Rodet Campagnes métropolitaines A

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CAMPAGNE MÉTROPOLITAINE Jean Rodet & Nicolas Rondet



Livret A VILLES-CAMPAGNES Approche référencée, une nature mystifiée, et sa confrontation à la ville. Jean Rodet et Nicolas Rondet 2012


“Ah, loin des fiers combats, loin d’un luxe imposteur ; heureux l’homme des champs s’il connaît son bonheur.” VIRGILE. Géorgiques, livre II 49-47 Av J.C UNE GÉNÈSE (PAR DES URBAINS) Visions de campagnes, Hesiode, Theocrite, Virgile Les domaines des arts ont fortement influencés notre rapport à la nature. Hesiode, en décrivant les “5 races de l’Homme” (dans Les Travaux et les Jours, VIIIe s. av J.C.), ancre dans l’imaginaire collectif le mythe de l’Age d’or, un état originel où l’Homme ne travaillait pas et vivait en accord parfait avec la faune et la flore. Theocrite, en développant la poésie pastorale magnifie la vie champêtre et les mœurs des bergers (dans Idylles, IIIe s. av J.C.). Un thème qui sera repris par Virgile dans les Bucholiques et les Géorgiques. Ainsi, le ton est donné pour décliner pendant des siècles la séduction champêtre et le goût de la plaisance en Arcadie. Ces thèmes pastoraux seront repris au XVIe s, entretenant une conception idéalisée de la nature. Les lumières s’interesseront également à la nature première de l’Homme et de la Nature à travers le mythe du bon sauvage. Rousseau, plus particulièrement, exaltera la Nature dans ses Confessions. Il y voit un “paradis terrestre”, la preuve de l’existence de la pureté à l’écart des villes.


. L’âge d’or, Lucas Cranach l’Ancien, 1540 . Les Bergers d’Arcadie, Nicolas Poussin, 1638


LE MYTHE DU BON SAUVAGE Aujourd’hui galvaudée, cette matérialisation d’un état originel supposé de l’humanité a durablement associée à la nature des notions de pureté, de bienfaisance.

“ L’être humain naît ni bon, ni mauvais. Lorsqu’il reste en étroire harmonie avec la nature, il développe chez lui ce qu’il y a de meilleur. Lorsqu’il vit dans des sociétés artificielles, il développe ce qu’il a de pire en lui.”, Michel de MONTAIGNE. Essais

“ L’homme naît naturellement bon, c’est la société qui le corrompt”, Jean-Jacques ROUSSEAU

“ L’âme aussi pure que des enfants ”, Jacques CARTIER



PROTO-EXODE URBAIN La Villa d’Hadrien, Tivoli Il s’agit d’une villa antique bâtie par l’empereur Hadrien au IIe siècle. Elle se situe à Tivoli, à environ 30 km de Rome, et se développe sur une superficie de 120 ha. C’est un ensemble de bâtiments de styles hétéroclites, entretenant une relation subtile avec le relief et le paysage. C’est un exemple historique “d’exode urbain”, l’empereur souhaitant un lieu de villégiature, à l’écart de Rome.


. Vue Google Earth de la Villa d’Hadrien, Tivoli, Italie . Maquette de la Villa d’Hadrien


PROTO-EXODE URBAIN Le hameau de la Reine, Versailles Le hameau de la Reine est une dépendance du Petit Trianon situé dans le parc du château de Versailles. Il fut édifié à la demande de Marie-Antoinette qui souhaitait s’éloigner des contraintes de la cour de Versailles, avec la nostalgie d’une vie plus rustique, dans un décor de nature idéalisée. Autours d’un étang artificiel, 12 chaumières à pan de bois, d’inspiration normande ou flamande furent érigées. Cinq d’entre elles étaient réservées à l’usage de la Reine (Est du plan d’eau). Les autres avaient une vocation agricole. En imitant le tissu villageois, la propriété est morcelée. Une fonction spécifique est attibuée à chaque bâtiment : la maison, le boudoir, le billard et le moulin (d’apparat).


