Budget2015

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Fiche 3 – Finances régionales

Orientations budgétaires

Introduction L’innovation est au cœur de la stratégie régionale de développement : depuis 15 ans, le Conseil régional d’Aquitaine a structuré un écosystème de l'innovation qui repose sur la création de pôles scientifiques d'excellence, la construction d'un réseau technologique performant, sur une politique de coopération dynamique technologie-industrie. Cette stratégie repose sur l’engagement sans faille de la Région auprès des acteurs de l’enseignement, de la recherche et de l’économie en favorisant leur collaboration et, ainsi, la création de passerelles qui permettent de décloisonner les domaines d’activité et de lier indissociablement recherche, innovation, modernisation de l’appareil productif, et emploi. La Région est bien là dans son rôle de chef de file du développement économique et territorial. Son engagement au long cours, notamment financier, est massif et continu, en dépit des contraintes budgétaires fortes qui pèsent sur elle depuis plusieurs années. Au-delà de cet engagement, il restait à en évaluer les résultats. C’est aujourd’hui chose faite puisqu’un travail, mené par l’Université de Bordeaux en lien étroit avec la Région, a posé les bases d’un diagnostic objectif et incontestable de notre action en matière d’innovation. Ces travaux feront l’objet d’une présentation exhaustive lors de la séance plénière du lundi 20 octobre 2014. Les résultats sont plus qu’encourageants : l’Aquitaine, première région de France en termes d’investissement au soutien de l'innovation, attire de plus en plus d’étudiants (notamment les élèves ingénieurs) auxquels elle offre un environnement universitaire de haut niveau via les structures qu’elle bâtit, qu’elle finance ou qu’elle soutient. La recherche et développement (R&D) se développe en conséquence et innerve le tissu industriel qui bénéficie dans ce domaine du soutien de la Région. Cette politique permet à la Région de connaître le plus fort taux de croissance en matière de création d’entreprises et de mieux résister à l’érosion de l’emploi industriel. Il ne s’agit pas ici de faire de l’« autopromotion » mais bien plutôt de donner les éléments qui permettent d’apprécier, de manière objective, les résultats de l’action régionale en matière de développement économique. Car, ce devoir de transparence que permet l’évaluation des politiques publiques est aujourd’hui, plus que jamais, un impératif qui s’impose à l’heure de la raréfaction des ressources publiques. Rappelons à ce titre que la Région Aquitaine a créé en mars dernier une Commission d’Evaluation des Politiques Publiques (CEPP) destinée à évaluer les dispositifs mis en œuvre par la collectivité, dans une volonté de transparence et de partage avec l’ensemble des élus du Conseil régional, et au-delà, vers l’ensemble des Aquitains. Au travers des résultats de ce travail doctoral, on discerne les grandes lignes d’un modèle aquitain de développement qui, indubitablement, a d’ores et déjà fait ses preuves. Il servira de socle et de guide pour appréhender les profonds changements qui s’annoncent. Car l’Aquitaine est au cœur du défi de la réforme territoriale : elle est en effet appelée à

