Aperçu du numéro 2016-3 de la REE (juillet 2016)

Page 1

2016

EDITORIAL La gestion des déchets radioactifs : une responsabilité collective Christophe Bouillon

Numéro

3

ÉNERGIE

ENTRETIEN AVEC Brice Lalonde Ancien ministre

TELECOMMUNICATIONS

SIGNAL

COMPOSANTS

AUTOMATIQUE

INFORMATIQUE

Cette aperçu gratuit permet aux lecteurs ou aux futurs lecteurs de la REE de découvrir le sommaire et les principaux articles du numéro 2016-3 de la revue, publié en juillet 2016. Pour acheter le numéro ou s'abonner, se rendre à la dernière page.

DOSSIER

ISSN 1265-6534

L'ARTICLE INVITÉ

Le paiement mobile Par Patrice Collet www.see.asso.fr


EDITORIAL

CHRISTOPHE BOUILLON

La gestion des déchets radioactifs : une responsabilité collective

L

’utilisation de la radioactivité, au travers de nombreuses applications électronucléaires, industrielles, médicales ou scientifiques, est à l’origine chaque année de la production de déchets radioactifs. La question n’est pas de savoir si ces usages sont bons ou non : les déchets sont là, et certains resteront dangereux pendant de très longues périodes de temps. Il est du devoir de notre génération, qui bénéficie aujourd’hui des usages de la radioactivité, de proposer et de mettre en œuvre une solution sûre et pérenne pour ne pas transmettre à nos enfants et petits-enfants la charge des déchets que nous produisons. A cette fin, l’Etat français s’est doté d’un dispositif spécifique et robuste pour encadrer l’ensemble des activités liées à cette gestion avec la création d’une entité indépendante des producteurs de déchets, l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs), et la mise en place d’outils de gouvernance solides tel que le Plan national de gestion des matières et des déchets radioactifs, établi tous les trois ans par le ministère en charge de l’écologie et l’Autorité de sûreté nucléaire. Ce dispositif s’appuie également sur des rendez-vous réguliers avec les citoyens et la représentation nationale : deux lois, en 1991 et en 2006, qui ont chacune fait l’objet d’un large consensus, et deux débats publics, en 2005 et en 2013. Rares sont les activités qui font l’objet d’un engagement démocratique aussi important. Grâce à cela, notre pays fait figure de moteur et de mo-

dèle dans le monde, à l’image de la directive européenne du 19 juillet 2011 qui établit un cadre communautaire directement inspiré du modèle français pour la gestion responsable et sûre du combustible usé et des déchets radioactifs, ou encore de l’Afrique du Sud ou de la Corée du Sud qui ont sollicité l’Andra pour les aider à se doter d’un dispositif proche du modèle français. Ce cadrage législatif est aussi le signe que la gestion des déchets radioactifs n’est pas qu’une question technique ou scientifique. C’est une question qui transcende les générations et qui donne aux générations actuelles une importante responsabilité vis-à-vis des territoires qui accueillent, ou qui vont accueillir, les centres de stockage, et vis-à-vis des générations futures. Cette responsabilité se traduit par un nécessaire devoir d’excellence de tous les acteurs de la filière de déchets radioactifs, du producteur au stockeur, en passant par les opérateurs de traitement, et un devoir de transparence, d’ouverture et de dialogue au quotidien.

Christophe Bouillon est vice-président de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée nationale. Il est député de la 5e circonscription de Seine Maritime depuis 2007. Il a été élu président du Conseil d’administration de l’Andra à la fin de l’année 2015. Il a été l’auteur, avec le député Julien Aubert, d’un rapport sur la gestion des déchets et matières radioactifs en 2013.

REE N°3/2016 Z 1


sommaire Numéro 3

1

EDITORIAL La gestion des déchets radioactifs : une responsabilité collective Par Christophe Bouillon

2

SOMMAIRE

4

FLASH INFOS

6 7 10

p. 1

10 12 14

Hyperloop sera-t-il le TGV du futur? Bus 100% électriques : Paris et Marseille au coude à coude Le solaire poursuit sa course au gigantisme Les émissions de CO² de l’Union européenne n’ont pas décru en 2015 Mini-oscillations de l’axe de la Terre et changement climatique Des sylphes et des farfadets dans l’espace Détecter un photon sans le détruire

19 ACTUALITÉS 22 p. 42

24

Entretien avec Klaus Froehlich, Président du CIGRE L’étude « Technologies clés 2020, préparer l’Industrie du futur » est parue Internet des objets : l’ARCEP et l’ANFR mettent à la consultation l’utilisation de nouvelles bandes de fréquence autour de 900 MHz

26 A RETENIR Congrès et manifestations

28 VIENT DE PARAÎTRE La REE vous recommande p. 31

p. 82

31 ARTICLE INVITÉ Le paiement mobile Par Patrice Collet

42 LE GRAND DOSSSIER Le stockage des déchets radioactifs Introduction Par Pierre-Marie Abadie p. 97

Photo de couverture : Andra

2 Z REE N°3/2016

45

Problématique générale de la gestion des déchets radioactifs Par Michèle Tallec


PropElec'16 Le grand rendez-vous de la "Propulsion Electrique" 53

Les centres de stockage de l’Andra en exploitation en France. Le centre de stockage de l’Aube (CSA) et le centre industriel de regroupement, entreposage et de stockage (Cires) Par Frédéric Legée

62

Le projet Cigéo. Centre industriel de stockage de déchets radioactifs en formation géologique profonde Par Jean-Marie Krieguer

72

De la R&D à l’innovation à l’Andra Par Frédéric Plas

82 GROS PLAN SUR … Interconnecter Europe et Afrique ? Les études de Medgrid Par Jean Kowal

87 RETOUR SUR ... L’imagerie médicale du 20e siècle

23 & 24 novembre Ecole ECAM-EPMI Cergy-Pontoise

Par Jean-Louis Coatrieux, Patrick Bourguet, Jacques de Certaines, Serge Mordon, Léandre Pourcelot

97 ENTRETIEN AVEC...

Organisée par :

Du global au local : après la COP21, le temps est venu d’agir Par Brice Lalonde

101 ENSEIGNEMENT & RECHERCHE La Conférence des grandes écoles (CGE) & l’avenir de l’enseignement supérieur en France Par Francis Jouanjean

Echos de l’enseignement supérieur Par Alain Brenac

109 LIBRES PROPOS Comptes 2015 : le secteur électrique européen est en danger

Contacts :

Par Philippe Vesseron

115 SEE EN DIRECT La vie de l'association

ECAM-EPMI a.jaafari@ecam-epmi.fr SEE congres@see.asso.fr

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FLASHINFOS

Ce concept reposait sur une propulsion de capsules au

Hyperloop sera-t-il le TGV du futur ?

moyen d’un champ magnétique généré par une version

En 2012, le milliardaire américain Elon Musk, par ail-

du moteur électrique utilisé sur la voiture Tesla S et ali-

leurs patron de Tesla Motors et de Space X et personna-

menté par l’énergie solaire. Les promoteurs du projet

lité marquante de la Silicon Valley, faisait sensation en

assuraient que la sensation à bord serait « proche de

proposant un nouveau concept révolutionnaire de train

l’avion ». Afin de vaincre l’impression d’isolement du

subsonique à très grande vitesse (près de 1 000 km/h),

voyageur, il serait aisé de prévoir un défilement artifi-

basé sur la propagation de capsules dans un tube à basse

ciel de paysages sur des fenêtres virtuelles sur les côtés

pression reposant sur des coussins d’air pressurisés et

d’une capsule pouvant contenir de 10 à 20 voyageurs.

cela sur des distances pouvant atteindre plusieurs cen-

L’argumentation commerciale mettait en avant, outre un

taines de kilomètres ! Toutefois accaparé par d’autres pro-

gain de temps et de fatigue par rapport aux moyens de

jets tout aussi futuristes, celui-ci déclarait peu après qu’il

transport traditionnels y compris l’avion, un modèle éco-

ne comptait pas exploiter lui-même cette idée mais qu’il

nomique particulièrement favorable du fait de la faible

encourageait toute compagnie existante intéressée ou

énergie nécessaire à la propulsion des capsules. Le tout

startup créée à cet effet à se lancer dans cette aventure

étant agrémenté de vues d’artistes plus ou moins futu-

un peu folle et pour le moins risquée.

ristes (figure 1). Certaines d’entre elles ne sont d’ailleurs

A cet effet, il rendit public les détails de son projet

pas sans rappeler l’expérience avortée de l’aérotrain sur

dans un document baptisé Hyperloop Alpha, issu des

coussin d’air développé par la compagnie Bertin dans

travaux préliminaires des équipes de Tesla et Space X.

les années 70.

(a)

(b) Figure 1: Vues d’artiste : (a) d’un train Hyperloop et (b, c) de capsules Hyperloop. Sources : (a) Shutterstock - (b) Hyperloop Alpha – (c) Hyperloop One.

4 Z REE N°3/2016

(c)


FLASHINFOS

A la suite de cette annonce qui donna lieu à des manchettes de journaux enthousiastes telles que: « Un aller Los Angeles-San Francisco pour 20 USD », « ParisNice en 45 minutes » ou encore « Un départ toutes les 10 secondes », la réalité est pour l’instant moins glorieuse. Deux sociétés se sont créées en 2013, à savoir : Hyperloop

Transportation

Technologies

(HTT),

la

seconde, Hyperloop Technologies, devenue ensuite Hyperloop One, pour se démarquer du nom trop simiFigure 3: Hyperloop One procède à la mise en place des tuyaux pour son train supersonique.

laire de son concurrent, qui a fait appel au savoir-faire initial développé par Tesla et Space X. Dans un premier temps, HTT semble avoir marqué un

Son concurrent, Hyperloop one annonçait de son côté

point important, non pas technique mais administratif, en

fin 2015 avoir acheté 20 hectares de terrain du côté de

obtenant en 2013 les autorisations des pouvoirs publics

Las Vegas pour construire son propre prototype, visant

californiens nécessaires à la construction d’un segment

à terme la liaison avec Los Angeles, distant de 300 km.

de test de huit kilomètres à partir de la (future) ville nou-

Contrairement à HTT qui a adopté la propulsion magné-

velle de Quay Valley, à mi-chemin entre Los Angeles et

tique, cette compagnie est restée fidèle au concept ori-

San Francisco (figure 2). Afin de financer ce projet qui

ginal d’Elon Musk, c’est-à-dire des rames transportées

emploie désormais 200 personnes, HTT a réalisé une

à très grande vitesse dans de longs tuyaux suspendus

levée de fonds de 20 millions de dollars au début 2016

(figure 3), grâce à de l’air comprimé obtenu par un com-

auquel ont répondu des poids lourds de la finance mais

presseur électrique placé à l’avant de la capsule pompant

aussi des transporteurs comme la SNCF ou Deutsche

l’air vers le dos de l’appareil et plaçant ainsi la capsule sur

Bahn. Un deuxième appel sera ouvert en fin d’année

un coussin d’air porteur.

2016 pour atteindre les 100 millions USD jugés suffisants

Le 11 mai dernier, Hyperloop One a procédé à un es-

pour un test en vraie grandeur d’Hyperloop. En parallèle

sai en grandeur nature du moteur linéaire qui propulsera

la startup a annoncé avoir acquis la licence Inductrack,

à l’avenir le train-capsule dans des tubes basse pression1.

une technologie basée sur la lévitation magnétique pas-

Le mobile, non encore pourvu de sa cabine de passagers,

sive. Ce système fonctionne grâce à des aimants intégrés

a atteint les 160 km/h sur des rails à l’air libre sur une

aux capsules et à une structure métallique. HTT estime à

distance de quelques mètres et s’est arrêté dans un tour-

une dizaine d’années le temps nécessaire pour commen-

billon de sable ralentisseur très spectaculaire… Cet essai très médiatisé a relancé l’intérêt des trans-

cer à commercialiser ce type de transport.

porteurs pour cette idée, au départ quelque peu ébouriffante, d’un train TTGV (à très-très grande vitesse) et d’autres régions du monde commencent à s’intéresser au concept (Moyen-Orient, Russie, Europe de l’Est et Asie centrale). C’est ainsi qu’en Europe, la Slovaquie a convenu d'un accord avec HTT pour développer une ligne reliant Bratislava à Vienne et Budapest d’ici 2020. Par ailleurs Systra, filiale conjointe de la SNCF et de la RATP, a signé récemment avec Hyperloop One un contrat de partenariat technique visant à effectuer des études de sûreté, une étape évidemment essentielle pour un procédé aussi révolutionnaire, puis des études de faisabilité concernant des projets un peu partout dans le monde. Figure 2 : Tracé proposé par Elon Musk pour relier Los Angeles à San Francisco par Hyperloop le long de l’autoroute A 15 et positionnement du segment test de HTT à Quay Valley. Source Hyperloop Alpha.

1

La vidéo de cet essai est consultable sur le lien : https://youtu.be/1e-Po9C8Kj8

REE N°3/2016 Z 5


FLASHINFOS

Nul ne peut dire à ce stade si la faisabilité d’un tel moyen de transport et la crédibilité de son modèle économique seront un jour démontrées mais il apparaît aujourd’hui que les deux projets en concurrence sont maintenant entrés dans une phase active et que les futures étapes de leur avancement respectif seront passionnantes à suivre. ■

AB

Bus 100 % électriques : Paris et Marseille au coude à coude

Figure 2 : Le Bluebus de la ligne 341 – Crédit photo : P. Anziani.

Le 30 mai 2016, a été inauguré à Paris le premier bus 100 % électrique de grande capacité, sur la ligne

cule sans qu’il soit nécessaire de recharger les batteriess

341 reliant la Porte de Clignancourt à la place Charles

pendant la journée. La technique du « biberonnage »,

de Gaulle. Il s’agit d’un bus de grande capacité (12 m de

pratiquée à Nice notamment, consistant à profiter dess

longueur, pouvant accueillir jusqu’à 101 passagers), ce

arrêts pour injecter pendant une dizaine de secondess

qui le distingue des minibus déjà opérationnels à Paris

de l’énergie électrique, a été écartée après concerta--

et dans d’autres villes, dont la longueur varie entre 6 et

tion avec Enerdis (ex ERDF) afin de ne pas solliciter le e

10 m. La ligne 341 sera exploitée avec 23 bus identiques

réseau électrique pendant les périodes de pointe. Laa

et deviendra ainsi la première ligne tout électrique à Paris

recharge se fait donc pendant la nuit, au terminus. Laa

équipée de bus de capacité standard.

