Numéro 2

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L’ÉCLOSION

ASSOCIATION ÉTUDIANTE DU CÉGEP DE SAINTE-FOY

XX

NUMERO - 2 POLITIQUE -  ECOLOGIE -  CINEMA -  JEUX SEMAINE DU 29 / 09


PENSÉE DU 29/09 « Les mots sont la pire des armes. Le plus coupant des couteaux. La plus meurtrière des bombes. » - Stéphane Laporte

SOMMAIRE DU 29/09 Pour ces jours où vous en avez marre... p.001 123 Action cégep p.002 La couche d’ozone en rémission ! p.003 Mommy dans la mire d’un mangeur de maïs p.005 L’oublié des Balkans p.007 Les fées ont toujours soif p.008 Une semaine de la mode à Québec... ou presque ! p.009 Intégrer en isolant p.010 Je me souviens : Lise Payette p 011 EIIL : État Islamique en Irak et au Levant p.013 L’Écosse dit «non» au projet indépendantiste p.014 Horoscope p.015 Moi Malala : Je lutte pour l’éducation et p.017

je résiste aux talibans Un peu de science fiction ! Conservons les conservatoires HP : Le phénomène d’une génération Les potins de l’Olympe : partie 1 Mon idéal La douce amertume

p.018 p.019 p.020 p.021 p.022 p.023

L’ÉCLOSION, LA CONSCIENCE D’UNE NATION... (ALBERT CAMUS BIS)

L’ÉQUIPE Coordonnatrice

Marie-Ève Clark Coordonnateur adjoint

Douglas Allain Graphiste

Antoine St-Pierre Rédacteurs

Justine Babineau-Therrien Coralie Bélanger Lyne Belkhiter Antoine Bourassa Shada Boutin Charles Brunelle Brigitte Cantin Marie-Ève Clark Raphaël Côté-Vachon François Fortier Rachel Gagné Geneviève Gariépy Mariana Gariépy Véronique Migué Marion Ouellet-Imbeau Mélissa Perreault-Gariépy Rose Pichette Aurélien Renier Marianne Richer Chloé Viel

ET POURQUOI PAS

VOUS ?

J.LECLOSION@GMAIL.COM


LE MOT DE LA COORDONATRICE Chers lecteurs, Alors que les feuilles des arbres sont déjà bien rouges, oranges, jaunes ou brunies d’être déjà tombées, et que vous perdez déjà du temps précieux de concentration à rêvasser devant le feuillage (si, si), sachez d’abord que vous méritez ce petit moment de repos, et que vos notes n’en souffriront sans doute guère si d’une oreille discrète vous continuez à écouter votre professeur qui s’évertue à tenter de faire de la révision avant l’examen. Si jamais vous viens soudainement à l’esprit que des feuilles, c’est bien beau, mais il en manque un peu autour du Cégep pour que ce soit pertinent, amusez-vous donc à parcourir ce journal. Voici donc notre deuxième parution de l’Éclosion, composée d’articles encore plus variés et de nouveaux auteurs qui sauront vous informer, vous faire rire ou vous divertir pour ces quelques instants de lecture. Je répète encore et toujours de ne pas hésiter à nous contacter si jamais vous vient l’envie d’écrire. N’ayez pas peur, même si vous croyez que les sujets sur lesquels vous voulez vous exprimer ne sont pas assez semblables à ceux des autres pour être acceptés. J’ose espérer que les variétés des styles d’écritures et des sujets abordés dans les pages suivantes sauront vous convaincre du contraire. Si vous avez toujours des doutes ou simplement des commentaires à passer, des critiques à lancer, n’hésitez pas à venir nous voir au M-110-06, ou à nous écrire! j.l’éclosion@gmail.com Bonne lecture!


Semaine du 29 septembre

Pour ces jours où vous en avez marre… PAR MARIE-ÈVE CLARK La mi-session arrive bientôt, en même temps que l’automne. Maintenant, si vous voulez bien cesser de penser à vos futurs examens et travaux à remettre, vous pouvez poursuivre votre lecture. Pendant quelques minutes de votre vie d’étudiants débordés, laissez tomber le stress si vous le voulez bien, et enfoncez-vous dans un univers bien plus paisible où les soucis qui pèsent sur vos épaules ne sont plus. Tout d’abord, prenez une grande inspiration. Concentrez-vous sur les mots, concentrez-vous sur l’image que vous créerez à partir de ceux-ci.

