying police officers invade the room to shut down H2O, Montreal’s second rave. The police say they are looking for ecstasy but find only a little marijuana.

L’Entre Peau, scène de la nuit Night scene at the Entre Peau © Jean-Christian Bourcart


À l’époque, la rumeur assure plutôt que la police tente de faire avorter la scène rave naissante. Sept ans plus tard, tout le monde sait que ce fut peine perdue. Le mouvement n’a cessé de prendre de l’ampleur. En plus des raves, une flopée d’afterhours distillent chaque semaine leur musique devant des hordes de clubbers infatigables, ravis de voir que les nuits n’ont plus de fin. C’est là l’étrange paradoxe de l’avènement de cette scène. Né en pleine récession, le mouvement techno n’en a pas moins repoussé les limites de la nuit et des réjouissances nocturnes. En niant l’équation fête = alcool, les adeptes de house et de techno ont contourné la législation vieillotte qui oblige les bars à fermer leurs portes dès trois heures. Depuis 1994 et l’ouverture du premier afterhours (le Playground), trois heures, cela ne signifie plus la fin de la nuit mais plutôt la poursuite d’un immense défoulement collectif qui ne s’achèvera que le jour venu. Ce qui ne veut pas dire que les nuits montréalaises étaient mornes jusque-là, au contraire. Plus « chanceux » que la majorité de leurs voisins ontariens qui se voyaient chassés des bars dès une heure du matin, les Montréalais ont toujours eu la réputation d’avoir une tradition et une culture plus portées sur le plaisir que sur l’ascèse. Montréal n’a d’ailleurs pas mérité son surnom de « ville ouverte » pour rien. Déjà, au début du siècle, alors que les États-Unis votaient en 1910 le Prohibition Act, Montréal fut la terre d’accueil de nombre d’artistes et de mafieux fuyant la trop vertueuse Amérique. Si bien que les cabarets, boîtes de nuit et autres maisons de passe se mettent rapidement à fleurir, notamment sur le boulevard Saint-Laurent.

En haut : Le cinéma exCentris, sur Saint-Laurent Top : exCentris Cinema, St-Laurent Boulevard © Jacques Nadeau

En bas : Le Jello Bar Below : The Jello Bar © Andy Hall

Page de droite: Vol de Nuit, sur Prince-Arthur Next page: Vol de Nuit night club, Prince-Arthur Street © Peter Turnley

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Back then, the word on the street was that the police were really out to nip the burgeoning rave scene in the bud. Seven years later, everyone knows that they were wasting their time. The scene just kept on growing. In addition to raves, numerous after-hours clubs now pump out music every weekend for tireless clubbers who are delighted that the night never has to end. This is the curious paradox about how this scene came to be: though it emerged right in the middle of a recession, the techno movement succeeded in extending the limits of the night and its revels. By challenging the validity of the equation that partying equals alcohol, house and techno enthusiasts were able to get around the out-dated law that forces bars to close their doors at 3 a.m. Since the opening of Montreal’s first after-hours club (Playground) in 1994, 3 a.m. has no longer signalled the end of the party but rather the continuation of a huge collective release that goes on until dawn. This is not to suggest that Montreal’s nightlife was dull until the advent of the rave scene. Au contraire ! Unlike most of their less fortunate neighbours in Ontario, who were forced to leave their bars at one in the morning, Montrealers have always been associated with a tradition and a culture geared more toward pleasure than asceticism. Montreal did, after all, earn the right to be called an "open city." At the beginning of the 20th century, when the United States embraced Prohibition, Montreal welcomed numerous American musicians and mafiosi who found their homeland too virtuous. In fact, with so many refugees from Puritanism migrating north, a profusion of cabarets, nightclubs and brothels sprang up overnight, mainly on St-Laurent Boulevard.


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En haut, à gauche: sauterie à l’Université De Montréal Top left : party time at the University of Montreal © Brent Stirton

En haut, à droite et en bas à gauche: le Jello Bar Top right & bottom left : the Jello Bar © Andy Hall

En bas, à droite: les Foufounes Électriques, chaud, très chaud ! Bottom right : hot, real hot, at the Foufounes Electriques night club © Jean-Christian Bourcart

Page de droite: ambiance garantie au Sherlock Next page:Sherlock Bar, somethings never change © Benoît Gysembergh

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Si dans les années trente et quarante, les églises font salle comble le dimanche en dénonçant le vice, les strip-teaseuses et les boîtes de jazz font fortune en divertissant les ouailles des curés. Les prestations de Billie Holiday ou de Ella Fitzgerald au Rockhead Paradise – le club d’un Montréalais d’origine jamaïcaine qui fermait les yeux sur la prostitution – vaudront à cette boîte une renommée comparable à celle du Cotton Club. Durant ces années, on pouvait paraît-il tout trouver et tout faire dans la « ville du péché ». Cette notoriété qui fait de Montréal la capitale du plaisir et de la débauche n’est pas du goût de tous. La Ligue du Sacré-Cœur et le maire Jean Drapeau – qui accède au pouvoir en 1954 – dénonceront et combattront sans relâche ces spectacles « offensifs, immoraux et indécents ». C’est là un autre paradoxe montréalais. Si les autorités n’ont jamais été particulièrement ouvertes aux réjouissances nocturnes, Montréal a constamment conservé cette image de ville festive. Moins renommée que l’avant-gardiste New York, Montréal a plutôt une réputation de convivialité, le plaisir y étant plus important que l’attitude. Alors que certaines villes cherchent à tout prix la nouveauté, Montréal s’amuse sans se soucier de la « branchitude ». Club kids débraillés et macho men endimanchés peuvent se laisser entraîner par les mêmes rythmes. Même les gais ne sont plus à l’abri de ce rapprochement tous azimuts entre les différentes tribus du night-life. En lançant le Black & Blue en 1991 (qui allait devenir l’un des plus gros mégapartys homos du monde), la « gang» du Bad Boy Club ne se doutait certainement pas que moins de 10 ans plus tard, près de 30% des 12 000 fêtards seraient hétéros ! Après les drag queens qui mettaient un brin de folie dans les clubs straight, quoi de plus naturel que de voir les hétéros profiter du formidable « gai savoir » de la fête. Ce qui ne veut pas dire, bien sûr, qu’il n’y existe plus de cloisonnements. Mais ce que l’on perçoit, c’est une communion de l’esprit festif. En deux mots, la chimie de Montréal (outre les petites pilules...), c’est l’enthousiasme moins la sophistication. Although the priests who denounced vice still preached to full churches on Sunday mornings during the 1930s and ’40s, striptease joints and jazz clubs made a killing by pandering to the baser impulses of the clergy’s flock. The performances of Billie Holiday and Ella Fitzgerald at Rockheads Paradise, a club owned by a Jamaican Montrealer who turned a blind eye to prostitution, made this venue almost as famous as the Cotton Club. During these years, it was apparently possible to find anything and do everything in "sin city." Of course, Montreal’s reputation as the capital of pleasure and debauchery raised more than a few eyebrows. The Ligue du Sacré Cœur and mayor Jean Drapeau, who was first elected in 1954, tirelessly denounced and fought to close these "offensive, immoral and indecent" shows. Which brings us to another Montreal paradox. Although the authorities have never been particularly tolerant of nocturnal festivities, Montreal has managed to preserve its image as a party town. Though less famous than avant-garde New York, Montreal is regarded as a friendlier place where pleasure is more important than attitude. While some cities prize innovation above all else, Montreal puts fun ahead of trendiness. Sloppily dressed club kids and macho men in their Sunday best can dance side by side to the same entrancing beats. Even gay club-goers have been forced out of their isolation by this co-mingling of night people of all stripes. When the members of the Bad Boy Club launched their annual Black & Blue all-night dance parties in 1991, events which are now among the biggest gay mega-parties in the world, they certainly had no idea that, less than 10 years later, almost 30 per cent of the 12,000 party-goers would be heterosexual ! In the wake of the drag queens who brought a touch of madness to the straight clubs, what could be more natural than to see straight people learning more about having fun from the gay party masters ? Some boundaries remain, of course, but the festive spirit is clearly bringing more and more people together. If the special chemistry of Montreal’s nightlife can be summed in a single phrase (forget the little pills, for the moment), it’s enthusiasm minus sophistication.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le disco et le dance ont connu ici un succès retentissant. Précurseur du mouvement techno qui a vu la disparition presque totale des artistes, le disco faisait déjà en partie passer le spectacle de la scène vers la salle. Quinze ans plus tard, quand le techno explose, Montréal est totalement prête à l’abolition de la scène et de l’artiste charismatique. La fête est plus importante que le maître de cérémonie. Au fond, ça doit être ça, la nuit à Montréal : un show dont tout le monde est la vedette.


