2017
EDITORIAL Un avenir en réseau Laurent Tardif
Numéro
2
GROS PLAN SUR ... La 5e génération de systèmes mobiles Entretien avec Eric Hardouin
ÉNERGIE
TELECOMMUNICATIONS
SIGNAL
COMPOSANTS
AUTOMATIQUE
INFORMATIQUE
Cet aperçu gratuit permet aux lecteurs ou aux futurs lecteurs de la REE de découvrir le sommaire et les principaux articles du numéro 2017-2 de la revue, publié en mai 2017. Pour acheter le numéro ou s'abonner, se rendre à la dernière page.
DOSSIERS
L’énergie et les données
ISSN 1265-6534
L'ARTICLE INVITÉ
Les Smart Grids face au défi de l’industrialisation Didier Laffaille
www.see.asso.fr
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EDITORIAL
LAURENT TARDIF
Un avenir en réseau istoriquement, les réseaux d’infrastructures ont accompagné le développement des pays, selon un processus d’équipement progressif intégrant d’abord les centres urbains, puis les zones plus rurales. C’est encore ce que l’on observe dans beaucoup de pays en développement qui ne disposent que d’un accès incertain à l’électricité et aux moyens de communication, limités à la téléphonie sans fil.
H
Ce cycle d’investissement dans les équipements est arrivé à son terme dans les pays les plus avancés comme les Etats-Unis ou le Japon et les industries liées au développement de ces infrastructures ont vu leurs activités décliner au prix de multiples concentrations. Extensions et maintenance semblaient être alors le futur des couches passives de ces réseaux, généralement capables de s’adapter aux évolutions du trafic, notamment pour les réseaux de communication, grâce au renouveau des équipements actifs et des protocoles de transmission. Le vaste mouvement de refonte des systèmes de production et de gestion de l’énergie qui s’est engagé à travers le monde, dans le sillage des démarches progressives des différents pays contre le réchauffement climatique, concrétisées lors de la récente COP21 de Paris, a bousculé cet ordre établi. La priorité donnée aux énergies décarbonées vient favoriser l’émergence des nouvelles sources d’énergie, éoliennes et solaires notamment, dont les unités sont souvent étendues et délocalisées. Elles nécessitent de réviser et parfois repenser l’architecture des réseaux. L’optimisation globale des consommations et la sécurité d’approvisionnement indispensable à notre vie moderne engendrent également nombre d’évolutions. Citons plus particulièrement l’interconnexion des grands réseaux européens qui induit des réalisations originales et ambitieuses, permettant aux industriels de mettre en œuvre leurs innovations les plus avancées telles que les liaisons haute tension en grandes longueurs et à courant continu. Citons également l’impact majeur de ces mutations sur les réseaux de distribution d’énergie qui doivent intégrer
de nouvelles logiques de fonctionnement liées notamment aux installations de production individuelle et à la recharge des véhicules électriques. Elles rendent nécessaires le renforcement de la collecte d’informations sur le réseau et sa supervision générale, conjointement avec la gestion d’une interaction renforcée avec les utilisateurs. Les réseaux de communication apportent évidemment leur contribution à ces nouvelles approches. Les flux de données doublent peu ou prou tous les deux ans du fait d’applications toujours plus puissantes. La réalité augmentée demandera demain 100 fois plus de débit que les simples vidéos d’aujourd’hui. Pour transmettre ces données, la capacité de transmission par signaux hertziens (antennes ou satellites) ou par signaux électriques (câbles de cuivre) est insuffisante. Il faut utiliser la lumière, la photonique et les lasers afin de moduler et passer les signaux dans les fibres optiques. Ainsi, après avoir reconfiguré en câbles à fibres optiques les réseaux longue distance et d’interconnexions terrestres et maritimes, il faut aujourd’hui déployer une nouvelle génération de réseaux de desserte en fibre jusqu’à l’abonné qui mettent à disposition de chacun des capacités d’échange en augmentation constante. C’est également indispensable à la prise en charge des connexions avec les terminaux mobiles dont la montée en performance s’accompagne d’une réduction de la taille des cellules de diffusion et corrélativement d’une multiplication des antennes. Ces grandes révolutions structurelles ont évidemment de multiples implications qui impactent tous les secteurs de l’économie, notamment par l’ouverture de nouveaux champs du possible. Les réseaux dits intelligents (smartX) dont le smart grid est l’avant garde, réinventent un cadre de vie qui s’esquisse au travers de concepts futuristes tels que ville intelligente, bâtiment connecté, véhicule autonome, etc. Notre avenir est donc résolument en réseau. Laurent Tardif Président du Sycabel
REE N°2/2017 Z 1
sommaire Numéro 2
1
EDITORIAL Un avenir en réseau Laurent Tardif
2 4 5
p. 1
6 8 9
SOMMAIRE FLASH INFOS Les drones-taxis : le rêve de la voiture volante devient réalité Une nouvelle approche de l’interface homme-machine : la détection des gestes Capteurs de l’IoT : un circuit électronique toujours à l’écoute Comment reconstruire à distance l’image d’un orateur par un procédé quasi 3D ? Modélisation d’un ordinateur quantique
14 ACTUALITÉS 16 18
Le Wi-Fi gratuit s’installe dans le TGV Les microsatellites : petite taille et faible coût Quelles fréquences pour la 5e génération de systèmes de communication mobile ?
22 A RETENIR Congrès et manifestations
24 VIENT DE PARAÎTRE La REE vous recommande
p. 32
26 ARTICLE INVITÉ Les Smart Grids face au défi de l’industrialisation Didier Lafaille
32 LES GRANDS DOSSSIERS Les microgrids Introduction - Les microgrids : une organisation de réseaux qui se répand dans les cinq continents
p. 58
Bruno Meyer
35
How microgrids contribute to the energy transition Jean Wild, François Borghese, Véronique Boutin, Jacques Philippe
44
New microgrid integration layers Laurent Schmitt
48
Reliable and affordable power supply with new microgrid solutions Britta Buchholz
p. 26
p. 87
Photos de couverture : © Schneider Electric © Cherezoff - Fotolia.com
2 Z REE N°2/2017
53
Quels usages de la blockchain dans les microgrids ? Olivier Sellès
61
DonnÊes sur l’Ênergie : quels usages pour aujourd’hui et pour demain ?
l
L’Ênergie et les donnÊes Introduction
al H
58
7 IM 201 4 PC pe 20 ro 9-
Eu
État de l’ART et ATO
Jean-Pierre Hauet
Adrien Kantin, Thibaut Voslion, Guillaume Canu, Issam Balaazi
66
La maĂŽtrise de la demande en ĂŠlectricitĂŠ au travers d’une prĂŠsentation efďŹ ciente des donnĂŠes Recueil de bonnes pratiques pour la conception de dispositifs d’information et d’animation Mathilde Trehin, Pascal Berruet
78
Internet of Everything et sĂŠcuritĂŠ
Philippe Wolf
87 GROS PLAN SUR ‌ La 5e gÊnÊration de systèmes mobiles : oÚ en est-on ? Patrice Collet
Entretien avec Eric Hardouin
95 CHRONIQUE DĂŠmagogie, populisme et culture scientiďŹ que‌ Bernard Ayrault
96 ENSEIGNEMENT & RECHERCHE Echos de l’enseignement supÊrieur Alain Brenac
98 LIBRES PROPOS Technologies numĂŠriques : un enjeu technologique, ĂŠconomique et sociĂŠtal majeur Christian Saguez
103 SEE EN DIRECT La vie de l'association
SÊrie ATO Transformateurs de courant ouvrants Compacts, auto-alimentÊs Diamètres intÊrieurs de 10 et 16 mm PrÊcision de classe 1 et 3 FrÊquence de fonctionnement : 50/60 Hz
SĂŠrie ART Boucle de Rogowski unique, fine et
Tension nominale d’isolation :
PrĂŠcision de classe 0.5.
Trou de passage du sceau de sĂŠcuritĂŠ de 2 mm Ecran ĂŠlectrostatique
www.lemcity.com At the heart of Smart Cities.
REE N°2/2017 Z 3
FLASHINFOS
Les drones-taxis : le rĂŞve de la voiture volante devient rĂŠalitĂŠ Qui n’a rĂŞvĂŠ un jour de se laisser emporter par une voiture volante survolant les monts et les prĂŠs, faisant ďŹ des embouteillages et vous amenant en une vitesse record Ă votre point de destination ? Ce vieux rĂŞve de la mobilitĂŠ absolue est en train de prendre forme avec l’Êmergence de drones-taxis intĂŠgrant les progrès considĂŠrables rĂŠalisĂŠs au cours des derr nières annĂŠes dans diffĂŠrentes directions :
Figure 2 : Vue d’artiste du vÊhicule volant Vahana d’Airbus. Source : Airbus.
s DES MATĂ?RIAUX ULTRALĂ?GERS
ĂŒ $UBAĂ• A ANNONCĂ? EN FĂ?VRIER QU ELLE AVAIT PROCĂ?DĂ?
s DES MOTEURS Ă?LECTRIQUES COMPACTS ET PUISSANTS GRĂŠCE
ĂŒ DES ESSAIS DE L %HANG ET COMPTAIT LANCER UN SERR
AUX PROGRĂ’S DES AIMANTS PERMANENTS
VICE COMMERCIAL DE TAXI ĂŒ PARTIR DE JUILLET PROCHAIN $Ă?VOILĂ?
s DES BATTERIES ĂŒ HAUTE CAPACITĂ?
AU #ONSUMER %LECTRONICS 3HOW L %HANG EST UN
s DES SYSTĂ’MES DE POSITIONNEMENT ET DE GUIDAGE ULTRA
DRONE QUADRIROTOR QUI PEUT TRANSPORTER UN PASSAGER ET UN
prĂŠcis dont les performances vont encore progresser
BAGAGE LĂ?GER KG AU TOTAL EN VOLANT JUSQU ĂŒ M
avec l’arrivÊe de Galileo et de la 5G.
D ALTITUDE ET JUSQU ĂŒ KM H POUR UN TRAJET QUI NE DĂ?PASSE PAS LES KM Totalement autonome, ce drone-taxi est dĂŠpourvu d’instruments de vol. Le client commande sa course via UNE APPLICATION SUR SON SMARTPHONE 5NE FOIS ĂŒ BORD IL INDIQUE SA DESTINATION ĂŒ L AIDE DE LA TABLETTE TACTILE QUI SE trouve devant lui et c’est tout. Le drone dĂŠcolle vers sa destination, suivi par un centre de contrĂ´le au sol avec LEQUEL IL COMMUNIQUE PAR UNE LIAISON ' ,ES QUESTIONS DE SĂ?CURITĂ? SONT ESSENTIELLES LES COMMUNICATIONS AVEC LE DRONE SONT CHIFFRĂ?ES ET CHAQUE DRONE DISPOSE D UNE CLĂ? PRIVĂ?E %N CAS DE DYSFONCTIONNEMENT
Figure 1 : La ďŹ n des embouteillages avec la voiture volante. Capture d’Êcran de The Jetsons.
l’avion est censÊ atterrir immÊdiatement dans la zone la PLUS PROCHE
$E NOMBREUX ACTEURS SONT ACTIFS SUR CE THĂ’ME !IRBUS DĂ?VELOPPE UN PROJET D HĂ?LICOPTĂ’RE DE POCHE DĂ?NOMMĂ? 6AHANA QUI SELON LE PRĂ?SIDENT DU GROUPE DĂ?CLARATION DU 16 janvier 2017 de Tom Enders), pourrait ĂŞtre testĂŠ Ă la ďŹ n 2017 pour une exploitation commerciale dès 2021 lGURE !IRBUS N EST PAS SEUL ĂŒ ABORDER CE MARCHĂ? POTENTIEL ,ARRY 0AGE CO FONDATEUR DE 'OOGLE A INVESTI DEPUIS DANS LE PROJET ZEE AERO QUI AURAIT EFFECTUĂ? EN GRAND SECRET
Figure 3 : Le drone-taxi Ehang184.
des essais dans le dÊsert californien. D’autres projets ont
"IEN Ă?VIDEMMENT AU MOMENT OĂĄ LA RĂ?GLEMENTATION
VU LE JOUR 4ERRAFUGIA AUX %TATS 5NIS ,ILIUM EN !LLEMAGNE
intÊressant les drones pour l’observation ou le transport
!EROMOBIL EN 3LOVAQUIE SANS OUBLIER ĂŒ 0ARIS LE 3EA "UBBLE
DES COLIS EN EST ENCORE ĂŒ SA PHASE Ă?MERGENTE CELLE RELA-
QUI POURRAIT Ă?TRE EXPĂ?RIMENTĂ? DĂ’S CET Ă?TĂ? SUR LA 3EINE
TIVE AUX DRONES TAXIS VA DEMANDER QUELQUE RĂ?mEXIONx
L’un des projets les plus avancÊs semble être celui de
-AIS LE PROGRĂ’S TECHNIQUE EST LĂŒ ET CE QUI N Ă?TAIT ENCORE
LA SOCIĂ?TĂ? CHINOISE %HANG QUI A MIS AU POINT UN DRONE
QU UN RĂ?VE INACCESSIBLE IL Y A ANS EST EN PASSE DE
TAXI DĂ?NOMMĂ? %HANG lGURE %N EFFET L AUTORITĂ?
devenir rĂŠalitĂŠ. â–
EN CHARGE DES TRANSPORTS 2OADS AND 4RANSPORT !UTHORITY
4 Z REE N°2/2017
JPH
FLASHINFOS
, APPROCHE DE 3OLI PEUT Ă?TRE COMPRISE DE MANIĂ’RE
Une nouvelle approche de l’interface homme-machine : la dÊtection des gestes
intuitive. La main est illuminĂŠe par un large faisceau radar DE DEGRĂ?S AVEC DES IMPULSIONS DONT LA FRĂ?QUENCE DE RĂ?CURRENCE EST COMPRISE ENTRE ET K(Z POUR UNE
,ES OBJETS CONNECTĂ?S QUI SE GĂ?NĂ?RALISENT AUJOURD HUI
FRĂ?QUENCE D Ă?MISSION DE '(Z ,E SIGNAL RĂ?TRODIFFUSĂ?
POURRAIENT NĂ?CESSITER DE NOUVELLES INTERFACES HOMME
EST UNE SUPERPOSITION DE RĂ?mEXIONS ĂŒ PARTIR DE MULTIPLES
MACHINE CAR IL N EST PAS TOUJOURS FACILE D INTĂ?GRER UN CLA-
CENTRES DE DIFFUSION DYNAMIQUE EN FONCTION DES CONl-
VIER DANS DE PETITS APPAREILS # EST POURQUOI CETTE FONC-
GURATIONS DYNAMIQUES DE LA MAIN DANS L ESPACE lGURE
tion est actuellement repensĂŠe pour simpliďŹ er leurs fonc-
,E SYSTĂ’ME NE SE PRĂ?OCCUPE PAS DE LA DISTANCE
tions de contrĂ´le et de commande. Nous prĂŠsentons ici
BIEN QUE LA FORME D ONDE LE PERMETTE MAIS C EST ĂŒ PARR
DEUX APPROCHES QUI ILLUSTRENT CETTE Ă?VOLUTION ET QUI ONT
TIR DU SPECTRE DE FRĂ?QUENCES REÂĽUES QUE LES TRAITEMENTS
en commun une dĂŠtection des gestes de la main mais
$OPPLER TEMPS FRĂ?QUENCE VONT DĂ?TERMINER LES GESTES
selon des principes diffÊrents. Il en existe d’autres et,
PAR COMPARAISON AVEC UNE BIBLIOTHĂ’QUE DE SPECTRES CA-
en particulier, des travaux importants sont menĂŠs pour
RACTĂ?RISTIQUES DE CERTAINS GESTES DE LA MAIN ET DES DOIGTS
INTRODUIRE LA DĂ?TECTION DES GESTES DANS LES VĂ?HICULES AlN
comme par exemple le clic de souris ou la rotation d’une
dans un premier temps, d'assurer le contrĂ´le de fonctions
molette. Il sera probablement possible de rĂŠaliser un ĂŠta-
NON SĂ?CURITAIRES TELLES QUE LA CLIMATISATION ET L AUDIO SANS
LONNAGE DE CES GESTES AVEC UNE PHASE D APPRENTISSAGE
dĂŠtourner le pilote du contrĂ´le de la route.