Ce matin, vous êtes moins fatigué qu’à l’habitude. Au lieu de cette lourdeur sous vos yeux, et de cet engourdissement pénible dans chacun de vos membres, vous vous sentez reposé, bien. Ce matin, personne n’a de choses à vous reprocher, à vous rappeler; vous êtes étrangement seul, mais cette solitude, loin de vous peser, semble vous plaire plus que vous ne l’auriez imaginé. Vous sortez du lit, vous vous habillez légèrement et, sans prendre le temps de manger ou de vous préparer davantage, vous sortez de votre logement. Aujourd’hui, il n’y a pas de cours. Vous ne savez pas pourquoi. À vrai dire, vous ne vous posez même pas la question. Vous commencez à marcher dans les rues qui vous entourent, quand un détail attire votre attention. Sans presser le pas, vous vous dirigez vers une drôle de cabane qui, vous semble-t-il, n’était pas là hier. Il vous passe par la tête l’idée qu’elle puisse être hantée, comme tant de cabanes abandonnées, mais l’atmosphère de ce matin légèrement humide n’est pas du tout propice aux histoires de peur. Les gazouillements des oiseaux qui, valeureusement, sortent déjà de leur nid pour chercher à gaver leur gésier se mêlent au bruissement des feuilles qui tombent des arbres pour rejoindre leurs pairs, mues par la brise fraîche mais agréable, laquelle anime les mèches de vos cheveux qui chatouillent distraitement vos joues. Tout cela vous convainc qu’il n’y a pas de danger. Puis, aujourd’hui, vous n’avez rien de mieux à faire que d’exister, alors vous approchez de cette drôle de cabane, formée de longues planches de bois qui, malgré leur air rustique, ne semblent pas plier sous le poids de la structure. À vrai dire, oui, cette cabane vous semble vieille, mais rien qui puisse émaner d’elle ne vous inspire la pitié, la peine ou la faiblesse. À vrai dire, les bryophytes et lichens qui parsèment lesdites planches de toutes sortes de couleurs vous apportent un certain contentement, alors que l’harmonie de chaque parcelle de la maison s’offre à vous dans toute sa splendeur. Plus vous approchez, plus vous pouvez observer les détails de l’habitation. Vous avez maintenant grimpé

les trois marches qui vous mènent à la petite galerie présentant la demeure sur un plateau d’argent. Les traces d’ancienne peinture dorée maculent la porte et la balustrade. Une vieille chaise berçante à la structure bien simple semble attendre avec une certaine hâte de servir à un autre corps éreinté. Vous lui souriez en vous excusant, puisqu’aujourd’hui, vous n’êtes pas fatigué. Votre main se pose délicatement sur la poignée de porte, ne voulant point la voir frémir par manque de douceur. Comme attendrie par votre geste, elle vous autorise l’accès à l’enceinte de la maison. Que dis-je! Une maison? Vous voilà plutôt dans un jardin. Dans un soupçon de surprise, vous regardez à nouveau à l’extérieur, pour vous assurer que vous ne rêvez pas. Pourtant, tout est bien réel. La façade ne laisse aucunement transparaître ce qui se trouve derrière sa porte. Mais cela ne vous dérange pas. Vous posez un pied sur l’herbe qui parsème le plancher, et la sentez chatouiller vos orteils. C’est à ce moment que vous vous rappelez avoir omis de mettre des souliers, mais cela vous semble bien futile à présent. Vous vous approchez d’une pierre dont la forme ressemble drôlement à un divan. Encore une fois, vous ne vous asseyez pas; de toute façon, ç’aurait été bien malavisé de votre part! Car sur cette dite pierre se trouvent trois lapins, roulés en boules, qui semblent à peine avoir remarqué votre présence. L’un d’eux lève la tête, et vous pouvez voir dans l’éclat de ses petits yeux noirs qu’il n’a pas peur de vous et que, pour lui, vous êtes simplement un autre habitant de ce petit sanctuaire, qui respectera les lieux comme chacun le fait. Chacun? Oui, car, comme vous avancez encore, l’éclat d’un pelage roux attire votre regard et, à votre droite, derrière un arbuste, se trouve un petit renard, qui vous ignore royalement avant de se diriger vers une petite mare au fond de la pièce, alimentée par un filet d’eau en provenance du plafond. Pièce? Oui, il y a encore des murs. Murs qui sont, cette fois-ci, tous verts de mousse. Étrangement, ce n’est pas trop humide, mais vous ne cherchez pas à comprendre le phénomène. Tout ici semble irréel, alors pourquoi se borner à

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Semaine du 29 septembre chercher des réponses? Aujourd’hui, vous profitez. Un arbre, situé dans le coin de la pièce, étend ses racines et ses branches en épousant la forme de ce dernier. Ses feuilles, tout comme celles de ses congénères vivant à l’extérieur, sont oranges et rouges. Vous ne savez pas de quelle espèce il s’agit. Vous n’en avez cure. Sur une branche siffle ce qui vous semble être une paruline mais, dès que vous posez votre regard sur elle, elle s’envole ailleurs. Comprenant son envie de discrétion, vous changez de sujet d’intérêt et vous accroupissez près de la base

de l’arbre. À vos pieds, des champignons de toutes tailles se dressent fièrement, et il vous vient en tête qu’aussi petits qu’ils soient, ils ont plus de prestance que n’importe quel gratte-ciel. Vous souriez toujours lorsque vous vous appuyez contre ledit arbre, en vous asseyant. L’écorce de ce dernier est étonnement confortable contre votre dos, et vous soupirez d’aise en profitant de l’oiseau qui chante, de l’eau qui tombe constamment. Vous fermez les yeux.