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fusionner avec deux de ses partenaires limitrophes et devenir ainsi le troisième ensemble régional français (en termes de PIB). Le chantier ouvert, s’il est validé par le Parlement, est immense : bien plus qu’une juxtaposition de politiques et d’interventions, ce nouvel ensemble devra rechercher les liens et les synergies qui lui permettront de promouvoir des politiques ambitieuses au service des territoires, de l’emploi et de l’innovation, dès lors que lui sera donné les moyens de son action, c’est-à-dire des ressources dynamiques au service de compétences clairement affichées. Difficile néanmoins d’afficher des orientations budgétaires pour 2015 qui prennent en compte cette nouvelle dimension de l’action régionale. C’est pourquoi, à ce stade, le document qui est soumis au vote des élus régionaux se situe dans les « frontières » actuelles de l’action régionale. Et plus que jamais, cette action s’inscrira dans une volonté résolue de soutenir l’activité, via une politique d’investissement ambitieuse et des dispositifs d’intervention renouvelés au bénéfice de nos territoires. En effet, face à une crise économique qui perdure, à une croissance atone, à un chômage de masse, l’Aquitaine possède d’importants atouts qu’il faut valoriser afin de promouvoir un modèle de développement qui a fait ses preuves. La Région, forte de son expérience et de ses succès, assume donc pleinement son action contra-cyclique au soutien de l’économie régionale, sûre que sa politique d’investissement en faveur de l’innovation et de l’emploi pose les bases de son avenir et de son inscription dans la compétition européenne et mondiale. Et ce, malgré la baisse annoncée de ses recettes (près de 26 M€ estimés en 2015) et l’incertitude qui règne sur ses ressources, actuelles et à venir. Car c’est bien ce choix qui s’impose à elle : poursuivre et amplifier son effort d’investissement en faveur des transports, de la recherche, des lycées et de la formation, alors même que ses ressources baissent et baisseront durablement. Il faut donc accepter de recourir à l’emprunt tout en s’imposant une stratégie financière de long terme et des mesures d’économies à court terme. Cette stratégie, il faut y revenir : privilégier une politique au soutien de l’activité économique, par des dispositifs d’interventions ciblées et des investissements de grande ampleur. Pour se faire, il faut à la fois préserver l’épargne brute (qui permet l’autofinancement des investissements) et rechercher les financements les plus attractifs en termes de taux. L’objectif reste de limiter le volume total de la dette à 1 100 M€ à l’horizon 2017. Ce qui représentera à cette date environ 4 années de capacité de désendettement1. Cette stratégie, la Région peut l’assumer tant sa situation financière est saine. La Banque Européenne d’Investissement, avec laquelle la collectivité a contracté en 2013, comme l’agence de notation Standard and Poor’s, soulignent la qualité de la gouvernance et de la gestion financière de la Région. Néanmoins, cette stratégie ne peut être soutenable que si la Région s’impose des mesures de rationalisation et d’économies à court terme. Il s’agit collectivement de parvenir à stabiliser, voire diminuer les dépenses de fonctionnement, ce qui implique d’opérer des choix dans des dispositifs et des modalités d’intervention. Sans attendre la suppression de la clause générale de compétence, la Région doit prioriser ses actions et consentir à diminuer, voire abandonner certaines de ses activités qu’elle ne peut plus financer.

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Soit la moyenne actuelle des régions métropolitaines.

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Les discussions budgétaires à venir se concentreront donc autour de ce tryptique : placer au cœur de notre action l’emploi et l’innovation qui doivent guider toutes nos politiques, favoriser les investissements au soutien de l’activité des entreprises et au développement des territoires, choisir parmi les dispositifs ceux qui, à la marge des priorités régionales, devront faire l’objet à court et moyen terme d’un recentrage, voire d’un abandon progressif. Résolue à jouer son rôle d’acteur économique de premier plan, la Région maintient le cap de son action en faveur de l’emploi. Elle poursuivra son engagement pour consolider son tissu économique et mettre en adéquation besoins des entreprises et ressources régionales. De même qu’elle renforcera l’attractivité de son territoire en favorisant les investissements qui visent à le développer et à le promouvoir.

