Journal l'Aquitaine n°50

Page 1

LGV

Le Gouvernement a confirmé la construction de la ligne Bordeaux-Espagne à l’horizon 2032. Maillon incontournable de la LGV Sud Europe Atlantique, elle sera un vecteur de croissance durable pour l’Aquitaine. Page 2 et 3

Le futur viaduc de la Dordogne en Gironde.

AUTOMNE 2013

N°50

Le journal d’information du conseil régional

Suivez l’info sur aquitaine.fr changement climatique

Anticiper pour mieux agir

Innovation, climat, emploi

NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE

La Région prépare l’avenir

Le conseil régional a commandé une étude pour anticiper les actions à mener et relever les défis à venir. Pages 10 et 11

Gares

La modernisation se poursuit À ce jour, la moitié des 157 gares et haltes Ter d’Aquitaine ont été rénovées. Page 8

Emploi

Les métiers qui recrutent 20 000 emplois sont non pourvus en Aquitaine, alors même que les entreprises ont des besoins de main-d’œuvre et que beaucoup de jeunes cherchent un emploi. Le conseil régional s’attaque à cette contradiction, notamment en sensibilisant aux métiers qui recrutent. Pages 5 à 7

Supplément Jeunesse 16-25 ans

Lycéens, apprentis, étudiants, jeunes actifs : la Région

alban gilbert

accompagne la réussite et l’autonomie des 16-25 ans.

L’Institut d’optique d’Aquitaine, construit sur le campus de l’université de Bordeaux, a été inauguré en octobre. Entièrement financé par le conseil régional et l’Union européenne, il offre à l’Aquitaine une nouvelle école d’ingénieurs.

La Région, 1eR paRtenaiRe de La jeunesse Lycéens, apprentis, étudiants, jeunes actifs : La région accompagne La réussite et L’autonomie des 16-25 ans.

LISEA

Liaison Bordeaux-Espagne confirmée : première étape Dax


02 sommaire AUTOMNE 2013 n°50 pages 03-04

ACTUALITéS

En bref

> LGV: des retombées concrètes pour l’économie et l’environnement > Nanni Industries : l’Aquitaine à la pointe du nautisme durable

Innovation

> NOVAQT : et si on refaisait le monde ? > La formation à distance « made in Aquitaine » qui intéresse Harvard > Étudiants : 24 heures de l’innovation

pages

05 à 12

actions région

Formation/emploi

> Les métiers qui recrutent en Aquitaine

Optique-Laser

> L’Aquitaine confirme son leadership dans l’optique-laser > Quand le laser imprime des cellules vivantes > L’Aquitaine attire des entreprises innovantes

Transport

> Matériel roulant ferroviaire : vers un modèle d’achat plus efficace > Gares et haltes : la modernisation se poursuit > Ter à 2 niveaux : arrivée prévue fin 2014

l’ÉDITO

alain rousset président du conseil régional d’Aquitaine

LGV : une victoire pour l’Aquitaine

N

otre conviction et notre persévérance ont porté leurs fruits, le Gouvernement a tranché : la LGV Bordeaux-Hendaye sera bel et bien construite, avec une première partie jusqu’à Dax pour 2027 et une arrivée à la frontière à l’horizon 2032. L’heure est au soulagement. Les rumeurs d’avant l’été avaient renvoyé la liaison vers l’Espagne aux calendes grecques, au profit du tronçon Bordeaux-Toulouse seul. Ces deux branches, qui forment le Grand Projet du Sud-Ouest (GPSO), sont pourtant indissociables. Elles constituent ensemble le projet de ligne à grande vitesse le plus rentable financièrement et le plus abouti sur le plan des études et des acquisitions foncières. Raison pour laquelle l’Union européenne l’a inscrit au rang des chantiers ferroviaires prioritaires. Bien sûr, la LGV est une chance formidable pour notre économie. Elle l’est aussi pour notre environnement : la nouvelle ligne permettra de libérer des sillons sur les lignes existantes en faveur de nos

Ter et du fret ferroviaire. Une façon de sortir du tout camion. Il suffit pour s’en convaincre de se référer au tout récent rapport sur le changement climatique en Aquitaine, commandé par le conseil régional et qui a mobilisé plus de 150 chercheurs : on y découvre au détour d’une carte que les émissions de particules sont particulièrement concentrées sur l’axe de l’A63… On le voit bien, l’action publique est plus efficace, plus légitime lorsqu’elle s’adosse à la connaissance scientifique. En faisant de l’innovation l’ADN de sa politique, le conseil régional veut favoriser l’anticipation et restaurer la confiance en l’avenir : aider les industriels à inventer « l’usine du futur » et les entreprises à être plus compétitives, orienter les jeunes vers les métiers qui recrutent, aménager les territoires intelligemment. Bref, faire bouger les lignes. Une ambition que résume bien le slogan de NOVAQT, l’événement-phare de l’automne dédié à l’innovation : et si on refaisait le monde ?

Climat Énergie

> Changement climatique : l’Aquitaine anticipe pour mieux agir > Climat et vin : la vigne en perpétuelle évolution > Une forêt rempart et victime du réchauffement

Numérique

> Télétravail : tiers-lieux un temps d’avance > presdechezmoi.aquitaine.fr : le service public a de l’avenir > Très haut débit : favoriser l’accès pour tous et partout

pages 13 À 14

BIEN VIVRE

STÉPHANE LARTIGUE

Culture

> Jérôme Garcin dans les pas de François Mauriac > Une décennie de littérature étrangère sans rature

Langues régionales

> Occitan : Benveguda tà OCtele ! > Basque : Lloba aldaketa

page 15 la parole aux élus

SUPPLÉMENT 16-25 ANS LA RÉGION 1ER PARTENAIRE DE LA JEUNESSE on, La Régi enaiRe 1eR paRtun esse de La je s, apprenti Lycéens, es actifs : s, jeun étudianton accompagne La régi et L’autonomie site ans. La réus des 16-25

> Lycéens, apprentis, étudiants, jeunes actifs : la Région accompagne la réussite et l’autonomie des 16-25 ans.

Retrouvez et participez à votre journal sur notre site www.aquitaine.fr, sur les réseaux sociaux.

A

L’Aquitaine le journal d’information du conseil régional d’Aquitaine. ­­­Hôtel de Région, direction de la communication, 14, rue François-de-Sourdis 33000 Bordeaux – Tél. : 05 57 57 80 00. Directeur de la publication : Alain Rousset. Codirecteur de la publication : Philippe Buisson – Directeur de la communication : Corinne Descours – Rédacteur en chef : Benjamin Barets – Responsable d’édition : Sébastien Blanquet-Rivière – Rédaction : Anne Chaput, Orianne Dupont, Martial Peyrouny, Rémi Rivière, Pierre Sauvey – Conception graphique et réalisation : A noir, www. agence@anoir.fr – Photos une : LISEA, Alban Gilbert – Photographes : Jean-Pierre Bost, Hervé Lefèbvre, Alban Gilbert – Impression : Lenglet – N°ISSN : 1634 -2917. Journal imprimé sur du papier 57 g recyclé fabriqué à partir de pâte blanchie sans chlore issu de forêts gérées durablement. L’usine est certifiée IMPRIM’VERT et ISO 9001-2000.


l’aquitaine N°50 automne 2013

ÉVÉNEMENT EN BREF

03

ACTUALITÉS

LGV

Des retombées concrètes pour l’économie et l’environnement À l’horizon 2032, les nouvelles lignes LGV désengorgeront le réseau ferroviaire existant, ce qui améliorera l’offre TER quotidienne et permettra de transporter plus de voyageurs (17M/an) et de marchandises (10M tonnes/an) vers l’Espagne et vers l'Europe du Nord. Par ailleurs, les gains de temps réalisés intensifieront les échanges économiques et inciteront les voyageurs à délaisser l’avion et la voiture pour le TGV.

BORDEAUX PROJET DE LIGNES LGV + DE VOYAGEURS DANS LE TRAIN - DE GAZ À EFFETS DE SERRE

7,8

Millions de voyageurs par an

7

FRANCE

11 MILLIONS d’heures de transport gagnées chaque année

Millions de voyageurs par an

+ 7 MILLIONS de voyageurs par an Agen Montauban

DAX 2027

Mont-de-Marsan

2

Millions de voyageurs par an

LIGNE EXISTANTE BORDEAUX-HENDAYE

OCÉAN ATLANTIQUE

+ DE FRET FERROVIAIRE - DE CAMIONS

Bayonne Bilbao

San Sebastian

TOULOUSE 2024 HENDAYE 2032

4 KG CO2/VOYAGEUR sur Paris-Toulouse en train, contre 130 kg et 40 kg pour l’avion et la voiture

Pau

3 000 camions de moins par jour 90 TRAINS de fret en 2025 (contre 20 aujourd’hui) 22 % du fret FranceEspagne par le rail (contre 4 % aujourd’hui)

Vitoria

LIGNE DU Y BASQUE

ESPAGNE

20Km

transport durable

alban gilbert

Nanni Industries : l’Aquitaine à la pointe du nautisme durable

L

’innovation made in Aquitaine sera bien représentée au prochain Salon nautique international de Paris (du 7 au 15 décembre), avec en figure de proue la PME girondine Nanni Industries, un des leaders mondiaux dans la marinisation des moteurs (l’opération industrielle

qui permet de faire fonctionner un moteur en milieu marin) ; elle travaille notamment avec Kubota, Toyota, VM Motori et Man. De par son rôle stratégique au sein de la filière nautique régionale, Nanni Industries, qui emploie 67 salariés à La Teste-de-Buch, a été en 2011 la première PME aquitaine à qui

le conseil régional a proposé de signer un contrat de partenariat. Un partenariat pour structurer la filière « nautisme durable » L’objectif partagé qui a présidé à la signature de ce contrat est de contribuer à l’émergence en

Aquitaine d’une filière « nautisme durable ». Il vise concrètement à nouer des partenariats avec des laboratoires de recherche et des industriels en vue de développer des moteurs hybrides (thermique – électrique) et des systèmes de puissance moins énergivores. Ainsi, en s’associant à des partenaires aquitains, Nanni a livré 4 bateaux hybrides pour le transport de passagers dans le domaine du tourisme fluvial et maritime. Depuis 2011, le conseil régional propose à l’entreprise un accompagnement individualisé sur l’innovation, le soutien au développement industriel, le développement commercial (en particulier à l’international), la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences et l’ingénierie financière. Des innovations de rupture Depuis plusieurs années, Nanni Industries place la recherche

et développement au cœur de sa stratégie industrielle pour aboutir à des innovations de rupture. Plus que jamais orientée vers l’énergie propre, la PME présentera, lors du Salon nautique de Paris, sa dernière génération de systèmes hybri­des en 15 kW, adaptable aux mo­teurs allant de 38 à 115 ch. Des moteurs qui font la différen­ce sur les marchés internationaux. Déjà présent dans 90 pays, Nanni travaille actuellement à des implantations en Asie et en Amérique latine. // nannidiesel.com

Erratum : dans le n°49 de L’Aquitaine, dans une page consacrée à la filière nautique, nous avons indiqué par erreur que Nanni industries équipait les BatCub (les navettes fluviales qui opèrent sur la Garonne à Bordeaux). Il s’agit en fait des Chantiers Dubourdieu.


