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HISTOIRE. NAUFRAGE EMBLÉMA

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FIL INFOS

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Les pontes et les naissances de tortues se sont multipliées depuis qu’elles sont protégées et observées. Ici des juvéniles prennent leur premier bain de mer.

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La mode du whale watching a atteint les côtes réunionnaises. Ici une baleine à bosse devant la plage de Boucan Canot à Saint Gilles.

LE CEDTM

OBSERVER CÉTACÉS ET TORTUES MARINES À LA RÉUNION EN TOUTE QUIÉTUDE

Le Centre d’Etudes et de Découverte des Tortues Marines (CEDTM) de La Réunion est né pour répondre à des besoins urgents en termes d’observation et protection de la faune marine. Avec le projet Quiétude, le centre met en place une vraie charte d’approche des mammifères marins à La Réunion. Enfin !

Jacques Rombi

La mode du whale watching a atteint les côtes réunionnaises depuis quelques années et c’est tant mieux. Sauf que beaucoup se sont improvisés professionnels de l’observation de ces géants des océans sans aucune formation et surtout sans aucune éthique, allant jusqu’à poursuivre les animaux avec leurs speed boats. Pour Anne Emmanuelle Landes, chargée de projets au CEDTM : « l’amélioration des conditions d’observation des cétacés et tortues à La Réunion est notre priorité.

Pour les tortues, nous travaillons à la réhabilitation des plages pour améliorer les conditions de ponte des tortues marines. En effet, certaines plages étaient très fréquentées par les tortues avant l’arrivée de l’homme, il faut comprendre lesquelles et pourquoi. Parallèlement, nous engageons un travail de sensibilisation : ateliers participatifs avec le grand public, actions de plantation sur les plages… »

Pour les mammifères marins, notamment les baleines qui fréquentent les côtes réunionnaises pendant la saison fraîche, le CEDTM vient de lancer la marque Quiétude Cétacés, un label distinguant les acteurs impliqués dans une démarche responsable et durable de l’observation des cétacés

Une partie de l’équipe. Grâce à des financements conjoints Région Réunion, Etat, Europe (FEDER-INTERREG), l’association embauche aujourd’hui 9 salariés et ses locaux sont basés à Saint-Leu.

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à La Réunion. Elle sera déployée, après 3 années de préparation participative avec les acteurs, pour sa phase expérimentale dès la prochaine saison des baleines.

SOMMOM, première plateforme participative nationale

La réglementation nationale française a évolué, cela concerne dans notre région La Réunion, les îles Eparses et Mayotte. L’arrêté préfectoral encadrant l’activité d’observation des cétacés à La Réunion évoluera vraisemblablement également en conséquence d’ici la prochaine saison des baleines. La cacophonie qui a suivi la crise requins qui sévit depuis dix ans doit servir de leçon pour éviter de nouvelles interdictions et prises de décisions contraires à la logique environnementale. D’où l’urgence d’anticiper et de proposer une vraie charte d’approche plutôt que de risquer des interdictions aveugles. Le whale watching, tout comme le Shark feeding (lire le projet Serenity dans ce numéro) sont des activités qui peuvent générer d’importantes ressources financières pour les économies fragiles de nos îles et permettant également d’investir dans des actions de protection.

A condition que ses activités soient bien encadrées : « Quiétude Cétacés est gouvernée par un comité de pilotage représentant un panel d’acteurs institutionnels, associatifs et de l’observation. Nous en sommes l’équipe animatrice chargée de son développement. Il s’agit d’une de nos actions phares, et cette étape nécessitera une diffusion importante. Cela pourrait être une piste d’échanges prioritaire... » dixit Anne-Emmanuelle qui introduit ainsi l’autre grand sujet qui anime le CEDTM : « nous avons constaté que l’observation ou la collecte des données n’étaient pas coordonnées en France et dans les outremers français. Aussi, nous avons fédéré un réseau d’acteurs impliqués dans le suivi et l’encadrement de l’activité d’observation des cétacés comme les Affaires Maritimes territoriales, les gestionnaires d’aires marines protégées, associations...) dans les différents territoires français et d’outre-mer ».

Ce réseau intitulé SOMMOM* (projet éponyme) se fédère autour d’une nouvelle plateforme participative, au sein de laquelle chacun peut saisir de l’information sur l’activité d’observation pratiquée dans les différents territoires, et qui constitue une page vitrine nationale, fait office d’observatoire générant des indicateurs pour contribuer au suivi et à la gestion de l’activité, et dispose de perspectives d’évolutions facilitant les échanges. Cette plateforme participative, bénéficiant de financements nationaux, gagnera à être davantage connue et reconnue.