* * * 1. Des résultats encourageants qui confortent notre ambition régionale en faveur d’un écosystème vertueux liant indissociablement recherche, formation, entreprises et emploi L’Aquitaine a développé depuis de nombreuses années un modèle original qui vise à créer une chaîne de valeur d’excellence liant indissociablement offre de formation, recherche, innovation et accompagnement de son tissu d’entreprises. Ce modèle, volontaire, créatif et collaboratif, permet à l’Aquitaine d’engranger d’excellents résultats qu’un travail de recherche récent2 vient de mettre en exergue. Si l’Aquitaine est en effet la première région de France en termes d’investissement au soutien de l'innovation (24,5 €/habitant en 2013), elle récolte aujourd’hui les fruits de cette politique structurelle et structurante pour tout l’écosystème aquitain. En effet, les données recensées par ce travail de recherche établissent, de manière objective et argumentée, une montée en compétence des Aquitains qui leur permet de bénéficier d’un environnement d’emploi de très haute qualité. Selon le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, l’Aquitaine comptait un peu plus de 110 000 étudiants lors de la rentrée 2012/2013, soit une augmentation de +11,8% depuis 2002-2003 et occupait le deuxième rang des régions métropolitaines en termes de croissance de ses effectifs estudiantins (moyenne France : +5,8%). Parmi ceux-ci on comptait un peu plus de 4 200 ingénieurs, soit une augmentation de 47% sur dix ans (moyenne France : +21,3%). De même, la part des emplois de cadres et professions intellectuelles supérieures est passé de 12,5% à 14% entre 2006 et 2011. Conséquence de cet investissement massif en faveur de l’enseignement supérieur et de la recherche, si entre 1982 et 1999 l’Aquitaine créait moins d’emplois de R&D que la moyenne nationale (+2,5%/an en Aquitaine contre +2,7%/an en France métropolitaine), entre 1999 et 2008 la tendance s’est fortement inversée dans un contexte économique pourtant difficile (+1,2%/an en Aquitaine contre +0,1%/an en France métropolitaine). Autre indicateur particulièrement représentatif de la vitalité de notre recherche, le nombre de publications scientifiques a cru de 25% en Aquitaine contre 21% en France, de même que le nombre de demandes de brevets européens a cru de 75% en Aquitaine contre 30% en France. 2

Source thèse CIFRE : CRA / GREThA - Université de Bordeaux (Alexis Vanderstocken) à partir des données INSEE, INPI et MESR.

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Cette politique tournée vers la recherche, l’innovation et le transfert de technologies innerve et nourrit également notre tissu d’entreprises aquitaines. Rappelons à ce propos que près de 20% des PME ayant des activités de R&D ont ainsi été aidées par le Conseil régional ces dernières années (moyenne nationale 2011 : 7%). De même, l’Aquitaine est la deuxième des régions françaises pour ses structures de diffusion technologiques aux PME. Ainsi, entre 2000 et 2010, les PME aidées par le Conseil régional ont augmenté de plus de 85% leur budget R&D (hors subvention) et de plus de 82% l’emploi R&D. Plus encore, les PME soutenues par le Conseil régional d‘Aquitaine ont vu sur la période leur effectif non R&D augmenter de 88,8% en moyenne (alors que cette croissance a été de 20,3% en moyenne pour les PME non soutenues sur cette même période)3. Conséquence logique de cette priorité donnée à l’innovation et aux PME, l’Aquitaine a été en 2013 la Région qui a connu le plus fort taux de croissance en matière de création d’entreprises. L’emploi industriel, malgré un contexte économique dégradé et une concurrence internationale exacerbée, s’est maintenu en Aquitaine mieux qu’ailleurs : sur la période 2000 – 2010, il baisse de seulement 12% en Aquitaine contre 20% en moyenne en France. Ambitieuse dans ses objectifs, constante dans sa mise en œuvre, cette politique, modèle à bien des égards, doit plus que jamais être poursuivie car elle pose les fondements du futur des Aquitains et répond, par des solutions pérennes, à notre préoccupation constante de favoriser la création d’emplois à forte valeur ajoutée et de lutter contre le chômage et la précarité. C’est pourquoi 2015 verra le Conseil régional continuer à investir dans cet écosystème vertueux qu’il a su créer et consolider au fil des ans. Notre ambition sur ce point est immense et notre volonté ne faiblira pas, malgré les restrictions budgétaires qu’il nous faut absorber. Il s’agit, tout en demeurant un acteur majeur de la formation et du service de l’emploi, de bâtir le réseau des entreprises de demain, qui bénéficieront de la vitalité de nos infrastructures de recherche.

1.1 Une Aquitaine ambitieuse pour ses entreprises •

Faire de l’Aquitaine une « Startup Région »

L’année 2015 sera consacrée au lancement du projet « Startup Région » qui a pour ambition de démultiplier la création d’entreprises innovantes en Aquitaine. La Région a tissé au cours des dernières années un écosystème très favorable à l’émergence et à l’accompagnement de projets (ressources scientifiques et technologiques, conseil et orientation des créateurs, accès aux financements). Il convient désormais de passer un cap supplémentaire et d’impulser directement des projets à partir de technologies disponibles et de compétences à détecter et à attirer. C’est pourquoi la Région apportera un 3

Source thèse CIFRE (déjà citée) : analyse menée sur un échantillon de PME aquitaines effectuant de la R&D en interne sur la période 2005-2010. La méthode a consisté à comparer des PME soutenues par le Conseil régional d’Aquitaine à des PME semblables en termes de nature (PME engagées dans un processus de R&D), de localisation (présentes sur le territoire aquitain), de taille et d’activité (intensité de R&D), mais n’ayant pas bénéficié du soutien régional.