04

l’aquitaine N°50 AUTOMNE 2013

INNOVATION

actualités

INNOVATION PÉDAGOGIQUE

La formation à distance « made in Aquitaine » qui intéresse Harvard L’université Bordeaux Segalen s’affirme parmi les plus innovantes en Europe dans la formation en ligne. Elle a obtenu cette année une mention spéciale des Trophées des technologies éducatives pour son program­me Eu2p. Lancé il y a quatre ans avec l’appui du conseil régional, c’est tout simplement le premier program­ me européen d’enseignement supérieur en ligne (et en an­ glais) diplômant dans l’évaluation des bénéfices et risques du médicament. Eu2p délivre un master avec 5 spécialités, 25 certificats différents, et un doctorat. Il regroupe un par­ tenariat public-privé de 7 uni­versités européennes, 15 industries pharmaceutiques et 2 agences réglementaires du médicament. Initié en 2009, il est financé par la Commission européenne pendant cinq ans au travers de l’action « Innovative Medicines Initia­

tive ». L’ensemble des outils d’inno­vation technologique et pédagogique est développé par l’équipe INPUT du départe­ ment de pharmacologie.  « Sans une aide de la Région de 54 000 euros, nous n’aurions pas pu démarrer ce projet. C’est ce qui nous a permis de l’élaborer pour le soumissionner à la Commission européenne », rappelle Karine Palin, chef de projet. Cette année, 66 étudiants de 35 nationalités sont inscrits. « Harvard s’intéresse à nous », révèle-t-elle. Forte de cette expérien­ce, l’uni­versité poursuit son action de formation via FORMeDOC, portail francophone d’information  et de formation à distance sur le médicament, dédié aux étu­diants et aux profes­sion­nels  de santé, avec un financement dans le cadre des financements d’avenir. // www.eu2p.org

ÉTUDIANTS FORUM DE L’INNOVATION GLOBALE

NOVAQT : et si on refaisait le monde ?

D

ans un contexte national et international de profondes mutations, l’Aquitaine affirme son engagement dans l’innovation sous toutes ses formes et affiche son statut de territoires d’expériences. Avec NOVAQT, le Forum de l’innovation globale, qui se déroule les 5, 6 et 7 décembre à AÉROCAMPUS Aquitaine (Latresne, Gironde), en partenariat avec le Groupe Les Échos,

repères

1re

Région française pour ses investissements en recherche et développement (10 % du budget)

22

Pôles de compétitivité et clusters en Aquitaine

la Région souhaite partager cette richesse et cette expertise avec l’ensemble des Aquitains, les chefs d’entreprise, les leaders d’opinion et les décideurs nationaux. Il s’agit d’un nouveau format d’événement biennal d’envergure internationale, fait de colloques, d’expérimentations, de conférences et de rencontres d’affaires. De l’innovation frugale au « crowdfunding » Parmi les temps forts de NOVAQT figure l’Aquitaine Think Tank, qui réunira le 5 décembre des penseurs et des acteurs de l’innovation venus du monde entier, ainsi que des chercheurs et des lycéens. Ensemble, ils décrypteront les grandes innovations et leur appropriation par la société : innovation frugale, financement participatif ou « crowdfunding », accès au savoir ou encore innovation managériale. Autres moments phares de NOVAQT, les

24 Heures de l’innovation, en partenariat avec ESTIA, École supérieure des technologies industrielles avancées (voir article ci-contre) ; les Rencontres du design, en partenariat avec ADI (Aquitaine Développement Innovation), le Parcours de l’innovation qui, à travers 90 innovations créées par des entreprises en Aquitaine, dévoilera au public quel sera son quotidien demain dans les domaines de l’habitat, des transports, des savoirs, de l’alimentation. À noter enfin les Étapes de l’innovation, qui depuis septembre et jusqu’en mars 2014, sillonnent les territoires d’Aquitaine : après les débats sur le numérique, à Bordeaux, le sport, à Bidart, et le commerce, à Villeneuve-sur-Lot, rendez-vous en janvier, en Dordogne, sur l’innovation sociale, et dans les Landes, en mars, pour la santé. // novaqt-leforum.fr

24 Heures de l’innovation Avec le forum NOVAQT, du 5 au 7 décembre à AÉROCAMPUS de Latresne, l’Aquitaine affirme son engagement dans l’innovation sous toutes ses formes. Elle va notamment apporter une vitrine supplémentaire aux « 24 Heures de l’innovation », créées par ESTIA (École supérieure des technologies industrielles avancées, technopole Izarbel, Bidart), et qui constituent un formidable événement de mise en relation des compétences et de la créativité des étudiants avec les problématiques des entreprises. « L’idée de base est d’aller chercher des sujets auprès d’entreprises et d’associations, et de les offrir à résoudre en 24 heures. Cela peut aller de comment alléger le poids de la fusée Ariane 5 à comment communiquer autour des matchs de l’Aviron Bayonnais », explique Jérémy Legardeur, enseignant à l’ESTIA et inventeur du concept. « Le concours est ouvert à tous ceux qui veulent y participer, notamment aux autres écoles d’ingénieurs, de design, de marketing, de communica-

tion… On dévoile les sujets le vendredi à 14 heures, et on constitue une quarantaine d’équipes de dix membres maximum. Il y a aussi des équipes en extérieur. Nous avons maintenant un millier de participants dans le monde entier ! Tout le monde travaille pendant 24 heures, et chaque équipe a 3 minutes pour présenter ses résultats », résumet-il. « Cela aide les entreprises à penser différemment, et les jeunes à amener leurs idées nouvelles. Il y a déjà eu de belles success stories. Pour les étudiants, cela peut-être l’occasion de décrocher un stage, un contrat de recherche ou un emploi, en tout cas d’avoir un vrai contact avec des entreprises », remarque Jérémy Legardeur. « Les 24 H de l’innovation, c’est du “Made in Aquitaine”, et la Région nous aide depuis la deuxième édition », apprécie l’enseignant. Cette année, la manifestation aura donc lieu en duplex entre l’ESTIA et AÉROCAMPUS, dans le cadre du premier NOVAQT. // www.estia.fr


l’aquitaine N°50 automne 2013

FORMATION/EMPLOI

05

actions région

parcours professionnels

Les métiers qui recrutent en Aquitaine

1

Soudeur manuel

Le maillon fort   de l’industrie

L

e soudeur est le maillon indispensable du monde industriel. Il vérifie le matériel, règle les paramètres de soudage, prépare les joints, positionne les pièces, plaques, tubes, profilés entre eux ou sur un support qu’il assemble et soude. Il contrôle également la conformité des soudures et évalue les défauts afin d’effectuer des opérations de reprise ou de finition. Dans son quotidien, il est en

Benoît Alain/Burdin

1

rapport permanent avec les différents services de l’entreprise auxquels il transmet les informations. Il peut exercer son activité dans la papeterie, la pétrochimie, le nucléaire, les chantiers navals, l’agroalimentaire, les centrales hydrauliques, les services techniques, les fonderies, les stations de ski… « Il doit faire en sorte que tous les équipements marchent », résume M’Hamed Bouarfa, formateur en maintenance industrielle au lycée Superviellle d’Oloron-SainteMarie (64). L’an dernier, dans

Aquitains. Il s’agit notamment d’améliorer l’attractivité des métiers les plus stratégiques et de créer de nouveaux parcours de formation en lien avec les besoins des entreprises locales. Le conseil régional en fait une priorité. À ce jour, une trentaine de métiers en tension ont été identifiés, du soudeur à l’aide-soignant, en passant par le boucher. Sept métiers sont présentés dans ce dossier. La suite dans le prochain numéro de l’Aquitaine...

les six mois suivant la fin de leurs études, les élèves de cette filière avaient trouvé du travail. La formation a l’avantage de donner la possibilité aux jeunes d’exercer plusieurs métiers. Ils touchent à la mécanique, à l’électricité, à la soudure et mettent à jour des dossiers techniques. « C’est un métier où il faut être curieux et aimer le changement », confirme M’Hamed Bouarfa. Quand Étienne, en bac pro 2e année, a démarré cette formation ardue, il revoyait son père qui passait son temps à bricoler et

qui a réparé un kart. Lui, à l’issue de son bac, c’est dans l’armée qu’il aimerait bricoler. 2

