2015
EDITORIAL Une période de transitions... de transformations ! Guillaume Poupard
Numéro
4
ÉNERGIE
ENTRETIEN AVEC Jean-Marie Simon Directeur général d’Atos-France
TELECOMMUNICATIONS
SIGNAL
COMPOSANTS
AUTOMATIQUE
INFORMATIQUE
Cet aperçu gratuit permet aux lecteurs ou aux futurs lecteurs de la REE de découvrir le sommaire et les principaux articles du numéro 2015-4 de la revue, publié en octobre 2015. Pour acheter le numéro ou s'abonner, se rendre à la dernière page.
DOSSIERS
ISSN 1265-6534
L'ARTICLE INVITÉ
Certificats d'économie d'énergie Par Stéphane Signoret, Daniel Cappe
www.see.asso.fr
Abonnement en ligne : www.see.asso.fr/ree BULLETIN D’ABONNEMENT 2015 A retourner à la SEE – 17 rue de l’Amiral Hamelin – 75783 Paris cedex 16 – France – Fax : 33 1 56 90 37 19 – abo@see.asso.fr
Abonnement REE (1)
France et UE : 120,00 € TTC
Hors UE : 140.00 € (HT)
Abonnement REE Tarif spécial Adhérents SEE (1) (2)
France et UE : 60,00 € TTC
Hors UE : 70.00 € (HT)
Accès en ligne REE – Formule Solo (3)
90,00 € TTC
50,00 € TTC
10,00 € TTC
Adhésion SEE (y. c. accès en ligne REE) – Formule Duo
125,00 € TTC
81,00 € TTC
15,00 € TTC
(1) Les cinq numéros 2015 – Distribution postale (2) Accès en ligne REE inclus pour les adhérents SEE Adhésion en sus. (3) Accès aux publications électroniques de la SEE, ouvert pendant un an à compter de la date de souscription.
Nom et prénom : …………………………………………………………………. N° de membre SEE : …………………………………………………………….. Adresse : ………………………………………………………………………………
Je règle la somme de : …………………….…… € par Chèque à l’ordre de la SEE Carte bancaire (Visa, Eurocard/Mastercard, American Express)
…………………………………………………………………………………………………………
N° Carte
Code postal
Date de validité Cryptogramme Je désire recevoir une facture au nom suivant pour paiement à réception : ………………………………………………………………………………………. Adresse : …………………………………………………………………………………………….
Ville : ……………………………….
Pays : ………………………………………………………………………………….. e mail : ……………………………………………………………………………….. Date, signature et cachet de l’entreprise, s’il y a lieu :
Code postal Ville : ……………………………….…………. Pays : ……………………………………… N° TVA intracommunautaire : ……………………………………………………………. Obligatoire pour règlement HT en UE hors de France
Conformément à la loi du 06/01/1978, vous disposez d’un droit d’accès aux informations qui vous concernent et de rectification. Contacter le service Abonnements de la SEE.
EDITORIAL
L
GUILLAUME POUPARD
Une période de transitions... de transformations !
a vague de défigurations de sites Web ayant suivi les événements de ce début d’année, puis l’attaque ciblée contre une chaîne de télévision, ont illustré très concrètement la « menace cyber », convainquant, à n’en pas douter, nombre de personnes encore sceptiques de la réalité de cette nouvelle forme de menace. Au-delà des polémiques sur l’origine des attaques et sur les motivations des attaquants, il faut retenir que la menace évolue rapidement, tant quantitativement que qualitativement. Plus personne n’est à l’abri. Le gouvernement engage des moyens conséquents pour protéger et défendre les systèmes d’informations vitaux pour la Nation. En décembre 2013, le vote de la loi de programmation militaire (LPM), a marqué un tournant important et la cybersécurité des systèmes d’information d’importance vitale (SIIV) figure désormais explicitement dans la réglementation nationale. La « menace cyber » figure parmi les trois premières menaces considérées comme majeures par l’État français : il s’agit d’une question de sécurité et de souveraineté nationale. La France est précurseur dans ce domaine : soyons en fiers. Mais ne nous trompons pas d’objectifs ! Si la loi prévoit des dispositions contraignantes, il ne s’agit pas d’imposer des règles immuables, lourdes et insoutenables sur le plan économique ou opérationnel, que l’État lui-même ne serait pas en mesure d’appliquer systématiquement à ses propres systèmes d’information. La menace évolue et rapidement : nous devons donc faire preuve d’agilité et de réactivité afin de nous adapter pour déployer de premières mesures réalistes. La première marche est souvent la plus dure à franchir ! La LPM doit contribuer à ce que tous, Opérateurs d’Importance Vitale (OIV) et grands groupes bien sûr, mais aussi PME/TPE, parties intégrantes de l’écosystème et constituant trop souvent des proies faciles, franchissent cette première marche dans les meilleures conditions. Avançons progressivement mais rapidement, étape par étape, marche après marche pour construire durablement la cybersécurité. L’omniprésence du numérique dans notre quotidien rend la tâche immense mais passionnante – il ne faut pas oublier, par exemple, les systèmes traitant des données à
caractère personnel, explosant avec l’apparition des objets connectés. A ce titre, le 18 juin dernier, le gouvernement présentait la stratégie nationale numérique dont l’objectif est de faire de la France une « République numérique ». L’élaboration de la stratégie nationale pour la sécurité du numérique qui en découle, coordonnée par l’ANSSI, sera présentée par le Premier ministre le 16 octobre. Le chantier de la cybersécurité, car il s’agit bien là d’un chantier, est colossal. Il s’agit d’un travail collectif qui exige du pragmatisme de la part de tous. Mais retenons que la cybersécurité est aussi une formidable opportunité de développement économique pour notre pays et nos entreprises. La France dispose de nombreux atouts dans ce domaine et d’un écosystème riche en solutions innovantes, même s’il reste encore trop fragmenté. La France accomplit sa transition numérique, opérant des transformations majeures dans nos métiers et nos usages, comme le furent à l’époque ceux liés à l’arrivée de l’énergie électrique. La cybersécurité est un facteur-clé de la réussite de cette transition numérique, tout comme elle est un facteur clé de réussite pour les réseaux électriques intelligents, maillon essentiel de la transition énergétique.
Guillaume Poupard est ancien élève de l’École polytechnique et ingénieur de l’armement. Il est titulaire d’une thèse de doctorat en cryptographie et est également diplômé de l’enseignement supérieur en psychologie. Après avoir exercé diverses responsabilités au sein du ministère de la Défense, dans les domaines de cryptographie gouvernementale et de la cyberdéfense notamment, il a été nommé en mars 2014 directeur général de l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information (ANSSI).
N.D.L.R. : la cybersécurité est au cœur des préoccupations de la REE. Le lecteur pourra se reporter au numéro de juillet 2015 (REE 2015-3) pour trouver « le Livre blanc de la cybersécurité des réseaux électriques intelligents » à la rédaction duquel M. Stéphane Meynet de l’ANSSI a contribué. Nous remercions M. Guillaume Poupard d’honorer la revue de son éditorial.
REE N°4/2015 1
sommaire Numéro 4
1
EDITORIAL Une période de transitions… de transformations ! Par Guillaume Poupard
2
p. 1
4 5 8 9 10 11 13
SOMMAIRE FLASH INFOS Une avancée majeure en supraconductivité à haute température ? Vers des disques optiques de 30 To grâce à la technologie SPIN : “Superresolution photoinduction-inhibited nanolithography” La plus puissante éolienne flottante bientôt en service au Japon L’éclipse du 20 mars 2015 : un succès de la coopération entre gestionnaires de réseaux électriques On peut réduire de 30 % les émissions de méthane du bétail Le deuxième satellite « Sentinel » en orbite Actualités autour des fermions de Majorana
17 ACTUALITÉS
p. 36
L’année de la lumière en France
18 A RETENIR Congrès et manifestations
20 VIENT DE PARAÎTRE La REE vous recommande
p. 75
23 ARTICLE INVITÉ Certificats d’économie d’énergie Par Stéphane Signoret, Daniel Cappe
36 LE GRAND DOSSSIER TIC et énergie Introduction Par Patrice Collet
p. 23
39
Technologies numériques et environnement Par Cédric Gossart, René Garello
45 p. 135
Comprendre les défis énergétiques des technologies de l’information & de la communication Par Philippe Richard
54
Les data centers Par Jean-Pierre Hauet
p. 111 Photo de couverture : © djahan - Fotolia.com
2
REE N°4/2015
67
Économies d’énergie et réduction des émissions de CO2 Objectifs et plans d’action du Groupe Orange Par Jean-Claude Bourgoint, Ahmed Zeddam
75
DOSSIER URSI 2015 Sonder la matière par les ondes électromagnétiques Introduction : Les ondes électromagnétiques pour sonder la matière - Des applications à large spectre au service de l’homme
78
Mesure de la réfractivité atmosphérique par radar météorologique. Comparaison avec un réseau de capteurs au sol
Par Cyril Lupi, Alain Priou
Par Ruben Hallali, Francis Dalaudier, Gilles Guillemin, Alain Moreau, Jacques Parent du Châtelet
87
Astronomie radar et radioastronomie à l’aide du radar transhorizon Nostradamus - Un fleuron technologique français au service de la science Par Jean-François Degurse, Jean-Philippe Molinié, Véronique Rannou, Sylvie Marcos
99
Imagerie térahertz avec capteurs à ondes de plasma. Application au contrôle non destructif volumique Par Meriam Triki, T. Antonini, C. Archier, B. Moulin, F. Teppe, P. Solignac, N. Dyakonova, W. Knap
104 Capteurs à fibre optique pour la surveillance et l’observation du stockage de déchets radioactifs en couche géologique profonde Par Sylvie Delepine-Lesoille, Stéphanie Leparmentier, Jean-Louis Auguste, Georges Humbert
5ÈME CONFÉRENCE EUROPÉENNE SUR LES MATÉRIELS DE POSTES HAUTE ET MOYENNE TENSION
111 GROS PLAN SUR … Présent et futur de la guerre électronique passive Par Jean-François Grandin, Jean-Marc Chabroux
125 RETOUR SUR ... Les travaux sous tension – 50 ans d’expérience en France Par Fabrice Martin
135 ENTRETIEN AVEC... Jean-Marie Simon
Directeur Général d’Atos-France Cloud computing, Big Data, cybersécurité : la troisième révolution digitale vue par Atos
139 ENSEIGNEMENT & RECHERCHE
24 & 25
NOVEMBRE
LYON ESPACE TÊTE D’OR
La pédagogie dans l’enseignement supérieur : tendances et enjeux Par Denis Lemaître, André Thépaut
145 Echos de l’enseignement supérieur Par Bernard Ayrault
147 CHRONIQUE L’idée de dieu n’est plus ce qu’elle était… Par Bernard Ayrault
Organisée par :
148 LIBRES PROPOS Fabriquer de l’estime Par Michel Berry
152 Évolution du secteur des Télécommunications : le cas européen Par Jean-Philippe Vanot
155 SEE EN DIRECT
www.matpost2015.org/
La vie de l'association
REE N°4/2015 3
FLASHINFOS
Une avancée majeure en supraconductivité à haute température ? Cela fait plusieurs décennies que les physiciens sont à la recherche de nouveaux matériaux supraconducteurs dont la température de transition (ou critique) Tc – définie comme la température en dessous de laquelle la résistivité chute brutalement vers zéro – serait la plus proche possible de la température ordinaire. En effet on imagine facilement les avancées considérables auxquelles de tels matériaux pourraient conduire : stockage de l’énergie sans perte, moteurs électriques « parfaits », puissants électro-aimants, etc. Or les progrès, certes remarquables, obtenus dans les années 1985-90 en utilisant la supraconductivité dite « non conventionnelle » de certains cuprates exotiques (dont YBaCuO est le prototype), ont conduit pour l’instant à un Tc record de 164 K seulement. Cette valeur est encore trop éloignée de la température ordinaire pour permettre une utilisation pratique généralisée de ces matériaux pour de telles applications. En outre ces matériaux font généralement appel dans leur composition à des terres rares dont on sait la rareté sur terre (d’où leur nom) et donc leur coût élevé.
Figure 1 : Variation en température de la résistance d’un échantillon d’hydrogène sulfuré sous différentes pressions. On note une forte variation de Tc avec la pression. La partie basse du graphe, dont l’échelle d’ordonnées a été dilatée, montre que la résistance s’annule bien pour toutes les pressions utilisées.
Un évènement nouveau qui a provoqué récemment une certaine excitation au sein de la communauté des spé-
blication des mêmes auteurs qui avec l’aide de l’université
cialistes des supraconducteurs, est la découverte par une
de Mayence ont pu procéder à des mesures magnétiques
équipe de physiciens de l’Institut Max Planck de chimie de
dans un magnétomètre ultra-sensible de type SQUID3.
Mayence du fait que la molécule, très courante, d’hydro-
Le comportement en température indique en effet une
gène sulfuré H2S présente une supraconductivité record,
brusque variation du signal magnétique de l’échantillon,
mesurée à 190 K (soit -83 °C) lorsqu’elle est soumise à de
caractéristique de l’effet Meissner, jusqu’à une tempéra-
très fortes pressions (2 millions d’atmosphères). Ces pres-
ture de 203 K. Ce comportement est illustré par la figure 2.
1
sions sont appliquées à un échantillon de H2S de 10 µm de
L’ensemble de ces résultats, d’abord mis en question par
large comprimé entre deux enclumes. Ces auteurs ont en
certains, semble avoir été reproduit et confirmé par d’autres
effet observé qu’aux alentours de 190 K, la résistance de
groupes de recherche en Chine et au Japon, y compris la
l’échantillon chutait d’un facteur 1 000 environ (figure 1).
mise en évidence de l’effet Meissner4. Il reste toutefois que
Dans leurs premiers travaux publiés en décembre 2014,
les experts du domaine ne sont pas encore tous totalement
Eremets et Al. n’avaient pas encore démontré la seconde
convaincus que ces expériences ne puissent être entachées
condition nécessaire pour prouver l’existence d’un état
d’artefacts d’origines diverses. En effet, sans mettre en
supraconducteur, à savoir la mise en évidence d’un effet
doute la bonne foi et la compétence de l’équipe allemande,
Meissner . C’est chose faite depuis une toute récente pu-
on sait que ces mesures sous ultra haute pression sont ex-
2
trêmement délicates et il convient donc de rester prudent à Conventional superconductivity at 190 K at high pressures Drozdov, A. P., Eremets, M. I. & Troyan, I. A. http://arxiv.org/ abs/1412.0460 (2014). 2 L’effet Meissner fait référence au phénomène d’exclusion totale de toute induction magnétique de l’intérieur d’un supraconducteur quand il est porté à une température inférieure à sa température critique. L’effet Meissner est l’une des propriétés définissant la supraconductivité et sa découverte a permis d’établir que l’apparition de la supraconductivité est une transition de phase. 1
4
REE N°4/2015
ce stade quant à la réalité physique du phénomène. Conventional superconductivity at 203 K at high pressures – Drozdov A.P., Eremets M.I., Troyan I.A., Ksenofontov V., Shylin S.I. http://arxiv. org/abs/1506.08190 (2015) ou http://www.nature.com/nature/ journal/vaop/ncurrent/full/nature14964.htm 4 Cf. communications à la conférence Superstripes 2015, Ischia, juin 2015. 3
FLASHINFOS
probablement une meilleure compréhension du phénomène au moyen de travaux expérimentaux et surtout théoriques complémentaires. Dans le cas où la supraconductivité d’H2S sous très forte pression au voisinage de 200 K serait définitivement avérée, ceci constituerait une avancée considérable, voire une petite révolution aux dires des spécialistes du sujet, comparable à celle de la découverte des cuprates à haute Tc en 1986. Ce qui semble le plus intéressant dans cette découverte n’est pas tant la température atteinte même si on se rapproche désormais des températures les plus basses existant sur Terre, mais le fait qu’on puisse obtenir avec des éléments aussi courants et abondants que le soufre et l’hydrogène, une telle supraconductivité dite conventionnelle, c’est à dire basée sur les interactions des électrons avec les atomes constituant le réseau cristallin. Si ces résultats ouvrent un champ passionnant pour les théoriciens, il est clair qu’ils n’auront pas d’applications immédiates sur le plan technologique. Mais c’est Figure 2 : Mesures de magnétisation d’un échantillon d’hydrogène sulfuré soumis à une pression de 155 GPa à différentes températures. On distingue bien, pour T<< Tc, un comportement d’hystérésis caractéristique de l’effet Meissner, preuve du caractère supraconducteur de l’échantillon.
peut-être un premier pas vers l’utilisation de nouveaux matériaux supraconducteurs dont on peut rêver qu’ils fonctionnent un jour prochain à la température ordinaire. Si ces matériaux se prêtaient de surcroit à une exploitation technologique simple (fabrication aisée de fils supra-
En attendant que cette avancée soit confirmée, Ere-
conducteurs à résistance quasi nulle), ceci constituerait à
mets et ses collègues ont déjà proposé une interprétation
l’évidence une « révolution » considérable pour l’industrie
pour expliquer la température critique observée dans ce
électrique des prochaines décennies. ■
AB
matériau, bien supérieure à celle qu’on pouvait attendre. Ils l’attribuent à une modification interne de la structure du matériau donnant lieu à la création de molécules contenant un plus grand nombre d’atomes d’hydrogène. Ils imputent le Tc anormalement élevé aux phonons, c’està-dire aux vibrations du réseau cristallin de H2S créées
Vers des disques optiques de 30 To grâce à la technologie SPIN : “Superresolution photoinductioninhibited nanolithography“
du fait de la très forte pression appliquée. Ces vibrations
Le développement des techniques de traitement des
favoriseraient la création de paires d’électrons circulant
données massives impose de disposer de moyens de
sans résistance à l’intérieur du réseau comme le décrit la
stockage de très grande capacité capables d’absorber à
théorie BCS qui s’applique aux supraconducteurs conven-
grande vitesse les flux de données générées par le “Big
tionnels, lesquels présentaient jusqu’à présent de très bas
Data”. La technologie actuelle repose sur des arrange-
Tc. La supraconductivité ici serait essentiellement impu-
ments de disques durs magnétiques, d’une capacité uni-
table à l’hydrogène ce qui permet d’anticiper la possibilité,
taire de l’ordre du téraoctet (To) et dotés d’une vitesse
selon le groupe de Mayence, que d’autres composés de
d’accès typiquement de 100 Mbit/s. L’assemblage de ces
l’hydrogène puissent présenter une supraconductivité à
disques permet de réaliser des stockages compatibles
des températures encore supérieures, voire proches de
avec la problématique du pétaoctet (Po) de capacité avec
la température ordinaire, car la théorie BCS ne prévoit
un débit d’accès de l’ordre du Tbit/s.
aucune limitation de la température de transition.