It’s no accident that disco and other kinds of dance music have been incredibly successful in Montreal. A precursor of the techno movement, disco was responsible for shifting much of the focus from the stage to dance floor. Fifteen years later, the techno explosion has practically abolished the stage and the charismatic live performance from Montreal nightlife. The party has become much more important than the master of ceremonies. That is, after all, what Montreals nightlife was meant to be: a show where everybody is a star.

À nous la nuit ! The night belongs to us...! © Peter Turnley

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En haut, à gauche: soirée de la Ligue des Noirs du Québec à l’hôtel Hilton Top left : the Black People League of Quebec at the Hilton © Jean-Claude Coutausse

Au centre, à droite: valse ou tango, la danse n’a pas d’âge au DoRéMi Center right : valtz or tango, dancing never age at the DoRéMi Dance Hall © Jean-Christian Bourcart

Au centre, à gauche: les Foufounes Électriques Center left : The Foufounes Electrics © Andy Hall

En bas, à droite: le Jello Bar Bottom right : The Jello Bar © Andy Hall

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Changement de peau à l’Entre Peau Switching skin back stage at the Entre Peau © Andy Hall

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Tenue de soirée ? Is this a new nightstyle outfit ? © Peter Turnley



Au golf sur l’Île des Sœurs Golf time on Nun’s Island ! © Christophe Guibbaud

La jeunesse «Trois balles deux prises, compte complet, les buts remplis, deux retraits, neuvième manche. » Au baseball, ces mots font effet d’extrême onction : toute la pression est sur le lanceur, les jeunes exultent, le joueur, lui, a cessé de respirer. Il est littéralement devenu l’extension de son bras. Au Québec, qu’on soit garçon ou fille, on apprend le bréviaire des commentaires sportifs avant les déclinaisons de grammaire. Quand on est jeune et montréalais, l’apprentissage se fait d’abord sur le terrain de jeu : baseball, soccer, athlétisme, sportifs ou oisifs, mais dehors, là où il y a du sable, des piscines, des balançoires, des ballons et… des filles. Les lieux de rendez-vous se multiplient au cours des années, mais de la tendre enfance à l’adolescence, il y en a un qui demeure: le dépanneur. C’est là où l’on se donne rendez-vous, là où l’on convoite la petite voisine, dépose sa première demande d’emploi et achète son billet de loterie, espérant compenser pour la bourse d’études qui tarde à arriver.

A new generation "Three balls, two strikes, full count, bases loaded, two outs, ninth inning." This baseball litany is like Extreme Unction : all the pressure is on the pitcher, the batter stops breathing, pouring his entire being into his extended arms, and the young fans thrill to the excitement of it all. In Quebec, boys and girls alike learn the breviary of sports commentary before they’re taught basic grammar. Athletic or not, when you’re raised in Montreal, life’s first lessons are learned on the playground and on the fields where baseball and soccer games are played and track meets are held outside where there are sandboxes, swimming pools, seesaws and, of course, other mysteriously attractive kids. The meeting places multiply as the years go by, but from early childhood to adolescence, there is one that remains constant : the dépanneur, a Quebec neologism meaning "convenience store." That’s where kids plan to meet, where they give their cute neighbours the eye, apply for their first jobs and – when their student bursaries fail to arrive on time – buy their lottery tickets. Lachine, samedi matin, entraînement Saturday morning training in Lachine © Jérôme Chatin


Arthur, Jérôme, Alexandre et Benoît sont Vietnamien, Gaspésien, « franchouillard » ou Chinois. À l’école, cela ne fait pas grande différence ; la couleur de peau, l’accent, tout se mêle dans l’envie d’aller se lancer la balle ou « courir » les filles. On n’est pas Grec, on n’est pas Italien, on est Montréalais. «Ton père y fait quoi ?» est une question livresque que peu de jeunes conjuguent. «Tu viens d’où?» en est une autre encore moins déclinée. Quand on est parent, et avec le temps bien sûr, on apprend à ne plus les poser, sinon on est placé au banc des ringards. À Montréal, ce sont souvent les jeunes qui donnent des leçons de vie, lancent des morceaux d’humanité dans la cour de leurs « vieux ». Les baby-boomers voient grandir leurs « petits » en fronçant les sourcils. Notre ado à peine sorti de son école secondaire ressemble à une entité complexe, s’exprimant dans une langue étrangère: « Vous êtes pas cool, parce que vous comprenez pas que c’est hot c’taffaire-là…» Détrompezvous, notre adolescent à l’accent tonique inventif n’est pas un décrocheur (expression locale désignant l’étudiant réfractaire ayant sorti de l’école de façon précoce…) et même s’il l’était, ce serait pareil. Non, l’ado dont je vous parle a terminé ses études collégiales, est en première année d’université ou enfin, y fréquente les salles de cours, sa chambre est remplie de trophées et de pelures d’oranges par la même occasion. Il n’est ni parfait, ni marginal, n’est pas un premier de classe, mais sait « négocier » le travail remis en retard avec son professeur d’histoire. Il n’est ni trop ni pas assez ; par contre, il saura argumenter.

En haut : Lachine, jeux au parc Brewster Top : games at the Brewster Park in Lachine © Jérôme Chatin

En bas : au nom du père et du fils Below : in the name of the father and the son... © Louise Oligny

Page de droite: la citrouille, une affaire de famille chez les Prud’homme à Repentigny Next page: pumpkins are a family affair at the Prud’homme residence in Repentigny © Armand Trottier

Arthur, Jérôme, Alexandre and Benoit may be from Vietnam, the Gaspé, China or stuffy France. At school, differences make no difference. Skin colour, accents – all those things are swept aside by the desire to play catch or chase girls. You’re not Greek or Italian ; you’re a Montrealer. "What does your father do ?" is an academic question few young people ever ask. "Where are you from ?" is a question you hear even less often. And when you’re a parent you learn not to ask such questions, lest you be sidelined to the bench of the very uncool. In Montreal, young people are often the ones who give life lessons, who lob balls of humanity into the lives of their elders. Baby boomers knit their brows as they watch their "little ones" grow up. A recent high-school graduate, our teenager appears to be a complex entity who expresses himself in a strange language: "You guys aren’t cool because you don’t get how hot that is !" Make no mistake: our inventively sharp-tongued son is no décrocheur (the local equivalent of a dropout), and even if he were, things would be the same. No, our teenager has completed college-level studies at a local CEGEP and is now in first-year university – or, at least, he attends classes. His room is littered with trophies and orange peels. Neither perfect nor borderline, he’s not first in his class, but he knows how to get a history professor to accept a late paper. Neither too much nor not enough, he will never have any trouble formulating an argument. Like everything else involving the young, communication can become very athletic. When you’re a parent in Montreal, you go back to school.