2

Aide-soignant

L’engagement   au quotidien

«L

’aide-soignant accompagne les personnes en difficulté, les aide dans les besoins de la vie quotidienne », explique Gérarda Cassan, directrice de formation d’aide-soignant de Sarlat (24). Ce métier demande une capacité à réfléchir, analyser la situation pour voir comment aider la personne. Il est parfois important de comprendre que le patient peut se laver le visage seul et retrouver son autonomie. Sens de l’observation, patience, attention, relationnel... Des compétences et des qualités qui vont bien au-delà de l’image que l’on se fait du métier. Outre la distribution des médicaments et l’assistance apportée aux patients, « on doit repérer les signes cliniques, transmettre à l’infirmière... Nous sommes des relais entre les malades et l’équipe soignante », explique Corinne, élève aide-soignante à Sarlat. Pour elle, la motivation première pour faire ce métier c’est l’amour de l’autre. Savoir prendre le temps d’écouter et de parler

ALBAN GILBERT

P

rès de 20 000 emplois sont non pourvus en Aquitaine. Ils correspondent pour la plupart à des métiers dits « en tension », pour lesquels il y a plus d’offres que de demandes. Une problématique qui touche particulièrement les territoires en mutation économique, où de nombreuses entreprises sont en manque de main-d’œuvre qualifiée. Dans le cadre de son plan d’accompagnement de ces territoires, le conseil régional agit pour étoffer l’offre de formation et mieux orienter les jeunes


06

L’AQUITAINE N°50 AUTOMNE 2013

FORMATION/EMPLOI

ACTIONS RÉGION est essentiel. « On peut faire de la toilette un moment agréable, durant lequel on discute, on apaise, surtout en maison de retraite où les personnes ne voient pas toujours leur famille », ajoute Corinne. L’aide-soignant sait se rendre disponible et faire preuve d’initiative, tout en s’impliquant dans un travail d’équipe. Ce diplôme d’État qui demande une année de formation est un passeport pour l’emploi. L’an dernier, tous les élèves de Sarlat ont trouvé un emploi à l’issue de la formation.

3

3  TAILLE ET ENTRETIEN   DE LA VIGNE

Travailler   au rythme   des saisons

ALBAN GILBERT

L

4 ALBAN GILBERT

fondamentaux acquis en début de formation peuvent amener à de nombreux métiers : ouvrier, technicocommercial, sommelier… », conclut la formatrice.  AJUSTEUR   DE FABRICATION 4

Le pro du   sur-mesure

L

’ajusteur fabrique des outils ou polit et retouche des pièces pour assurer le montage final de systèmes mécaniques. Une activité parfois réalisée à l’unité qui demande précision et dextérité, puisque l’ajusteur fabrique des pièces à forte valeur ajoutée. Son champ d’action est vaste, ce professionnel peut travailler dans l’industrie et l’aéronautique, des domaines qui recherchent du personnel en Aquitaine. L’ajusteur de fabrication suit la formation de technicien-outilleur. Une filière qui a su séduire les candidats puisqu’au lycée Guynemer d’Oloron-SainteMarie (64) elle connaît un regain d’intérêt cette année. Et pour cause, une étude réalisée par l’école révèle que

plus de 90 % des élèves ont trouvé du travail six mois au plus après leur sortie, et 64 % dans le domaine de leur formation. Le métier a changé, et il est plus fait de haute technologie que de cambouis. « On est loin de l’image de l’usine à l’ancienne, précise Stéphane Bribet, formateur, à Turbomeca. Par exemple, il n’y a pas de bruit, pas de rythme effréné. » C’est un métier où l’on peut évoluer et accéder à des responsabilités. Des paramètres que connaissait Baptiste avant d’intégrer cette formation grâce à un père tourneurfraiseur : « La formation n’est pas difficile à suivre, et on sait que l’on trouvera un métier dans l’industrie ou l’aéronautique. »

JEAN-PIERRE BOST

a vigne est une liane qui doit être guidée grâce à la taille, à l’effeuillage, au travail du sol et au palissage (technique qui consiste à conduire une plante sur une structure). Un métier – celui de vigneron – qui est peu valorisé, alors que ce profil est très recherché. « Je ne connais aucun jeune qui soit resté au chômage avec un CAP », indique Anne-Laure Monteil, coordinatrice de la formation vigne et vin au lycée agricole de Blanquefort (33). Mais les jeunes qui suivent cette formation semblent vouloir plus de responsabilités. C’est le cas de Sullivan et de Roman, élèves en première année de bac pro conduite et gestion d’une exploitation agricole, qui visent des postes de chef de culture et maître de chai, estimant que la taille de la vigne est un métier difficile, surtout l’hiver ! Grâce aux nouveaux outils, il est pourtant moins pénible qu’avant et accessible avec un CAP ou une première année de bac pro, et « si les jeunes s’investissent, ils peuvent évoluer vers des postes de chef d’équipe ou second de chef de culture », insiste Anne Combe, formatrice à Blanquefort. Ce poste est essentiel, car l’ouvrier viticole connaît la vigne, sait l’observer et peut être un relais pour le chef de culture. Être vigneron, c’est une question de passion et la possibilité de travailler en plein air. « On transforme cette matière première qui est le raisin en une bouteille qui finira sur la table », commente Anne-Laure Monteil. Et les

5 5

CUISINIER

Un métier créatif   qui fait voyager

S

’il ne devait y avoir qu’un seul métier de passion, ce serait celui-là. Car il faut pouvoir en supporter les contraintes : chaleur, stress lors des coups de feu, horaires décalés,

mobilité. « Si cela reste alimentaire, les jeunes ne tiennent pas », confirme Didier Bouzats, formateur en cuisine au CFA bassin formation. Un sacrifice qui en vaut la peine pour Élodie, étudiante en BTS au lycée hôtelier de Boulazac (24). Elle compte entreprendre un tour

du monde des cuisines pour faire ses armes, alors qu’on lui avait déconseillé de s’engager dans cette formation difficile… Une fois les contraintes digérées, un large horizon s’ouvre aux futurs cuisiniers. Commis de cuisine, chef de secteur, de partie, second, traiteur, conseiller en


L’AQUITAINE N°50 AUTOMNE 2013

FORMATION/EMPLOI

CONDUITE   ET MAINTENANCE   D’ENGINS AGRICOLES 6

Les débouchés sont dans le pré

S

elon une étude réalisée cette année pour le salon Cima, le Mondial des fournisseurs de l’agriculture et de l’élevage, 5 000 offres n’étaient pas pourvues dans le domaine du matériel agricole. Un bel argument pour inciter les jeunes à se lancer dans une formation en agroéquipement. Le B. A. BA du métier est de savoir conduire et entretenir les engins agricoles, mais les débouchés sont nombreux : agriculteur, tractoriste ou chez un concessionnaire en tant que magasinier, commercial, responsable des ventes ou chef d’atelier. « Ce sont des jeunes couteaux suisses, ils s’adaptent très bien », explique Jean-Yves Fabre, formateur en agroéquipement au CFAA de Sainte-Livrade (47). Une formation qui commence à séduire, car elle touche beaucoup à la haute technologie, « aujourd’hui, les tracteurs sont aussi sophistiqués qu’un avion de chasse il y a dix ans », reconnaît JeanYves Fabre. Et ceux qui savent s’en servir se font rares : il est parfois très difficile de remplacer un chauffeur, c’est un métier plus gratifiant qu’il y a dix ans et beaucoup moins

DR

ACTIONS RÉGION usant. D’ailleurs, « aucun de nos anciens élèves n’est au chômage », renchérit Marc Boubées, formateur au lycée agricole de Mugron (40). En effet, si à 20 ans, Hugo n’a pas d’objectifs précis avec son bac pro, mais il n’a aucune inquiétude sur son avenir. « Nous avons des connaissances techniques sur le matériel, mais aussi en gestion, en économie… On sait un peu sur beaucoup de choses », précise le jeune homme. 7

BOUCHER

L’art de la précision   et du conseil

L 6 7

REPÈRES

Nouvelle chance par l’orientation Ce dispositif doit permettre, sur un territoire donné, de mieux orienter les publics et renforcer   la cohérence des parcours de formation au regard   des besoins des entreprises en main-d’œuvre qualifiée.   Première expérimentation cette année dans   le piémont oloronais (64)   où le dispositif réunit   25 entreprises, la Région,   la communauté de   communes et les acteurs   de l’éducation, l’orientation, l’insertion et l’emploi.

Espaces Métiers d’Aquitaine Les EMA sont un lieu d’information et de   découverte sur les métiers et un centre de ressources. Depuis 2012, plus d’une quinzaine d’EMA ont ouvert. Avec une généralisation portant leur nombre à 23, les EMA seront   en Aquitaine un maillon essentiel du service public régional d’information   sur les métiers. aquitaine-cap-metiers.fr

Appli Mobile Formation Disponible à partir   de janvier 2014, cette appli sera votre «coach» pour accéder à la formation   qui vous convient le mieux et toucher les bons interlocuteurs de votre territoire.

ALBAN GILBERT

agroalimentaire... Il n’est pas rare de commencer par éplucher les légumes, et six ou sept ans après, établir les cartes, gérer une équipe et être en contact avec les fournisseurs. « On peut démarrer au plus bas de l’échelle et finir chez les plus grands chefs mondiaux », assure Didier Bouzats. C’est d’ailleurs ce que met en avant le CFA de Boulazac. Leurs apprentis effectuent des stages dans des établissements réputés et sont très sollicités. « Nous avons onze jeunes qui ont fait un stage au Canada, huit ont signé un contrat sur place », relate Laurent Jauvin, formateur en cuisine. Ce métier est un passeport pour l’étranger. À Boulazac, on initie même les étudiants au chinois pour leur ouvrir de nouveaux horizons. Pour Guillaume, en BTS 2e année, c’est la créativité qu’implique le métier qui lui plaît. « On peut casser les règles », s’enthousiasme-t-il.