#ES TECHNIQUES REPRENNENT LES TRAITEMENTS DE RECONnaissance de cible bien connus dans les radars. L’idÊe
Le radar Soli de Google
EST D UTILISER UN RADAR MILLIMĂ?TRIQUE LARGE BANDE DU COM-
,ES RADARS SONT HABITUELLEMENT CONSIDĂ?RĂ?S COMME
merce et de dĂŠvelopper des traitements. Google a ĂŠlabo-
des dispositifs fonctionnant avec de grandes antennes et
RĂ? UN PREMIER PROTOTYPE DE RADAR &-#7 ONDE CONTINUE
ĂŒ GRANDE DISTANCE $EPUIS QUELQUES ANNĂ?ES DES CHERR
QUI Ă?TAIT UN RADAR PERSONNALISĂ? '(Z CONSTRUIT ĂŒ PARR
CHEURS ONT PROPOSĂ? DES SYSTĂ’MES BASĂ?S SUR LA RĂ?TRODIF-
tir de composants discrets utilisant un produit InďŹ neon
FUSION DES ONDES Ă?LECTROMAGNĂ?TIQUES SELON LE PRINCIPE
"'4 AVEC PLUSIEURS ANTENNES ĂŒ FAISCEAU Ă?TROIT 'OOGLE
du radar, aďŹ n d’identiďŹ er des mouvements du bras ou
a ensuite dÊveloppÊ sur deux puces, l’ensemble Êmis-
de la main pour rĂŠaliser des actions de commande et de
sion, rĂŠception et traitement. Le produit est en dĂŠvelop-
contrĂ´le.
PEMENT MAIS DĂ?JĂŒ LE LABORATOIRE DE 'OOGLE !4!0 ENVISAGE
# EST AINSI QUE L Ă?QUIPE DES TECHNOLOGIES AVANCĂ?ES !4!0 DE 'OOGLE SPĂ?CIALISĂ?E DANS LES TECHNOLOGIES
DE MULTIPLES APPLICATIONS QUI VONT DES OBJETS )NTERNET AUX drones en passant par les jouets.
Internet, a proposĂŠ un dispositif de reconnaissance des GESTES DE LA MAIN ĂŒ PARTIR D UN SYSTĂ’ME DE TRAITEMENT DE L ONDE RĂ?TRODIFFUSĂ?E PAR LA MAIN QUI S APPARENTE ĂŒ LA
Le système Bosch Sensortec !VEC LE M�ME OBJECTIF QUE LE RADAR 3OLI LA SOCI�T�
TECHNIQUE DU RADAR , IDĂ?E DU RADAR POUR CRĂ?ER DES INTERR
ALLEMANDE "OSCH 3ENSORTEC lLIALE DU GROUPE "OSCH A
faces gestuelles n’est pas nouvelle et il existe plusieurs
DĂ?VELOPPĂ? UN MICRO SCANNER LE -%-3 "-, QUI EST
BREVETS SUR DES SMARTPHONES CONTRÙL�S PAR DES GESTES
CAPABLE DE PROJETER GRĂŠCE ĂŒ UN FAISCEAU LASER UNE IMAGE
AĂ?RIENS -AIS 3OLI SE DISTINGUE PAR SON DEGRĂ? DE lNESSE
SUR N IMPORTE QUELLE SURFACE lGURE ,E FAISCEAU LASER
QUI PERMET DE DĂ?TECTER ET DE COMPRENDRE LES GESTES LES
fortement collimatĂŠ, est issu de trois lasers colorĂŠs en
plus subtils.
rouge, vert et bleu. Il est dirigĂŠ par un couple de deux
Figure 1 : Gestes formalisĂŠs par diffĂŠrentes actions de la main et des doigts qui peuvent reprĂŠsenter une clic de souris ou un dĂŠďŹ lement de fenĂŞtre.
REE N°2/2017 Z 5
FLASHINFOS
CENTRALES NUCL�AIRES /N PEUT �GALEMENT PENSER AUX SYSTÒMES DE D�TECTION DES �RUPTIONS VOLCANIQUES DES TREMBLEMENTS DE TERRE DES FUITES DE PRODUITS CHIMIQUESx Dans toutes ces circonstances, l’Êvènement à dÊtecter EST IMPROBABLE ET PEU FR�QUENT -AIS LES CONS�QUENCES DE SA SURVENANCE PEUVENT �TRE CATASTROPHIQUES ET IL FAUT donc rester à l’Êcoute en permanence. De nombreux solutions ont ÊtÊ proposÊes pour rendre LES CAPTEURS AUSSI AUTONOMES QUE POSSIBLE MISE EN SOMFigure 2 : Vision d’artiste du constructeur pour montrer l’une des utilisations du micro-scanner en tant qu’interface de jouet.
MEIL DES CAPTEURS PENDANT OU PLUS DU TEMPS SYS-
MICRO MIROIRS QUI ASSURENT UN BALAYAGE EN X ET Y DE LA
PROTOCOLES Ă?CONOMES EN Ă?NERGIE PROTOCOLE %N/CEAN
SURFACE CIBLE SANS QU IL SOIT NĂ?CESSAIRE DE FAIRE APPEL ĂŒ
SYSTĂ’ME DE PIĂ?GEAGE DE L Ă?NERGIE AMBIANTE ENERGY HARR
UNE OPTIQUE .
VESTING x
1
TĂ’MES DE RADIOCOMMUNICATION :IG"EE ET "LUETOOTH ,%
,E SYSTĂ’ME FONCTIONNE ALORS COMME UN LECTEUR DE
#EPENDANT LE PROBLĂ’ME QUI SUBSISTE EST CELUI DE
CODE BARRE ET ANALYSE L IMAGE QUI EST RENVOYĂ?E SUR UNE
l’Êcoute permanente et de la dÊtection instantanÊe.
PHOTODIODE #ETTE ANALYSE FAITE PIXEL PAR PIXEL PERMET
"EAUCOUP D APPLICATIONS NĂ?CESSITENT UNE RĂ?ACTION IMMĂ?-
de dÊtecter la prÊsence d’une main ou d’un doigt sur
diate face Ă un ĂŠvĂŠnement improbable et imprĂŠvu mais
L Ă?CRAN D ANALYSER LE GESTE ET D EN DĂ?DUIRE LA COMMANDE
ESSENTIEL lGURE ,ES CIRCONSTANCES PEUVENT EN Ă?TRE
QU A VOULU TRANSMETTRE L UTILISATEUR
accidentelles mais elles peuvent ĂŠgalement ĂŞtre provo-
!INSI LE DISPOSITIF PERMET IL AUX ENFANTS DE CONTRÙLER
QUĂ?ES /N PEUT PENSER EN PARTICULIER AUX APPLICATIONS
LEURS JOUETS SANS AVOIR BESOIN D UN Ă?CRAN TACTILE PHYSIQUE
MILITAIRES ET ĂŒ L INTĂ?RĂ?T DE DĂ?TECTER PAR ANALYSE DE SONS
$ANS LE DOMAINE DE L AUTOMOBILE Ă?VOQUĂ? EN INTRODUC-
ou de vibrations, des menaces immĂŠdiates. Le domaine
tion, les conducteurs pourront avoir la possibilitÊ d’inter-
de la santĂŠ peut ĂŠgalement relever de la mĂŞme problĂŠ-
AGIR AVEC DES Ă?CRANS PROJETĂ?S SUR LE PAREBRISE "OSCH 3EN-
MATIQUE
SORTEC SOULIGNE Ă?GALEMENT QUE LE SYSTĂ’ME POURRA Ă?TRE
Or l’Êcoute permanente coÝte nÊcessairement de
utilisĂŠ dans les applications de rĂŠalitĂŠ augmentĂŠe et plus
l’Ênergie même si aucun ÊvÊnement anormal n’est
GĂ?NĂ?RALEMENT DANS TOUTES CELLES OĂĄ PEUVENT Ă?TRE UTILISĂ?S
dĂŠtectĂŠ et si aucune information signiďŹ cative n’est par
des pico-projecteurs.
CONSĂ?QUENT ĂŒ TRANSMETTRE ,A $!20! $EFENSE !DVANCED
,E SYSTĂ’ME EST CAPABLE DE S INTERFACER AVEC TOUS LES
2ESEARCH 0ROJECTS !GENCY DES %TATS 5NIS A LANCĂ? EN
SYSTĂ’MES D EXPLOITATION EN SERVICE ,E PRODUIT SERA DISPO-
2015 un important programme visant Ă dĂŠvelopper des
nible au deuxième semestre de 2017. â–
solutions permettant à des capteurs de rester à l’Êcoute
1
ML
TOUT EN Ă?TANT QUASIMENT ENDORMIS h!SLEEP YET !WAREv
On retrouve lĂ le principe des pico-projecteurs dĂŠcrit dans un Flash Info de la REE 2013-4.
#E PROGRAMME D�NOMM� i . :%2/ w1 vise dans un premier temps la dÊtection de signaux ÊlectromagnÊTIQUES ACOUSTIQUES OU INERTIELS QUI SONT AU C“UR DES
Capteurs de l’IoT : un circuit Êlectronique toujours à l’Êcoute
PR�OCCUPATIONS MILITAIRES -AIS LE CHAMP DE LA RECHERCHE s’Êtend en fait à tout l’Internet des objets. L’objectif est de dÊvelopper des capteurs ne consommant pas plus de
$Ă’S QUE L ON PARLE D )NTERNET DES OBJETS )O4 LA
N7 EN PHASE DE VEILLE CE QUI CORRESPOND AU COURANT
QUESTION DE LA DURĂ?E DE VIE DES BATTERIES ALIMENTANT LES
DE DĂ?CHARGE USUEL D UNE BATTERIE DE MONTRE ET EST
CAPTEURS SE TROUVE Ă?VOQUĂ?E "EAUCOUP D OBJETS SERONT
fois infĂŠrieur Ă la consommation actuelle des capteurs de
en effet dĂŠposĂŠs dans la nature, pour plusieurs annĂŠes,
survellance.
voire dizaines d’annĂŠes, et dans des endroits difďŹ cile-
# EST LĂŒ QU INTERVIENT LE LE TRAVAIL DĂ?VELOPPĂ? ĂŒ L UNI-
ment accessibles. Imaginons par exemple des jauges
VERSITĂ? DE "RISTOL DANS LE CADRE DU PROJET 5" - MENĂ?
de contrainte enregistrant et transmettant des informa-
AU SEIN DE L %LECTRICAL %NERGY -ANAGEMENT 'ROUP
tions sur le comportement du bĂŠton dans de grandes INFRASTRUCTURES TELLES QUE LES BARRAGES HYDRAULIQUES OU LES
6 Z REE N°2/2017
1
N-ZERO : Near Zero Power RF and Sensor Operations.
ACTUALITÉS
Le Wi-Fi gratuit s’installe dans le TGV
Grande première très attendue des voyageurs, depuis
Selon les mesures effectuées tant par la SNCF que par les
le 15 décembre 2016, les passagers des TGV reliant Paris à
médias spécialisés qui ont testé TGV Connect en situation
Lyon peuvent se connecter au Wi-Fi gratuitement. Cette ligne
réelle, la connexion fonctionne de façon très satisfaisante. Des
1
a été choisie pour lancer le service, baptisé TGV Connect ,
débits de 2 à 3 Mbit/s ont pu être enregistrés (figure 1) :
parce que c’est la plus fréquentée du réseau et qu’un tiers
c’est certes un débit moindre que celui dont on peut en règle
des passagers sont des professionnels en déplacement. Les
générale disposer chez soi (typiquement 10 Mbit/s) mais il
formalités d’accès sont réduites au plus simple : il suffit d’in-
permet de surfer sur internet, de poster sur les réseaux sociaux
diquer son nom de famille et la référence du billet.
et même de lire de courtes vidéos. Toutefois, compte tenu
1
http://www.sncf.com/fr/tgv-connect-internet
des contraintes techniques liées au nombre de passagers et à
Figure 1: Caractéristiques techniques du réseau Wi-Fi dans le TGV Paris-Lyon : le portail TGV Connect permet de visualiser en direct l’état du réseau et de suivre sa consommation de données.
14 Z REE N°2/2017
ACTUALITÉS
la vitesse, le service a du être limité : chaque utilisateur peut
A 300 km/h, le TGV se déconnecte et se reconnecte ainsi…
consommer une enveloppe de données limitée à un volume
toutes les 15 secondes ! Une fois récupéré, le signal est distri-
allant de 250 Mo en deuxième classe à 1 Go en première.
bué dans toute la rame via deux boîtiers intelligents logés dans
De même les services de téléchargement et de streaming, en
la voiture-bar puis un réseau par fibre optique dissimulé dans
cours d’ouverture progressive, seront réservés à certains voya-
les parois du TGV (ceci nécessitera 124 kilomètres de fibres
geurs en 1ère classe. On est donc encore assez loin des pro-
pour équiper les 300 rames en 2017). Des routeurs installés
messes initiales de la SNCF qui promettait un accès « comme
dans chaque wagon se chargent d’émettre le signal Wi-Fi.
à la maison » mais cela peut s’expliquer par le challenge technique que représente la performance déjà réalisée et on peut espérer de rapides améliorations.
Un niveau de rayonnement induit très raisonnable La question du rayonnement électromagnétique induit
Un succès long à se dessiner : trois essais avant de transformer
dans le train par les antennes Wi-Fi dans un environnement confiné, a fait l’objet d’une attention toute particulière de
La recherche de la solution technique optimale n’a pas été
la part du transporteur pour vérifier que les normes limites
« un long fleuve tranquille ». En effet le transporteur n’en était
d’exposition au public étaient bien respectées. Trois séries de
pas à sa première tentative de connecter ses trains à haut dé-
mesures des rayonnements ont été menées en technicentre
bit. En 2007 déjà, la SNCF, consciente que la connexion Wi-Fi
par le Bureau Veritas dès fin 2013, puis en fin 2014 et enfin
est en train de devenir la revendication prioritaire d’une pro-
en 2016 avant le lancement du service, dans une rame TGV
portion croissante de voyageurs, tente une première expéri-
duplex de la ligne Paris-Lyon. Après avoir sondé une centaine
mentation en utilisant la technologie 2G EDGE qui se solde
de points différents du train (1ère et 2ème classe, voiture-bar
par un premier échec. En 2010, nouvelle tentative en ayant
etc.), les résultats se sont révélés très satisfaisants avec des
recours cette fois à un procédé de transmission par satellite
niveaux de rayonnement bien inférieurs aux valeurs limites
mais là encore, la performance et la qualité de service se ré-
réglementaires. Paradoxe, les niveaux mesurés sont moins
vèlent largement insuffisantes, surtout par comparaison aux
importants que dans les TGV qui ne proposent pas de Wi-Fi
connexions mobiles 3G et 4G des clients. En outre les para-
car les appareils mobiles des clients, lorsqu’ils sont connec-
boles installées sur le train étaient trop fragiles et rendaient le
tés au Wi-Fi, cessent de chercher un signal 4G, ce qui réduit
projet trop coûteux à déployer.
considérablement le champ électromagnétique émis.