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soutien aux entreprises innovantes à haute densité technologique à fort potentiel de développement et de rayonnement international. En parallèle de ce projet, la Région va poursuivre sa politique de soutien à la consolidation des fonds propres des entreprises en renforçant les moyens du fonds de co-investissement Aqui-Invest et en prenant l’initiative de créer deux fonds technologiques (« matériaux » et « optique-laser ») en faveur de l’émergence de jeunes entreprises innovantes. •

L’Aquitaine bâtit l’usine du futur

La Région a pris l’initiative d’un plan d’actions ambitieux en faveur du renforcement de la productivité de notre tissu industriel. Il sera dans un premier temps expérimenté sur les ETI et PME à potentiel et vise à améliorer la productivité en agissant sur trois leviers : l’outil de production (modernisation équipements, robotisation, intégration TIC) et l’organisation industrielle (qualité et flexibilité), la formation du personnel (polyvalence), l’amélioration des conditions de travail et la lutte contre la pénibilité (ergonomie, sécurité, engagement du personnel et du management). Il comprendra une phase de diagnostics et de préconisations, suivie par la mise en œuvre de plans d’actions personnalisés.

En 2015, la Région va engager d’ambitieux programmes de recherche préfigurant l’« usine du futur » et accompagnera 200 ETI et PME à potentiel pour réaliser un diagnostic individuel de leur chaîne de valeur. Ces diagnostics centrés sur l’outil de production, l’organisation industrielle et le facteur humain, vont permettre de mieux cerner les besoins des industriels, d’identifier des pistes d’actions individuelles et collectives en faveur de l’amélioration de la productivité et de réaliser un premier panorama régional de la performance de notre tissu industriel. •

L’Aquitaine s’engage dans les filières d’avenir et les nouveaux domaines d’excellence

Nous soutiendrons l’animation des pôles de compétitivité et des clusters les plus dynamiques en favorisant leurs collaborations, les projets structurants (Métallic’Adour - plateforme technologique dédiée aux industries de la métallurgie, laboratoires d’expérimentation dédiés à la santé, etc.) et l’émergence de nouveaux domaines d’excellence (silver économie, énergies marines, robotique, machinisme agricole, cosmétique, transport intelligent, cuir et luxe, etc.). Des dispositifs d’incitation à la transformation numérique à l’appui du dispositif européen « Chèque TIC » seront lancés fin 2014 - début 2015 afin d’inciter les acteurs à initialiser leur mutation par le numérique pour s’adapter à un nouvel environnement technologique, aux nouveaux modèles économiques et aux nouveaux besoins de leurs partenaires et clients. En matière d’action à l’international et de soutien à l’export, 2015 verra, dans le cadre de la mise en œuvre du Programme Régional d’Internationalisation des Entreprises, le lancement 12


opérationnel des 4 incubateurs d’appui à l’implantation (Chine, Etats-Unis, Brésil et Allemagne). Notre coopération économique avec l’Inde (aéronautique) et la Chine (agroalimentaire, construction durable et silver économie) sera, en outre, renforcée.

1.2 Une Aquitaine résolument innovante La maîtrise des technologies-clé pour l’avenir, comme les matériaux avancés, les lasers ou les technologies numériques, constituent non seulement un socle indispensable pour l’évolution nécessaire de nos industries traditionnelles, mais elles sont également la clé de voute du positionnement de l’Aquitaine sur de nouvelles filières à haute valeur ajoutée. A ce titre, l’Aquitaine mène, depuis plusieurs années, une action ambitieuse de création d’un réseau de centres technologiques, maillons importants de la chaîne de valeur, notamment Alphanov dans les lasers, Canoe sur les nanomatériaux et les composites, Nobatek/INEF4 dans la construction durable, AGIR et AGROTEC dans l’agroalimentaire. Et demain, CATIE, dont l’assemblée constitutive a eu lieu le 22 septembre dernier, dans les technologies numériques et l’électronique.