07

e métier de boucher, un challenge. Il doit savoir partir d’une pièce entière et en commercialiser chaque partie. « Quand on vend un steak, il faut vendre le conseil avec », précise Arnaud Pouchet, formateur à l’Institut des saveurs (Insav), à Bordeaux. C’est exactement ce qu’apprennent les apprentis : préparer la viande, entendre les besoins du client, le conseiller… « On forme désormais des vendeurs, c’est assez nouveau », ajoute l’enseignant. Et les jeunes diplômés sont attendus sur le marché de l’emploi via l’ouverture d’un commerce ou en grandes surfaces. « Il y a vingt ans, on me disait : si tu fais ça, tu auras toujours du travail ; les gens auront toujours besoin de manger. Je dis la même chose à mes apprentis », s’amuse Arnaud Pouchet. C’est pour cela que Kevin, 23 ans, en deuxième année de brevet professionnel, a délaissé la filière électrotechnique pour la boucherie, une « passion » pour lui depuis qu’il maîtrise son sujet. D’ici quelques mois, il rejoindra son père dans sa boutique et a déjà des projets de développement pour l’entreprise familiale. Avec une formation vente en poche, Élodie, elle, a voulu assurer son avenir, et c’est vers la boucherie qu’elle s’est tournée. « J’aime l’idée d’avoir une bête entière et d’en faire de jolis morceaux », explique la jeune femme qui met en avant la minutie dont il faut faire preuve dans cette profession. L’année prochaine, Élodie tentera sa chance au Canada pour découvrir de nouvelles techniques. //


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l’aquitaine N°50 AUTOMNE 2013

optique-laser

actions région Institut d’optique

L’Aquitaine confirme son leadership dans l’optique-laser

alban gilbert

L’Institut d’optique d’Aquitaine, sur le campus de l’université de Bordeaux (Talence).

A

vec l’inauguration le 14 octobre dernier, sur le campus bordelais, de l’Institut d’optique d’Aquitaine, notre région conforte son rôle de premier plan dans l’optique-laser. Une filière industrielle décisive qui crée des innovations de rupture dans les domaines de la santé, de l’énergie du futur ou les usages du quotidien. Entiè­ re­ment financé par le conseil

ré­­gional et l’Union européenne, qui œuvre depuis de nombreuses années à la structu­ration d’une filière industrielle de premier plan, le bâtiment de 17 800 m² regroupe quatre structures complémentaires l’Institut d’optique Graduate School (formation d’ingénieurs et recherche), ALPhANOV (transfert des résultats de la recherche vers les entreprises), l’université de Bordeaux-Pyla

(formation initiale et continue) et le pôle de compétitivité ALPhA Route des lasers. Formation, recherche, industrie : ces acteurs du pôle disposent d’un lieu unique en France conçu pour intensifier les synergies. Un maillon essentiel pour la filière La naissance de l’Institut d’optique d’Aquitaine parachève la

réussite d’une filière qui a commencé à prendre son essor dans les années 1980-1990, avec des laboratoires comme le Centre de physique moléculaire et hertzienne (Bordeaux I -CNRS) ou le Centre lasers intenses et applications (CELIA, Bordeaux I-CEA-CNRS), fondé en 1995 par le physicien André Ducasse, pour organiser la recherche autour du projet Laser Mégajoule et jouer un rôle d’interface avec le milieu industriel régional. Ce début de dialogue entre recherche et industrie a lancé l’aventure du pôle de compétitivité Route des Lasers, labellisé en 2005, qui a permis de faire émerger un écosystème aquitain propice, notamment, à la création et l’implantation d’entreprises innovantes (voir articles ci-dessous et ci-contre). En incubant ces entreprises, en constituant le vivier d’ingénieurs les mieux formés en Europe, et en rapprochant encore un peu plus la recherche, la formation et l’industrie, le nouvel Institut d’optique d’Aquitaine propose un nouveau modèle économique, qui fixe durablement dans la région les emplois et la technologie. // Plus d’infos routedeslasers.com

TRANSFERT DE TECHNOLOGIE

Quand le laser imprime des cellules vivantes

DR

À l’université Bordeaux Segalen, à l’UMR Inserm 1026 depuis 2005, et au sein d’ALPhANOV, depuis octobre

Fabien Guillemot et l’imprimante laser de tissus biologiques Novalase, bientôt remplacée par celle de deuxième génération mise au point avec ALPhANOV.

2013, Fabien Guillemot pilote un projet particulièrement innovant de « génie tissu­laire assisté par laser » :

il développe avec son équipe une technologie qui permet l’impression par rayon laser de tissus biologiques en 3D ! « Ces techniques vont faire fortement évoluer la médecine dans les prochaines années », prévient le chercheur. « Ces tissus biologiques ont vocation à être utilisés pour les tests des industries pharmaceutiques et cosmétiques, soumises à l’interdiction des bioessais. Nous espérons ensuite des applications cliniques : produire des greffons de peau ou de cornée, par exemple », explique-t-il. Le programme a démarré grâce à un appel à projets de recherches du conseil régional en 2006, qui a permis de réaliser l’imprimante prototype

avec Novalase, une des premières entreprises de la Route des Lasers. En 2012, Fabien Guillemot a reçu le prix Oséo Emergence de création d’entreprise innovante. Un nouvel appel d’offres de la Région, en 2012, lui a permis de lancer un projet de recherche sur la cornée, et de créer une nouvelle imprimante réalisée par ALPhANOV, centre technologique du pôle compétitivité Route des Lasers. « Elle va nous être livrée dans quelques semaines au sein de l’Institut d’optique d’Aquitaine, et nous allons travailler sur place », se réjouit-il. « Tout ce projet n’a pu se développer que parce qu’il y a un vrai environnement laser en Aquitaine », analyse-t-il. //

AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

L’Aquitaine attire les entreprises innovantes La Région place au cœur de sa politique industrielle l’appui aux filières d’excellence. L’émergence d’écosystèmes regroupant chercheurs, centres technologiques et industriels permet d’attirer de nouvelles entreprises et de créer sur le territoire des emplois à haute valeur ajoutée et non délocalisables. C’est le cas de la filière optique-laser et photonique qui, suite à la décision d’implanter le Laser Mégajoule au Barp (33), s’est structurée autour du pôle de compétitivité Route des Lasers. Parallèlement aux volets recherche et transfert de technologie, le pôle comprend un volet foncier avec la Société Route des Lasers, pour assurer l’accueil industriel et tertiaire des entreprises à proximité du Laser Mégajoule et des laboratoires et centres de recherche de l’université de Bordeaux. Une stratégie payante puisqu’en une décennie, 26 start-up ont été créées sur place, et que 23 entreprises extérieures à l’Aquitaine sont venues s’installer. Dernière en date, l’entreprise Aurea Technology, qui développe et commercialise dans le monde entier des instruments de mesure optiques haute performance, a trouvé en Aquitaine un milieu propice à l’implantation de ses activités. Au total, la filière représente près de 9 000 emplois, dont 1 400 directs, et 20 % de l’économie de la photonique en France. // route-des-lasers.fr

repères

46,6 Me

investis pour l’IOA (39,1, Région + 7,5, UE)

1 400

emplois directs et près de 9 000 emplois induits

600

chercheurs


L’AQUITAINE N°50 AUTOMNE 2013

TRANSPORT MATÉRIEL ROULANT FERROVIAIRE

Arrivée prévue fin 2014 sociation d’étude pour la rénovation des modalités d’acquisition du matériel ferroviaire roulant, à laquelle seront associées les régions volontaires. Dans une logique d’économies d’échelle, cette association aura pour mission d’élaborer une stratégie coordonnée d’achat des matériels, de mutualiser les moyens d’expertise et de suivi des procédures d’achat et d’après-vente, et, le cas échéant, de porter directement l’acquisition des matériels. Le rôle des régions réaffirmé Si les conseils régionaux souhaitent renforcer leur maîtrise de la gouvernance des opérations d’acquisition et de renouvellement des matériels, c’est aussi pour conforter leur rôle d’autorités organisatrices des transports. Depuis qu’elles ont la responsabilité des trains de proximité, les régions françaises ont en effet considérablement accru l’offre de service public, procédé à l’acquisition de nouveaux trains modernes et performants, contribué à une qua­lité des dessertes qui répond aux besoins et aux attentes d’une part croissante de la population française. Les trains régionaux transportent au quotidien 3,9 mil­lions de voyageurs. La fréquentation des Ter a crû de 53 % en dix ans. //

ALBAN GILBERT

D

ferroviaire français fait que les conseils régionaux achètent des trains qui sont ensuite commandés par d’autres, et dont elles n’ont, au final, pas la propriété. Une association d’étude créée à la fin 2013 Une situation qui a conduit huit

régions françaises – Aquitaine, Auvergne, Bourgogne, Île-deFrance, Pays de la Loire, Picardie, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Rhône-Alpes – ainsi que le STIF (Syndicat des transports d’Îlede-France) et l’Association des régions de France, à annoncer le mois dernier la création d’une as-

GARES ET HALTES

La modernisation se poursuit ont été investis dans cette action. « L’Aquitaine est le premier chantier ferroviaire d’Europe, y compris sur les trains au quotidien », rappelle Alain Rousset, le président du conseil régional. Une action qui dépasse même les compétences de la collectivité, puisqu’elle participe également au financement des abords de la gare avec l’amélioration et l’agrandissement des parkings, un meilleur cheminement des voyageurs et une cohérence accrue des échanges. Un facteur de développement local « Ces travaux permettent aux communes de s’associer et de travailler sur l’accessibilité