Cependant, en raison de la consommation d’énergie
Toutefois cette hypothèse sur le mécanisme à l’ori-
qu’elle implique, cette solution n’est pas soutenable face
gine de la supraconductivité observée reste controversée
à l’explosion du Big Data. Avec 91 TWh consommés, les
par certains auteurs et l’explication définitive nécessitera
“data centers” auraient été dès 2013 à l’origine de plus de
REE N°4/2015 5
FLASHINFOS
Figure 1 : Schéma de principe de la méthode de gravure par nanoscopie optique proposée par Xiangping Li & Al. – Source : Optica (juin 2015). 2 % de la consommation d’électricité aux Etats-Unis5 et cette évolution semble devoir se poursuivre.
Cette technologie repose sur la combinaison de la technique dite SPIN : (Superresolution Photoinduction-
Le stockage optique des données est évidemment une solution vers laquelle on se tourne naturellement.
Inhibited Nanolithography) avec une technique de convergence multifocale. La figure 1 en illustre le principe.
Cependant, la capacité des moyens actuels de stockage,
La technologie SPIN utilise non pas un mais deux fais-
qui opèrent en microscopie optique à partir d’un seul
ceaux lasers qui vont avoir au moment de la gravure des
faisceau laser, est limitée par la diffraction de la lumière
effets antinomiques. L’un de ces lasers, un laser à impul-
et se situe bien en dessous du To par disque . En outre,
sions femtosecondes fonctionnant à 800 nm, est chargé
le mécanisme d’écriture séquentiel, bit par bit, limite la
de déclencher la polymérisation d’un composant mono-
capacité de transfert à quelques dizaines de Mbit/s.
mère de la famille SR 444 en agissant sur un photoinitia-
6
Une équipe de chercheurs de l’université de technolo-
teur qui est de l’isopropylthioxanthone. C’est la fonction
gie de Swinburne en Australie et de l’université de science
« induction ». Le deuxième laser, opérant à 532 nm, a pour
et technologie de Wuhan en Chien, a publié en juin 2015
fonction d’inhiber la polymérisation par un mécanisme
un article décrivant une technique de stockage optique
d’états triples. C’est la fonction « inhibition ».
permettant de s’affranchir de ces limites et susceptible de
Ces deux lasers sont dotés de modulateurs spatiaux
permettre la réalisation de stockages de très haute capaci-
de lumière (SLM) qui remplacent le miroir arrière des
té (30 To) avec des vitesses d’accès allant jusqu’au Gbit/s7.
cavités laser. Ces SLM permettent de moduler très finement en phase chacun des faisceaux et d’obtenir une
America’s Data Centers Consuming and Wasting Growing Amounts of Energy – Natural Resources Defense Council – http:// www.nrdc.org/energy/data-center-efficiency-assessment.asp ( juin 2015). 6 Le disque Blu-ray offre dans sa version la plus performante, une capacité de 128 GB. Des disques optiques de 300 GB sont annoncés pour la fin 2015. 7 Multifocal optical nanoscopy for big data recording at 30 TB capacity and gigabits/second data rate – Xiangping Li, Yaoyu Cao, Nian Tian, Ling Fu et Min Gu – Vol. 2, No. 6 / June 2015 / Optica. 5
6
REE N°4/2015
section transverse de configuration donnée. Dans le cas de la technique SPIN, l’une des figures de faisceau sera de type gaussien, cependant que l’autre aura la forme d’un beignet (doughnut). Les deux spots laser vont venir se superposer et, même si chacun d’eux est limité par la diffraction, leur superposition permet de réaliser un spot en super-résolution qui, après nettoyage du substrat, donne naissance à un bit optique polymérisé d’environ
L'ARTICLE INVITÉ
STÉPHANE SIGNORET1, DANIEL CAPPE2 Rédacteur en chef d’ENERGIE PLUS1, Vice-président de l’ATEE2
ABSTRACT The French scheme of energy efficiency obligations has started in 2006. The targets are usually set for a three-year period and are expressed in kWh cumac, lifetime cumulated-discounted final energy savings. The targets were 54 TWh cumac for the first period and 345 TWh cumac for the second period. The current target is 700 TWh cumac for 2015-2017. 90 % of this target count for the objective of the Energy Efficiency Directive (article 7). A key output of the scheme is the catalogue of about 300 standardized operations defined since 2004 within working groups supervised by ATEE in partnership with ADEME. The obligated parties are the energy suppliers of electricity, natural gas, oil, heat (district heating) in the residential and service sectors and in transports. They can achieve their targets by directly gaining energy savings certificates (CEE) or by buying CEE on the market (trading scheme). The priority policy objective is the refurbishment of the building stock. The rules of the scheme also favors the development of energy services through special bonuses. Special accounting rules are also applied to specific programs selected by the Ministry of Ecology, Sustainable Development and Energy based on given policy objectives (e.g., alleviating fuel poverty).
U
ne isolation des combles de votre maison pour un euro symbolique, un bon de réduction dans votre magasin Leclerc proportionnel à vos tra-
Principes et histoire du dispositif des CEE Un élément de politique nationale Une réflexion démarrée en 2003
vaux de rénovation énergétique, une remise
Au début des années 2000, la France sort d’une longue
commerciale sur l’achat de votre prochaine chaudière perfor-
période où l’énergie n’a pas été chère. Les prix des énergies
mante… Tous ces outils de promotion de l’efficacité énergé-
fossiles, depuis le contre-choc pétrolier du milieu des années
tique viennent d’un seul et unique dispositif : celui des certi-
1980, sont restés relativement bas et stables. Les prix de
ficats d’économies d’énergie (CEE). Relativement peu connus
l’électricité, portés par un parc nucléaire jeune, majoritaire
du grand public, les CEE sont pourtant au cœur des activités
dans la production, sont également bas et stables. En 2003,
des professionnels du secteur de l’énergie depuis 2005. En
la ministre de l’énergie de l’époque, Nicole Fontaine, lance
effet, par tranches de trois ans, les pouvoirs publics utilisent ce
néanmoins un débat sur la politique énergétique que le pays
dispositif réglementaire pour obliger les fournisseurs d’énergie
devrait conduire. Sans remettre en cause l’option nucléaire,
à faire réaliser des actions d’économies d’énergie chez leurs
les discussions ouvrent un espace pour le développement
clients ou plus largement générer des actions d’efficacité éner-
de la production d’électricité et de chaleur à partir de sources
gétique chez tous les utilisateurs finaux.
renouvelables. La maîtrise de la demande d’énergie (MDE)
A ce jour, le dispositif des CEE est l’un des principaux
est aussi mise en avant, entre autres à travers un nouvel outil
moyens de l’État français pour remplir l’objectif européen de
réglementaire que l’ATEE (Association Technique Énergie
baisse de la consommation d’énergie, tel que défini par la
Environnement, voir le chapitre suivant), notamment, avait
directive Efficacité énergétique de 2012. Il est de fait inté-
proposé dans son Livre blanc : les certificats d’économies
gré dans la loi de transition énergétique pour la croissance
d’énergie (CEE). Inspirés d’une démarche déjà lancée au
verte qui a été votée cet été 2015 et qui fait de la maîtrise
Royaume-Uni quelques années auparavant, ce dispositif
de la demande d’énergie un pilier de la politique nationale.
repose sur le principe d’une obligation faite aux fournisseurs
En impliquant tous les fournisseurs d’énergie, en visant le
d’énergie de promouvoir les économies d’énergie et inciter à
marché diffus des particuliers comme celui des entreprises
la réalisation de travaux. À l’issue du débat de 2003, le travail
et des collectivités, les certificats d’économies d’énergie sont
parlementaire aboutit à la loi de programmation des orienta-
innovants et mettent la France à la pointe de ce genre de
tions de la politique énergétique (dite loi POPE) du 13 juillet
mécanisme dans le monde.
2005. Le dispositif des CEE y est introduit pour une période
REE N°4/2015 23
L'ARTICLE INVITÉ
de trois ans renouvelable trois fois et devient ainsi un des
vaut à économiser 30,57 Mtep d’énergie finale en France sur
piliers de la politique de MDE de la France.
2014-2020, soit 355 TWh.
Conformité avec le droit européen Bien entendu, les CEE ne sont pas seuls à inciter aux travaux d’économies d’énergie. Les pouvoirs publics s’appuient
Une montée en puissance progressive qui a porté ses fruits Première période de rodage
aussi depuis longtemps sur le crédit d’impôt, relayé par des
La première période des CEE a donc été lancée après
campagnes d’informations de l’ADEME, ou encore sur les sou-
l’adoption de la loi POPE. Elle a démarré le 1e juillet 2006 et
tiens aux entreprises pour réaliser des audits énergétiques.
s’est terminé le 30 juin 2009. Afin de permettre aux acteurs
Sans compter des réglementations tant nationales, comme
du dispositif de se roder à cette nouvelle contrainte, l’obliga-
la réglementation thermique des bâtiments, qu’européennes
tion d’économies d’énergie a été fixée seulement à 54 TWh
comme l’interdiction des lampes les plus énergivores. Toutes
cumac (voir l’encadré 1 pour la définition) pour ces trois ans.
ces mesures visent à améliorer l’efficacité énergétique, c’est-
Elle a été répartie entre les fournisseurs d’énergie (électricité,
à-dire obtenir le même service avec une consommation
gaz, froid, chaleur, fioul) qu’on appelle alors les obligés. Par
moindre d’énergie que la situation précédente. Au niveau
principe, un CEE vaut un kWh cumac et en fin de période, les
européen, un objectif d’amélioration de 20 % de l’efficacité
obligés doivent justifier de l’accomplissement de leurs obli-
énergétique d’ici 2020 est pris par le Conseil européen en
gations par la détention d’un nombre de CEE équivalents à
2007, avec ceux de réduire de 20 % les émissions de gaz
ces obligations. Pour obtenir des certificats, les fournisseurs
à effet de serre et de porter la part des sources d’énergies
d’énergie ne sont pas restreints à leur clientèle : ils ont le
renouvelables à 20 %. Confortés en 2010, ces objectifs se
choix des actions qu’ils souhaitent mettre en œuvre, dans
sont traduits par des directives. Ainsi, la directive Efficacité
tous les secteurs d’activité (bâtiment résidentiel, bâtiment
énergétique n°2012/27/EU du 25 octobre 2012 fixe tout
tertiaire, industrie, agriculture, transports, réseaux) et auprès
un ensemble de mesures que les États membres doivent
des différents types de clients (ménages, entreprises, collec-
prendre, dont une spécifiquement dans son article 7 sur les
tivités publiques, etc.) même si ce ne sont pas les leurs. Sont
systèmes d’obligation d’efficacité énergétique. Chaque pays
exclues du dispositif les installations soumises à quota de
avait jusqu’à juin 2014 pour transposer cette directive et la
CO2 ou les opérations bénéficiant déjà de certaines subven-
France a fait le choix d’utiliser majoritairement son dispositif
tions (Fonds Chaleur par exemple).
des CEE pour répondre aux demandes de l’article 7, son ob-
La montée en puissance du dispositif a été très lente en
jectif principal étant de réaliser chaque année jusqu’en 2020
début de première période, le temps que les fournisseurs
des économies d’énergie équivalentes à 1,5 % des volumes
d’énergie adaptent leurs stratégies marketing, notamment
d’énergie vendus sur 2010-2012. Selon la DGEC , cela équi-
pour que les deux grands obligés d’alors, EDF et GDF-
1
1
DGEC : Direction générale de l’énergie et du climat.
Suez, mobilisent leurs réseaux respectifs de partenaires
Qu’est-ce qu’un kWh cumac ? Le kWh cumac (kilowattheure cumulé actualisé) est l’unité de compte des CEE. Par principe, il permet d’exprimer la quantité d’énergie économisée sur la durée de vie théorique de l’opération considérée (cumulé), en prenant en compte une actualisation annuelle des économies futures (actualisé). On a ainsi : CEE (kWh cumac) = gain annuel (kWh) x durée de vie (an) x coefficient d’actualisation Le coefficient d’actualisation (Ca) est calculé par la formule suivante, où “a” est le taux d’actualisation fixé officiellement à 4 % et “n” la durée de vie de l’investissement en nombre d’années :
Par exemple, une action permettant d’économiser un million de kWh par an pendant 10 ans se verra attribuer 8,43 millions de kWh cumac. Dans les fiches d’opérations standardisées, les forfaits de CEE sont directement indiqués en kWh cumac et varient selon les paramètres dimensionnant de l’action (type d’énergie utilisée, secteur d’activité, surface chauffée, puissance installée, coefficient de performance de l’équipement, etc.) et la zone climatique. Encadré 1 : Qu’est-ce qu’un kWh cumac ?
24
REE N°4/2015
LES GRANDS DOSSIERS
Introduction
TIC et énergie Les techniques de l’informafin de vie et également la phase tion et de la communication d’usage – au moins pour certains (TIC) sont en train de modifier d’entre eux. profondément le fonctionnement de nos sociétés et de leur Parallèlement à la multiplicaéconomie : le courrier élection des utilisateurs, les volumes Patrice Collet tronique supplante le courrier de données échangées par utiMembre émérite postal, la presse est de plus en lisateur croissent : en particude la SEE plus consultée via Internet, le lier, la télévision de plus en plus commerce électronique a pris une place regardée par Internet et le passage de la importante dans les achats des particutélévision diffusée à la télévision à la deliers comme des entreprises... Elles ont mande accroissent fortement les volumes très largement pénétré la sphère du grand de données à transporter. Pour faire face à public : en 2014, 81 % des ménages disla croissance des volumes de données, les posaient en France d’un accès à Internet capacités des réseaux et des data centers fixe ou mobile qu’ils utilisent 12 heures par doivent être augmentées continûment : semaine en moyenne. Les ménages sont à technologie et architecture constantes, abondamment dotés de terminaux de plus il en résulte une croissance de l’énergie en plus sophistiqués : 89 % des français dépensée. de plus de 12 ans disposent d’un téléphone mobile et pour 46 % de ces mêmes Les terminaux se multiplient et se difrançais ce mobile est un smartphone, versifient : les ordinateurs de bureau for61 % ont un ordinateur portable et 29 % tement consommateurs d’énergie perdent une tablette. Enfin, 78 % des français dédu terrain en faveur des ordinateurs porclarent se connecter chaque jour à Internet1. tables, des tablettes et aussi des smartphones. La diversification des terminaux Les conséquences de cette évolution sur rend la croissance de leur consommation l’environnement sont multiples, favorables d’énergie moins rapide que celle de leur et défavorables. Dans nombre de secteurs nombre mais ces consommations restelles sont favorables au plan environneent importantes : selon EPRI2 et Green IT, mental en réduisant les gaz à effet de serre chaque année, en moyenne, un smartou en permettant de mesurer leurs effets phone consomme de l’ordre de 2 à 7 kWh, sur la planète. On estime qu’elles perune tablette environ 12 kWh, un ordinateur mettraient de réduire de l’ordre de 15 % portable 20 à 75 kWh et un ordinateur de les émissions mondiales de gaz à effet de bureau de 150 à 200 kWh. Pour les équiserre. Mais leur développement n’est pas pements connectés via les réseaux fixes, sans conséquence sur l’environnement : il faut ajouter la consommation moyenne les terminaux, smartphones, tablettes PC annuelle en veille de la box ADSL qui, selon et portables dont le nombre croît et les les versions, varie de 70 à 100 kWh sans durées de vie sont courtes, ont un impact compter celle d’un éventuel décodeur pour fort sur l’environnement dans toutes les les services de télévision : en effet, avec la phases de leur cycle de vie – production, généralisation de la téléphonie sur IP, la 1
36
Selon l’étude réalisée par le Credoc pour le CGE et l’ARCEP (9/12/2014).
REE N°4/2015
2
Electric Power Research Institute.
Introduction
box ADSL doit être maintenue sous tension 24 h sur 24.
LES GRANDS DOSSIERS
de consommation d’énergie et sur les perspectives d’évolution de celles-ci.