Enfin la troisième tentative, lancée en 2013, sera la bonne en faisant à nouveau appel à une technologie mobile et surr
Et maintenant…
tout en profitant du saut technologique représenté par l’avène-
La SNCF prévoit que cet accès à l’internet gratuit va se
ment de la 4G en 2012. Mais le défi fut néanmoins compliqué
généraliser progressivement d’ici 2020 à 90 % des voyages
à surmonter. Politiquement d’abord : faire travailler ensemble
en TGV. Il lui faut faire vite car la concurrence entre modes
la SNCF, Orange (le vainqueur de l’appel d’offres) et l’orga-
de transport est vive : le service est déjà disponible dans un
nisme de régulation (ARCEP) a demandé beaucoup de temps
grand nombre de bus sur longues distances et il commence à
au début de l’étude pour que les rôles de chacun soient bien
se déployer à 10 000 pieds d’altitude chez plusieurs dizaines
clarifiés. Mais bien sûr le défi a été surtout technique : malgré
de compagnies aériennes (Air France l’a par exemple annon-
le facteur accélérateur que représentait la 4G, il a fallu densi-
cé sur ses 100 appareils long-courrier, progressivement entre
fier le réseau en installant des antennes près des voies, définir
2017 et 2020).
le système ad hoc pour distribuer la connexion dans les rames
La France n’est pas particulièrement en avance dans le
en Wi-Fi, le tout à 300 km/h et avec 500 à 1 000 passagers
domaine de l’équipement des transports en commun en
à bord tout en prenant en compte des contraintes spécifiques
liaison Wi-Fi. Voilà plusieurs années que les bus desservant
telles que le blindage des vitres.
l’aéroport d’Arlanda près de Stockholm sont équipés de Wi-Fi
Concrètement, sur le toit de chaque rame de TGV, c’est 60 antennes qu’il faut installer (soit 18 000 antennes pour
gratuit, ce qui est extrêmement précieux pour les voyageurs, à l’arrivée comme au départ.
les 300 TGV prévus en 2017 !). Celles-ci captent le signal des
Le Wi-Fi à bord n’est donc plus un avantage différencia-
antennes-relais 4G des opérateurs mobiles, implantées le long
teur par rapport aux concurrents, c’est devenu un “must”
des voies. Pour garantir une connexion continue et suffisam-
sans lequel les compagnies de transport, ferroviaires notam-
ment puissante sur le trajet Paris-Lyon, il a fallu faire installer
ment, peineront à conserver leurs parts de marché dans un
une centaine d’antennes-relais supplémentaires par Orange,
contexte de plus en plus concurrentiel. Q
sur des poteaux placés tous les deux à trois km environ.
Alain Brenac
REE N°2/2017 Z 15
ACTUALITÉS
Les microsatellites : petite taille et faible coût De la station spatiale internationale (ISS) aux picosatel-
jectoire pour les missions interplanétaires. C’est ce qui diffé-
lites, nous disposons aujourd’hui de toute une gamme d’ob-
rencie la génération des satellites contrôlés des satellites de
jets spatiaux dont la masse s’étend de plusieurs tonnes à
la première génération de type « Spoutnik » dont la trajectoire
quelques centaines de grammes. Le tableau ci-dessous
ne pouvait plus être modifiée après la mise en orbite et dont
donne une indication des différentes classes de satellites,
la durée de vie était faible. Les microsatellites en sont soit
sans que pour autant les valeurs limites soient rigoureuses.
dépourvus, soit dotés d’un système très rudimentaire.
Nous désignerons par le terme de « microsatellite » les trois
Le temps de développement de l’ordre de deux ans est
classes micro, nano et pico et ne ferons la différence que si
aussi un facteur non négligeable, mais il met de côté la qua-
cela est nécessaire.
lité spatiale.
Pourquoi un tel engouement ?
Classe de satellite
Masse sur orbite
Coût du satellite
Grand satellite
> 3 tonnes
> 150 MF
Satellite moyen
1 à 3 tonnes
> 150 MF
actuels, à l’exception de la station spatiale internationale,
Petit satellite
500 kg à 1 tonne
50 à 150 MF
vont jusqu’à six tonnes. Les prix de lancement avoisinent les
Minisatellites
100 à 500 kg
10 à 40 MF
Microsatellites
10 à 100 kg
3 à 10 MF
Nanosatellite
1 à 10 kg
0,3 à 3 MF
Picosatellite
< 1 kg
< 300 kF
Le premier « Spoutnik » auquel on peut comparer les microsatellites pesait quand même 89 kg. Les gros satellites
40 000 euros par kg sur le lanceur Falcon 9 supposé être « bon marché ». Ces coûts de production et de lancement ont conduit de nouveaux acteurs à introduire la notion de mini et microsatellites, de moindre qualité certes, mais à des coûts abordables par des organismes comme les universités, les entreprises privées ou les pays émergents. Les projections indiquent 3 600 lancements dans les dix prochaines
Pour simplifier, on peut dire que le microsatellite est un
années, dont plus de 2 000 consacrés à l’observation de la
satellite léger, de petit format, avec une durée de vie de deux
Terre. Cela représente un marché potentiel de 22 milliards
à trois ans. Il permet d’accéder à l’espace à moindres frais.
de dollars. Ce concept, jadis inaccessible aux petites agences,
Le lancement d’un nanosatellite coûte moins de 1 MF alors
est maintenant à leur portée grâce aux avancées techniques.
qu’il en faut au moins dix fois plus pour un satellite classique.
Cela intéresse principalement les états émergents et le grand
Même si les prestations des uns et des autres sont sans com-
public mais aussi le militaire.
mune mesure, le prix attractif attire aussi bien les utilisateurs moins exigeants que les compagnies privées de lancement proposant un faible coût pour une faible masse.
Vers une standardisation : le CubeSat Pour accélérer le développement de ce créneau, les universitaires et les industriels ont développé un nouveau
Alors d’où vient ce coût réduit ?
standard de nanosatellite baptisé CubeSat. Déployé pour
Il y a trois facteurs principaux, tous trois étant déterminants :
la première fois dans l’espace en 2003, ce nanosatellite a
s LES PROGRÒS DE L ÏLECTRONIQUE EN MATIÒRE DE CONSOMMAtion d’énergie et d’intégration des composants font qu’aujourd’hui pour une fonction déterminée, la masse a été divisée par un facteur allant de 1 000 à plus de 100 000. Les composants intégrés dans ces microsatellites sont dits « sur étagère », c’est-à-dire qu’ils sont immédiatement disponibles. Ils n’ont pas à subir les essais de spatialisation et donc leur prix est celui d’un composant « industriel » ou « militaire » ; s LES SATELLITES DE LA SECONDE GÏNÏRATION POSSÒDENT UN SYStème de contrôle d’attitude et d’orbite généralement constitué d’un réservoir de gaz sous pression (ergol) et de petites tuyères. Son utilité est le maintien à poste de la plate-forme pour les orbiteurs terrestres ou encore le contrôle de la tra-
16 Z REE N°2/2017
Figure 1 : Vue extérieure d’un CubeSat - Source : Wikipedia.
ACTUALITÉS
été inventé par les professeurs Bob Twiggs de l’université de
lesquels ils ont développé une relation de confiance afin de
Stanford et Jordi Puig-Suari de la California Polytechnic State
massifier la collecte de projets de satellites à placer sur un
University. Ce cube, qui embarque ses panneaux solaires sur
lanceur moyen. Le courtier américain Spaceflight Services
ses facettes, pèse moins de 1 kg et mesure 10 cm d’arête.
affiche ouvertement ses tarifs sur Internet pour un service
L’avenir des CubeSats est assez diversifié :
complet : 90 700 euros pour 1 kg en orbite basse (jusqu’à
La constellation « Triton » de 20 à 50 nanosatellites dont
2 000 km d’altitude) à 2,4 MF pour 20 kg en orbite géosyn-
la mission à terme est de collecter pour deux fois moins cher
chrone (35 784 km au-dessus de l’équateur). De son côté,
les signaux radio spécifiques qu’émettent les bateaux. D’un
l’Américain Generation Orbit Launch Services (GOLS) pré-
autre côté la société Skybox a pu lever 65 millions d’euros
conise un petit jet privé, le G3 de Gulfstream, et un missile
pour fournir, grâce à une constellation d’une vingtaine de
de chez Ventions pouvant emporter de petites charges de
satellites, des images spatiales d’observation de la Terre no-
40 kg. Dans le même esprit, la société Design Aviation et
tamment pour indiquer aux chaînes de supermarchés le taux
l’Office national d’études et de recherches aéronautiques
d’occupation des parkings de leurs concurrents.
r (ONERA) développent le drone « Eole » pour la mise en or-
Il faut citer l’exemple de l’université de Montpellier qui
bite des microsatellites.
a créé le CSU (Centre spatial universitaire) à l’initiative du programme Janus : la construction de 15 nanosatellites étudiants dans toute la France, financés par le Cnes, en complément du programme européen QB50 de 50 CubeSats provenant de toute l’Europe. Des chercheurs de l’Arizona State University annoncent un femtosatellite baptisé “SunCube” sur le principe de CubeSat, mais pesant moins de 100 grammes et mesurant 3 cm d’arrête y compris le rudimentaire système de stabilisation (figure 2).
Figure 3 : Version de démonstration du drone « Eole ». On distingue en dessous la fusée de mise en orbite. Source : CSU de Montpellier.
Quel avenir pour les microsatellites ? Si les opérateurs se sont montrés prolixes sur Internet Figure 2 : Aspect extérieur d’un SunCube. Source : Arizona State University (ASU).
jusque dans les années 2015, ils sont devenus plus discrets sur leurs projets pour des raisons de concurrence croissante. Les lancements semblent globalement suivre la prospective de SpaceWorks datant de 2016 (figure 4), cependant le
Des lanceurs plus légers et moins chers.
nombre croissant de microsatellites devient incontrôlable à
Les agences les plus importantes, Nasa, Esa et CNES, acceptent depuis quelques années et sous certaines réserves d’autres satellites à bord des lanceurs qui transportent une charge principale dont ils sont propriétaires. De plus, l’accroissement du nombre de fabricants de lanceurs attirés par le marché des petits satellites induit une baisse des coûts pour ce matériel léger. En dehors des lanceurs médiatisés de la firme “Space X”, de nombreux lanceurs légers existent de par le monde. Le cabinet américain Space Works indique que des lanceurs tels que Atlas V, Delta II, Dnepr, Longue Marche, Minautor, Soyouz, Taurus, ou encore Vega devraient effectuer de 120 à 200 lancements de petits satellites d’ici à 2020. Dans la pratique, les lanceurs préfèrent passer par les courtiers avec
Figure 4 : Prévisions de lancements de microsatellites. Source SpaceWorks.
REE N°2/2017 Z 17
L'ARTICLE INVITĂ&#x2030;
DIDIER LAFFAILLE Chef du dĂŠpartement technique, Commission de rĂŠgulation de lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠnergie
Les Smart Grids Introduction
L
a Commission de rĂŠgulation de lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠnergie (CRE) a
lĂŠe Ă ĂŠchanger avec les porteurs de projets sur les retours dâ&#x20AC;&#x2122;expĂŠrience, dits REX, de ces dĂŠmonstrateurs. Ces REX for-
pour mission de veiller au bon fonctionnement
ment une brique essentielle de la dĂŠmarche Smart Grids de
et au dĂŠveloppement des rĂŠseaux dâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠlectricitĂŠ
la CRE. Ils jouent en effet un rĂ´le capital dans lâ&#x20AC;&#x2122;identiďŹ cation
et de gaz naturel, au bĂŠnĂŠďŹ ce des consomma-
des freins rĂŠglementaires ou rĂŠgulatoires au dĂŠveloppement
teurs ďŹ nals. Dans ce cadre, elle est notamment appelĂŠe Ă
des rĂŠseaux intelligents. Par ailleurs, certains aspects de la
accompagner lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠvolution des rĂŠseaux ĂŠlectriques vers des
conduite de projet ne sont pas Ă nĂŠgliger, en particulier, la
Smart Grids. Conscient de lâ&#x20AC;&#x2122;importance des enjeux de mo-
ďŹ n de lâ&#x20AC;&#x2122;expĂŠrimentation et le devenir des matĂŠriels dĂŠployĂŠs.
dernisation des rĂŠseaux liĂŠs au dĂŠveloppement des ĂŠnergies
Pour mener Ă bien sa mission de facilitateur du dĂŠploie-
renouvelables (EnR), aux nouveaux usages de lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠlectricitĂŠ et
ment des Smart Grids, la CRE recommande aux porteurs de
aux objectifs de la maĂŽtrise de la demande en ĂŠnergie, la
projets de systĂŠmatiquement partager avec elle les conclu-
CRE a engagĂŠ dès 2010 une dĂŠmarche dâ&#x20AC;&#x2122;information et de
sions de leurs expĂŠrimentations aďŹ n dâ&#x20AC;&#x2122;assurer lâ&#x20AC;&#x2122;anticipation
partage dâ&#x20AC;&#x2122;expertise sur les rĂŠseaux intelligents.
des ĂŠvolutions rĂŠglementaires et rĂŠgulatoires nĂŠcessaires.
Face Ă la multiplication des projets de dĂŠmonstrateurs et
Par ailleurs, elle enjoint les gestionnaires de rĂŠseaux Ă se
aux premiers retours dâ&#x20AC;&#x2122;expĂŠrience correspondants, il est apparu
prÊoccuper dès la conception du projet des conditions de
nĂŠcessaire de faire ĂŠvoluer le contexte juridique, technique et
ďŹ n dâ&#x20AC;&#x2122;expĂŠrimentation, et notamment des conditions de dĂŠ-
ĂŠconomique pour faciliter le dĂŠploiement Ă grande ĂŠchelle des
sinstallation ou de conservation du matĂŠriel installĂŠ chez les
Smart Grids. Dans une première dÊlibÊration du 12 juin 2014,
utilisateurs.
la CRE a ainsi formulĂŠ 41 recommandations pour favoriser le
La CRE est notamment attachĂŠe Ă la mise en Ĺ&#x201C;uvre de
dĂŠveloppement des Smart Grids en basse tension, comprenant,
projets Smart Grids Ă une ĂŠchelle dĂŠsormais industrielle.
notamment, des propositions dâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠvolution lĂŠgislative et rĂŠgle-
Dans cette optique, elle ne peut que se fĂŠliciter de la mise
mentaire sur la prise en compte des installations de stockage
en Ĺ&#x201C;uvre de lâ&#x20AC;&#x2122;appel Ă projets nĂŠ de lâ&#x20AC;&#x2122;action no 6 du plan
dâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠlectricitĂŠ, les dĂŠplacements de consommation et la qualiďŹ -
RĂŠseaux ĂŠlectriques intelligents, dit ÂŤ REI 6 Âť, qui consiste Ă
cation juridique de lâ&#x20AC;&#x2122;activitĂŠ de recharge du vĂŠhicule ĂŠlectrique.