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En haut, à gauche: à Terrebonne, les brigadiers scolaires sont légion Top left : woman, always at the crossing of many lives. Terrebonne © Gilles Mingasson

En haut, à droite: vendredi, sortie d’école, Alexandra et Catherine ont aujourd’hui 16 ans ! Top right : Friday afternoon, school is over, suprise surprise. Alexandra and Catherine just turned 16! © Christophe Guibbaud

En bas, à gauche: quand la ruelle se fait forêt vierge, paradis des enfants Bottom left : when the back alley turns into a forest, a haven for little ones © Louise Oligny

En bas, à droite: École Lajoie, la bande à Sarah Bottom right : Sarah and her friends, Lajoie School © Louise Oligny

Page de droite: Collège Rachel, concentration maximum Next page: tense moments at the Rachel College © Peter Turnley

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Un pour tous, tous pour un. Les jeunes, à part le dépanneur, ont une autre chose en commun : la langue. Au quotidien, les mots qui sortent de leur bouche viennent du même puits où, riches ou pas, ils vont tous s’abreuver. Et c’est dans l’argumentation que la source prend sa force. Sans faire de catégories, car le jeune Montréalais est par définition un anti-catégoricien, notre jeune linguiste, donc, est avant tout instinctif. S’il ne peut réciter Balzac et associe Beaudelaire à une marque de vêtements, il porte sur la vie un regard viscéral, ouvert sur le monde comme à travers une grande fenêtre où tous sont pareils et différents à la fois. Cela s’appelle la tolérance. Et ce mot-là, cette jeunesse à casquette à l’air inculte sait l’épeler. La communication peut devenir très sportive, comme tout le reste d’ailleurs. Quand on est parent à Montréal, on retourne à l’école. Devenu « universitaire » notre ado peaufinera peut-être son vocabulaire, question de se faire comprendre par le banquier, mais conservera le même engouement pour le bréviaire sportif originel dont il cultivera le style même adulte. À vrai dire, jusqu’à son dernier souffle. Cette image peut paraître primaire. Pourtant, le jeune métropolitain d’Amérique cache sous son jeu une grande sensibilité, un goût démesuré pour la vie, un sens inné de la liberté. Très tôt, très petit, il a appris à oser. Ses premières balades solo à bicyclette ont eu lieu dans la ruelle (rue naine à l’arrière de la maison où l’on apprend tout sur son voisin). Il a dû faire face aux grands, ceux dont les pantalons étaient plus larges que les siens. À l’école, il a confronté ses professeurs, revendiqué le port du short pendant la canicule et osé demander « pourquoi ». Casquette à l’envers, chewing gum plein la bouche, il est malgré tout un homo sapiens pensant et c’est chez lui, dans l’intimité de la maison de papa et maman qu’il mettra son talent à l’épreuve. Les arguments servent d’apéritif au repas familial, mais la liberté demeure le plat principal.

All for one and one for all. In addition to the dépanneur, young people have something else in common : their language. The words that come out of their mouths on a daily basis spring from the same well where, rich or poor, they all drink their fill. And it’s through arguing that this river of words gains strength. I won’t attempt to slot young Montrealers into categories because they vehemently oppose categories of all kinds. Our young linguist is above all instinctive. He may not be able to recite Balzac and may associate Beaudelaire with a brand of clothing, but he has a visceral take on life. His eyes are big open windows on the world that see everyone as the same yet different. This is called tolerance – a word that this baseball-capped, seemingly undereducated generation definitely knows how to spell. Now that he’s in university, perhaps our teenager will polish up his vocabulary so his banker can understand him. But he will always have the same enthusiasm for that original sports breviary and will continue to hone this style well into adulthood. And probably until he draws his last breath. The image he cultivates may seem limited. Don’t be fooled. The stance adopted by this young metropolitan North American conceals great sensitivity, a boundless lust for life, an innate sense of freedom. Very early on, as a little boy, he learned to dare. His first solo outings by bicycle took place in the ruelle – literally "alleyway," but actually a miniature street behind the house where you learn all about your neighbours. It’s also where he had to learn how to deal with bigger kids whose pants were even baggier than his. At school, he confronted his teachers, demanding the right to wear shorts during heat waves and daring to ask "why ?" Backwards baseball cap, mouth full of gum, he is nevertheless a thinking, sentient human being and, when at home alone with mom and dad, he puts his talent to the test. Arguments often whet the appetite before family meals but freedom remains the main course.

C’est cette même liberté qui le rend volubile, qui lui donne envie de continuer, même quand il avoue être down (autre expression du patois ado métropolitain qui veut dire déprimé). Je vous parle d’un fils que j’ai élevé à Montréal, d’un « p’tit gars » qui me donne encore l’espoir d’un monde meilleur et libre. Ce sera la vie qui le prendra en charge ou l’inverse. Le jeu restera pour lui, en tout temps, une religion. Le rire aussi. C’est le bagage qu’il traînera avec lui toute sa vie.


It’s this same liberty that makes him speak up, that makes him want to go on, even when he admits to being a little "down" (kid-speak, common to French- and English-speaking teenagers, for the adolescent blues). This is the son I raised in Montreal, a little fella who still makes me believe in a better, freer world. He will either take charge of life or let it take charge of him. Play will always be his religion. Laughter too. That’s the baggage he will carry with him throughout his life.

Cour d’école, le monde comme horizon School yard, the world is my horizon © Louise Oligny

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En haut, à gauche: Hochelaga, un ballon, un panier, des copains, tout est dit Top left : scene at Hochelaga, a basket and a ball, all you need are friends © Allen McInnis

En bas, à gauche: l’herbe est plus verte de l’autre coté Bottom left : grass is always greener on the other side © Allen McInnis

A droite: générations Saint Laurent Right : when generations meet on St-Laurent Boulevard © Peter Turnley

Page de droite: la cloche a sonné à Charlemagne Next page: Charlemagne, the School bell just rang © Patrick Artinian

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En haut, à gauche – et en bas, à droite: collège Juif dans Notre-Dame de Grâce, gourmandes Top left and bottom right : tasting feels good at the Jewish College in Notre-Dame the Grâce © Esaias Baitel

Au centre, à droite: Université McGill, studieux Center right : study can be serious at McGill University © Brent Stirton

Au centre, à gauche: Hochelaga, provocateur Center left : daring young kid, Hochelaga District © Allen McInnis


En haut, à gauche: Hochelaga, les marches du dépanneur, amicales Top left : the Depanneur, where stories are told © Allen McInnis

En haut, à droite: quartier Côte-des-Neiges, tranquille Top right : quiet time in Côte-des-Neiges District © Jean-Claude Coutausse

En bas, à gauche: église de Charlemagne, distrait, aux anges même... Bottom left : Charlemagne church, the angels take my mind away © Patrick Artinian

En bas, à droite: fais moi un dessin Bottom right : draw me a picture © Louise Oligny