Si aucune action n’est entreprise, la Dépassant les seuls aspects énergétiques, croissance de la consommation d’énergie Cédric Gossart et René Garello dans le predes TIC va se poursuivre : ces dernières mier article présentent les impacts positifs années elle aurait atteint 10 % par an. et négatifs sur l’environnement du déveLes gains énergétiques potentiels des TIC loppement des technologies numériques et ne seraient-ils pas déjà sérieusement mis attirent l’attention sur les « effets rebond » en cause par ce phénomène ? Les parties qui limitent souvent les effets de mesures prenantes du domaine, opérateurs, équiqui a priori diminuent l’impact sur l’environpementiers, fournisseurs d’équipements nement. Au-delà des mesures techniques et prestations informatiques ont, depuis ou technologiques, ils plaident en faveur plusieurs années, engagé des travaux pour d’un accompagnement des utilisateurs vers maîtriser la consommation des TIC. Le la transition écologique. premier élément de la démarche consiste Philippe Richard présente une anaà identifier les consommations énergélyse de la consommation d’énergie par les tiques des différents éléments qui constidifférents composants de l’Internet et les tuent l’Internet : de nombreux travaux ont résultats des travaux menés par le consorpermis de mieux connaître celles-ci. Par tium GreenTouch lancé par Alcatel-Lucent exemple Green Code Lab3, avec le soutien qui a rendu ses conclusions en juin 2015. de l’ADEME a déterminé que la surconsomIl en résulte qu’en 2020 la consommation mation moyenne d’un PC lors de la consuld’énergie des réseaux pourrait, grâce à tation d’une page Web française était de l’évolution technologique et des améliora60 mWh. De même, l’ADEME4 signale que tions de conception, être significativement l’accès à un site par un moteur de recherche inférieure à celle de 2010 malgré une forte plutôt que par son URL multiplie par augmentation du trafic à transporter sur la quatre l’émission de gaz à effet de serre. période. Évidemment, la mise en œuvre La réduction de la consommation implique de ces améliorations impose des invesune pratique plus économe de la part de tissements importants et notamment le l’utilisateur et l’utilisation d’équipements renouvellement d’équipements existants moins gourmands en énergie, l’optimisaprobablement avant qu’ils soient amortis. tion de l’usage des réseaux et systèmes en revoyant leur architecture et Les data centers sont également en faisant appel, les plus gros consommaPatrice Collet est ancien élève quand les circonstances le teurs d’énergie des entide l’École polytechnique et ingépermettent, à des énergies tés de l’Internet, y compris nieur des télécommunications. renouvelables de la part des les terminaux. Jean-Pierre Sa carrière l’a conduit de la opérateurs. Hauet, dans le troisième recherche et développement au article, montre les efforts CNET qui était alors le centre de Le présent dossier vise à déjà accomplis dans le recherches de la Direction Généfaire le point sur la situation monde pour réduire l’énerrale des Télécommunications à actuelle des TICs en termes gie consommée par les la Direction Générale de France équipements auxiliaires des Télécom où il a eu la responsabi3 centres de calcul, notamlité de l’architecture du réseau fixe Résultats accessibles sur http:// webenergyarchive.com/en/ ment les systèmes de refroiet son évolution. Il est membre 4 https://www.ademe.fr/sites/default/ émérite de la SEE et membre du dissement. La virtualisation, files /assets /documents /guidecomité de rédaction de la REE. en banalisant les différents pratique-internet-courriels-reduireserveurs, permet également impacts.pdf
REE N°4/2015 37
LES GRANDS DOSSIERS
Introduction
de les utiliser plus efficacement et donc de réduire aussi la consommation d’énergie. Reste à améliorer l’efficacité énergétique du stockage des données et de leur traitement proprement dit, ce qui demeure une perspective de long terme. Enfin l’article de Jean-Claude Bourgoint et Ahmed Zeddam, présente les actions que développe le groupe Orange pour maîtriser sa consommation d’énergie dans ses réseaux et son système d’information. Les actions menées sont nombreuses et doivent être adaptées aux différents pays où le groupe opère. En particulier, lorsque l’environnement climatique le permet, le recours à l’énergie solaire est largement
entamé pour alimenter les stations radiomobiles. La normalisation, vise à établir des méthodes d’évaluation de l’empreinte énergétique des réseaux, et permettra d’obtenir du marché des équipements plus sobres en énergie. L’objectif est de tendre vers une situation théorique où les équipements de réseau et du SI ne consommeraient de l’énergie que lorsqu’ils ont des données à transporter ou à traiter. La durée de vie des équipements de réseau étant, en général, longue, les meilleures performances énergétiques d’équipements de nouvelle génération demanderont certainement des années pour se faire sentir au niveau de la consommation globale des réseaux.
LES ARTICLES
Technologies numériques et environnement Par Cédric Gossart, René Garello ......................................................................................................... p. 39 Comprendre les défis énergétiques des technologies de l’information et de la communication Par Philippe Richard ....................................................................................................................................... p. 45 Les data centers Par Jean-Pierre Hauet ....................................................................................................................................p. 54 Économies d’énergie et réduction des émissions de CO2 Objectifs et plans d’action du Groupe Orange Par Jean-Claude Bourgoint, Ahmed Zeddam ....................................................................................... p. 67
38
REE N°4/2015
TIC ET ÉNERGIE
DOSSIER 1
Figure 1 : Représentation des liens entre environnement et technologies numériques.
Technologies numériques et environnement Par Cédric Gossart 1, René Garello2 Maître de conférences, docteur en sciences de gestion, Télécom École de Management 1 Professeur, docteur en sciences du signal, Télécom Bretagne2 This paper discusses the relationship between digital technologies and environment. The aim is to better understand to which extent these technologies can help us to reduce our negative ecological impacts, what are their own ecological impacts and how they can be overcome. To do so, we suggest a taxonomy of the relationship between digital technologies and environment, give examples about how these technologies can help to preserve this environment, and discuss the limits of green digital technologies to save the planet.
ABSTRACT
Introduction
buant à réduire les impacts écologiques
ware) et des logiciels et bases de
Afin de mieux comprendre sous
négatifs des sociétés humaines, mais
données (software)1. Nous explorons
quelles conditions les technologies
aborde aussi la question des limites à
dans cet article les liens entre ces tech-
numériques pourraient contribuer à
ces contributions.
nologies et l’environnement, c’est-à-
améliorer la qualité de vie des habitants de notre planète, cet article examine les liens (positifs et négatifs) entre ces technologies et l’environnement. Il four-
Quels liens entre technologies numériques et environnement ?
nit des exemples concrets d’applications
Les technologies numériques com-
des technologies numériques contri-
prennent à la fois des matériels (hard-
1
Voir la définition des TIC (technologies de l’information et de la communication) proposée par l’OCDE sur http://www.oecd.org/sti/ ieconomy/2771153.pdf. Dans cet article, à la place de « TIC » nous avons préféré le terme de « technologies numériques ».
REE N°4/2015 39
DOSSIER 1
TIC ET ÉNERGIE
dire les écosystèmes naturels au sein
niveau, on trouve les technologies
tales est telle que l’on parle désormais
desquels évolue l’espèce humaine.
numériques qui permettent d’observer
de « données environnementales mas-
Deux questions principales nous préoc-
cet environnement mais qui ne sont
sives ». Les technologies numériques
cupent : les technologies numériques
pas inertes à son égard. Le troisième
peuvent aussi fournir des moyens de
peuvent-elles contribuer à réduire nos
niveau, est celui des parties prenantes
diffusion de ces informations afin de
impacts écologiques négatifs ? Quels
susceptibles d’être impliquées par les
toucher le plus grand public possible
sont les impacts propres à ces techno-
retombées positives ou négatives des
pour in fine influencer les modes de
logies et comment peut-on les limiter ?
technologies numériques.
production et de consommation. Elles
Les interventions des sociétés hu-
Dans la figure 1, la composante n° 3
peuvent également permettre de ré-
maines sur leur environnement se
montre les secteurs dans lesquels opèrent
duire les impacts écologiques d’autres
produisent à travers cinq milieux ou envi-
les parties prenantes utilisant les techno-
secteurs que le leur (secteur énergé-
ronnements différents : l’environnement
logies numériques pour l’environnement.
tique, transport…).
spatial, l’environnement terrestre, l’envi-
Ces acteurs, aussi appelés « utilisa-
Mais les technologies numériques
ronnement atmosphérique, l’environne-
teurs finaux » ou “end users” en anglais,
n’étant pas neutres pour l’environne-
ment côtier et l’environnement marin.
peuvent par exemple utiliser les données
ment, elles doivent réduire leurs propres
Sur la base de ces définitions, nous pro-
produites à l’aide de ces technologies
impacts écologiques (consommation de
posons ci-dessous une taxonomie des
pour diminuer les risques d’inondation
ressources épuisables, émissions de gaz
relations entre technologies numériques
ou pour réduire les consommations
à effet de serre, consommation d’éner-
et environnement qui permet de mieux
énergétiques des utilisateurs.
gie, utilisation de produits toxiques…).
répondre aux deux questions posées.
En fin de compte, les technologies
Cela passe par une stratégie d’écoinno-
Les relations entre technologies nu-
numériques peuvent être mises « au ser-
vation, visant par exemple à réduire les
mériques et environnement sont sur-
vice de l’environnement » de plusieurs
consommations énergétiques des équi-
tout connues par les données que les
manières . Elles peuvent tout d’abord
pements matériels et logiciels, ainsi que
premières permettent de collecter sur le
être utilisées pour mieux connaître cet
la quantité de déchets électroniques.
second, par les résultats des exercices
environnement
Cette stratégie commence par une ana-
de modélisation informatique et par les
ment à travers les activités suivantes :
lyse des impacts, à savoir dans le meil-
multiples canaux de diffusion d’informa-
s ACQUISITION DE DONNÏES CAPTEURS
leur des cas par une analyse du cycle de
3
s TRANSPORT DES INFORMATIONS PAR AVION par réseaux…) ;
nous le verrons plus loin, ces technologies ont aussi une face cachée qui nuit
notam-
plates-formes… ;
tions sur notre environnement offerts par le numérique. Toutefois, comme
(monitoring),
vie (ACV). Cette méthode très coûteuse permet d’évaluer une large palette d’impacts négatifs pour chacune des phases
s TRAITEMENT ET DÏTECTION DE PROCESSUS
du cycle de vie d’un produit ou service
géophysiques et écologiques décrits
(conception, production, distribution, uti-
par des modèles ;
lisation, fin de vie).
aux écosystèmes naturels. La taxonomie que nous proposons ici s’inspire de celle proposée par le
s ANALYSE DES INFORMATIONS DÏTERMINA-
Système mondial des systèmes d’obser-
tion de paramètres pertinents, con-
vation de la Terre (GEOSS : Global Earth
struction de modèles, simulations…
Les impacts écologiques des technologies numériques
Observation System of Systems)2. Elle
Les résultats de ces analyses pour-
On parle peu de cette face cachée
propose une représentation des liens
ront ensuite contribuer à sensibiliser
de « l’immatériel », mais les technologies
entre environnement et technologies
les parties prenantes aux enjeux écolo-
numériques génèrent quantité d’im-
numériques, synthétisée dans la figure 1.
giques, qu’elles soient ministres, patrons
pacts écologiques négatifs à chaque
Le premier niveau de la figure 1 dé-
d’entreprises ou simples citoyens. Elles
phase de leur cycle de vie. Ceci est
cline les différents milieux écologiques
vont permettre de mieux protéger les
valable pour les produits numériques
de notre planète, avec lesquels les
écosystèmes naturels, de prévenir diffé-
comme les composants et les cartes
humains sont susceptibles d’interagir,
rents types de risques ou de concevoir
électroniques, les ordinateurs, télé-
notamment par l’intermédiaire des tech-
de nouveaux produits et services. La
phones et réseaux associés, les produits
nologies numériques. Au deuxième
production de données environnemen-
électroniques grand public, écrans, ou li-
3 2
Voir http://www.earthobservations.org/geoss. php
40
REE N°4/2015
https://www.earthobservations.org/documents/ ministerial/geneva/MS3_GEO%20Report_on_ Progress_2011_2013.pdf
seuses, et pour les services numériques comme la programmation informatique ou le traitement de données [1].
URSI 2015
Introduction
Les ondes électromagnétiques pour sonder la matière Des applications à large spectre au service de l’homme L’homme a pu éveiller
Dans notre société, le radar
sa curiosité scientifique par
est
l’observation
phéno-
comme l’outil privilégié du
mènes physiques rencontrés
monde militaire, voire de
dans la nature tels que la
l’aviation civile, mais ses ap-
décomposition de la lumière
plications météorologiques
du soleil par une averse :
sont bien souvent ignorées
de
c’est le phénomène de l’arc en ciel. Pline l’Ancien avait observé cette décomposition à travers un prisme il y a maintenant deux mille
Cyril Lupi Maître de conférences Université de Nantes
Alain Priou Professeur émérite de l’université Paris Ouest Nanterre La Défense
ainsi
souvent
perçu
du grand public. Cependant
les
météorologiques
radars peuvent
mesurer les changements
ans. C’étaient les balbutiements scientifiques des
de l’indice de réfraction de l’air dans les basses
études de l’interaction ondes/matière. L’analyse
couches de l’atmosphère. Il est possible, par mé-
du comportement des ondes électromagnétiques
thode inverse, de réaliser une mesure de la réfrac-
(interférences, diffraction), la mise en équation des
tivité atmosphérique. Pour ce faire, les échos de
phénomènes par Maxwell et l’ensemble des tra-
cibles fixes (pylônes électriques, tours, châteaux
vaux de la communauté scientifique ont permis par
d’eau…) sont utilisés, l’analyse des sauts de phase
la suite d’exploiter ces ondes et d’en faire des outils
de l’onde associés aux réflexions sur ces cibles
incontournables de notre société.
permet de remonter aux fluctuations des propriétés de réfraction du milieu dans lequel elle se
L’utilisation la plus courante et qui vient rapi-
propage. Plusieurs campagnes de mesures dans la
dement à l’esprit concerne les télécommunica-
bande S du réseau de Météo-France en ont dé-
tions. Mais les ondes électromagnétiques sont
montré la faisabilité. Plus récemment, une analyse
couramment mises en œuvre pour analyser les
de données provenant d’une année de mesures
inhomogénéités, les discontinuités... de la matière
sur un radar en bande C de Trappes, a permis
traversée ; c’est notamment le cas des applications
d’établir la possibilité de mesurer les variabilités de
radar. Dans certains cas, l’émission-absorption de
la réfractivité liées à la turbulence atmosphérique
certaines ondes électromagnétiques par la ma-
des basses couches. L’article « Mesure de la réfrac-
tière peut aussi être utilisée pour mieux connaître
tivité atmosphérique par radar météorologique :
sa composition, ce principe est couramment uti-
comparaison avec un réseau de capteurs au sol »
lisé en radioastronomie ou en spectroscopie...
relate ces travaux et met en évidence la pertinence de l’emploi du radar pour analyser l’effet
Les applications de types radar sont générale-
des turbulences sur la réfractivité atmosphérique.
ment réalisées dans la partie « basse fréquence »
Son auteur principal, Ruben Hallali est doctorant
du spectre couvert par les ondes électromagné-
au Laboratoire de l’atmosphère des milieux et de
tiques, ce qui a tout d’abord permis de développer
l’observation spatiale.
des moyens de détection et localisation ayant des résolutions nécessaires et suffisantes pour locali-
Certains radars, sont quant à eux conçus de
ser et identifier divers objets (avions, nuages...).
manière à pouvoir sonder l’ionosphère. Mais ils
REE N°4/2015 75
URSI 2015
Introduction
sont parfois également utilisés pour mener des
résulte de la nature des systèmes de détection
recherches en océanologie et en sismologie. Ils
de l’onde employés dans chaque cas : les plus
peuvent être exploités de manière active pour
basses fréquences sont détectables en champ
faire de l’astronomie radar, voire de manière pas-
alors que les plus hautes fréquences sont quant
sive pour faire ce que l’on nomme plus communé-
à elles détectables en intensité. Ces ondes ont été
ment de la radioastronomie. L’article « Astronomie
longtemps cantonnées aux secteurs de l’observa-
radar et radioastronomie à l’aide du radar trans-
tion astronomique et de la physique de la matière
horizon Nostradamus » présente le radar Nostra-
condensée. Mais au fur et à mesure du temps cer-
damus, son exploitation en astronomie radar, ainsi
tains paliers technologiques ont été franchis pour
que des observations passives du Soleil et de Jupi-
les deux composants de base que constituent les
ter en bande HF. L’auteur principal de cet article,
sources et capteurs. Ainsi la montée en perfor-
Jean-François Degurse, est docteur de l’université
mances des détecteurs et émetteurs térahertz per-
Paris 11 Paris-Sud.
met de réaliser aujourd’hui de l’imagerie térahertz ailleurs que dans un laboratoire. Meriam Triki,
Il est bien évident que, compte tenu du large
auteur de l’article « Imagerie térahertz avec cap-
domaine de longueur d’onde couvert par les ondes
teurs à ondes de plasma – Application au contrôle
électromagnétiques, il est impossible de couvrir
non destructif volumique », docteur et chef de pro-
l’ensemble du spectre des applications. Celles
jet chez T-Waves à Montpellier, présente les avan-
décrites précédemment concernaient la partie
cées technologiques de ces composants utiles à la
basse fréquence du spectre. En se transposant à
mise en œuvre de l’imagerie térahertz, ainsi qu’un
plus haute fréquence, la longueur d’onde devient
certain nombre d’applications dans un contexte
de l’ordre de grandeur des dimensions de certains
industriel.
objets dont on veut pouvoir contrôler la qualité. Le contrôle non destructif est aujourd’hui l’un des
Dès que l’on passe les limites de détection en
domaines technologiques en pleine expansion
champ et que l’on aborde le domaine de l’optique,
face aux besoins de l’industrie aéronautique et
il est clair qu’outre les exploitations en laboratoire,
tend à se vulgariser dans l’industrie automobile.
les applications les plus courantes se trouvent dans le domaine de l’imagerie médicale. Mais la
Parmi les technologies de contrôle non des-
forte demande en composants optoélectroniques
tructif, on peut distinguer deux grandes catégo-
pour les besoins de montée en débit des télécom-
ries : les techniques surfaciques et les techniques
munications par fibre optique ont permis d’envi-
volumiques. Pour cette dernière, les technologies
sager de nouvelles applications de ces outils. Les
les plus répandues dans les domaines électromagnétique et acoustique sont les rayons
Cyril Lupi est maître de conférences
systèmes de mesures associés
de l’université de Nantes depuis 2003
sont aujourd’hui des outils
X, les ultrasons et l’infra-
et vice-président de la commission A
pertinents pour la surveillance
rouge. Les ondes électroma-
de l’URSI France.
des structures et pour assu-
gnétiques térahertz ont des
Alain Priou est professeur émérite de
rer ainsi le contrôle de leur
fréquences et des longueurs
l’université Paris Ouest Nanterre
« santé ». Leur insensibilité aux
d’onde comprises respective-
La Défense depuis 2012. Il est Fellow Senior
perturbations électromagné-
ment entre 0,1 THz et 30 THz
Member IEEE-MTT/APS et Fellow Member
tiques et à la corrosion font
et 0,01 mm et 3 mm. La bande térahertz représente ainsi la frontière entre deux domaines physiques
:
l’électronique
pour les microondes d’un côté et l’optique pour l’infrarouge de l’autre. Une telle frontière
76
capteurs à fibre optique et les
REE N°4/2015
de l’Electromagnetic Academy. Il est membre du bureau du Pôle aéronautique Astech Paris Région et président de la commission B de l’URSI France. Conférencier invité et professeur invité du NUAA et d’autres universités de Chine, Malaisie et d’Amérique.
d’eux, par exemple, des outils pertinents pour le « monitoring » des structures offshore des énergies marines renouvelables. Ils sont également de très bons outils pour le suivi des structures de génie
Introduction
URSI 2015
civil. Quand ces dernières sont en environnement
à l’Agence nationale pour la gestion des déchets
irradié, comme c’est le cas pour les lieux de stoc-
radioactifs (Andra).
kage des déchets radioactifs, il devient difficile
Nous espérons que ces quatre articles donne-
d’employer des composants de télécommunica-
ront un aperçu de l’actualité et des applications
tions standards car ceux-ci ne sont pas « durcis »
industrielles qui concernent l’exploitation des
et se dégradent rapidement. Il est alors nécessaire
ondes électromagnétique pour sonder la matière.
d’employer des stratégies adaptées et c’est l’objet
Ce dossier a été préparé à partir d’une sélection
du quatrième article intitulé « Capteurs à fibre op-
de communications présentées lors des Journées
tique pour la surveillance et l’observation du stoc-
scientifiques d’URSI-France qui se sont tenues à
kage de déchets radioactifs en couche géologique
Paris les 24 et 25 mars 2015 et qui ont eu pour
profonde ». L’auteur principal de cet article est
thème « Sonder la matière par les ondes électro-
Sylvie Delepine-Lesoille, docteur Telecom Pa-
magnétiques ». Le lecteur est invité à se rendre sur
risTech. Elle occupe les fonctions d’ingénieur
le site Web de la manifestation pour plus d’infor-
recherche et développement en instrumentation
mations (http://ursi-france.mines-telecom.fr).