RATP n’exclut toutefois pas de mettre en place des sys--

Cette opération s’inscrit dans le cadre du plan bus 2025 de la RATP qui vise à doter le réseau bus de la RATP en Ile de France de 3 600 bus électriques qui représenteront 80 % de sa flotte en 2025 (figure 1).

tèmes de chargement rapide ponctuel aux terminus de e certaines lignes. Les accumulateurs LMP se présentent sous forme de e films minces enroulés, d’une centaine de μm d’épaisseurr,,

Le bus retenu pour l’opération pilote de la ligne 341

composés de cinq couches :

est le Bluebus (figure 2) développé par Bolloré autour

s )SOLANT

de ses batteries LMP (lithium métal polymère) qui

s !NODE FEUILLARD DE LITHIUM

équipent notamment les Bluecars du service Autolib à

s ¡LECTROLYTE COMPOSÏ DE POLYOXYÏTHYLÒNE 0/% ET DE E E

Paris. Chaque bus est équipé de huit batteries de 300 kg permettant de stocker 240 kWh. Cette capacité est suffisante pour assurer une autonomie totale au véhi-

sels de lithium s #ATHODE COMPOSÏE D OXYDE DE VANADIUM DE CARBONE E et de polymère

Figure 1 : Le plan bus 2025 de la RATP.

6 Z REE N°3/2016


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ACTUALITÉS

46ème session du CIGRE, du 21 au 26 août 2016 à Paris

Entretien avec Klaus Froehlich - Président du CIGRE la dernière session, en 2014, à battre à nouveau le record du Fondé en 1921, Le CIGRE (Conseil interna-

nombre de participants (Tableau 1).

tional des grands réseaux électriques) est une association internationale, à but non lucratif,

REE : et pour 2016 ?

dont la vocation est de favoriser la collaboration

K. F. : Il faut attendre la séance d’ouverture ; mais cela ne

entre experts internationaux pour améliorer les

devrait pas être moins qu’en 2014. Comme toujours, notre

réseaux électriques existants et construire ceux

congrès va réunir toutes les parties prenantes des réseaux

e

de demain. A l’occasion de sa 46 session, la REE

électriques : les opérateurs, les fabricants d’équipements, le

a rencontré son Président, le Professeur Klaus

monde académique, les instituts de recherche.

Froehlich.

Un point important sur lequel je veux insister. Comme d’habitude, le CIGRE se déroule à Paris et, dans le contexte sécuritaire actuel, nous sommes amenés à prendre le

REE : Merci, M. le Président, de nous accorder cet entretien

maximum de précautions, en étroite relation avec le Pa-

e

à quelques semaines de la 46 session du CIGRE, qui se tien-

lais des congrès et avec les autorités françaises. Cela peut

dra à Paris du 21 au 26 août 2016.

présenter quelques inconvénients pour les congressistes,

1921-2016 : le CIGRE aura bientôt un siècle, ce qui en fait

notamment en termes de files d’attente ; mais la sécurité

sans doute l’une des plus anciennes conférences techniques

doit primer. Et nous nous réjouissons du fait que cette si-

e

existant dans le monde. Avant de parler de cette 46 session,

tuation n’ait dissuadé aucun de nos partenaires habituels

pouvez-vous nous dire quel regard vous portez sur l’évolu-

de venir à Paris.

tion du CIGRE au long de ces années ? Klaus Froehlich : Nous sommes en effet l’une des plus

REE : Est-ce que tous les pays du monde sont représen-

anciennes conférences dans notre domaine, devancés seu-

tés au CIGRE ?

lement par la Commission électrotechnique internationale

K. F. : Presque tous, avec toutefois une exception impor-

(IEC). Nous sommes particulièrement fiers de l’évolution

tante : l’Afrique subsaharienne. Nous devons encore nous

du CIGRE au long de ces décennies. Nous avons survécu

y développer, ce qui passera par la création de comités

à la seconde guerre mondiale. Au lendemain de ce conflit,

nationaux dans les pays concernés. L’Afrique du Sud est le

nous avons repris notre expansion, en accueillant notam-

seul pays de la région à disposer d’un comité national. Or je

ment le Japon, ainsi que l’Amérique du Sud. Notre histoire

suis convaincu que ces pays ont à apprendre de notre expé-

est une success story, qui nous a d’ailleurs conduits, lors de

rience et nous souhaitons les en faire profiter. Cela concerne

Tableau 1 : Evolution du nombre de participants aux conférences CIGRE.

REE N°3/2016 Z 19


ACTUALITÉS

notamment les nouvelles technologies de pointe, les grands

institutions plus spĂŠciďŹ quement dĂŠdiĂŠes Ă ce secteur, mais

projets d’interconnexion, l’ÊlectriďŹ cation rurale, etc.

simplement de prendre en compte la rĂŠalitĂŠ d’un système ĂŠlectrique dans lequel les gestionnaires des rĂŠseaux de trans-

REE : Y aura-t-il, cette annĂŠe encore, une exposition ?

port (TSO) et de distribution (DSO) interagissent de plus en

K. F. : Notre exposition est toujours un grand succès et

plus ĂŠtroitement. En Europe, par exemple en Allemagne, en

toujours en croissance. En fait, nous ne sommes limitĂŠs que

Italie ou en Espagne, on voit des consommateurs actifs (pro-

par la dimension du Palais des congrès de la Porte Mail-

sumers) s jouer un rôle croissant dans le système. Il est bien de

lot. C’est une partie importante du congrès, mais l’essentiel

la responsabilitĂŠ du CIGRE de couvrir l’ensemble du système.

reste, bien entendu, les ĂŠchanges qui ont lieu dans les diverses sessions.

REE : Et parmi les questions plus classiques ? K. F. : Parmi les sujets devenus maintenant plus classiques,

REE : Pour cette confÊrence, combien d’articles avez-

le boom des systèmes à courant continu (HVDC) reste en

vous reçus ?

tête de la liste. La rapiditÊ de leur dÊveloppement est très

K. F. : Le nombre est toujours en croissance : 550 contribu-

impressionnante. Et il est loin d’être terminÊ, notamment

tions ont ĂŠtĂŠ acceptĂŠes, ce qui est supĂŠrieur aux sessions

pour des liaisons point-Ă -point. Toutefois, si vous me deman-

prĂŠcĂŠdentes, mais ne reprĂŠsente que 85 % des propositions

diez si je crois qu’ils menacent, à terme, la prÊpondÊrance

reçues.

du courant alternatif, je vous rĂŠpondrais que non ; en effet, mĂŞme si les liaisons Ă courant continu prĂŠsentent de nom-

dĂŠrou-REE : Y aura-t-il des innovations notables dans le dĂŠrou

breux avantages, sur lesquels travaillent nos comitÊs d’Êtude,

lement de la confĂŠrence ?

je pense qu’ils resteront longtemps des ÂŤ sous-systèmes Âť au

K. F. : A chaque session ses innovations ! La confĂŠrence

sein d’un système Ă courant alternatif. Mais ce n’est peut-ĂŞtre

sera cette annÊe davantage interactive, grâce à un sys-

qu’une conviction personnelle. A plus long terme, on peut

tème qui permettra aux participants de suivre sur leur

bien sĂťr imaginer une sorte de “super-gridâ€? reliant plusieurs

smartphone, en temps rĂŠel, ce qui se passe dans les dif-

rĂŠseaux Ă courant alternatif et, pour des raisons technico-ĂŠco-

fÊrentes salles, et ainsi de se rendre dans le lieu d’intÊrêt

nomiques dans le cas de grandes distances Ă parcourir, ce

majeur pour eux.

super-grid serait à courant continu. Mais, pour l’heure, il n’y

Nous aurons des sessions de posters couvrant 100 % des

a pas de projets concrets en ce sens : nos groupes de travail

articles et la possibilitÊ d’utiliser les smartphones ou les ta-

s’intÊressent aux concepts qu’il faudrait dÊvelopper pour en

blettes pour envoyer, en temps rĂŠel, des messages au modĂŠ-

permettre l’Êmergence et aux multiples problèmes qu’il fau-

rateur de la session et pour “likerâ€? les questions posĂŠes par

drait rÊsoudre, par exemple celui de l’interopÊrabilitÊ d’Êqui-

d’autres participants.

pements d’origine diverse.

REE : Venons-en donc maintenant aux principaux

REE : !UTRE SUJET i CLASSIQUE w LES RISQUES DE BLACK OUT : : !UTRE SUJET i CLASSIQUE w LES RISQUES DE BLACK OUT

thèmes techniques qui vont animer cette confÊrence. Sur

#E SUJET SEMBLE MOINS PRĂ?GNANT QU ĂŒ D AUTRES PĂ?RIODES

votre site web, je note les thèmes suivants :

K. F. : Pas vraiment. Cette annĂŠe encore, plusieurs grands in-

s %CO DESIGN OF EQUIPMENT

cidents, ou plusieurs situations critiques proches du black-out

s -AINTENANCE REFURBISHMENT AND LIFE TIME OF EQUIPMENT s -AINTENANCE REFURBISHMENT AND LIFE TIME OF EQUIPMENT

seront prĂŠsentĂŠes et analysĂŠes. Cela concerne notamment la

s $EVELOPMENT OF $# SOLUTIONS s $EVELOPMENT OF $# SOLUTIONS

Turquie, la Thaïlande, IsraÍl, le BrÊsil, l’Australie. On a toujours

s #OORDINATION BETWEEN 43/S s #OORDINATION BETWEEN 43/S

à apprendre de l’expÊrience des autres.

s 0UBLIC ACCEPTANCE OF EQUIPMENT s 0UBLIC ACCEPTANCE OF EQUIPMENT

Ce qui est vrai en revanche, c’est que, sur les deux derr

s )NTEGRATION OF RENEWABLE s )NTEGRATION OF RENEWABLE

nières annĂŠes, aucun cas de “large market disturbanceâ€?, c’est-

s !CTIVE DISTRIBUTION SYSTEMS s !CTIVE DISTRIBUTION SYSTEMS

à -dire de divergence brutale du prix de marchÊ de l’Êlectrici-

s )NFORMATION SYSTEMS s )NFORMATION SYSTEMS

tÊ, ne nous a ÊtÊ rapportÊ. C’est plutôt rassurant.

Ces sujets sont, pour la plupart, permanents. Quels sont ceux qui vont particulièrement marquer la session 2016 ?

REE : %T LA PROGRESSION VERS DES RĂ?SEAUX i INTELLIGENTS w : : %T LA PROGRESSION VERS DES RĂ?SEAUX i INTELLIGENTS w

K. F. : Tous ces thèmes sont importants et il est difďŹ cile d’en

K. F. :C’est un sujet complexe, dont l’Êvolution ne peut pas

dĂŠďŹ nir le centre de gravitĂŠ. La tendance la plus marquante,

ĂŞtre rĂŠsumĂŠe en quelques mots. Nous retrouvons lĂ la nĂŠ-

actuellement, me semble ĂŞtre la pĂŠnĂŠtration de plus en plus

cessitÊ de l’interactivitÊ entre le transport et la distribution,

profonde dans le domaine de la distribution. Il ne s’agit Êvi-

dans la mesure oÚ l’objectif est de donner à tous un service

demment p pas de dÊvelopper pp une concurrence avec d’autres

de qualitĂŠ, q , y compris p dans le contexte du dĂŠveloppement pp

20 Z REE N°3/2016


ACTUALITÉS

Internet des objets : l’ARCEP et l’ANFR mettent à la consultation l’utilisation de nouvelles bandes de fréquence autour de 900 MHz Le développement de l’Internet des objets se traduit par

petite bande libre est aujourd’hui ouverte en France entre

l’émergence rapide de nouveaux systèmes de radiocommu-

863 et 870 MHz avec des contraintes d’utilisation assez

nications à longue distance et à faible puissance permettant

fortes dépendant des usages (Voir décision ARCEP n° 2014-

de connecter des capteurs ou des actionneurs distants de

1263 du 6 novembre 2014).

plusieurs kilomètres à une station centrale servant de col-

L’absence de bande libre aux environs de 900 MHz était

lecteur et renvoyant les informations vers un cloud, public

ressentie comme un handicap au déploiement de technolo-

ou privé. Ces réseaux sont connus sous le nom de LPWAN

gies nouvelles mais le lobby industriel était insuffisant pour

(Low-Power Wide-Area Network) parmi lesquels figurent les

se faire entendre en Europe, compte tenu notamment de

solutions d’origine française LoRA et SIGFOX.

la valorisation que les Etats retirent des fréquences sous li-

Dans le même ordre d’idées, la Wi-Fi Alliance a spécifié

cence. Le développement de l’Internet des objets, et aussi

début 2016 une solution Wi-Fi, le Wi-Fi Hallow (standardisé

celui des étiquettes radiofréquences (RFID), vient en quelque

IEEE 802.11ah) destinée à répondre aux besoins des com-

sorte de leur forcer la main. La position de la Commission

munications MtoM sur des distances de l’ordre du kilomètre

européenne et de la CEPT1 a évolué et conduit les Etats à

avec un débit au moins égal à 150 kbit/s.

examiner, dans le cadre d’une concertation européenne,

Toutes ces solutions sont prévues pour fonctionner à des

l’assouplissement des règles d’usage de la bande de 863 à

fréquences proches de 900 MHz qui offrent des conditions

870 MHz et son extension, vers les plus basses fréquences

optimales pour la propagation et pour la conception d’objets

jusqu’à 862 MHz et vers les plus hautes jusqu’à 876 MHz.

de taille réduite et de faible consommation.

Simultanément pourrait être ouverte une nouvelle bande al-

Cette bande des 900 MHz est depuis longtemps ouverte

lant de 915 à 921 MHz.

aux Etats-Unis, de 902 à 928 MHz, où elle est très large-

C’est dans ce cadre que l’ARCEP et l’ANFR 2 ont lancé du

ment utilisée par les systèmes de communication industriels,

3 juin au 18 juillet 2016 une consultation publique visant à

à saut de fréquence notamment (FHSS). En Europe, et en

recueillir les avis des parties prenantes, notamment les auto-

France en particulier, la bande des 900 MHz est occupée par le GSM (de 880 à 915 MHz pour les liaisons montantes et de 925 à 969 MHz pour les liaisons descendantes) ainsi que par le GSM-R pour les communications ferroviaires. Seule une

1

CEPT : Conférence européenne des administrations des postes et télécommunications. 2 ARCEP : Autorité de régulation des communications électroniques et des postes – ANFR : Agence nationale des fréquences.

Figure 1 : Proposition de cadre réglementaire pour l’utilisation de la bande 862-870 MHz.

24 Z REE N°3/2016


ACTUALITÉS

Figure 2 : Proposition de cadre rÊglementaire pour l’utilisation de la bande 870-876 MHz.