De haut en bas et de gauche à droite : . le boudoir -11. la cuisine (le rÊchauffoir) -10. la ferme (ici la bergerie) -1. la laiterie -2. l’ensemble du dommaine . la maison de la Reine et billard -9-


L’OXYMORE L’implant urbain dans la nature Le Lorrain (1600-1682), est un peintre paysagiste français. Il a principalement travaillé à représenter les paysages des alentours de Rome. Dans ses tableaux, c’est la nature, inondée d’une lumière vaporeuse ou gorgée de soleil, qui tient le rôle principal. C’est un peintre de l’imaginaire, dont les architectures surgissent comme des fantasmes. Il intègre à ses tableaux des palais antiques, qu’il fait dialoguer avec le paysage. Dans un registre plus contemporain, Cyprien Gaillard, dans son oeuvre intitulée Belief in the Age of Disbelief, insère des tours modernistes dans des gravures paysagères hollandaises du XVIIème siècle ; entretenant ainsi l’idée d’une campagne habitée. Ces deux artistes nous montrent également la forte capacité d’absorbtion de la campagne.

. Belief in the Age of Disbelief, Cyprien Gaillard, 2005


. Vue de Delphes avec une procession, Le Lorrain, 1673


VISION D’UNE CAMPAGNE FRANÇAISE FUTURE

Michel Houellebecq La carte et le territoire

«Il ne se remémorait que vaguement Chatelus-le-Marcheix, c’était dans son souvenir un petit village décrépit, ordinaire de la France rurale, et rien de plus. Mais dès les premiers pas dans la bourgade, il fut envahi par la stupéfaction. D’abord le village avait beaucoup grandi, il y avait au moins deux fois, peut être trois fois plus de maisons. Et ces maisons étaient pimpantes, fleuries, bâties dans un respect maniaque de l’habitat traditionnel limousin. Partout dans la rue principale s’ouvraient les devantures de magasins de produits régionaux, d’artisanat, d’art, en cent mètres il compta trois cafés proposant des connexions internet à bas prix - il lira plus tard dans un dépliant publicitaire que le conseil général avait financé le lancement d’un satellite géostationnaire pour améliorer la rapidité des connexions Internet dans le département. Pendant les semaines qui suivirent, il explora doucement, par petites étapes, sans vraiment quitter le Limousin, ce pays - la France - qui était indiscutablement le sien. La

France, de toute évidence, avait beaucoup changé. Il se connecta a internet de nombreuses fois, il eut quelques conversations avec des hôteliers, des restaurateurs, avec d’autres prestataires de services (un garagiste de Périgeux, une escort girl de Limoges) et tout le confirma dans la première impression, fulgurante, oui le pays avait changé, changé en profondeur. Les habitants traditionnels des zones rurales avaient presque entièrement disparu. De nouveaux arrivants, venus des zones urbaines, les avaient remplacés, animés d’un vif appétit d’entreprise et parfois de convictions écologiques modérées, commercialisables. Ils avaient entrepris de repeupler l’hinterland - et cette tentative, après bien d’autres essais infructueux, basée cette fois sur une connaissance précise des lois du marché, et sur leur acceptation lucide, avait pleinement réussi. De nouvelles professions avaient fait leur apparition - ou plutôt d’anciennes professions avaient été remis au gout du jour, telles que la ferronnerie d’art, la dinanderie : on avait vu apparaitre des hortillonnages. A Jabreilles-les-Bordes, un village distant de cinq kilomètres de celui