123 Action cégep Voici les activités de l’Asso à surveiller pour les prochaines semaines ! GAÏA Vous aimez pédaler et l’Arctique vous tient à cœur ? Le comité Gaïa vous incite à prendre part au cyclo-tour qui aura lieu le 4 octobre et qui aura comme départ le centre culturel Frédéric-Back. Venez habillés aux couleurs de l’Arctique : bleu et vert ! L’ENVOL Surveillez le dégagé de l’aile G du 6 au 8 octobre : le comité l’Envol y distribuera des tisanes gratuitement. DÉMOS Envie de chiller et de parler de politique ? Le 9 octobre, le comité Démos organise une soirée Bière et Politique ayant comme thème les relations diplomatiques Ukraine-Russie. Un intervenant sera sur place. IMPRO Venez rencontrer les équipes d’improvisation théâtrale le mercredi 15 octobre alors que les deux équipes du cégep, les Voltavômes et les Ignivômes, donneront un match d’enfer où humour et plaisir seront au rendez-vous. ROCK & PABST Se tiendra le premier Jeudi Rock & Pabst cette semaine, le 2 octobre ! Ne manquez pas votre chance de voir les groupes Horizon et Baril-Bourque au Café Wazo ! Entrée à seulement 2$ ! ASSEMBLÉE GÉNÉRALE Il y aura également une assemblée générale le 8 octobre à 12h à la Margelle. Plusieurs sujets dont les frais de bibliothèque de 4-6-8$ y seront abordés. Soyez présents!

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Semaine du 29 septembre

La couche d’ozone en rémission ! PAR GENEVIÈVE GARIÉPY

PAR JUSTINE BABINEAU-THERRIEN Depuis plusieurs années déjà nous nous questionnons sur l’état de la couche d’ozone. Cette protection terrestre qui nous emmitoufle d’un épais duvet, située entre 20 et 50 km d’altitude de la Terre, nous protégeant ainsi de divers rayons nocifs, est au cœur des passions environnementales. Depuis l’avancée, contestée en 1974, de Mario Molina et Franck Sherwood Rowland, qui disait que les chlorofluorocarbures (CFC) pourraient contribuer à une destruction de cette denrée vitale, de nombreux débats furent enclenchés afin de déterminer quelle serait l’action planétaire face à cette possibilité qu’un jour nous soyons dénudés. C’est pourquoi, jusqu’à aujourd’hui, plusieurs spéculations furent énoncées quant à l’avenir de notre planète ainsi qu’au rôle des humains sur l’aspect premier de son anéantissement. Cependant, il nous est difficile de donner l’heure juste sur la situation environnementale puisque les données sont continuellement en changement. Il faut donc se pencher un peu plus sur la question. En 1987, c’est à quelques 300 kilomètres d’ici, à Montréal, que s’engagent 196 pays en tant que signataires à un protocole ayant pour ambition la réduction de manière progressive de la production de CFC. Plusieurs étaient sceptiques, à l’époque, quant à l’efficacité réelle d’une telle mesure, considérant les endommagements déjà visibles alors, particulièrement au niveau de l’Antarctique, de notre couche protectrice. Eh bien, contrairement à l’opinion qui nous est d’emblée inspirée, ce fut considérable puisqu’aujourd’hui, enfin, le 10 septembre dernier, il y eut un premier rapport environnemental positif dans l’histoire de l’humanité ! Le ciel irait mieux. Il faut tout de même faire preuve d’un relativisme cynique. La réalité est que le trou au niveau du Pôle Sud ne s’est bien entendu pas résorbé, mais il n’a pas non plus évolué. C’est donc d’un entrain optimiste que les scientifiques nous prédisent joyeusement que d’ici 2040-

2050, la couche d’ozone devrait avoir retrouvé un niveau de ce gaz la constituant, l’ozone, supérieur à celui de 1980. Chez nos voisins désertiques et glaciaux, on estime plutôt 2060-2070, si, bien entendu, nous n’entamons pas des mesures de destruction massive de l’environnement. La raison qui explique ce délai à un retour à la « normale » planétaire à cet endroit du globe est simple; il s’agissait d’une perte de 28 millions de kilomètres carrés de protection en 2000 ; imaginez son état aujourd‘hui. Puisqu’il était estimé que la couche d’ozone serait en déclin au courant des années futures, l’enthousiasme de ces quelques 300 scientifiques face à cette nouvelle est évident.

Quelle serait la leçon plus globale à en tirer ? Une adhésion de plusieurs nations sous un même objectif peut mener à de réels résultats. Il est clair, cependant, que la partie n’est pas

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Semaine du 29 septembre complètement jouée. Il reste à l’humanité bien des pions à récupérer si nous souhaitons avoir une chance de ne pas finir « échec et mat » avec le destin que nous nous sommes dessiné. L’importance de la couche d’ozone est sans équivoque l’un des faits les plus connus, mais nous ne semblons point considérer la réelle ampleur de la destruction de l’environnement. Pensez-y, il fut un temps où l’idée de cette fameuse crème solaire qui pue était obsolète, puisque la Terre elle-même possédait un écran de protection. Aujourd’hui les cancers se propagent comme les mouches au mois d’août. Puis, contrairement à la croyance populaire, il ne s’agit pas de la seule conséquence engendrée par notre bousillage. Il a été démontré qu’une telle diminution causerait une augmentation des maladies oculaires, un problème au niveau de la photosynthèse des plantes, une augmentation des pluies acides dont les conséquences sont déjà connues, et tellement plus encore. L’union de plusieurs pays était et reste toujours la seule solution afin d’éviter une catastrophe écologique, autant au niveau de la couche d’ozone que de la pollution sous une facette plus générale.

nouvelles idées, avec un nouveau parti qui promeut un nouveau concept développé par René Lévesque, la souveraineté-association.