Figure 3 : Proposition de cadre rĂŠglementaire pour l’utilisation de la bande 915-921 MHz. Nota : Dans les trois ďŹ gures, DC signiďŹ e Duty cycle (ou taux d’occupation) et LBT : Listen before talk (ou ĂŠcouter avant d’Êmettre). ritĂŠs militaires, sur l’ouverture, sous conditions, des bandes

connectÊs, à faible puissance et de façon sporadique, mais

prÊcitÊes. L’objectif est d’offrir de nouvelles opportunitÊs de

nĂŠcessitant des puissances plus ĂŠlevĂŠes au niveau des col-

dĂŠveloppement aux dispositifs de faible puissance (DFP),

lecteurs et des relais ;

notion qui se rÊfère aux appareils Êmettant des ondes Êlec-

s ALARMES SOCIALES ĂŒ TRĂ’S FAIBLE TAUX D OCCUPATION DU SPECTRE s ALARMES SOCIALES ĂŒ TRĂ’S FAIBLE TAUX D OCCUPATION DU SPECTRE

tromagnĂŠtiques Ă faible puissance et qui sont typiquement

s COMMUNICATIONS MACHINE TO MACHINE ĂŒ FAIBLE PORTĂ?E s COMMUNICATIONS MACHINE TO MACHINE ĂŒ FAIBLE PORTĂ?E

utilisĂŠs dans les bandes libres de frĂŠquences.

s LIAISONS LOCALES ĂŒ TAUX Ă?LEVĂ? D OCCUPATION DU SPECTRE Ă?QUIs LIAISONS LOCALES ĂŒ TAUX Ă?LEVĂ? D OCCUPATION DU SPECTRE Ă?QUI-

La consultation propose une typologie des DFP en rappelant pour chacun des usages leurs caractĂŠristiques essentielles : s $&0 GĂ?NĂ?RIQUES TĂ?LĂ?COMMANDES ALARMES TĂ?LĂ?MĂ?TRIE

TĂ?LĂ?MĂ?TRIE s $&0 transmissions de donnĂŠes non spĂŠciďŹ ques ; s 2&)$ LES Ă?METTEURS NĂ?CESSITANT ĂŒ L Ă?MISSION DES PUISSANCES s 2&)$ LES Ă?METTEURS NĂ?CESSITANT ĂŒ L Ă?MISSION DES PUISSANCES

pements multimĂŠdias). Les ďŹ gures 1 Ă 3 rĂŠsument les dispositions soumises Ă consultation. Elles ne prĂŠjugent pas des dĂŠcisions qui seront prises mais traduisent la volontĂŠ des Pouvoirs publics de donner Ă l’Internet des objets toutes ses chances de dĂŠveloppement.

ĂŠlevĂŠes (jusqu’à 4 W) sur des canaux ĂŠtroits aďŹ n d’exciter

On rappellera que l’Internet des objets est actuellement

les badges, et les badges, très nombreux, requÊrant une

au centre des travaux menĂŠs dans le cadre du Cercle des

largeur de bande importante ;

entreprises de la SEE qui donneront lieu Ă la publication dans

s ,07!. OPĂ?RANT EN BANDE TRĂ’S Ă?TROITE 3)'&/8 OU EN s ,07!. EN bande plus large (LoRA), fonctionnant, au niveau des objets

la REE d’un Livre Blanc au dÊbut de l’annÊe 2017. Q

JPH

REE N°3/2016 Z 25


L'ARTICLE INVITÉ

PATRICE COLLET Membre ĂŠmĂŠrite de la SEE

Le paiement mobile ABSTRACT In this paper we aim at describing how mobile payment is developing around the world, what commercial offers are proposed and what technical solutions are applied. In countries where access to ďŹ nancial institutions is lacking, mobile payment developed very fast and continues to grow. In other countries they are a lot of attempts to introduce it, initiated mainly by the Net industry. They are just on the start and the future will show what market share mobile payment will take.

L

Introduction

fournit la gamme de terminaux dont disposent les clients des diffÊrents opÊrateurs. Nous n’avons pas la prÊtention de don-

e terminal mobile, qu’il s’agisse du tÊlÊphone

NER UNE LISTE COMPLĂ’TE DES DIFFĂ?RENTS USAGES MAIS SEULEMENT

mobile de base ou du smartphone, est certai-

d’en donner les grands types.

nement l’un des outils les plus diffusÊs sur tous les continents : les services qui l’utilisent sont

susceptibles d’atteindre rapidement un taux de pĂŠnĂŠtration signiďŹ catif. Il a de plus trois qualitĂŠs essentielles : s PAR NATURE VIA LES RĂ?SEAUX AUXQUELS IL A NATURELLEMENT ACCĂ’S

il permet d’Êchanger facilement des donnÊes ;

Le rechargement de comptes prÊpayÊs et les petits achats sur mobile Les opÊrateurs de services mobiles, pour diminuer les risques d’impayÊs ont dÊveloppÊ, dans de nombreux pays, des cartes prÊpayÊes qui peuvent être rechargÊes dans des

s GRĂŠCE ĂŒ LA CARTE 3)- QUI L Ă?QUIPE IL EST ASSOCIĂ? ĂŒ UNE PERR

rÊseaux de commerçants partenaires : ils ont ainsi crÊÊ pour

sonne identiďŹ able que son opĂŠrateur mobile peut facturer ;

chacun de leurs clients un compte dont ils assurent la ges-

s ENlN LA CARTE 3)- PEUT CONTENIR DES INFORMATIONS SECRĂ’TES

TION 0OUR TIRER PROlT DE LEUR CAPACITĂ? ĂŒ FACTURER DES PETITES

par exemple des coordonnĂŠes bancaires.

sommes au coĂťt marginal, ils ont ĂŠgalement tentĂŠ de dĂŠve-

C’est pourquoi on a vu se dÊvelopper des initiatives nom-

lopper le paiement d’achats par le canal de leurs factures :

BREUSES ET VARIĂ?ES EN TERMES DE CIBLE FONCTIONNELLE VISANT ĂŒ

directement ou via des partenariats, ils se sont efforcĂŠs de

utiliser le tĂŠlĂŠphone mobile comme outil de paiement. Les

proposer un catalogue de produits qui peuvent ĂŞtre achetĂŠs

ACTEURS DE CE DOMAINE SONT TRĂ’S DIVERS LES OPĂ?RATEURS DE

ET PAYĂ?S SUR LA FACTURE MOBILE DU CLIENT -AIS CETTE APPROCHE

RĂ?SEAU MOBILE VISENT ĂŒ PRENDRE PLACE SUR UN MARCHĂ? QUI Ă?TAIT

RESTE LIMITĂ?E ĂŒ DES ACHATS DU TYPE SONNERIES FONDS D Ă?CRAN

celui des banques, les fabricants de terminaux recherchent

jeux, car elle impose des montants d’achat faibles et implique

DES REVENUS RĂ?CURRENTS APRĂ’S AVOIR VENDU L APPAREIL LES

des accords entre opÊrateur et marchands : c’est un contexte

acteurs de l’Internet souhaitent bĂŠnĂŠďŹ cier ĂŠventuellement

DIFlCILE ĂŒ GĂ?RER ĂŒ LA FOIS POUR LES OPĂ?RATEURS ET LES MARCHANDS

D UNE PARTIE DES REVERSEMENTS QUE LES VENDEURS FONT ĂŒ LA

qui doivent gĂŠrer des accords avec plusieurs opĂŠrateurs. Des

banque en cas de paiement par carte, la grande distribu-

sociĂŠtĂŠs intermĂŠdiaires entre opĂŠrateurs et marchands ont

tion peut souhaiter rĂŠduire ces mĂŞmes reversements et les

vu le jour, comme par exemple W-HA, ďŹ liale d’Orange, qui

BANQUES VEULENT FAIRE FACE ĂŒ TOUS CES CONCURRENTS POTENTIELS

travaille avec diffĂŠrents opĂŠrateurs et fournit des prestations

Dans cet article, nous tenterons de prÊsenter les diffÊrents types d’usage actuels et envisagÊs pour les terminaux

techniques permettant, en particulier, de payer des petits achats sur les factures ĂŠmises par les opĂŠrateurs.

MOBILES EN MATIÒRE DE PAIEMENT ET DE D�CRIRE LES �L�MENTS techniques sur lesquels ils s’appuient.

Commerce ĂŠlectronique ,E DĂ?VELOPPEMENT DE L ACCĂ’S ĂŒ )NTERNET A LARGEMENT

Panorama des diffÊrents usages du terminal mobile en matière de paiement

D AFFAIRES EN Ă?TAIT ESTIMĂ? ĂŒ -DS D EUROS POUR LA

Les utilisations des terminaux mobiles dans le domaine

France avec une croissance annuelle dĂŠpassant 10 %. Il a

ouvert la porte au commerce ĂŠlectronique dont le chiffre

DU PAIEMENT SONT TRĂ’S VARIĂ?ES ELLES S APPUIENT SOUVENT SUR

donc ĂŠtĂŠ nĂŠcessaire de dĂŠvelopper des moyens de paie-

des rĂŠalisations ad hoc, faisant appel aux capacitĂŠs de com-

ment en ligne. A partir d’un ordinateur personnel, la carte de

munication de donnĂŠes, de visualisation et de traitement que

paiement est largement utilisĂŠe mais sans code secret : ce

31 Z REE N°3/2016

REE N°3/2016 Z 31


L'ARTICLE INVITÉ

QUI REND LE SYSTĂ’ME FORTEMENT SENSIBLE EN CAS DE VOL OU DE

On peut imaginer la mĂŞme procĂŠdure pour des places de

divulgation du numÊro de carte. Pour assurer que l’acheteur

spectacle. La seule contrainte est que le vendeur doit avoir le

EST BIEN LE TITULAIRE DU COMPTE BANCAIRE ASSOCIĂ? ĂŒ LA CARTE CARTE

moyen de vĂŠriďŹ er que le ticket est bien valide et n’a pas ĂŠtĂŠ

les banques s’appuient sur le terminal mobile de l’acheteur

CONTREFAIT )L FAUT DONC QUE SON PERSONNEL AIT ĂŒ SA DISPOSITION

dont le numĂŠro est associĂŠ au compte en lui envoyant par

PAR EXEMPLE UN LECTEUR DE CODE 12 POUR VĂ?RIlER SA VALIDITĂ?

3-3 UN CODE SECRET QUI DOIT Ă?TRE RETOURNĂ? ĂŒ LA PLATE FORME de paiement par Internet avant que le paiement puisse ĂŞtre ACCEPTĂ? C EST LE SYSTĂ’ME $ SECURE QUI EST DE PLUS EN PLUS ACCEPTĂ? C EST LE SYSTĂ’ME $ SECURE QUI EST DE PLUS EN PLUS

Le terminal mobile comme porte-monnaie Êlectronique Forts de leur expÊrience dans le domaine de l’alimenta-

utilisĂŠ par les marchands en ligne. ,ES SMARTPHONES DONNANT ACCĂ’S ĂŒ )NTERNET ILS SE SUBSTI-

tion des comptes prĂŠpayĂŠs, les opĂŠrateurs ont ĂŠtĂŠ naturel-

tuent au PC pour faire des achats sur Internet et deviennent

LEMENT POUSSĂ?S ĂŒ Ă?TENDRE LES USAGES DE CES COMPTES VERS

PEU ĂŒ PEU UN OUTIL IMPORTANT DE COMMERCE Ă?LECTRONIQUE

D AUTRES USAGES COMME LE TRANSFERT D ARGENT DE PERSONNE ĂŒ PERSONNE OU L OBTENTION D ARGENT LIQUIDE AUPRĂ’S D AGENCES

Le terminal mobile comme terminal de paiement

Comme on le verra plus bas, ces offres de paiement mobile ONT EU UN SUCCĂ’S CERTAIN DANS LES PAYS OĂĄ L ACCĂ’S AU SYSTĂ’ME ONT EU UN SUCCĂ’S CERTAIN DANS LES PAYS OĂĄ L ACCĂ’S AU SYSTĂ’ME

,A CARTE DE PAIEMENT OCCUPE UNE PLACE TRĂ’S IMPORTANTE ,A CARTE DE PAIEMENT OCCUPE UNE PLACE TRĂ’S IMPORTANTE

SYSTĂ’ME BANCAIRE EST PEU DĂ?VELOPPĂ? $ANS LES PAYS OĂĄ LE SYSTĂ’ME

dans les paiements effectuĂŠs en Europe et en AmĂŠrique du

BANCAIRE EST TRĂ’S DĂ?VELOPPĂ? ON ASSISTE AU LANCEMENT DE TRĂ’S BANCAIRE EST TRĂ’S DĂ?VELOPPĂ? ON ASSISTE AU LANCEMENT DE TRĂ’S

.ORD ,A TRĂ’S GRANDE MAJORITĂ? DES COMMERÂĽANTS EN &RANCE

nombreuses initiatives dans le domaine du paiement mobile.

acceptent le paiement par carte et se sont ĂŠquipĂŠs de terr

Ce sont ces deux aspects que nous allons dĂŠvelopper dans

minaux de paiement (TPE) qui doivent disposer d’une

la suite de cet article.

connexion aux rÊseaux bancaires, soit par une ligne tÊlÊphoNIQUE lXE SOIT PAR UN ACCÒS MOBILE '023 EN G�N�RAL POUR permettre d’autoriser la transaction de paiement lorsque

Le paiement mobile dans les pays en dĂŠveloppement

L AUTORISATION EST REQUISE -AIS POUR CERTAINES CATĂ?GORIES DE L AUTORISATION EST REQUISE -AIS POUR CERTAINES CATĂ?GORIES DE

$ANS LES PAYS OĂĄ LES HABITANTS N ONT QUE PEU ACCĂ’S AU

vendeurs, vendeurs occasionnels par exemple, ou pour le

SYSTĂ’ME BANCAIRE COMME PAR EXEMPLE DANS CERTAINS PAYS

PAIEMENT ĂŒ LA LIVRAISON IL N EST PAS Ă?CONOMIQUE OU PRATIQUE

d’Afrique, pour pouvoir dÊvelopper les services tÊlÊpho-

d’utiliser un TPE alors même que beaucoup des clients de-

niques, les opĂŠrateurs se sont fortement appuyĂŠs sur les

MANDENT ĂŒ PAYER LEURS ACHATS AVEC LEUR CARTE DE PAIEMENT MANDENT ĂŒ PAYER LEURS ACHATS AVEC LEUR CARTE DE PAIEMENT

abonnements prĂŠpayĂŠs et ont dĂť dĂŠvelopper des moyens de

C’est pourquoi nombre d’acteurs , ont dÊveloppÊ sur des

RECHARGEMENT SOIT PAR RECOURS ĂŒ DES RĂ?SEAUX DE PARTENAIRES

SMARTPHONES DES APPLICATIONS QUI COUPLĂ?ES EN "LUETOOTH ĂŒ

soit en dĂŠveloppant des moyens spĂŠciďŹ ques de recharge-

un petit lecteur de carte de paiement permettent d’encaisser

ment, par Internet notamment. Dans quelques pays, il appa-

des paiements par carte. C’est la capacitÊ de communication

rut que les crĂŠdits de communication ĂŠtaient spontanĂŠment

et de traitement du smartphone qui est ici mise en Ĺ“uvre.