de Jed, s’était réinstallé un maréchal ferrant. La Creuse, avec son réseau de sentiers bien entretenus, ses forets, ses clairières se prêtait admirablement aux promenades équestres. Plus généralement, la France, sur le plan économique se portait bien. Devenue un pays surtout agricole et touristique, elle avait montré une robustesse remarquable lors des différentes crises qui s’étaient succédées. N’ayant guère a vendre que des hôtels de charme, des parfums et des rillettes - ce qu’on appel un art de vivre - la France avait résisté sans difficulté aux aléas du marché. Car ce n’était pas la fatalité qui avait conduit a se lancer dans la vannerie artisanale, la rénovation d’un gite rurale, ou la fabrication de fromages, mais un projet d’entreprise, un choix économique pesé, rationnel. Instruits, tolérants, affables, ils cohabitaient sans difficulté particulière avec les étrangers présents dans leur région - ils y avaient intérêt puisque ceux ci constituaient l’essentiel de leur clientèle. Cette nouvelle génération se montrait davantage conservatrice, davantage respectueuse de l’argent et des hiérarchies sociales établies que toutes celles qui l’avaient précédée. De manière plus surprenante, le taux de natalité était cette fois effectivement remonté en France, même sans tenir compte de l’immigration, qui était de toute façon presque retombée a zéro depuis la disparition des derniers emplois industriels et la réduction drastique des mesures de protection sociale intervenue au début des années 2020»

Michel Houellebecq Épilogue de La carte et le territoire


ENTRETIEN REM KOOLHAAS / JACQUES LUCAN La campagne

En 2009, lors d’une conférence au Centre Pompidou, à Paris, vous évoquiez une « nouvelle préoccupation pour la campagne », qui n’était pas encore très précise mais qui allait prendre de plus en plus de place. De quelle façon cette préoccupation s’inscritt’elle dans votre travail, comment s’est-elle développée et quelles en sont les perspectives ?

Il s’agit d’un projet d’écriture, qui n’est pas encore une question pour l’Office for Metropolitan Architecture (OMA). Il y a toujours une dialectique entre moi, qui écrit, et l’OMA. J’ai commencé ce projet par instinct, en constatant que l’intérêt pour les situations urbaines était, sinon en train de développer un dogme, du moins correspondait à une façon de voir les grandes villes devenue quasiment règle commune depuis la biennale de Venise de 2006, dont Richard Burdett était le commissaire. Tout le monde connaît l’histoire : plus de la moitié de l’humanité vit en ville ; les grandes agglomérations sont plutôt asiatiques ; elles ne seront plus maîtrisées avec un système de règles, etc. Il y a désormais un langage visuel établi pour parler des problématiques urbaines. Il y a une fascination quantitative qui, très souvent, se traduit en prédictions statistiques. A tout cela, je pense n’avoir plus beaucoup à ajouter.

Ma préoccupation relative à l’urbain était le résultat de quantités de voyages, particulièrement entre 1995 et 2005, au cours desquels j’ai découvert des situations plus ou moins inconnues. Il y avait l’avantage de cet inconnu, de cette fraicheur. J’ai eu l’occasion de suivre pendant vingt ans l’évolution d’un lieu près de Saint-Moritz, en Suisse. On y voit que les phénomènes urbains ont une répercussion sur la campagne, ou forment des parallèles très directs. Tout le monde va en ville, tout le monde abandonne donc – même si ce n’est pas exactement le mot – la campagne. Une autre évidence est que la campagne est en réorganisation permanente, comme la ville, avec des industries innovantes, en particulier du point de vue écologique. En même temps, elle est devenue une étrange annexe de la ville, une autre porte. La question est donc : qu’est-ce que la campagne aujourd’hui, quelle est la nature de son « abandon », quel est l’impact de la modernisation de la vie de la campagne ? Entre la ville et la campagne, il y a certainement des relations complémentaires. Est-ce que ce sont les mêmes phénomènes qui se produisent, mais avec deux visages ? Y-a-t’il vraiment un contraste entre le visage urbain et le visage non urbain ? Il y a, dans le dernier livre de Michel Houellebecq, La Carte et le Territoire, des description de campagne qui sont presque mot pour mot les mêmes que les observations que j’avais faites : une subtile mais permanente dénaturation…


Dans les années 1970, Roland Barthes, déplorait que les écrivains aient été les plus à mêmes de décrire les villes, mieux en tout cas que les études ou les enquêtes. Pensez-vous que ce soit aujourd’hui le cas pour la campagne ?