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’ŒIL DE LA MÉTROPOLE, l’événement, qui a eu lieu dans la grande région métropolitaine de Montréal en septembre 1999, a réuni 30 des plus talentueux représentants d’un métier né il y a un quart de siècle sous sa forme moderne: le photo-journalisme. À eux seuls, ils représentent plus de 20 World Press, cumulent des dizaines de récompenses dont la plus prestigieuse, le Prix Eugène Smith. À eux seuls, ces photo-journalistes ont publié plus de 80 livres, au moins 800 pages dans Match, autant dans Time, Newsweek, Life et dans de nombreux autres magazines à travers le monde. Les textes, les légendes qui accompagnent les publications de leurs photos ont été traduits en plus de langues que celles parlées à l’ONU. L’ŒIL DE LA MÉTROPOLE a également rassemblé, autour de ces professionnels de l’image, des collaborateurs qui ont inlassablement guidé, accompagné, assisté nos commandos de l’image au cours de leur raid photographique. Cette dynamique, cet Œil métropolitain, a donné naissance à Montréal Métropole, le livre, auquel se sont greffés, pour la partie écrite, des journalistes québécois et français. L’Œil de la métropole, c’est la force d’un collectif conjugué à tous les temps par ces gens pour qui la photo demeure avant tout un témoignage. Ces quelques images prises pendant l’événement racontent le plaisir qu’ils ont eu à être ensemble. Le livre, au bout du compte, donne une vision subjectivement vraie de la ville et reflète comme un miroir la population de cette métropole européenne d’Amérique: Montréal.

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yes on the Metropolis, which took place throughout greater Montreal in September 1999, brought together 30 of the world’s most talented members of a profession born only a quarter of a century ago in its modern form : photojournalism. Between them, these 30 photojournalists count more than 20 World Press Awards, as well as dozens of others including the prestigious Eugene Smith Award. All told, they have been published in more than 80 books, at least 800 pages in Paris Match, and just as many in Time, Newsweek, Life and several other magazines throughout the world. And the texts in those publications, the legends which accompany their eyewitness records, have been written in more languages than those spoken at the United Nations. During the 60-hour ordeal that was Eyes on the Metropolis, these world news image-makers enjoyed the support and counsel of many collaborators, who devoted their time and energy as researchers, guides and sherpas to our battalion of shutter commandos. This photographic raid, this "metropolitan" Eyes on event, gave birth to what you see now : MONTREAL METROPOLIS the book, which also includes accompanying works from their colleagues from the written press, fine journalists from Montreal and Paris. Eyes on the Metropolis resulted in an outstanding collective work, thanks to the efforts of all those for whom photography is, above all, a testimony before an art form. These pictures, taken by fellow photographers and their assistants, speak of the pleasure they all took in being and working together. This book provides a subjective vision of a real city and offers itself as a mirror for those who live here: the people of Montreal, Quebec’s Metropolis.


Patrick ARTINIAN

Christophe CALAIS

Collaborateur pendant plus de 10 ans du journal Libération, Patrick couvre les principaux événements politiques et sociaux français. Il effectue aussi de nombreux reportages en Europe, ainsi qu’en Asie centrale. En 1995, il devient membre de l’agence franco-américaine CONTACT Presse Image. A contributor to the French daily Libération for over 10 years, Patrick covers the main political and social stories in France. He has also produced numerous photo features on events in Europe and central Asia. In 1995, he joined the Franco-American agency CONTACT Presse Image.

Christophe débute comme pigiste à France Soir en 1990. Plus tard, entré au magazine VSD, il couvre les événements d’Afrique centrale et d’Europe de l’Est. Il a notamment été lauréat du Festival international du journalisme d’Angers. Devenu photographe indépendant, il effectue des reportages en Iran, au Honduras, au Kosovo et a couvert le dernier tremblement de terre en Turquie. Christophe began working as a freelance photographer for France Soir in 1990. He then covered events in Central Africa and Eastern Europe for the magazine VSD. His work earned him an award at the International Festival of Journalism in Angers, France. As an independent photographer, he has reported on events in Honduras and Kosovo. He also covered the recent earthquake in Turkey.

Esaia s BAITEL Après des débuts à l’agence Viva à Paris à la fin des années 1970, Esaias s’installe en Israël. Pour de grands magazines, il y produira pendant plus de 10 ans des sujets complets. Depuis quelques années, il se consacre à des travaux photographiques plus personnels, ainsi qu’à des livres et à des expositions. After beginning his career with Agence Viva in Paris at the end of the 1970s, Esaias moved to Israel. Over the next 10 years or so, he produced full-length features for major magazines. For the past several years, he has concentrated on more personal photographic projects, as well as on books and exhibitions.

Sandra BALSELLS CUBELLS Originaire de Barcelone, Sandra s’installe à Londres, où elle entame une collaboration régulière avec The Guardian et The Times tout en poursuivant ses études de journalisme. À partir de 1991, elle part dans les Balkans, où elle couvrira les événements qui secouent la région. Elle effectue également de nombreux reportages ailleurs dans le monde, tout en enseignant à l’université de Barcelone. A native of Barcelona, Sandra began her career in London, working for The Guardian and The Times while studying journalism. In 1991, she made the first of a series of trips to the Balkans to cover the conflict in that region. She continues to report on events around the world while pursuing her teaching career at the University of Barcelona.

Michel BARET Après ses débuts à l’agence de presse RUSH pour laquelle il couvre l’actualité, de la politique française jusqu’au conflit afghan, Michel rejoint l’agence RAPHO. Photographe éclectique, il produit de nombreux sujets magazines, ainsi que des sujets de société. Il a publié un livre sur les 60 îles de la région parisienne. Il poursuit actuellement un reportage sur les prisons en Haïti. After beginning his career with the RUSH agency covering news stories, everything from French politics to the war in Afghanistan, Michel joined the RAPHO agency. An eclectic photographer, he has produced numerous magazine features as well as reports on social issues. He has also published a book on the 60 islands in the region of Paris and is currently working on a major report on Haitian prisons. Photos : Ségoléne Gautier, Michel Baret, Gérard Uféras, Pierre Dunningham, Pierre Guillaume, Peter Turnley, Martin Grenier, Jérome Chatin, Natasha Gupta, Andy Hall, Benoît Gysembergh.

Je an-Christophe BECHET À la fin de ses études à l’École Nationale de la Photographie d’Arles, Jean-Christophe part en Afrique pendant plus d’un an. À son retour à Paris, Il travaille pour L’Autre Journal, Globe, Le Monde. En 1994, il intègre l’équipe de Réponses Photo. Il est aujourd’hui rédacteur en chef adjoint, alliant l’écriture à la photo. After completing his studies at the École Nationale de la Photographie in Arles, Jean-Christophe spent over a year in Africa. Upon his return to Paris, he worked for L’Autre Journal, Globe and Le Monde. In 1994, he joined Réponses Photo, where he now combines writing with photography in his role as associate editor.

Je a n-Christian BOURCART Jean-Christian a longtemps été un des collaborateurs du journal Libération. Pour ce quotidien, il couvre l’actualité politique et culturelle en France, et se fait particulièrement remarquer pour son travail de portrait. Depuis 1991, ses reportages sont diffusés par l’agence Rapho. Il vit à New York et participe à des expositions, tout en continuant ses principales collaborations dans la presse. A longtime contributor to the daily newspaper Libération, JeanChristian covered French politics and culture, becoming particularly well-known for his portraits. Since 1991, his photo features have been distributed by the Rapho agency. He lives in New York and regularly contributes to exhibitions while continuing to fulfill his major commitments as a photojournalist.

