Petite Prosperite

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Cet ouvrage a été publié avec le concours de l'Agence Française de Développement


Joan Bardeletti

petite prospĂŠritĂŠ les classes moyennes en afrique

images en manoeuvres editions



Les classes moyennes sont les personnes disposant d'une somme d'argent qu'elles peuvent choisir de dépenser ou non une fois qu'elles ont satisfait a leurs besoins essentiels. Cette petite prospérité demeure très modeste mais signifie pour elles la sortie de la précarité. Elle permet de réduire la peur du lendemain et d'envisager des investissements dans le futur. Il y aurait aujourd'hui environ 200 millions d'individus appartenant aux classes moyennes en Afrique.



Les participants applaudissent à la fin d'un jeu de rôle, pendant une séance de formation pour des cadres du secteur privé. En début de journée, chacun devait trouver un adjectif le décrivant et commençant par la même lettre que son prénom. Douala/Cameroun


Pique-nique en bord de mer un dimanche après-midi. Maputo/Mozambique




Abouziane enfile son costume pendant une pause sur la route de Taounate. Jeune professeur issu de Casablanca, il a été muté dans cette petite ville du Riff où il a rencontré sa femme et s’est installé. Pour compléter son salaire assez maigre, il enseigne aussi dans des écoles privées de Fès. Taounate/Maroc


Sur le parking de la résidence d’Ambakasi, près de l’aéroport de Nairobi. Gardé et fermé par une barrière à l’entrée, cet ensemble situé à 45 minutes du centre-ville est prisé par les classes moyennes qui cherchent plus d’espace. Nairobi/Kenya


Dans la cuisine de Sally. Gérante d’un restaurant chinois en centre-ville à Nairobi, elle héberge deux nièces et emploie une nounou et une femme de ménage. Elle a acheté cet appartement à crédit il y a quelques années et loue une chambre au mois à des étrangers. Nairobi/Kenya


Madame Coulibaly est l’aînée d’une famille de vingt frères et soeurs. À 33 ans, elle est mariée avec quatre enfants, possède un BTS et travaille pour une société de téléphonie. Ses revenus étant devenus insuffisants suite à la hausse des prix du pétrole et des produits alimentaires, elle a dû déménager pour une maison plus petite. Abidjan/Côte d’Ivoire


Dans la banlieue de Nairobi, la construction d’un ensemble immobilier s’achève et les appartements sont déjà mis en vente. L’accès au logement est de plus en plus difficile pour les classes moyennes avec la flambée des prix. Une seule solution, s’éloigner du centre-ville. Nairobi/Kenya



Roquea vivait auparavant avec son mari et ses deux enfants sur ce même terrain dans une maison traditionnelle faite de bois et de palmes. Grâce à un microcrédit, elle a créé un restaurant qui ne désemplit pas, ce qui lui a permis de faire bâtir cette nouvelle maison. Chakwe/Mozambique


Patrick, dans le salon familial tente de consoler sa fille. Elle a fondu en larmes après l’avoir entendu raconter qu’il mangeait des chats quand il était étudiant à l'université. Aujourd’hui ingénieur dans les travaux publics, il a repris l’université pour obtenir un MBA.Douala/Cameroun




Un lycéen exécute ses meilleurs pas de danse devant ses amis pour le tournage d’un épisode de l’émission télé « So you think you can Dance! ». Cette série venue des États-Unis est déclinée dans le monde entier et très suivie au Kenya. Nairobi/Kenya


Sur le parking du plus gros centre commercial de Maputo. Le Frelimo, parti au pouvoir depuis l’indépendance, fait ici une campagne d’affichage massive pendant les élections présidentielles de 2009. Maputo/Mozambique



Lors d’une réunion du Rotary Club. De jeunes cadres ou entrepreneurs y côtoient chaque semaine des businessmen selon une étiquette british très stricte. Ces clubs hérités de la colonisation anglaise structurent la société kenyane et existent jusque dans les bidonvilles. Nairobi/Kenya


Mariage dans le centre-ville de Maputo. Ce soir-là, environ trois cents personnes sont réunies sous une grande tente montée dans un jardin public. Après avoir fait la fête toute la nuit, les invités continueront à célébrer la noce le lendemain avec une cérémonie, traditionnelle cette fois-ci. Maputo/Mozambique


À la frontière avec l’Afrique du Sud. Les marchandises coûtant paradoxalement moins cher en Afrique du Sud, de nombreux Mozambicains font le voyage vers les centres commerciaux situés après la frontière. Des compagnies de bus proposent même des allers-retours dans la journée. Frontière Mozambique/Afrique du Sud.


Au petit matin, deux fêtards boivent leur dernier verre sur la plage après une nuit dans les bars de la capitale. Maputo/Mozambique


Des étudiants terminent un sketch à l’occasion des célébrations de la Journée de la Terre dans un jardin public de Rabat. Rabat/Maroc


Match de basket mixte pendant un cours de sport au lycée de Taounate. Pour beaucoup de lycéens, les études et l’université sont bien souvent la seule façon de quitter cette petite ville rurale où les perspectives de travail sont maigres. Taounate/Maroc



Trois amis se filment avec leur téléphone portable en bord de mer. Rencontres féminines difficiles, peu d'argent, les distractions sont rares pour les jeunes dans les grandes villes, ce qui fait le succès des réseaux communautaires sur Internet et des échanges de SMS. Rabat/Maroc


Embouteillage dans le centre-ville de Nairobi, où le nombre de voitures a explosé depuis dix ans. Les jours de pluie, il faut jusqu’à deux heures pour quitter le centre-ville. Bien que finissant à 17 h, certaines personnes attendent jusqu’à 20 h pour prendre leur véhicule et rentrer chez elles. Nairobi/Kenya



Église évangélique à Matola, banlieue résidentielle de Maputo. Souvent installées dans d’anciens cinémas ou hangars comme ici, ces églises se développent maintenant au sein des couches moyennes de la population après avoir été implantées surtout dans les quartiers défavorisés. Matola/Mozambique


Sortie d’une messe à Kitui, une petite ville de province kenyane. Kitui/Kenya


Une fillette sur le siège arrière d'une Logan, voiture des classes moyennes marocaines par excellence et grand succès commercial. Une voiture neuve, marqueur social important et privilège jusque-là réservé aux riches, devient à 7 000 euros un peu plus accessible. Rabat/Maroc


Un berger avec ses moutons dans un des derniers champs de Tamesna. Cette ville nouvelle en construction près de Rabat devrait compter plus de 120 000 habitations. Avec trois autres projets du même type dans le pays, le gouvernement vise à loger plus d’un million de personnes et à relâcher la pression immobilière. Tamesna/Maroc


Récolte de tomates dans un champ près de Chokwé, une petite ville essentiellement agricole. Lucas est agriculteur et a contracté un prêt de 15 000 dollars afin d’acheter les caisses nécessaires au transport des tomates vers la capitale et éviter les intermédiaires. Son emprunt remboursé, il vient d’en contracter un autre pour acheter un tracteur. Chokwé/Mozambique


Mama Diana a eu six enfants. Une de ses filles travaille depuis dix ans en Angleterre comme coiffeuse et doit venir dans quelques heures pour voir la maison qu’elle a fait construire à Kitui, son village d’enfance. Mama Diana balaie le sol en attendant que les nouveaux meubles soient transportés dans la maison. Kitui/Kenya