Je ne suis pas certains que cela soit généralisable à l’ensemble des écrivains. Je pense en revanche que Houellebecq a une capacité étonnante à identifier de manière périphérique des petits phénomènes qui ont de grandes implications. Il est certain que cette transformation de la campagne est un angle mort dans le discours architectural : l’une des rares référence est le travail de Peter Zumthor – une fantaisie heideggérienne -, pour qui le lieu du vrai sein ne peut être que la campagne, un sein luxueux pour notre temps. Au contraire, je pense que ce que dit Houellebecq est vrai, à savoir que la campagne s’est transformée de manière parallèle à la ville. Il y a un étrange programme de la télévision néerlandaise, Boer zoekt Vrouw, très populaire, qui représente la campagne comme un junk space. C’est une série télévisée que l’on peut voir aussi en France avec L’Amour est dans le pré, et qui fait des chiffre d’audimat extrêmement étonnant. On découvre que les habitants de la campagne font comme ceux des villes. Ils sont grands consommateurs de gel pour les cheveux, par exemple, ont les mêmes habitudes… Cette transformation de la campagne, qui suit celle de la ville, est, comme on le voit, un fait qui peut s’éclairer de plusieurs manières. Votre intérêt pour la campagne vise-t-il à comprendre des situations dans lesquelles vous pourriez être amené à intervenir ?

Certainement pas maintenant, mais j’ai l’intuition qu’ici et là, des questions intéressantes vont peut être se posées. Il n’y a pas vraiment un but. C’est un projet d’écriture. Mais, quand j’écris, j’essaie d’identifier des territoires où plus tard je pourrai me manifester. Vous n’évoquez ici qu’une seule situa-

tion, celle de la Suisse. Est-ce-que vous reconnaissez des cas semblables ailleurs ?

Il y a les mêmes phénomènes aux Pays-Bas, par exemple, et, paradoxalement, plus ou moins les mêmes à Singapour – car ces deux pays sont très artificiels et modernes. Ce n’est donc pas limité à l’Europe – on peut le voire en Afrique et en Asie également… Dans las pays pauvre, on peut voire un commerce constant entre le monde rurale et la ville pour vendre les produit de l’agriculture. Dans des phénomènes plus poussés, on voit l’habitant de la ville souhaiter habiter les restes de campagnes. Nous avons écris avec Hans-Ulrich Obrist, Small nasty countries. Il n’est pas du tout abouti, mais nous allons peut-être le développer un jour à propos, justement, de la Suisse, de Singapour et des Pays-Bas. Nous voulons faire des recherches sur les connexions entre les petites échelles, soit disant rurales, et la culture hightech. Nous aimerions présenter ce projet dans le pavillon suisse lors de la prochaine biennale d’architecture de Venise. J’espère écrire l’équivalent de Generic City, mais concernant la campagne ; c’est un projet en cours. (voir aussi la conférence Enjeux Capital, au pavillon de l’Arsenal)