Nous possédons une chance incroyable de pouvoir assister à tous ces changements. Cependant, la situation, même si elle est améliorée, n’est pas parfaite. Les CFC sont toujours présents dans l’atmosphère et bien entendu sont toujours utilisés dans certains pays. Puisque ces gaz fastidieux possèdent une durée de vie qui oscille entre les 65 et 120 ans, ils sont extrêmement difficiles à éliminer pour de bon. C’est pourquoi il faut que les gouvernements des grandes puissances aident les pays en voie de développement à les éliminer complètement, autrement, ils seront malheureusement toujours présents. C’est à nous que revient la tâche encombrante d’agir afin de rendre le monde, disons, plus vivable. clenchent une élection sous le thème « Maîtres chez nous ». Prendre possession des ressources et richesses du Québec : voilà ce que proposent Lesage et Lévesque à la population.

De fil en aiguille, il fonde le Parti Québécois (1968), dont il est élu président, et celui-ci prend de l’importance, la souveraineté-association gagnant l’appui de personnalités importantes telles que les légendaires Gilles Vigneault, Félix Leclerc, Yvon Deschamps, Sol (Marc Favreau) et Pauline Julien. Le référendum est finalement prévu pour le 20 mai 1980 et la campagne référendaire se passe bien : le camp du Oui monte en flèche, le PQ est en confiance.

Non seulement l’Équipe du tonnerre est réélue, mais sa majorité est augmentée. Le peuple envoie un message clair : maîtres chez eux, ils veulent le devenir, et avec les Libéraux à leur tête. C’est un premier triomphe public pour le nouveau ministre. Le projet se réalise malgré une résistance importante de la part des compagnies d’hydroélectricité qui, disons-le, faisaient pas mal d’argent avec les rivières. Les résultats sont extrêmement concluants : l’argent généré par la production d’électricité revient directement au Québec au lieu d’aller dans les poches des compagnies privées; des milliers d’emplois sont créés; le système est rendu plus efficace grâce à une administration commune; les prix de l’électricité baissent et – c’est exceptionnel pour une compagnie d’une telle envergure – sur les chantiers, tout se passe en français. Un pas en avant pour le Québec : peu à peu, René Lévesque fait ses preuves. Plusieurs années passent, il est réélu, puis battu, continuant dans la mesure du possible à moderniser le Québec partout où il en a le pouvoir. Il ne se laisse pas marcher sur les pieds et il reste un homme de convictions, même lorsqu’il n’est plus à l’Assemblée nationale. Bientôt, par contre, il y retournera avec de

C’est quoi ça, la souveraineté-association? En gros, c’est un principe selon lequel le Québec récupère les pouvoirs et le droit de percevoir ses impôts, tout en gardant la monnaie canadienne et des institutions économiques communes avec le Canada. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’avant lui, l’idée de séparatisme était plutôt radicalisée : régnait, par exemple, une haine des anglophones assez violente, et des groupes séparatistes ont revendiqué des attentats terroristes – oui, des vrais, comme mettre des bombes dans des boîtes postales et kidnapper du monde (c’est d’ailleurs un de ces groupes qui enleva et tua Pierre Laporte, ami de René Lévesque, pendant la Crise d’Octobre, en 1970). Le Mouvement pour la Souveraineté-Association qu’il fonda lorsqu’il quitta le Parti Libéral, qui refusait de discuter de ce principe, était donc le premier à être démocratique.

Cependant, le gouvernement fédéral, Pierre Elliot Trudeau en tête, refuse de voir une victoire du Oui : il entame donc une campagne contre-référendaire en collaboration avec l’opposition du provincial, qui fut qualifiée de « campagne de peur » et qui, on le soupçonne, s’est harmonisée de commodes détours et contournements de la loi, de coups bas et de déloyauté : le Parti Québécois, le camp du Oui, a récolté les fruits de son intégrité – ça m’attriste de le dire, presque autant que j’en suis fière – et le référendum de mai 1980 a été perdu. En terminant, car je crois que c’est une des meilleures illustrations de l’amour qu’il a porté au Québec, de son honnêteté et de sa ferveur et qu’il suffit d’entendre quand il parle le nœud dans sa gorge pour éliminer tout doute à propos de sa sincérité, je suggère à chacun d’écouter le discours (facile à trouver sur YouTube) que cet illustre premier ministre a prononcé devant ses partisans le 20 mai 1980, après la défaite du Oui. Si jamais j’ai réussi ici à faire ce que je voulais faire, tu devrais avoir le goût d’en savoir un peu plus sur cet homme du peuple, qui a servi, respecté et écouté le peuple jusqu’au bout, premier ministre qui fût affectueusement surnommé Ti-Poil à cause de sa coupe de cheveux qui défiait toutes les lois. Si oui, pis que t’as déjà lu sa page Wikipédia, je te conseille la série René Lévesque (elle est sur YouTube aussi!), qui donne une perspective unique et historique sur sa vie, son entourage et ses actions politiques, et qui en plus est vraiment moins plate qu’un cours moyen!