Les trois responsables d’une ONG kenyane pendant une séance d’information sur l’éducation des enfants dans le bidonville de Matahre. Calvin (à droite) son fondateur, issu d’une famille très modeste, a grandi ici puis étudié au Canada grâce à une bourse, avant de revenir vivre dans son quartier. Matahre/Kenya


Une employÊe de l’aÊroport fait une pause pendant son service de nuit. Nairobi/Kenya




Sur le campus de l’universitÊ de Nairobi. Nairobi/Kenya


Sur le parking d’un bar retransmettant un match de football, deux employés attendent les clients pour les accompagner jusqu’à la porte d’entrée. Nairobi/Kenya


Gardiens de nuit dans l’enceinte d’une résidence surveillée. Sous-payés par des sociétés de gardiennage qui se multiplient face au sentiment d’insécurité qui gagne les classes moyennes, ils n’ont pas le droit de manger ou de lire pendant les douze heures de leur tour de garde. Nairobi/Kenya


Étienne est maître-nageur à la piscine de l'université. Il a appris à nager pour pouvoir ensuite donner des cours et s’assurer ainsi un revenu d’environ 150 euros par mois. Cette activité informelle est le lot de la plupart des Ivoiriens, y compris des classes moyennes qui cumulent souvent plusieurs activités. Abidjan/Côte d’Ivoire


Des amis passent leur dimanche après-midi à la terrasse d'un café en bord de mer à Grand Bassam, une plage à 30 minutes d'Abidjan. Grand Bassam/Côte d’Ivoire


Supporteurs du candidat Dhlakama, chef du parti Renamo, à l’occasion de la campagne présidentielle d’octobre 2009. Le Renamo est le principal parti d’opposition face au Frelimo, parti au pouvoir depuis toujours. Maputo/Mozambique


Un « parlement » en plein air où se mêlent classes moyennes et populaires. On peut chaque semaine venir y écouter un commentaire de l'actualité politique. Pendant la présidence de Laurent Gbagbo, ces cérémonies servaient d'espace de propagande progouvernemental. Makoury/Côte d’Ivoire



Des jeunes filles d’une école privée se font photographier au sommet de l’immeuble ICEA, le plus haut de la ville, pendant une visite scolaire. Nairobi/Kenya


Albert dans son bureau. À 34 ans, célibataire, il est rédacteur en chef de la chaîne de radio et télévision Equinox, une des plus écoutées du pays. Vissé à son téléphone, il gère une équipe d’une dizaine de journalistes et gagne environ 500 euros par mois. Douala/Cameroun



Dans les rayons d'un supermarchĂŠ au sein d'un nouveau centre commercial de Rabat. Rabat/Maroc


Les paris hippiques sont très appréciés et la population se presse sur l’hippodrome chaque week-end. Trois espaces sont accessibles : à droite, les tribunes pour les plus riches, au centre, un espace surveillé et nettoyé à 1 dollar l’entrée et au fond, un espace gratuit mais séparé par des grilles pour les plus pauvres. Nairobi/Kenya


Arrivée d'une épreuve de pentathlon moderne à l’université. La piscine publique (entrée à 1 dollar) et le tennis de la faculté (cotisation annuelle de 40 dollars) sont très fréquentés par les couches moyennes, car plus accessibles que les clubs privés. Abidjan/Côte d’Ivoire


Dans une avenue du centre-ville de Casablanca. Casablanca/Maroc


Un homme d'affaires s'est endormi dans le dernier train partant de Casablanca pour Rabat. À 6 euros le trajet, plus rapide et confortable que le bus, le train est le moyen de déplacement par excellence entre les villes de la côte, cœur économique du pays. Casablanca/Maroc


L'immeuble le plus récent de Douala. Le soir, il est risqué de s'y rendre à pied, mais la plupart des résidents – mélange d'expatriés à petit budget et de classes moyennes supérieures – possèdent une voiture. Douala/Camerou



Les managers d'un « maquis », ces bars populaires très prisés par les classes moyennes dans leur version climatisée. Leur nombre a explosé du fait du désœuvrement d'une bonne partie de la population, mais aussi parce qu’investir dans un maquis est souvent un bon placement. Abidjan/Côte d’Ivoire


Au petit matin, cadres ou ouvriers passagers du ferry allant de Matola vers Maputo vont au travail et évitent les embouteillages. Matola était une banlieue résidentielle, qui à la suite d’une croissance exponentielle ces dernières années est devenue la seconde ville du pays. Matola/Mozambique




Donald pose dans la cour familiale. Il est traiteur Ă domicile et chef dans un restaurant de standing. Bisexuel, ce qui est passible de prison au Cameroun, il est en couple avec une femme et souhaite fonder une famille. Il milite dans une association de dĂŠfense des homosexuels. Douala/Cameroun


Éricka dans son salon avec sa fille. Issue d’une famille modeste de commerçants, elle travaille comme analyste économique dans une ambassade étrangère et a acheté il y a un an un petit magasin de cosmétique, qu’elle laisse en gérance afin de compléter ses revenus. Nairobi/Kenya


Saadeddine contemple pour la première fois le terrain qu'il vient d'acheter. Ici, en banlieue de Rabat, sera bientôt construit un nouveau quartier d’habitation. Il a décidé d'investir ses économies de professeur dans 100 m2 de terrain qu’il a achetés via une coopérative. Au rez-de-chaussée il installera un magasin et son appartement occupera les étages. Rabat/Maroc



Deux membres de l'association des « diplômés chômeurs » posent en tenue de manifestation dans le studio (10m2) qu’ils se partagent. Selon eux, l'État a l'obligation de leur assurer un emploi et chaque semaine, ils manifestent. Beaucoup sont au chômage depuis plusieurs années malgré de longues études. Rabat/Maroc


Enan dans un de ses magasins de réparation de photocopieuses. Son don pour le bricolage et ses relations lui ont permis de monter une activité florissante malgré de courtes études. Il vient de créer une ONG pour capter les investissements des bailleurs de fonds. Abidjan/Côte d’Ivoire




Joseph, dans son bureau de chef de service au sein du ministère de la Promotion de la femme. Douala/Cameroun


Cours du soir pour adultes dans une université privée. Les participants y viennent directement après le travail et occupent souvent des postes de cadres intermédiaires dans des entreprises kenyanes. Nairobi/Kenya


Guy regarde son fils essayer de capturer une poule dans son jardin. Il doit la livrer à un client ce matin avant de se rendre à l'école primaire dont il a la direction. Il souhaite étendre son activité d’agriculteur avec la commercialisation d’œufs de cailles, mais est inquiet pour son fils aîné, diplômé depuis deux ans, qui ne trouve toujours pas de travail. Buea/Cameoun


Driss surveille ses enfants dans la rue avant d'aller à l'entraînement de football qu'il anime chaque soir pour des adolescents. Il a utilisé les chutes de carrelage de son entreprise pour paver sa terrasse au dernier étage de l'immeuble qu'il a fait construire pour habiter. Témara/Maroc


Billal, technicien pour une compagnie de téléphone, répare un poteau en bordure d’autoroute. Le plus âgé de ses deux enfants est scolarisé dans une école privée en dehors du bidonville où il habite, ce qui lui coûte plus de 700 euros par an, presqu’un quart de ses revenus. Nairobi/Kenya