Après la présentation du nouveau train Régiolis l’été dernier en gare de Bordeaux (voir L’Aquitaine n°49), les Aquitains auront l’occasion, en 2014, de découvrir également le Régio2N. Une délégation du conseil régional d’Aquitaine s’est rendue en septembre dernier à Crespin (59), chez le groupe Bombardier, pour voir en avant-première la nouvelle rame. Construite sur deux niveaux, plus large que les rames ordinaires, elle offrira aux futurs usagers un confort très élevé (intérieur spacieux, nombre maximal de places assises, voitures silencieuses). Décliné en diverses configurations de 6 à 10 voitures, le Régio2N roulera à une vitesse allant de 160 à 200 km/h. Acquisition de 46 rames Entre le Régiolis et le Régio2N, le conseil régional finance au total l’acquisition de 46 rames, pour un in­ves­tissement total de 390 millions d’euros. Un effort important qui répond d’une part à la nécessité de changer des générations entières de matériel électrique en fin de vie (Z2, autorails X2200, remorques XR6000, etc.), d’autre part à la croissance continue de la fréquentation du Ter Aquitaine. //

REPÈRES

ALBAN GILBERT

Des gares faciles d’utilisation, plus accueillantes et moder­nes. Un chantier géré par le conseil régional depuis 2002 : à ce jour, la moitié des 157 gares et haltes Ter d’Aquitaine ont été rénovées. Nouveaux bâtiments voyageurs, accessibilité pour les personnes handicapées, renouvellement de la signalisation, réaménagement des abords de la gare avec amélioration des parkings et création d’abris à vélos. « La démarche de la Région Aquitaine est très volontariste, car le patrimoine est ancien et ces rénovations sont lourdes », constate Alice Duboscq, directrice de Gares et Connexions, agence de la SCNF. Depuis 2002, ce sont 26 millions d’euros qui

ACTIONS RÉGION TER À 2 NIVEAUX

Vers un modèle d’achat plus efficace

epuis la décentralisation de 2002, les conseils régionaux ont financé l’achat de 1 500 trains pour plus de 5,8 milliards d’euros ; les commandes en cours représentent 2,5 milliards d’euros. Or, la complexité administrative, juridique et financière du système

09

à un moment où le besoin de mobilité est fort », précise Alain Rousset, à l’occasion d’un déplacement à Morcenx pour l’inauguration de la gare Ter. Et effectivement, ces travaux facilitent le quotidien des voyageurs, mais permettent également aux communes de mieux se préparer pour l’avenir. « La gare est très importante pour la ville, reconnaît Jean-Claude Deyres, le maire de Morcenx, les gens s’installent ici parce qu’il y a la gare, c’est un facteur de développement de notre commune. » Et à une période où l’Aquitaine est particulièrement plébiscitée par les nouveaux arrivants, leur offrir une alternative à la route est essentiel. //

+38,4 %

de dessertes depuis 2002

35 000 usagers quotidiens

+58 %

de fréquentation depuis 2002

50 %

des gares et haltes renovées en dix ans


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L’AQUITAINE N°50 AUTOMNE 2013

CLIMAT ÉNERGIE

ACTIONS RÉGION

Le courant d’Huchet (40). Le littoral aquitain est sujet à de forts aléas naturels, tels que l’érosion.

TROIS QUESTIONS À HERVÉ LE TREUT Professeur à l’université Pierre-et-Marie-Curie, membre de l’Académie des sciences, Hervé Le Treut est un climatologue dont les travaux portent sur la modélisation numérique du système climatique et le rôle de l’effet de serre lié aux activités humaines. Il fait partie du GIEC, Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Dans quel contexte est née la mission que vous avez pilotée sur le changement climatique en Aquitaine ?

Hervé Le Treut : Le président du conseil régional, Alain Rous­ set, m’a sollicité afin de mettre en place une étude sur l’impact du changement climatique en Aquitaine. Nous avons progres­ sivement agrégé des chercheurs académiques de la région, dans des domaines aussi variés que la vigne, l’hydrodynamique, la forêt, la montagne, la santé ou l’économie de l’environnement – et, en particulier, une quin­zai­ ne de responsables de chapitres et plus d’une centaine de contri­ buteurs. L’idée était d’avoir une approche très exhaustive du changement climatique, en s’ap­ puyant sur le savoir des labora­ toires de recherche publique. PHILIPPE LAPLACE

Quelle est la situation de l’Aquitaine face au réchauffement climatique ?

CHANGEMENT CLIMATIQUE

L’Aquitaine anticipe pour mieux agir

H. L. T. : Du fait de son exposi­ tion sud-ouest, l’Aquitaine est sous l’emprise directe de l’an­ ticyclone des Açores, lequel ap­ porte de la chaleur sur l’Europe ; c’est une des régions de France qui est souvent la plus chaude naturellement, et où le réchauf­

fement risque d’être le plus fort. Elle est exposée à des risques de périodes de sécheresse plus intenses, à un relèvement du niveau de la mer de plusieurs dizaines de centimètres, avec beaucoup d’effets induits pos­ sibles – tels qu’une augmenta­ tion de la salinité de l’estuaire de la Gironde. Qu’attendez-vous de l’influence de votre étude sur l’action publique ?

H. L. T. : Cette étude n’est pas un manifeste. J’ai souhaité qu’elle soit avant tout une mise à plat complète, voire com­ plexe. Car anticiper l’impact du changement climatique à l’ho­ rizon 2050 est un véritable défi qui englobe beaucoup de problématiques qui dépassent la simple question des gaz à effet de serre : la biodiversité, l’aménagement du territoire, la consommation, les pratiques culturales, l’économie, les rap­ ports sociaux, etc. Il faut donc que nos décideurs, comme le grand public d’ailleurs, s’em­ parent de cette complexité afin de faire bouger les lignes. Il faut situer le problème des gaz à effet de serre dans son contexte large. //

Le conseil régional a voulu une étude sur l’impact du changement climatique en Aquitaine à l’horizon 2050. Une démarche inédite qui anticipe les actions à mener pour relever les défis de demain.

Un rapport inédit Soucieux d’adosser son action à la connaissance scientifique des phé­ nomènes climatiques pour mieux anticiper leurs conséquences sur l’économie locale, le paysage et la population, le conseil régional a initié il y a deux ans une mis­

sion pilotée par le climatologue Hervé Le Treut et regroupant 15 chercheurs aquitains ainsi que plus de 160 scientifiques. Leurs travaux ont fait l’objet d’un rap­ port intitulé « Prévoir pour agir : La Région Aquitaine anticipe le changement climatique », remis il y a quelques semaines à Alain Rousset (voir article ci-contre). Une version grand public est aus­ si disponible en librairie*. Jamais aucune étude de ce type n’avait été menée jusqu’alors à l’échelle d’une région. Faire émerger des filières face au défi climatique Au-delà des recommandations émises dans le rapport, le conseil régional travaille depuis de

nombreuses années à la conso­ lidation de filières industrielles capables de relever le défi clima­ tique. Qu’il s’agisse des énergies renouvelables (solaire, éolienne, marine), de l’éco-construction (voir article page 18 sur l’écochèque logement) ou du télétra­ vail, le conseil régional explore et soutient continûment l’ensemble des innovations permettant de di­ minuer les gaz à effets de serre et d’adapter nos comportements. // * Les impacts du changement climatique en Aquitaine. Téléchargeable pour le prix de 15 € sur le site Internet des Presses universitaires de Bordeaux (au lieu de 25 € en librairie). pub.u-bordeaux3.fr

MUSTAGO

À

l’heure où la réalité du changement climatique et son origine anthropi­ que ne font plus de doute, le con­ seil régional mène, dans le ca­dre de son Plan Climat-Énergie, une politique volontariste en faveur des énergies renouvelables, de la sobriété énergétique et des trans­ ports durables ; l’objectif, d’ici à 2050, est de diviser par 4 nos émissions de gaz à effets de serre.

Le climatologue Hervé Le Treut (à gauche) remettant son rapport à Alain Rousset en septembre dernier.


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CLIMAT-ÉNERGIE

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ACTIONS RÉGION

CLIMAT ET VIN

La vigne, en perpétuelle évolution

L

Éco-chèque logement

Vignes dans l’Armagnac.

des arômes modifiés. « Ce n’est pas dramatique en soi », tem­ père Nathalie Ollat, qui rappelle que, de tout temps, la vigne s’est adaptée, et que le goût, la typi­ cité des vins de Bordeaux n’ont cessé d’évoluer. « Le point fort de la vigne, c’est qu’elle est re­ lativement résistante à la séche­ resse. Une des solutions pour

l’aider à y faire face consistera probablement à valoriser les sols les plus frais dans la région, mais aussi, peut-être, à importer des cépages du sud de l’Europe. Nous menons actuellement des expérimentations sur 52 cépages étrangers pour étudier leur ca­ pacité d’adaptation au terroir bordelais. » //

CLIMAT ET FORÊT

Une forêt rempart et victime du réchauffement

ALBAN GILBERT

« Les forêts paient les conséquences du changement climatique, mais per­ mettent aussi de lutter contre le réchauffement, en absorbant l’excès de gaz carbonique », explique Antoine Kremer, directeur de recherche à l’Inra, coordinateur du chapitre consacré aux forêts. Il souligne ainsi que ces dernières sont « capables de stocker 10 à 15 % des gaz à effet de serre sous réserve, bien sûr, que le bois produit ne soit pas ensuite brûlé comme source d’énergie, mais utilisé, par

exemple, comme matériau de construction ». Dans une région comme l’Aquitaine, dont le taux de boisement dépasse les 40 % et où la filière bois re­ groupe 33 000 emplois salariés, les préconisations des scienti­ fiques retiennent toute l’atten­ tion des pouvoirs publics. « La Région a d’ores et déjà mis en place des politiques d’adapta­ tion pour réduire la vulnérabi­ lité des écosystèmes forestiers, souligne Antoine Kremer. Avec l’augmentation des tempéra­ tures, des problèmes sanitaires nouveaux risquent d’appa­

raître, notamment des insectes thermophiles qui pourraient se mettre à proliférer. Il faut également s’attendre à une migration des espèces, comme on l’observe déjà avec le chêne vert qui s’éloigne progressive­ ment de l’océan vers l’intérieur des terres. Globalement, le paysage forestier est appelé à se transformer : dans cette période d’incertitude, les sylviculteurs auront intérêt à multiplier la diversité des espèces, et même la diversité des origines à l’intérieur de chaque espèce. » //

Le massif forestier aquitain peut stocker jusqu’à 15 % des gaz à effets de serre.