TRANSFĂ?RĂ?S D UN CLIENT ĂŒ UN AUTRE VOIRE REVENDUS ET lNALEMENT TRANSFĂ?RĂ?S D UN CLIENT ĂŒ UN AUTRE VOIRE REVENDUS ET lNALEMENT

3A LIMITE EST SAUF ĂŒ Ă?QUIPER SON SMARTPHONE D UNE IMPRI-

LA POUVAIENT SERVIR ĂŒ DES TRANSFERTS D ARGENT ĂŒ L INTĂ?RIEUR DE LA

mante de tickets, qu’il n’est pas prÊvu d’Êdition de ticket en

D EXPĂ?RIMENTATIONS POPULATION !PRĂ’S UN CERTAIN NOMBRE D EXPĂ?RIMENTATIONS

temps rĂŠel : par contre le client peut recevoir par mail un

des opĂŠrateurs mobiles africains et multinationaux ont lancĂŠ,

TICKET CLIENT APRĂ’S SA TRANSACTION

parfois avec des partenaires bancaires locaux, des comptes

1

prÊpayÊs associÊs au numÊro de tÊlÊphone mobile : c’est

Le terminal mobile comme support de ticket

PAR EXEMPLE LE CAS DE -4. UN OPĂ?RATEUR SUD AFRICAIN AVEC

Dans de nombreux services, le client doit acheter, prĂŠa-

-4. MOBILE MONEY OU DES OPĂ?RATEURS AFRICAINS lLIALES OU OU

LABLEMENT ĂŒ L ACCĂ’S AU SERVICE UN TICKET Ă?VENTUELLEMENT PAR

PARTENAIRES DE 6ODAFONE AVEC - 0%3! OU ENCORE LES lLIALES PARTENAIRES DE 6ODAFONE AVEC - 0%3! OU ENCORE LES lLIALES

Internet, ticket qui sera vĂŠriďŹ ĂŠ avant ou lors de l’usage du

AFRICAINES DU GROUPE /RANGE AVEC /RANGE -ONEY

service proprement dit : c’est le cas par exemple des transPORTS $E TRÒS NOMBREUSES COMPAGNIES A�RIENNES ONT MIS EN PORTS $E TRÒS NOMBREUSES COMPAGNIES A�RIENNES ONT MIS EN place des services de carte d’embarquement dÊmatÊrialisÊe via une application chargÊe sur un smartphone. De même LA 3.#& PERMET AU CLIENT DE CHARGER DANS SON MOBILE LE TIC-

Ces services permettent en gĂŠnĂŠral : s DE DĂ?POSER ET DE RETIRER DE L ARGENT DANS DES BOUTIQUES s DE BOUTIQUES partenaires ; s DE TRANSFĂ?RER DE L ARGENT ENTRE CLIENTS DU SERVICE ET VERS DES s DE TRANSFĂ?RER DE L ARGENT ENTRE CLIENTS DU SERVICE ET VERS DES personnes non clientes ;

KET QU IL A RĂ?SERVĂ? PRĂ?ALABLEMENT SOUS FORME D UN CODE 12 2.

s DE PAYER DES FACTURES s DE PAYER DES FACTURES

1

s D ACHETER DES CRĂ?DITS DE COMMUNICATION MOBILE s D ACHETER DES CRĂ?DITS DE COMMUNICATION MOBILE

On peut citer Square ou Izettle et des banques et ĂŠgalement des opĂŠrateurs mobiles parmi ceux fournissant un tel service. 2 Code QR (Quick Response code) : sorte de code barre bidimensionnel

32 Z REE N°3/2016

s Ă?VENTUELLEMENT DE PAYER DES EMPLOYĂ?S EMPLOYĂ?S CgEST LE CAS DES s Ă?VENTUELLEMENT POLICIERS EN !FGHANISTAN AVEC - 0!)3!


LE GRAND DOSSIER

Introduction

Le stockage des déchets nucléaires Nous produisons indirectement

près de La Hague. Créé en 1969 par

des déchets radioactifs en bénéfi-

le CEA, exploité par l’Andra depuis

ciant des activités qui utilisent la

1991, il a accueilli jusqu’en 1994 un

radioactivité pour leur fonctionne-

volume total de 527 225 m3 de dé-

ment : installations nucléaires de

chets de faible et moyenne activité

production d’électricité en premier

(FMA). Ce centre a reçu son dernier

lieu, mais aussi recherche, défense

colis en 1994 et est officiellement passé en phase de surveillance de-

et encore médecine. Le dernier Inventaire national des matières et déchets radioactifs réalisé par l’Andra, l’Agence pour la gestion

Pierre-Marie Abadie Directeur général de l’Andra

des déchets radioactifs, recensait

puis 2003. La relève est assurée depuis 1992 par le centre de stockage de

au 31 décembre 2013 environ 1 460 000 m3 de

l’Aube (CSA), qui a été conçu pour accueillir

déchets radioactifs produits sur le sol français.

environ 1 million de mètres cube de déchets FMA-VC, principalement produits par la filière

Ces déchets sont de natures très différentes,

électronucléaire. A proximité de ce centre a été

avec des niveaux de radioactivité plus ou moins

implanté en 2003 un autre centre de stockage

élevés, pendant plus ou moins longtemps. Ils

de surface, conçu pour accueillir les déchets de

sont classés en différentes catégories, éla-

très faible activité (TFA), issus principalement

borées selon leur niveau et durée d’activité

du démantèlement des installations nucléaires

radiologique : très faible activité (TFA), faible

ainsi que les déchets radioactifs qu’on appelle

et moyenne activité à vie courte (FMA-VC),

non-électronucléaires, issus de presque mille

faible et moyenne activité à vie longue (FA-VL

producteurs (hôpitaux, universités, centres de

et MA-VL) et haute activité (HA). Dans tous

recherche…).

les cas, ils ne peuvent pas être pris en charge par les filières conventionnelles des déchets

L’Andra travaille sur deux projets pour le stoc-

et doivent faire l’objet de solutions adaptées à

kage des déchets radioactifs qui ne disposent

leur dangerosité.

pas aujourd’hui de solutions définitives : s ,E PROJET #IGÏO QUI VISE Ì CONCEVOIR UNE INSTAL-

La mission de l’Andra est de concevoir, mettre

lation de stockage réversible en couche géo-

en œuvre et exploiter des solutions de gestion

logique profonde (à -500 m) pour les déchets

afin de protéger l’homme et l’environnement

radioactifs de haute activité et moyenne acti-

de l’impact des déchets radioactifs sur le long

vité à vie longue. Ces déchets sont issus du

terme.

retraitement des combustibles utilisés dans les réacteurs nucléaires. Ils représentent un

90 % de ces déchets disposent aujourd’hui

peu plus de 3 % du volume total des déchets

d’une solution de gestion définitive ; c’est leur

radioactifs produits mais concentrent plus de

stockage sur les centres de l’Andra dans l’Aube

99 % de la radioactivité totale.

et la Manche. Les 10 % restants, ceux qui ont la

s ,E PROJET &! 6, QUI CONSISTE Ì DÏVELOPPER UNE

durée de vie la plus longue, sont entreposés sur

solution spécifique pour des déchets issus

leurs lieux de production, en attendant la mise

notamment de l’exploitation et du démantè-

en œuvre de solutions de stockage actuellement

lement de la première génération de centrales

étudiées par l’Andra (projets Cigéo et FA-VL).

nucléaires françaises, dite UNGG (Uranium Naturel Graphite Gaz) ou de l’assainissement

Le plus ancien centre de stockage dit « de

de certains sites historiquement pollués au

surface » de l’Andra est situé dans la Manche,

radium ou au thorium. S’ils ne concentrent

42 Z REE N°3/2016


Introduction

LE GRAND DOSSIER

que 0,01 % de la radioactivité totale, leur

en étroite collaboration avec EDF, Areva, et le

longue durée de vie ne permet pas de les

CEA, les principaux producteurs de déchets,

stocker dans les centres de surface, mais leur

pour les accompagner à en réduire le volume

niveau de dangerosité ne justifie pas un stoc-

à la source et leur apporter des solutions tech-

kage en grande profondeur.

niques concrètes de prise en charge, en toute sûreté et au meilleur coût. Cette collabora-

L’Etat a également confié à l’Andra une mis-

tion va devenir de plus en plus cruciale dans

sion d’intérêt général pour :

les années à venir, notamment au regard des

s LA COLLECTE D OBJETS RADIOACTIFS DÏTENUS PAR LES

volumes de déchets radioactifs générés par les

particuliers, produits le plus souvent lors des

futurs démantèlements de centrales nucléaires.

années phares de l’industrie du radium dans les années 1920-1940 (montres, réveils, miné-

Pour aller plus loin dans cette recherche

raux ou objets au radium à usage médical) ;

d’innovation constante, l’Andra va également

s L ASSAINISSEMENT DE SITES ANCIENS POLLUÏS PAR

chercher les meilleures compétences auprès

la radioactivité lorsque leur propriétaire est

de la communauté scientifique et du tissu

défaillant. Ces sites sont pour la plupart d’an-

des PME françaises. C’est dans cette perspec-

ciennes usines d’extraction du radium ou de

tive qu’elle a lancé en 2014, puis en 2015, en

fabrication d’objets contenant du radium ;

coordination avec l’Agence nationale pour la

s L ÏLABORATION TOUS LES TROIS ANS DE L Inventaire

recherche (ANR) et le soutien du programme

national des matières et déchets radioacc

Investissements d'avenir, un appel à projets

tifs. Outil de référence, il permet de disposer

visant à transposer à la gestion des déchets ra-

d’une vision aussi complète et exhaustive

dioactifs certaines technologies ou savoir-faire

que possible sur la nature des matières et dé-

existants ou en développement.

chets, leurs quantités et leur localisation sur le territoire. Il présente également une vision

La gestion des déchets radioactifs nécessite

prospective des déchets qui seront produits

des solutions robustes et sûres. Nous le de-

à l’avenir par les installations nucléaires exis-

vons aux riverains des centres de stockage de

tantes, y compris leur démantèlement. La

l’Andra, mais aussi aux générations futures à

dernière édition de l’Inventaire nationall est

qui nous les léguerons en héritage. Nous leur

parue en juillet 2015 et pré-

devons également une com-

sente les stocks de matières

plète transparence sur nos ac-

et déchets radioactifs pré-

Pierre-Marie Abadie est ingé-

tivités et leur impact, et donc

sents sur le territoire fran-

nieur général des mines, ancien

les moyens de s’informer et

çais à fin 2013.

élève de l’école Polytechnique.

de s’impliquer dans les déci-

Il est directeur général de l’Andra

sions qui sont prises. La ges-

depuis octobre 2014. Il était pré-

tion des déchets radioactifs

cédemment directeur de l’énergie

n’est pas seulement un sujet

Les centres de stockage sont des ressources rares qu’il faut préserver, ne serait-ce que par respect visà-vis des territoires qui les accueillent. C’est pourquoi

à la direction générale ÉÉnergie et climat du ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énerr gie depuis 2008. Il était à ce titre

scientifique

et

technique,

c’est aussi un enjeu sociétal et éthique qui nécessite un

commissaire du gouvernement au

dialogue constant et ouvert

l’enjeu pour l’Andra est de

sein du Conseil d’administration de

entre l’Andra et les citoyens.

chercher

à

l’Andra et de celui d’EDF et vice-pré-

Le dossier qui vous est pro-

diminuer les volumes et la

sident du conseil des gouverneurs de

posé a pour objectif de vous

dangerosité des déchets qui y

l’Agence internationale de l’énergie.

présenter un panorama de la

sont destinés, et à en optimi-

Il est chevalier de l’ordre national

gestion des déchets radioac-

ser les capacités de stockage.

du mérite et chevalier de la Légion

tifs en France aujourd’hui.

Pour cela, elle dispose d’une

d’honneur.

Il est composé d’articles vous

constamment

R&D performante et travaille

permettant de vous familiari-

REE N°3/2016 Z 43


LE GRAND DOSSIER

Introduction

ser avec les différents types de déchets et les pro-

Jean-Marie Krieguer, adjoint au directeur du

blématiques particulières liées à leur gestion.

projet Cigéo, établit un point d’étape complet sur le projet Cigéo, sur lequel l’Andra travaille

Ce panorama commence par une présen-

en Meuse/Haute-Marne et qui pourrait devenir

tation de la problématique générale de la

dans les prochaines années l’un des chantiers

gestion des déchets radioactifs, par Michèle

technologiques les plus importants de France.

Tallec, chargée de mission PNGMDR et stra-

Enfin Frédéric Plas, directeur de la recherche

tégie filières à l’Andra. Frédéric Légée, adjoint

et développement, dresse un bilan de l’effort

au directeur industriel de l’Andra, propose en-

d’innovation mené par l’Andra dans un large

suite une description détaillée des stockages

spectre de disciplines scientifiques et techno-

en cours d’exploitation dans l’Aube. L’article de

logiques. Q

LES ARTICLES

Problématique générale de la gestion des déchets radioactifs Par Michèle Tallec ........................................................................................................................................................ p. 45 Les centres de stockage de l'Andra en exploitation en France Le centre de stockage de l’Aube (CSA) et le centre industriel de regroupement, entreposage et de stockage (Cires) Par Frédéric Legée .......................................................................................................................................................... p. 53 Le projet Cigéo Centre industriel de stockage de déchets radioactifs en formation géologique profonde Par Jean-Marie Krieguer ............................................................................................................................................. p. 62 De la R&D à l’innovation à l’Andra Par Frédéric Plas ........................................................................................................................................................... p. 72

44 Z REE N°3/2016


LE STOCKAGE DES DÉCHETS RADIOACTIFS

DOSSIER

ProblĂŠmatique gĂŠnĂŠrale de la gestion des dĂŠchets radioactifs Par Michèle Tallec Andra The use of the properties of radioactivity in many sectors leads to the production of radioactive waste which, for technical or economic reasons, cannot be reused or reprocessed. Andra’s disposal facilities already provide a surface disposal solution for 90 % of the radioactive waste produced each year. These are very low-level waste (VLLW) and low- and intermediate-level, short-lived waste products (LILW-SL). New disposal needs will emerge, in the medium to long term, for both of these categories of waste, in particular with the dismantling of nuclear facilities. Andra and the waste generators are currently working on programs for reducing the volume of waste at source and even before they are produced through, for example, waste characterization and sorting, the optimization of dismantling scenarios and the improvement of packaging. A solution is currently being studied for the disposal of low-level, long-lived waste (LLW-LL). Finally, high-level waste (HLW) and intermediate-level, long lived waste (ILW-LL), which represent a tiny fraction of the total volume of radioactive waste (~1 %), but which concentrate the bulk of the radioactivity (~99 %), will be disposed of in Cigeo, the reversible deep geological repository project designed by Andra.