Maquillage sur le plateau de l'émission de télévision « Ce soir ou jamais ». Un invité politique fait face à une équipe de chroniqueurs plutôt acides. Diffusée sur le câble, cette émission fait preuve d’une liberté de ton assez neuf. Douala/Cameoun


Les enfants d’Eton, infirmière à l’hôpital public de la capitale, et leurs cousins, en vacances pour quelques semaines, suivent une série nigériane sur une des télévisions de la maison. Yaounde/Cameroun


À 33 ans, Sally estime que son emploi de gérante de restaurant ne la mène nulle part. Elle a repris les études pour décrocher un diplôme et travailler pour des ONG. Après une journée au restaurant, à minuit elle rédige son mémoire à la chandelle à cause d’une panne d’électricité. Nairobi/Kenya




Carrie est ranger au Kenya Wildlife Service depuis plusieurs années. Tous les jours elle effectue la tournée du parc pour vérifier que les animaux vont bien. Avec 730 euros par mois, elle estime bien gagner sa vie, d’autant plus qu’une assurance maladie et un logement lui sont également fournis. Nairobi/Kenya


Discussion animée à propos de sexualité avant un cours de biologie, dans un amphithéâtre de l'université de Douala. Peggy (au centre) est lesbienne, mais ses amis ne le savent pas. Elle est responsable du Genre au sein de ADHEFO, qui œuvre pour une association de défense des homosexuels. Douala/Cameroun


Dans une entreprise pendant une pause thĂŠ. Narobi/Kenya


Belina prend soin d’un nouveau-né dont elle vient d’aider la mère à accoucher. Infirmière dans un hôpital public, elle travaille de nuit et prend son service à 20 h. Son salaire est assez faible, mais l’emploi est stable et il y a assez peu d’autres opportunités de travail. Inhambane/Mozambique


Alice dans son bureau de Douala. Elle est une des premières femmes avocates d'Afrique et depuis une dizaine d'années se consacre exclusivement à la défense des homosexuels. L'homosexualité peut être puni de cinq ans de prison et 30 000 euros d'amende au Cameroun. Douala/Cameroun



Publicité pour la bière Amstel en surplomb de la ville de Buea. À 0,9 € la bouteille, Amstel est la marque intermédiaire entre la Beaufort Light nationale très accessible et la bière Heineken plus haut de gamme. Buea/Cameroun


Le neveu de Joy s’amuse dans le salon en attendant d’aller à la messe. Professeure et mère de deux filles, Joy a recueilli les enfants de sa soeur après le décès de celle-ci. Le dimanche, chacun fréquente sa propre église : église évangélique pour Joy et la section enfants pour ses filles. Nairobi/Kenya




Le fils aîné de Driss se fait beau avant de sortir, imité par son petit frère. Driss possède un magasin vendant du carrelage où il emploie quatre personnes. Mais avec la crise, les clients sont plus rares et les délais de paiement s’allongent. Témara/Maroc


Les parents et le fils de Charles dans le salon familial. Jeune homme politique d'une quarantaine d'années, Charles cultive un franc-parler le conduisant à dénoncer les dérives du gouvernement, tout en en faisant partie. Yaoundé/Cameroun



Une famille à la plage un dimanche après midi. Maputo/Mozambique


Eugénio dans sa chambre avec son fils. À 35 ans, il est responsable commercial dans une entreprise d’État et fait de longues journées. Il a récemment installé Internet dans son appartement afin de pouvoir rentrer plus tôt et continuer à travailler depuis la maison. Maputo/Mozambique


Conférence de rédaction pour l'équipe de STV, une des chaînes de télévision de Douala. Douala/Cameroun


Une petite fille s'amuse dans un parc d'attractions silloné de jeux d'eau et de structures gonflables. Installé dans le quartier chic de Santa Barbara, il est pris d'assaut par les familles le week-end. Pour l’équivalent de 1 dollar, les enfants peuvent y rester tout l’après-midi. Douala/Cameroun


Ousmane sur le parcours du Royal Nairobi Golf Club, qui jouxte le quartier de Kibera, plus grand bidonville d’Afrique. Ousmane, qui a grandi et vit toujours à Kibera, a commencé par être caddy pour des étrangers. Aujourd’hui chauffeur dans une entreprise étrangère avec un revenu mensuel de 300 euros, il revient tous les lundis jouer au golf et revoir ses amis. Nairobi/Kenya


Un dimanche matin, un couple fait du sport le long d'un parcours de santé dans les collines de Yaoundé. Yaoundé/Cameroun


Cours de gym sur le front de mer Ă 5 h 30 du matin. Maputo/Mozambique



Dominique Darbon est professeur de science politique à l’Institut d’études politiques de Bordeaux. Diplômé en science politique, en études africaines et en droit, ses principaux thèmes de recherche portent sur la réforme administrative, l’analyse des politiques publiques dans les pays africains, le management des administrations et les systèmes administratifs comparés. Ses enseignements portent en outre sur les études de développement, la sociologie politique et la sociologie des organisations. Ancien directeur du CEAN (Centre d’Étude sur l’Afrique Noire) et ancien rédacteur en chef de la revue Politique Africaine, il est président du conseil scientifique du pôle Afrique du ministère des Affaires étrangères et responsable du parcours « Politique et développement en Afrique et dans les pays du Sud » à l’IEP.


Révéler les invisibles : la recherche des classes moyennes en Afrique subsaharienne par Dominique Darbon

Pour interpréter les mutations sociales qui s’opèrent dans toutes les parties du globe à l’heure de la mondialisation, la notion de « classe moyenne » qui avait été abandonnée dans les années 1970 par la littérature spécialisée est à nouveau en vogue. Elle reprend le dessus face à d’autres concepts alternatifs et flous, comme ceux de « société civile », de « pauvres » et de « riches » ou de « figures de la réussite » qui montrant leurs limites ont été épuisés depuis lors. En effet, si l’expression « classe moyenne » (middle class en anglais) peut sembler vague, ce qui explique son usage scientifique limité – les Anglais ironisent même en la transformant en muddle class (muddle : confusion) –, elle possède pourtant un pouvoir évocateur considérable. La diversité des critères qu’elle englobe permet d’analyser des courants très contradictoires, comme en témoignent les propositions qui suivent. Ainsi, d’un côté, on traite de l’affaiblissement des classes moyennes et du tissu social aux États-Unis et dans les pays d’Europe occidentale depuis le milieu des années 1970 – phénomène qui entre dans le débat sur les effets de la globalisation et sur le déclin du modèle occidental – alors que dans le même temps le monde se recentre vers l’Asie. Inversement, une montée en puissance des classes moyennes s’opère dans les pays pauvres et plus particulièrement émergents, fruit d’un enrichissement relatif mais rapide – quoiqu’inégal – d’une partie significative de la population. Elle symbolise la sortie de la grande pauvreté, l’accès à une nouvelle prospérité et porte en germe l’accession à la stabilité et la participation accrue des populations à la vie politique – si l’on en croit les cas chinois, indien, mexicain ou brésilien, et celui de l’Afrique du Sud. On associe également le phénomène aux mouvements de revendication démocratique, comme ceux du monde arabe par exemple. Selon une autre approche encore, la Banque mondiale nous invite à considérer l’existence d’une Global Middle Class à dimension planétaire. Celle-ci révélerait une ascension économique de l’ensemble


des nations du globe directement liée à la mondialisation. Dans un climat de contentement généralisé, cette nouvelle « classe moyenne mondiale » bénéficierait des bienfaits de la société de consommation – libéralisation et mondialisation des échanges avant tout –, du mode de vie et du système démocratique à l’occidental. Enfin, une observation rapide incite à établir des liens directs entre classes moyennes, développement et démocratie : les premières produiraient de la croissance, générant à son tour développement et contrôle du pouvoir par les individus allant vers une exigence de démocratie. Pourtant, une telle simplicité d’interprétation ne reflète pas véritablement l’analyse scientifique faite sur le terrain.