LES ARTICLES
Mesure de la réfractivité atmosphérique par radar météorologique Comparaison avec un réseau de capteurs au sol Par Ruben Hallali, Francis Dalaudier, Gilles Guillemin, Alain Moreau, Jacques Parent du Châtelet .............................................................................................................. p. 78 Astronomie radar et radioastronomie à l’aide du radar transhorizon Nostradamus Un fleuron technologique français au service de la science Par Jean-François Degurse, Jean-Philippe Molinié, Véronique Rannou, Sylvie Marcos .......................... p. 87 Imagerie térahertz avec capteurs à ondes de plasma Application au contrôle non destructif volumique Par Meriam Triki, T. Antonini, C. Archier, B. Moulin, F. Teppe, P. Solignac, N. Dyakonova, W. Knap ............................................................................................................................. p. 99 Capteurs à fibre optique pour la surveillance et l’observation du stockage de déchets radioactifs en couche géologique profonde Par Sylvie Delepine-Lesoille, Stéphanie Leparmentier, Jean-Louis Auguste, Georges Humbert ...................................................................................................................... p. 104
REE N°4/2015 77
URSI 2015
SONDER LA MATIÈRE PAR LES ONDES ÉLECTROMAGNÉTIQUES
Mesure de la réfractivité atmosphérique par radar météorologique Comparaison avec un réseau de capteurs au sol Par Ruben Hallali1,3 , Francis Dalaudier1, Gilles Guillemin2, Alain Moreau2, Jacques Parent du Châtelet 3 Université Versailles St-Quentin, Sorbonne Universités, UPMC Université Paris 06 CNRS-INSU LATMOS-IPSL1 Météo-France2, Météo-France, UMR 3589, CNRS-CNRM-GAME, Centre National de Recherches Météorologiques3 Weather radar could measure change in the refractive index of air in the boundary layers of the atmosphere. This technic uses the signal phase from ground targets located around radar. This measure provides information on atmospheric refractivity which depends on meteorological parameters such as temperature, pressure and humidity. During the HyMeX campaign, refractivity measurements were implemented with success on several S-band radars of ARAMIS French network. In order to better characterize origins of errors, recent work has led to temporal variations simulations of refractivity based on Automatic Weather Station (AWS) measurements. These simulations have shown a stronger variability of the signal during the summer and the afternoon, when refractivity is most sensitive to humidity. One may argue that this is caused by turbulence in the lower layers of the atmosphere. This has raised the question about whether or not observed variability of refractivity can lead to information on turbulent state of the atmosphere. In order to sample temporal and spatial phase variability, an analysis based on 1-year dataset from C-band ARAMIS radars and AWS measurements is presented. It has highlighted the possibility of setting quantitative and qualitative link between radar refractivity variability and AWS refractivity variability.
ABSTRACT
Introduction La vapeur d’eau joue un rôle important dans de nombreux processus atmosphériques, et une meilleure connaissance
telles résolutions, la mesure de réfractivité atmosphérique par radar semble être une bonne voie pour approcher, et à terme atteindre cet objectif.
de la structure spatiale et de la variabilité du champ d’humi-
Les radars météorologiques, conçus pour localiser et suivre
dité dans les basses couches est essentielle pour améliorer
les zones précipitantes, peuvent être utilisés pour des mesures
la compréhension de phénomènes tels que la turbulence, la
de réfractivité atmosphérique. Pour cela, il est nécessaire
convection ou l’évaporation. A l’interface entre les surfaces et
d’analyser le changement de la phase du signal radar rétro-
l’atmosphère, la vapeur d’eau intervient dans les échanges de
diffusé par des cibles fixes pour de faibles élévations du fais-
chaleur et de quantité de mouvement, qui doivent être mieux
ceau entre deux observations successives. La mesure a été
pris en compte dans le cadre des études sur le changement
implémentée sur les radars de Météo-France et les résultats
climatique.
ont été fructueux durant la campagne HyMeX avec les radars
Les modèles à méso-échelle ne représentent pas encore
en bande S. Plusieurs produits ont été développés pour cette
parfaitement les structures dynamiques et les proces-
bande de fréquence, comme par exemple une cartographie
sus microphysiques intervenant en début de convection, ce
des variations de réfractivité avec une échelle horizontale de
qui entraîne un manque de précision dans les prévisions.
5 km et temporelle de 15 min. L’évolution temporelle des phé-
Là encore, une des conditions d’amélioration réside dans
nomènes météorologiques peut ainsi être suivie et des études
une meilleure connaissance du champ d’humidité de basse
sur l’assimilation de la réfractivité dans les modèles de prévi-
couche. Les études de sensibilité montrent qu’une erreur
sion numérique du temps sont en cours pour évaluer l’impact
de 2 % sur la mesure d’humidité relative peut être cruciale
de la mesure sur la prévision du déclenchement de la convec-
dans la prévision d’évènements convectifs par les modèles
tion (Besson et al., 2013).
numériques. De plus, les quantités de précipitations prévues
Malgré ces résultats positifs, certains problèmes connexes
numériquement pourraient être considérablement amélio-
subsistent, en particulier pour la bande C (5 GHz) couramment
rées par l’assimilation d’un champ d’humidité de haute résolu-
utilisée dans le réseau européen, et ces problèmes doivent
tion. Comme le réseau de stations sol ne peut pas fournir de
être surmontés avant une exploitation opérationnelle. On note
78
REE N°4/2015
Mesure de la réfractivité atmosphérique par radar météorologique
principalement le bruit associé au champ de phase mesuré par
limitations sont observées l’hiver, liées au bruit de quantifica-
le radar ; les effets de différence d’altitude entre cibles radars
tion sur les données in situ. Enfin, les conclusions et perspec-
utilisées (terrain non plat) ; les changements du gradient verti-
tives sont exprimées dans la dernière partie.
cal de réfractivité ; et les incertitudes sur la position exacte de la cible. Comme proposé par Fabry (2004), un lissage spatial et temporel du champ de phase est efficace pour limiter l’impact de ces problèmes. Cela suggère que l’erreur est principa-
Les données et les outils Mesures de réfractivité… …avec les stations automatiques :
lement due à des variations stochastiques de petite échelle
La réfractivité N est définie comme N = 106 x (n – 1)
autour d’une valeur moyenne stable. Depuis lors, des procé-
où n est l’indice de réfraction de l’air. Pour relier N aux mesu-
dures de calcul de moyennes ont été utilisées dans presque
rables atmosphériques, la relation1 empirique est couramment
tous les produits opérationnels et expérimentaux de la réfracti-
utilisée pour les applications radar :
vité : mesures radar à McGill, IHOP (International H2O Project), REFRACTT (Refractivity Experiment for H2O Research and
(1)
Collaborative Operational Technology Transfer) et campagne HyMeX (Hydrological cycle in Mediterranean eXperiment). Lors d’un récent travail portant sur les sources d’erreurs liées à la mesure, une simulation à partir de données de stations in situ a permis d’établir que la variabilité de la réfractivité durant l’été et l’après-midi est nettement plus importante que durant la nuit, et plus encore que durant l’hiver. Sur cette base nous avons voulu approfondir la relation entre les fluctuations atmosphériques mesurées in situ par les stations automatiques et la variabilité de la réfractivité mesurée par radar. L’objectif est d’établir si la mesure par radar de la variabilité de la réfractivité peut donner une information sur le caractère turbulent de l’atmosphère. Dans cet article, nous comparons deux jeux de données issus des réseaux d’observation opérationnels. Le premier ensemble est constitué d’un an de mesures (2013) par le radar en bande C de Trappes (Ile-de-France) et le second de mesures faites par 13 stations sol dans le voisinage du radar. On indique en particulier comment choisir les cibles pertinentes pour ce type d’observation par radar : une première
où P est la pression atmosphérique [hPa], T la température [K] et e la pression partielle de vapeur d’eau [hPa]. Nous avons utilisé les données de treize stations automatiques situées aux alentours du radar de Trappes. Toutes mesurent la température, l’humidité relative, les quantités de précipitations à 2 m ainsi que la force et la direction du vent à 10 m. Seules cinq d’entre elles mesurent la pression atmosphérique et pour les autres, on utilise la pression mesurée à Trappes (altitude 167 m). Les données présentées sont toutes issues de la station de Trappes ; des résultats similaires, non présentés ici, ont été obtenus avec les autres stations.
… avec les radars météorologiques : L’utilisation des changements de la phase du signal rétrodiffusé par les cibles fixes présentes dans le voisinage des radars permet de mesurer une réfractivité Nm (r, az, t), moyennée entre le radar et la cible, à une date t pour un pixel radar à une distance r et à un azimut az :
sélection globale est effectuée à l’aide d’un indice statistique, (2)
suivie d’une sélection plus fine d’un petit nombre de cibles de référence. Nous définissons ensuite un indicateur de variabilité : l’écart-type glissant sur 2 h du taux de variation de la réfractivité (ETOR). De tels indicateurs sont calculés pour le
Dans la suite de l’étude, nous utiliserons le taux de variation de réfractivité entre mesures successives séparées par t noté :
radar et pour l’in situ, et comparés qualitativement et quantita(3)
tivement. Cette comparaison est faite dans un premier temps pour une sélection de cibles radar de référence, puis généralisée en utilisant une sélection de cibles plus large, et pour
Ce taux de variation est destiné à rendre compte de la varia-
les saisons estivale et hivernale. Pour expliquer la dépendance
bilité de la réfractivité, particulièrement pour les fréquences
avec la distance clairement observée, on utilise l’hypothèse
élevées (quelques minutes). La même méthode de traitement
d’une turbulence figée propagée par le flux. La partie 3 pré-
sera appliquée aux données in situ.
sente le modèle utilisé et les résultats obtenus pour différentes cibles de référence : l’été, les résultats sont très probants et la mesure de vent peut conduire à une estimation de la variabilité sur différentes distances, jusqu’à environ 5 km. Quelques
1
Pour le travail présenté, l’équation peut-être simplifiée (1). Pour une plage de température de - 50 °C à 40 °C l’erreur est inférieure à 0,02 % sur la mesure de réfractivité.
REE N°4/2015 79
GROS PLAN SUR
Présent et futur de la guerre électronique passive Typologie de la guerre électronique
L
radar pour déterminer sa position et ses caractéristiques. La difficulté est
a guerre électronique (GE)
de ne pas connaître précisément la
ou Electronic Warfare (EW)
forme de l’onde émise par le radar.
est un vaste domaine re-
Cette forme d’onde (FO) est carac-
groupant les radars (RADAR :
térisée par des paramètres décrits
RAdio Detection And Ranging), le renseignement d’origine électromagnétique (ROEM), les contre-mesures électroniques (CME) passives et actives, les contre-contre-mesures électroniques. Pour réaliser la localisation d’une
Jean-François Grandin Jean-Marc Chabroux Directeur technique Ingénieur expert THALES Systèmes Traitement guerre Aéroportés électronique Direction technique THALES Systèmes Aéroportés
plus loin. Par contre la perte d’énergie est beaucoup plus faible car elle ne dépend que du trajet aller. Pour une cible à la distance d du radar, cette perte est en d au carré. Le Rafale, l’avion de combat multimissions le plus avancé de sa géné-
cible en pistage actif, on utilise un radar qui diffuse une onde
ration, regroupe les différents systèmes de guerre électronique
électromagnétique vers la cible. Cette onde est rétrodiffu-
tant actifs que passifs. La description sous cet angle du Rafale
sée par la cible puis captée par l’antenne radar sur le trajet
est au cœur de la référence [1]. Notre propos sera limité aux
retour. En analysant les caractéristiques de cette onde reçue,
CME passives anti-radar.
on obtient des informations sur la position et la vitesse de
Les CME passives interceptent, analysent, localisent ou
la cible. Le traitement est essentiellement une corrélation
pistent, et identifient les émissions des radars de surface et
spatio-fréquentielle entre l’onde émise et l’onde reçue après
aéroportés. Elles sont confrontées à des environnements
réflexion. La difficulté provient de la perte très importante
électromagnétiques de plus en plus denses et complexes en
d’énergie liée à la distance radar-cible. Au premier ordre le
raison de l’évolution des missions, des radars et de l’utilisa-
radar émet et donc disperse son énergie dans un cône, qui à
tion toujours plus grande du spectre radioélectrique, avec, en
une distance d intercepte une surface qui augmente comme
particulier, une présence croissante de signaux perturbateurs
le carré de la distance. Cette énergie est rétrodiffusée par la
comme les signaux de télécommunication. Un ouvrage fon-
cible qui disperse également son énergie sur une surface qui
dateur est la référence [2].
augmente également comme le carré de la distance. Au total,
La détection passive des ondes électromagnétiques émises
pour une cible à la distance d du radar, cette perte est donc
par des plates-formes ou installations militaires et civiles (stations
en d à la puissance 4.
ou véhicules terrestres, bateaux, avions, drones, satellites…) est
En pistage passif, il n’y a pas d’émission d’onde par le sys-
une source importante d’information pour la surveillance du
tème d’écoute. Celui-ci reçoit et analyse l’onde provenant du
champ de bataille et les activités qui s’y rattachent : localisation,
Electronic self-protection on fighter aircrafts is required for detection, emission measurement, characterisation, identification, location, alert and jamming. Electronic intelligence is complementary required. Due to high measurement accuracies, full analysis and very precise location, it offers information for efficient self-protection preparation. Principles of main functions like deinterleaving, location and identification are described. Concerning defense area, emergence of multiplatform techniques achieves huge performance rise. Positioning sensors on distant platforms increases instrumental resolutions, segregation capacities, location and identification accuracies. The potential benefit is about 2 or 3 orders of magnitude. But hard points have to be treated: efficient communications, space-time tight synchronization. Moreover, sensitivity improvement is required which implies detection of numerous signals of interest or not. These signals have to be segregated in real time with high fidelity.
ABSTRACT
REE N°4/2015 111
GROS PLAN SUR
identification et ĂŠtat dâ&#x20AC;&#x2122;engagement des plates-formes, interprĂŠ-
Par exemple, les caractĂŠristiques dâ&#x20AC;&#x2122;une ĂŠmission inter-
tation et ĂŠvaluation de la menace, riposte adaptĂŠe et rĂŠduction
ceptÊe peuvent être utilisÊes pour interroger la bibliothèque
des capacitĂŠs adverses (destruction ou brouillage).
technique qui dĂŠlivre une liste dâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠmetteurs candidats ca-
Dans la taxonomie des systèmes dâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠcoute passive on distingue :
pables de produire le type de signal interceptĂŠ. Cette liste de
s LES SYSTĂ&#x2019;MES D AUTOPROTECTION SELF PROTECTION QUI SONT CHAR-
candidats permet alors dâ&#x20AC;&#x2122;interroger la base des plates-formes
gĂŠs de la dĂŠtection des menaces environnantes et qui infor-
pour dĂŠterminer quelles plates-formes sont porteuses de ces
ment un pilote de lâ&#x20AC;&#x2122;activitĂŠ des systèmes dâ&#x20AC;&#x2122;armes ennemis ;
ĂŠmetteurs. Les plates-formes candidates peuvent alors ĂŞtre
s LES SYSTĂ&#x2019;MES %3- %LECTRONIC 3UPPORT -EASURES CAPABLES
comparĂŠes Ă la situation tactique courante pour dĂŠterminer
de remonter en temps rĂŠel une situation tactique ;
quelle plate-forme de lâ&#x20AC;&#x2122;environnement est susceptible dâ&#x20AC;&#x2122;avoir
s LES SYSTĂ&#x2019;MES %,).4 %,ECTRONIC ).4ELLIGENCE CAPABLES DE
ĂŠmis ce signal. Le rĂ´le de cette plate-forme, par exemple
produire une analyse fine et une interprĂŠtation des signaux
surveillance lointaine, patrouille maritime, attaque au solâ&#x20AC;Ś
radars interceptĂŠs ;
et sa position permettent dâ&#x20AC;&#x2122;interprĂŠter lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠtat dâ&#x20AC;&#x2122;engagement.
s LES SYSTĂ&#x2019;MES #/-).4 #/-MUNICATION ).4ELLIGENCE QUI rĂŠalisent des fonctions identiques dans le domaine des
Principes gĂŠnĂŠraux de traitement
liaisons (phonique, donnĂŠes...), des moyens de navigation
Introduction
'03 ET D )DENTIlCATION s LE BROUILLAGE D AUTOPROTECTION ACTION DĂ?FENSIVE MISE EN Ĺ&#x201C;uvre par une plate-forme pour accroĂŽtre sa survie ;
Les algorithmes de classification, localisation, pistage et identification utilisĂŠs par les moyens de reconnaissance ĂŠlectronique (MRE) ont pour objectifs, Ă partir des interceptions
s LE BROUILLAGE OFFENSIF ACTION MISE EN Â&#x201C;UVRE PAR UNE PLATE
effectuĂŠes par un ou plusieurs rĂŠcepteurs de contre-mesures :
forme pour empĂŞcher les radars ennemis de traiter dâ&#x20AC;&#x2122;autres
s EN AUTOPROTECTION D EXTRAIRE D IDENTIlER ET D Ă?VALUER LA
plates-formes.
menace pour orienter les moyens de contre-mesures ap-
Ainsi la plupart des plates-formes militaires sont ĂŠquipĂŠes
propriĂŠs. Ces fonctions doivent ĂŞtre conduites avec une
au minimum dâ&#x20AC;&#x2122;un système de dĂŠtection permettant dâ&#x20AC;&#x2122;alerter
probabilitÊ de fausse alarme (PFA) très faible et une pro-
en cas de prĂŠsence dâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠmissions menaçantes participant ainsi
babilitĂŠ de dĂŠtection (PD), au sens dĂŠtection et prise en
Ă lâ&#x20AC;&#x2122;auto-protection de la plate-forme.
compte de la menace, très ÊlevÊe ;
Dâ&#x20AC;&#x2122;un intĂŠrĂŞt majeur pour lâ&#x20AC;&#x2122;auto-protection, la dĂŠtection
s EN %3- D Ă?TABLIR LA SITUATION TACTIQUE COMPLĂ&#x2019;TE SOIT UNE 0$
passive des ĂŠmissions contribue plus gĂŠnĂŠralement Ă lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠva-
très ÊlevÊe, suffisamment prÊcise pour permettre une ges-
luation de la situation militaire. Dâ&#x20AC;&#x2122;autres fonctions tout aussi
tion tactique de la mission, par exemple contrĂ´ler un ĂŠvi-
importantes apparaissent comme : la gestion/planification
tement, et suffisamment certaine, soit une PFA très faible ;
des interceptions, la remontĂŠe de lâ&#x20AC;&#x2122;ordre de bataille ĂŠlec-
s EN %,).4 D EXTRAIRE D IDENTIlER ET DE LOCALISER AUSSI PRĂ?CI-
tronique (Electronic Order of Battle), lâ&#x20AC;&#x2122;interprĂŠtation de la
sĂŠment que possible la menace connue, dâ&#x20AC;&#x2122;extraire, de loca-
situation, lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠvaluation de la menace, voire lâ&#x20AC;&#x2122;anticipation sur la
liser de caractĂŠriser et dâ&#x20AC;&#x2122;identifier la fonction, de la menace
situation future et les intentions de lâ&#x20AC;&#x2122;ennemi.
inconnue.
