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Des épreuves d’évaluation collées à la réalité opérationnelle Par Philippe Brassard Journal Adsum Lors des examens du cours de soins tactiques au combat, les élèves sont confrontés à une série de scénarios qui évaluent leurs connaissances et aptitudes dans un contexte comparable à l’Afghanistan. L’Adsum a été invité à une journée d’examens pour le moins explosive dans les secteurs d’entraînement de Valcartier. Le 18 novembre, 54 soldats en provenance de toutes les unités ont été évalués par 17 aviseurs médicaux de la 5<V>e<V> Ambulance de campagne (5 Amb C), qui scrutaient leurs moindres gestes, et ce, sur six plateaux de scénarios différents. Pour jouer les civils afghans, les insurgés et les soldats blessés, une quarantaine de figurants étaient mobilisés. On peut dire que les scénarios mis sur pied par la cellule des soins tactiques ne sont pas de tout repos : le sang artificiel, les blessures ouvertes; tout est reproduit. «Le mot d’ordre, c’est éliminer toutes les cicatrices à l’entraînement, pour que, lorsque les soldats arrivent en théâtre opérationnel, ils aient franchi toutes les barrières psychologiques», indique le sergent Yan St-Pierre, responsable des soins tactiques. Ce dernier avoue cependant que rien ne peut préparer au choc de voir un frère d’armes tomber au combat. «C’est un aspect qu’on ne pourra jamais simuler. On essaie de s’en approcher le plus possible, le reste, ça leur appartient rendu l’autre bord», signalet-il. Dans un souci d’éviter la redondance, neuf plateaux d’examens différents ont été créés et se renouvellent constamment. En voici trois exemples. Le village nomade Dans une clairière de la garnison, des tentes en tissu et un cimetière afghan ont été montés afin d’imiter un village nomade de l’Afghanistan. Une section formée d’une douzaine d’élèves doit inspecter le village, habité par quelques civils afghans. Un interprète afghan les accueille pour échanger avec eux. Tandis qu’un soldat entre dans une tente pour l’examiner, une vive explosion se déclenche devant lui, blessant sur le coup plusieurs autres soldats et civils afghans. Quelques secondes plus tard, des insurgés prennent le village d’assaut, canardant les soldats de balles de peinture. Les soldats canadiens répliquent et neutralisent la menace. Puis, les élèves évalués mettent en pratique leurs techniques de soins tactiques. Notamment, ils vérifient les signes vitaux de chaque blessé pour déterminer son état et prodiguent les premiers soins appropriés. Après la phase de triage, les soldats évacuent les blessés sur des civières pour les rassembler dans une tente chauffée – nécessaire en conditions hivernales –, où ils exécutent les traitements plus avancés sous le regard attentif des évaluateurs. La sous-station de police Dans un fort de béton imitant une sous-station de police afghane, une section monte la garde. Sans avertir, une camionnette blanche s’approche sur la route et s’arrête devant leurs fortifications. À l’intérieur du véhicule, des plaintes de souffrance peuvent être entendues.


Très prudents, les élèves s’avancent pour ouvrir la porte arrière. Devant eux, une scène d’horreur : des policiers afghans gravement blessés, des mannequins mutilés et beaucoup d’hémoglobine. Les élèves, en gardant leur sang-froid, entreprennent de soigner tout le monde selon les méthodes des soins tactiques. La patrouille à pied Lors d’un autre scénario, les élèves font une patrouille à pied sur un chemin qui traverse une rivière. À la vue d’un ponceau, ils commencent leur vérification de routine, quand soudainement un tir d’artillerie simulé éclate à proximité d’eux. Le bilan : six blessés, dont plusieurs graves. Secoués, les élèves procèdent au triage au milieu de la route, avant de transporter les blessés par civières dans une tente pour y continuer les soins. Valcartier, centre d’excellence en soins tactiques Au Canada, le cours de premiers soins tactiques au combat se donne aussi sur les garnisons de Petawawa et d’Edmonton. Cependant, c’est à Valcartier que l’expertise serait la plus développée à l’échelle canadienne. «Je dirais que Valcartier est le centre d’excellence au Canada», affirme le sergent Yan St-Pierre. À son avis, le système de plateaux de scénarios, les nombreuses exclusivités comme les laboratoires de porcs pour la pratique des soins, font en sorte que Valcartier représente «la machine la plus grosse». L’adjudant-maître Jules Bérubé, sergent-major intérimaire de la 5 Amb C, fait un constat similaire. Même si le cours provient des États-Unis, Valcartier l’a amélioré de façon remarquable, souligne ce dernier. Selon le sgt St-Pierre, cette position s’explique principalement par l’énorme appui du 5<V>e<V> Groupe-brigade mécanisé du Canada (5 GBMC). «Ils nous ont beaucoup appuyés dans nos demandes, ils nous ont aidés à améliorer nos secteurs d’entraînements et nos équipements.» Des échanges ont parfois lieu avec les autres garnisons et avec des unités médicales civiles. Par ailleurs, le sgt St-Pierre mentionne que le Canada est en avance sur bien des pays de la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) en matière de soins tactiques.


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