ABSTRACT

Introduction

plus ĂŞtre traitĂŠ dans les conditions tech-

L’origine des dÊchets radioactifs

Toute activitĂŠ humaine produit des

niques et ĂŠconomiques du moment,

dĂŠchets : celles mettant en Ĺ“uvre des

il est qualiďŹ ĂŠ de dĂŠchet radioactif ultime :

substances radioactives ne font pas ex-

il doit alors ĂŞtre stockĂŠ dans un centre

activitĂŠs

ception à cette règle et gÊnèrent donc

dĂŠdiĂŠ et adaptĂŠ Ă ses caractĂŠristiques.

substances radioactives ont produit des

Depuis le dÊbut du XXe siècle, les humaines

manipulant

des

des dĂŠchets dont certains sont radioactifs.

AďŹ n de clariďŹ er et optimiser la gestion

dĂŠchets radioactifs qui proviennent de

La grande majoritÊ d’entre eux res-

de ces dÊchets radioactifs très divers, le

cinq principaux secteurs ĂŠconomiques :

semble Ă des dĂŠchets classiques :

code de l’environnement prÊvoit qu’un

s LE SECTEUR Ă?LECTRONUCLĂ?AIRE ,ES DĂ?CHETS

outils, vĂŞtements, plastiques, ferrailles,

plan national de gestion des matières

radioactifs produits par ce secteur

gravats‌ Cependant, leur radioacti-

et des dĂŠchets radioactifs (PNGMDR1)

proviennent d’une part du fonction-

vitĂŠ prĂŠsente un risque pour la santĂŠ et

soit ĂŠtabli tous les trois ans par le

nement et du dÊmantèlement des

l’environnement. Ils doivent donc faire

Gouvernement : ce plan triennal dresse

installations rĂŠalisant les opĂŠrations

l’objet d’une prise en charge spĂŠciďŹ que

un bilan de la politique de gestion, re-

visant Ă fabriquer, utiliser (centrales

et renforcĂŠe, mĂŞme lorsque ce niveau de

cense les besoins et dĂŠtermine les ob-

nuclÊaires de production d’ÊlectricitÊ)

radioactivitÊ est très faible. Les dÊchets

jectifs à atteindre à l’avenir. Ce plan est

puis recycler ou entreposer le com-

radioactifs contiennent en gĂŠnĂŠral un

transmis au Parlement pour ĂŠvaluation

bustible nuclÊaire et d’autre part du

mĂŠlange de radionuclĂŠides : uranium,

par l’OfďŹ ce parlementaire d’Êvaluation

retraitement des combustibles usĂŠs

cÊsium, iode, cobalt, radium, tritium‌

des choix scientiďŹ ques et technolo-

qui sÊpare les matières valorisables

et sont très variÊs : les natures phy-

giques (OPECST) et rendu accessible au

contenues dans ces combustibles des

sique et chimique, le niveau et le type

public aďŹ n que celui-ci puisse disposer

dĂŠchets ultimes (ďŹ gure 1) ;

de radioactivitĂŠ, sont autant de carac-

d’une vision globale et exhaustive de la

tĂŠristiques qui diffèrent d’un dĂŠchet Ă

gestion des dĂŠchets radioactifs.

ristiques, notamment radiologiques. Par ailleurs, comme pour tous les dÊchets, la rÊduction de la quantitÊ et de la nocivitÊ des dÊchets radioactifs est recherchÊe au travers de diffÊrents traitements. Lorsqu’un dÊchet radioactif ne peut

prend la recherche dans le domaine du nuclĂŠaire civil (notamment les acti-

un autre. Les modalitĂŠs de gestion des dĂŠchets sont adaptĂŠes Ă leurs caractĂŠ-

s LE SECTEUR DE LA RECHERCHE QUI COM-

1

Le PNGMDR est accessible sur le site du ministère de l’environnement, de l’Ênergie et de la mer http://www.developpement-durable. gouv.fr/Plan-de-gestion-pour-la-periode.html et sur le site de l’AutoritĂŠ de sĂťretĂŠ nuclĂŠaire http://professionnels.asn.fr/Installationsnucleaires/Dechets-radioactifs-et-demantelement/ Plan-national-de-gestion-des-matieres-etdechets-radioactifs

vitÊs de recherche du CEA), les laboratoires de recherche mÊdicale, de physique des particules, d’agronomie, de chimie, etc ; s LE SECTEUR DE LA $�FENSE IL S AGIT principalement des activitÊs liÊes à la force de dissuasion, dont la propul-

REE N°3/2016 Z 45


DOSSIER

LE STOCKAGE DES DÉCHETS RADIOACTIFS

Figure 1 : Les déchets produits aux différentes étapes du secteur électronucléaire.

sion nucléaire de certains navires ou

Les secteurs ayant historiquement

sous-marins, ainsi que des activités de

le plus contribué à la production de dé-

recherche associées ;

chets radioactifs en France sont les sec-

En France, depuis le début des an-

teurs électronucléaire, de la recherche

nées 2000, la classification des déchets

et de la Défense.

radioactifs repose principalement sur

LE SECTEUR DE L INDUSTRIE NON ÏLECTROss LE nucléaire qui comprend notamment l’extraction de terres rares, la fabrication de sources scellées mais aussi diverses applications comme le contrôle

La classification des déchets radioactifs

(c’est-à-dire en fonction du dégagement de chaleur créé).

deux paramètres importants pour définir le mode de gestion approprié : s LEUR EXPRIMÏ s LEUR NIVEAU DE RADIOACTIVITÏ EXPRIMÏ

de soudure, la stérilisation de matériel

La classification des déchets radioac-

en becquerel (Bq) par gramme ; éga-

médical, la stérilisation et la conserva-

tifs diffère d’un pays à l’autre. Si certains

lement appelé activité. Le niveau de

tion de produits alimentaires… ;

pays ont opté pour une classification

radioactivité des déchets peut être très

LE SECTEUR MÏDICAL QUI COMPREND LES LES ss LE

par filière de production, d’autres privi-

faible, faible, moyen ou haut ;

activités thérapeutiques, de diagnostic

légient un classement des déchets en

s LEUR DURÏE DE VIE DÏTERMINÏE PAR LA s LEUR LA

et de recherche.

fonction de leur caractère exothermique

période radioactive propre à chaque

46 Z REE N°3/2016


GROS PLAN SUR

Interconnecter Europe et Afrique ? Les études de Medgrid Le contexte des études de Medgrid

L

d’acteurs du domaine de l’électricité : opérateurs,

’idée d’un lien électrique entre l’Afrique

constructeurs, investisseurs. Son objectif est de

et l’Europe est déjà ancienne puisque,

démontrer la faisabilité, à l’horizon 2020, d’inter-

dès les années 1980, on a étudié

connexions électriques transméditerranéennes

la possibilité d’exploiter la puissance

qui permettraient entre autres les exportations

hydraulique du fleuve Zaïre au Congo et d’acheminer l’électricité produite jusqu’en Egypte d’une part, et vers l’Europe d’autre part, sans suite effective. Finalement, c’est en 1997 que la première interconnexion entre les deux continents a été

d’électricité renouvelable vers l’Europe et d’en

Jean Kowal Ancien directeur général adjoint chez MEDGRID

réalisée, entre Espagne et Maroc. Elle était la pre-

promouvoir le développement. Les études de Medgrid ont porté sur les différentes facettes de la faisabilité de ces interconnexions : la faisabilité technique – les technologies disponibles et projets faisables –, l’intérêt économique des intercon-

mière étape d’un projet de boucle électrique méditerranéenne

nexions, la possibilité de les financer et les conditions légales

(MEDRING), connectée au réseau européen synchrone de

et réglementaires de leur réalisation et de leur exploitation.

l’UCTE de l’époque par le Maroc et par la Turquie ensuite, et ap-

Les développements qui suivent présentent les principaux

pelée à fonctionner en synchronisme avec le réseau continen-

enseignements des études de Medgrid, qui se sont conclues

tal européen. Cette boucle présentait l’intérêt d’interconnecter

à la fin de l’année 2014.

doublement les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée, trés n’ont pas permis de faire fonctionner cette boucle, pour-

La faisabilité technique des interconnexions euro-méditerranéennes

tant physiquement existante au début des années 2000, alors

Les technologies disponibles.

entre eux et avec l’Europe. Les problèmes techniques rencon-

même que les avancées des techniques du courant continu

Les câbles sous-marins et la technologie du courant conti-

faisaient entrevoir des solutions et permettaient d’envisager

nu sont les deux technologies de base de la réalisation des

des liaisons transméditerranéennes. La situation de ce dossier

interconnexions transméditerranéennes. En effet pour les

n’a pas évolué depuis, bien que le réseau turc ait intégré le

puissances et les tensions considérées il n’est pas envisa-

système synchrone européen au début des années 2010.

geable de réaliser des liaisons sous-marines en courant alter-

La question de l’interconnexion euro-méditerranéenne

natif, la longueur maximale étant autour d’une cinquantaine

est redevenue d’actualité, un peu avant 2010, avec le Plan

de kilomètres. Les deux liaisons existant entre Espagne et

solaire méditerranéen (PSM). Ce projet phare de l’Union

Maroc fonctionnent certes en courant alternatif, mais la dis-

pour la Méditerranée avait pour ambition de promouvoir le

tance est plus courte.

développement des énergies renouvelables dans les pays du

Beaucoup de câbles sous-marins ont été installés, ou

Sud et de l’Est de la Méditerranée (PSEM), ainsi que l’effica-

sont en projet, de par le monde, et tout particulièrement en

cité énergétique ; la perspective était d’exporter dès 2020

Europe du Nord avec les projets d’éolien off-shore. Des dé-

une partie (jusqu’à 5 GW) de cette énergie renouvelable vers

veloppements significatifs ont été réalisés dans le domaine

l’Europe. C’est aussi à ce moment qu’a émergé le concept

des câbles à courant continu, en particulier avec l’utilisation

Desertec, qui entrevoyait des exportations massives d’éner-

de l’isolation synthétique, couplée à la technologie VSC du

gie de l’Afrique vers l’Europe, mais à un horizon plus lointain.

courant continu, et permettent d’obtenir une capacité de

Medgrid été créée dans le sillage du PSM, au début de

transport de 1 000 MW par liaison, capacité conforme aux

2011. Il s’agit d’une initiative industrielle qui réunit un groupe

objectifs d’échange envisageables pour les années 2020.

Medgrid is a consortium of industrial partners launched in late 2010 in the wake of the Mediterranean Solar Plan. Its aim was to demonstrate the technical and economic feasibility of the Euro-Mediterranean interconnections and to promote the development of these projects. Available technologies have been analyzed and a number of technically feasible projects have been examined, estimating their cost and profitability. Also different funding schemes were assessed, as well as the regulatory framework for trade. The program, managed from 2011 to 2015, allowed Medgrid to identify a number of projects that should be undertaken by investors and supported by the European Union.

ABSTRACT

82 Z REE N°3/2016


Interconnecter Europe et Afrique ?

Figure 1 : Profondeurs atteintes en MĂŠditerranĂŠe. Un obstacle demeure toutefois en MĂŠditerranĂŠe : les pro-

liaisons sous-marines en Mer du Nord, projet “SuperGrid�,

fondeurs dĂŠpassent souvent les 2 000 m, comme on peut

ĂŠtudes des constructeurs et du CIGRE) ĂŠtaient des moteurs de

le voir sur la ďŹ gure 1 oĂš la couleur bleue correspond Ă des

progrès très efďŹ caces et que l’on pouvait ĂŞtre conďŹ ant dans les

profondeurs de 2 000 m et plus.

contributions de cette technologie Ă la rĂŠalisation de liaisons

Aujourd’hui le câble sous-marin de puissance le plus profond qui ait ĂŠtĂŠ posĂŠ est un câble reliant la Sardaigne Ă l’Italie

sous-marines de puissance, ainsi qu’au bon fonctionnement des systèmes interconnectĂŠs.

Continentale, Ă 1 640 mètres. Il est apparu utile, au vu de la carte, d’examiner s’il ĂŠtait envisageable de poser des câbles Ă une profondeur allant jusqu’à 2 500 mètres. L’Êtude rĂŠalisĂŠe

Des interconnexions faisables dans les annĂŠes 2020

a portĂŠ plus particulièrement sur la faisabilitĂŠ technique d’un

ConsidĂŠrant la gĂŠographie de la MĂŠditerranĂŠe, il est appa-

tel câble, sur les conditions de sa pose, de sa rÊparation,

ru immĂŠdiatement que les interconnexions faisables Ă court

et a conclu qu’un tel câble pouvait ĂŞtre disponible sous un

terme ne pouvaient se situer que dans trois ÂŤ couloirs Âť :

dÊlai de l’ordre de 10 ans. Cet enseignement a ÊtÊ pris en

s ĂŒ L /UEST ENTRE LA PĂ?NINSULE IBĂ?RIQUE ET LE -AROC ET L !LGĂ?RIE s ĂŒ L /UEST ENTRE LA PĂ?NINSULE IBĂ?RIQUE ET LE -AROC ET L !LGĂ?RIE

compte dans l’Êtude des liaisons rÊalisables à l’horizon 2020-

s AU #ENTRE ENTRE L )TALIE LA 4UNISIE L !LGĂ?RIE ET Ă?VENTUELLEs AU

25 et les tracÊs passant à des profondeurs de plus de 2 000 mètres ont ÊtÊ exclus.

ment la Libye ; L %ST SELON UNE ROUTE TERRESTRE PASSANT PAR LA 4URQUIE LA ss ĂŒĂŒ L %ST SELON UNE ROUTE TERRESTRE PASSANT PAR LA 4URQUIE LA

Pour la technologie du courant continu, il a ĂŠtĂŠ considĂŠrĂŠ que

Syrie, la Jordanie, l’Egypte et la Libye.

les nombreux projets ou ĂŠtudes en cours (liaisons aĂŠriennes et

Les possibilitÊs de rÊalisation d’une ou de plusieurs in-

souterraines de forte puissance en Chine, au BrĂŠsil, en Europe,

terconnexions de 1 000 MW de capacitĂŠ dans chacun des

Figure 2 : Les interconnexions envisageables Ă terme.