Les bĂŠnĂŠfices tirĂŠs par la tenue de situation des informa-
Nous nâ&#x20AC;&#x2122;aborderons pas ici les aspects concernant la
TIONS PROVENANT DES MOYENS %3- OU %,).4 SONT DIRECTEMENT
conception des rĂŠcepteurs. Les rĂŠcepteurs prĂŠsents et futurs
liĂŠs Ă la qualitĂŠ du recueil et des traitements permettant
sont de plus en plus numĂŠriques. Le signal est ĂŠchantillonnĂŠ
dâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠlaborer des interprĂŠtations des donnĂŠes ĂŠlĂŠmentaires Ă
le plus proche possible de lâ&#x20AC;&#x2122;antenne de rĂŠception et le trai-
la fois prÊcises, au sens ou la localisation à 100 m près est
tement des ĂŠchantillons est rĂŠalisĂŠ numĂŠriquement. La rĂŠfĂŠ-
meilleure quâ&#x20AC;&#x2122;une localisation Ă 1 km près, fiables câ&#x20AC;&#x2122;est-Ă -dire
rence [3] est lâ&#x20AC;&#x2122;ouvrage de base concernant les diffĂŠrentes
sans fausses informations, en temps rĂŠel, câ&#x20AC;&#x2122;est-Ă -dire suffi-
mĂŠthodes utilisĂŠes dans les rĂŠcepteurs digitaux.
samment rapidement pour que la connaissance apportĂŠe permette de rĂŠagir. Les traitements dâ&#x20AC;&#x2122;information mis en
Lâ&#x20AC;&#x2122;interception
Ĺ&#x201C;uvre peuvent exploiter, outre les mesures, de nombreuses
.OUS PRĂ?SENTONS ICI PRINCIPALEMENT L INTERCEPTION EN %3-
sources dâ&#x20AC;&#x2122;information comme des librairies techniques dĂŠ-
!U COURS DU TEMPS L %3- INTERCEPTE L Ă?MISSION DU RADAR
crivant les caractÊristiques des Êmissions par paramètres et
Comme sa sensibilitĂŠ est limitĂŠe, seuls les lobes principaux
sÊquences de fonctionnement, une bibliothèque des plates-
et ĂŠventuellement secondaires sont observĂŠs. Les figures 1
formes connues avec description de la configuration radar,
et 2 schĂŠmatisent lâ&#x20AC;&#x2122;interception dâ&#x20AC;&#x2122;une unique ĂŠmission radar
un fichier tactique mis à jour rÊgulièrement et parfois en
Ă&#x152; PARTIR D UN %3- AĂ?ROPORTĂ? ,A lGURE ILLUSTRE L INTERCEPTION
temps rĂŠel, dĂŠcrivant les positions connues des ĂŠmetteurs
DES LOBES PRINCIPAUX D UN UNIQUE RADAR PAR UN %3- AĂ?RO-
fixes voire mobiles, et les capacitĂŠs adverses.
portĂŠ. La figure 2 nous indique que le lobe est constituĂŠ de
112
REE N°4/2015
RETOUR SUR â?ąâ?ąâ?ąâ?ąâ?ąâ?ąâ?ąâ?ąâ?ą
Les travaux sous tension 50 ans dâ&#x20AC;&#x2122;expĂŠrience en France Fabrice Martin RTE-SERECT Directeur adjoint et rapporteur du ComitĂŠ des Travaux Sous Tension
depuis les producteurs jusquâ&#x20AC;&#x2122;aux consommateurs. Lâ&#x20AC;&#x2122;architecture des rĂŠseaux se dĂŠcompose ainsi : les rĂŠseaux de transport et les rĂŠseaux de distribution. Les rĂŠseaux de transport acheminent lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠnergie produite par les centrales ĂŠlectriques vers les
Cet article retrace les 50 ans dâ&#x20AC;&#x2122;histoire des
clients industriels de forte puissance et vers les postes
ÂŤ Travaux Sous tension Âť (TST) en France, les orga-
sources (qui alimentent les rĂŠseaux de distribution).
nisations mises en place, les diffĂŠrentes mĂŠthodes
Les rĂŠseaux de transport sont en Haute Tension HTB
imaginĂŠes et les gains apportĂŠs pour la qualitĂŠ de lâ&#x20AC;&#x2122;ali-
(400 kV, 225 kV, 90 kV et 63 kV).
mentation des clients.
Les rĂŠseaux de distribution acheminent lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠnergie
Lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠquilibre entre la production et la consommation,
depuis les postes sources vers les clients domes-
la fourniture dâ&#x20AC;&#x2122;une ĂŠnergie fiable et de qualitĂŠ, ainsi
tiques et industriels. Les rĂŠseaux de distribution sont
que lâ&#x20AC;&#x2122;alimentation des clients sur lâ&#x20AC;&#x2122;ensemble du ter-
en Haute Tension HTA (20 kV) et Basse Tension (BT
ritoire sont de la responsabilitĂŠ des gestionnaires de
400 V). Ces rĂŠseaux partent dâ&#x20AC;&#x2122;un poste source et des-
rĂŠseau qui ont la charge dâ&#x20AC;&#x2122;amener lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠnergie ĂŠlectrique
servent de façon arborescente les clients.
Figure 1 : Chemins de lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠlectricitĂŠ. ABSTRACT In the late 50s, a significant portion of outages was in France due to network maintenance. In order to improve the quality of supply to its customers, EDF decided to explore the live working methods already used in other countries such as the USA, Sweden and Russia. In the early 70s, an organization was in place for the implementation of these methods: s SETTING UP OF A REGULATORY COMMITTEE h#OMITĂ? DES 4RAVAUX 3OUS 4ENSIONh s CREATION OF A CENTER FOR RESEARCH AND DEVELOPMENT OF METHODS 3%2%#4 AND OF SEVERAL TRAINING CENTERS s DEVELOPMENT OF A PRACTICAL METHOD THE h&RENCH 3CHOOLv Unlike other methods that require the application of a standardized process, which would have been difficult to adapt to all THE ENCOUNTERED CONlGURATIONS hL %COLE &RANÂĽAISEv ASKS THE OPERATOR TO DO PREPARATORY WORK FOR RISK ANALYSIS OF EACH SITUATION and define the procedures accordingly. With this new approach, France has been able to develop new live working practices in many areas: work in HV substations, cleaning of insulators, work from helicopters etc. 4ODAY MORE THAN OPERATORS CARRY OUT LIVE WORKING )T IS ESTIMATED THAT THE IMPLEMENTATION OF LIVE WORKING REDUCES POWER CUTS OF AT LEAST
REE N°4/2015 125
❱❱❱❱❱❱❱❱❱❱❱ RETOUR SUR
Les TST dans le monde De nombreux pays utilisent la technique des TST. Il existe plusieurs conférences internationales qui réunissent périodiquement les acteurs des TST dans le monde : ICOLIM en Europe, CITTES en Amérique du Sud ou ESMO aux Etats-Unis. C’est l’occasion d’échanger sur les techniques d’intervention, les matériels utilisés et les chantiers réalisés. La France accueille à Strasbourg en avril 2017, la prochaine conférence européenne des Travaux Sous Tension : ICOLIM (www.icolim2017.org). Cette conférence réunit notamment les pays européens qui pratiquent les TST : Allemagne, Croatie, Espagne, Italie, France, Hongrie, Pologne, Portugal, Roumanie et République tchèque. Cette conférence est organisée par ERDF, Electricité de Strasbourg et RTE en collaboration avec la SEE sous la direction de la "Live Working Association" (LWA) qui regroupe ces pays.
La Russie En Russie, les premiers Travaux Sous Tension ont été réalisés au cours de la deuxième guerre mondiale, dans le but de maintenir en activité les usines, en assurant les travaux de maintenance nécessaires sur les lignes d’alimentation de ces usines. Grâce à un règlement très strict, élaboré par le ministère des centrales électriques en concertation avec les syndicats, les Travaux Sous Tension ont eu un essor important à la fin des années 1950 (la moitié environ des travaux d’entretien est exécutée sous tension). Afin de mettre au point des modes opératoires applicables à des ouvrages très hétérogènes, la solution retenue consiste à porter un opérateur isolé du sol au potentiel du conducteur, ce qui lui permet de travailler directement sur les parties sous tension avec des outils standards. Les opérations de maintenance sont ainsi considérablement facilitées par rapport aux techniques d’intervention à distance, moins ergonomiques.
Les Etats-Unis Les premiers Travaux Sous Tension débutent dès les années 1910. À partir de 1918, la société TIP Tool, basée dans l’Illinois, propose une gamme d’outils permettant l’intervention à distance sur des réseaux électriques Basse Tension. En 1937, la société AB Chance rachète la compagnie Tip Tool, et continue le développement des perches isolantes en bois pour les hautes tensions : 110 kV en 1938, 287 kV en 1948.
Figure 2 : Opération TST aux USA dans les années 50. A partir des années 1950, AB Chance propose de nouvelles perches isolantes constituées de tubes de résine creux renforcés de fibres de verre époxy unicellulaires et remplies de mousse de polyuréthane Cette nouvelle technologie permet de travailler sur des réseaux très haute tension : 345 kV en 1955, 765 kV en 1964 (au Canada). Cette évolution sera décisive et marquera une étape importante dans le développement et la fiabilisation des matériels TST.
Encadré 1 : Les TST dans le monde.
126
REE N°4/2015
ENTRETIEN AVEC JEAN-MARIE SIMON
Directeur général d’Atos-France
Cloud computing, Big Data, cybersécurité : la troisième révolution digitale vue par Atos REE : Votre groupe est l’un des leaders
Atos Origin, puis de KPMG Consulting et
s "IG $ATA ET CYBERSÏCURITÏ concernent
mondiaux des services numériques.
celle de SEMA Group, qui faisait partie
le cycle de vie des données au cœur
Pouvez-vous nous en rappeler les
depuis 2001 du groupe Schlumberger.
de la transformation digitale des entre-
chiffres-clés ? Jean-Marie Simon : Après l’acquisition de Bull en 2014 ainsi que celle de Xerox ITO aux Etats-Unis, le groupe Atos est devenu l’un des cinq leaders mon-
prises et plus généralement de la so-
Atos : leader européen de la fourniture de systèmes numériques
diaux, et le premier en Europe, dans la
ciété. Atos apporte la capacité à traiter à moindre coût et en temps réel des informations contextuelles massives ; grâce aux technologies Bull, Atos crée des plates-formes de calcul de haute
fourniture de services numériques, avec
En 2011, Atos Origin a conclu un
performance, des solutions de sécurité,
un chiffre d’affaires annuel proforma de
accord avec Siemens pour acquérir sa
et des services pour aider ses clients à
près de 11 milliards d’euros et 93 000
division Siemens IT Solutions & Services.
collaborateurs dans 72 pays. En France,
Avec plus de 32 000 salariés, SIS a ap-
s le « Cloud », qui autorise un accès à des
Atos compte 18 000 collaborateurs et
porté à l’ensemble ainsi créé un chiffre
ressources mutualisées optimisées pour
réalise quelque deux milliards d’euros de
d’affaires de 3,7 milliards d’euros, dont
répondre aux besoins des entreprises et
chiffre d’affaires.
protéger leurs informations ;
75 % en dehors du réseau Siemens. Atos
des gouvernements en matière de sou-
Sous l’impulsion de Thierry Breton, le
Origin est devenu Atos, le « S » de notre
plesse, de convivialité et d’innovation ;
groupe a connu une croissance très rapide
logo marquant le lien avec Siemens AG
s les services numériques transac-
au cours des six dernières années, notre
qui détient 12,5 % du capital d’Atos SE.
chiffre d’affaires passant de 5,6 milliards
tionnels, via Worldline qui offrent une capacité
de
traitement
industrielle
d’euros aux 11 milliards d’aujourd’hui, avec
REE : Quelles sont aujourd’hui
permettant de traiter des milliards de
des effectifs totaux qui ont crû de 45 000
vos lignes d’activités ?
transactions électroniques à travers le
à 93 000.
J.-M. S. : Elles sont au nombre de cinq :
monde sur ses principaux centres de
s conseil et intégration de systèmes,
données hautement sécurisés.
REE : Comment s’est passée
avec Atos Consulting, son pôle conseil,
cette croissance ?
Atos accompagne ses clients dans leur
2%% )L Y A BEAUCOUP DE BUZZWORDS
J.-M. S. : C’est une longue histoire qui a
transformation digitale : de la défini-
dans le domaine de l’informatique.
débuté dans les années 1960 : SLIGOS
tion de la stratégie jusqu’à la mise en
Pouvez-vous donner un sens concret
et AXIME, deux SSII françaises, ont déci-
œuvre des solutions et la fourniture
à tous ces termes ? Transformation
dé en 1996 de faire cause commune, ce
de systèmes complexes parfaitement
digitale, intégration de systèmes, etc.
qui, par contraction, a donné naissance
intégrés ;
J.-M. S. : L’explosion du volume de don-
au nom Atos. Vous noterez que l’objectif
s l’infogérance, qui est historiquement
nées disponibles et le développement
du rapprochement était déjà à l’époque
un métier prépondérant et qui évolue
des technologies numériques Social-
d’aborder, avec de meilleurs atouts, le
fortement avec les technologies de
Mobile-Analytics-Cloud-Sécurité sont au
marché international.
“cloud computing” ; Atos vient d’être
cœur de ce qu’Atos considère comme
Entre 2000 et 2004, Atos a poursuivi
classé par ISG parmi les 10 premiers
« la troisième révolution digitale » (la 1e
sa croissance par l’acquisition d’Origin, la
fournisseurs de services d’infogérance
étant l’informatique et la 2e Internet).
filiale informatique de Philips, devenant
(Amérique & EMEA) ;
Nous sommes face à une transforma-
REE N°4/2015 135
tion en profondeur de l’économie qui
Puis est venu le temps des serveurs sup-
implique de nouveaux modèles écono-
portant plusieurs applications. Plus récem-
miques et de nouveaux usages. Atos,
ment, se sont développées les techniques
historiquement présent sur le traitement
de virtualisation permettant de banaliser
des grands volumes de données (avec
les moyens de calcul et de stockage, mais
Wordline) et l’Internet des objets, a anti-
toujours en environnement privé. Au-
cipé cette révolution en se renforçant
jourd’hui, l’approche par “cloud” permet
grâce à sa stratégie d’acquisitions et de
d’offrir, dans le cadre d’une infrastructure
partenariats, sur ces éléments-clés de la
privée ou publique, et dans ce dernier cas
transformation digitale : Big Data et sécu-
sur des espaces mutualisés ou non, des
rité avec Bull, social avec Bluekiwi, digital
services de stockage ou de traitement
marketing avec Cambridge Technologies,
des données, avec des applications stan-
et Cloud avec Canopy en partenariat avec
dardisées ou non. On peut aujourd’hui
EMC et VMware. Notre objectif est d’être
pratiquement tout faire en cloud, le seul
le partenaire de référence. L’intégration de systèmes peut avoir diverses finalités. Ce peut être la gestion de procédés complexes, dans la conduite des centrales et des réseaux électriques par exemple. Mais ce peut être également l’optimi-
élément limitatif reste le temps de latence,
L’infogérance a été révolutionnée par le développement des data centers et des services cloud
sation de l’utilisation des ressources de
c’est-à-dire le délai séparant l’envoi d’une donnée et son arrivée dans le buffer du destinataire.