Le conseil régional a mis en place un éco-chèque logement, qui répond à deux objectifs : apporter un soutien finan­ cier aux ménages modestes désireux de réduire la consom­ mation énergétique de leur ré­ sidence principale ; structurer une filière de professionnels de l’éco-construction. Les particu­ liers ont à leur disposition une liste d’artisans : ils étaient 40 en novembre 2012, plus de 145 aujourd’hui, formés FEEBAT (formation aux économies d’énergies dans le bâtiment). Ce dispositif permet donc de constituer en Aquitaine un réseau de profes­

sionnels de l’éco-construction compétents. Les personnes souhaitant profiter de ce programme, doivent prendre contact avec un Espace Info Énergie afin d’être conseil­ lées et de pouvoir récupérer le formulaire de demande d’éco-chèque, ainsi que la liste des entreprises affiliées. Aujourd’hui 511 personnes ont bénéficié d’un éco-chèque. Particuliers : http://les-aides.aquitaine.fr/ article916.html Professionnels : http://les-aides.aquitaine.fr/ article861.html

Énergies renouvelables La commission permanente du conseil régional a voté le mois dernier une série de mesures visant à soutenir le développement des énergies renouvelables. Méthanisation agricole, à Saint-Jean-d’Illac (33), projet Urabaïla de production d’électricité à partir d’hydroliennes, à Tarnos (40), solution solaire hybride pour les opérations de séchage agricole, à Navarrenx (64) :

près de 1 million d’euros ont été octroyés rien que pour ces trois technologies innovantes. Ces mesures s’inscrivent dans le cadre du Défi Aquitaine Climat, qui fixe comme objectif l’utilisation de 32 % d’énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie d’ici à 2020. http://aquitaine.fr/politiques-regionales/developpement-durable]

Panneaux photovoltaïques sur le toit de la résidence pour jeunes Rosa-Parks, à Bordeaux, rénovée en 2008 avec l’aide de la Région.

ALBAN GILBERT

ALBAN GILBERT

e secteur des vins repré­ sente en Aquitaine 30 % de la valeur de la produc­ tion agricole. Ils sont environ 11 000 viti­culteurs (plus des trois quarts installés en Gironde) à produire chaque année 7 mil­ lions d’hectolitres de vin, dont 90 % en appellation d’origine protégée. D’après l’écophysiolo­ giste Nathalie Ollat, ingénieur en recherche à l’Inra qui a supervi­ sé le volet agricole du rapport Le Treut, les effets du réchauffement climatique sur la vigne sont déjà observables en Aquitaine. D’après les simulations menées sur le cépage merlot par les cher­ cheurs, on pourrait assister, à la fin du siècle, à une avancée des dates de floraison et de ven­ danges d’environ quarante jours, ce qui donnerait une récolte en plein cœur du mois d’août. La composition des raisins sera alors logiquement modifiée, avec une teneur en sucres plus élevée, une baisse de l’acidité,

Climat–Énergie : des mesures concrètes

Biodiversité Le conseil régional soutient également des innovations numériques pour la préservation de la biodiversité, à l’instar du projet Birdify (33) : il s’agit d’une application mobile de reconnaissance du chant des oiseaux. Les contenus produits par les utilisateurs (enregistrements géolocalisés) pourront

contribuer au repérage territorial des espèces et à renseigner des bases de données qui informent sur l’impact des changements climatiques et sur l’état des populations d’oiseaux. Ces derniers sont en effet des « biomarqueurs de premier ordre ». L’aide régionale est de 164 000 € , pour un budget global du projet de 365 000 €.


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L’AQUITAINE N°50 AUTOMNE 2013

ACTIONS RÉGION

NUMÉRIQUE INNOVATION DE PROXIMITÉ

presdechezmoi.aquitaine.fr : le service public a de l’avenir Le numérique peut améliorer la qualité de vie en milieu rural et semi-urbain. Près de chez moi est un service Web gratuit, initié et piloté par la Région Aquitaine, qui vise à offrir une information fiable sur l’existence, la localisation et le temps d’accès à 300 servi­ces de vie quotidienne : écoles, forma­ tions, médecins, garde d’enfant, logement, équipements sportifs, administrations, loisirs… L’uti­ lisateur choisit un territoire, un type de service et un temps d’ac­ cès à ce service. De leur côté, les

fournisseurs publics (Insee, Dila et GIP ATGéRI) s’engagent sur la validité et la mise à jour de leurs données. Une fiabilité renforcée par la contribution des citoyens internautes, des gestionnaires d’équipement ou de service et des collectivités ; ils peuvent tous signaler une erreur, apporter des informations complémentaires ou alerter sur l’existence d’un service non repéré. Une version mobile est prévue en 2014. // presdechezmoi. aquitaine.fr

TRÈS HAUT DÉBIT

Favoriser un accès pour tous et partout L’accès équitable au très haut débit (THD) est une condition indispensable pour éviter la fracture numérique entre les zones urbaines et les zones rurales. Le conseil régio­ nal poursuit son programme de déploiement du THD à travers son implication dans de nom­ breux projets mis en œuvre à l’échelle des villes, des com­ munautés de communes et des départements. La commission permanente du conseil régional a ainsi voté le mois dernier son adhésion au syndicat mixte Lotet-Garonne numérique. Celui-ci a pour mission notam­ ment de mettre en œuvre l’ob­

TÉLÉTRAVAIL

Tiers-Lieux : un temps d’avance

L

a France compte aujour­ d’hui 12,4 % de télétra­vail­ leurs parmi les actifs, con­ tre 18 % en Europe et 30 % dans les pays scandinaves (étude Greenworking 2012). C’est l’une des solutions les plus promet­ teuses pour, d’une part, réduire les distances domicile-travail, et donc les émissions de CO2, d’autre part, préserver la vitalité économique dans les zones pé­ riurbaines et rurales, réponse à laquelle les collectivités se mon­ trent très sensibles. À ce titre, la Région soutient la coopérative Tiers-Lieux, travailler autrement en Aquitaine. « Les objectifs sont

triples, explique Lucile Aigron, coordinatrice du collectif et pré­ sidente de l’Arrêt-Minute, espace de coworking, à Pomerol (33). Elle sensibilise les entreprises et les collectivités au télétravail ; elle informe les utilisateurs de l’existence et de l’émergence de nouveaux lieux dédiés, les tierslieux qui offrent une alternative au té­lé­travail à domicile ; enfin elle fédère les acteurs pour ar­ ticuler la diversité des projets privés et publics. » La Région a également confié aux agences d’urbanisme Au­ dap (Atlantique & Pyrénées) et A’Urba (Bordeaux Métropole

d’Aquitaine), le soin de réaliser une grande enquête régiona­ le auprès des actifs aquitains, baptisée « Travailler autrement et réduire ses déplacements ». Cette enquête, accessible sur http://enquete-mobilite.aqui­ taine.fr, s’achèvera le 1er décem­ bre. L’objectif est d’identifier le potentiel d’utilisateurs et, par sa large diffusion, de sensibiliser le public à l’intérêt du télétravail. // tierslieux.net Retrouvez cette carte sur la cartothèque dynamique de la Région : http://dynmap.aquitaine.fr»

jectif fixé par le schéma direc­ teur territorial d’aménagement numérique : équiper 60 % des foyers lot-et-garonnais en fibre optique d’ici à dix ans. Le THD révolutionne les télécommu­ nications : le déploiement progressif de la fibre optique jusqu’au domicile des abonnés remplacera les câbles de cuivre actuels, soit au total 1,6 million de prises en Aquitaine. La fibre optique permet une évolution des débits au-delà des limites imposées par le cuivre, offrant ainsi l’accès à de nouveaux usages. // numerique.aquitaine.fr


L’AQUITAINE N°50 AUTOMNE 2013

CULTURE

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BIEN VIVRE

PRIX LITTÉRAIRE

Jérôme Garcin dans les pas de François Mauriac

C.HÉLIE POUR GALLIMARD

C

haque année, un jury d’écrivains, de journa­ listes et d’universitaires décerne un prix à un auteur dont l’ouvrage illustre la vision humaniste de la vie et de la so­ ciété de François Mauriac. Le 10 octobre dernier, c’est Jérôme Garcin qui a reçu le prix Mau­ riac de la Région Aquitaine pour son roman Bleus Horizons. Lors des « Vendanges de Ma­ lagar », dans la résidence aqui­ taine de l’auteur, le choix du jury s’est rapidement porté sur le journaliste, écrivain et pro­ ducteur d’émissions littéraires Jérôme Garcin, vu le lien entre lui et Mauriac dans son roman Bleus Horizons. Récit qui relate l’itinéraire de deux jeunes hommes enga­ gés dans la Première Guerre mondiale. Créé en 1985 par le conseil régional, ce prix récom­

pense l’ouvrage d’un écrivain de langue française dont la teneur manifeste un engagement de l’auteur dans son siècle, et qui est évocateur de la société de son temps. Le destin tragique d’un proche de Mauriac

Animateur de l’émission Le Masque et la Plume sur France Inter et directeur du service culturel du Nouvel Observateur, Jérôme Garcin est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages dans les­ quels le devoir de mémoire tient une place importante. Dans Bleus Horizons, il décrit les derniers jours d’un ami de François Mauriac, Jean de la Ville de Mirmont, un des pre­ miers écrivains tués à la guerre à 28 ans. Mauriac et lui ont par­ tagé leur passion pour la poé­ sie à la faculté de Bordeaux dès

FESTIVAL LETTRES DU MONDE

parfois mises en musique ou en scène le temps d’une soirée. Aux côtés de dizaines d’autres,

l’invité d’honneur est, cette an­ née, un auteur argentin, Eduar­ do Berti, accueilli pour une ré­ sidence de quatre mois. L’idée de départ est de lui fournir un cadre propice à la création de son nouveau roman, mais en­ core faudra-t-il que son pro­ gramme lui en laisse le temps : de Bordeaux à Anglet, d’éta­ blissement scolaire en prison, l’écrivain a accepté d’aller parler de son travail, et de la littéra­ ture en général, à toutes sortes de publics. Des lectures dans toute l’Aquitaine

« Eduardo Berti était déjà venu il y a deux ans, et nous avons travaillé sur ce projet depuis », raconte Olivier Desmettre, le di­ recteur des Lettres du Monde. « Il est donc revenu avec sa femme et son fils, qu’il a scolarisé ici le temps du festival. C’est un invi­ té intéressant à plus d’un titre, outre ses talents d’écriture, car il est très bien traduit de l’espa­ gnol – par Jean-Marie Saint-Lu, qui vit dans les Pyrénées-Atlan­ tiques – et qu’il parle parfaite­ ment français, ce qui permet de vrais échanges, un vrai partage

PIERRE BOHERA

DIX ANS DE RENCONTRES ENTRE DES LECTEURS ET DES ÉCRIVAINS, DES TRADUCTEURS, DES CRITIQUES OU DES ÉDITEURS.