Jérôme CHATIN Jérôme collabore à l’agence Gamma et couvre les événements d’actualité en France et à l’étranger. Au début des années 1980, il se consacre au reportage magazine et industriel pour des compagnies internationales. Il est membre de l’hebdomadaire L’Express depuis 1984. Il couvre désormais l’actualité politique et culturelle tout en effectuant des reportages sur des thèmes de société. Jérôme is with the Gamma agency and covers news stories in France and overseas. At the beginning of the 1980s, he began to devote himself to feature work for international magazines and to industrial photography for companies around the world. Since 1984, he has been associated with the newspaper L’Express, covering political and social stories and producing features on particular social issues.

Je an-Claude COUTAUSSE Jean-Claude a travaillé durant sept ans pour le quotidien Libération. Avec l’agence Contact Press Images, il couvre ensuite les grands conflits pour la presse internationale: la guerre du Golfe, l’Afghanistan, la Somalie, le Rwanda, l’ex-Yougoslavie... Il réalise un reportage de trois ans sur le vaudou, en Haïti. Son travail a, entre autres, été récompensé par le prix Niepce. Jean-Claude worked for the daily newspaper Libération for seven years. When he subsequently joined the agency Contact Press Images, he began to cover major conflicts (the Gulf War, Afghanistan, Somalia, Rwanda, the former Yugoslavia, etc.) for international publications. He also produced, over a period of three years, a feature project focusing on the practice of voodoo in Haiti. He has received numerous awards for his work, including the Prix Niepce.

Gunther GAMPER Photographe indépendant, Gunther collabore régulièrement avec les hebdomadaires Montréalais ICI et Mirror. Il couvre l’actualité de la région de Montréal, qu’elle soit sociale, culturelle ou politique. Il est aussi le photographe de l’Orchestre Métropolitain de Montréal. Il participe également à des travaux collectifs, comme une exposition sur le nouveau millénaire. An independent photographer, Gunther is a regular contributor to the Montreal weeklies ICI and the Mirror. He covers all manner of news stories, whether social, cultural or political. The official photographer of the Montreal Metropolitan Orchestra, he also participates in group projects, including an exhibition on the new millennium.

Laure nt GIRAUDOU C’est à Marseille que Laurent débute comme photographe indépendant, couvrant l’actualité pour la presse locale ou nationale, tout en participant à différents ouvrages sur la région. Depuis 10 ans, il produit des reportages magazines pour le compte de publications francaises et étrangères. Avec un autre photographe de la région, il a monté l’agence Terra. Laurent began his career as an independent photographer in Marseille, covering news stories for the local and national press and contributing to various books on the region. For the past 10 years, he has been producing features for publications in France and around the world. He founded the Terra agency with another Marseille photographer.

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Ralph NYKVIST

Christophe GUIBBAUD

We ndy Sue LAMM

Christophe débute en 1985 à l’agence Collectif à Paris pour laquelle il couvre les sujets politiques et sociaux. Il se spécialise ensuite dans la couverture d’événements sportifs, dont le tennis, avec l’agence Vandystadt. Il couvre la plupart des grandes compétitions internationales, les Jeux olympiques et la Coupe du monde. Il collabore avec des magazines de sports et loisirs et se spécialise dans le portrait. Christophe began his career in 1985 with the Collectif agency in Paris, covering political and social stories. He then began to specialize in photographing sports such as tennis for the Vandystadt agency. He now covers most major international competitions, including the Olympic Games and the World Cup. A regular contributor to various sports and leisure magazines, he is renowned for his talent as a portrait photographer.

Native de Los Angeles, Wendy débute comme photographe pour le Oakland Tribune, puis travaille ensuite au Los Angeles Times. Elle y obtient un prix Pulitzer pour son travail sur les tremblements de terre. Elle s’installe plus tard en Israël. En 1997, elle obtient un World Press pour son travail sur les événements d’Hébron en Cisjordanie. Elle est maintenant basée à Paris et est diffusée par l’agence italienne Contrasto. A native of Los Angeles, Wendy began her career as a photographer at The Oakland Tribune before moving to The Los Angeles Times. While at the Times, she won a Pulitzer Prize for her photographs of the Los Angeles earthquake. She subsequently settled in Israel and in 1997 won a World Press Award for her coverage of events in the West Bank city of Hebron. She is now based in Paris, and her work is distributed by the Italian agency Contrasto.

De 1968 jusqu’en 1979, Ralph collabore avec différents magazines et agences de presse en Suède. Depuis, son travail est diffusé par l’agence Mira, à Stockholm. Il se consacre à des travaux plus personnels, tout en poursuivant sa collaboration avec divers magazines. Il a publié de nombreux ouvrages d’auteur et expose tant en Suède qu’en Allemagne ou aux États-Unis. From 1968 to 1979, Ralph worked with various Swedish magazines and press agencies. Since then, his work has been distributed by the Mira agency in Stockholm. He also does more personal work while continuing to contribute to various magazines. He has published numerous books and has exhibited his work in Sweden, Germany and the United States.

Louise OLIGNY Québécoise d’origine, Louise vit depuis 10 ans à Paris. Elle a effectué de nombreux reportages sur la société française et européenne, sur des grands thèmes comme l’urbanisme, l’agriculture, le monde du travail, la santé... Son travail est diffusé par l’agence de presse REA Elle a participé à diverses expositions et publié plusieurs ouvrages d’édition. Born in Quebec, Louise has lived in Paris for the past 10 years. She has produced numerous features on French and European society, focusing on major issues such as urban planning, agriculture, work and health. Her photographs are distributed by the REA press agency. She has contributed to various exhibitions and has published several books.

Be noît GYSEMBERGH Depuis plus de 20 ans, Benoît Gysembergh couvre pour Paris Match les grands événements qui secouent la planète. Que ses sujets de reportage soient les grands de ce monde, de simples spectateurs ou des combattants, Bernard Kouchner en administrateur du Kosovo, Juan Carlos d’Espagne en simple citoyen, un dictateur au Panama vivant ses dernières heures des combattants érythréens, Benoît raconte des histoires, montre et témoigne. For over 20 years, Benoît Gysembergh has covered major events around the world for Paris Match. Whether photographing simple onlookers, common soldiers (such as those he accompanied in Eritrea), or world leaders (Bernard Kouchner in his role as UN administrator in Kosovo, Juan Carlos of Spain as an ordinary citizen or a Panamanian dictator in his final hours), Benoît tells a story by capturing moments that show what happened.

Alle n MCINNIS

Daniel STAQUET

Allen McInnis pratique le photo-reportage depuis plus de 15 ans. À Montréal, il collabore régulièrement avec un certain nombre de journaux et magazines : The Gazette, MacLean’s, The Globe and Mail, Time, Men Fitness. Il a remporté deux fois le prix de la Canadian Press Picture, ainsi que le National Newspaper Award. Il est également correspondant pour l’agence Gamma Liaison. Allen McInnis has been a photojournalist for over 15 years. Based in Montreal, he is a regular contributor to numerous newspapers and magazines, including The Gazette, MacLeans, The Globe and Mail, Time and Men Fitness. A two-time recipient of the Canadian Press Picture of the Year Award, he has also won the National Newspaper Award. Allen is also a correspondent for the Gamma Liaison agency.