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Canoe à Pessac © Région Aquitaine

Ce maillon constitue un élément clé pour accompagner et démultiplier l’innovation technologique et non technologique dans les PME qui n’ont souvent pas les ressources financières et humaines pour porter seules cette phase à risque. Ces centres pourront également développer plus largement l’incubation technologique des startups. 1.3 Une Aquitaine qui place au cœur de sa stratégie l’emploi et la formation L’emploi doit être au centre de toutes les attentions portées aussi bien envers les jeunes qu’auprès des salariés et des demandeurs d’emploi. Nous nous devons d’améliorer le service offert aux personnes en recherche d’emploi et user des outils à notre disposition pour favoriser l’insertion professionnelle et le retour à l’emploi. 2015 verra ainsi la mise en place du service public numérique de l’emploi : reposant sur les outils « Big Data », ce service dématérialisé accessible depuis le portail de la Région permettra une mise en lien des stagiaires bénéficiant du programme régional de formation avec des employeurs potentiels. L’objectif est d’atteindre un taux d’insertion à six mois qui, progressivement, devra atteindre 80%. Il donnera aussi la possibilité pour toute personne en recherche d’emploi de déposer son curriculum vitae afin de recevoir des offres correspondant à son profil dans sa boîte mail. De même, les entreprises se verront envoyer des CV correspondant aux annonces qu’elles auront diffusées sur le site de la Région. L’objectif est d’améliorer les diagnostics et l’analyse des besoins de formation des filières à partir d’une approche sectorielle et territoriale. Il s’agira aussi de proposer des dispositifs de formation des demandeurs d'emploi plus adaptables et réactifs aux besoins de compétences des entreprises, comme le développement des Préparations Opérationnelles à l’Emploi Collectives. L’ambition est de soutenir la compétitivité des entreprises par le développement des compétences dont elles ont besoin et de déployer sur des filières stratégiques des centres de compétences permettant une synergie entre acteurs d'une filière, acteurs économiques et acteurs publics (pôles d'excellence des métiers du cuir et luxe, Bois, Composites, Aérocampus).

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Pôle d’excellence des métiers du cuir, plateau technique © Alban Gilbert

En parallèle de cette action novatrice, l’Aquitaine, consciente de la nécessité de favoriser l’apprentissage qui reste une voie privilégiée d’accès à un emploi qualifié4, renforcera le travail d’animation des réseaux d’employeurs potentiels dans le cadre d’un partenariat renouvelé avec les acteurs de l’apprentissage. Ainsi la convention signée avec les Chambres consulaires concernant les développeurs de l’apprentissage sera pleinement exploitée. De même, une bourse des emplois, hébergée sur un site dédié du Conseil régional, permettra à chaque entreprise de déposer ses offres de recrutement d’apprentis, tout comme les jeunes en recherche de contrat d’apprentissage pourront déposer leur CV.

© Alban Gilbert

Cette politique n’a de sens que si elle profite au plus grand nombre, sur l’ensemble de notre territoire. La Région entend promouvoir un développement solidaire, qui accompagne les territoires dans leurs mutations et favorise leur attractivité et leur pérennité.

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Seules 3,5 % des entreprises en Aquitaine accueillent des apprentis.

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1. Face au risque de décrochage territorial, le Conseil régional réoriente sa politique contractuelle vers les territoires en difficulté et en reconversion en plaçant au cœur de son action le développement économique et la préoccupation écologique En temps de crise, les territoires éloignés et enclavés souffrent plus que les autres d’une désertification économique, sociale et humaine. Si l’investissement public ne prend pas le relai pour atténuer ces disparités et redonner leur pleine attractivité à nos territoires, la fracture territoriale s’accentuera en concentrant ses richesses autour de quelques agglomérations et en délaissant nos territoires agricoles, nos quartiers défavorisés et nos villes petites et moyennes. La Région ne se résout pas à cette inégalité territoriale et met en place les outils d’un développement harmonieux et solidaire.