Le phénomène des classes moyennes dans le paysage africain L’Afrique subsaharienne est elle aussi le lieu de mutations importantes. Sur le milliard d’habitants que comptera bientôt le continent africain, un tiers environ se retrouvent dans ce que l’on appelle – selon le modèle et l’expression chinoise xiaokang – les groupes de la « petite prospérité ». Émergeant tout juste de la précarité (1 500 dollars de revenu par an en PPA), ces gens se distinguent nettement d’une autre partie de la population – un dixième tout au plus, mais bien repérable – qui accédant aujourd’hui à la richesse (8 000 euros en moyenne de revenu annuel) est associée à la Global Middle Class. Comparé à l’Asie, le phénomène des classes moyennes en Afrique est plus discret – sauf en Afrique du Sud et au sein des pays d’Afrique du Nord – avec une population qui oscille entre tradition et modernité, fin de la grande pauvreté et petite capitalisation. Il suggère cependant un ensemble de transformations sur les plans économique, social et politique. Parmi celles-ci, l’apparition d’une population constituant de nouveaux marchés et exprimant des exigences politiques inédites ainsi qu’une accélération du déve-


loppement, sans que l’on puisse affirmer si ces changements permettront à coup sûr une stabilisation des régimes en place. L’émergence de ces nouvelles catégories sociales commence cependant à modifier le rapport entre économie et politique, soit que la hausse des niveaux de vie et d’éducation rende plus périlleuses les velléités de confiscation du pouvoir, soit qu’elle stabilise des régimes à tendance plus autoritaire, mais organisant les conditions d’une meilleure gestion économique bénéficiant en premier lieu à ces nouvelles classes. Certaines situations illustrent cette corrélation comme au Ghana ou au Sénégal, en Afrique du Sud ou au Kenya. Le changement et la globalisation sont bien à l’œuvre sur le continent africain, mais pour mieux aborder la notion de « classe moyenne » dans le contexte subsaharien, plusieurs paramètres doivent être considérés. La définition de classe moyenne pose problème et reste souvent incertaine au sein même des travaux qui lui sont consacrés. En Afrique, elle est encore plus élargie du fait de la présence de situations très variables : l’homogénéité n’existe pas en Afrique subsaharienne. Ces catégories émergentes ne se réunissent pas autour d’un sentiment d’appartenance ou d’un intérêt commun mais s’affirment plutôt par défaut, dans une posture « ni/ni » : ni riche, ni pauvre. En témoigne le mot d’Ibrahim, commerçant et gérant d’une salle de jeu à Niamey : « je ne suis pas riche, c’est certain, mais je ne suis pas pauvre non plus car j’arrive à subvenir à mes besoins ». Venant renforcer le caractère hétérogène de ces nouvelles catégories de population en Afrique subsaharienne, il faut citer la dispersion territoriale propre à l’étendue du continent, les clivages ethniques, leur éclatement entre secteur public et privé, secteur formel et informel. Bien que ne possédant pas de forte identité de « classe », ces populations se distinguent quand même


par un ensemble d’éléments communs touchant à l’emploi, aux modes de vie, de comportement et au modèle familial. En outre, elles affichent un nouveau rapport au monde incluant la référence à des modèles extérieurs et la volonté d’échapper à la tyrannie de leurs traditions et de ceux qui les gouvernent. Par son poids quantitatif et son enrichissement, cet ensemble d’individus est susceptible de peser dans l’avancement économique et le devenir politique des pays concernés, consacrant en cela la thèse de l’émergence et du développement par le bas. On pourrait tenter d’associer les classes moyennes de la zone subsaharienne à la Global Middle Class proposée par la Banque mondiale et définie comme l’ensemble des individus dont le revenu se situe entre 10 et 100 dollars par jour, les revenus médians du Brésil et de l’Italie ; catégorie qui par conséquent « exclut ceux qui sont considérés comme pauvres dans les plus pauvres des pays développés et ceux qui sont considérés comme riches dans les plus riches des pays développés » (Kharas, 2010). En Afrique subsaharienne, très peu de personnes (4% de la population, soit environ 40 millions d’habitants) appartiennent à cette catégorie qui constitue localement non pas les individus « moyens » mais les « riches » – comme les Black Diamonds sud-africains ou les Oil Blokes nigerians qui occupent clairement le plus haut niveau de l’échelle des revenus nationaux africains. L’objet de cet ouvrage est tout autre puisqu’il porte sur ce que l’on appelle la « developing middle class », population qui se situe sur le 2e, voire accède au 3e niveau de la pyramide des besoins de Maslow, entre besoins de sécurité et besoins d’appartenance (– 1° Besoins physiologiques – 2° Besoins de sécurité – 3° Besoins d’appartenance et affectif). Les revenus sont ici beaucoup plus bas, non loin du seuil de pauvreté qui est de 2,25 dollars par personne et par jour. Toutefois, cette sortie de la menace quotidienne et de la vulnérabilité, aussi fragile soit-elle, est le gage d’une plus forte contribution à la vie collective et au devenir des populations, ainsi qu'une opportunité de développements de nouveaux marchés et investissements.


Les classes moyennes, ce sont donc ces gens qui s’éloignant de la précarité accèdent doucement à une certaine forme de prospérité, et la notion de groupes en émergence est la plus à même de qualifier ce processus en cours.

Caractéristiques et enjeux des groupes émergents en Afrique subsaharienne C’est un fait : l’Afrique subsaharienne est à la fois marquée par la grande pauvreté et un très faible niveau de développement. Dans ce contexte, on pourrait penser que les classes émergentes, qui ne disposent que de façon marginale de revenus supérieurs au seuil de pauvreté, ne sont pas représentatives sur le plan statistique. Cependant plusieurs éléments viennent infirmer ce jugement et donnent corps à ces « invisibles ». Dans la lecture des chiffres, il est important de garder en tête que le niveau de PIB (ou Produit Intérieur Brut) par habitant en valeur nominale, souvent utilisé dans les études, est une donnée absolue qui ne prend pas en compte la réalité du coût de vie local, ce que fait quant à lui le PIB exprimé en parité de pouvoir d’achat (ou PPA). Pour exemple, en 1995 au Nigeria, le PIB nominal par tête était de 260 dollars alors qu’en PPA il atteignait 1 220 dollars. Le pouvoir d’achat réel des habitants était donc six fois plus important que le chiffre indiqué par le PIB. Cette disparité peut donner lieu à une confusion d’interprétations, cachant derrière la grande pauvreté des phénomènes de petit enrichissement. Une partie considérable de l’économie africaine se déroule dans le secteur informel – marchés parallèles, activités professionnelles secondaires non-officielles… – et n’apparaît pas de manière satisfaisante dans les rapports publics. Ainsi, en Côte-d’Ivoire, elle représentait 30% de l’économie réelle en 2008, et cette réalité va en s’accentuant. Or, presque toutes les personnes issues de la « petite prospérité » tirent une