REE N°3/2016 Z 83


❱❱❱❱❱❱❱❱❱❱❱ RETOUR SUR

L’imagerie médicale du 20e siècle Jean-Louis Coatrieux, Patrick Bourguet, Jacques de Certaines, Serge Mordon, Léandre Pourcelot

radiographie va profiter d’améliorations successives sur les tubes à rayons X, les collimateurs, l’amplificateur de brillance et les détecteurs pour évoluer vers des systèmes de mieux en mieux résolus. Le passage de l’analogique au numérique va démultiplier son impact

Introduction

et les applications cliniques. Sous sa forme conven-

Une véritable révolution en imagerie médicale a

tionnelle, elle reste un examen de première intention,

bien eu lieu au cours du siècle écoulé avec l’imagerie

peu coûteux. Par la rapidité d’acquisition qu’elle permet

par rayons-X, les ultrasons, l’imagerie par résonance

(quelques dizaines d’images par seconde), elle se place

magnétique et l’imagerie de médecine nucléaire. Le

aussi comme un outil incontournable dans les salles de

corps humain restait jusqu’alors

chirurgie ou d’imagerie intervention-

opaque et il fallait la chirurgie pour

nelle au sens large. Associée à des

en apprendre les organes et iden-

produits de contraste opaques aux

tifier la nature et l’étendue des pa-

rayons X, injectés dans le réseau

thologies qu’il cachait.

vasculaire, elle s’appellera plus tard

Cette révolution est venue en

« angiographie » et offrira la possibi-

premier lieu de la physique. Cepen-

lité de distinguer les vaisseaux des

dant, la physique n’aurait pas suffi

autres structures anatomiques et

à elle seule. Les mathématiques,

de détecter les sténoses et les ané-

l’électronique, la chimie, l’informa-

vrismes, de guider en temps réel les

tique et d’autres disciplines encore

poses d’endoprothèses et d’élec-

devaient joindre leurs efforts avec

trodes de stimulation. C’est aussi

la médecine pour réussir. Résu-

cette radiographie qui sera à la base

mer ce siècle et cette aventure en

des premières opérations chirur-

quelques pages est une gageure

gicales robotisées en particulier

et cet article ne prétend pas à une

pour le prélèvement d’échantillons

quelconque exhaustivité. Elle reprend les principales découvertes en s’attachant à distinguer vraies ruptures et innovations incrémentales, chercheurs reconnus et in-

Figure 1 : Le tout premier cliché radiologique a été réalisé le 22 décembre 1895 et a nécessité une pose de 20 min, ce qui explique une partie de ses imperfections ! Il a été publié dans la revue Nature le 26 janvier 1896.

venteurs oubliés.

De la radiographie au scanner X

tissulaires (biopsies). C’est encore elle qui, aujourd’hui, prend la forme d’une imagerie rotationnelle rapide (plus d’une centaine d’images sur 120° en trois à quatre secondes). Le

couple

«

source-détec-

teur » cependant était né avec Roentgen. L’inconvénient de la radiographie 2D restait cependant

Lorsque nous parlons de l’imagerie par rayons X,

manifeste. E. Thompson tente d’obtenir des images

c’est la première et fameuse image produite inci-

3D en exploitant une technique stéréoscopique

demment par Wilhelm Roentgen qui fait référence

par acquisition de deux vues décalées de quelques

(figure 1). Cette image d’une main, supposée être celle

degrés. K. Mayer, à Cracovie, propose en 1916 des

de son épouse Bertha, date de 1895 et en montre les

images « stratigraphiques » par déplacement de la

structures osseuses. Cette image projetée, bidimen-

source, le détecteur restant fixe. C. Baese dépose

sionnelle, cumule les atténuations le long des rayons

un brevet basé sur l’idée d’un mouvement simul-

issus d’une source à rayons X et traversant successive-

tané source-détecteur. Un autre brevet datant de

ment les tissus qui se retrouvent ainsi superposés dans

1922 par A. Bocage parle déjà d’imagerie de coupes.

le plan du détecteur. Roentgen obtiendra pour cette

B.G. Ziedses des Plantes introduit le concept de

découverte le Prix Nobel de physique en 1901. Cette

« planigraphie ». Ces travaux seront concrétisés par

87 Z REE N°3/2016


❱❱❱❱❱❱❱❱❱❱❱ RETOUR SUR

J. Massiot en 1935 avec son tomographe vertical ou « bio-

l’accès à une imagerie volumique dynamique ou 4D (3D +

tome ». Ces noms de chercheurs et d’inventeurs sont main-

temps) dont la cible majeure est le cœur mais aussi l’ima-

tenant bien oubliés. Seuls deux noms sont crédités de la

gerie de perfusion. Un autre problème, de santé publique

découverte du « CT scanner » (CT pour Computed Tomogra-

cette fois, concerne l’effet cumulé d’irradiation. Les scanners

phy) : A.M. Cormack et G.N. Hounsfield, prix Nobel de phy-

à faible dose de rayons X feront donc très certainement par-

siologie ou de médecine en 1979. Le principe est simple et

tie de ces enjeux. La physique comme les algorithmes de

basé sur l’acquisition de projections au cours d’une rotation

reconstruction y auront leur place. Il est peu probable cepen-

du couple source-détecteur autour du corps. Un autre facteur

dant qu’ils reprennent les « chambres à fils » inventées par

concomitant va jouer un rôle considérable dans leur réalisa-

Georges Charpak et qui lui ont valu le Nobel de physique

tion, la disponibilité des calculateurs, car des algorithmes sont

en 1992.

alors nécessaires pour reconstruire l’image 2D par rétropro-

L’apparition du tomodensimètre a eu d’autres consé-

jection des mesures de projections. Si la transformée propo-

quences immédiates sur le diagnostic et la thérapie. Les

sée par N.H. Abel en 1826 n’a eu longtemps que des échos

méthodes de traitement d’image capables de segmenter

épisodiques, celle de J. Radon publiée en 1917, va être large-

précisément les différentes structures, de détecter les lé-

ment utilisée dans les premières générations de scanner. Les

sions, de les localiser dans l’espace du corps, de caractériser

années 1960 sont celles des bancs expérimentaux mais dès

quantitativement leurs formes ont connu un développement

1972, le premier scanner EMI de tomographie axiale, basé

sans précédent dans les applications cliniques. L’émergence

sur les travaux de Hounsfield, est installé en clinique.

pratiquement simultanée de la synthèse d’image a trouvé là

Nous allons assister dès lors à une avalanche de nouveaux

matière à restituer des rendus surfaciques 3D qui, rapide-

modèles proposés par des constructeurs américains comme

ment, ont été supplantés par des rendus volumiques. Ces

européens. Le marché est en effet gigantesque. Les innova-

techniques se sont naturellement déployées vers la prépa-

tions vont se succéder à un rythme soutenu pour gagner en

ration d’interventions chirurgicales à travers des plannings

temps d’acquisition (l’alternative offerte par l’Electron Beam

simulant les gestes à accomplir. L’imagerie par rayons X (du

CT dans les années 80 visera au même objectif), améliorer

scanner au rotationnel) comme les autres modalités dont il

la résolution spatiale comme la qualité des images et réduire

est question par la suite, par leur complémentarité sur le plan

les temps de calcul. La géométrie parallèle des faisceaux de

morphologique comme fonctionnel, diagnostic comme interr

rayons X passe à une géométrie en éventail (1976) asso-

ventionnel, vont dès lors tenir un rôle central en médecine.

ciée à une barrette linéaire de capteurs toujours plus nombreux. Les acquisitions de projections par une rotation suivie

Les ultrasons

d’une translation sont remplacées par une rotation mainte-

Dès que nous parlons d’ultrasons, c’est le sonar (Sound

nue constante et un mouvement continu de translation du

Navigation Ranging) et le nom de P. Langevin qui nous

patient : c’est le scanner spiralé (1989). Les avancées sur les

viennent en tête. Si c’est effectivement lui qui a conçu en

détecteurs permettront ensuite de remplacer les barrettes

1917 le premier générateur d’ultrasons, il faut reconnaître le

linéaires par des matrices 2D (scanner à multidétecteurs) :

rôle majeur de quelques précurseurs dont, parmi beaucoup

de quatre lignes en 1998, elles passeront à 64 en 2004 pour

d’autres, L. Spallanzani qui en a soupçonné l’existence en

atteindre 320 aujourd’hui.

observant le vol de nuit des chauves-souris (1794), Lord Ray-

Il est intéressant de noter que cet accès direct au 3D au

leigh qui a décrit les principes physiques sous-jacents aux

moyen d’un faisceau conique a été exploré bien avant. C’est le

vibrations (càd ondes) ultrasonores en 1877 mais aussi les

cas du DSR (Dynamic Spatial Reconstructor) conçu à la Mayo

frères Curie avec la découverte en 1880 des effets piézoé-

Clinic, USA, par l’équipe d’E. Ritman et opérationnel dès 1981.

lectriques de certains cristaux. Il a fallu cependant attendre

C’est aussi le cas du morphomètre, un projet d’envergure

les années 1950 pour voir ces techniques ultrasonores appli-

nationale en France, conduit dans les années 80 par General

quées à la médecine (par exemple le somatoscope en 1954

Electric, le CEA-Leti, Rennes et Lyon. Le morphomètre intro-

aux USA) et les années 1970 pour une utilisation en routine

duisait de plus le concept du scanner à source duale puisque

clinique. Les ultrasons sont non ionisants, non dangereux, fa-

deux couples source-détecteur étaient utilisés !

ciles à mettre en œuvre et ils permettent une visualisation en

Les enjeux aujourd’hui sont de plusieurs ordres. Outre

temps réel des organes et du sang circulant. Ils se propagent

les évolutions technologiques, de nouvelles applications cli-

assez bien dans les tissus mous, avec une atténuation sen-

niques sont visées comme par exemple la caractérisation

siblement proportionnelle à leur fréquence. Les fréquences

de tissus se différenciant en densité selon l’énergie utilisée,

utilisées vont de 3 à 40 MHz. La différence d’impédance

88 Z REE N°3/2016


ENTRETIEN AVEC BRICE LALONDE

Ancien ministre

Du global au local : après la COP21, le temps est venu d’agir REE : Brice Lalonde, les Français vous

Cela a été très utile et a plutôt bien fonc-

développement durable. Sur ce point,

connaissent bien. Vous avez été no-

tionné, car ces objectifs ont permis de

on peut faire des évaluations et des ob-

tamment candidat à la Présidence de

cadrer et de démultiplier l’action.

servations, suivre les bateaux en temps

la République, créateur de Génération

réel, détecter les comportements anor-

Ecologie, ministre chargé de l’environnement dans plusieurs gouvernements... Vous avez été sous-secrétaire

maux, mais il faudrait aller plus loin et

Climat, eau, énergie : trois priorités mondiales

général des Nations Unies et vous êtes aujourd’hui président fondateur

pouvoir agir dans le cadre d’une véritable citoyenneté planétaire. C’est très difficile de l’imposer aux

Partant de là, la conférence internatio-

Etats. Regardez l’Europe : on la critique,

du Business & Climate Summit.

nale « Rio + 20 » sur le développement

on la vilipende mais c’est une organisa-

Pouvez-vous nous dire quelles sont

durable a initié en 2012 un processus

tion qui est respectée au niveau interna-

aujourd’hui vos préoccupations es-

de définition « d’objectifs de développe-

tional car, au travers de la Commission,

sentielles à l’échelle de la planète ?

ment durable » (ODD) qui a abouti, lors

elle s’est dotée d ‘une force de proposi-

Brice Lalonde : Au niveau de la pla-

du Sommet du développement durable

tion et d’action. Il n’y a rien de similaire

nète, il faut faire face à beaucoup de

du 25 septembre 2015, à l’adoption d’un

au niveau des Nations Unies. Le secré-

priorités. Il y a en premier lieu le climat,

nouveau programme de développement

taire général, quel que soit son talent,

sur lequel nous reviendrons et qui est

durable fondé sur 17 objectifs mondiaux

reste au service des Etats. Il n’y a même

une priorité absolue, mais il y a aussi

pour mettre fin à la pauvreté, lutter contre

pas de Chief Scientific Officer qui puisse

l’eau, dont les ressources sont limitées

les inégalités et l’injustice et bien entendu

susciter et coordonner des études qui

et dont la surexploitation crée dans de

faire face au changement climatique.

fassent autorité au niveau international.

stress hydrique qui est un handicap

REE : Il ne suffit malheureusement pas

REE : Malgré cela, diriez-vous que,

au développement et peut être à l’ori-

de se donner des objectifs. Ne faut-il

depuis plus de 40 ans que les préoc-

gine de conflits très sérieux. Mais pour

pas qu’une gouvernance soit en place

cupations environnementales sont

répondre aux besoins en eau, il faut de

pour les mettre en œuvre ?

venues sur le devant de la scène,

l’énergie et donc climat-eau-énergie sont

B. L. : La question de la gouvernance est

la situation globale s’est améliorée

des préoccupations connexes.

nombreuses régions du monde un

effectivement centrale. Car comment,

ou bien s’est détériorée ?

On doit sans doute y adjoindre la bio-

dans une organisation de 195 membres,

B. L. : La situation s’est parfois amélio-

diversité, bien que je ne sois pas sûr que

parvenir à se mettre d’accord et mettre

rée au niveau local. Il y a eu une prise

l’on puisse construire dans ce domaine

en place une plate-forme d’action com-

de conscience de la nécessité d’agir

une politique intégrée, et, dans un autre

mune qui respecte le droit à la subsidia-

mais ce sont surtout les pays riches qui

ordre d’idées, il faudrait citer l’éducation,

rité de chacune des parties prenantes ?

ont aujourd’hui les moyens de passer à

la santé, la condition des femmes, etc. En 2000, sous l’impulsion de Kofi Annan, alors secrétaire général des Nations Unies, ont été adoptés les huit objectifs

l’action. Au niveau global, on ne peut pas

Il faut une gouvernance mondiale plus forte en matière d’environnement

du millénaire pour le développement

dire que la sauvegarde de la biosphère soit bien prise en compte. Les questions des cycles du carbone, du phosphore, de l’azote ne sont pas traitées avec l’at-

qui recouvrent de grands enjeux huma-

Il y a des accords qui fonctionnent

nitaires : la réduction de l’extrême pau-

bien, comme la Convention des Nations

vreté et de la mortalité infantile, la lutte

Unies sur le droit de la mer, de 1982,

REE : Vous est-il arrivé de douter de

contre plusieurs épidémies dont le SIDA,

mais celle-ci ne règle que les problèmes

la réalité du problème climatique ?

l’accès à l’éducation, l’égalité des sexes et

de souveraineté sur les espaces mari-

B. L. : Jamais. J’ai été saisi par l’impor-

l’application du développement durable.

times. Elle n’aborde pas la question du

tance de la question dès 1988, date à la-

tention qu’elles méritent

REE N°3/2016 Z 97


mêmes. Et la mobilisation est réelle.