Malagar.aquitaine.fr Bleus Horizons de Jérôme Garcin (Gallimard)

L’écrivain Eduardo Berti en train de répéter des lectures musicales avec les sœurs Caronni.

Une décennie de littérature étrangère sans rature Pour ses dix ans, le festival Lettres du Monde s’est offert un beau cadeau : un recueil de textes inédits, écrits par une quarantaine d’auteurs qui ont traversé l’aventure par le passé. Un recueil distribué gratuite­ ment aux festivaliers, « dans la limite des stocks disponibles » : l’expression prend ici tout son sens, car c’est un cadeau rare, témoin de dix ans de mise à l’honneur de littératures venues des quatre coins du monde, de la Chine à l’Amérique latine, en passant par l’Europe de l’Est et les pays nordiques. Dix ans de rencontres entre des lecteurs et des écrivains, des traducteurs, des critiques, des éditeurs,

1904. « Il reconstitue l’itinéraire d’une vie brisée et d’une géné­ ration sacrifiée sur l’autel de la guerre », précise Anne-Marie Cocula, historienne bordelaise, membre du jury. Jérôme Garcin se glisse dans la peau d’un Parisien, ami de Jean de la Ville de Mirmont, qui fait sa connaissance lors de leur in­ corporation à Libourne et l’ac­ compagne sur le front jusqu’à sa mort provoquée par le souffle d’un obus. Sa vie prend alors une tout autre dimension, et il la consacre à la mémoire de son ami tué, une tristesse et une amitié qui évo­ luent en culpabilité d’avoir sur­ vécu. Le jury a apprécié ce mé­ lange entre réalité et fiction. //

avec les lecteurs. » Imaginée comme un point d’orgue répété de la programmation 2013, qui s’étale dans toute l’Aquitaine jusqu’au 14 décembre, la colla­ boration entre Eduardo Berti et les sœurs Caronni est représen­ tative du festival : les mots de

l’un mis en valeur par les notes des autres. Ces sœurs jumelles, l’une au violoncelle, l’autre à la clarinette, elles aussi d’origine argentine et installées à Bègles, en Gironde, viennent de sortir leur deuxième album. Lettres du Monde nous fournit une occasion

de les redécouvrir. Elles étaient les artistes de la remise du prix Mauriac l’année dernière. // LETTRES DU MONDE 10e ÉDITION Jusqu’au 14 décembre 2013 www.lettresdumonde.com


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l’aquitaine N°50 AUTOMNE 2013

langues régionales

bien vivre OCCITAN

Luke Laisssac

Benvenguda tà OCtele !

Lionel Buannic, porteur du projet de télé en occitan OcTele qui verra le jour à la fin 2013.

L

os catalans, los gualés, los irlandés qu’an ua television dedicada a la lor lenga istorica mes aquò qu’existava pas cap dinc adara en occitan. Alavetz lo Conselh Regionau d’Aquitània en partenariat dab los Conselhs Generaus deus Pireneus Atlantics e de Dordonha, que decidè de

préner las causas en mans. Atau, lo President Alan Rousset qu’anonciè lo dia d’obertura deu hestenau de Pau Hestiv’òc l’estiu passat que seré creada a la mieitat de deceme sus la tela, la prumèra television en lenga occitana. A l’imatge de çò qui’s hè dejà en Bretanha dab BrezhoWeb, aquesta na-

vèra television que vòu difusir emissions en occitan, tot dia, de 6 òras e mieja deu vrèspe a 10 òras deu ser. Per Lionel Buannic lo director de OCtele, la webtv occitana, çò qui’s debanè en Bretanha que’s pòt realizar tanben en Occitània. Se acerà s’escadón a miar 60 000 telaires a visio-

nar regularament BrezoWeb, non i a pas nada rason de non pas i arribar ací en País occitan, sustot en Aquitània on la lenga compta hèra de locutors naturaus atau com de naveths locutors qui s’aprenón la lenga a l’escòla e qui delèran d’aver filmes, dessenhs animats e emissions en occitan. Totun, per aqueth joen director qui a jà l’experiença de TV Breiz e qui lancè tanben BrezhoWeb, l’enjòc qu’ei d’importància. Tad eth, aquesta television, per amor d’estar juridicament ua vertadèra television, que serà aquí tad ajudar a la produccion e a la formacion d’equipas de professionaus deus medias visuaus en occitan. Que’s poderà emparar sus l’associacion Conta’m especializada hens lo doblatge de dessenhs animats en occitan. Que’s van méter en plaça grops de tribalh a Peirigüers com a Tolosa entà mutualizar los mejans existents e atau crear ua dinamica la mei larga possibla a l’entorn d’aquesta navèra television. Entà qu’OCtele se hàcia ua referéncia de las televisions difusadas sus la tela.

Vive OCtele, la nouvelle télévision occitane ! Enfin une télévision en langue occitane ! Grâce à la volonté du conseil régional d’Aquitaine assoc­ié au conseil général des Pyré­nées-Atlantiques, et avec l’ai­de du conseil général de la Dor­­­­dogne, OCtele va voir le jour le 20 décembre à 20h30 sur www.octele.com. À sa tête le jeu­ ne directeur Lionel Buannic, fort de son expérience bretonne, où il a déjà créé BrezhoWeb, a l’intention de faire de la télévision occitane une référence sur la toile. Pour ce faire, il souhaite mutualiser les moyens déjà exis­­tants et donner du grain à moudre à des équipes comme celle de Conta’m, déjà spécialisée dans le doublage de dessins animés, ou bien celles de Toulouse ou Périgueux qui travaillent déjà à la détection de nouveaux talents et à la création de produc­tions originales. BrezhoWeb a déjà 60 000 internautes réguliers.  Il ne reste plus qu’à souhaiter qu’OCtele égale, et pourquoi pas, dépasse sa grande sœur bretonne. //

BASQUE

Lloba, aldaketa

U

ka eta bideoko inprobisaketen arabera. Biziaren koreografia bat, burua izarretan eta oinak Euskal Herriko lur lodian.

Lloba, la mutation

DR

daren bukaera ongi egokitzen zitzaion iraila bukaera honetan sabbah arrunt bat ospatzeko euskal mendian. Gorputz biluzien gaineko tinduetan islatzen ziren suen diridirak, zinezko sorginak bilduak ziren eta iduri zuen akelarre bat oihanetik ateratzen zela kamarei aurre egiteko. Eta Lloba, bizian eta oihanean galdua eta larruberritzean den nerabea iniziatu, artista, euskal herritarra, gizona bilaka dadin. Erabateko sinboloa. Horrela da diziplina askotako hau iragartzen, Euskal Kultur Erakundeak « Gaur egungo musikak eta Irudia » deialdi publikoaren karietara hamabost bat egitasmoren artean hautatua. Donostia 2016 Fundazioa, Donostia Kultura, Emankor Sarea (Bilbo), le Rocher de Palmer (Cenon) eta le Floridarekin partaidetzan (Agen), ikuskizuna azaroaren 22an aurkeztua izanen da Atabalen (Biarritze) eta biharamunean Donostiako Intxaurrondo auzotegian. Lehenago, artista egonaldi desberdinei esker, eraldaketa hau hobetua

Le projet « Lloba » est un spectacle vivant, alliant musique électronique, vidéos et chorégraphies nouvelles inspirées de danses traditionnelles basques.

izanen da, diziplina artistikoen mugak ere hegalaraziz. Lloba, Panda Valium DJ famatuaren inguruan mota guzietako artistak biltzen dituen Moi Moi euskal artista kolektiboak asmatu pertsonaia da. Llobaren gisara, nortasun baten bila dabilen platina zale gartsua. Euskal herritarra eta erbesteratua, egiazki Txomin Ugartemendia deitzen denak haren euskal musikako erroetan xerkatzen du aireko elektro erritmiko baten oinar-

ria. Neurri erritmikoak herrikoarenen araberakoak dira eta Panda Valiumek gustuko badu euskal tresnak eskuztatzea, aldi oro beti berria den bezperako ura iturritik edateko da. Oihanean galdua den hiritarra, garaia heldua zitzaion beraz akelarre batekin bat egiteko magiaz ikasteko eta haren nortasun bilaketan laguntzeko. Bilaketa hau du Llobak kontatuko eta jungla artistiko batean galdua den bere pertsonaiari

deus ez dio gupidetsiko. Bideo, musika, dantza, grafismoa uztartuko dira pixkanaka pixkanaka, gizon berri bat jalgiko den ahala, dekoratu opaku batean baleta ordenatuan lerrokatuko direnak. Baina ez da pentsatu ere forma murriztea. Tauladaren gainean, fikzioa errealitateari juntatuko zaio, pantaila arrailduko da bizia isurtzen uzteko, euskal gramatikazko dantzek hitz berriak asmatuko dituzte eta historia istantean murgilduko da musi-