partie de leurs revenus de ces emplois non déclarés et augmentent ainsi sensiblement leur niveau de vie. Souvent, cet emploi informel – un « gombo » – vient compléter une activité dans le secteur formel – l’administration notamment – qui aura servi de tremplin avant tout en constituant une base financière. Le secteur informel ne représente pas seulement un foyer d’activités secondaires, mais aussi une source de consommation d’une importance capitale. Les coûts y sont bien moindres, ce qui permet à des ménages de revenus modestes d’augmenter très nettement leur niveau de vie en accédant à des biens inabordables sur le marché formel de la grande distribution. Un aliment de base comme le riz peut passer de 400 francs CFA sur un petit marché à 990 francs au supermarché ; un jean passe de 6 000 à 10 000 francs CFA. L’installation du groupe WalMart en Afrique traduit précisément la constitution de nouveaux créneaux de consommation significatifs pour des produits à bas prix. Le mouvement d’ascension d’une partie de la population est validé par la nouvelle croissance économique du continent africain et sa perspective de réaliser certains des objectifs du millénaire portant sur le développement. Ces classes moyennes, en dépit de leur diversité, partagent nous l’avons vu certaines caractéristiques qui témoignent des transformations socioéconomiques rapides touchant les sociétés africaines. D’abord, la famille type au sein de la petite prospérité n’est plus une entité élargie, mais une famille nucléaire, comprenant un nombre limité d’enfants, nombre qui varie selon les pays. On y observe une tendance à l’émancipation des femmes qui à tous âges peuvent participer à l’économie familiale, notamment par les revenus qu’elles génèrent dans le secteur formel et/ou informel. La plupart des activités se déroulent à l’extérieur, chacun vacant à ses occupations essentiellement urbaines. Dans ce modèle familial réduit, priorité est donnée à la capitalisation des richesses et à la scolarité. L’éducation est en effet au cœur des préoccupations : celle des enfants, mais aussi des adultes, les femmes notamment. Ali, chauffeur mécanicien au Cameroun, donne son point de vue sur le sujet : « Je veux que mes enfants réussissent,


comme moi j’ai réussi. Parce que mes parents m’ont bien éduqué dans ce sens-là. Et je pense que c’est ce que je pourrai transmettre aussi ». C’est ainsi que les individus appartenant à ces classes moyennes sont le plus souvent alphabétisés et possèdent parfois même un niveau d’études élevé, de secondaires à – plus rarement – universitaires. Ces populations se regroupent en ville dans des quartiers bien identifiés. Elles disposent d’habitations plus élaborées et mieux équipées que celles des quartiers pauvres : maisons en dur, eau courante, électricité, lignes téléphoniques, service de ramassage des ordures… Elles restent cependant établies à la périphérie des agglomérations dans ce que l'on nomme « la périphérie pauvre » et louent leur logement, alors que les classes moyennes « élevées » sont propriétaires et occupent « le centre riche ». On peut s’interroger sur la possibilité que des infrastructures du type écoles ou églises permettent d’augmenter le capital social de ces groupes dans leur lieux d’implantation. On relève également au sein des familles un projet commun de sortie de la précarité. Tout est fait pour renforcer le foyer : cumul d’activités et participation de chacun. On voit ainsi émerger dans des pays comme le Niger une tendance à la mise en commun des revenus entre maris et femmes. Dans cette volonté d’« aller plus loin », une valorisation des compétences professionnelles est recherchée. Partout on voit des actifs aller suivre une formation après la journée ou la semaine de travail, voire envisager un séjour à l’étranger pour augmenter leur niveau de connaissances. Le mode de consommation est une donnée bien repérable. Outre l’accès à une meilleure qualité de services, comme on l’a vu pour l’habitat notamment, le recours au secteur informel comme terrain privilégié de la consommation de base (vêtements, alimentaire) est déterminant pour le niveau de vie. Les gens de la petite prospérité achètent à prix cassés, préférant les articles d’occasion – ou technologiquement dépassés dans le monde développé – beaucoup moins chers. Les magasins officiels ne servent qu’à des achats d’exception. La petite prospérité réside dans la profusion des biens bon marché à disposition plus que dans l’accès à une réelle aisance, qui serait fondée sur l’augmentation massive des revenus.


Si tous au sein de la petite prospérité s’accordent sur la nécessité d’un changement de mentalité dans l’ensemble de la société, très peu s’impliquent véritablement dans le champ politique. Les sentiments de méfiance et d’impuissance prédominent et le manque de disponibilité est évident : « leur temps est monopolisé par le fonctionnement de leur activité, souvent peu rentable et donc très chronophage » (Toh et Kouyate, 2009). D’où la question de la capacité de mobilisation collective des classes émergentes. Enfin, la subjectivité reste de mise du fait de la diversité des pays concernés. Si pour certains appartenir aux classes moyennes c’est sortir de la mendicité, comme nous avons pu le constater en Côte d’Ivoire ou au Niger, pour d’autres il faut plus que cela : au Cameroun, l’appartenance à la middle class passe par l’accès au confort et surtout à la stabilité de l’emploi et des revenus ; au Mozambique encore, il faut pouvoir obtenir un crédit pour prétendre à ce titre. Il existe donc bien aujourd’hui un ensemble de catégories sociales émergentes, constitutif d’un nouveau marché africain solvable qui n’est plus l’apanage d’une petite élite. Ce bloc est composé de 150 à 300 millions de personnes qu’on surnomme les « Afrika2s », pour les distinguer de la classe riche - 50 à 100 millions d’individus - et des pauvres qui représentent le plus grand nombre, soit entre 600 et 800 millions d’habitants.

Une population fragile Il faut cependant souligner la vulnérabilité de ces nouvelles populations, pour lesquelles « joindre les deux bouts » reste une préoccupation constante. Les propos de ce pâtissier de Côte d’Ivoire en té-moignent : « Ici à Abidjan il y a des gens qui se lèvent avec même pas 100 F dans la poche. J’ai au moins 2 000 F (3 €) par jour dans ma poche. Donc je me lance pas des fleurs mais je me dis que je suis mieux, au milieu » ; de même, ceux de Nigérians qui déclarent devoir gagner cinq fois plus que leurs revenus pour


être à l’aise. On est aux antipodes du phénomène « m’as-tu-vu » incarné par les « upper middle class », ces nouveaux riches dont le mode de vie occidentalisé attire les sarcasmes. Ceux qu’on pourrait appeler les « gens de l’émergence » vivent à cheval sur plusieurs secteurs et plusieurs types d’activité. Ils se construisent dans la fusion des différents mondes auxquels ils appartiennent. Pour cette raison, leur rapport avec l’État sera beaucoup plus complexe que celui des classes moyennes européennes et américaines des 19e et début du 20e siècle. Leur existence et leur constitution mêmes confirment également la nature hybride des États en cours de formation en Afrique. Ce sont eux, les groupes de la petite prospérité, de plus en plus nombreux dans leurs trajectoires d’émergences, qui forment les classes moyennes dans le contexte de l’Afrique Subsaharienne.