* Suivi et encadrement de l’Observation des Mammifères Marins dans les territoires français d’Outre Mer.

Le CEDTM en bref

Le CEDTM a historiquement été créé afin d’assurer la gestion du site de Kélonia, l’observatoire des tortues marines de La Réunion situé à Saint-Leu. N’assurant plus cette fonction depuis 2013, l’association a perduré et mène depuis des projets scientifiques et de conservation des tortues marines et de l’habitat marin, en étroite collaboration avec Kelonia. La majorité de ses missions se concentre sur les tortues marines à La Réunion et dans le sud-ouest de l’océan Indien. Partant du principe que l’échange d’informations scientifiques et techniques est la première action à engager en vue d’une meilleure protection des espèces en danger, le CEDTM collabore activement avec de multiples acteurs institutionnels, mais également associatifs localement (Globice, SEOR,…), à l’échelle régionale (notamment Cetamada, partenaire du Journal des Archipels), ou nationale. Une mutualisation et un partage des informations qui prend une nouvelle dimension aujourd’hui avec le lancement du label « péi » Quiétude Cétacés et du réseau national sur l’observation des mammifères marins intitulé SOMMOM. En savoir plus sur : (https://cedtm-asso.org/quietude/le-label/ - un site dédié est en cours de développement) https://cedtm-asso.org/quietude/reseau-sommom/ À suivre régulièrement dans nos colonnes.

Ici une tortue en train de pondre à Saint Leu.

Histoire

Le sud-ouest de l’océan Indien est réputé pour ses conditions de navigation difficiles. Les Mascareignes ont été le théâtre de nombreux naufrages. Mais l’un d’entre eux a marqué les esprits à jamais…

Thierry Chateau

NAUFRAGE EMBLÉMATIQUE LE DERNIER VOYAGE DU SAINT-GÉRAN

« Le naufrage entraîna d’énormes pertes matérielles pour la colonie qui mit du temps à s’en remettre » Histoire

Le Saint-Géran, navire de la Compagnie des Indes orientales, fit naufrage dans la nuit du 17 au 18 août 1744 au large de Maurice. Il y avait à son bord plus de 200 hommes et femmes qui retournaient au pays, ainsi qu’un contingent d’esclaves pris en cours de route. Événement marquant pour la colonie à l’époque, ce naufrage a inspiré l’histoire de Paul et Virginie*, dans laquelle Virginie meurt par noyade.

« Pour la société de cette époque, cela a été un drame sans précédent », intervient Yann Von Arnim. Pour le spécialiste mauricien des épaves et des naufrages dans les Mascareignes, la perte du St Géran est probablement le naufrage le plus représentatif de l’histoire maritime de cette partie du monde. Le navire avait à son bord un condensé de la société coloniale avec des nobles, des marchands, des marins, un mélange de Français et de Créoles ainsi que des esclaves.

Parmi les passagers, on retrouve des habitants de l’Isle de France (Maurice) et de l’Île Bourbon (La Réunion).

« Outre les pertes en vies humaines, le naufrage entraîna d’énormes pertes matérielles pour les colonies qui mirent du temps à s’en remettre », explique Yann Von Arnim. Le vaisseau ayant à son bord une cargaison de 54 000 piastres d’Espagne destinées à l’économie des îles et des machines pour la première grande usine sucrière en construction à Maurice, celle de Villebague, à Pamplemousses.

Pourtant, à son départ de France, rien ne laissait présager un tel drame… Lorsqu’il quitte Lorient, le 24 mars 1744, le Saint-Géran a fière allure. Construit en 1736, le navire de 600 tonneaux a déjà plusieurs traversées à son actif. Il est commandé par le capitaine Delamarre qui a une vingtaine d’années d’expérience de la navigation océanique. C’est la deuxième fois seulement qu’il va affronter l’océan Indien mais il connaît bien l’Atlantique. Proche de l’âge de la retraite, le vieux capitaine a aussi sous ses ordres des marins expérimentés, une trentaine d’officiers et de sous-officiers ainsi que 90 matelots et 19 mousses.

Parmi les passagers, on retrouve des habitants de l’Isle de France (Maurice) et de l’Île Bourbon (La Réunion). Faisant route au sud-ouest le Saint-Géran s’élance sur l’Atlantique, cap sur le Sénégal et l’île de Gorée qu’il aborde après 25 jours d’une belle navigation sans encombre. A Gorée, le navire embarque 30 esclaves, plus d’hommes que de femmes et poursuit, sans perdre de temps, sa route vers l’équateur. …

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