2.1 Une Aquitaine solidaire et engagée auprès de tous ses territoires On le sait, l’Aquitaine dispose d’un vaste territoire rural et agricole qu’il faut préserver et mettre en valeur : avec un chiffre d’affaires de l’ordre de 15 milliards d’euros, les secteurs « agriculture – agroalimentaire - forêt et mer » procurent un emploi à 175 000 Aquitains et contribuent à plus de 15% au PIB régional. Ces activités représentent ainsi des enjeux stratégiques pour l’Aquitaine, mais également pour la France, avec des filières leaders au plan national et européen. Ces filières se distinguent aussi par leur rôle majeur en termes de cohésion territoriale et leur forte diversification : sylviculture, élevage, fruits et légumes, viticulture, céréales, pêche maritime et estuarienne, aquaculture… Cependant à l’instar des autres secteurs économiques nos exploitations et nos entreprises doivent gagner en compétitivité et relever les nouveaux défis dont, en premier lieu, celui du changement climatique. Dans ce contexte, la Région s’attachera en 2015 à orienter la totalité des politiques publiques agricoles vers deux objectifs majeurs : l’amélioration de la compétitivité des outils de production ; l’adaptation des systèmes de production face aux enjeux environnementaux et climatiques. Pour cela, la Région mobilisera les nouveaux programmes européens dont elle assure désormais la responsabilité, au travers du FEADER, pour favoriser les changements de pratiques à travers des Mesures Agro-Environnementales et Climatiques et pour moderniser l’appareil de production, du FEDER qui appuiera l’innovation au sein de l’ensemble des filières de production, et du FEAMP qui interviendra pour soutenir les efforts de compétitivité dans les secteurs de la pêche et de l’aquaculture. Ces actions, cofinancées par la Région, bénéficieront ainsi à tous les agriculteurs aquitains. En parallèle de son action au soutien de ses territoires agricoles, la Région renouvelle son action en faveur de ses villes et de ses quartiers en difficulté : un audit de la politique régionale en faveur des quartiers a fourni l’occasion de débattre avec les acteurs de la politique de la ville et de déterminer un nouveau cadre d’actions pour la Région. La nouvelle géographie prioritaire de la politique de la ville confirme la nécessité de poursuivre l’appui au développement social et urbain des quartiers défavorisés en périphérie des grandes agglomérations, et étend parallèlement le champ d’interventions aux centrebourgs des petites villes et villes moyennes, qui avaient été identifiés comme des secteurs d’interventions prioritaires par la Région. Au-delà de ces interventions « sectorielles », la Région a souhaité réaffirmer, par la mise en œuvre d’une nouvelle politique contractuelle, sa relation privilégiée avec l’ensemble des territoires de projet et sa volonté de poursuivre une politique 16


d’aménagement et de développement territorial dynamique et équitable autour du développement économique, de la formation et de l’emploi. Cette nouvelle politique a une double vocation : d’une part, favoriser une meilleure diffusion des politiques régionales sur tout le territoire aquitain dans le cadre de l’émergence de projets structurants de développement local ; d’autre part, prendre en compte les problématiques et les difficultés spécifiques de certains territoires en différenciant les interventions contractuelles de la Région. Au cours de l’année 2015, la Région négociera avec les pays et les agglomérations les nouveaux contrats de programmation ou de cohésion et de développement territorial, selon la situation des territoires concernés au regard de leurs handicaps et spécificités. Sur les territoires en mutation économique, en situation de transition industrielle et/ou présentant de fortes fragilités structurelles, la Région met en œuvre les CADET (Contrat Aquitain de Développement de l’Emploi dans les Territoires) développe une nouvelle approche intégrée de développement territorial, en optimisant ses politiques de développement économique, d’emploi et de formation d’une part, et d’autre part, en participant à une gouvernance renforcée avec l’ensemble des partenaires, permettant de mieux coordonner l’action publique, en lien avec les Départements et les collectivités locales. La mise en œuvre des CADET a été réalisée en 2014 sur les bassins d’emploi du Bergeracois, d’Hagetmau et d’Oloron-Sainte-Marie. Elle se poursuivra bien entendu en 2015, qui verra la concrétisation de cette nouvelle procédure sur les bassins de Villeneuvesur-Lot/Fumel, du Libournais et de la Haute-Gironde, avec l'établissement des programmes opérationnels et le calendrier de leur mise en œuvre. Pour chacun de ces territoires la Région accompagnera les programmes de reconversion ou de diversification d’activité et mobilisera ces équipes, ainsi que celles d’ADI, pour favoriser l’émergence de projets structurants.