On peut aujourd’hui pratiquement tout faire en cloud. Seul le temps de latence reste un élément limitatif
l’entreprise, intégrant la conception des
clients – pour ceux qui souhaitent pour
produits, la planification et l’organisation
diverses raisons les détenir en propre –
des productions et, plus près du ter-
mais nous disposons également de nos
rain, la gestion des processus industriels
propres data centers. C’est un secteur
(ordonnancement, suivi de production,
qui connaît aujourd’hui des taux de crois-
maintenance, etc.). Nos clients sont sou-
sance extrêmement rapides, autour de
REE : Atos a participé activement
vent de grands acteurs de la vie indus-
+ 50 % par an. En infogérance, Atos est
AUX TRAVAUX DU GROUPE CYBERSÏCURITÏ
trielle, nous leur apportons des solutions
pionnier grâce à une nouvelle gamme
des réseaux électriques intelligents
« métiers » reposant soit sur des logiciels
complète de data centers virtuels, s’ap-
de la SEE. La sécurité est-elle
que nous avons développés, soit sur les
puyant sur une plate-forme logicielle, qui
pour vous une contrainte ou une
grands produits du commerce.
permettent d’améliorer la performance
opportunité ?
des systèmes de nos clients. Les data
J.-M. S. : La sécurité est d’abord un de-
REE : Comment ont évolué
centers numériques révolutionnent la
voir : nous nous devons de proposer à
vos services d’infogérance ?
gestion d’infrastructures et complètent
nos clients des solutions auxquelles ils
J.-M. S. : Traditionnellement, l’infogérance
nos solutions Cloud. Atos gère des cen-
puissent porter un niveau de confiance
c’est la gestion pour compte de tiers des
taines de milliers de serveurs dans le
justifié et à la hauteur de leur attente. La
espaces de travail et des infrastructures
monde grâce à ses data centers répartis
sécurité se construit et se démontre : elle
de communication et de traitement. Cette
sur différents continents tout en offrant
ne résulte pas de recettes miracles qui
activité s’accompagne d’une responsabilité
un support local à ses clients. Enfin, Atos
ne traiteraient qu’un aspect des choses.
de conseil qui est aujourd’hui essentielle
et Siemens ont conçu des solutions
Si l’on renforce la protection dans une
compte tenu de la rapidité d’évolution des
uniques de gestion de l’infrastructure
direction en négligeant une autre, on sait
technologies et des composants, matériels
des data centers (DCIM) permettant
que c’est par ce canal qu’une menace
et logiciels.
une plus grande efficacité énergétique.
pourra se développer.
L’un des facteurs majeurs est la
Le développement de l’infogérance
L’atout d’Atos est de pouvoir offrir
généralisation des “data centers” qui
s’appuie sur ces “data centers” pour pro-
des solutions de sécurité au sens large,
ont rendu possible, avec le développe-
mouvoir des services en “cloud”. Histori-
associant aussi bien des protections phy-
ment des réseaux et des moyens de
quement, on a commencé par proposer,
siques, de contrôle d’accès et d’identifi-
traitement, le “cloud computing”. Nous
il y a 20 ans, des équipements en ser-
cation par exemple, que des protections
sommes en mesure de spécifier, réaliser
veurs et le développement d’applications
logiques. Ces protections peuvent être
et administrer des data centers chez nos
supportées par chacun de ces serveurs.
périmétriques, par la surveillance et le
136
REE N°4/2015
ENSEIGNEMENT & RECHERCHE
La pĂŠdagogie dans lâ&#x20AC;&#x2122;enseignement supĂŠrieur : tendances et enjeux Denis LemaĂŽtre Professeur Ă lâ&#x20AC;&#x2122;ENSTA Bretagne AndrĂŠ ThĂŠpaut Directeur dâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠtudes Ă TĂŠlĂŠcom Bretagne
D
epuis quelques dĂŠcennies dĂŠjĂ , la pĂŠdagogie occupe une place grandissante dans lâ&#x20AC;&#x2122;enseignement supĂŠrieur, comme en attestent diffĂŠrents indices : s LE DĂ?VELOPPEMENT DE SERVICES UNIVERSITAIRES DE PĂ?DAGOGIE s LA NOMINATION DE PROFESSIONNELS SPĂ?CIALISTES DE PĂ?DAGOGIE s LE NOMBRE DE PUBLICATIONS SOUS FORMES D ARTICLES OU D OUVRAGES s LA CRĂ?ATION DE L !SSOCIATION INTERNATIONALE DE PĂ?DAGOGIE UNIVERSITAIRE !)05 0ARMI LES RENCONTRES ET LES MANIFESTATIONS DĂ?DIĂ?ES Ă&#x152; CE THĂ&#x2019;ME LE COLLOQUE BISANNUEL Questions de pĂŠdagogies dans lâ&#x20AC;&#x2122;enseignement supĂŠrieur 10%3 EST UN INDICATEUR PRIVILĂ?GIĂ? DE CE DĂ?VELOPPEMENT )L S EST TENU POUR LA PREMIĂ&#x2019;RE FOIS EN Ă&#x152; 4Ă?LĂ?COM "RETAGNE "REST ET IL EST REVENU Ă&#x152; "REST EN JUIN 2015 pour sa huitième ĂŠdition, après sâ&#x20AC;&#x2122;ĂŞtre tenu notamment en "ELGIQUE ET AU 1UĂ?BEC Ce colloque international francophone rĂŠunit des enseiGNANTS DES RESPONSABLES DE FORMATION ET DES SPĂ?CIALISTES DE PĂ?DAGOGIE DE L ENSEIGNEMENT SUPĂ?RIEUR ,E NOMBRE DE PARTICIPANTS nâ&#x20AC;&#x2122;a cessĂŠ dâ&#x20AC;&#x2122;augmenter au fil des ans, pour atteindre 300 en juin DERNIER LA QUALITĂ? ET LA DIVERSITĂ? DES COMMUNICATIONS ILLUSTRENT BIEN EN QUOI L EXPERTISE PĂ?DAGOGIQUE NE CESSE DE GRANDIR FAVORIsant le dĂŠcloisonnement des disciplines, lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠchange des pratiques ET LE DĂ?VELOPPEMENT DES OUTILS ET DES MĂ?THODES NOUVELLES ,E millier de communications produites depuis 2001, lors des huit Ă?DITIONS DU COLLOQUE CONSTITUE UN PRĂ?CIEUX CORPUS QUI PERMET D OBSERVER lNEMENT CE QUE SONT LES Ă?VOLUTIONS PĂ?DAGOGIQUES de lâ&#x20AC;&#x2122;enseignement supĂŠrieur et les tendances actuelles dans LE CHOIX DES MĂ?THODES %LLES ILLUSTRENT LE FAIT QUE LA PĂ?DAGOGIE DEVIENT UNE PRĂ?OCCUPATION DE PLUS EN PLUS GRANDE DANS L ENSEIgnement supĂŠrieur et constitue un enjeu central pour rĂŠpondre AUX NOUVEAUX DĂ?lS CONTEMPORAINS s LA MASSIlCATION DES Ă?TUDIANTS QUI CONCERNE TOUS LES PAYS DĂ?VELOPPĂ?S OU Ă?MERGENTS
s L INTERNATIONALISATION DES RECRUTEMENTS DES PROGRAMMES ET DES INSTITUTIONS s LE DĂ?VELOPPEMENT DU MONDE NUMĂ?RIQUE s LA RĂ?USSITE ET L EMPLOI DES DIPLĂ&#x2122;MĂ?S ETC !VANT D ENVISAGER CE QUE SONT LES INNOVATIONS PĂ?DAGOGIQUES en tant que telles, il est donc important de rappeler en quoi CES Ă?VOLUTIONS SONT INTIMEMENT LIĂ?ES Ă&#x152; CELLES DE L ENSEIGNEMENT SUPĂ?RIEUR EN GĂ?NĂ?RAL
Pourquoi se prĂŠoccupe-t-on de pĂŠdagogie dans lâ&#x20AC;&#x2122;enseignement supĂŠrieur ? 0OUR BIEN COMPRENDRE LA PLACE DE LA PĂ?DAGOGIE DANS L ENSEIGNEMENT SUPĂ?RIEUR ET LES Ă?VOLUTIONS QU ELLE CONNAĂ&#x201D;T IL FAUT SE REPLACER DANS LE CONTEXTE PLUS LARGE DE L Ă?VOLUTION DE CE SECTEUR Ă?DUCATIF MARQUĂ? ESSENTIELLEMENT PAR UN VASTE MOUVEMENT D INternationalisation et, de manière liĂŠe, par une mise en concurRENCE DES Ă?TABLISSEMENTS D ENSEIGNEMENT SUPĂ?RIEUR SUR CE QUI EST DEVENU UN MARCHĂ? DE LA FORMATION ASSEZ OUVERT 0LUSIEURS FACTEURS EXPLIQUENT LES ORIENTATIONS PĂ?DAGOGIQUES DE L ENSEIGNEMENT SUPĂ?RIEUR OBSERVABLES AUJOURD HUI Lâ&#x20AC;&#x2122;internationalisation du marchĂŠ de lâ&#x20AC;&#x2122;enseignement supĂŠrieur %N PREMIER LIEU L INTERNATIONALISATION ET LA MISE EN CONCURRENCE POUSSENT LES Ă?TABLISSEMENTS D ENSEIGNEMENT SUPĂ?RIEUR Ă&#x152; AFlCHER LEURS SPĂ?CIlCITĂ?S ET LEUR EXPERTISE PĂ?DAGOGIQUE DANS CERTAINS DOMAINES #E PHĂ?NOMĂ&#x2019;NE N EST PAS RĂ?CENT L UNIVERSITĂ? D !ALBORG AU $ANEMARK S EST AINSI RENDUE CĂ?LĂ&#x2019;BRE PAR LE DĂ?VELOPPEMENT du Problem based learning 0", DĂ&#x2019;S LES ANNĂ?ES , %COLE POLYTECHNIQUE DE ,OUVAIN LA .EUVE S EST DISTINGUĂ?E DEPUIS UNE VINGTAINE D ANNĂ?ES PAR LES MĂ?THODES DĂ?DIĂ?ES AUX APPRENTISSAGES PAR PROJETS ET PROBLĂ&#x2019;MES !00 !UJOURD HUI BEAUCOUP D Ă?TABLISSEMENTS SE FONT UNE SPĂ?CIALITĂ? DE LEURS INNOVATIONS PĂ?DAGOGIQUES QU ILS AFlCHENT DANS LEUR COMMUNICATION 0ARMI D AUTRES EXEMPLES DE DISPOSITIFS LES Massive open online courses -//# SERVENT SOUVENT DE PRODUITS D APPEL POUR LES UNIVERSITĂ?S OU LES Ă?COLES D UN CERTAIN RENOM QUI VEULENT AFlCHER AINSI LEUR EXCELLENCE SCIENTIlQUE ET LEUR CAPACITĂ?
The 8th QPES (Questions de pĂŠdagogie dans lâ&#x20AC;&#x2122;enseignement supĂŠrieur) symposium brought together 300 participants. QPES focuses on the increasingly significant role of educational methods in higher education systems. In this article, we show that new educational methods are well adapted for their new objectives in higher education systems: increase in number of students, increase in digital technology, professionalization of educational courses, etc. In particular, we show that active learning is essential nowadays. But has the incredible development of digital technology in educational systems made it possible to reduce the failure rate? Teachers practising active learning have to take care not to be distracted by digital technologies and new evolutions in the educational domain. Indeed, one of the main challenges is to train students able to answer multidimensional problems, obviously technical, but also economical, societal, ethical, environmental, etc.
ABSTRACT
REE N°4/2015 139
ENSEIGNEMENT & RECHERCHE
D INNOVATION PĂ?DAGOGIQUE $ANS BIEN DES CAS LA PĂ?DAGOGIE EST PERÂĽUE COMME UN AVANTAGE CONCURRENTIEL PERMETTANT D AFlCHER UNE SINGULARITĂ? UNE MARQUE DE FABRIQUE DE LA FORMATION SUSCEPTIBLES D ATTIRER LES Ă?TUDIANTS ,ES NOUVEAUX PUBLICS D Ă?TUDIANTS QUE REÂĽOIVENT LES Ă?TABLISSEMENTS D ENSEIGNEMENT SUPĂ?RIEUR DANS CE CONTEXTE DE CONCURRENCE INCITENT Ă&#x152; CET EFFORT DE PĂ?DAGOGIE )L S AGIT DE GĂ?RER UN CERTAIN NOMBRE DE DĂ?lS COMME LA MASSIlCATION AUGMENTATION CONSIDĂ?RABLE DU NOMBRE D Ă?TUDIANTS ET DIVERSIlCATION DES PUBLICS LA GĂ?NĂ?RALISATION DU NUMĂ?RIQUE NOUVEAUX TYPES D APPRENTISSAGE ET DE RAPPORT AUX SAVOIRS LES TAUX D Ă?CHEC DANS CERTAINES lLIĂ&#x2019;RES OU ENCORE LA DĂ?SAFFECTION RELATIVE POUR LES CURSUS TRĂ&#x2019;S SCIENTIlQUES ET THĂ?ORIQUES 0OUR SE MAINTENIR ET dĂŠfendre leur image de marque sur le marchĂŠ de lâ&#x20AC;&#x2122;enseignement supĂŠrieur, toutes les institutions sont aujourdâ&#x20AC;&#x2122;hui amenĂŠes Ă montrer comment elles rĂŠpondent Ă ces dĂŠfis, par leurs poliTIQUES PĂ?DAGOGIQUES La standardisation des curricula %N DEUXIĂ&#x2019;ME LIEU LA NORMALISATION ET LA STANDARDISATION DES CURRICULA Ă&#x152; L Ă?CHELLE INTERNATIONALE CONDUISENT LES Ă?TABLISSEMENTS D ENSEIGNEMENT SUPĂ?RIEUR Ă&#x152; ADOPTER LES Ă?VOLUTIONS PĂ?DAGOGIQUES LES PLUS COMMUNĂ?MENT OBSERVABLES ,ES POLITIQUES INTERNATIOnales poussent Ă un alignement des curricula, principalement SOUS L EFFET DU PROCESSUS DE "OLOGNE EN %UROPE ET AU DELĂ&#x152; ,ES DIFFĂ?RENTS SYSTĂ&#x2019;MES D ACCRĂ?DITATION OU D HABILITATION Ă&#x152; L Ă?CHELLE INTERNATIONALE CONDUISENT LES Ă?TABLISSEMENTS D ENSEIGNEMENT supĂŠrieur Ă respecter des recommandations ou des critères D Ă?VALUATION INCITANT Ă&#x152; STANDARDISER LES PRATIQUES PĂ?DAGOGIQUES # EST PAR EXEMPLE LE CAS POUR LES FORMATIONS D INGĂ?NIEURS EN %UROPE SOUS L Ă?GIDE DE L %.!%% European Network for Accreditation of Engineering Education QUI DĂ?LIVRE UN LABEL DE QUALITĂ? BAPTISĂ? %52 !#% Cette agence accrĂŠdite notamment les agences nationales comme la Commission des titres dâ&#x20AC;&#x2122;ingĂŠnieurs en France, pour DĂ?LIVRER CE LABEL Ă&#x152; L ISSUE DE LEURS PROPRES Ă?VALUATIONS %LLE Ă?DITE un document (Framework Standards and Guidelines Ă&#x152; DESTINATION DES INSTITUTIONS ET DES AGENCES NATIONALES $ANS L Ă?DITION DE MARS ON DĂ?COUVRE UN CHAPITRE INTITULĂ? hTeaching and Learning Processv QUI INVITE EXPLICITEMENT LES FORMATIONS D INGĂ?NIEURS Ă&#x152; DĂ?lNIR LEURS MĂ?THODES D ENSEIGNEMENT hthe methodology of teaching and learningv ,E GUIDE SANS RECOMMANDER DE MĂ?THODES PARTICULIĂ&#x2019;RES INVITE NĂ?ANMOINS LES INSTITUTIONS Ă&#x152; adopter des modes de pĂŠdagogie diffĂŠrenciĂŠs, centrĂŠs sur les Ă?TUDIANTS hThe learning process should be sufficiently flexible to accommodate different entry qualifications of students and different learning stylesv ET SUR LES ATTENDUS DE LA FORMATION LES OBJECTIFS D APPRENTISSAGE EN LIEN AVEC LES ACTIVITĂ?S PĂ?DAGOGIQUES hlearning outcomes, content, typologies of teaching activitiesv )L S AGIT D UNE INCITATION FORTE Ă&#x152; DĂ?VELOPPER UNE EXPERTISE SUR LES mĂŠthodes pĂŠdagogiques et sur les formes dâ&#x20AC;&#x2122;apprentissage des ĂŠtudiants, dans le cadre dâ&#x20AC;&#x2122;une ingĂŠnierie pĂŠdagogique orienTĂ?E VERS L ACQUISITION DE SAVOIR FAIRE OPĂ?RATIONNELS lNALISĂ?S ,ES SECTEURS DE LA FORMATION DANS LESQUELS EXISTENT DES ASSOCIATIONS
140
REE N°4/2015
PROFESSIONNELLES OU DES AGENCES D Ă?VALUATION SONT AMENĂ?S PLUS QUE D AUTRES Ă&#x152; ADAPTER LEURS PĂ?DAGOGIES # EST PARTICULIĂ&#x2019;REMENT LE CAS EN &RANCE DES Ă?COLES D INGĂ?NIEURS ET DE LA #4) #OMMISSION DES TITRES D INGĂ?NIEUR QUI PAR SES RECOMMANDATIONS ET LORS DE SES VISITES D AUDIT INCITE FORTEMENT ET AVEC SUCCĂ&#x2019;S CES Ă?COLES Ă&#x152; DĂ?VELOPPER LEURS DĂ?MARCHES PĂ?DAGOGIQUES La professionnalisation des filières de formation %N TROISIĂ&#x2019;ME LIEU L INTERNATIONALISATION DE L ENSEIGNEMENT SUPĂ?RIEUR ET LA MISE EN CONCURRENCE DES Ă?TABLISSEMENTS POUSSE ces derniers Ă rechercher une meilleure adaptation de leurs forMATIONS AUX Ă?TUDIANTS D UNE PART AUX DEMANDES DES MILIEUX PROFESSIONNELS QUI EMPLOIENT LES DIPLĂ&#x2122;MĂ?S D AUTRE PART #E MOUVEMENT CORRESPOND Ă&#x152; UN DOUBLE EFFORT DE PROFESSIONNALISATION DES Ă?TABLISSEMENTS D ENSEIGNEMENT SUPĂ?RIEUR ILS SONT AMENĂ?S Ă&#x152; SE PROFESSIONNALISER COMME ORGANISATIONS DĂ?LIVRANT UN SERVICE MESURABLE ET Ă?VALUABLE EN DIRECTION D UNE POPULATION D Ă?TUDIANTS PARFOIS VUS COMME DES CLIENTS VOIRE DES CONSOMMATEURS )L S AGIT Ă?GALEMENT BIEN SĂ&#x;R DE LA PROFESSIONNALISATION DES Ă?TUDIANTS AU SENS OĂĄ LE DIPLĂ&#x2122;ME OBTENU EN lN DE CURSUS DOIT Ă?TRE en mesure de garantir les compĂŠtences professionnelles reconNUES ET DEMANDĂ?ES PAR LES ENTREPRISES #ETTE PROFESSIONNALISATION A TENDANCE Ă&#x152; Ă?LOIGNER LES Ă?TABLISSEMENTS D ENSEIGNEMENT SUPĂ?RIEUR DU MODĂ&#x2019;LE DE L UNIVERSITĂ? CLASSIQUE CENTRĂ? SUR LES SAVOIRS SAVANTS DONT LA VOCATION A LONGTEMPS Ă?TĂ? DE CONSERVER ET DE TRANSMETTRE LE MEILLEUR DE LA CULTURE SCIENTIlQUE OU LITTĂ?RAIRE Ă&#x152; UNE Ă?LITE RESTREINTE CHARGĂ?E DE LA REPRODUIRE ET DE LA DĂ?VELOPPER DANS UN CONTEXTE FORTEMENT ACADĂ?MIQUE ,A massification de lâ&#x20AC;&#x2122;enseignement supĂŠrieur sâ&#x20AC;&#x2122;accompagne de la MULTIPLICATION DES lLIĂ&#x2019;RES DE FORMATION AMENANT AU DĂ?VELOPPEment de formations supĂŠrieures professionnelles, centrĂŠes sur lâ&#x20AC;&#x2122;apprentissage de mĂŠtiers plus que sur lâ&#x20AC;&#x2122;acquisition dâ&#x20AC;&#x2122;une culture SAVANTE ,ES lLIĂ&#x2019;RES LES PLUS GĂ?NĂ?RALISTES DE L UNIVERSITĂ? MATHĂ?MATIQUES PHYSIQUE PHILOSOPHIE SOCIOLOGIE ETC SOUFFRENT AINSI D UNE CERTAINE DĂ?VALORISATION FACE Ă&#x152; DES FORMATIONS CENTRĂ?ES SUR LES MĂ?TIERS #E MOUVEMENT DE PROFESSIONNALISATION CONDITIONNE fortement les pratiques pĂŠdagogiques, dans la mesure oĂš il incite les communautĂŠs enseignantes Ă dĂŠlaisser les pĂŠdagogies les PLUS TRANSMISSIVES CENTRĂ?ES SUR LES SAVOIRS POUR FAVORISER LES PĂ?DAGOGIES ORIENTĂ?ES VERS LA PRATIQUE FAVORISANT L ACQUISITION DE SAVOIR FAIRE #E MOUVEMENT N EST PAS TOTALEMENT NOUVEAU !UX %TATS 5NIS LES Ă?COLES DE COMMERCE ONT DĂ?VELOPPĂ? DĂ&#x2019;S LE DĂ?BUT du XXe siècle les cases studies Ă?TUDES DE CAS POUR LES FORMATIONS AU MANAGEMENT $E MĂ?ME EN &RANCE LES Ă?COLES D INGĂ?NIEURS Ă&#x152; VOCATION INDUSTRIELLE CRĂ?Ă?ES DEPUIS LE 8)8e siècle pour RĂ?PONDRE AUX BESOINS SPĂ?CIlQUES DES NOUVELLES INDUSTRIES EX -INES DE 3AINT %TIENNE #HIMIE .ANCY %COLE SUPĂ?RIEURE D Ă?LECTRICITĂ? ETC ONT DĂ&#x2019;S LE DĂ?PART DĂ?VELOPPĂ? DES ENSEIGNEMENTS TOURNĂ?S VERS LA PRATIQUE LA PLUPART DU TEMPS SUR LE TERRAIN MĂ?ME de lâ&#x20AC;&#x2122;entreprise ou dans lâ&#x20AC;&#x2122;atelier, au contact des ingĂŠnieurs et techNICIENS EN POSTE ,ES Ă?TUDES DE MĂ?DECINE QUANT Ă&#x152; ELLES SE SONT TOUJOURS APPUYĂ?ES SUR DES MISES EN SITUATION ET LA CONFRONTATION DES Ă?TUDIANTS AUX MALADES