Après plus de 15 ans passées dans une agence d’actualité, Daniel s’est joint à un important groupe de presse spécialisé dans l’agriculture. Pour les journaux de son groupe, il multiplie les voyages : en Mongolie où il suit pendant plusieurs jours une famille de nomades, aux États-Unis à la découverte des dernières progrès en bioagriculture ou encore en France où il dresse le portrait de la nouvelle génération de paysans. Il est responsable des services photos des journaux de ce groupe. After working with a news agency for over 15 years, Daniel joined a major press group specializing in agriculture. He has travelled extensively for the newspapers in this group : in Mongolia, he accompanied a family of nomads for several days ; in the United States, he documented the latest developments in organic farming ; and in France, he photographed the latest generation of farmers. He oversees the photo departments of the various newspapers in this group.

Andy HALL Sud-Africain d’origine, Andy vit à Londres. Il travaille pour de nombreuses publications britanniques (The Observer, The Times, Sunday Telegraph, Sunday Times...), mais également pour d’autres magazines en Europe. Il a effectué des reportages en Afrique (Angola, Somalie, Afrique du Sud), en Irlande du Nord, au Kosovo, ainsi qu’aux États-Unis. Ses photos sont diffusées par l’agence Gamma. A native of South Africa, Andy lives in London and works for numerous British publications (The Observer, The Times, The Sunday Telegraph, The Sunday Times, etc.) as well as various European magazines. He has covered stories in Africa (Angola, Somalia, South Africa), Northern Ireland, Kosovo and the United States. His photographs are distributed by the Gamma agency.

Frédéric STEVENS

Patrice HALLEY Patrice Halley a pratiqué le métier de photo-reporter d’actualité, à Paris, pendant près de 10 ans, avant de s’installer au Québec. Il s’est depuis tourné vers le reportage magazine et s’est en outre fait une spécialité du Grand Nord et de la photo animalière. De l’île d’Ellesmere au Far West, il a produit de nombreux sujets pour la presse ou l’édition. Patrice Halley worked as a photojournalist in Paris for over 10 years before settling in Quebec. Since coming here, he has focused on magazine work, specializing in features on the Far North and in animal photography. Travelling everywhere from Ellesmere Island to the Far West, he has produced numerous features for newspapers, magazines and books.

Ala in KELER Après plus de 10 ans passés au sein de l’agence Sygma à couvrir l’actualité mondiale, Alain entreprend au début des années 1980 la production de grands sujets magazines. Il devient un collaborateur régulier de Géo. Son expérience du News le pousse à choisir des sujets et des situations d’actualité. Il prépare un livre sur les minorités de l’ex-monde communiste, travail pour lequel il a obtenu le prix Eugène-Smith. After covering world news for the Sygma agency for over 10 years, Alain began producing major features for magazines at the beginning of the 1980s, becoming a regular contributor to Geo. Given his background, he tends to choose countries, subjects and situations that are very much in the news. He is currently putting together a book featuring his photographs of minorities in the former communist bloc, work for which he received the Eugene Smith Award.

Gille s MINGASSON Né en France, Gilles est maintenant installé à Los Angeles où il travaille pour le compte de Gamma-Liaison depuis 1992. Il passe six mois en URSS en 1990. Il collabore avec Le Nouvel Observateur sur des sujets de société, ainsi qu’avec Time et Newsweek aux États-Unis. Il poursuit un travail sur les effets de l’immigration latino américaine, ainsi que sur son influence sur la société américaine. Born in France, Gilles now lives in Los Angeles, where he has worked for Gamma Liaison since 1992. He spent six months in the USSR in 1990. He produces features on social issues for the Paris-based magazine Le Nouvel Observateur and also contributes to Time and Newsweek. He is currently examining the effects of Latin-American immigration, particularly its impact on the United States.

Jacque s NADEAU Jacques Nadeau est photographe de presse depuis plus de 20 ans. Avant de se joindre à l’équipe du Devoir, il a travaillé pour divers quotidiens et agences de presse. Sa passion pour l’actualité l’amène à voyager avec les gens qui font l’événement. Il recherche l’émotion avant tout, et chacune de ses photos est une information en elle-même. Jacques Nadeau has been a photojournalist for over 20 years. Before joining the Montreal daily Le Devoir, he worked for various newspapers and press agencies. Passionate about the news, he loves to travel with newsmakers. Capturing emotion above all, each of his photographs is a bulletin that comes complete with editorial content.

Tout jeune dans le métier, Frédéric intègre l’agence SIPA Presse à Paris. Pour cette agence, la troisième en importance dans le monde, qui couvre tout autant la politique internationale que le sport, il effectue toutes sortes de reportages : campagnes présidentielles en France, en Autriche, au Portugal, la chute du mur de Berlin, la fin de Ceausescu en Roumanie, la guerre du Golfe, le putsh à Moscou, les Jeux olympiques de Lillehammer, les élections en Afrique du Sud. Relatively new to the world of photojournalism, Frédéric works with SIPA Presse in Paris. The third largest agency in the world, SIPA covers international politics as well as sports. Frédéric has reported on broad range of stories : presidential campaigns in France, Austria and Portugal ; the fall of the Berlin Wall ; the collapse of the Ceausescu regime in Romania ; the Gulf War ; the Moscow putsch ; the Winter Olympics in Lillehammer ; and the elections in South Africa.

William STEVENS Après des débuts au sein d’un grand groupe de quotidiens à Paris (Le Parisien Libéré, L’Équipe), William rejoint les rangs de l’agence SAM, spécialisée dans la couverture de l’actualité sportive. Il devient permanent du magazine VSD. Il y effectuera de nombreux reportages en marge de l’actualité (Beyrouth, Tchad, Pologne, Iran...). Depuis 1988 il fait partie de l’agence Gamma. After embarking on his career with a major group of daily newspapers in Paris (Le Parisien Libéré, L’Équipe), William joined the SAM agency, which specializes in sports news. He then accepted a permanent position with the magazine VSD, where he produced numerous features on marginal news stories (Beirut, Chad, Poland, Iran). Since 1988, he has worked with the Gamma agency.


Bre nt STIRTON En Afrique du Sud, où il débute, Brent réalise pour le compte de Reuter et Associated Press des reportages sur les townships, le sida, la drogue... Depuis quatre ans avec Gamma liaison, il se consacre à des reportages réalisés avec la Croix rouge internationale et l’ONU: les enfants cancéreux, le sida dans les prisons, mais aussi des sujets sur les Inuits, le Tibet ou encore les Pygmées. At the beginning of his career, in South Africa, Brent covered numerous stories for Reuters and the Associated Press, including life in the townships, AIDS and drugs. For the past four years he has worked with Gamma Liaison, concentrating on features produced in conjunction with the Red Cross and the UN (children with cancer, AIDS in prisons) as well as on subjects such as the Inuit, Tibet and the Pygmies.

Marc TOMALTY Une partie importante du travail de Marc est consacrée au secteur commercial et publicitaire pour des clients comme Kraft Food, United Distillers ou l’industrie pharmaceutique. Il travaille également pour l’agence Masterfile de Toronto et effectue de nombreux reportages à travers le monde. Il collabore fréquemment avec le magazine Canadian Geographic. Marc does a great deal of commercial and advertising work for clients such as Kraft Foods, United Distillers and the pharmaceutical industry. He also works for the Masterfile agency in Toronto, producing numerous features on stories throughout the world, and is a regular contributor to Canadian Geographic.