2.2 Une Aquitaine mobile, ouverte et connectée L’Aquitaine, rappelons-le, est le premier chantier ferroviaire d’Europe. Par sa volonté sans cesse renouvelée de désenclaver les territoires et de faciliter les déplacements des Aquitains, et le souci constant du développement durable, l’Aquitaine a fait de la mobilité des personnes comme des biens, une priorité d’action qui permette à chaque Aquitain d’être connecté au reste du territoire comme des grands axes d’échanges internationaux. Il est essentiel de rappeler à ce stade l’action volontariste de la Région dans les réseaux à grande vitesse (LGV Sud et GPSO) qui innerveront bientôt tout son territoire. Ainsi, en 2015 la Région continuera à financer la LGV Tours-Bordeaux, tandis que la déclaration d’utilité publique de la LGV Bordeaux-Toulouse-Dax est attendue fin 2015/début 2016 ; la Région apportera un soin tout particulier au suivi des anticipations foncières après la mise en place des comités techniques fonciers en 2014.

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Visite du chantier du Viaduc de la Dordogne le 6 janvier 2014 © Alban Gilbert

En parallèle, la montée en puissance des livraisons et mises en service des nouvelles rames Régiolis et Régio2N, le lancement de nouveaux chantiers de régénération ferroviaire (parmi lesquels la section Bayonne – Saint-Jean-Pied-de-Port) et la poursuite du programme en faveur du développement de la multimodalité dans les gares garantiront aux Aquitains une plus grande fluidité dans leur déplacement et une offre de service renouvelée.

Regio2N © Alban Gilbert

Mais l’action de la Région au soutien de l’interconnexion de nos territoires ne s’arrête pas au seul ferroviaire. Le numérique est en effet l’outil par lequel l’Aquitaine développe ses réseaux d’échanges d’informations et consolide le développement de son économie numérique. En tant qu’acteur public majeur de l’aménagement numérique du territoire, la Région investira en 2015 dans les conceptions et constructions des réseaux en Très Haut Débit avec, pour objectif, de les mettre à disposition du guichet régional en charge de la relation commerciale avec les opérateurs de services et de faciliter l’accès aux financements nationaux et européens. Le rôle d’investisseur de la Région aux côtés des autres acteurs publics co-investisseurs (Départements, EPCI, Syndicats d’énergies) entrera en 2015 en phase opérationnelle en 18


complément des investissements des opérateurs privés et permettra à ces derniers de proposer leurs services numériques du futur sur une plus large part du territoire. En sus, la création d’un guichet régional sous la forme d’une société publique locale regroupant les cinq syndicats mixtes départementaux permettra de créer une offre « Aquitaine » consolidée pour la location des réseaux publics aux opérateurs privés.