BÂTIR LA CAMPAGNE Culture de l’ex nihilo

. Chandigarh, Le Corbusier, 1950


VILLE NOUVELLE CIRCONSCRITE L’exemple des bastides Les bastides sont des villes nouvelles du XIIIème siècle. Leur fondation répondent à plusieurs caractéristiques communes d’ordre politique, économique et architectural. Elles correspondent à un essor urbain exceptionnel à cette époque. Elles sont générées par l’institution d’un plan local d’urbanisme avec son règlement, dont la réalisation se fera pendant plusieurs siècles. Leurs deux caractéristique typologiques principales, sont la constitution d’une limite urbaine «finie» (répondant directement à une nécessité économique locale) et d’une place centrale concentrant la majeur partie des programmes publiques (Commerce marché église tribunal). Ces villes sont organisées autour de cette place publique et une grille urbaine. Généralement crées au croisement de deux routes commerciales importantes elles sont ceinturée par les voies. Les bastides sont implantées dans le paysage annonçant leurs limites et dépendent de la place qu’elles doivent occuper dans un réseau urbain général. Les bastides sont l’expression d’une volonté médiévale très innovante d’aménagement du territoire. Il s’agit de nouveaux lieux d’établissement politiques, pour des groupes de population agricoles, dans un but d’organisation commerciale, artisanale, et de défense.


. photo aĂŠrienne de la bastide de Fources dans le Gers . rĂŠpartition des bastides dans le sud ouest


UN URBANISME PAYSAGÉ La ville de Bath, Somerset, UK Bath est une ville qui se transforme majoritairement entre 1700 et 1830. A cette époque la société de Londres se disperse en même temps que la cour qui ne siège plus dans la capitale. Beaucoup de ces « ressortissant » londoniens migrent vers Bath. La ville organise donc l’absorption de cette population métropolitaine et se développe avec deux règles : un matériau uniforme (la pierre jaune) et un dessin uniforme (le type néopaladien). Une relation au paysage nait de l’arrivée de cette nouvelle population : le Crescent, front bâtie donnant sur un parc l’isolant des autres constructions. Le Crescent contrairement aux anciennes places fermées donne à la ville l’horizon du paysage naturel, il associe sont centre le plus dense au « pittoresque et au sublime ». La rangée de maisons caractéristique de la ville anglaise, se transforme en « Terrace », morceau privilégié d’architecture en harmonie avec le paysage informel. Au centre de la ville l’habitant est traité comme si il habitait la campagne qui s’ouvre à sont regard, dans toutes la confusion arrangée par les jardiniers paysagiste. Le Crescent à une façade grandiose qui recrée un bâtiment à l’échelle du paysage. La ville devient libre de toute forme globale. Bath trouve sa modernité dans son plan qui signifie l’éclatement de la ville ancienne en fragments autonomes qui essaiment le paysage.


. Gravure originale des projets de logements de Bath, ĂŠpoque gĂŠorgienne, auteur inconu . The Royal Crescent, Bath, John Wood le Jeune


“RURALISER LA VILLE URBANISER LA CAMPAGNE” Ville Linéaire de Arturo Soria Arturo Soria, architecte-urbaniste espagnol, a l’ambition d’harmoniser les zones urbaines et rurales. Il propose une organisation horizontale et peu dense, en rupture avec l’organisation verticale de la ville bourgeoise. Il prône la petite propriété pour chacun, “garante des intérêts de tous.” Il annule la question de la limite urbaine avec cette ville “infinie”.


. demeure type de la Ville Linéaire. . en bas à gauche, coupe transversale de la Ville Linéaire


LA VILLE-CAMPAGNE Où la Cité-jardin d’Hebenezer Howard Après avoir listé les vices et vertues de la ville et de la campagne (dans le diagramme des trois aimants), Hebenezer Howard propose d’en faire une synthèse. Ce qu’il appelle la ville-campagne (Town-Country) mais qui sera finalement connu sous l’appelation de cité-jardin. C’est une manière de penser une condition urbaine, en opposition à la ville (polluée, dont on ne contrôle plus le développement pendant la Révolution industrielle) et à la campagne, (considérée comme trop loin des villes), tout en proffitant de leurs atouts respectifs : la vie en société, le travail pour la ville et la possibilité de jouir de la nature, des bas loyers à la campagne. A terme, ces villes-campagne devaient faire parti d’un réseau, constitué d’autres villes de mêmes dimensions, autour d’une plus importante. . Situation de Letchworth, première ville édifiée selon le sprincipe de Howard. Elle est à 60 km de Londres, 1903