ÂŤ organiser un dĂŠploiement Ă grande ĂŠchelle des rĂŠseaux
Les gestionnaires de rĂŠseaux de distribution dâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠlectricitĂŠ et de
ĂŠlectriques intelligents en France Âť et lancĂŠ dans le cadre
gaz naturel sont par ailleurs tenus de remettre chaque annĂŠe Ă
des 34 plans de la Nouvelle France Industrielle. Trois projets
la CRE une feuille de route dĂŠtaillant les actions entreprises pour
ont ĂŠtĂŠ retenus par les ministres en charge de lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠnergie et de
la mise en Ĺ&#x201C;uvre de ces recommandations.
lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠconomie :
Lâ&#x20AC;&#x2122;engouement suscitĂŠ par le dĂŠploiement des rĂŠseaux intelligents ne se dĂŠment pas. NĂŠanmoins, la CRE a observĂŠ que les projets nâ&#x20AC;&#x2122;en restent que trop souvent au stade du dĂŠmonstrateur. Les solutions technologiques les plus matures ont aujourdâ&#x20AC;&#x2122;hui vocation Ă passer de la phase expĂŠrimentale Ă
s Flexgrid, prĂŠsentĂŠ par le Conseil rĂŠgional de PACA ; s Smile, prĂŠsentĂŠ par le Conseil rĂŠgional de Bretagne en collaboration avec celui des Pays de la Loire ; s You & Grid, prĂŠsentĂŠ par la mĂŠtropole europĂŠenne de Lille, en lien avec lâ&#x20AC;&#x2122;ancienne rĂŠgion Nord-Pas de Calais.
celle de lâ&#x20AC;&#x2122;industrialisation. Câ&#x20AC;&#x2122;est tout le sens des 17 nouvelles
Ă&#x20AC; cette occasion, le rĂŠgulateur demande aux gestion-
recommandations formulĂŠes par la CRE dans sa dĂŠlibĂŠration du
naires de rĂŠseaux de lui prĂŠsenter lâ&#x20AC;&#x2122;ensemble des techno-
8 dĂŠcembre 2016.
logies et fonctionnalitĂŠs quâ&#x20AC;&#x2122;ils comptent mettre en Ĺ&#x201C;uvre
La CRE accompagne le dĂŠveloppement des Smart Grids Accompagner les porteurs de projets Smart Grids
dans le cadre de ces projets. Lâ&#x20AC;&#x2122;idĂŠe est de partager un maximum dâ&#x20AC;&#x2122;informations sur la phase de recherche expĂŠrimentale qui se concrĂŠtise dans lâ&#x20AC;&#x2122;implantation de dĂŠmonstrateurs Smart Grids dans les territoires, dans le but dâ&#x20AC;&#x2122;encourager la recherche et dĂŠveloppement (R&D) dans ce domaine. Ă&#x20AC;
La pĂŠriode dâ&#x20AC;&#x2122;expĂŠrimentation des premiers dĂŠmonstra-
terme, cela pourrait contribuer Ă accĂŠlĂŠrer le dĂŠploiement
teurs est dÊsormais close. La CRE est rÊgulièrement appe-
des Smart Grids Ă une ĂŠchelle industrielle. Des informations
26 Z REE N°2/2017
L'ARTICLE INVITÉ
Figure 1 : La carte de France des projets Smart Grids recensés par la CRE – Source : CRE.
telles que le bénéfice pour la collectivité, le montant des
gestionnaires de réseaux d’électricité, la CRE demande aux
investissements envisagés et leur complémentarité vis-à-vis
gestionnaires de réseaux de distribution ou de transport de
de ceux réalisés dans les autres zones seront elles aussi
gaz naturel desservant plus de 100 000 clients de lui faire
particulièrement pertinentes.
parvenir, annuellement, une feuille de route de la mise en œuvre des recommandations formulées par le régulateur. La
Les Smart Gas Grids
CRE s’intéresse plus particulièrement aux analyses coûts-bé-
Les actions de la CRE en faveur du développement des
néfices qui font apparaître la viabilité économique des expé-
réseaux intelligents ne sauraient se limiter aux seuls réseaux
rimentations concernant, entre autres, la télé-exploitation des
électriques. C’est pourquoi elle encourage le développement
réseaux, l’injection de biométhane et les technologies Power
de projets de Smart Gas Grids, tel que celui auquel parti-
to Gas.
cipent les gestionnaires de réseaux de transport de gaz natu-
Au-delà du développement des réseaux intelligents
rel, GRTgaz et TIGF : le projet de Power to Gas Jupiter 1000,
d’électricité et de gaz naturel, la CRE souhaite encourager la
localisé dans la zone industrielle et portuaire de Fos-sur-Mer.
mutualisation locale des réseaux d’énergie. Elle invite donc
Ce démonstrateur doit permettre d’identifier les modèles
les opérateurs, en étroite collaboration avec les collectivités
d’affaires et le contexte réglementaire, qui seront, à terme, à
locales, à organiser la gestion des différents réseaux d’énerr
même de favoriser l’émergence d’une filière porteuse.
gie (électricité, gaz, eau, chaleur) en fonction de leur com-
La CRE souhaite approfondir ses travaux sur les Smart
plémentarité. Des démarches telles que le Power to Heat,t
Gas Grids et entend identifier efficacement les contraintes
qui consiste à utiliser un excédent momentané d’électricité
techniques, économiques, régulatoires et réglementaires
d’origine renouvelable pour alimenter des réseaux de cha-
qu’il conviendrait de lever pour favoriser l’expansion des ré-
leur, devraient faire partie intégrante des plans d’aménage-
seaux intelligents de gaz naturel. Comme elle le fait pour les
ment des territoires.
REE N°2/2017 Z 27
LES GRANDS DOSSIERS
Introduction
Les microgrids : une nouvelle organisation de réseaux qui se répand sur les cinq continents Introduction
système global. Les microgrids offrent
Après la vogue des smartgrids, en
donc une souplesse, dont peuvent bé-
attendant les supergrids et les nano-
néficier tant les acteurs locaux que ceux
grids, les microgrids font une entrée re-
du système tout entier.
marquée dans le monde des systèmes
On voit donc qu’au-delà de la défini-
électriques de par le monde. Ces labels
tion minimale, les microgrids sont sou-
qui sonnent bien ne sont pas toujours
vent associés à des sources d’énergie
simples à cerner ; ils fleurissent néan-
renouvelables et intermittentes locales,
moins partout, que ce soit dans des publications, des projets de recherche,
Bruno Meyer RTE
des maquettes, des démonstrateurs, dans les discours des élus et des régulateurs, et
des capacités de stockage, voire des raccordements de véhicules électriques et autres dispositifs pouvant jouer des
rôles de charges ou de moyens de stockage.
désormais dans des déploiements sur le terrain.
L’essor des microgrids résulte de la concomi-
Une façon de les appréhender serait de les classer
tance de mouvements technologiques, écono-
par taille : les nanogrids à l’échelle d’une maison
miques, réglementaires et sociétaux convergents.
ou d’un immeuble, les microgrids d’un quartier ou
Parmi les principaux déclencheurs de leur arrivée
d’un réseau industriel, les smartgrids pour une ville
on peut citer :
et les supergrids pour un ensemble de pays.
s LES OBJECTIFS DE HAUSSE DE LA PART DES ÏNERGIES
La définition d’un microgrid qui fait consensus
renouvelables (EnR) dans le mix énergétique.
est un réseau électrique composé de moyens de
Cette progression fulgurante des EnR a mené à
production, de charges (donc des consommateurs
une baisse de leurs coûts, due à des économies
ou consommacteurs pour poursuivre dans la mode
d’échelle ;
et les néologismes), voire de moyens de stockage,
s LES CHANGEMENTS RÏGLEMENTAIRES PERMETTANT AUX
qui peuvent être exploités et coordonnés de ma-
producteurs de se raccorder au réseau électrique
nière à ce qu’ils puissent fonctionner de façon autonome par rapport au système électrique global.
de moyenne ou de basse tension ; s LE DÏVELOPPEMENT DE NOUVELLES TECHNOLOGIES DE
Cette autonomie peut être permanente dans le
l’information et des télécommunications qui per-
cas d’un réseau totalement isolé, ou mise en œuvre
mettent des pilotages locaux d’équilibre offre-
sous conditions pour les microgrids raccordés au
demande, la mise en place d’automatismes, et
réseau global. Dans ce cas, le passage en régime
systèmes de protections performants ;
autonome (ou îloté) peut être déclenché selon
s LA MULTIPLICATION DE SOLUTIONS DE STOCKAGE ET LEUR
divers critères. Par exemple quand les niveaux de
baisse de coûts (ou pour le moins l’existence de
prix de l’énergie sont temporairement plus bas sur
dispositifs incitatifs) ;
le microgrid que ceux du système global, on encore
s LA POSSIBILITÏ POUR DES RÏSEAUX INDUSTRIELS D OPTI-
quand des capacités de stockage sont disponibles
miser leur facture énergétique en étant capables
localement, ou bien pour pallier une défaillance du
de s’effacer lors des passages des pointes des sys-
réseau principal, ou encore pour amortir des instabilités dans la production locale qui poseraient problème au réseau principal.
tèmes électriques ; s LA CAPACITÏ D OFFRIR DES SOLUTIONS ÏCONOMIQUES et efficaces pour des réseaux îliens (zones non
Les microgrids peuvent notamment permettre
interconnectées, les ZNI selon la définition de la
d’améliorer la qualité et la fiabilité du réseau
Commission de régulation de l’énergie) ou dans
concerné ou d’utiliser des actifs de production
des zones isolées ou économiquement en déve-
ou de stockage qui ne seraient pas appelés par le
loppement ;
32 Z REE N°2/2017
Introduction
s LE SOUHAIT DE CERTAINES COMMUNAUTÏS DE POUVOIR gérer leur système en autonomie. Une illustration
LES GRANDS DOSSIERS
transactions d’énergie produite au niveau d’un microgrid.
a été l’impact sur les populations du Nord-Est des
Le titre de cette introduction fait référence aux
Etats Unis après le passage de l’ouragan Sandy en
cinq continents, pour des motivations qui ne sont
2012. Si cette tempête a frappé de nombreuses ré-
pas les mêmes, mais qui toutes concourent à une
gions dans le monde, cette population particuliè-
transition énergétique. Les exemples sont aussi
rement a eu du mal à admettre les conséquences
variés que les économies et les pays peuvent l’être.
subies. Pourquoi eux, habitants d’une des régions
Il s’agit d’alimenter un quartier résidentiel dans la
les plus riches du globe, se sont-ils retrouvés sans
Nouvelle-Angleterre, une zone mal électrifiée dans
électricité pendant plusieurs jours ?
un quartier pauvre dans une région en développe-
L’approche qui a prévalu jusqu’à présent dans le
ment, ou un réseau d’usine. Les solutions mises en
développement des systèmes électriques consistait
œuvre diffèrent, mais le concept général se répand.
à investir dans des unités de production de grande
Il bénéficie de la baisse des coûts des EnR et d’autres
taille pour des économies d’échelle, raccordées au
sources de production locale (biogaz, cogénération)
réseau très haute tension. Ce réseau alimentant en-
ainsi que du développement de solutions de stoc-
suite ces centrales aux centres de consommation.
kage bon marché (ou subventionnées).
Avec en outre un réseau électrique à très haute ten-
Si la plupart des microgrids étaient jusqu’à pré-
sion maillé garantissant la fiabilité du système. Avec
sent des prototypes, leur expansion accompagne
le développement massif des EnR et la possibilité
les grands mouvements de notre société qui favo-
pour les producteurs de se raccorder à des niveaux
risent les énergies renouvelables, et profite de la
de tension inférieurs, ce modèle de développement
vague des nouvelles technologies en production,
a commencé à être battu en brèche.
stockage, ou télécommunications. Elle exerce une
Les microgrids vont au-delà, et sont parfois vus
incidence certaine sur l’avenir des gestionnaires de
comme une approche novatrice de concevoir des
réseaux électriques qui risquent de voir leur rôle
systèmes électriques qui implique l’ensemble des
traditionnel remis en cause s’ils n’accompagnent
parties prenantes, avec une promesse de fonction-
pas ce mouvement.
nement en autoconsommation à l’échelle de tout
Leur croissance va bouleverser la donne et les
un quartier, un campus, ou tout réseau capable
gestionnaires de réseau et de distribution devront y
d’être autonome.
être attentifs, notamment en raison des baisses cer-
La difficulté à définir de manière plus large les
taines de leurs recettes. En effet, les raccordements
microgrids tient à leur côté protéiforme. Ils varient
de production et de consommation au niveau du
selon les régions ou les environnements, avec des
réseau de transport vont diminuer, de nouveaux
technologies multiples.
acteurs vont émerger, producteurs décentralisés,
La variété des acteurs contribuant au présent nu-
fournisseurs de solutions de secours, offreurs de
méro permet d’affiner les différents points de vue et
plates-formes de mise en relation des différents
modèles d’affaires, et dans tous les cas, de souligner
acteurs du système, sans compter la capacité et la
en quoi ces microgrids répondent à une attente de
volonté des consommateurs de se transformer en
la société et contribuent à une démarche mondiale
consommacteurs.
qui, en France comme dans de nombreux pays, se traduit par une loi de transition énergétique.
Il faut néanmoins tempérer l’enthousiasme que génère un nouveau concept a priori sédui-
Outre cette dimension fonctionnelle et tech-
sant, comme le sont les nano, smart et autre
nique, les microgrids incluent également des tech-
supergrids. Les installations électriques actuelles
nologies numériques originales permettant de
sont issues de plus d’un siècle d’investissements
traiter et garantir les transactions entre acteurs.
et d’économies d’échelle. Il serait audacieux de
C’est toute la puissance des blockchains, dont la
prédire que ces nouveaux microgrids rendront
renommée a débuté par la crypto-monnaie bitcoin
obsolètes et se substitueront aux infrastruc-
et qui désormais s’appliquent aussi bien à l'horo-
tures présentes. Les infrastructures existantes
datage des objets connectés qu'à l’enregistrement
de production, de transport et de distribution de
des actes notariés. L’article présenté dans ce dos-
l’électricité représentent des milliers de milliards
sier montre l’intérêt de blockchains pour gérer les
d’euros d’investissement.
REE N°2/2017 Z 33
LES GRANDS DOSSIERS
Introduction
Selon le cabinet Navigant Research, le premier
rama qui lui permettra dâ&#x20AC;&#x2122;apprĂŠhender le concept
marchĂŠ mondial des microgrids est lâ&#x20AC;&#x2122;Asie-PaciďŹ que
innovant des microgrids depuis sa description
qui dĂŠpasse dĂŠsormais lâ&#x20AC;&#x2122;AmĂŠrique du Nord, cette
jusquâ&#x20AC;&#x2122;Ă ses applications sur le terrain, en passant
rĂŠgion devant repasser en tĂŞte au milieu des annĂŠes
par le dĂŠveloppement de nouveaux produits indus-
2020. Une de leurs ĂŠtudes montre que la capacitĂŠ
triels, tout en donnant une ouverture sur de nou-
mondiale de microgrids installĂŠs passerait de 1,4 GW
velles recherches acadĂŠmiques ou technologiques
en 2015 Ă 7,6 GW en 2024. Mais ces chiffres doivent
comme lâ&#x20AC;&#x2122;Internet of Things, ainsi que la mise en
ĂŞtre mis en regard de la capacitĂŠ ĂŠlectrique installĂŠe
Ĺ&#x201C;uvre dans le domaine de lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠnergie des dĂŠsormais
mondiale, qui avoisine les 6 000 GW.
cÊlèbres blockchains.
Donc, autant il est important de prendre en
Lâ&#x20AC;&#x2122;ensemble de ces articles a ĂŠtĂŠ rĂŠparti entre ce
compte cette croissance des microgrids, autant
numĂŠro de la REE et le suivant, en espĂŠrant que,
ce serait un leurre que de croire que lâ&#x20AC;&#x2122;ensemble
comme dans la belle tradition du XIXe siècle, quand
des consommateurs mondiaux y seront raccor-
Eugène Sue faisait paraÎtre ses Mystères de Paris
dĂŠs dans les dĂŠcennies Ă venir. Ce qui est certain
en feuilleton, le lecteur attende avec impatience,
câ&#x20AC;&#x2122;est que les microgrids, comme les smart, t nano
après la lecture de cette première sĂŠrie dâ&#x20AC;&#x2122;articles, ÂŤ la suite au prochain numĂŠro Âť.
ou supergrids bĂŠnĂŠďŹ cieront de lâ&#x20AC;&#x2122;accĂŠlĂŠration des innovations technologiques
qui
rĂŠvolu-
tionnent notre temps, et seront eux-mĂŞmes gĂŠnĂŠrateurs dâ&#x20AC;&#x2122;innovations
qui
pourront
Bruno Meyer est Manager Business Development Ă RTE. Il a travaillĂŠ Ă EDF de 1985 Ă 2008 oĂš il a exercĂŠ diffĂŠrentes fonctions dâ&#x20AC;&#x2122;expertise et de management avant de rejoindre le Groupe RTE en 2009
bĂŠnĂŠďŹ cier aux rĂŠseaux tradi-
oĂš il a ĂŠtĂŠ directeur gĂŠnĂŠral dâ&#x20AC;&#x2122;Arteria de
tionnels.