Je n’ai jamais douté de la réalité du problème climatique

Les entreprises portent désormais une grande attention à leur exposition au risque carbone et beaucoup ont adopté en interne, pour la détermination de leur

quelle le GIEC a été créé et à laquelle je

stratégie, un prix notionnel du carbone.

suis entré au gouvernement. La concomitance de ces deux événements, forr

REE : Précisément, quel serait selon

tuite bien entendu, m’a mené à prendre

vous le bon prix du carbone ?

conscience de l’ampleur du problème

Seriez-vous partisan de l’instauration d’un prix plancher du CO2 ? Un tel

climatique et je me réjouis d’avoir pu,

La COP 21 : un immense succès. Les collectivités locales et les entreprises doivent à présent prendre le relais

dans le cadre des responsabilités qui étaient les miennes, engager la France dans la voie qu’elle suit aujourd’hui. REE : Le point clé n’est-il pas cepen-

plancher a-t-il un sens au niveau de la France prise isolément ? B. L. : Je suis favorable à un prix plancher du carbone, que je situe à court terme aux environs de 30 F/t de CO2 mais je suis également favorable à l’instauration

dant in fine celui de la démographie dans le monde et que peut-on faire

à présent. Quelles devraient être

d’un prix plafond, afin de permettre aux

pour la contenir ?

les prochaines grandes étapes du

acteurs économiques de raisonner sur

B. L. : Tout dépend de l’empreinte éco-

processus engagé ?

des bases stables. Cela peut s’envisager

logique que chacun imprime sur cette

B. L. : La COP 21 a été effectivement un

au niveau français mais c’est évidem-

Terre mais je ne cherche pas à fuir cette

très grand succès, relativement inespéré,

ment préférable au niveau européen.

question essentielle. En 1972 le rap-

qu’il faut mettre au crédit de la diploma-

port du Club de Rome préconisait de

tie français conduite par Laurent Fabius.

En parallèle à l’établissement d’un tel prix plancher, il faudrait immédiatement

stabiliser la population à l’échelle mon-

Grand accord et inespéré car il va au-

supprimer les subventions et les niches

diale, sans préciser d’ailleurs par quelles

delà de ce à quoi on pouvait s’attendre.

fiscales dont bénéficient encore au-

mesures y parvenir. Et puis, le sujet est

L’accord pose en effet comme principe

jourd’hui de nombreux consommateurs

sorti du radar devant les protestations

que dans la deuxième partie du XXe siècle,

d’énergies fossiles. Il faut également

de la plupart des pays en développe-

il faudra que toutes les émissions soient

poursuivre l’effort d’harmonisation des

ment et de tous ceux qui se référaient

compensées. Mais l’accord comporte peu

normes et de la réglementation.

à la maxime de Jean Bodin « Il n’y a ni

d’obligations, essentiellement deux :

richesse ni force que d’hommes »1.

s L OBLIGATION FAITE Ì CHAQUE PAYS D ÏLABOs L OBLIGATION FAITE Ì CHAQUE PAYS D ÏLABO-

Aujourd’hui, on ose à nouveau dis-

rer une politique « climat » se traduisant

cuter du problème mais on se heurte

par les « contributions prévues déterr

souvent aux positions des fondamen-

minées au niveau national »2 ;

Un prix plancher du carbone de 30 F/t serait dès aujourd’hui justifié

talistes religieux. Cependant la transi-

s L INTERDICTION s L INTERDICTION DE REVENIR EN ARRIÒRE ET ET

tion démographique est en marche

donc l’obligation d’améliorer ces contri-

REE : Le traité de libre-échange tran-

dans de nombreux pays, il faut l’en-

butions tous les cinq ans.

satlantique (le TAFTA) est présenté

courager et cela passe notamment par

Il faut à présent harmoniser le conte-

l’éducation et la sauvegarde des droits

nu de ces contributions et convenir, dans

attentatoire à la sauvegarde de l’envi-

des femmes.

le détail, des mécanismes de mesure et

ronnement et renverrait notamment

de suivi. C’est en cours.

au second plan les principes

REE : La COP 21 est présentée géné-

Mais pour la réalisation de l’objec-

par certaines organisations comme

de réduction des émissions de CO2. Qu’en pensez-vous ?

ralement comme un grand succès

tif, l’accord reconnait

dont la France peut se féliciter.

d’acteurs dont le rôle est absolument

B. L. : Je ne sais pas dire aujourd’hui si l’on

Mais depuis, les acteurs semblent

fondamental : les collectivités locales et

va dans la bonne direction. Peu d’inforr

s’être mis en « mode pause »

les entreprises. Ce sont ces deux acteurs

mations circulent et c’est peut-être mieux

et peu de choses semblent se passer

qui vont être les moteurs du succès de

ainsi car il ne faut pas, en négociation,

l’Accord de Paris plus que les Etats eux-

que le partenaire ait trop tôt connaissance

1

NDLR : Cette citation est tirée du livre de Jean Bodin, les Six Livres de la République, paru pour la première fois en 1576 à Paris.

98 Z REE N°3/2016

2

deux catégories

NDLR : En anglais, Nationally Determined Contributions (NDCs).

des positions que l’on entend défendre. La Commission a reçu un mandat et je


ENSEIGNEMENT & RECHERCHE

La Conférence des grandes écoles (CGE) & l’avenir de l’enseignement supérieur en France Entretien avec Francis Jouanjean - Délégué général de la CGE REE : La CGE a organisé le 12 mai dernier un colloque destiné à étudier l’ensemble des problèmes soulevés par l’avenir de l’enseignement supérieur dans notre pays. Pouvez-vous revenir sur cette manifestation qui a été l’occasion pour Thierry Mandon de faire un exposé de politique générale ? Pourquoi la CGE s’intéresse-t-elle, au-delà de ses propres membres, à la globalité de l’enseignement supérieur (ES) ? Francis Jouanjean : Les « Grandes écoles » en France jouent depuis plus de deux siècles un rôle important dans l’enseignement supérieur de notre pays ; qu’elles appartiennent au monde de l’Université au sens large (comme les écoles normales supérieures ou de nombreuses écoles d’ingénieur), ou qu’elles dépendent d’autres ministères (Industrie, Agriculture, Défense…), elles concourent de façon importante à la formation des cadres dont notre pays a besoin. Elles sont malgré tout mal connues comme l’est d’ailleurs l’enseignement supérieur dans son ensemble. Ainsi, les questions relatives à la jeunesse, à sa formation, à son insertion professionnelle etaient au cœur du colloque du 12 mai. La campagne pour les élections présidentielles est une occasion pour tenter de faire passer des messages. Loin du tourbillon médiatique, nous avons souhaité mettre en perspective quelques-uns des défis auxquels la société française est confrontée et formuler des propositions issues de la mise en commun de nos propres expériences et de nos réussites. Le ministre en charge de l’enseignement supérieur lui-même avait accepté, avec d’autres personnalités telles que Jean Pisany-Ferry ou Christine Ockrent, de participer à cet important brain storming qui a d’ailleurs

Figure 1 : Anne-Lucie Wack, directrice générale de Montpellier SupAgro et présidente de la Conférence des grandes écoles, au colloque de la CGE le 12 mai 2016 ; à ses côtés, de gauche à droite ; Bernard Ayrault et Alain Brenac, membres du comité de rédaction de la REE.

conforté l’importance des questions, comme la pertinence de nos suggestions. REE : L’opinion publique, dans un récent sondage TNS SofresCGE, plébiscite les grandes écoles ; elles sont très souvent associées à une sélection drastique comme à la délivrance de diplômes valant à la fois insertion professionnelle rapide à très bon niveau et garantie d’emploi pour l’ensemble de la vie professionnelle. Qu’en pense la CGE ? Le Ministre Thierry Mandon est-il du même avis ? F. J. : On associe souvent (trop souvent !) les grandes écoles (GE) à une sélection extrêmement sévère et à la délivrance d’un diplôme valant sésame pour l’insertion professionnelle comme pour l’ensemble de la carrière. On en reste en quelque sorte à la boutade de Flaubert dans son Dictionnaire des idées reçues : Polytechnique, rêve de toutes les mères !

Les GE sont très diverses et ont bonne réputation S’il est bien vrai que les parents veulent toujours le meilleur pour leurs enfants, s’il reste exact que le diplôme, à tous les niveaux, reste garant d’une meilleure insertion professionnelle, il ne faudrait pas oublier d’une part que les GE sont nombreuses et diverses et qu’elles sont toutes en lien avec le monde socio-économique et la recherche. L’encadré 1 fournit quelques éléments essentiels sur l’actuelle CGE dans sa diversité ; soulignons que son poids démographique dans l’ensemble des diplômés est très important : les flux annuels sont de l’ordre de 30 000 ingénieurs et d’autant de managers. Le sondage confirme nos propres observations : 80 % de nos concitoyens, 90 % des recruteurs ont une bonne opinion des GE… Il ne faut donc pas s’étonner que les diplômés trouvent rapidement du travail ! S’il est bien vrai que chacun ne peut accéder aux plus prestigieuses de nos GE, il faut souligner que le système des classes préparatoires garantit à chacun la poursuite d’études jusqu’au niveau master ; la sélection des concours qui ne représente que 40 % des entrées équivaut globalement à une répartition/orientation. Le ministre, confronté à l’ensemble des étudiants post-bac, n’ignore pas cette filière de réussite qui concerne globalement un étudiant sur six et son pragmatisme clairement assumé le pousse à œuvrer pour un système flexible qui sache concilier orientation et sélection. Nous convergeons également pour souhaiter une grande amélioration de l’information des collégiens et lycéens, trop souvent à la fois ignorants de l’ouverture effective des GE et désarçonnés devant la complexité globale de notre système éducatif…

REE N°3/2016 Z 101


ENSEIGNEMENT & RECHERCHE

La CGE aujourd’hui La CGE est une association loi de 1901 de 260 membres, grandes ĂŠcoles, entreprises et organismes. Les 220 ĂŠtablissements d’enseignement supĂŠrieur français et ĂŠtrangers (francophones) membres reprĂŠsentent tout le spectre des formations supĂŠrieures en grandes ĂŠcoles de niveau Master et au-delĂ (Ecoles d’ingĂŠnieur, de management, d’arts, d’architecture, de journalisme ‌). Elle a aussi pour membres des UniversitĂŠs de technologie, l’UniversitĂŠ de Paris Dauphine et des Instituts d’Êtudes politiques dont les fondamentaux se rapprochent du modèle des grandes ĂŠcoles. Elle regroupe une vingtaine d’entreprises et 35 organismes divers (IMT, Compagnons du devoir, associations de professeurs‌). La CGE est : s UN 4HINK TANK SUR L ENSEIGNEMENT SUPĂ?RIEUR n 0RODUCTION s UN 4HINK TANK SUR L ENSEIGNEMENT SUPĂ?RIEUR n 0RODUCTION d’analyses et d’enquĂŞtes sur les questions ESR. La CGE est un observatoire pour l’enseignement supĂŠrieur et un acteur essentiel valorisant en particulier le lien Formation n 2ECHERCHE n %NTREPRISES s UN CENTRE DE LOBBYING ET DE REPRĂ?SENTATION DE SES MEMBRES s UN CENTRE DE LOBBYING ET DE REPRĂ?SENTATION DE SES MEMBRES Ă travers des dĂŠmarches d’intĂŠrĂŞt commun auprès des pouvoirs publics nationaux, communautaires et internationaux, en liaison avec le monde de l’entreprise, les acteurs DE L Ă?CONOMIE ET DE LA SOCIĂ?TĂ? CIVILE s UNE AGENCE D ACCRĂ?DITATION DES FORMATIONS SPĂ?CIlQUES DĂ?LIs UNE AGENCE D ACCRĂ?DITATION DES FORMATIONS SPĂ?CIlQUES DĂ?LIvrĂŠes par ses membres (Mastère SpĂŠcialisĂŠÂŽ, MSc, BADGE, CQC). ,A lLIĂ’RE #0'% '% COMPTE ACTUELLEMENT PLUS DE Ă?TUDIANTS SOIT DE L ENSEIGNEMENT SUPĂ?RIEUR 0AR CONTRE LA lLIĂ’RE ASSURE PRATIQUEMENT DES DIPLĂ™MĂ?S DE NIVEAU -ASTER EN &RANCE ET PRĂ’S DE DES SECTEURS DISCIPLINAIRES -ASTER EN &RANCE ET PRĂ’S DE DES SECTEURS DISCIPLINAIRES concernĂŠs) : elle concilie ux importants, rigueur de la formation‌ et excellente insertion professionnelle, avec un TAUX NET D EMPLOI DE SIX MOIS APRĂ’S LE DIPLĂ™ME La recherche occupe une grande place dans les GE : si l’UniversitĂŠ et les grands organismes prĂŠvalent dans de nombreux secteurs, en particulier dans les disciplines acaEN DĂ?MIQUES DES DOCTORATS SOUTENUS CHAQUE ANNĂ?E EN France sont prĂŠparĂŠs dans les labos des GE et reprĂŠsentent la majoritĂŠ de ceux qui sont concernĂŠs par les applications ou innovations industrielles.

EncadrÊ 1 : La CGE aujourd’hui

102 Z REE N°3/2016

REE : L’ES est confrontĂŠ depuis deux gĂŠnĂŠrations Ă une ÂŤ massification Âť très forte et concerne dĂŠsormais au total environ 2 400 000 ĂŠtudiants : pense-t-on Ă la CGE que ce phĂŠnomène va perdurer ? Avec quelles consĂŠquences ? F. J. : Avec l’Êquivalent de trois classes d’âge accueillies dans l’ES, notre gĂŠnĂŠration a connu une spectaculaire augmentation ! Mais cette ĂŠvolution est loin d’être uniforme suivant les domaines : pendant que les ux de mĂŠdecins doublaient, celui des ingĂŠnieurs ĂŠtaient multipliĂŠs par six ! Celui des diplĂ´mĂŠs des ĂŠcoles de management est encore plus spectaculaire. Cette ĂŠvolution va se prolonger et rĂŠpondra Ă un besoin de plus en plus important de jeunes diplomĂŠs qualiďŹ ĂŠs. Mais l’ES dans son ensemble doit ĂŠvoluer pour rĂŠpondre Ă la demande du monde socio-ĂŠconomique. REE : On cite souvent l’Allemagne en modèle en se rĂŠfĂŠrant Ă ses succès ĂŠconomiques comme au rĂ´le qu’y joue l’apprentissage ! A votre avis ces deux aspects sont-ils corrĂŠlĂŠs ? Que pourrait-on faire dans notre pays ? F. J. : L’exemple de nos voisins d’outre-Rhin est très souvent invoquĂŠ : leurs succès ĂŠconomiques dans les hautes technologies est sans doute liĂŠe Ă la rĂŠputation que garde l’industrie dans la sociĂŠtĂŠ allemande et de l’importance traditionnelle que tient l’apprentissage pour y prĂŠparer ouvriers, techniciens et techniciens supĂŠrieurs. Nous appelons de nos vĹ“ux une vigoureuse rĂŠhabilitation des ďŹ lières techniques, mais nous ne pouvons masquer le paradoxe que constitue l’importance de l’apprentissage dans nos pays respectifs ; c’est en Allemagne un atout indiscutable pour les formations courtes (jusqu’au BTS), mais notre pays est le plus avancĂŠ en matière d’apprentissage dans l’enseignement supĂŠrieur. On ignore trop souvent que 14 % de nos diplĂ´mĂŠs le sont par la voie de l’apprentissage et nous avons l’ambition de parvenir rapidement Ă 20 %. Il faudrait faire une synthèse entre nos deux pays et dĂŠvelopper un système global pour le plus grand bĂŠnĂŠďŹ ce des ĂŠtudiants et des entreprises REE : Vous venez d’exprimer la certitude que la ‘’demande’’, Ă l’entrĂŠe de l’ES va augmenter. Dans ces conditions, quelle devrait ĂŞtre la ÂŤ politique de l’offre Âť de l’ES ? Comment parvenir Ă une orientation ĂŠclairĂŠe, qui dĂŠpasse l’opposition traditionnelle entre orientation et sĂŠlection, qui enraye le chĂ´mage des jeunes et qui rĂŠponde mieux aux aspirations sociĂŠtales ? F. J. : Vous avez raison d’employer cette expression d’orientation ĂŠclairĂŠe qui devrait imprĂŠgner l’ensemble des acteurs de l’enseignement, y compris avant l’accès Ă l’ES. On constate trop souvent un dĂŠďŹ cit d’information sur les possibilitĂŠs rĂŠelles‌ Ă l’opposĂŠ de ceux qui connaissent assez bien les arcanes du système pour y optimiser le parcours de leurs enfants ! L’information des futurs ĂŠtudiants devrait grandement ĂŞtre prise en compte dans les emplois du temps des lycĂŠens et les intervenants formĂŠs Ă cet effet ou choisis en fonction de leur connaissance du milieu. Cette ĂŠvolution devrait aussi concerner l’ensemble du cycle universitaire et ĂŠclairer les ĂŠtudiants en licence sur les dĂŠbouchĂŠs Ă la sortie des cycles