. The three magnets, Ebenezer Howard, in A peaceful path to real reform, 1898


ESPACE PUBLIC PAVILLONAIRE L’exemple de Hampstead et le close, Raymond Unwin Le close est un ensemble de logements ou pavillons groupés autour d’une place centrale. Le close a une certaine autonomie, il est tentant de le concidérer comme une unité. L’espace intérieur du close s’oppose à l’espace spécifiquement public de la rue par une fermeture particulière : rétrecissement, haie, ou même porte. Ainsi, le close soustrait à la rue toute une série de pratiques signifiantes, la réduisant au rôle technique de voirie permettant le déplacement.


. Plusieurs proposition de close, Raymond Unwin . Photos de close, Hampstead


COMMUNAUTÉES AGRICOLES, SUR LE MODÈLE COMMUNISTE Exemple du Moshav et du Kolkhose Un moshav est un type de communauté agricole coopérative israélienne associant plusieurs fermes individuelles. Ces groupements étaient destinés aux citadins retournant à la terre, respectant les directives de l’Etat, souhaitant développer le secteur agricole. Le moshav de Nahallal est organisé autours d’une route reliant deux villes. Il est composé d’environ 80 exploitations familiale disposées en cercle, laissant libre un large espace central accueillant les bâtiments d’une coopérative aux fonctions multiples (achat/vente, prêt de matériel agricole, activité culturelle. La route principale passe en son centre. En périphérie, se développent les champs. Ils sont rayonnant, répartissant les terres cultivables équitablement, dans le prolongements des fermes. Ces communautés sont de petits implants dans les territoires isolés. Bien qu’autonomes, un lien avec la ville est indisensable pour écouler la récolte. On observe le même type d’implantation en ex-URSS avec le kolkhose.


. le moshav de Nahallal, IsraÍl, 1921 . ancien kolkhose près de Djermouk, ex-URSS


UN ACRE PAR CELLULE FAMILLIALE Broadacre city, Frank Lloyd Wright En 1932, en publiant The Disapearing City, Wright émet une critique de la ville et propose un nouvel urbanisme, matérialisé en Broadacre City. Selon Wright, “la concentration est obsolète, et la forme urbaine doit s’orienter vers une cité-nation qui recouvre l’ensemble du territoire américain”. Les moyens de transport et de communications modernes sont pour lui des instruments potentiels à la dispersion de la ville. Il réinterprète le mythe de la frontière américain vers “l’Usonie”, une nouvelle Amérique agraire et démocratique. Il encense le monde mythique de la fondation et des pionniers où la vertue agraire s’oppose à la corruption des grandes villes. La “ville vivante” (c’est ainsi qu’il la nomme) rejette la société collective (celle des villes) qui est remplacée par la communauté de voisinage, elle même centrée autour de la cellule familiale. Le nouveau mode de vie usonien utilise la technologie moderne pour annuler les limites de l’espace et du temps. “La ville future sera partout et nulle part”.


. Dessin du projet de Broadacre city, Frank Lloyd Wright, 1958 . Maquette du projet de Broadacre city, fragment de 10km x 10km, Frank Lloyd Wright, 1932


L’ARCHIPEL Nagele (1951) de Aldo Van Eyck et l’urbanisme des polders Le projet de Nagele dévellopé par Aldo Van Eyck sur les polders Hollandais, est un système urbain spécifique à ce territoire. C’est une sorte de village nouveau reprenant une caracteristique majeur des habitations environantes où le bâti est systématiquement differencié de l’étendue agricole par une épaisse haie d’arbres. Le village est construit comme si l’on avait évidé en son centre une forêt existante pour y installer un modéle urbain. Le village se décompose en plusieurs «clos» regroupant des habitations. Dans la vaste étendu plate des polder, l’habitat crée par ces haies le relief. Le village est, par ce système, à la fois «camouflé» et signalé. Sur le territoire des polders, les constructions sont implantées le long des routes. Les fermes entourées d’arbres se font souvent face. Le territoire est ainsi maillé de constructions occupant le territoire sans aucune volonté de faire ville. Nagele c’est l’urbain, le reste c’est la campagne. L’un et l’autre ont une identité spécifique.