Récits de vie

Sally « Je me situe au milieu. Mais il y a un écart énorme entre ma famille et les riches. Un écart impossible à combler. Nous pouvons nous considérer comme des membres de la classe moyenne mais nous luttons. Nous luttons pour obtenir ce qu’il nous faut. Je suis heureuse de ce

que j’ai réussi à accomplir. Si je regarde en arrière et me compare à mes amis, je pense que j’ai fait plus qu’eux. »

Sally, 33 ans, est gérante depuis huit ans d’un restaurant chinois assez haut de gamme dans le centre-ville de Nairobi (Kenya). Elle a six frères et sœurs. Son père, un ingénieur tanzanien, est mort quand elle avait seulement six ans et sa mère, infirmière dans les hôpitaux, a dû emménager avec toute la famille dans un petit trois pièces de Nairobi. Tous les enfants sont allés à l’école, grâce à leur mère qui a multiplié les petits boulots. Aujourd’hui la famille est répartie entre le Canada, les États-Unis, la Suisse et le Kenya, où seules demeurent Sally et l'une de ses sœurs.

de 300 euros par mois et complète ses revenus en organisant des mariages, anniversaires, ou fêtes d’entreprises, ce qui couvre ses frais universitaires (350 euros par an). Elle prend financièrement en charge sa mère et l'une de ses nièces, qu’elle héberge.

Sally a repris les études à l’université car elle ne voit aucune perspective dans son emploi actuel et souhaite pouvoir travailler pour des ONG étrangères. Elle gagne aujourd’hui un peu plus

Elle a décidé il y a quelques années d’acheter un appartement dans une résidence surveillée, car son travail au restaurant se termine vers minuit et elle voulait pouvoir rentrer chez elle sans danger. Célibataire, elle n’a pas d’enfants et profite de son temps libre pour aller courir chaque matin ou danser la salsa le soir avec des amis.


Calvin « Je suis né dans un bidonville mais maintenant je bois du lait chaque matin ; du lait entier ! Ma fille fréquente une bonne école et mon appartement a quatre chambres. Quand on parle de

classes moyennes ici c’est surtout associé à l’argent. Mais pour moi, c’est surtout une question d’éducation. »

Calvin a grandi dans le bidonville de Mathari près de Nairobi (Kenya) dans une famille de neuf personnes. Son père travaillait comme cuisinier dans l’armée et sa mère n’avait pas d’emploi. Sa mère a décidé de miser sur lui et de le scolariser dans une école hors du bidonville car il semblait brillant. C’est en louant des chambres à des familles encore plus démunies qu’elle a pu lui payer des études. Après avoir reçu une bourse, Calvin est parti dans une université au Canada, a commencé à travailler làbas et dans le même temps était volontaire pour une association.

internationales pour un travail de terrain plus efficace. Il réalise aussi des missions de conseil pour les organisations étrangères et complète ses revenus en louant des chambres de son appartement. Il gagne ainsi environ 800 euros par mois. Une fois par an, il retourne au Canada pour conserver son visa. À 45 ans, il est marié et a aujourd’hui deux filles de 14 et 24 ans. Il a envoyé la plus jeune dans une école privée qui lui coûte plus de 300 euros par mois car il n’a plus confiance dans l’école publique. Il souhaite que toutes les deux aillent finir leurs études au Canada.

Après quelques années, bien que tenté par une thèse, il décide qu’il est temps pour lui de rentrer au pays, notamment pour s’occuper de ses parents. Il crée alors une ONG kenyane basée à Mathari qui collabore avec les institutions

Enan « Dans dix ans, je pense que la vie va être encore plus difficile. Il va falloir être quelqu’un de bien. Il faut être un bosseur, et la médiocrité va être bannie. Cela commence aujourd’hui, il faut avoir du talent. Il faut être parmi les meilleurs pour gagner sa vie demain. Moi-même,

je veux avancer, être à la tête d’un holding, prendre des risques. Dans dix ans, je veux être parmi les gagneurs. »

À 40 ans, Enan dirige un réseau de petit magasins de réparation de photocopieuses qu’il a lancé lui-même. Il a grandi dans une famille polygame à Bouaké (Côte d’Ivoire). Son père était mécanicien et sa mère ouvrière dans une usine. Très tôt, il s’intéresse à la technologie et commence à réparer des postes de radio. Il abandonne l'école dès le collège et après différents petits emplois, à 23 ans il est embauché comme technicien dans un magasin de photocopieuses à Abidjan. Quelques années après, suite à plus de 8 mois d’impayés de salaire, il s’installe à son compte et achète des photocopieuses à la casse qu’il remet en marche. Gràce à son talent et ses relations, il a aujourd’hui cinq magasins dans Abidjan, mais en avait plus d’une cinquantaine avant la crise ivoirienne. Ses huit salariés sont

tous des parents. Il gagne environ 1000 euros par mois et possède une maison dans le quartier plutôt chic de Cocody, où vivent ses trois enfants et sa compagne.


Kadie « Quand je vois par rapport aux autres, je me dis que je suis dans la classe moyenne. Mais quand je m’arrête et je regarde ma situation personnelle, quelquefois je me dis que je suis parmi les pauvres. Au départ, on pensait que c’était en travaillant dans un bureau

comme fonctionnaire qu’on pouvait réussir mais aujourd’hui les petites entreprises rapportent plus que le bureau. Les fonctionnaires sont payés 150 euros par mois, mais avec mon cybercafé je gagne quand même plus que cela. »

La famille de Kadie est originaire du nordouest de la Côte d’Ivoire, mais elle a grandi à Abidjan. Son père était gérant d’une petite entreprise et sa mère dactylographe dans un ministère. Aînée d’une famille de neuf enfants, elle suit un DEA de sociologie à l’université de Cocody à Abidjan. Les suspensions de cours à répétition et ses activités annexes ont rallongé sa scolarité et elle a aujourd’hui 32 ans. Mèrecélibataire d’un enfant de 12 ans pris en charge par ses grands -parents maternels, elle vit dans une cité universitaire. Elle a investi sa première bourse d’étude de 1 000 euros pour mettre sur pied deux cabines de téléphonie mobile. Après deux ans de cette activité gérée par elle et sa sœur, elle a pu, grâce à l’épargne réalisée, ouvrir un magasin de photocopie et traitement de

texte près de l’université. Peu après, elle lance un cybercafé. Elle gagne environ 300 euros par mois auquel s’ajoute une bourse d’étude. Mais cette activité informelle est risquée : il y a quatre ans, le gouvernement a ordonné la destruction de tous les magasins non déclarés et des bulldozers ont écrasé ses photocopieuses. Leur remplacement a coûté près de 8 000 euros. Elle songe aujourd’hui à investir ses économies dans une plantation d’hévéas dans son village d’origine. De toutes façons, son cybercafé n’est déjà presque plus rentable : il y en a beaucoup trop autour.

Albert Albert est né à Bafang dans l’ouest du Cameroun dans une famille de sept personnes. Son père était instituteur dans une école catholique ,alors que sa mère était ménagère et petite cultivatrice. Ses frères et sœurs sont maintenant les uns fonctionnaires, « même si cela ne donne pas beaucoup d’argent », deux sont dans les affaires et d’autres ont des emplois précaires. Sa mère, maintenant installée à Douala, revient souvent au village pour gérer les affaires courantes. Albert, lui, y va peu, même si c’est aujourd’hui le chef de famille suite au décès de son père. Il cotise 150 euros par mois dans une tontine qui regroupe de jeunes cadres issus de la même ethnie que lui. Il a grandi à New Bell, un quartier pauvre de Douala, mais est allé dans une école publique de Bonanjo, un quartier administratif où un oncle enseignait et où il a côtoyé des enfants de familles plus aisées. Son oncle, son père et une sœur plus âgée ont financé tour à tour ses études. Ayant obtenu son BTS de journalisme, il aurait pu partir à l’étranger mais a refusé, préférant exercer son métier au Cameroun. Il travaille pendant quatre ans au sein d’Equinox, une radio privée, reprend les études et obtient un Master, avant de revenir chez Equinox, comme rédacteur en chef cette fois.