PROPOS

LIBRES

Comptes 2015 : le secteur électrique européen est en danger Philippe Vesseron Ingénieur général des mines (er)

L

1. L’accord de Paris obtenu au Bourget fin 2015 montre le chemin parcouru depuis les débats « réchauffistes versus climato-sceptiques » déclenchés

es comptes à fin 2015 et à fin mars 2016 des

en 1997 par le protocole de Kyoto. L’évolution n’a

entreprises qui produisent de l’électricité en

pas en fait connu de rupture depuis 20 ans, Copen-

Europe sont maintenant disponibles : pour la

hague en 2009 apparaissant a posteriori comme un

vingtaine des plus importantes d’entre elles,

échec de négociation plus que comme une fracture

les « dépréciations » dépassent souvent largement le mil-

de l’analyse3. L’enjeu du climat et du niveau des mers

liard d’euros pour 2015. Déjà en 2014, le total des dépré-

sera donc un déterminant durable des énergies et le

ciations avait atteint quelque 25 milliards d’euros. Des

critère des « gaz à effet de serre » va prendre le pas sur

analyses très intéressantes ont été publiées sur ce sujet

beaucoup d’autres. Les prochaines élections aux Etats-

complexe (Périmètre examiné ? Toutes énergies ? Avec

Unis et en Europe vont bien sûr braquer les projecteurs

les nouveaux services ? Europe ou monde entier ?). Il

sur des fragilités, en particulier dans les « mensonges

faut souhaiter que les résultats de 2015 continuent à faire

par omission sur les gagnants et les perdants » ou

1

l’objet d’examens aussi précis, mais on doit sans attendre

l’estimation des coûts implicites du CO2 évité, mais les

appeler l’attention sur des risques trop occultés en France

débats antérieurs donnent sans doute une vraie robus-

par les chantiers engagés sur l’électronucléaire : les autres

tesse au « consensus réfléchi » actuel. En tout état de

urgences des systèmes électriques français et européens

cause, il sera sage de veiller à produire et à diffuser les

sont sans doute largement aussi lourdes.

tableaux de bord nécessaires pour éviter le retour des polémiques : il faudra se forcer à parler « empreinte »,

Que les entreprises soient ou non cotées en bourse, les normes comptables imposent à présent des “impair-

« différenciation », « convergence », « CO2 per capita »,

ment tests”2 : en fonction de l’évolution des marchés

« coût/efficacité », se méfier du “greenwashing”... l’es-

et du cadre réglementaire, l’enregistrement de dépré-

sentiel étant que chacun ait durablement les moyens

ciations est maintenant classique dans les comptes

de former son propre jugement.

annuels d’entités telles que RWE, ENEL, ENGIE, EDF…

2. La crise mondiale de 2007-2008 a provoqué une

Mais depuis 15 ans, beaucoup d’éléments du référen-

rupture profonde dans l’évolution du secteur élec-

tiel ont profondément changé, sans toujours mobiliser as-

trique européen, avec l’émergence assez générale

sez l’attention, en particulier à cause d’un décalage de plu-

de surcapacités : la récession se traduit dans beau-

sieurs années avec les évènements qui ont initié chaque

coup de pays par un ralentissement ou des diminu-

évolution : il sera utile de mieux comprendre pourquoi les

tions de la consommation, en particulier industrielle,

signaux précurseurs n’ont pas eu plus d’écho. Ces déca-

d’où une stabilité globale de la demande depuis 2008.

lages affectent plusieurs dimensions et nous souhaitons

En 2016, introduire une capacité de production élec-

appeler à reprendre la réflexion sur la coïncidence en 2016

trique supplémentaire impose de réduire l’activité de

de changements majeurs selon six axes principaux :

centrales en service sauf si d’autres initiatives permettent de rentabiliser l’ensemble en remplaçant par

1

Voir notamment EY, Bloomberg, Oxford OEIS (David Robinson et Malcolm Keay) ou Deloitte. (Voir les liens en fin d'article).

2

Un test de validité ou “impairment test” permet de valider la cohérence entre la valeur nette comptable des actifs incorporels, notamment le goodwill, et leur valeur de récupération (soit valeur d’usage, soit valeur de marché).

3

L’échec était pourtant prévisible : même sur le seul sujet du “burden sharing”, les mécanismes adoptés en 1997 pour Kyoto dans une Europe à 15 n’étaient raisonnablement pas envisageables au niveau mondial en 2009. Le débat pour l’application par l’UE de l’accord de Paris est devant nous sur ce point.

REE N°3/2016 Z 109


LIBRES

PROPOS

l’électricité des énergies plus « carbonées », localement

4. En 1980, Margaret Thatcher se lance, par fermetures

ou à distance. Cette surcapacité électrique appelle des

et privatisations, dans une remise en cause brutale des

réflexions urgentes, en particulier parce que beaucoup

mines et autres industries nationalisées de Grande-

des modélisations dans plusieurs pays sont parties du

Bretagne. A leur tour, la Commission et les Etats de

postulat que « diversification » et « transition » seraient

l’Union européenne s’engagent en 1996, dans les sec-

obtenues « gratuitement » grâce à la croissance de la

teurs du gaz et de l’électricité, dans une transformation

demande ou à l’occasion du remplacement d’unités en

profonde des règles du jeu, avec une stratégie de « li-

service au moment de leur arrêt « naturel » par obsoles-

béralisation des marchés » pour remplacer des mono-

cence technique ou économique.

poles historiques nationaux ou régionaux, en général

En France, la reprise de la croissance du PIB per

services publics très intégrés verticalement, de la pro-

capita4 tarde plus qu’ailleurs et le chômage monte

duction à la distribution, construits sur des arguments

en tête des inquiétudes dans presque tous les seg-

d’économie d’échelle, de péréquation et de sécurité de

ments de l’opinion. Cette situation renforce l’impéra-

la fourniture. A l’inverse, le but affirmé du changement

tif de présenter loyalement l’impact sur l’emploi, les

est alors un « marché intérieur » où la concurrence ferait

prix et le coût en subventions publiques des options

baisser les factures des ménages et des entreprises :

énergétiques envisagées, mais les explications sont

échec grave sur ce plan mais fort développement des

d’autant moins audibles que nous n’avons pas assez

principaux électriciens hors de leurs marchés histo-

réévalué nos « principes », même quand ils se contre-

riques et apparition d’acteurs nouveaux et de nouveaux

disent gravement : nous répétons tantôt que le faible

métiers. Quoi qu’il en soit, à peine en place, le nouveau

coût de l’électricité est un atout pour les ménages et

modèle est fortement hybridé à cause de la préoccu-

les entreprises, tantôt que la meilleure des énergies

pation du climat : l’Europe adopte un paquet « énergie-

est celle qu’on ne consomme pas, tantôt que toute

climat », précisément en 2008 (fâcheuse coïncidence),

réduction de la consommation d’énergie serait forcé-

et engage des budgets publics nationaux importants

ment créatrice d’emplois, tantôt qu’il ne coûtera rien

pour l’électricité produite à partir des énergies renou-

aux ménages ni aux entreprises d’arrêter de gaspiller

velables (EnR), subventions dont on disait qu’elles se

pour que leurs factures n’augmentent pas malgré la

réduiraient au fur et à mesure de l’augmentation pré-

hausse du prix de l’électricité.

vue du prix des hydrocarbures (!)...

3. Les prix des hydrocarbures avaient été multipliés par

Même si l’explosion de ces budgets (en Espagne

5 de 2000 à mi 2008, atteignant 140 USD par baril,

notamment) a obligé à des réductions politique-

avant un mouvement en sens inverse déclenché no-

ment douloureuses, quoique facilitées par la baisse

tamment par l’irruption aux Etats-Unis des gaz et pétrole

des coûts du photovoltaïque et des éoliennes, le

de schiste puis un effondrement mondial des cours à

résultat a été une augmentation forte de la capacité

partir de juillet 2014. En 2016, les experts semblent

de production. Surcapacité d’un côté, faiblesse

prédire que la restabilisation, qui ne sera d’ailleurs pas

de la demande de l’autre entraînent à partir de

immédiate, restera loin des maxima antérieurs. Pourtant

2014 des dysfonctionnements évidents du mar-

nous continuons à réagir en Europe comme si « les prix

ché européen de l’électricité : le débouché des

allaient être croissants, forcément croissants » – parce

moyens de production d’électricité autres que les

que l’épuisement progressif des ressources est physi-

EnR « régulées » se réduisant année après année,

quement indiscutable – alors que l’actualité reste celle

le « prix de marché » s’effondre à peu près dans

d’un prix bas pour le charbon américain comme, sur

tous les pays européens6. Ce mouvement a conduit

les marchés mondiaux, pour le pétrole et le gaz. Etant

à arrêter temporairement ou définitivement plu-

entendu aussi qu’il faudra ne jamais exploiter une part

sieurs centrales au fuel, au gaz ou au charbon, au-

importante des réserves de charbon5.

delà de ce qui résultait de la fin d’exploitation des mines de charbon ou de lignite (beaucoup de ces

4

Mais la démographie française est aussi un atout !

5

Du moins sauf mise en œuvre des technologies « Capture et stockage du CO2 (CCS) » dont il est urgent de préciser la faisabilité technique et le coût.

110 Z REE N°3/2016

mines ont fermé sauf en Allemagne et en Pologne). 6

Cf. par exemple le graphique sur les prix de gros en Allemagne diffusé par EnBW. (Voir le lien en fin d'article).


Entre science et vie sociĂŠtale,

les ĂŠlĂŠments du futur Une publication de la Edition/Administration : SEE - 17, rue de l’Amiral Hamelin - 75783 Paris cedex 16 TĂŠl. : 01 5690 3709 - Fax : 01 5690 3719 Site Web : www.see.asso.fr Directeur de la publication : François Gerin ComitĂŠ de rĂŠdaction : Bernard Ayrault, Alain Brenac, Patrice Collet, AndrĂŠ Deschamps, Jean-Pierre Hauet, Jacques Horvilleur, Marc Leconte, Bruno Meyer SecrĂŠtariat de rĂŠdaction : Alain Brenac, AurĂŠlie Bazot TĂŠl. : 01 5690 3717 Partenariats Presse & Annonces : Mellyha Bahous - TĂŠl. : 01 5690 3711 RĂŠgie publicitaire : FFE - Cyril Monod - TĂŠl. : 01 5336 3787 cyril.monod@revue-ree.fr Promotion et abonnements : 5 numĂŠros : mars, mai, juillet, octobre, dĂŠcembre. AurĂŠlie Bazot - TĂŠl. : 01 5690 3717 - www.see.asso.fr/ree Prix de l’abonnement 2016 : France & UE : 120 F - Etranger (hors UE) : 140 F Tarif spĂŠcial adhĂŠrent SEE : France & UE : 60 F - Etranger : 70 F Vente au numĂŠro : France & UE : 28 F - Etranger : 30 F Conception & rĂŠalisation graphique JC. Malaterre - TĂŠl. : 09 8326 0343 Impression : Jouve - 53100 Mayenne. Siège social : 11 Bd de SĂŠbastopol - 75027 Paris cedex 1 TĂŠl. : 01 4476 5440

La SEE, sociĂŠtĂŠ savante française fondĂŠe en 1883, forte de 3 000 membres, couvre les secteurs de l’ÉlectricitĂŠ, de l’Électronique et des Technologies de l’Information et de la Communication. Elle a pour vocation dde ffavoriser i ett de d promouvoir le progrès dans les domaines : Énergie, TĂŠlĂŠcom, Signal, Composants, Automatique, Informatique.

La SEE fĂŠdère un vaste rĂŠseau d’experts universitaires et industriels en faveur des s 6 CLUBS TECHNIQUES Q Automatique, Informatique et Systèmes Q IngĂŠnierie des Systèmes d’Information et de Communication Q CybersĂŠcuritĂŠ et RĂŠseaux intelligents Q Radar, Sonar et Systèmes RadioĂŠlectriques Q Stockage et Production de l’Energie Q Systèmes ĂŠlectriques s 12 GROUPES RÉGIONAUX

La SEE contribue Ă l’organisation et ses Groupes rĂŠgionaux s ConfĂŠrences nationales et internationales s JournĂŠes d’Êtudes thĂŠmatiques s ConfĂŠrences-DĂŠbat s Congrès internationaux, en partenariat ou non, avec d’autres sociĂŠtĂŠs scientiďŹ ques

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120 Z REE N°3/2016

DĂŠpĂ´t lĂŠgal : juillet 2016

s Revue de l’ÉlectricitÊ et de l’Électronique (REEEE) s Revue 3EI sM Monographies hi s Publications Êlectroniques : SEE ActualitÊs

La SEE rÊcompense les contributeurs Êminents au progrès des sciences et technologies dans ses domaines s Senior et EmÊrite SEE s Prix : Brillouin-Glavieux, GÊnÊral FerriÊ, AndrÊ Blanc-Lapierre... s MÊdailles : Ampère, Blondel...

SOCIÉTÉ DE L’ÉLECTRICITÉ, DE L’ÉLECTRONIQUE ET DES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION 17, rue de l’Amiral Hamelin - 75783 Paris cedex 16 TÊl. : 01 56 90 37 09/17 - Fax : 01 56 90 37 19 www.see.asso.fr


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