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Semaine du 29 septembre

Mommy dans la mire d’un mangeur de maïs

PAR RAPHAËL CÔTÉ-VACHON Eh bien oui, cette semaine, pour mon tout premier article, j’ai décidé de me faire spécialiste du septième art. Ah! N’allez pas croire que j’assumerai la fonction de critique dans les parutions à venir; je m’autorise cette semaine à partager mon expertise d’amateur, mais il faut dire que l’occasion est toute spéciale. La sortie québécoise du plus récent film de Xavier Dolan, coïncidant avec la quatrième édition du Festival de Cinéma de la ville de Québec, j’ai décidé de renouer avec la culture cinématographique. Je suis donc allé remplir des crics et des cracs d’un maïs soufflé bien beurré l’une des salles de projection du Clap, afin de me faire enfin une opinion sur le chouchou du jury cannois. Le visionnement de Mommy ayant été une expérience au moins aussi riche au plan cinématographique qu’au plan gustatif, je devrai mettre de côté le second pour me consacrer au premier. Comme le suggère son nom, le plus récent projet de Xavier Dolan aborde, à l’instar de son film J’ai tué ma mère, la relation mère-fils. Néanmoins, cette fois, le cinéma de Dolan ne se manifeste plus comme une vengeance envers la figure maternelle. Au contraire, le jeune cinéaste écrit pour Anne Dorval le rôle d’une mère courageuse, digne et résiliente. Ce personnage, nommé Diane et surnommé D.I.E, doit assumer la charge de son fils Steve, âgé de 15 ans et atteint d’un puissant trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH), en plus d’un trouble de l’attachement, délinquant violent au comportement social inadapté que les institutions traditionnelles refusent désormais de prendre en charge. Pleine d’espoir, Diane est décidée à ne pas laisser son fils tomber entre les mains des prisons pour mineurs et prend le pari de l’élever seule, sans l’éducation nécessaire pour l’instruire. Elle recevra toutefois l’aide inespérée de Kyla (Suzanne Clément), la voisine d’en face, une enseignante en congé

sabbatique qui subit les séquelles d’un choc traumatique. Malgré un caractère diamétralement opposé aux leurs, Kyla formera avec Diane et Steve un trio inséparable, certes chaotique, marqué par une forme de désordre, d’anarchie, et menacé sans cesse par le fils qui s’apparente à une bombe à retardement, mais lié par la rupture de leurs liens avec le monde extérieur et soutenu par l’amour inconditionnel qu’ils se portent. Soyons honnête, les personnages de Mommy sont plus grands que nature : il suffit d’écouter l’un deux parler pendant un instant, d’observer les costumes de la mère ou les expressions faciales du fils, et on s’en rend compte bien assez vite. Il est donc encore plus grandiose de constater toute l’humanité que donne à ces personnages la distribution all-stars dirigée avec brio par Dolan et de se laisser prendre à compatir profondément avec ces êtres extrêmes. Pour parvenir à ce résultat impressionnant, le réalisateur reprend le format 1 :1, ou Instagram, qu’il avait expérimenté l’an dernier pour le clip «College boy» d’Indochine et que vous aurez sans doute remarqué dans les bandes-annonces. Ce format, habilement maîtrisé, offre à la fois une expérience visuelle rafraîchissante et beaucoup moins de liberté au regard de l’auditoire. En effet, l’étroitesse de l’écran permet de cadrer parfaitement les visages et, au besoin, de confiner le spectateur dans un espace très intime, sans vide vers lequel détourner le regard. Malaise garanti, à tout coup: l’expérience est poignante. En vérité, c’est là la grande force de Mommy, cette capacité de transmettre une multitude d’émotions par le son, l’image et l’expression, de l’extase à la haine, la tristesse ou la peur et d’un léger malaise au bonheur paisible, tout cela malgré la montagne russe émotionnelle que propose le scénario. Le cinéma de Xavier Dolan se démarque par son lyrisme et cette œuvre ne fait pas exception. On observe

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Semaine du 29 septembre néanmoins une maturité nouvelle dans le traitement esthétique et émotif du film, les envolées lyriques sont plus contrôlées et, si elles causent par moment certaines longueurs qui nuisent au rythme de la narration, elles s’intègrent à merveille dans le portrait psychologique des personnages. Mes éloges ont des limites toutefois, et ce film également. J’ose reprocher à Dolan le contexte dans lequel il place son œuvre. Alors que les personnages sont criants de vérité et que les thèmes abordés sont tout-à-fait pertinents, on précise dès le début de la projection que l’histoire a lieu dans un futur proche où une loi nouvelle permet aux parents de confier leurs enfants à problème à un hôpital près de chez eux sans explications. Il était brillant de la part de Dolan de poser dès le début une ombre cynique que traîneraient les personnages tout au long du récit, comme pour rappeler que l’espoir n’est qu’illusion. Par contre, les enjeux traités souffrent de ce prétexte inutile, de ce «en supposant que» apposé devant le postulat de vraisemblance de l’œuvre, et toute la pertinence que lui confère un choix d’enjeux aussi courageux s’en voit blessée. Il ne faut pas, tout de même, que cela freine votre envie de courir jusqu’au Clap à votre prochaine pause, car l’impertinence des premiers instants du film est bien vite oubliée. Après tout, il s’agit principalement d’un film, non d’un documentaire sociologique.