2011 Ă 2016. Il est membre senior de la SEE
Les articles de ce dossier offrent au lecteur un pano-
et Fellow de lâ&#x20AC;&#x2122;IEEE.
Bibliographie s "ROCHURE #IGRĂ? i -ICROGRIDS w OCTOBRE s )%%% *OINT 4ASK &ORCE ON 1UAD RENNIAL %NERGY 2EVIEW OCTOBRE s -ARKET $ATA -ICROGRIDS .AVIGANT 2ESEARCH -ICROGRIDS Q
LES ARTICLES
How Microgrids contribute to the Energy Transition Jean Wild, François Borghese, Veronique Boutin, Jacques Philippe .......................................................... p. 35 New microgrid integration layers Laurent Schmitt ............................................................................................................................................................. p. 44 Reliable and affordable power supply with new microgrid solutions Britta Buchholz ............................................................................................................................................................. p. 48 Quels usages de la blockchain dans les microgrids ? Olivier Sellès .................................................................................................................................................................... p. 53 A venir dans le numĂŠro 2017-3 de la REE, une sĂŠrie dâ&#x20AC;&#x2122;autres articles signĂŠs notamment de Thomas Morris & al (Grenoble INP), Didier Laffaille (CRE), Aude Pelletier & al (EDF R&D), Siebert Bressinck & al (Tractebel - ENGIE).
34 Z REE N°2/2017
LES MICROGRIDS
DOSSIER 1
How microgrids contribute to the energy transition Jean Wild, François Borghese, Veronique Boutin, Jacques Philippe Schneider Electric Industries Microgrid is an emerging decentralized energy ecosystem that incorporates loads, local energy resources, battery storage, and control capabilities within clearly deďŹ ned electrical boundaries. This paper explains how microgrids could help tackle the energy challenges of the 21st century by improving reliability and resiliency through their ability to get isolated from the main grid and to be self-sufďŹ cient, by providing access to energy at a reasonable cost when the main grid is not accessible, by reducing fossil fuel consumption thanks to a smart integration of renewable generation and enabling energy ďŹ&#x201A;exibilities to optimize energy costs. The paper also describes the technical and implementation challenges of microgrids, providing insights on speciďŹ c constraints for protection, power quality and control, on energy ďŹ&#x201A;ows optimization or preliminary sizing of equipment.
ABSTRACT
Introduction In the early 20 century, the centralizath
tion of electricity production made huge progress, enabling signiďŹ cant economies of scale and improved power plant efďŹ -
Les microgrids correspondent Ă un nouveau modèle de système ĂŠnergĂŠtique dĂŠcentralisĂŠ comprenant des charges, des sources ĂŠnergĂŠtiques locales, du stockage et des capacitĂŠs de contrĂ´le de lâ&#x20AC;&#x2122;ensemble. Dans sa première partie, cet article explique comment les microgrids relèvent les dĂŠďŹ s ĂŠnergĂŠtiques du 21e siècle : en amĂŠliorant la ďŹ abilitĂŠ et la robustesse de lâ&#x20AC;&#x2122;approvisionnement grâce Ă leur aptitude Ă sâ&#x20AC;&#x2122;isoler du rĂŠseau public en cas de problème, en permettant lâ&#x20AC;&#x2122;accès Ă lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠnergie Ă un coĂťt raisonnable dans les zones non desservies par un rĂŠseau public, en favorisant le dĂŠploiement de ressources vertes, tout en optimisant les coĂťts ĂŠnergĂŠtiques grâce aux capacitĂŠs de contrĂ´le qui permettent de tirer parti des ďŹ&#x201A;exibilitĂŠs ĂŠnergĂŠtiques. Dans une seconde partie, lâ&#x20AC;&#x2122;article dĂŠcrit les problĂŠmatiques techniques spĂŠciďŹ ques aux microgrids, ainsi que les questions clĂŠs liĂŠes Ă leur mise en Ĺ&#x201C;uvre opĂŠrationnelle telles que les contraintes liĂŠes Ă la protection, Ă la qualitĂŠ et au contrĂ´le de la puissance, Ă lâ&#x20AC;&#x2122;optimisation des ďŹ&#x201A;ux ĂŠnergĂŠtiques ou au dimensionnement des ĂŠquipements et du système. RĂ&#x2030;SUMĂ&#x2030;
s A SYSTEM WHICH INCORPORATES LOADS AND decentralized energy resources, including storage; s MULTIPLE ENERGY SOURCES OR ELECTRICAL only;
Energy reliability: resiliency through the microgrid ability to isolate itself from the main grid and to be self-sufďŹ cient Power outages due to severe weather
ciency. Today, decentralization could help
s GRID CONNECTED OR OFF GRID MODE
events are increasing in some regions.
tackle the energy challenges of the 21st
s A SINGLE ENTITY WITH ITS OWN INDEPENDENT
In August 2003, a widespread blackout
century by paving the way to an optimized access to reliable, green, and resilient energy. Microgrids are an emerging energy ecosystem that provides practical answers through a local, interconnected
control in both modes; s POWER RANGE FROM SEVERAL K7 TO MULTIPLE -7 VOLTAGE RANGE UP TO -6
Microgrid benefits
caused power lost to around 55 million people across the northeastern United States and eastern Canada. Many more were affected by the worldâ&#x20AC;&#x2122;s biggest power failure in India in July 2012, which
energy system within clearly deďŹ ned elec-
Microgrids contribute to the energy
left half of the country without electri-
trical boundaries, which incorporate loads,
transition by providing practical ans-
city. Soon after, Hurricane Sandy lashed
decentralized energy resources, battery
wers to improve energy reliability,
the eastern U.S., cutting power to eight
storage, and control capabilities.
resiliency, energy accessibility, energy
million customers [1].
independence, green energy safety,
According to the Lexington Institute,
energy cost optimization, energy ďŹ&#x201A;exi-
regarding the resilience of the U.S. elec-
s A LOCAL INTERCONNECTED ENERGY SYSTEM
bility and the ability to participate in
trical grid, at least 500,000 people in
within clearly deďŹ ned electrical boun-
demand response or grid-balancing
average were affected daily by power
daries;
programs.
outages, costing $119 billion annually [2].
The microgrid concept
REE N°5/2016 Z 35
DOSSIER 1
LES MICROGRIDS
Figure 1: Oncor campus Microgrid, USA.
Resiliency is increased through the
Letâ&#x20AC;&#x2122;s consider the example of the
connected mode to an off-grid mode
microgrid ability to isolate itself from the
Oncor campus microgrid (ďŹ gure 1):
MAIN GRID AND TO BE SELF SUFlCIENT 7HEN
ProďŹ le: 100+ acre system operating
the main grid encounters a major pro-
services facility.
blem, the microgrid is quickly decoupled
Challenge:
individual microgrids to a conďŹ guration
and can still continue delivering energy
s OOST GRID CAPACITY AND RELIABILITY sB BOOST GRID CAPACITY AND RELIABILITY
that leverages multiple microgrids worr
from local sources. There may be limits
s EVERAGE EXISTING RESOURCES s LLEVERAGE EXISTING RESOURCES
king together as needed;
to this autonomous supply due to local
s TILIZE DYNAMIC mEXIBLE MICROGRID TECHsU UTILIZE DYNAMIC mEXIBLE MICROGRID TECH-
production, storage capability, and instantaneous status. However, with the microgrid local management system,
nology; s MONITOR AND OPTIMIZE DISTRIBUTED ENERs MONITOR AND OPTIMIZE DISTRIBUTED ENERR gy resources (DERs);
to ensure reliable power for critical loads; s T ENABLES A SEAMLESS TRANSITION FROM s IIT
s A FAULT TOLERANT APPROACH ALLOWS DEs A vices to store energy either from the utility feed or any of the facilityâ&#x20AC;&#x2122;s generation sources;
load priorities may be optimally ma-
s PERATE TWO SOLAR 06 ARRAYS ONE MICRO sO OPERATE TWO SOLAR 06 ARRAYS ONE MICRO
s A CLOUD BASED PLATFORM FOR ECONOMIC s A
naged and control strategies adjusted
turbine, two energy storage systems,
dispatch and DER forecasting provides
accordingly.
four legacy generators.
an additional layer of optimization
In addition, when the risk of severe
Solution:
and intelligence. Multiple use cases
concerns is predictable (for instance
Oncorâ&#x20AC;&#x2122;s innovative system comprises
are supported and the connection
in case of a heavy storm forecast), a
four interconnected microgrids and uses
between microgrid and utility can be
precautionary strategy may anticipate
nine different DERs, including inverter
implemented using industry standard
the microgrid operation, for example
and non-inverter-based resources that
communication protocols.
by reducing non-vital loads, preparing
can disconnect fromâ&#x20AC;&#x201C;and reconnect
local generation for dispatch, and charr
toâ&#x20AC;&#x201C;the main utility grid. The microgrid
mission-critical microgrid (ďŹ gure 2):
ging batteries to increase the future resi-
controller and operations software pro-
ProďŹ le: 3 500 acre Marine Corps Air 3500
lience of the system.
Letâ&#x20AC;&#x2122;s consider now the example of a
vide the information, communications
Station Miramar operation and mainte-
7HEN ISSUES COME FROM THE MICRO-
and control to monetize the energy ďŹ&#x201A;exi-
nance facility.
grid itself (for instance, a concern with
bility value by optimizing coordination of
Challenge:
one of the energy sources or in case of
loads, generation, and storage.
s THE !IR 3TATION S CRITICAL FACILITIES MUST s THE
undergoing maintenance), the micro-
Results:
continue uninterrupted, even if uti-
grid enables back-up and automated
s THE CONTROLLER SAFEGUARDS OPERATIONS s THE
lity power grid is compromised or
reconďŹ guration possibilities.
36 Z REE N°2/2017
and facilitates switching from a grid-
damaged;
LES GRANDS DOSSIERS
Introduction
L’énergie et les données Le monde virtuel de l’information
conduit très loin. Le basculement d’un
s’est associé au monde physique des
bit d’information nécessite un apport
machines et des objets pour constituer
minimal d’énergie que l’on appelle la
ce qu’on appelle les systèmes cyber-
limite de Landauer d’une valeur de kTln2
physiques. Les réseaux et tout particu-
(k étant la constante de Boltzmann)
lièrement l’Internet constituent la glu
soit, à 20 °C, 2,75 zeptojoules (10 -21
qui a permis aux deux mondes, virtuel
joule). On peut donc parler des données comme d’une matière première, comme
et réel, de se marier. Les exemples ne Jean-Pierre Hauet Rédacteur en chef de la REE
manquent pas et nos lecteurs sont bien au fait de la désintermédiation massive
d’un fluide qu’il faut canaliser, traiter et exploiter. L’idée n’est pas nouvelle dira-t-on
qu’a rendue possible l’Internet en mettant directement en rapport les producteurs et les
et il y a longtemps que le « Data Management »,
consommateurs. Dans le domaine de l’énergie et
ou en français la gestion des données, s’est érigée
plus spécifiquement des réseaux électriques, cette
comme discipline de gestion tendant à valoriser les
capacité d’échanger de façon quasi-instantanée
données en tant que ressource. Les données sont,
des informations a donné naissance à ce qu’on
avec les traitements, l’un des deux aspects des sys-
appelle les smart grids ou réseaux électriques intel-
tèmes d’information traditionnels, et l’un ne peut
ligents qui sont depuis bientôt trois ans au cœur
aller sans l’autre pour le management d’un système
des analyses menées dans le cadre du Cercle des
d’information cohérent. Le phénomène nouveau
entreprises de la SEE.
de ces dernières années réside dans la multiplica-
Les smart grids sont une implémentation par-
tion fantastique des sources d’information et dans
ticulière du concept plus général d’Internet des
leur diversification. Face aux myriades de données
objets qui intéresse tous les secteurs de l’activité
auxquelles ont accès les entreprises, il était néces-
économique et de la vie de tous les jours : énergie,
saire que ces dernières se dotent de nouveaux
industrie, transports, agriculture, santé, loisirs, bâti-
outils et de nouvelles pratiques pour exploiter ces
ments et quartiers, etc. Le monde physique traite,
nouvelles sources d’information. L’intelligence éco-
dans les procédés qui lui sont propres, des matières
nomique, dont les principes et les enjeux ont été
premières qui peuvent être des produits agricoles,
décrits par Alexandre Medvedowsky dans un article
l’eau, le rayonnement solaire, les produits énergé-
publié dans la REE 2017-12, répond à cette néces-
tiques, les métaux, les minéraux, etc. Le cyberes-
sité de tirer le meilleur parti des données acces-
pace manipule quant à lui un fluide particulier qui
sibles. La donnée est devenue un instrument de
est celui des données : il les collecte, les véhicule,
pouvoir : du « Data Management », nous sommes
les trie, les agrège, les traite, les stocke, les diffuse,
passés au « Management by Data », c’est-à-dire
les récupère… au prix de multiples opérations qui
que les données sont devenues un moyen essen-
sont autant d’avatars des traitements que subissent
tiel d’information et de prise de décisions. L’arbre
les matières premières dans les industries de trans-
ne doit plus cacher la forêt ; dans une économie
formation.
concurrentielle mondialisée, une entreprise aussi
Le parallèle entre le monde physique et le monde
brillante soit-elle sur le plan local, ne peut pas pré-
de l’information remonte à Claude Shannon, auquel
tendre changer d’échelle si elle ne dispose pas des
la REE a rendu hommage dans son numéro 2016-5
outils de collecte et de traitement d’informations
à l‘occasion du centenaire de sa naissance , qui avait
qui lui permettront d’avoir une meilleure visibilité
étendu au monde de l’information la théorie de l’en-
sur les marchés et sur les attentes de la clientèle.
1
tropie de Clausius, la grandeur thermodynamique
Le problème n’est pas simple car il s’agit de ma-
si familière aux physiciens. Ce parallèle peut être
nipuler des données massives, souvent sans aucun 2
1
Voir l’article « Claude Elwood Shannon, le jongleur de codes » – Marc Leconte – REE 2016-5.
58 Z REE N°2/2017
Voir l’article « L’intelligence économique – Evolutions technologiques, enjeux internationaux : les failles du système français » – Alexandre Medvedowsky – REE 2017-1.
Introduction
LES GRANDS DOSSIERS
intérêt prises individuellement, mais qui peuvent
du monde de l’énergie avec celles venues d’autres
recéler des signaux faibles dont la détection fait ap-
secteurs : télécoms, mobilité, environnement… On
paraître des tendances du marché ou des attentes
peut citer de façon non limitative, les gestionnaires
de la clientèle. Bien entendu dans cette guerre des
d’immeubles, les collectivités territoriales, les amé-
données, les grands acteurs du monde de l’Inter-
nageurs, les services de transport, etc.
net sont très avantagés puisqu’ils ont accès à un
La constitution et l’exploitation de ces gise-
nombre incalculable de données auxquelles les
ments de données soulèvent un ensemble de pro-
consommateurs leur donnent librement et assez
blèmes difficiles qui sont à la fois techniques et
naïvement accès au travers de leurs ordinateurs
éthiques. La technique, ce sont les modalités de
et de leurs smartphones. Une simple visite à son
collecte, de filtrage, de stockage et d’exploitation
“Google Dashboard” convaincra le lecteur de la
de ces données. On retrouve là les problèmes de
fantastique diversité des informations stockées par
l’Internet des objets auxquels la SEE consacre des
Google et ses métastases sur une période beau-
travaux importants et les problèmes de traitement
coup plus longue qu’il ne l’imagine. Mais les acteurs
des données massives (Big Data). Mais c’est aussi
plus modestes ne sont pas dépourvus de possibili-
l’anonymisation des données et la préservation de
tés : ils doivent se protéger mais aussi utiliser tous
leur confidentialité et de leur intégrité. L’éthique,
les outils qui sont à présent à leur disposition pour
c’est la réponse à un ensemble de questions dé-
« crawler » l’information non structurée sur le Web,
licates : jusqu’à quel point et sous quelle forme
la trier et l’utiliser.
des données réputées personnelles, récoltées
Le secteur de l’énergie n’échappe pas à ce phé-
par milliards en provenance de tout l’hexagone,
nomène et manipule un volume de données déjà
peuvent-elles utilisées au service de finalités ré-
très important et qui va en grandissant très rapi-
putées d’intérêt général ? Jusqu’à quel point ces
dement. La numérisation des infrastructures et
données doivent-elles être agrégées et anonymi-
des métiers génère des informations toujours plus
sées avant d’être communiquées à des utilisateurs
nombreuses, en provenance de capteurs placés à
potentiels ? Quelles garanties doit-on exiger de
différents niveaux de la chaine de valeur. L’exemple
ces acteurs qui, à coup sûr, seront à l’avenir de
type est celui des compteurs communicants, Linky
plus en plus nombreux à en revendiquer l’usage,
et Gazpar notamment, qui vont permettre de faire
tant l’accès aux données est vital pour assurer la
remonter des informations en provenance de
pérennité d’un nombre croissant d’activités.