CHRONIQUE
L’idée de Dieu n’est plus ce qu’elle était… L’univers m’embarrasse, et je ne puis songer Que cette horloge existe et n’ait point d’horloger la suite de Voltaire, beaucoup face à l’univers et au cosmos s’interrogent sur les mécanismes qui président à tant d’harmonie ! Les deux ouvrages qui inspirent aujourd’hui notre chronique relèvent de ce questionnement, mais dans des styles et à partir de positions fort diverses. D’un côté un astrophysicien, très connu pour ses brillants ouvrages de vulgarisation comme pour ses convictions bouddhiques, convie ses éminents amis à s’interroger avec lui sur leurs sentiments Face à l’univers. De l’autre c’est un théologien, historien et philosophe des sciences, qui remarque qu’après un 19e siècle scientiste, le nom de Dieu n’est plus tabou dans la bouche et sous la plume des scientifiques… Cette donnée indiscutable est, comme tant de révolutions de la physique du 20e siècle, doublement imputable au génie d’Einstein : d’une part la relativité générale est le cadre théorique reconnu du Big Bang qui pose de façon inédite la question de l’infini comme celle de l’origine du temps ; d’autre part par ses célèbres boutades, il ne manquait pas de citer celui que, malicieusement et orgueilleusement, il considérait comme son seul rival : Je veux connaître la pensée de Dieu ; le reste n’est que détail ou encore Dieu ne joue pas aux dés. Voltaire encore nous interpelle, qui paraphrasant et complétant la Genèse affirmait que Si Dieu nous a fait à son image, nous le lui avons bien rendu. Mais le Dieu de l’art chrétien des siècles passés est bien éloigné de ce que les intellectuels contemporains, en particulier les scientifiques, imaginent. Il y a fort loin entre le vieillard chenu des siècles passés, dont nous admirons tant de splendides représentations, et le principe anthropique qui donne un sens à la façon dont notre univers, du moins celui qui nous est accessible, a évolué depuis 13,6 milliards d’années. Jacques Arnould recense et analyse, dans leur contexte tant scientifique que religieux, les propositions que de grands scientifiques chrétiens ont formulées : une place toute particulière est réservée à l’abbé Lemaître en lien avec son double référentiel, assumé avec brio, si ce n’est sans difficulté. L’un des théoriciens de l’atome primitif devait en quelque sorte concilier
A
Einstein et Pie XII, siéger à l’Académie pontificale et contribuer au rayonnement intellectuel de l’université de Louvain… c’est peu dire que l’abbé fut chagriné qu’on contestât l’évolution un siècle après Darwin (et à l’époque de Teilhard de Chardin !) et qu’on donnât l’impression que le Big Bang avait quelque chose à voir avec le Fiat Lux de la Genèse ! Les divers chapitres de Jacques Arnould constituent des récits captivants, constamment documentés et argumentés, se lisant avec plaisir. L'ouvrage commence par l'évocation de Giordano Bruno,
Trinh Xuan Thuan (avec J. d’Ormesson, M. Ricard, J.-M. Pelt, Ph. Desbrossses, E. Morin, J. de Rosnay, F. Verdier & J.-C. Guillebaud) Face à L’univers Éditions Autrement - Collection Manifeste mars 2015 - 160 p. - 19
Jacques Arnould Sous le voile du cosmos Quand les scientifiques parlent de Dieu Éditions Albin Michel janvier 2015 - 313 p. - 20
l’un des premiers à remettre en cause, au prix de sa vie, l’idée que l’Homme et la Terre sont au centre de l’Univers : depuis, la place de l’homme dans le cosmos, a d’ailleurs été de plus en plus excentrée et relativisée. Les religions du Livre ont été amenées soient à paraître sectaires en s’arcboutant sur la lettre des textes saints, soit à évoluer vers une conception plus globale : le pénultième chapitre de Jacques Arnould s’intitule Vers une religion cosmique et sa conclusion finale est que Jamais Dieu n’a
été si proche du voile du cosmos ; jamais aussi il ne paraît s’y être aussi bien dissimulé. Une question essentielle s’est également introduite avec les derniers développements de l’astrophysique : celle de la pluralité des mondes. D’une part l’existence avérée de multiples exoplanètes pose la question de l’unicité de l’Homme dans l’Univers ; d’autre part la possibilité des multivers, certes toute théorique, crée pour les relations entre physique et métaphysique une situation inédite. Pour Aurélien Barreau qui en est le chantre convaincu, les multivers sont même la seule possibilité logique et scientifique d’échapper au stérile débat entre la probabilité négligeable de notre présence dans l’univers et le principe anthropique suivant lequel nous aurions déjà été programmés dès le Big Bang, dans les lois qui gouvernent l’évolution de l’Univers. Tout concourt à une forme de panthéisme, vers lequel convergent bien des intellectuels, en particulier ceux qu’a invités Trinh Xuan Thuan ; c’est aisé, voire naturel, pour ceux qui comme lui baignent dans la tradition bouddhique, spontanément holistique face au dualisme traditionnel de la pensée occidentale. Et nous avons, avec les beaux textes de tous ceux qui précisent leur vision de l’Univers, une idée des formes variées de cette convergence où souvent l’émotion ou l’esthétique se mêlent à la réflexion scientifique : les splendides photos de Matthieu Ricard complètent, illuminent même, un ouvrage de grande richesse littéraire. Evoquons pour conclure deux éminents scientifiques qui posent autrement la question de Dieu : Stephen Hawking pense qu’il faut à la fois travailler sur les lois de l’Univers (comment évolue-t-il ?) mais aussi sur le pourquoi de son existence, afin de donner enfin une réponse physique à l’interrogation de Leibnitz : Pourquoi y-a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Et auparavant, Laplace, avec la superbe insolence de sa réponse à Bonaparte le questionnant sur l’absence de Dieu dans sa Cosmogonie : Citoyen premier Consul, je n’ai pas eu besoin de cette hypothèse. Laplace expliquera plus tard que Dieu étant une hypothèse qui explique tout mais ne prédit rien, il n’est pas utilisable dans le cadre de la science... B. Ay.
REE N°4/2015 147
PROPOS
LIBRES
Michel Berry École de Paris du management
de la distinguée Confrérie des Chevaliers du Tastevin ou
U
tion est importante : quand les produits, les méthodes et
de la masse anonyme des ramasseurs de fraise ? La ques-
n propriétaire terrien se lamente de ne plus
les prix bougent si vite qu’il faut s’en remettre à la vigilance
trouver de personnel pour ramasser les
des acteurs, comment faire en sorte qu’ils aient vraiment
fraises. Il en parle à un proche : « Avec toutes
envie de donner le meilleur d’eux-mêmes ?
ces aides aux sans-travail, on entretient la
Cet exemple met en relief trois leviers de fabrication
paresse ». Celui-ci répond : « Des milliers de personnes
de l’estime : le sentiment de participer à une belle his-
vont participer au raid cycliste Paris-Brest-Paris. La paresse
toire ; une communauté où valoriser sa singularité ; des
n’est pas la seule explication ». Voyons les différences
gestes partagés permettant d’entretenir des liens avec
entre les fraises et le vélo. Elles sont considérables.
les siens et de nourrir la belle histoire. On peut donc
1
Faire Paris-Brest-Paris suscite l’admiration autour
l’analyser à l’aide du trépied « mythes-rites-tribus » pro-
de soi. Pas ramasser des fraises, on peut
posé par Claude Riveline : si un pied lâche,
même s’entendre dire : « Tu n’as rien trouvé
un déséquilibre s’établit2. Illustrons ce mode
d’autre ? » Pour faire de grandes distances à vélo, il faut s’entraîner. On s’inscrit souvent en club et la sortie en peloton suscite une
Fabriquer de l’estime
vie collective intense où chacun est reconnu pour ses talents : le grimpeur, le blagueur, le génie
de lecture à l’aide d’exemples de l’École de Paris du management (voir encadré).
Créer une fierté pour des emplois mal considérés
de la technique, etc. En revanche, le ramassage des
Le manque de personnel qualifié est pour 64 % des
fraises se fait dans un quasi-anonymat et il est rare que
entreprises industrielles le premier frein à l’augmenta-
des talents de chacun y soient honorés. Si l’on vit dans
tion de leur production3. On sait que l’Éducation natio-
la grandeur et la convivialité en pratiquant le vélo, on
nale valorise le travail intellectuel au détriment du travail
vit petitement en ramassant des fraises. Il y a d’autres
manuel mais cela n’explique pas tout : les jeunes – et
moyens de survivre dans un pays riche.
leurs parents – sont souvent rebutés par l’idée même de
Des candidats se pressent en revanche pour partici-
s’orienter vers des métiers manuels. Ces facteurs variant
per aux vendanges de crus réputés. C’est que le vin joue
lentement, les entreprises ont intérêt à trouver des dis-
un rôle central dans la convivialité française : savoir le
positifs appropriés pour attirer le personnel dont elles
déguster, le commenter, repérer de bons producteurs,
ont besoin. Voici des exemples d’initiatives menées par
etc., sont des savoir-faire très valorisés.
des entreprenants imaginatifs.
Dans l’entreprise, le salarié se sent-il comme un membre de la glorieuse tribu des héros de la petite reine,
De l’exclusion à l’estime Une fille d’immigré italien, ouvrière métallurgiste à
1
Je remercie Béatrice Vacher de m’avoir aidé, par ses exigences, à mettre au point cet essai. Cette anecdote est due à Loïc Vieillard-Baron, qui a étudié la façon dont on valorise des savoir-faire « ordinaires », par des concours allant de la championne des mamies au roi des menteurs. Retour à la fête, ce que la multiplication des concours locaux dit de notre société, Editions Autrement, février 2002.
14 ans, est recrutée comme animatrice pour la réinsertion 2
Claude Riveline, « La gestion et les rites », Gérer et comprendre n°33, décembre 1993.
3
Thibaut Bidet-Mayer, Émilie Bourdu, Louisa Toubal, Thierry Weil, « Recherche soudeur désespérément », La Gazette de la société et des techniques n° 76, mars 2014.
L’École de Paris du management L’École de Paris traite de management en favorisant les observations de terrain et le débat. Elle invite des entrepreneurs et des chercheurs de domaines variés à témoigner devant un auditoire attentif et courtois, qui leur impose un effort de dialogue dont ils gardent un fort souvenir. Se révèlent ainsi des expériences passionnées, insolites, intraduisibles dans la langue économique, mais puissamment explicatives du cours des événements relatés. 1 100 comptes rendus de réunions sont accessibles sur son site www.ecole.org.
148
REE N°4/2015
LIBRES
PROPOS
de migrantes en difficulté. Elle a l’idée de créer une acti-
facteurs de standardisation. Cela force à revenir au mé-
vité autour du tricot, rite ancestral dans tous les pays d’où
tier de coutelier. Pour valoriser la singularité des objets
viennent ces réfugiées. Mais, plutôt que de se contenter
produits, il crée des modèles conçus par des designers
de leur proposer des activités occupationnelles banales,
connus et parrainés par une vedette. Produire un cou-
elle les tire vers le haut en leur faisant découvrir le métier
teau Ora-ïto parrainé par Alain Delon n’est plus banal
de la maille de haute couture, qu’elles portent au plus
pour l’ouvrier qui a pu discuter avec eux de la manière
haut niveau de l’excellence. Elle cherche à leur procurer
de le fabriquer. Le nouveau patron sillonne le monde
pour cela toutes les formations qu’elle peut trouver et
en approchant de riches clients pour leur expliquer en
favorise un travail d’équipe, dans lequel elle s’implique
quoi les couteaux produits sont uniques : tel manche
elle-même fortement. En outre, dans une région tou-
est sculpté en corne de vache d’Aubrac qu’on ne trouve
chée par la ruine de l’industrie textile, cela suscite des
nulle part ailleurs. Il régénère ainsi l’image – le mythe
aides bénévoles d’anciennes ouvrières et d’anciens in-
– des Laguiole. Cinq ans plus tard‚ les commandes af-
génieurs heureux de transmettre leurs savoir-faire. Ces
fluent et l’excellence des artisans est reconnue : deux
réfugiées en difficulté se sentent ainsi progressivement
ont même acquis le titre de meilleur ouvrier de France5.
membres d’un collectif soucieux d’excellence et cela crée un afflux de demandes de femmes ayant une volonté
Aider l’Éducation nationale à évoluer Il faudrait faire en sorte, dit-on, que les filières de for-
farouche de s’en sortir. L’association créée pour employer une dizaine de per-
mation professionnelle deviennent attractives, comme en
sonnes est devenue une SARL employant plus de 100
Allemagne ou en Suisse. Mais on sait l’inertie des rites de
personnes de quatorze nationalités. Elle réussit à avoir
l’Éducation nationale qui régissent les disciplines, les pro-
comme clientes toutes les grandes maisons françaises et
grammes ou le recrutement des enseignants. Quelques
étrangères de la haute couture, jouant donc un rôle dans
entreprises, plutôt que de se contenter de vitupérer,
une activité prestigieuse. Il en a résulté une fierté collec-
cherchent à aider l’Éducation nationale à évoluer.
tive qui a résisté à des séismes considérables .