«Pourquoi te préoccupes-tu donc autant de remplir les cinémas, Raphaël?» me demandez-vous. Eh bien je vous répondrai que c’est d’abord parce que vous allez adorer, mais aussi parce que, cette fois, Xavier Dolan et toute son équipe l’ont bien mérité (à moins qu’on ne m’accorde d’ici là de redevances sur les ventes de maïs soufflé). Bien des cinéphiles qui connaissent mieux que moi le cinéma en général et celui de Xavier Dolan en particulier vous confirmeront que Mommy est fort probablement son chef-d’œuvre. En plus, le film montre une volonté marquée de rejoindre le grand public québécois. Mommy est dépourvu de la militance homosexuelle qu’on reproche souvent à Xavier Dolan, et le cinéaste a épuré le style de sa réalisation afin que le résultat soit accessible aux cinéphiles en général, plutôt qu’exclusivement au jury de Cannes. Également, dans Mommy, Dolan porte un regard charmant sur la culture québécoise des milieux défavorisés (le niveau de langue utilisé est remarquablement bas et grossier, l’accent est bien assumé et le texte manipule de façon comique et fort sympathique le parler de chez nous), qui n’est pas sans rappeler le style qui a valu à Michel Tremblay sa popularité. Bref, c’est un film québécois, assumé comme tel, et il vaut tout-à-fait le déplacement (surtout que le Clap, c’est vraiment pas loin). Je souhaite donc à Xavier Dolan le plus grand succès dans les salles du Québec et la meilleure des chances aux Oscars, et à vous plein de maïs soufflé bien beurré.

Saviez-vous que ?

En 2013, le gouvernement ukrainien a refusé de se joindre à l’Union Européenne, ce qui a mené des gens à se révolter. Une partie de l’Ukraine nommée la Crimée voulait son indépendance et se rattacher à la Russie. Cette dernière était en accord. Le gouvernement ukrainien s’est révolté contre cette mesure, ce qui a mené à une guerre entre le gouvernement ukrainien et les pro-russes. En 2014, un avion de ‘’Malaysia Airlines’’ a été abattu en plein vol, et, depuis ce temps, les deux camps s’accusent mutuellement d’avoir causé ce désastre. Le conflit s’amplifie de plus en plus.

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Semaine du 29 septembre

L’oublié des Balkans Pays Slovénie

Capitale Ljubljana

Superficie 20 273 km2

Population 2 000 092

Langue Slovène

Monnaie Euro

PAR VÉRONIQUE MIGUÉ « Pis, la Lettonie ? », « Hey, comment c’était finalement la Slovaquie? », « Tu vas où déjà? Lituanie ou Estonie, donc? », sans oublier mon patron qui, en me donnant la permission de m’évader deux mois : « Quess tu vas faire dans un d’ces pays d’marde là? » C’est en informant les gens autour de moi de mon départ que j’ai réalisé à quel point la Slovénie était un pays largement méconnu. ET POURTANT!!! Si je dédie mon premier article dans l’Éclosion à ce paradis plein de beauté et de mysticisme, ce n’est pas pour me flatter ni me vanter de ma marginalité (même si je le fais), mais bien pour faire connaître cette destination aux mille atouts. Un peu d’histoire Pour faire ça court (parce que croyez-moi, il le faut, vous irez voir sur Wikipédia), on va commencer après la première guerre mondiale, soit après les puissantes invasions des voisins des Slovènes qui se sont arrachés le pays à moult reprises. En 1918, le régime politique austro-hongrois qui dominait la Slovénie s’effondre en raison de leur défaite à la guerre. S’ensuit une période assez instable au cours de laquelle la Slovénie connaît plusieurs républiques et royaumes différents, pour finalement intégrer la République fédérative socialiste de Yougoslavie en 1945. De fil en aiguille, des partis d’opposition naissent en réponse aux évènements désagréables, menant la population à un référendum sur l’indépendance en 1990. Ce dernier est remporté à 89%. Toutefois, il ne fait pas le bonheur à l’unanimité : en représailles, Belgrade dépouille la nouvelle Slovénie de 2 milliards de dollars et l’armée yougoslave tente une courte guerre en 1991 (heureusement, la défense territoriale est du tonnerre et le conflit se termine après 10 jours et quelques morts seulement.)