33 milllions de consommateurs à un pas de 10 mi-
De ces considérations éthiques et de la prise
nutes pour Linky, et de 11 milllions d’usagers pour
en compte de ce qu’il est aujourd’hui technique-
Gazpar. Plus généralement, le développement des
ment possible d’imposer, résultent une législation
concepts de smart grids et d’objets communicants
et une réglementation. Celles-ci sont en évolution
va entraîner la mise en circulation d’un nombre ver-
rapide avec notamment les dispositions nouvelles
tigineux d’informations.
issues de la loi pour la transition énergétique et la
Ces informations intéressent au premier chef
croissance verte du 17 août 2015 et de la loi pour
les exploitants du système électrique, producteurs,
une République numérique du 16 octobre 2016.
fournisseurs, exploitants de réseau ou de services
S’agissant des données propres à l’énergie, la loi du
de flexibilité, qui pourront améliorer leur efficacité
17 août 2015 a posé dans son article 28 de nou-
et leur qualité de service. Elles intéressent égale-
veaux principes relatifs à la mise à disposition des
ment les consommateurs, particuliers, entreprises
propriétaires ou gestionnaires d’immeuble de don-
ou institutions, qui restent au demeurant pro-
nées relatives au comptage de l’énergie. Cet article
priétaires des données qu’ils ont servi à générer
a donné lieu à la publication d’un décret le 12 avril
et doivent en conséquence conserver un droit de
2016. Un autre décret en date du 18 juillet 2016
regard premier sur la façon dont elles sont utilisées,
règle la mise à disposition des personnes publiques
sous réserve des droits ouverts par la loi aux opé-
de données relatives au transport, à la distribution
rateurs de réseau dans le cadre de leurs missions
et à la production d’électricité. Le même jour, un
de service public. Mais bien d’autres acteurs sont
troisième décret définissait les règles à respecter
désireux de tirer parti de cette mine d’informations,
pour assurer la confidentialité des informations
en croisant si besoin les données en provenance
détenues par les opérateurs gaziers et par les ges-
REE N°2/2017 Z 59
LES GRANDS DOSSIERS
Introduction
tionnaires des réseaux publics de transport ou de distribution d’électricité.
s UN ARTICLE INTRODUCTIF D Adrien Kantin & al sur le potentiel d’utilisation possible des données sur
Ces questions sont d’autant plus complexes qu’à
l’énergie : quels usages pour aujourd’hui et pour
la réglementation nationale se superposent les directives et règlements
communautaires.
Le sujet est donc bien loin d’être stabilisé et il ne fait
demain ? Jean-Pierre Hauet est ingénieur au corps des Mines. Il est Associate Partner de
s UN ARTICLE DE Mathilde Trehin et Pascal Berruet qui, se
KB Intelligence. Au cours de sa carrière, il a
plaçant du point de vue du
été adjoint au délégué général à l’Energie
consommateur,
aucun doute que le contrôle
et rapporteur général de la Commission de
définir les bonnes pratiques
et l’exploitation des données
l’énergie du 7e Plan. Entré dans le groupe
pour la conception de dispo-
issues du monde de l’énergie
de Compagnie générale d’électricité
sitifs d’information et d’ani-
constituera dans les années à
(CGE), il a occupé différents postes de
venir un véritable enjeu stra-
responsabilité dont la direction du centre
s UN ARTICLE ENlN DE Gérard Wolf
tégique. Le présent dossier ne
de recherches de Marcoussis. Il a dirigé la
qui analyse le problème de la
fait qu’aborder la question et la
branche Produits et Techniques de Cegelec
cybersécurité des données sur
REE aura l’occasion d’y revenir.
et a été Chief Technology Officer du groupe
l’Internet des objets et en par-
Nous présentons ici un focus sur trois aspects :
ALSTOM. Il est membre émérite de la SEE, conseiller scientifique de l’association Equilibre des Energies et rédacteur en chef
cherche
à
mation ;
ticulier dans les réseaux électriques intelligents. Q
de la REE.
LES ARTICLES
Données sur l’énergie : quels usages pour aujourd’hui et pour demain ? Adrien Kantin, Thibaut Voslion, Guillaume Canu, Issam Balaazi .................................................................. p. 61 La maîtrise de la demande en électricité au travers d’une présentation efficiente des données Recueil de bonnes pratiques pour la conception de dispositifs d’information et d’animation Mathilde Trehin, Pascal Berruet .............................................................................................................................. p. 66 Internet of Everything et sécurité Philippe Wolf ................................................................................................................................................................... p. 78
60 Z REE N°2/2017
L’ÉNERGIE ET LES DONNÉES
DOSSIER 2
Les compteurs Linky (à gauche) et Gazpar (à droite)
Données sur l’énergie : quels usages pour aujourd’hui et pour demain ? Adrien Kantin1, Thibaut Voslion1, Guillaume Canu2, Issam Balaazi2 Yélé Consulting1, Cepheïd Consulting2 During summer 2016, the French government released two decrees that defined how energy data should be published and made available to local governments. This article examines the strategic issues regarding energy data including access, stakeholders, management and use of these data, for now and the future. Traditionally, energy data were used almost exclusively by traditional energy actors such as Distribution System Operators, or Energy Suppliers. However, local governments have recently started to show interest in exploiting these data in order to improve their city planning methods. The newly published decrees will facilitate increased access for these actors. In France, systematic data collection is increasing through the installation of 35 million “Linky” smart electricity meters and 11 million “Gazpar” smart natural gas meters. Alongside a growing market for connected devices, we can expect a massive expansion in the quantity of energy data available. It is therefore possible to imagine that new actors, potentially from the IT sector, may compete with traditional actors to provide services to the end user that harness these data. The market around energy data is still developing and is likely to evolve over the next few years in order to better respond to the needs of customers and local governments.
ABSTRACT
Introduction Le 20 juillet dernier, sortaient au Jour-
l’accès à la donnée, cette situation pour-
ces sujets en rappelant les usages
rait évoluer.
actuels des données de l’énergie, puis
nal officiel deux décrets faisant évoluer
Au-delà des données fournies par les
les modalités de diffusion des données
compteurs communicants, le développe-
sur l’énergie. Ces décrets favorisent un
ment des objets connectés dans la ville
rééquilibrage de l’accès aux données
(habitat, voiture…) préfigure une explo-
entre les gestionnaires de réseaux et
sion des données et des sources dispo-
les collectivités. La publication de ces
nibles. Cette diversification des sources
décrets est l’occasion de s’interroger
permettra à des acteurs « nouvellement
une nouvelle fois sur les enjeux autour
entrants » de proposer des services iné-
de ces données : quels en sont les
dits, potentiellement en rupture, et va
usages aujourd’hui et quels pourront-
complexifier le jeu d’acteurs pouvant pro-
être ceux de demain ?
duire et valoriser les données de l’énergie.
Si ces décrets sont révélateurs d’un
Sans chercher à apporter une ana-
antagonisme entre les acteurs indus-
lyse définitive, nous proposons dans
triels de l’énergie et les collectivités sur
cet article un premier décryptage de
en esquissant les ruptures potentielles pour l’ensemble des acteurs.
Usage des données de l’énergie aujourd’hui : un patrimoine stratégique pour les industriels du secteur et un vecteur d’optimisation essentiel pour les acteurs publics. Les données sur l’énergie sont déjà au centre des transformations digitales des acteurs du secteur de l’énergie.
REE N°2/2017 Z 61
DOSSIER 2
L’ÉNERGIE ET LES DONNÉES
Les « données sur l’énergie » désignent en fait un ensemble d’informations de nature diverse (figure 1). De manière intuitive, cela renvoie aux données décrivant les consommations : index, appels de puissance, courbes de charges ; ou des données décrivant les productions énergétiques : nature des énergies, puissances, productibles, etc. Cet ensemble des données sur l’énerr gie englobe également les informations sur l’état du réseau : cartographie des
Figure 1 : Les données sur l'énergie : un ensemble d'informations diversifiées.
ouvrages, qualité d’alimentation, interr ruptions ; des données d’exploitation sur le réseau ou les unités de production : interventions, travaux programmés, incidents ; les plans d’extension et de renforcement des ouvrages, les données
Parallèlement, les acteurs publics aspirent à accéder et à valoriser ces données au profit de leurs politiques publiques.
Notons qu’au-delà de la question de l’accès aux données, les collectivités devront aussi faire face à l’enjeu de développement d’une ingénierie permettant leur pleine valorisation, et ceci sans être
tarifaires, la description des contrats
Après 10 années de montée en charge
dotées des prérequis techniques dont
(nature des abonnements, énergies
dans leurs politiques énergie-climat,
disposent déjà les acteurs industriels. A
souscrites), les données sur les clients,
impulsées d’abord par le Grenelle de l’en-
ce titre, elles pourront s’appuyer sur plu-
les impayés, les réclamations, etc.
vironnement puis par la loi pour la tran-
sieurs entreprises et start-ups qui déve-
Le volume et la précision des don-
sition énergétique et la croissance verte,
loppent progressivement des outils et
nées disponibles sont aujourd’hui en
les collectivités territoriales font preuve
modèles pour répondre à ces besoins à
croissance exponentielle, une consé-
d'un intérêt plus affirmé que jamais pour
partir de solutions intégrées.
quence directe de la transformation
l’usage des données de l’énergie.
Ces évolutions ont lieu dans un contexte où l’écosystème des acteurs travaillant avec les données de l’énergie évolue.
numérique du secteur de l’énergie por-
L’exploitation de ces données perr
tée par le développement des cap-
mettra en effet aux collectivités terri-
teurs tout le long des réseaux, Linky
toriales d’améliorer la performance de
et Gazpar en tête, mais aussi par la
leurs politiques énergétiques, urbaines
numérisation progressive des métiers
et sociales : diagnostic et suivi énerr
Ces décrets sont révélateurs de la
d’exploitants et de fournisseurs d’éner-
gétique des territoires, aide à l’identi-
nécessité de trouver des équilibres
gie (utilisation des tablettes numé-
fication d’économies d’énergie et de
entre protection commerciale, règles
riques, développement de la relation
développement des ENR, évaluation de
de concurrence, protection personnelle
clients en ligne, etc.).
l’efficacité des politiques énergétiques,
et performances de l’action publique.
Devenues centrales au sein des outils
identification des ménages en situa-
C’est in fine toute la responsabilité du
et méthodes de travail, ces données
tion de précarité énergétique, meilleur
législateur et des régulateurs, dans les
représentent désormais un actif straté-
ciblage des politiques et interventions,
domaines de l’énergie (CRE) et de l’in-
gique de première importance pour les
prospective urbaine, etc.
formation (CNIL), que d’aider à définir ces frontières.
acteurs industriels du secteur de l’énerr
Par ailleurs, l’accès à ces données faci-
gie, à un rang d’importance équivalent
litera également le suivi et l’optimisation
Mais ce cadre établi, entre d’un côté
aux autres actifs que sont les ressources
des contrats de fourniture énergétique
des producteurs-utilisateurs des don-
humaines et les infrastructures.
et de concession des réseaux : déve-
nées et de l’autre les acteurs publics
La bonne gestion de cet actif fait
loppement de modalités de facturation
voulant en partager la valeur, peut être
néanmoins émerger de nouveaux défis
mieux adaptées au patrimoine des col-
progressivement « dépassé » si on consi-
industriels : gestion massive des don-
lectivités, meilleure capacité à faire jouer
dère l’émergence de nouvelles formes
nées à coûts maîtrisés, évolution des
la concurrence entre fournisseurs, renforr
de données sur l’énergie, non produites
standards de cybersécurité, évolution
cement des processus d’audit et de suivi
par les acteurs industriels traditionnels :
des compétences, etc.
des contrats de concessions, etc.
émergence des objets connectés dans
62 Z REE N°2/2017
GROS PLAN SUR
La 5e génération de systèmes mobiles : où en est-on ? Introduction par Patrice Collet
L
es travaux de définition des spécifications des sys-
comme le MIMO massif multi-utilisateur, sont menées
tèmes mobiles de 5e génération (5G), évoqués pré-
conjointement par les opérateurs et les industriels. De
cédemment dans la REE, mobilisent de nombreux
nombreux résultats ont été publiés : il est difficile de les
experts, tant dans l’industrie que chez les opérateurs
comparer tant le contenu et les conditions de ces expé-
mobiles du monde entier, et progressent de façon significa-
rimentations sont variés : laboratoire ou espace libre,
tive. Début mars, le 3GPP, responsable de la production des
fréquences utilisées, bande passante consommée... Cepen-
spécifications, a annoncé pour fin 2017 une première version
dant tous ces essais font apparaître une forte croissance
des spécifications de l’accès radio 5G, dite NSA, qui s’appuiera
des débits atteints : le gigabit par seconde voire la dizaine
sur le cœur de réseau 4G : cette première étape permettrait
de Gbit/s sont dépassés.
de faire croître les débits offerts aux clients et de réduire la la-
Nous avons demandé à Eric Hardouin qui, chez Orange,
tence. Il a également confirmé que les spécifications de l’accès
coordonne les travaux de recherche sur les réseaux d’accès
radio 5G dite SA seraient disponibles à la mi-2018.
5G de nous présenter ce que sera la 5G ainsi que l’avance-
Parallèlement, de nombreuses expérimentations d’un
ment des travaux. Au préalable et pour la bonne compréhen-
nouvel accès radio, anticipant ce que pourrait être l’accès
sion de nos lecteurs, nous rappelons dans l’encadré qui suit
5G, faisant appel à des techniques candidates pour la 5G,
quelques définitions essentielles.