Les partenaires principaux Major Spon sor s Productions de L’Œil Le ministère des affaires municipales et de la métropole Tourisme Montréal, Tourisme Hochelaga Maisonneuve, Tourisme Plateau MontRoyal et la Corporation Pôle des Rapides Hôtel Reine Elizabeth et Tourisme Québec Air France La Ville de Montréal Les villes de Lachine, Charlemagne, Terrebonne et Repentigny

Les auteurs Authors Stéphane BATIGNE Journaliste collaborant avec différents quotidiens et hebdomadaires du Québec, dont Ici, Stéphane a consacré deux ans aux sujets traitant de la banlieue. A contributor to various newspapers and magazines in Quebec, including the Montreal weekly Ici, Stéphane has devoted two years to writing about the suburbs.

Arabella BOWEN Écrivaine et journaliste, Arabella est chroniqueuse pour le quotidien The Gazette. A writer and journalist, Arabella is a columnist for the daily newspaper The Gazette.

Véronique DASSAS Née en France, elle vit à Montréal depuis 24 ans où elle travaille comme journaliste auprès de la presse écrite et électronique. A print and broadcast journalist, Véronique was born in France but has made Montreal her home for the past 24 years.

Ke nneth DEER Rédacteur en chef du Eastern Door, organe de presse principal de la communauté de Kahnawake, Kenneth est né et a vécu toute sa vie dans cette communauté mohawk. Editor-in-chief of The Eastern Door, the main press organ of Kahnawake, Kenneth was born in this Mohawk community and has spent his entire life there.

Tilley Endurables Olga DUHAMEL

La Bourse de Montréal Armand TROTTIER Armand est photo-reporter à La Presse depuis maintenant 30 ans. Il a couvert tous les sujets d’actualité au Québec, des visites officielles de personnalités politiques, en passant par les événements sportifs, jusqu’à la tempête de verglas en 1998. À l’étranger, il a entre autres réalisé un reportage sur l’armée canadienne au Honduras et un autre sur les transports à Paris. Armand has been a photojournalist at La Presse for the last 30 years. He has covered every conceivable kind of news story in Quebec, ranging from official visits of politicians to sports events to the ice storm of 1998. His foreign assignments include a report on the work of the Canadian Army in Honduras and another on transportation on Paris.

Peter TURNLEY Peter, Américain basé à Paris, est photographe régulier du magazine NewsWeek pour lequel il couvre les grands événements. Depuis près de 20 ans, il est présent sur tous les points chauds du globe: la guerre du Golfe, la chute du mur de Berlin, la Somalie, le Liban... Ses photos sont diffusées par l’agence Black Star. Il a remporté de nombreux prix professionnels (The Overseas Press Club Award, World Press) et son travail a fait l’objet de plusieurs livres et d’expositions importantes. An American in Paris, Peter regularly covers major events for Newsweek. Over the past 20 years, he has witnessed the eruption of every flash point around the world : the Gulf War, the fall of the Berlin Wall, Somalia, Lebanon, etc. Distributed by the Black Star agency, his work has earned him numerous awards (Overseas Press Club Award, World Press Award) and has been featured in numerous books and major exhibitions.

Les principaux collaborateurs et autres partenaires Spon sor s a nd c ollaborators

Fait partie du collectif de rédaction de la revue Conjonctures. Elle termine un doctorat de littérature sur les modifications de conscience dans l’industrialisation. Olga is a member of the editorial collective of the magazine Conjonctures. She is currently completing a doctoral thesis on the ways in which industrialization has altered human consciousness.

Alain GERBIER Correspondant de l’Agence France Presse (AFP) à Montréal pendant 10 ans, il collabore maintenant, entre autre, avec le quotidien français Libération et l’hebdomadaire Ici. A correspondent for Agence France Presse (AFP) in Montreal for 10 years, Alain now contributes to the French daily Libération and the Montreal weekly Ici.

LA MÈRE DE TOM

Le Centre d’histoire de Montréal

Native de la région métropolitaine, elle y élève son fils... et souvent ceux des autres. A native Montrealer, Tom’s mom is raising her son, and often other people’s children, in the city.

La Toile du Québec

Yve s SCHAËFFNER

Le Laboratoire Contact

Croisières A.M.L. Les Aéroports de Montréal et leurs associés, SAVM, CARA et Sky Port

Gérard UFÉRAS

Bureau de promotion et de mise en valeur

Après des années de collaboration avec le journal Libération, Gérard joint l’agence Rapho. Il y produit depuis plus de 10 ans des reportages sur des sujets de société ou des grands thèmes de la vie culturelle: son reportage sur les grands opéras européens a fait l’objet d’un livre remarqué et a remporté un World Press. Gérard réalise également de nombreux travaux corporatifs et publicitaires. After working for the French daily Libération for many years, Gérard joined the Rapho agency. During his more than 10 years with Rapho, he has produced numerous features on social issues and key aspects of cultural life. His photographs of major European operas earned him a World Press Award and have been collected in a noteworthy book. Gérard also does a great deal of corporate and advertising work.

du Vieux-Montréal Groupe Urgence Sinistre L.L.Lozeau Cantel

Ex-journaliste pigiste devenu responsable des pages Société de l’hebdomadaire Ici, Yves a couvert Montréal sous toutes ses facettes au cours des dernières années. Il connaît les rues et les nuits de Montréal pour les avoir traversées dans tous les sens. A former freelance journalist and now editor of the social coverage in the Montreal weekly Ici, Yves has reported on all aspects of life in Montreal over the past several years. He has an intimate knowledge of the streets and the nightlife of the city, having experienced everything they have to offer.

Odile TREMBLAY Après s’être fait un nom comme journaliste indépendante,notamment critique littéraire, Odile est membre de l’équipe du quotidien Le Devoir depuis 10 ans. Elle y est critique et chroniqueuse culturelle depuis 1998. Having led the life of a busy freelancer for several years (mainly as a literary critic), Odile joined the Montreal daily Le Devoir 10 years ago. She has been a critic and cultural columnist at the newspaper since 1998.

Le Groupe Rona Café Méliès

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Remerciements Acknowledgment

LES SUJETS DE REPORTAGES THE ASSIGNMENTS La ville de Lachine : porte du nouveau monde The city of Lachine : gateway to the New World

L’ŒIL DE LA MÉTROPOLE a été un événement unique qui a laissé au patrimoine du Québec, des images vivantes d’une métropole moderne. L’événement, spectaculaire : plus de 30 000 clichés pris en l’espace de 60 heures par 30 photo-journalistes internationaux, a été précédé d’une préparation méticuleuse et a bénéficié du support de plusieurs. Nous remercions les journalistes Nathalie Petrowski et Ian McDonald, pour avoir accepté d’agir à titre de chefs de pupitre du moment lors du lancement de l’événement le 8 septembre 1999. Pendant les opérations, le support des assistants bénévoles qui avaient pour mission de « piloter » les 30 photographes à travers la métropole, a été colossal : mille fois merci à Pierre Guillaume et à l’équipe, Natasha Gupta, Mathieu Lacasse, Martin Viau, Étienne Bélanger, Martin Grenier, Ségolène Gautier, Suzanne Charland, Josiane Magny, Pablo Cantero, Pierre Dunningham, Sandra Corbeil, Patrice Bériault, Simon et Benjamin Francès, Nancy Vallée. Merci aux services culturels de la Ville de Montréal, à l’hôtel Reine Elizabeth et à son personnel ainsi qu’à celui d’Air France pour leur diligence et leur patience ! Un merci très spécial à Louise Bélisle, responsable de la création graphique, avant et pendant l’événement, ainsi qu’à Mélanie Francès, assistante à la production. Merci à Michèle Bazin pour le support moral. Bravo à tout le personnel du Centre d’histoire de Montréal, plus particulièrement Danièle Pineault et Jean-François Leclerc, pour leur incessante collaboration dans le montage et la gestion de l’exposition qui a duré près de six mois. Merci à l’équipe de Contact Laboratoire. En terminant, Productions de l’Œil tient à souligner le soutien de quatre municipalités : Repentigny, Lachine, Charlemagne et Terrebonne, qui, convaincues de la force de leurs différences, n’ont pas eu peur de la comparaison avec la « grande ville » : toutes les municipalités de la métropole bénéficieront de leur « audace ». Productions de L’Œil exprime sa plus profonde gratitude à Madame Sylvie BernardStaquet qui a aidé à la mise sur pied de la maison d'édition qui a réalisé ce livre.