de démantèlement, un passé récent plus que mouvementé, des antécédents communistes, la Yougoslavie à ses trousses et un déficit de 2 milliards. Cool. Pourquoi y aller? Il est vrai qu’avec ce que je vous en ai dit jusqu’ici, la question se pose… mais l’histoire tumultueuse de la Slovénie n’a pas eu que des désavantages : imaginez un pays où des cultures différentes se sont succédé de décennies en décennies et où l’identité nationale a été façonnée par des empires, des royaumes et des républiques aux idéologies divergentes. En plus, coincée entre l’Italie, l’Autriche, la Hongrie et la Croatie, on comprendra que la Slovénie est un véritable bassin de cultures qui ne cesse de surprendre et d’épater. Outre sa richesse culturelle, ce pays des Balkans (qui ne l’est qu’à 27%, soit-dit en passant – attention, ne dites surtout pas aux Slovènes qu’ils font partie de l’Europe de l’Est, qui, pour eux, commence à la frontière croate) a à offrir un panorama totalement incroyable. La variété des paysages est sans conteste, selon moi, ce qui frappe le plus en Slovénie. La côte (si vraiment on peut l’appeler comme ça) Si vous observez bien la carte, la Slovénie a elle aussi droit à sa petite part d’Adriatique. Longue de 46,6 maigres kilomètres, la côte slovène ne déçoit pas pour autant. Les petites villes portuaires aux accents vénitiens, dont Koper, Izola et Piran, détiennent un charme indescriptible. On peut y errer toute la journée, passant des étroites rues pavées à de vastes plages où il fait bon se prélasser. Le poisson y est excellent et le vieux slovène qui le vend est charmant.

Nous voilà donc avec une Slovénie indépendante : des siècles 007


Semaine du 29 septembre La capitale On rencontre beaucoup de gens en Europe qui voyagent pour les grandes villes et passent rapidement d’un endroit à un autre. Si vous êtes de ces gens-là, bin… vous triperez pas Ljubljana. Pour vraiment comprendre et vivre la vibe décontractée de la capitale, quelques jours s’imposent… Il faut flâner sur les trois ponts iconiques du centre-ville, traîner (squatter le wifi) dans un café, visiter le « central park », faire un tour au musée d’art contemporain et boire une bière ou deux ou six dans un des rares pubs qui ferme après minuit… Le nord-ouest C’est là que se cachent tous les trésors naturels de la Slovénie. En plus d’y régner une atmosphère reposante et tonifiante, les paysages des lacs de Bled et de Bohinj sont à couper le souffle. Il y a aussi le mont Triglav, le plus haut du pays (2864 m), dont l’ascension est obligatoire pour tout Slovène qui se respecte. On dit que la difficulté du parcours est vite oubliée une fois au sommet. Un peu plus à l’ouest coule la Soča, qui serpente jusqu’au Golfe de Trieste. Cette rivière glacée d’un bleu qui défie l’imagination est source de méditation, de contemplation, mais surtout d’activités extrêmes (si votre budget vous le permet, ce qui n’était pas mon cas). Évidemment, on y trouve aussi des gorges et des chutes moins accessibles à ceux qui n’ont pas d’auto, mais

pour lesquelles il vaut la peine de s’installer au bord de la route et de poiroter le pouce en l’air. Pour les amateurs de plein-air qui doivent être déjà en train de frémir et d’ajouter « Slovénie » sur votre liste de recherches Google à faire, je vous le confirme : le nord-ouest du pays est à ne manquer sous aucun prétexte. Dernier blitz si vous n’êtes pas encore convaincus En plus de tout ce que j’ai déjà dit (ça devrait être assez), la Slovénie coûte pas cher, les gens sont chaleureux et accueillants, tout le monde parle au moins un peu anglais, le pays est tellement petit que les transports d’un endroit à un autre coûtent des peanuts, la pizza et la bière locale sont délicieuses, les filles sont belles, les gars sont beaux, il fait soleil, tu peux laisser ton cellulaire charger dans les toilettes du camping toute la nuit sans craindre de te faire voler tellement y’a personne de méchant, pis, en plus, t’es même une attraction pour les Slovènes qui comprennent pas que des Canadiens peuvent s’intéresser à eux. J’espère sérieusement vous avoir persuadés d’aller voir de quoi ça a l’air, pis, au pire, si vous aimez vraiment pas ça, la plus longue distance que vous pouvez faire pour sortir de la Slovénie c’est l’équivalent de Québec-Montréal. Et pour ceux qui veulent même pas essayer, je vous souhaite une belle semaine à Old Orchard l’été prochain.

Les fées ont toujours soif

PAR MARION OUELLET-IMBEAU

surtout au travers de Madeleine la prostituée (Lorraine Coté). On y parle de violence conjugale et de viol et l’on va droit au but, les personnages nomment les choses, « j’ai été violée », ils expliquent le déroulement du procès et l’humiliation subit par la victime parce que « violer une pute, c’est pas violer».

J’ai étudié un an en théâtre, bien sûr on nous a parlé des fées ont soif. Je m’étais promis que si ce texte était joué à Québec, j’irais. Promesse tenue. Le 18 septembre au soir, je rentre dans la salle du théâtre de la bordée avec des attentes, je vais voir les fées ont soif de Denise Boucher. Ce texte marquant du féminisme au Québec. Le dernier texte avoir fait l’objet d’une tentative de censure en 1978. Lors de la création de cette pièce, le théâtre du Nouveau Monde a perdu des subventions à cause du contenu du texte, des manifestations étaient organisées pour stopper les représentations, la pièce fit tout de même un triomphe. C’est ce que révèle le reportage présenté en ouverture. Une excellente introduction qui permet au spectateur de mettre la pièce en contexte.