Il gagne environ 800 euros par mois et estime que ce salaire lui permettra d’entretenir seulement deux enfants et encore, si sa femme travaille aussi ; mais pour l’instant il reste célibataire. Il loue un appartement et se déplace en taxi, car il n’a pas de voiture. Pour lui, une école privée est une « école normale, une école bien quoi. »


Abouziane « La classe moyenne, c’est la vie des combattants. Tout ce que j’ai obtenu jusqu’à maintenant, je ne l’ai eu qu’avec ma force de travail. » Abouziane est professeur d’économie dans un lycée de Taounate, un petit village du Riff. Originaire de Casablanca, son père était ouvrier et sa mère femme au foyer. Il a deux frères : l’aîné travaille depuis longtemps et le plus jeune est actuellement en Master. Abouziane a commencé par faire une école de commerce à Agadir avant de devenir professeur et d’être affecté à Taounate. Il y a un an, à l’âge de 28 ans, il s’est marié avec une jeune fille du village et vient d’avoir un bébé. Il enseigne huit heures par semaine dans le lycée et il n’est pas possible de faire plus car les professeurs sont très nombreux. Dans le temps qui lui reste, il enseigne dans des écoles privées à Fès, ce qui lui permet de financer le Master qu’il prépare en ce moment. Dans quelques années, il espère pouvoir enseigner à l’université ou peut-être travailler dans le secteur privé s’il trouve une bonne opportunité. Les deux dernières années, avec la naissance de son

enfant et son récent mariage, il n’a pas pu faire d’épargne. En cumulant ses différents revenus, il a un peu plus de 1 000 euros par mois pour faire vivre sa famille. Sa femme, tout juste sortie du lycée, ne travaille pas pour l’instant. La vie à Taounate est moins chère que dans les grandes villes ; son loyer ne lui coûte que 150 euros par mois, mais les vacances se limitent à visiter la famille par manque de moyens, et il n’est pas envisageable d’aller à l’étranger. Selon lui, il est nécessaire de moderniser la société marocaine sans pour autant devoir l’occidentaliser.

Roquea « Je ne suis pas arrêté, j’ai des initiatives, je continue de me battre, c’est pour cela que je ne me pense pas pauvre. » Roquea a 33 ans, quatre enfants qui ont entre 3 et 11 ans et vit à Chokwé, une petite ville du Mozambique proche de la frontière avec l’Afrique du Sud. Son mari travaille comme chauffeur pour une ONG. Son père était chauffeur routier et sa mère vendait sur le marché. Elle a pu aller à l’école jusqu’à l’age de 20 ans puis a dû arrêter car elle est tombée malade. Elle a commencé en vendant des produits comme du savon ou du riz, mais s’est aperçu qu’elle ne pouvait rien gagner avec cette activité. Alors en 2007 elle a commencé une activité de restauration. Elle avait deux restaurants mais l’un n’était pas très bien situé et elle a préféré le fermer pour se concentrer sur l’autre, proche d’une station de bus et qui marche très bien. Elle a pu monter son restaurant en utilisant un microcrédit, d’abord de 1 000 euros qu’elle a remboursés, puis un autre de 2 500 euros qu’elle rembourse avec des mensualités de

300 euros. Avec son mari, elle prend en charge dix personnes au total, et rembourser les 300 euros chaque mois n’est pas simple, car elle doit aussi financer la construction d’une nouvelle maison après que la précédente, bâtie en bois et palme, a brûlé. L’année dernière, elle a voulu inscrire sa fille dans une école privée pour une cession de 3 mois de remise à niveau en anglais, mais l’inscription qui coûtait 30 euros était trop élevée pour elle. Dans tous les cas, elle ne pourra le faire que pour un seul de ses quatre enfants. Roquea se considère aujourd’hui sortie de la pauvreté car elle a une liberté de choix dans sa vie, ce qui est impossible pour un pauvre.


Lazaro « Dès qu’on veut réaliser quelque chose, il faut prendre des risques. C’est ce que j’ai fait. Les classes moyennes, ce sont celles qui font du business ; agriculture, industrie, commerce, peu importe quel business mais ils investissent. » Lazaro vient d’une famille pauvre de dix personnes. Enfant, il vendait des produits sur le bord des routes, mais pour autant continuait à aller à l’école. Il est finalement diplômé comme médecin en 1979 et a travaillé pour le ministère de la Santé mozambicaine pendant 20 ans. En 2002, il demande à avoir un congé sabbatique pour pouvoir former des médecins à la lutte contre le Sida. Son salaire assez maigre s’est alors un peu amélioré et il a pu commencer à épargner. Quand ce projet fut terminé et après avoir remarqué qu’il y avait un vrai problème d’accès à l’eau potable pour les populations de Maputo, il a décidé en 2005 de lancer son activité avec 5 000 dollars. Celle-ci consiste à construire des réservoirs d’eau et des conduites qui amènent de l’eau jusque dans les maisons. Aujourd’hui, il dirige une équipe de quatre per-

sonnes et travaille avec une société privée qui fore les puits. Il a construit quatre puits et son eau alimente maintenant cinq cent familles. Il a quatre enfants et une femme. Ses enfants fréquentent une université privée qui lui coûte 500 dollars par mois, car ils n’ont pas été retenus au concour d’entrée à l’université publique. Son salaire quand il était au ministère était de 150 dollars par mois ; il est aujourd’hui nettement meilleur, « mais sans corruption », assure-til. Il a récemment fait construire une nouvelle maison plus grande, qui lui permet notamment d’avoir un bureau avec un ordinateur.


Biographie Joan Bardeletti a grandi dans un petit village d’Ardèche. Sa découverte de la photographie correspond à son arrivée à Paris, où après avoir travaillé un temps comme ingénieur il devient photographe en 2004. En 2006, il intègre l’agence Picturetank à Paris puis devient membre de son comité de gestion. Entre reportage et approche documentaire, il s’implique dans des projets au long cours en distancition avec l’actualité, tout en accordant une grande importance à la cohérence de la forme photographique et du propos sous-jacent. Afin d’incarner concrètement cette volonté, il cofonde en 2010 Collateral Creations, une plateforme de production de projets associant contenus visuels d’auteurs et travaux de recherche ou d’analyse. Révolution et désillusion politique en Amérique latine, chronique du Hezbollahland après le conflit libanais le long du fleuve Litani, travail allégorique sur un voyage de propagande officielle chinoise ou l’extrêmisme sécuritaire d’un village français sont autant de sujets sur lesquels il s’est impliqué en adaptant son traitement visuel. Joan Bardeletti collabore régulièrement avec la presse internationale (Monde Magazine, Marie Claire, Géo, Internazionale, Cicero...) ainsi qu'avec des ONG ou des institutions (Save the Children, ministère des Affaires étrangères, AFD…) Son travail a notamment été récompensé par un World Press Photo (2010), le Getty Grant for Editorial Photography (2011) ; fut shortlisté pour le Prix Pictet en 2010 et a fait l’objet de nombreuses expositions dans le monde, notamment à la Bibliothèque Nationale de France (BNF), à Paris en 2010, qui a fait entrer ses images dans son fonds.