Pour bien comprendre Les générations de systèmes mobiles
fortement crû. Les techniques de transmission utilisées
L’Union Internationale des Télécommunications
ont dû changer. Dans les systèmes 2G, les services
(UIT) définit des objectifs de performances auxquels
de voix étaient très largement majoritaires et le trafic
doivent répondre les systèmes de communications
pouvait être très bien transporté par quelques liens de
mobiles, génération après génération. Les systèmes
transmission à 2 Mbit/s. Dans les systèmes 4G, les dé-
de communications mobiles de 4e génération mis en
bits traités par une station de base sont beaucoup plus
place actuellement à travers le monde sont fondés sur
importants et les liens de backhaul doivent être portés
la norme LTE et son évolution LTE-Advanced. Ces deux
par des fibres optiques.
normes ont été reconnues par l’UIT comme des tech-
RRH et BBU
nologies de 4e génération en 2010. Ce ne sont pas les
Au fil des évolutions des générations de systèmes,
seules, la technologie WIMAX a également été reconnue comme technologie de 4 génération. e
l’organisation physique de la station de base a évolué. En 2G, elle est constituée d’un équipement unique re-
La structure des réseaux mobiles Le backhaul
lié par des câbles RF aux antennes situées sur un mât ou sur un toit d’immeuble. Dès la 3e génération sont
Dans les réseaux mobiles, des stations radio dites
apparues des stations de base dites réparties : la par-
stations de base (BS) desservent les utilisateurs situés
tie radiofréquence de la station est séparée du reste
dans une zone géographique donnée, la cellule. Elles
des fonctions de la BS. La première appelée RRH1 peut
sont reliées au cœur du réseau mobile par des liens de
être placée au plus près des antennes, ce qui réduit les
transmission qu’on appelle les liens de backhaul. Au fil de la croissance des débits offerts aux utilisateurs dans une cellule, le débit à transporter par le backhaul a très
1
RRH : Remote Radio Head, ou Tête radio déportée.
REE N°2/2017 Z 87
GROS PLAN SUR
MIMO et beamforming
pertes dans les câbles RF. La deuxième partie dite BBU2 ne traite plus que le signal en bande de base et les fonc-
Le beamforming est une technique qui permet à un
tions de commande propres aux stations de base : RRH
réseau d’antennes d’émettre et de recevoir selon une
et BBU sont connectés par une liaison dite de fronthaul
direction préférentielle qui peut varier sur commande,
portée par une fibre optique. La BBU peut alors être
par exemple en jouant sur la phase de l’onde émise par
éloignée de plusieurs dizaines de kilomètres des sites
chaque antenne du réseau.
d’antennes. Plusieurs BBU peuvent aussi être regrou-
La technique MIMO3, utilisée déjà dans de nombreux
pées en un pool de BBU desservant plusieurs centaines
systèmes radio, réseaux mobiles 4G, Wi-Fi (802.11 n et
de RRH. La centralisation des BBU permet aussi de les
ac), consiste à tirer parti de la diversité spatiale de pro-
faire plus facilement communiquer afin de les faire col-
pagation en multipliant les antennes d’émission et de
laborer pour optimiser l’usage des ressources radio et
réception situées aux extrémités d’une liaison radio. Le
réduire les interférences.
MIMO présente deux avantages importants, il permet
L’évolution suivante sera de faire assurer les fonctions
d’une part « d’améliorer la qualité du lien en s’affranchis-
du pool de BBU par un logiciel exécuté sur une plate-
sant des évanouissements de canaux » et d’autre part
forme informatique standard : alors la virtualisation des
« d’augmenter le débit d’information sans augmenter la
fonctions de la station de base aura été réalisée.
bande passante ou la puissance transmise »4. Q 3 4
2
BBU : Base Band Unit ou Unité en Bande de Base.
88 Z REE N°2/2017
MIMO : Multiple Input Multiple Output. Extrait de l’article de D. Le Ruyet et B. Ozbec dans dans le numéro d'avril 2005 de la REE.
GROS PLAN SUR
La 5e génération de systèmes mobiles Entretien avec Eric Hardouin REE : Qu’attend-on de la 5G ?
NB-IoT3) sont actuellement en cours de test. La
Eric Hardouin : Pour Orange, la 5G fournira
5G devra ainsi permettre un passage à l’échelle
tous les moyens d’accès à l’Internet dans la dé-
du nombre d’objets connectés et optimiser les
cennie 2020-2030. Cela inclut les réseaux d’ac-
échanges de signalisation afin d’allonger la durée
cès radio bien sûr, mais aussi les réseaux d’accès
de vie sur batterie (15 ans au lieu de 10 pour
fixes (fibre, Wi-Fi). L’accès radio sera assuré par
les technologies actuelles). Mais la grande nou-
les technologies existantes (LTE, Wi-Fi) et leurs évolutions, ainsi que par une nouvelle radio, appelée pour le moment « NR » pour “New
veauté apportée par la 5G sera la garantie de fiaEric Hardouin Orange
bilité des transmissions, c’est-à-dire des taux de perte de paquets radio inférieurs à 10 -5, couplée à des latences extrêmement faibles (de l’ordre de
Radio” dans l’industrie. Les différents réseaux d’accès radio seront gérés par un cœur de réseau unique et
la milliseconde). Ces fonctionnalités permettront aux réseaux
convergent.
de porter des applications dites « critiques » pour différents
Un débit confortable en toutes situations Nous attendons une expérience utilisateur significative-
secteurs industriels, tels que l’automobile (pour la conduite assistée ou autonome), la santé, les villes intelligentes, les usines connectées ou encore le transport de l’énergie.
ment améliorée par rapport à la 4G, avec la possibilité de
Améliorer significativement l’efficacité énergétique
disposer d’un débit minimum confortable (de l’ordre de plusieurs dizaines Mbit/s) en toutes situations : à l’intérieur des bâtiments, dans les transports, dans une foule, etc. Par
Enfin, la 5G doit améliorer significativement l’efficacité
ailleurs, la latence sera réduite pour là encore améliorer le
opérationnelle des réseaux. En termes d’efficacité énergé-
confort en navigation sur Internet, mais aussi permettre de
tique tout d’abord, sinon l’accroissement de la consommation
nouvelles applications sensibles au délai (réalité virtuelle
énergétique due à l’ajout de nouvelles bandes de fréquences
et réalité augmentée, par exemple). Enfin, les débits seront
et de nouveaux sites deviendrait rapidement insoutenable.
considérablement accrus par rapport à la 4G, 10 Gbits/s
Ainsi, Orange, comme d’autres opérateurs réunis au sein de
devenant atteignables dans certains déploiements de type
l’alliance NGMN, demande que la 5G réduise de moitié la
hot spot.
consommation des réseaux, tout en permettant d’absorber
Un réseau efficace pour l’IoT et les applications « critiques »
une croissance d'un facteur 1 000 du trafic4.
Un accès Internet efficace dans les zones à faible densité
Une autre attente forte de la 5G est d’étendre la diversification, entamée avec le LTE, des services offerts par les réseaux
En outre, la 5G doit proposer des solutions pour per-
mobiles. Tout d’abord via une plus grande efficacité des so-
mettre d’offrir un accès confortable à Internet (de l’ordre de
lutions pour l’Internet des Objets (IoT) bas débit / bas coût, dont les premières technologies cellulaires (EC-GSM1, LTE-M2, 1 2
3
Développement de la norme GSM pour la communication de machines. Développement de LTE pour la communication de machines.
Procédé de communication dérivé du LTE pour la communication de machines. 4 On peut se reporter au White paper NGMN 5G : https://www.ngmn. org/5g-white-paper.html
Fifth generation mobile communication systems definition is progressing fast. This paper gives an overview of the present status achieved in this domain. What improvements 5G is intended to bring compared with LTE-Advanced? When 5G specifications will be available? What are the main technological innovations 5G will be based on? Eric Hardouin, from Orange, provides answers to these questions.
La définition des systèmes de communication mobile de 5e génération a fortement progressé : cet article fait le point sur l’état actuel des travaux. Que doit apporter la 5G par rapport à LTE-Advanced, selon quel calendrier la 5G sera mise en œuvre ? Quelles sont les grandes innovations technologiques sur lesquelles se fonde la 5G ? C’est à ces questions qu’Eric Hardouin d’Orange apporte des réponses.
ABSTRACT
RÉSUMÉ
REE N°2/2017 Z 89
GROS PLAN SUR
quelques Mbit/s) là où les réseaux ne sont pas économiquement viables aujourd’hui. Sont concernés particulièrement les pays émergents et les zones peu denses. Cela passe par une extension de la portée des cellules (100 km de portée sont visés), ainsi qu’une conception modulaire de la 5G pour construire des terminaux bas coût n’intégrant que les fonctions strictement nécessaires. Grâce à ces avancées, nous espérons que la 5G apportera l’Internet à une partie de la population mondiale qui en est privée aujourd’hui.
Figure 1 : Principe du MIMO massif multi-utilisateur. Source : Telecom Research Lab.
REE : A quelle échéance et dans quel ordre vont survenir ces améliorations ?
IoT, rendant moins urgent le besoin de solutions NR dans
Eric Hardouin : Le déploiement de la 5G dépend du ca-
ce domaine.
lendrier de la normalisation internationale, qui s’effectue au
En ce qui concerne le cœur de réseau, la NR pourra fonc-
3GPP en ce qui concerne les réseaux d’accès, notamment
tionner à partir du cœur de la 4G, ou du nouveau cœur qui
les interfaces radio NR et LTE, le cœur de réseau et les terr
sera spécifié dès la phase 1. La version « non-standalone » ne
minaux. Les premières spécifications 5G sont attendues mi
pourra fonctionner qu’à partir d’un cœur 4G.
2018 et permettront des déploiements commerciaux à partir de 2020. Cette première phase introduira l’interface radio
REE : Quelles innovations technologiques la 5G
NR, qui apportera une réduction de latence, un accroisse-
va-t-elle mettre en œuvre ?
ment des débits, la garantie de fiabilité, et des possibilités de
Eric Hardouin : La 5G repose sur trois ruptures techno-
mise en sommeil des équipements radio de façon à amé-
logiques majeures : le massive MIMO/beamforming, les
liorer significativement l’efficacité énergétique. Les spécifica-
ondes centimétriques (cm)/millimétriques (mm) et la virr
tions dès la phase 1 permettront d’atteindre des débits de
tualisation des réseaux. De plus, la 5G intégrera nativement
l’ordre de 10 Gbit/s, mais il faudra attendre la disponibilité
et de manière optimisée des innovations incrémentales sur
de spectre dans les fréquences au-delà de 6 GHz pour pou-
les techniques normalisées initialement en 4G, comme la
voir en bénéficier en pratique. Le 3GPP a récemment (mars
coordination d’interférence (CoMP6), les récepteurs avancés
2017) décidé de livrer fin 2017 une version intermédiaire
assistés par le réseau (NAICS7, MUST8), ou encore les com-
des spécifications de la phase 1, qui permettra de premiers
munications entre terminaux (D2D).
déploiements dès 2019. Cette livraison initiale sera limitée au
Le MIMO/beamforming massif s’appuie sur des antennes
support des très hauts débits et de la faible latence, et à une
formées de plusieurs dizaines, voire centaines d’éléments
opération dite « non-standalone » où une porteuse NR sera
rayonnants. Il permet de servir les usagers par des faisceaux
nécessairement associée à une porteuse LTE qui fournira les
étroits, réduisant considérablement l’énergie rayonnée inu-
informations de contrôle essentielles.
tilement ainsi que les interférences. Par ailleurs, le multi-
Des réseaux conformes à la norme à partir de 2020
plexage simultané des utilisateurs sur les mêmes ressources radio mais dans des faisceaux différents augmentera significativement l’efficacité spectrale dans les zones denses.
Une seconde phase de spécifications 5G sera finalisée
L’application des antennes massives sera facilitée dans les
fin 2019, qui complètera la NR avec des fonctionnalités sup-
bandes cm/mm en raison de la faible taille des antennes à
plémentaires telles que l’utilisation des bandes sans licence,
ces fréquences. Leur application dans les bandes inférieures
les communications V2X 5, et l’intégration du backhaul avec
à 6 GHz demandera, en revanche, des innovations en design
l’accès radio. Cette seconde phase conduira à des implé-
d’antenne afin de pouvoir les déployer.
mentations déployables à l’horizon 2022. Des fonctionnalités IoT bas coût/bas débit en NR pourront également faire partie de la phase 2. Leur prise en compte au-delà de la phase 1 s’explique par la normalisation récente de solutions cellulaires dédiées telles que l’EC-GSM, le LTE-M et le NB5
Communication V2X : communication à partir d’un véhicule.
90 Z REE N°2/2017
6 Coordinated Multi-Point : ensemble de techniques permettant de coordonner l’émission et la réception d’un certain nombre de stations de base vers un même terminal. 7 Network Assisted Interference Cancellation and Suppression. 8 On peut se reporter au White paper NGMN 5G : https://www.ngmn. org/5g-white-paper.html
CHRONIQUE
Démagogie, populisme et culture scientifique…
C
’est l’actualité, qui avec les élections de ce printemps, inspire cette chronique à la tonalité inhabituelle. Il n’appartient pas au modeste chroniqueur de la REE de concurr rencer ses confrères de la grande presse : s’il emprunte des mots que les quotidiens utilisent à foison, souvent avec une connotation négative, c’est bien parce que souvent la culture scientifique emprunte à la politique ses – mauvaises – manières. Plutôt que de partir, comme à l’accoutumée, de titres et d’ouvrages inspirant des commentaires positifs, nous inclinons en ce printemps électoral à pointer la légèreté de ceux qui se laissent aller à la facilité éditoriale ou même, du haut d’une expertise souvent auto-proclamée, claironnent des découvertes essentielles pour l’avenir de l’Humanité. Combien de fois le cancer n’at-il pas été vaincu, la matière noire découverte, l’obésité maîtrisée et Dieu dévoilé ? On pourrait aussi évoquer quelques sujets associant étroitement politique et technique, tels que le renoncement (immédiat) au nucléaire, la domestication (avérée) des énergies marines ou le stockage (enfin facile et bon marché) de l’électricité, pour ne rien dire de ce qui touche les sciences du vivant. On attribue souvent à Richard Feynman, à qui personne ne contesterait ses talents de physicien, de pédagogue et de vulgarisateur, l’affirmation selon laquelle « Si quelqu’un vous dit qu’il a compris la mécanique quantique, c’est un menteur 1 ». Pourr tant depuis son décès en 1988, il semble facile de tout saisir dans ce domaine : la collection « 3 minutes pour comprendre » vous offre pour 18 F d’aborder les 50 plus grandes théories de la physique ; pour le même prix et la même durée, vous accéderez aux théories d’Einstein ou de Hawking (des auteurs réputés et qui font vendre !), mais aussi à l’économie, à la psychologie, à la météorologie ou à la philosophie. L’éditeur de ces ouvrages est Guy Trédaniel, (www.editions-tredaniel.com/), dont les grandes thématiques concernent, outre 1
On attribue également à Einstein une sentence analogue concernant le quantum de Planck.
la physique, l’ésotérisme et le paranormal, les religions et les spiritualités, la santé et le bien-être… Il publie essentiellement des auteurs anglo-saxons, mais donne également sa chance, dans cette nouvelle encyclopédie ‘’chronométrée’’, à des auteurs français : pour comprendre la grande théorie du big-bang, pouvons-nous avoir meilleurs guides que les frères Bogdanov. Ils vous apprendront que Platon, Saint Augustin font partie avec Newton des précurseurs ; avec eux vous approcherez du mur de Planck, vous le franchirez même et découvrirez ce qui se cache auLes ouvrages ou séries évoqués ci-contre ne méritent guère d’être mis en lumière, aux yeux du chroniqueur, lequel se sent incapable d’établir un ‘’Ig palmarès’’ des ouvrages de vulgarisation ou de culture scientifique qui, à l’image de l’Ig Nobel, récompenserait les contributions les meilleures en matière de démagogie et de populisme… Nos lecteurs savent bien que des éditeurs exigeants, dont nous recensons souvent les publications, méritent de leur part une confiance critique et lucide, exempte de cécité comme de penchant vers le sensationnel et l’irrationnel. delà ! On annonce également de Jean-Pierre Petit (www.jp-petit.org/) qui, après une très honorable carrière scientifique, se consacre à l’Ufologie, un titre promis au succès : OVNI : un livre révolutionnaire. Cette tendance au sensationnel en matière de marketing sur les ouvrages de culture scientifique se manifeste également dans des ‘’collections’’ hebdomadaires ou bimensuelles, proposées par de grands quotidiens, à un tarif symboliquement inférieur à 10 F. Le Figaro se spécialise dans les thématiques littéraires tandis que Le Monde se consacre aux sciences. Ainsi, après des séries sur Le monde est mathématique, puis sur Les grandes idées de la Science, sommes-nous maintenant invités à un Voyage dans le cosmos. La recette est au point, avec des ouvrages de belle facture, bien présentés et globalement introduits par
une prestigieuse et médiatique personnalité (respectivement Cédric Villani, Etienne Klein et Hubert Reeves). Mais derrière une façade séduisante, de sérieuses critiques sont possibles : outre le prix global (des centaines d’euros, pour des dizaines de volumes), on déplorera une médiocre adéquation au public français ; ces traductions de l’espagnol présentent des défaillances évidentes quant à leur adaptation au public visé et un manque de synthèse, générateur de redites excessives. Plus critiquables et évidemment condamnables sont les titres innombrables qui se présentent comme scientifiques et basés sur les faits établis : le plus souvent écrits par des auteurs se prévalant de leurs titres ou fonctions universitaires, ils cèdent aux facilités du siècle et flattent les attentes de larges publics. Dans ces catégories, la palme revient aux docteurs en médecine qui jouent sur des attentes angoissées et promettent la guérison de toutes les maladies non maîtrisées : avec le cancer, Alzheimer ou des maladies neurodégénératives, il paraît même opportun (ou vendeur ?) d’affirmer, résultats d’outre-Atlantique à l’appui, les vertus des médecines alternatives… Mais le domaine de la santé n’est pas isolé : le monde quantique et le cosmos, comme les ondes mystérieuses et/ ou malfaisantes, restent des valeurs sûres, sans parler des technologies garantissant le succès du mix énergétique censé nous sauver des périls nucléaires ! Einstein reste une valeur exceptionnelle, qu’on veuille le vulgariser ou, un siècle après ses travaux, évoquer les théories qui dépassent et surr passent la relativité générale : il n’est alors guère facile de distinguer entre le scientifique réputé et le charlatan avéré ! Notre revue, en ses multiples rubriques, s’efforce de ne pas céder à ces sirènes contemporaines : celles-ci, en matière de culture scientifique comme de sciences politiques, flattent plus qu’elles ne stimulent la légitime curiosité des lecteurs et leur appétence pour une information solide, experte et débarrassée de toute flatterie démagogique. Q B. Ay A .