2.3 Une Aquitaine respectueuse de son environnement et résolument tournée vers la transition écologique L’engagement de l’Aquitaine dans la transition écologique n’a cessé de s’accentuer au fil des années, tant en termes de travaux de recherche que de politiques d’interventions destinés à mettre les principes d’actions que nous nous sommes fixés. Les résultats une nouvelle fois sont là : des données recueillies, l’émission de gaz à effet de serre a diminué en Aquitaine de 16% depuis 1990 (-60% dans l'industrie et -30% dans l'agriculture). Sur la même période, l’économie aquitaine s'est décarbonnée de 40%5. Forte de ces résultats, l’Aquitaine continuera à résolument orienter son action vers l’adaptation au changement climatique, en ciblant prioritairement le développement économique et territorial des filières énergétiques, de l’économie circulaire et de l’environnement. La transition énergétique est conduite par la Conférence régionale sur la transition énergétique présidée par la Région. Elle repose sur une politique intégrée de filières et s’investit pour l’acceptabilité sociale des énergies renouvelables. La feuille de route régionale cible le développement d’une économie décarbonnée et de territoires sobres en carbone. L’année 2015 sera, à cet égard, marquée par la création d’un outil régional pour accompagner l’émergence des projets et la gouvernance des territoires en matière d’énergie. A ce titre, les filières structurées (éolien, solaire) seront activement soutenues avec un objectif prioritaire d’autoconsommation. Les filières émergentes (énergies marines renouvelables, géothermie profonde, stockage de l’énergie) seront également renforcées. De manière transverse, le stockage de l’énergie et la gestion des réseaux de distribution font l’objet d’un groupe de travail animé par la Région dans le cadre de la Conférence Régionale sur la Transition Energétique. Le plan d’action pour l’économie circulaire quant à lui, élaboré en 2014 avec l’appui du groupe régional pour l’économie circulaire, entrera en 2015 dans sa phase opérationnelle en ciblant particulièrement l’écologie industrielle, l’éco-innovation et le recyclage. Leader au niveau national, l’Aquitaine entend accroître la dynamique économique inhérente à ce sujet en élargissant le réseau des entreprises associées à la démarche. Autre sujet majeur de la problématique d’adaptation au changement climatique, le littoral est désormais couvert par sept stratégies locales comportant des dispositifs de connaissance (écosystèmes, biodiversité) et d’expertise du risque naturel (érosion, submersion). Les premiers travaux d’intervention sur les sites seront engagés.

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Source ORECCA.

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2.4 Une Aquitaine attractive et ouverte sur le monde Cette politique active en faveur de la mobilité sert aussi la politique touristique que met en œuvre la Région. Il est essentiel de renouveler nos ambitions en la matière pour garder à l’Aquitaine son attractivité nationale et internationale. Avec 17 800 entreprises recensées dans le secteur du tourisme, l’industrie touristique contribue activement à la vitalité de l’économie aquitaine, représentant 8,3% du PIB régional6. Un secteur qui génère annuellement plus de 7,4 milliards d’euros de retombées et occupe 5% de l’emploi régional. C’est ainsi qu’en révisant en 2014 sa politique touristique, la Région a concentré son action autour de quatre axes : • • • •

Structurer les territoires aquitains sous la forme d’appels à projets ; Valoriser les espaces et les filières touristiques avec une mise en valeur touristique accrue ; Développer la solidarité territoriale dans un objectif de réduction de la fracture sociale et le soutien à l’emploi ; Promouvoir l’Aquitaine sur les marchés étrangers.

2015 sera une année d’innovation dans la manière d’accompagner les territoires aquitains vers une mise en valeur touristique, avec la signature des premiers contrats de territoires d’une part et d’autre part, la mise en œuvre effective d’une politique touristique basée sur le développement économique des filières touristiques majeures et/ou différenciantes de l’Aquitaine. A travers son dispositif « compétitivité », la Région poursuivra son soutien appuyé aux entreprises touristiques, sur la modernisation et le développement du parc d’hébergements (hôtels homologués indépendants, hôtellerie de plein air, locations saisonnières).

* * * C’est probablement la dernière fois que ces orientations budgétaires « aquitano-aquitaines » sont présentées en séance plénière. L’année prochaine, l’action sera sans doute inscrite dans un ensemble beaucoup plus vaste, dont il faudra prendre la mesure, et qui imposera de nouveaux défis. L’Aquitaine au travers de son modèle de développement dispose d’indéniables atouts pour dynamiser ce vaste ensemble. Sans volonté d’imposer, nous chercherons ensemble à trouver les moyens d’une fusion respectueuse des hommes, des territoires et de leur histoire. Il faudra pour autant très vite saisir de cette nouvelle opportunité pour valoriser ce nouvel ensemble et répondre aux préoccupations des populations en termes d’emplois, de services publics et de développement des territoires. Aux Aquitains de se saisir de cette nouvelle chance pour, enfin, faire de l’échelon régional le pivot et le centre de l’action publique.

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Source INSEE.

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