À partir de 2008, Joan Bardeletti se consacre au projet « Classes moyennes en Afrique ». Pour proposer une nouvelle approche du continent africain qui sort du prisme pauvreté, guerre ou corruption, il s’intéresse à l’émergence de ses classes moyennes, étudiant cinq pays de zones sociogéographiques bien distinctes. Afin d’appuyer le contenu visuel sur un propos construit et scientifique, des universitaires français et africains seront associés au projet. Durant trois ans, photographie d’auteur et travaux de recherche se répondent et se complètent. C’est à ce jour le travail le plus abouti sur ce sujet. Persuadé de la pertinence d’une telle approche, Joan Bardeletti la développe maintenant sur deux autres sujets, toujours en Afrique : les nouvelles pratiques alimentaires et la condition des homosexuels.


remerciements Mes remerciements les plus chaleureux vont à Galice, pour son amour, son soutien et sa patience sans lesquels ce travail n’aurait pas pu voir le jour. Une pensée aussi pour ma fille Luz qui aura un an à la naissance de cet ouvrage, ainsi que pour mes parents qui ont compris ma volonté de devenir photographe, chemin qui ne m’était pas destiné. Je tiens à remercier également les personnes suivantes, qui ont été des soutiens essentiels tout au long de ce projet : au MAEE, Marc Levy et Mohammed Chirani qui lui ont permis de voir le jour, mais aussi Pauline Chabbert, Bertrand Fort, Bernard Humbaire, Laurant Amar pour leur confiance ; à l’AFD, Jean-Michel Severino, Henry de Cazotte,Vincent Joguet, Nolwenn Bodo, Guillaume de Saint Phalle qui ont donné un accueil enthousiaste à ma démarche, sans oublier Véronique Sauvat, Robert Peccoud et Thomas Mélonio pour avoir cru en ce projet de recherche alternatif ; Dominique Darbon de l’IEP Bordeaux, pour avoir brillamment coordonné tout le travail de recherche, et les étudiantes ayant participé au projet (Cindy, Johanna, Clélie, Élodie) pour leur enthousiasme et la qualité de leurs analyses ; la Presse, et en particulier Emanuela Mirabelli qui fut la première à publier ces images, Magdalena Herrera (Géo), Frédérique Babin (Monde Magazine), Dan Torres (Jeune Afrique), Serge Michel, Séverine Harzo et Caroline Jan (MC International), Tiziana Faraoni (L’Espresso) ;

Franck Portelance (Fujifilm) pour m’avoir permis de travailler en film ; Picturetank et tout particulièrement Philippe, Vasantha, Dorothée et Éléonore pour faire vivre mes images ; Gaëlle Launay et Frédéric Nalis du groupe Bel qui ont contribué à la création du fanzine ; Boris Razon et Claire Leproust pour nos réflexions sur le multimédia ; Camille Plante ; Jeanne et Baptiste de AIV ; Ayperi Ecer pour ses conseils ; Ségolaine Petriaux pour son travail graphique ainsi que Luc Didier ; Pierre Guilhemin et Picto pour les développements et les scans ; Benjamin Diguerher pour la maquette, Brigitte Potrel pour la révision des textes, sans oublier bien sur Arnaud Bizalion (Images En Manœuvres Éditions), patient et passionné éditeur. Dans chaque pays des personnes m’ont accompagné, aidé, que je remercie ici, et notamment : au Sénégal, Abou Kamate pour son hospitalité et ses conseils, Souleymane Kouyate et Alain Toh pour leurs travaux de recherche ; au Maroc, Saadedine Igamane, Driss Ksikes et le HEM pour leurs travaux de recherche ; au Cameroun, Hubert Maheux et Fabrice Dauvillier au CCF ainsi qu’Alice Nkom ; au Mozambique, Mario Macilau pour m’avoir si bien guidé, Arnaud et Marc pour leur accueil ; au Kenya, Sally pour sa gentillesse. Enfin, et j’en oublie certainement : Vladimir Cagnolari, Equinox Consulting et en particulier Jean-François Rigal et Jean-Louis Dufloux, Alban Biaussat, Julie, Philippe Couve, Lucie Touya, Luc Fuhrmann, Didier de Fays, Christine Calvez et Laurence Tovi, Pascal Brouillet, Benjamin Neumann.



L'Agence Française de Développement

Le soutien de l’AFD au projet « Classes moyennes »

Établissement public, l’Agence Française de Développement (AFD) agit depuis soixante-dix ans pour combattre la pauvreté et favoriser le développement dans les pays du Sud et dans l’Outre-Mer. Elle met en œuvre la politique définie par le gouvernement français.

L’émergence d’une classe moyenne dans un pays est révélatrice d’un développement économique et d’une répartition harmonieuse des fruits de la croissance économique. Elle constitue la base d’une stabilité sociale et politique en permettant à ses membres de prospérer grâce aux fruits de leur travail.

Présente sur le terrain dans plus de cinquante pays, l’AFD finance et accompagne des projets qui améliorent les conditions de vie des populations, soutiennent la croissance économique et protègent la planète : scolarisation, santé maternelle, appui aux agriculteurs et aux petites entreprises, adduction d’eau, préservation de la forêt tropicale, lutte contre le réchauffement climatique… En 2010, l’AFD a consacré plus de 6,8 milliards d’euros au financement d’actions dans les pays en développement et en faveur de l’Outre-Mer. Ils contribueront notamment à la scolarisation de 13 millions d’enfants, l’amélioration de l’approvisionnement en eau potable pour 33 millions de personnes et l’octroi de microcrédits bénéficiant à un peu plus de 700 000 personnes. Les projets d’efficacité énergétique sur la même année permettront d’économiser près de 5 millions de tonnes de CO2 par an.

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Les projets que l’AFD finance au sud soutiennent cette croissance. L’appui qu’elle apporte au secteur privé permet de créer les emplois et la valeur ajoutée nécessaires au développement économique et donc à l’apparition et au maintien d’une classe moyenne. Cette dernière est elle-même source d’initiatives, de projets, de produits qui alimentent la croissance et le bien-être global. En Afrique, continent privilégié des financements de l’AFD, cette classe sociale existe bel et bien, mais elle est peu étudiée et mal cernée. Le projet « Classes moyennes en Afrique » - auquel l’AFD s’est associée dès l’origine en produisant les reportages sur le terrain, puis en participant aux travaux de recherche - vise à mettre en images la politique publique de développement à laquelle participe la France et à mettre en valeur des hommes et des femmes acteurs du développement. Au travers d’une approche résolument novatrice, le projet lie un travail académique à un travail photographique, en vue d’attirer le regard citoyen sur une Afrique en mouvement que l’AFD accompagne au quotidien depuis soixante-dix ans.


© Pour les photographies et les textes Joan Bardeletti Images En Manœuvres Éditions 14, rue des Trois Frères Barthélemy I 13006 Marseille I France Tél. : +33 (0)4 91 92 15 30 I Fax : +33 (0)4 91 42 97 58 contact@iemeditions.com – www.iemeditions.com Coordination éditoriale : Arnaud Bizalion Assistanat éditorial : Sophie Linou Conception graphique et réalisation : Benjamin Diguerher Impression : xxx Achevé d’imprimer en xxx 2011 Dépôt légal : xxx 2011 ISBN : 978-2-8499-5177-4




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