Lloba est un personnage en mutation, qui passe de l’enfance à l’âge adulte, de l’exil au monde basque. Ce personnage inventé par le collectif pluridisciplinaire basque Moï Moï est au cœur d’une création qui permettra justement de franchir des limites artistiques en mêlant danse, musique, vidéos, fiction et improvisations. Sélectionné par l’Institut culturel basque dans le cadre de l’appel à projets « Musiques actuelles et Image » parmi une quinzaine de projets, ce spectacle sera créé à l’Atabal de Biarritz, le 22 novembre, avant d’être présenté à Saint-Sébastien, au terme de plusieurs résidences d’artistes au Rocher Palmer (Cenon), à Itxaurondo (Saint-Sébastien) et à l’Atabal. // www.collectifmoimoi.com


l’aquitaine N°50 automne 2013

photos : Hervé Lefebvre

FORMATION/EMPLOI

GROUPE PS, PRG ET APPARENTÉS STÉPHANE DELPEYRAT PRÉSIDENT

Mettons la formation au service de l’emploi

«A

ucune offre d’emploi ne doit rester sans candidat, faute de formation », Michel Sapin, ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social. Alors que le taux de chômage reste très élevé et qu’un jeune sur quatre ne trouve pas de travail, la problématique des emplois dits « en tension », vacants et non pourvus, pose la question de l’insuffisante adaptation entre l’offre et la demande, qui renvoie à la pertinence des formations. Le problème est récurrent : 200 à 300 000 emplois, principalement dans les métiers du BTP, de l’industrie, de l’agriculture, du transport, des services, du commerce, de l’hôtellerie et des métiers de bouche, ne trouvent pas preneurs. À l’issue de la conférence sociale de juin 2013, un plan de formations prioritaires pour l’emploi a été mis en œuvre pour proposer 30 000 formations supplémentaires à des demandeurs d’emploi d’ici à la fin de l’année (100 000 fin 2014). Cofinancé par l’État, les partenaires sociaux et l’Agefiph

pour les travailleurs handicapés, ce plan est naturellement porté par les régions, à la manœuvre en matière de formation professionnelle. Ainsi l’Aquitaine a déjà abondé le dispositif de 1,1 million d’euros fin octobre, insistant une nouvelle fois sur la priorité donnée à l’emploi et particulièrement à l’emploi des jeunes. La Région n’a d’ailleurs pas attendu l’impulsion gouvernementale pour mettre en place, à destination des jeunes les moins qualifiés, les dispositifs « Nouvelle Chance » par la qualification, l’orientation (avec Cap Métiers et les Missions locales), ou l’alternance, ni pour initier les pôles d’excellence, Aérocampus autour des métiers porteurs de l’aéronautique en Gironde, ou le pôle des métiers du cuir et du luxe, en cours de création en Dordogne. L’Aquitaine figure aussi parmi les huit régions qui démarrent l’expérimentation d’un service public régional de l’orientation, tant il est vrai qu’en la matière, la proximité, plaidant pour une décentralisation réelle et aboutie, est un atout majeur pour ajuster de façon réactive la carte des formations aux besoins exprimés par les entreprises et les territoires, dans le cadre d’une mobilisation efficace pour l’emploi. Stéphane Delpeyrat, vice-président du conseil régional en charge de la jeunesse, du sport et de la vie associative, président du groupe PS, PRG et apparentés > Tél. : 05 57 57 80 96 groupe socialiste@ps.aquitaine.fr

aux

La parole

Groupe UMP/ NC/ CPNT Michel DIEFENBACHER Président

Formation professionnelle : tout revoir !

C

haque année, l’État, les régions, Pôle emploi, les entreprises et les ménages consacrent 32 milliards d’euros à la formation professionnelle. C’est colossal ! Et pourtant le nombre de chômeurs bat des records historiques. À l’évidence, le système ne marche pas. En Aquitaine, la Région dépense 116 millions d’euros par an pour la formation professionnelle continue. Cela n’a pas empêché le nombre des chômeurs d’augmenter de 8,5 % en un an et le taux de chômage d’atteindre le record de 10,3 %. 20 000 stagiaires bénéficient chaque année de formations, mais 36 000 offres d’emploi ne trouvent pas preneur. C’est un échec pa-

tent. Pourquoi ? Et surtout, que faire ? D’abord, notre système ne forme pas ceux qui en ont le plus besoin : les chômeurs et les travailleurs peu qualifiés. Selon l’INSEE, moins d’un chômeur sur cinq bénéficie d’une formation. Ensuite, les formations s’adaptent trop lentement aux besoins des entreprises, qui évoluent très vite. Avec ses 55 000 intervenants, le système de formation est trop lourd. L’explosion des commandes dans le secteur aéronautique a nécessité la mise en œuvre de mesures spécifiques, le dispositif actuel de formation manquant à l’évidence de réactivité. Enfin et surtout, aussi longtemps que les bénéficiaires de la formation ne seront pas tenus d’accepter les offres d’emploi correspondant à la qualification qu’ils ont acquise, la formation ne conduira pas à l’activité. Un peu moins d’angélisme, un peu plus de courage et on y arrivera ! Michel Diefenbacher, président du groupe UMP/NC/CPNT. > Tél. : 05 57 57 83 61 majorite.presidentielle@mp.aquitaine.fr

GROUPE FORCES AQUITAINE Geneviève Darrieussecq PRÉSIDENTE

FORMER LES JEUNES POUR COMBATTRE LE CHÔMAGE

L

e choix du gouvernement de supprimer les aides aux employeurs d’apprentis a fait l’effet d’une douche froide. Ces apprentis sont souvent issus des familles les plus modestes. Notre groupe est très attaché à l’apprentissage et nous ne voudrions pas que le pouvoir en place prenne le parti de sa-

AQUITAINE ÉCOLOGIE ET FRONT DE GAUCHE Patrick du Fau de Lamothe, PRÉSIDENT

« Il n’est de richesse que d’hommes »*

L

a liste est longue des « métiers en tensions » et elle s’allonge. Bien formés, nos salariés ont un des taux de productivité le plus élevé au monde, mais la finance folle gâche cette extraordinaire énergie. Le bien-être de l’homme, y compris au travail, est un facteur clé de réussite économique. Problème : on en a fait le moyen d’une fin et non une fin en soi. Entre 1990 et 2007, la part des bénéfices consacrée à l’autofinancement a chuté de 75 % à 57 %. La part de la rémunération du capital a été multipliée a bondi de 22 % à 36 %**. L’économie a be-

EUROPE ÉCOLOGIE LES VERTS Martine Alcorta, conseillère régionale déléguée au Plan Climat

Les plafonds de verre des quartiers sensibles

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a nouvelle politique de la ville saurat-elle, au-delà de la rénovation des bâtiments, effacer les stigmates de « l’effet quartier » dont pâtissent les jeunes issus des zones urbaines sensibles ? Si ces jeunes sont orientés en grand nombre vers des filières de l’enseignement professionnel, ils ont paradoxalement moins souvent accès à des formations apprentissage. L’effet quartier n’est pas seulement un stigmate inscrit sur leur CV, il se manifeste aussi par un champ des possibles réduit. Le désenclavement

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la parole aux élus crifier la formation des jeunes pour financer des emplois aidés avec pour seul objectif de dégonfler artificiellement les chiffres du chômage. Alors que le chômage bat des records, les études montrent que 80 % des apprentis trouvent un emploi à l’issue de leur formation, très majoritairement en CDI. Ces chiffres doivent nous faire réfléchir. Le chômage, et en particulier celui des jeunes, est un drame qui touche trop de familles. Il faut utiliser tous les leviers disponibles pour le combattre. L’apprentissage est un outil qui a fait ses preuves. Former les jeunes est le plus sûr moyen de leur assurer un emploi durable et donc un avenir. Geneviève Darrieussecq et les élus du groupe Forces Aquitaine > Tél. : 05 57 57 80 83 groupe@forces-aquitaine.fr

soin de stabilité et de temps. La finance privilégie, quand elle ne pousse pas à, l’instabilité et au « courtermisme ». Elle n’est, encore une promesse non tenue, toujours pas sous contrôle. C’est pourquoi l’adéquation tant recherchée du couple « formation-emploi » trouverait sans doute plus de débouchés en tournant le dos à une politique systématique de l’offre. La jeunesse d’Aquitaine doit bénéficier d’une formation diversifiée et de haute qualité, tournée vers les métiers d’avenir que peut offrir la transition écologique de nos entreprises. En déployant des efforts considérables pour sa jeunesse, la Région Aquitaine est en droit d’attendre un retour pour les salariés et pour l’emploi. * Jean Bodin, 1577 ** Chiffres: Source INSEE

Patrick du Fau de Lamothe, > Tél. : 05 57 57 72 14 front de gauche@frontdegauche. aquitaine.fr

urbain de ces quartiers n’a pas réussi à faire sauter les plafonds de verre qui font que ces jeunes ont beaucoup de difficultés à trouver des stages au-delà de leurs univers immédiat, à trouver l’employeur qui pourra les prendre en apprentissage ou en alternance. « Nous n’avons pas les réseaux dont bénéficient d’autres jeunes grâce à leur entourage. Nous ressentons ce déficit de connaissances comme un véritable frein à notre volonté d’ouverture et notre motivation à nous en sortir. » Voilà comment, en quelques mots, ils nous indiquent une direction à prendre pour leur faciliter le passage de l’école au travail, notamment à des formations auxquelles leur environnement socio-culturel ne les destine pas. Martine Alcorta, conseillère régionale déléguée au Plan Climat Groupe Europe Écologie - Les Verts > Tél. : 05 57 57 80 95 groupe.vert@verts.aquitaine.fr


FORUM DE L’INNOVATION GLOBALE Et si on refaisait le monde ?

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L’AVENIR S’ÉCRIT EN AQT


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