REE N°2/2017 Z 95
PROPOS
LIBRES
Technologies numĂŠriques : un enjeu technologique, ĂŠconomique et sociĂŠtal majeur Christian Saguez
N
on ne peut que constater la place prĂŠpondĂŠrante, pour ne pas dire exclusive des sociĂŠtĂŠs amĂŠricaines et no-
os sociĂŠtĂŠs et nos modes de vie connaissent
tamment une forme de quasi-monopole des GAFA qui
des ĂŠvolutions dont lâ&#x20AC;&#x2122;importance et la rapi-
ainsi imposent des standards de fait. Il convient donc
ditĂŠ sont largement dues aux ruptures ap-
de lancer au niveau national un grand plan HPDA (High
portĂŠes par les technologies numĂŠriques.
Performance Data Analytics) pour assurer la maĂŽtrise
Trois facteurs expliquent cette situation : la numĂŠrisation
de ces technologies.
de lâ&#x20AC;&#x2122;ensemble des informations, le dĂŠveloppement très
s ,A DISPONIBILITĂ? D UNE PUISSANCE DE CALCUL DE PLUS EN
rapide des capacitĂŠs de calcul, de stockage et de dif-
plus importante Ă tous les niveaux depuis la tablette
fusion, la mise au point de mĂŠthodes et dâ&#x20AC;&#x2122;algorithmes
dont chacun dispose jusquâ&#x20AC;&#x2122;aux très grands calculateurs.
de traitement très puissants. Avec ces aspects technolo-
Pour ces derniers les puissances sont aujourdâ&#x20AC;&#x2122;hui de
giques, de nouveaux modèles Êconomiques sont appa-
plusieurs pĂŠtaďŹ&#x201A;ops (millions de milliards dâ&#x20AC;&#x2122;opĂŠrations
rus, accĂŠlĂŠrant encore ces changements.
ďŹ&#x201A;ottantes par seconde) et devraient atteindre lâ&#x20AC;&#x2122;exaďŹ&#x201A;op
Ainsi les technologies numĂŠriques sont-elles deve-
(1 milliard de milliards dâ&#x20AC;&#x2122;opĂŠrations par seconde) dans
nues un des vecteurs essentiels de changement et de
QUELQUES ANNĂ?ES ,A GĂ?NĂ?RALISATION DU PARALLĂ?LISME
dĂŠveloppement de notre sociĂŠtĂŠ. Elles transforment
pour toutes ces architectures nĂŠcessite le dĂŠveloppe-
fondamentalement celle-ci, tant au niveau des entre-
ment de nouveaux environnements logiciels adaptĂŠs.
prises et des modes de travail, que dans notre vie quo-
De plus la mise en Ĺ&#x201C;uvre de ces calculateurs pose des
tidienne et sont un enjeu majeur de souverainetĂŠ et de
problĂŠmatiques majeures en terme ĂŠnergĂŠtique. Par
dĂŠveloppement ĂŠconomique.
ailleurs les capacitĂŠs de stockage connaissent une ĂŠvo-
Dans cet article, après avoir rapidement rappelÊ
lution identique ainsi que les capacitĂŠs de transmission
quelques grandes ĂŠvolutions technologiques, nous prĂŠ-
des donnĂŠes. Ces puissances considĂŠrables sont lar-
sentons successivement leurs impacts sur les grands
GEMENT ACCESSIBLES GRĂ&#x160;CE AUX TECHNOLOGIES #LOUD ,A
secteurs ĂŠconomiques et sur la vie de chacun.
France a maintenant une position de leader dans ce secteur. Il convient de maintenir, pour ne pas dire dâ&#x20AC;&#x2122;ac-
Les grandes ĂŠvolutions technologiques Quatre facteurs essentiels sont Ă lâ&#x20AC;&#x2122;origine des grandes ĂŠvolutions liĂŠes aux technologies numĂŠriques :
cÊlÊrer, les efforts aux niveaux national et europÊen pour garantir cette situation très favorable à notre pays. s ,ES ALGORITHMES MATH�MATIQUES ET LES OUTILS LOGICIELS
s ,A DISPONIBILITĂ? SOUS FORME NUMĂ?RIQUE D UNE MASSE
permettent maintenant de traiter des problèmes
considĂŠrable dâ&#x20AC;&#x2122;informations de tout type (person-
de très grande taille, simulations muti-physiques ou
nelles, professionnelles, publiquesâ&#x20AC;Ś) a conduit aux
TECHNIQUES D APPRENTISSAGE PAR LES DONNĂ?ES , ALGO-
NOTIONS IMPORTANTES DE "IG $ATA ET D /PEN $ATA ,ES
rithmique parallèle, qui doit permettre une utilisation
donnĂŠes sont devenues la matière première de lâ&#x20AC;&#x2DC;ĂŠco-
optimale des capacitĂŠs de traitement disponibles,
nomie. En consĂŠquence la maĂŽtrise des donnĂŠes a un
connait une grande ĂŠvolution, bien que des challenges
rĂ´le doublement stratĂŠgique : leur possession (au sens
essentiels soient encore Ă rĂŠsoudre. Parmi les ĂŠvo-
juridique ou rĂŠglementaire du terme) est essentielle
lutions fortes, il convient de citer dâ&#x20AC;&#x2122;une part les mĂŠ-
Ă une ĂŠconomie de la connaissance et maĂŽtriser leur
thodes dâ&#x20AC;&#x2122;optimisation et dâ&#x20AC;&#x2122;aide Ă la dĂŠcision dans des
manipulation Ă lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠchelle qui nous guette (Ă savoir Ă
environnements probabilistes et dâ&#x20AC;&#x2122;autre part les outils
lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠchelle de lâ&#x20AC;&#x2122;exaoctet, 1018 octets, Ă très court terme, et
dâ&#x20AC;&#x2122;apprentissage et de modĂŠlisation par les donnĂŠes,
dâ&#x20AC;&#x2122;un ou deux ordres de grandeurs supplĂŠmentaires Ă
NOTAMMENT AVEC LES RĂ?SEAUX NEURONAUX ,A MAĂ&#x201D;TRISE
moyen ou long terme) est critique. Or dans ce secteur
de ces outils et la disposition dâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠditeurs de logiciels de
98 Z REE N°2/2017
PROPOS
LIBRES
taille mondiale assurant leur conception et leur diffusion est un enjeu essentiel.
Les grands secteurs traditionnels ,ES TECHNOLOGIES NUMĂ?RIQUES SE SONT TOUT D ABORD
s! ! CĂ&#x2122;TĂ? DE CES NOUVELLES TECHNOLOGIES MATĂ?RIELLES ET LOGIs CĂ&#x2122;TĂ? DE CES NOUVELLES TECHNOLOGIES MATĂ?RIELLES ET LOGI-
dĂŠveloppĂŠes dans les grands secteurs manufacturiers,
cielles, des changements majeurs sont intervenus dans
tels que lâ&#x20AC;&#x2122;aĂŠronautique, les transports ou lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠnergie. Ceci
LES MODĂ&#x2019;LES Ă?CONOMIQUES ,ES MODĂ&#x2019;LES OPEN SOURCE
a permis lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠmergence de grands codes de calcul en
tant pour les logiciels que pour les donnĂŠes se dĂŠve-
structure, thermique, mĂŠcanique des ďŹ&#x201A;uides ou ĂŠlec-
loppent rapidement et sont de plus en plus retenus dans
tromagnÊtisme. Maintenant, grâce aux progrès algo-
lâ&#x20AC;&#x2122;industrie. Il faut bien comprendre que la vraie valeur
rithmiques et Ă lâ&#x20AC;&#x2122;accroissement des capacitĂŠs de calcul,
des donnĂŠes provient de lâ&#x20AC;&#x2122;exploitation et du traitement
les problÊmatiques des systèmes multi-physiques sont
QUE L ON EN FAIT ,ES MODĂ&#x2019;LES Ă?CONOMIQUES DE TYPE
abordĂŠes ainsi que les mĂŠthodes dâ&#x20AC;&#x2122;optimisation sys-
Software as a Service (SaaS), qui reposent sur un paie-
tème. Ceci a permis de passer dâ&#x20AC;&#x2122;une simple utilisation
ment Ă lâ&#x20AC;&#x2122;usage en sâ&#x20AC;&#x2122;appuyant sur les technologies Cloud
pour valider des expĂŠriences Ă un usage fondamental
et les plateformes de service, permettent un accès de
pour la conception de nouveaux produits ou services
plus en plus aisĂŠ Ă tout type dâ&#x20AC;&#x2122;entreprise en limitant les
et Ă un rĂ´le central dans tout le cycle de vie des pro-
investissements. Ceci doit assurer une diffusion beau-
DUITS ,ES EXEMPLES SONT NOMBREUX DE LA CONCEPTION
coup plus large dans tous les secteurs ĂŠconomiques au
dâ&#x20AC;&#x2122;un avion ou dâ&#x20AC;&#x2122;un nouveau vĂŠhicule automobile jusquâ&#x20AC;&#x2122;Ă
niveau des PME et ETI. Nous devons favoriser la mise en
des systèmes plus complexes tel un navire de croisière.
place de telles plateformes.
Dans tous les cas, ces travaux permettent une amĂŠliora-
ES INITIATIVES IMPORTANTES ONT Ă?TĂ? MISES EN PLACE TANT ss $ $ES INITIATIVES IMPORTANTES ONT Ă?TĂ? MISES EN PLACE TANT
tion très signiďŹ cative en termes de temps de conception
au niveau national (Plan ÂŤ supercalculateur Âť, Techno-
et de performance et garantissent un meilleur suivi du
pole Teratec, Initiative SIMSEO pour les PMEâ&#x20AC;Ś) quâ&#x20AC;&#x2122;eu-
produit de la fabrication Ă la ďŹ n de vie, apportant un gain
ropĂŠen (ETP4HPC, projets H2020â&#x20AC;Ś) autour de ces
DE PRODUCTIVITĂ? INDISPENSABLE ,EUR USAGE EST DEVENU
TECHNOLOGIES ET DE LEUR USAGE ,A &RANCE A LA CHANCE TECHNOLOGIES ET DE LEUR USAGE ,A &RANCE A LA CHANCE
incontestable. Un autre apport très pertinent concerne
dâ&#x20AC;&#x2122;avoir une position de leader au niveau europĂŠen en
les outils de suivi et dâ&#x20AC;&#x2122;aide Ă la maintenance prĂŠdictive,
disposant de compĂŠtences acadĂŠmiques et indus-
par exemple pour les rĂŠacteurs dâ&#x20AC;&#x2122;avion. Face Ă la compĂŠ-
trielles de tout premier plan tout au long de la chaine
tition mondiale, ces technologies sont devenues un outil
de valeur. Cependant face aux Êvolutions très rapides,
obligatoire pour tous les acteurs ĂŠconomiques.
cette position reste fragile. Ces initiatives doivent donc ĂŞtre poursuivies, voire ampliďŹ ĂŠes pour maintenir notre positionnement actuel. En dehors des compĂŠtences proprement dites, la continuitĂŠ des actions est en effet
Les nouveaux secteurs â&#x20AC;&#x201C; Lâ&#x20AC;&#x2122;exemple de lâ&#x20AC;&#x2122;agriculture ,ES PROGRĂ&#x2019;S IMPORTANTS EN TERME DE MODĂ?LISATION MODĂ?LISATION
une condition absolue de succès. Par ailleurs soyons
mathĂŠmatique et de traitement des donnĂŠes ont perr
extrĂŞmement vigilants Ă ce que nos pĂŠpites technolo-
mis Ă ces outils de se diffuser dans tous les secteurs de
giques aient accès aux moyens ďŹ nanciers nĂŠcessaires
lâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠconomie. Dans de nombreux secteurs, ces technolo-
Ă leur croissance pour atteindre les marchĂŠs mon-
gies jouent maintenant un rĂ´le central. Parmi ceux-ci on
r diaux et ne soient pas trop systĂŠmatiquement absor-
peut citer : la santĂŠ avec notamment les aspects gĂŠno-
bĂŠes par des groupes internationaux.
mique et mĂŠdecine personnalisĂŠe, le secteur du commerce avec tous les outils de suivi clients ou de tariďŹ ca-
Des impacts dans tous les secteurs ĂŠconomiques
tion dynamique, les activitÊs autour de la ville durable et de la gestion intelligente des systèmes urbains (Ênergie,
,A CRĂ?ATION LA MAĂ&#x201D;TRISE ET L EXPLOITATION DES INFORMA-
transport, environnementâ&#x20AC;Ś), le secteur des loisirs et du
tions et des technologies numĂŠriques sont pour les ĂŠtats
multimĂŠdia avec tous les dĂŠveloppements autour des vi-
et collectivitĂŠs, les administrations et les sociĂŠtĂŠs indus-
dĂŠos et images. Il faut aussi insister sur leur rĂ´le devenu
trielles et de service un enjeu stratĂŠgique sociĂŠtal, cultu-
prĂŠpondĂŠrant dans tous les services de lâ&#x20AC;&#x2122;administration
rel, ĂŠconomique et technologique considĂŠrable.
et de plus en plus au domicile de chacun.
,ES IMPACTS COUVRENT TOUS LES SECTEURS Ă?CONOmiques :
A titre illustratif, les secteurs de lâ&#x20AC;&#x2122;agriculture et de lâ&#x20AC;&#x2122;agroalimentaire vont connaitre une vĂŠritable rĂŠvolution
REE N°2/2017 Z 99
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ETTCâ&#x20AC;&#x2122;2017
CONFERENCE EUROPEENNE URE DES ESSAIS ET TELEMESURE ETRY EUROPEAN TEST & TELEMETRY CONFERENCE June 13-15, 5,, 2017 Toulouse - Franc France
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