. planches du rendu de concours de Nagele . implantation de fermes sur polders, dĂŠtail


LA VILLEGIATURE MINIMALE Cabanon du Cap Martin, Le Corbusier Le cabanon réalisé par Le Corbusier à Cap Martin est une œuvre basée sur les idées d’habitat minimale, d’isolement et de paysage. Il est pensé pour jouer sur la violente opposition entre l’exiguïté forcée du cabanon et l’immensité de la nature. Il représente aussi le courant intellectuelle en vogue à cette époque de retour aux sources, qui se transformera en la vague «new-age» des années 1970. Les matériaux sont simples et sobres. Les façades sont en croutes de pins, et considérées par Rainer Banham comme le summum de l’architecture brutaliste. Les sièges sont des caisses retournées et vernis. Le cabanon est préfabriqué et l’espace extérieur fonctionne comme une extension de l’intérieur étroit. Le Corbusier satellisait tous les étés son bureau parisien, sous la frondaison d’un caroubier à Cap Martin. La douche est un bac fruste au pied d’un rocher. Aussi, l’objectif de Le Corbusier est de répondre au problème du développement de la résidence de loisir en site littoral. Il propose la juxtaposition de petits volumes modulaires, de cellules minimales. Il conçoit ainsi, entre 1949 et 1954, plusieurs projets qui ne seront pas réalisés. Dans ce sens, le module minimal de 16 m2 qu’élabore Le Corbusier avec son cabanon est pensé pour être juxtaposable et multipliable. Il est une étude à échelle 1 d’une cellule du projet Roq et Rob.


“J’ai un château sur la Côte d’Azur, qui a 3,66 mètres par 3,66 mètres. C’est pour ma femme, c’est extravagant de confort, de gentillesse” Le Corbusier

. vue sur la mer depuis le cabanon . plan du cabanon, Le Corbusier





. première nature

un espace sauvage

. seconde nature

un espace fonctionnel, agricole

. troisième nature

une nature maîtrisée, à contempler



. ville centre

pôle économique

. pavillons en zone périurbaine

ville-dortoir, logements

. campagne

production agricole, lieu de villégiature



BIBLIOGRAPHIE

. BONNIN, Philippe, BERQUE, Augustin, GHORRA-GOBIN, Cynthia, La ville insoutenable, ed. Belin, 2006 . CAVIN, Salomon Joëlle, MARCHAND Bernard Anti-urbain : Origines et conséquence de l’urbaphobie, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2010 . DONADIEUX, Pierre, DALLA SANTA, Gérard, Campagnes urbaines, Actes Sud, 1998 . HESIODE, Les travaux et les jours, L’Aire, 1999 . HOWARD, Ebenezer, Les cités-jardins de demain, Sens et Tonka, 1999 . KROPOTKINE, Piotr, Champs, usines, ateliers ou l’industrie combinée avec l’agriculture et le travail cérébrale avec le travail manuel, 1910 . MORRIS, William, Nouvelles de nulle part, Aubier-Montaigne, 1re édition en 1890, Paris . PANERAI, Philippe, CASTEX, Jean, DEPAULE, Jean-Charles, Formes urbaines de l’îlot à la barre, Parenthèse, 1997 . THÉOCRITE, Idylles, Poulet-Massis et De Broise, 1861 . VANDERVELDE, Emile, l’exode rural et le retour au champs, Felix Alcan, 1910 . VIRGILE, Bucoliques, Les belles lettres, 1983, Paris





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