EYES ON MONTREAL was an offering to our common heritage, leaving a treasure chest filled with striking images of a modern and thriving metropolis for posterity. The result was spectacular : more than 30,000 photographs were taken within 60 hours by 30 world-renowned photojournalists. The making of the event required a great deal of preparation and the support of many.

L’aéronautique, l’industrie The aeronautic industry

We would like to express our gratitude to Nathalie Petrowski and L. Ian McDonald, both well-known figures of Montreal’s dailies, who kindly accepted to improvise as impromptu assignment editors during the press launch on September 8, 1999. To help smooth the 60-hour raid, several volunteer assistants helped guide our 30 photographers throughout the city ; their support was invaluable. Many thanks to Pierre Guillaume and the team : Natasha Gupta, Mathieu Lacasse, Martin Viau, Étienne Bélanger, Martin Grenier, Ségolène Gautier, Suzanne Charland, Josiane Magny, Pablo Cantero, Pierre Dunningham, Sandra Corbeil, Patrice Bériault, Simon and Benjamin Francès, Nancy Vallée. Thanks to the services culturels de la Ville de Montréal, to the personnel of the Queen Elizabeth Hotel and to the fine people with Air France for their diligence and their patience ! Very special thanks to Louise Bélisle, the graphic designer responsible for all artwork related to the event itself, as well as Mélanie Francès, our production assistant. Thank you Michèle Bazin for your moral support ! Three cheers for everyone at the Centre d’histoire de Montréal, most particularly Danièle Pineault and Jean-François Leclerc, for their inexhaustible support when organizing the exhibition, and after, tirelessly maintaining the momentum during the six months it lasted. Thanks to the team of Contact Laboratoire.

Le canal de Lachine : berceau de l’industrialisation Le Lachine Canal, cradle of the Canadian industrialization

In closing, Eyes on Productions would like to underline the "audacious" collaboration of four municipalities : Repentigny, Lachine, Charlemagne and Terrebonne embraced the opportunity to participate in the event with the "big city" as a challenge ; they saw their differences as a strength, not a threat. The other municipalities that make Montreal a metropolis (over a hundred of them) will benefit from their initiatives. Eyes on Productions would like to express its gratitude to Sylvie Bernard-Staquet, who was instrumental in the making of Editions Aux Yeux du Monde, this book’s proud publishing house.

La rue : les jeunes, les itinérants, les organismes de soutien Street life : street kids and artists Le port de Montréal : un des premiers ports d’Amérique The Port of Montreal : one of the first in North America La circulation, la sécurité routière Traffic and road safety Un quartier, une histoire : le quartier Hochelaga Maisonneuve A district loaded with history : Hochelaga-Maisonneuve

Le Vieux-Montréal, un patrimoine The old Montreal district, an architectural heritage La rue Sainte-Catherine : d’est en ouest, elle traverse la ville Sainte-Catherine Street ; crossing the city from East to West Le quartier branché : le Plateau Mont-Royal A district with European flavour : Plateau Mont-Royal Les ados, les universités Montreal’s four Universities, students on campus Un aéroport dans la ville Dorval : the airport within the city Montréal, une ville en forme A city on wheels and on foot Montréal on tourne, Montréal panoramique Making movies : a booming industry Le fleuve, lieu de loisirs The St. Lawrence River : a place for leisure and sports La communauté juive The Jewish community La famille québécoise : Charlemagne A Quebec family in Charlemagne, small eastern suburbs La communauté anglophone The Anglophone community La banlieue nord : Terrebonne Northern suburb : a city with history : Terrebonne La cité des affaires, la Bourse de Montréal Montreal business district Nos enfants Young people Mohawk de Kahnawake Kahnawake : presence of the First Nations Pôle des Rapides, lieu récréatif Recreational haven : Pôle des rapides La ville « verte » Montreal, a city of green spaces La mode : les créateurs québécois dans la métropole The fashion industry, Montreal’s new designers La « Main » : le boulevard Saint-Laurent, nord-sud The "Main," the St-Laurent boulevard, the city’s landmark La culture : la création sous toutes ses formes The city’s thriving cultural life Sur la route du roi : Repentigny Repentigny : an eastern suburb with kids La ville insolite Montreal underground La communauté noire Montreal’s black community



Soixante heures – moins de trois jours – pour faire le portrait intime de la métropole du Québec, le Grand Montréal: tel est le défi lancé par Productions de l’Œil en septembre 1999 à 30 photo-journalistes venus des quatre coins de la planète. Leurs photos d’actualité, imprimées dans les journaux ou magazines, en noir et blanc ou en couleurs, restent gravées dans nos mémoires et hantent notre imaginaire. Ils sont les yeux par lesquels le monde est vu. Ils ont fait du photo-journalisme leur métier, et MONTRÉAL MÉTROPOLE est leur témoignage. Nous leur avons donné carte blanche... à l’intérieur d’un sujet précis. En vrai pros, ils ont tenu le pari, témoins et acteurs à la fois, de la vie d’une ville. MONTRÉAL MÉTROPOLE est un livre BILINGUE. Cela était incontournable. La cohabitation du français et de l’anglais fait partie de l’histoire de la ville et a façonné sa différence. Les textes du livre sont écrits par des journalistes francophones et anglophones. Les deux langues se succèdent et se croisent, au rythme des photos, comme on passe d’une langue à l’autre, au quotidien, dans cette métropole «européenne» d’Amérique. Normal. MONTRÉAL MÉTROPOLE est un livre différent: on y trouve plus de gens que de paysages cartes postales, plus d’émotions que d’affirmations. Mais, s’il parle d’une ville sans emprunter les voies traditionnelles, ce collectif journalistique apporte une authentique information.

Sixty hours – less than three days – to create an intimate portrait of Greater Montreal, Quebec’s metropolis. That was the challenge presented to 30 photojournalists from around the world by Eyes On Productions in September 1999. The previous works of these photojournalists have been widely published in newspapers and magazines worldwide; they are engraved in our memories of past events and even haunt our imaginations. The world is seen through their eyes. For three days they trained their eyes upon Montreal, and MONTREAL METROPOLIS is their eyewitness account of the city. Assigned specific topics and given free rein to cover them as they wished, they rose to the challenge, immersing themselves in Montreal life in order to bear witness to its character. MONTREAL METROPOLIS is a bilingual book. The co-existence of French and English is part of Montreal’s history, and has made it the unique place it is today. The book’s essays were written by journalists from both sides of the cultural divide, and the two languages share the same pages just as naturally as people switch from one language to the other every day in North America’s "European" metropolis. MONTREAL METROPOLIS is a unique book that reaches beyond picture-postcard clichés. Its photos emphasize real people and real life. Its essays are informative, engaging and often unconventional. Together, they paint a compelling and emotional portrait of Montreal.


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