L’entreprise Axon’, leader mondial des câbles et des
4
Réenchanter des métiers traditionnels
systèmes de connexion pour l’électronique de pointe, ne trouvant plus les formations dont elle a besoin,
On pourra objecter que si le tricot pouvait attirer, au
crée son centre de formation, tout en restant à l’affût
début de cette aventure, des personnes en situation
de partenariats avec l’Éducation nationale. Apprenant
d’exclusion, cette histoire n’aurait probablement pas pu
par exemple que le CAP de couture du collège voisin
démarrer avec des personnes déjà intégrées dans la so-
d’Épernay n’a plus de débouchés, le PDG convainc un
ciété française. Qu’il en aurait été du tricot comme des
professeur que la dextérité manuelle des élèves et leur
fraises. Voici un exemple où un entrepreneur imaginatif
aptitude à lire des plans sont des compétences très
revalorise un savoir-faire en déshérence.
adaptées à l’électronique. Une formation post CAP est
Après avoir travaillé dans cinq multinationales‚ un
ainsi créée. Plus tard, quand le CAP de couture est aban-
ancien du pays de l’Aubrac a un coup de cœur pour
donné, un CAP d’électronique est créé et les ouvrières
l’entreprise Forge de Laguiole. Elle est au bord du dépôt
issues de cette formation peuvent être recrutées chez
de bilan, tellement les Laguiole sont copiés, et peine à
Axon’. Elles peuvent même devenir chefs de groupe ou
attirer de bons ouvriers dans une petite ville sur le pla-
chefs d’équipe6. Il n’aurait sans doute guère été possible
teau de Millevaches pour réaliser un travail standardisé,
de créer par les voies normales une telle formation dans
avec un emploi précaire. Il la reprend cependant pour
une spécialité aussi différente que celles enseignées
miser sur la tradition et le métier, au lieu de se lancer
dans ce collège, mais une opportunité a été saisie sur
dans une course vaine à la baisse des coûts.
fond de crise pour lover une filière d’avenir.
Il fait un grand feu pour détruire les plans de fabrication et se débarrasse des machines automatiques,
5
Thierry Moysset, « La relance de la Forge de Laguiole, ou une stratégie du territoire et des métiers », École de Paris, séminaire Entrepreneurs, villes et territoires, mai 2012.
Carmen Colle, « L’épopée de World Tricot : ne jamais courber l’échine », séminaire Économie et sens, mai 2013.
6
Elisabeth Bourguinat, Réinventer l’industrie, les aventures de Joseph Puzo, Les ateliers Henry Dougier, juin 2015.
4
REE N°4/2015 149
PROPOS
LIBRES
Jean-Philippe Vanot PrĂŠsident de ParisTech PrĂŠsident du comitĂŠ du MEDEF sur les relations avec les consommateurs
Comment en est-on arrivĂŠ lĂ ?
D
s L ARRIVĂ?E DES h/VER THE TOP 0LAYERSv /44 epuis
quelques
annĂŠes,
Je vois trois raisons fondamentales : s LA NAĂ&#x2022;VETĂ? ET L INDIVIDUALISME DES TELCOS s LA RĂ&#x2019;GLEMENTATION Ă&#x152; DOMINANTE CONSUMĂ?RISTE
notamment
SĂŠduits par la simplicitĂŠ marketing du concept et sans
depuis lâ&#x20AC;&#x2122;apparition en 2007 de lâ&#x20AC;&#x2122;iPhone,
doute ĂŠgalement inquiets de la lenteur du dĂŠmarrage
premier smartphone intelligent, le dĂŠve-
des usages des donnĂŠes mobiles â&#x20AC;&#x201C; cela paraĂŽt loin main-
loppement du numĂŠrique transforme
tenant mais les telcos se sont longtemps demandĂŠ sâ&#x20AC;&#x2122;ils
en profondeur nos modes de vie. Ce dĂŠveloppement
avaient bien fait dâ&#x20AC;&#x2122;investir dans les rĂŠseaux mobiles 3G
massif de nouveaux usages que nous constatons par-
car les usages ne dĂŠcollaient pas â&#x20AC;&#x201C; les telcos ont tous
tout dans le monde nâ&#x20AC;&#x2122;a bien sĂťr ĂŠtĂŠ possible que grâce
adoptÊ, il y a près de 10 ans, des formules tarifaires dites
Ă la gĂŠnĂŠralisation de lâ&#x20AC;&#x2122;usage du protocole IP comme
ÂŤ illimitĂŠes Âť pour la voix puis pour les donnĂŠes, ce qui les
langage unique entre le rĂŠseau et les objets de tous
a conduits par la suite Ă devoir investir massivement pour
types, serveurs, smartphones, tablettes, PC, montres
faire face Ă la croissance des usages mais sans avoir de
connectĂŠes, voitures, compteursâ&#x20AC;Ś et au dĂŠploiement
revenu complĂŠmentaire. Les opĂŠrateurs (mobiles princi-
massif par les opĂŠrateurs de tĂŠlĂŠcommunications, les
palement) nâ&#x20AC;&#x2122;ont ensuite pas su afficher ces tarifs de façon
ÂŤ telcos Âť, dâ&#x20AC;&#x2122;accès Ă haut dĂŠbit, majoritairement mobiles.
comprĂŠhensible par les clients, notamment pour tout ce
On pourrait donc penser que lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠvolution de ces telcos, qui sont parmi les acteurs majeurs de ce dĂŠveloppement en cours, est orientĂŠe Ă la croissance. Paradoxalement cela est loin dâ&#x20AC;&#x2122;ĂŞtre sĂťr, tout particulièrement en Europe. Regardons
152
pour
qui nâ&#x20AC;&#x2122;est pas incorporĂŠ dans lâ&#x20AC;&#x2122;illimitĂŠ,
Ă&#x2030;volution du secteur des TĂŠlĂŠcommunications : le cas europĂŠen
sâ&#x20AC;&#x2122;attirant ainsi une mĂŠfiance certaine des clients. Les opĂŠrateurs nâ&#x20AC;&#x2122;ont donc pas rĂŠussi Ă monĂŠtiser convenablement les services de donnĂŠes mobiles alors que ces dernières reprĂŠsentent depuis dĂŠjĂ longtemps
commencer
quelques chiffres : sur ces six dernières annÊes le chiffre
dans les pays dĂŠveloppĂŠs la majoritĂŠ des volumes de
dâ&#x20AC;&#x2122;affaires des telcos dans le monde a crĂť dâ&#x20AC;&#x2122;environ 3
trafic ĂŠcoulĂŠs : dans les rĂŠsultats financiers des opĂŠra-
% par an, sauf en Europe oĂš il a dĂŠcru de 1 Ă 2 % par
teurs, le chiffre dâ&#x20AC;&#x2122;affaires associĂŠ aux donnĂŠes est très
an. Et pourtant partout, y compris en Europe, les usages
minoritaire et surtout leur profitabilitĂŠ insuffisante.
haut dÊbit ont crÝ de façon très importante, à la fois en
Par ailleurs face Ă la menace prĂŠvisible des OTT,
nombre dâ&#x20AC;&#x2122;accès et en consommation de donnĂŠes par
comme on le verra plus loin, ils ont ĂŠtĂŠ incapables de
accès, ce qui veut dire que tous les opÊrateurs de tÊlÊ-
sâ&#x20AC;&#x2122;entendre sur les moyens de contrĂ´ler ensemble les
communications, y compris les europĂŠens, ont investi
OPERATING SYSTEMS MOBILES LES h/3v SYSTĂ&#x2019;MES D EX-
massivement dans les infrastructures, principalement en
ploitation qui, on le verra, sont clĂŠs pour la maĂŽtrise de
dĂŠployant des rĂŠseaux mobiles 4G et des raccordements
lâ&#x20AC;&#x2122;expĂŠrience client. En tant que vice-prĂŠsident de lâ&#x20AC;&#x2122;ini-
optiques FTTX, et aussi, pour les câblo-opÊrateurs, des
tiative WAC (Wholesale Application Community) â&#x20AC;&#x201C; qui
accès en technologie DOCSIS, ceci afin de faire face aux
a tentÊ sans succès de fÊdÊrer les actions des opÊra-
croissances exponentielles des trafics associĂŠs.
teurs mobiles sur le sujet â&#x20AC;&#x201C; nous avons pu avec le prĂŠ-
Et voilĂ donc le paradoxe europĂŠen, dans un marchĂŠ en
sident de WAC de lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠpoque, un autre français puisque
croissance forte des usages, les telcos voient leurs revenus
câ&#x20AC;&#x2122;ĂŠtait Michel Combes alors directeur gĂŠnĂŠral adjoint de
baisser, mais doivent continuer Ă investir, et ils ont du mal,
Vodafone, constater à quel point il Êtait difficile de bâtir
par ailleurs, Ă accĂŠder Ă de nouveaux relais de croissance ;
des positions communes entre EuropĂŠens, AmĂŠricains
ils nâ&#x20AC;&#x2122;ont alors dâ&#x20AC;&#x2122;autre alternative que de poursuivre des pro-
et Asiatiques.
grammes de rĂŠduction de coĂťts dont la conception et la
Sur ces dernières annÊes le moteur principal de la
mise en Ĺ&#x201C;uvre sont de plus en plus difficiles, afin de prĂŠ-
règlementation europÊenne a ÊtÊ de nature consu-
server leurs taux de marge et de rassurer les investisseurs.
mĂŠriste, car les rĂŠgulateurs voulaient avant tout faire
REE N°4/2015
PROPOS
LIBRES
baisser les prix pour les consommateurs finaux : cela a
teur à un autre pour développer un service européen
été efficace car, comme l’ont démontré quelques études
de voitures connectées). Le revers de la médaille pour
produites par la Fédération française des télécommuni-
les opérateurs est que le client qui achète un matériel
cations, les tarifs français, notamment ceux des hauts
pré-équipé d’une telle carte SIM n’a plus tellement de
débits fixes et mobiles, sont les plus bas au monde.
raison de se rendre chez un opérateur pour choisir un
On peut également noter que cette politique a par-
abonnement si le distributeur du matériel lui propose
fois conduit à des dogmes, abondamment commentés
de s’en charger à sa place. C’est bien sûr Apple qui s’est
dans les médias, comme celui du nombre minimum
le premier engouffré dans la brèche en proposant aux
d’opérateurs par pays (pourquoi quatre et pas trois ?)
États-Unis et en Grande Bretagne des iPads avec carte
pour préserver le degré de compétition ceci sans se
SIM intégrée ; le risque pour les telcos est pour l’instant
soucier de la nature de ces opérateurs. J’aurais person-
limité mais que se passera- t-il lorsque Apple décidera
nellement applaudi au fait d’avoir quatre opérateurs par
d’intégrer ces cartes SIM dans les iPhones ?
pays en Europe si ces quatre opérateurs avaient été présents dans chaque pays d’Europe, donnant par là naissance à quatre opérateurs pan-européens capables de concurrencer les plus gros opérateurs non européens tels que ATT, Verizon, China Mobile, NTT… L’arrivée des OTTs – Apple et Google principalement
Face à ce constat un peu morose quelles sont les pistes pour l’avenir des opérateurs européens ? Le stratège de l’IDATE, D. Pouillot, voit trois scénarios possibles pour les telcos (européens ou non) :
et à un moindre degré Microsoft – et leur contrôle total
s LA i COMMODITISATION w C EST Ì DIRE LE FAIT QUE LES TELCOS
ou progressif des OS du terminal mobile (IOS et Android
sont progressivement réduits au rôle de fournisseurs
voire Windows X pour ne citer que les plus répandus)
de tuyaux sans développer au-dessus des services à
ont créé une réelle désintermédiation des telcos.
valeur ajoutée : elle résulterait en une baisse de CA
En effet, grâce à la qualité de leur interface client,
d’environ 2 % par an ;
basée sur la simplicité et l’intuition d’usage et permet-
s LA CONNECTIVITÏ PLUS EN AMÏLIORANT SIGNIlCATIVEMENT LA
tant en sus au client d’avoir accès très facilement à un
qualité perçue par le client, l’opérateur développe des
gigantesque magasin d’applications ces acteurs ont su
services d’accès étendus et parvient à une croissance
se faire désirer des clients finaux, qui sont bien souvent
de l’ordre de 2 % par an de son CA ;
plus attachés à leur constructeur de smartphone qu’à
s LE h$IGITAL -ALLv L OPÏRATEUR RÏUSSIT Ì CAPTER DE LA VALEUR
leur opérateur, car le smartphone, enrichi par le client
complémentaire en distribuant les services des sec-
lui-même de multiples applications correspondant à ses
teurs verticaux évoqués précédemment, paiement,
besoins, est devenu un objet personnel de grande valeur.
santé, domotique…
De fait ces nouveaux acteurs semblent aujourd’hui
Cela me semble assez bien analysé. Quels sont les
les mieux positionnés pour capter une partie de la valeur
moyens d’échapper au premier scénario ? Comme je
des relais de croissance que l’on pressent et qui relèvent
crois fondamentalement que « les solutions du futur
pour la plupart de ce que l’on appelle l’Internet des
ne seront probablement pas celles qui sont à l’origine
objets : paiement en ligne, santé, véhicules connectés,
des problèmes du présent » il va bien falloir envisager
domotique…
quelques points différemment :
, ARRIVÏE PROGRESSIVE DES hEMBEDDED 3)-v SORTE DE
s *OUER Ì FOND L EXPÏRIENCE CLIENT DIFFÏRENCIANTE
carte SIM logicielle permettant de facto un passage sans
Un bon nombre d’opérateurs ont déclaré s’être enga-
couture d’un telco à un autre, va affaiblir encore plus la
gés sur cette voie : force est de constater que la route est
solidité du cordon ombilical entre le client final et le telco
pentue et glissante et que les telcos n’ont pas encore su
et ne fera qu’amplifier le risque de désintermédiation.
monétiser une qualité différenciante notamment pour
Ces embedded SIM ont été spécifiées par les opéra-
les services de données. Pourtant un déploiement mas-
teurs mobiles eux-mêmes via des spécifications de la
sif et rapide de technologies de type Big Data (basé sur
GSMA adoptées il y a plus d’un an, afin de développer le
une plate-forme de Customer Experience Mobile, sur le
marché des objets mobiles connectés (on voit bien par
déploiement de sondes mais aussi sur le déploiement
exemple la nécessité de passer sans couture d’un opéra-
massif de logiciels embarqués dans les smartphones
REE N°4/2015 153
Entre science et vie sociétale,
les éléments du futur Une publication de la
Edition/Administration : SEE - 17, rue de l’Amiral Hamelin - 75783 Paris cedex 16 Tél. : 01 5690 3709 - Fax : 01 5690 3719 Site Web : www.see.asso.fr Directeur de la publication : François Gerin Comité de rédaction : Bernard Ayrault, Alain Brenac, Patrice Collet, André Deschamps, Jean-Pierre Hauet, Jacques Horvilleur, Marc Leconte
La SEE, société savante française fondée en 1883, forte de 3 000 membres, couvre les secteurs de l’Électricité, de l’Électronique et des Technologies de l’Information et de la Communication. Elle a pour vocation de favoriser et de promouvoir le progrès dans les domaines : Énergie, Télécom, Signal, Composants, Automatique, Informatique.
La SEE fédère un vaste réseau d’experts universitaires et industriels en faveur des
s 6 CLUBS TECHNIQUES Automatique, Informatique et Systèmes Ingénierie des Systèmes d’Information et de Communication Électronique Radar, Sonar et Systèmes Radioélectriques Électrotechnique Systèmes électriques
Vous voulez... Promotion : Mellyha Bahous - Tél.abonner 01 5690 3711 Vous à la REE ? Régie publicitaire : FFE - Tél. 01 5336 3787 Acheter un numéro ? Cliquer ICI Abonnements : s 12 GROUPES RÉGIONAUX Tél. : 01 5690 3704 - www.see.asso.fr/ree Ou bien téléphoner au 01 56 90 37 04 La SEE contribue à l’organisation Prix de l’abonnement 2015 : Rédaction : Catherine Vannier - Tél. 01 5690 3704
France & UE : 120 - Etranger (hors UE) : 140 Tarif spécial adhérent SEE : France & UE : 60 - Etranger : 70 Vente au numéro : France & UE : 28 - Etranger : 30 Conception & réalisation graphique JC. Malaterre - Tél. : 01 7946 1470 Impression : Jouve - 53100 Mayenne. Siège social : 11 Bd de Sébastopol - 75027 Paris cedex 1 Tél. : 01 4476 5440 CPPAP : en cours de renouvellement Copyright : Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des présentes pages publiées faite sans l’autorisation de l’éditeur, est illicite et constitue une contrefaçon. Toutefois les copies peuvent être utilisées après autorisation obtenue auprès du CFC - 20 rue des Grands Augustins, 75006 Paris (Tél. : 01 4404 4770) auquel la SEE a donné mandat pour la représenter auprès des utilisateurs (loi du 11 mars 1957, art. 40 & 41 et Code Pénal art. 425) La revue REE est lue par plus de 10 000 ingénieurs et cadres de l’industrie, dirigeants d’entreprises, directeurs des ressources humaines, formateurs… profitez de ce lectorat ciblé et de qualité pour publier vos annonces (emplois, stages, manifestations…) Répertoire des annonceurs REE Abonnement 2015 ...................................................................... C2 MATPOST ’2015 ................................................................................ p. 3 3EI Abonnement 2015 .................................................................... p. 16 LEM INTERNATIONAL SA ............................................................. p. 19 GENERAL CABLE ...................................................................... p. 34,35 Monographies ..........................................................................p. 74-124 REE Archives ...................................................................................... C3 OMICRON ELECTRONICS ................................................................. C4 Prochains Grands Dossiers Dossier 1 : La nanoélectronique ou Le démantèlement des centrales Dossier 2 : Les antennes actives radar
Impression : Jouve - 53100 Mayenne 160
REE N°4/2015
Dépôt légal : octobre 2015
et ses Groupes régionaux s Conférences nationales et internationales s Journées d’études thématiques s Conférences-Débat s Congrès internationaux, en partenariat ou non, avec d’autres sociétés scientifiques La SEE favorise le partage du savoir, et contribue aux débats sur des problèmes de société en éditant des revues s Revue de l’Électricité et de l’Électronique (REE) s Revue 3EI s Monographies s Publications électroniques : SEE Actualités
La SEE récompense les contributeurs éminents au progrès des sciences et technologies dans ses domaines s Grades Senior et Émerite SEE s Prix : Brillouin-Glavieux, Général Ferrié, André Blanc-Lapierre... s Médailles : Ampère, Blondel... SOCIÉTÉ DE L’ÉLECTRICITÉ, DE L’ÉLECTRONIQUE ET DES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION 17, rue de l’Amiral Hamelin - 75783 Paris cedex 16 Tél. : 01 56 90 37 09/11 - Fax : 01 56 90 37 19 www.see.asso.fr