C’est un texte puissant et cru qui nous offert par les comédiennes Lorraine Coté, Marie-Ginette Guay et Lise Castonguay. Le metteur en scène Alexandre Fecteau s’est aussi permis d’ajouter des textes écrits par Rabii Rammal, qui s’intègrent étrangement bien dans le texte original. Il a aussi permis aux comédiennes de laisser tomber les personnages une fois chaque une pour offrir des hommages à des femmes qui les ont marquées ou pour dénoncer quelque chose qui les énerve. Les trois comédiennes d’expérience nous offrent une excellente performance, surtout Lorraine Coté, elles habitent la scène et vivent le texte. Les costumes ressemblent à des bandages élastiques et à des attelles couleur peau. On dirait presque leurs corps entiers ont besoin de soutien, comme si être femme était un handicap. Les décors sont composés de deux écrans, sur lesquels la statue (Marie-Ginette Guay) nous parle et où le reportage est projeté au début, et deux passerelles blanches, le reste de la scène est couvert de bâches noires en plastique. C’est simple, mais efficace, cela permet au spectateur de se concentrer sur le texte. La mise en scène d’Alexandre Fecteau vous réserve bien d’autres surprises, mais vous allez devoir les découvrir par vous-même. Je recommande chaudement cette pièce, ne serait-ce que pour son aspect historique et la performance des comédiennes. Vous avez jusqu’aux 11 octobre 2014 au théâtre de la bordée.

Même si le texte à presque 35 ans, il demeure incroyablement actuel. On y parle du rôle de la mère, qui s’occupe des enfants, de la maison et qui sert son mari. On y parle aussi de la sexualité, 008


Semaine du 29 septembre

Une semaine de la DÉMYSTIFIONS mode à QuéLE FÉMINISME bec… ou presque ! PAR SARAH TARDIF

PAR MARIANA GARIÉPY

Mesdemoiselles et messieurs, non, vous n’avez pas rêvé le titre ci-dessus ! Pour les amateurs de style, c’est une excellente nouvelle que de voir les designers d’ici s’organiser entre eux pour faire briller la mode québécoise. Depuis des années, maintes personnes dans le domaine tentent d’organiser une Fashion Week selon le même modèle que celles que nous voyons à travers le monde. Nous n’avons qu’à penser, entre autres, à NewYork, Paris, Milan, Sydney, Toronto… même Montréal en présente une! Mais alors, pourquoi pas Québec ? Une forte majorité de gens, dès qu’ils entendent parler de mode québécoise, usent de ce que j’appelle le « jugement patchwork » : c’est tout simplement penser que les créations qu’offrent les designers d’ici sont dignes des tricots et des vieux vêtements de votre grand-mère! Sauf que pour rendre ces ouvrages achetables, les créateurs auraient ajouté des motifs, des jeux de textures et même parfois, des petites folies telles que des boutons et de la fourrure recyclée. Qui n’a jamais rêvé d’avoir des rapiéçages de tissus carottés, des boutons agencés et du poil de lapin sur le col de son manteau? Ce serait parfait pour la température des classes du CÉGEP, non!? Eh bien, si vous pensiez ceci de la mode québécoise, vous vous êtes fourvoyé. Oubliez le patchwork et le poil de lapin et mettons fin aux préjugés! Notre ville déborde de designers de talent qui savent plaire à tous les goûts ainsi qu’à tous les âges. D’ailleurs, comme le dit le titre de cet article, une mini-semaine de la mode se dessine dans la Capitale-Nationale du 29 septembre au 4 octobre prochain. C’est dans l’espace de quelques jours que des designers de la région ont décidé de mettre en scène leur collection de prêt-à-porter automne-hiver 2014-2015. Il y aura donc plusieurs dates à mettre à votre agenda si vous êtes curieux de découvrir cet environnement artistique ou simplement, si vous avez besoin de refaire votre garde-robe! On commence en force le 29 septembre prochain avec la compagnie Jax N’Joe par Gabrielle Desgagné. Le mélange du cuir et de la transparence a toujours été très présent dans ses créations antérieures. La particularité de ses leggings de cuir − qui ont été portés par des personnalités québécoises célèbres − a fait sa renommée. Toutefois, cet automne, sa collection propose un mariage entre le sexy et le confort… Ça risque d’être plutôt intéressant, mesdames! Il est également à noter que cette designer vient de remporter le prix de la collection « Coup de cœur » de l’événement NDUSTRI qui se tenait à Montréal au début du mois. Le défilé aura lieu à 19h30 à la Baie de Beauport et les billets sont disponibles sur son site internet : jaxnjoecollection.ca .

Dès le lendemain, on passe de la femme fatale à celle plus un

peu plus conventionnelle (attention : conventionnelle ne veut pas dire que les vêtements seraient parfaits pour votre mère!) En effet, le 30 septembre, c’est la designer Marie Dooley qui vous convie au lancement de sa collection Automne-Hiver. Oeuvrant dans le domaine depuis 1986, Marie Dooley a créé plus de 50 collections ! Sa polyvalence et son talent remarquable ont fait d’elle une griffe clé à Québec, qui offre autant du prêt-à-porter que des robes d’occasions spéciales comme pour un bal ou un mariage. Vous êtes donc invité au défilé qui prendra place restaurant Table sur la rue Saint-Joseph. Les billets sont en vente à la boutique, située au 3, boulevard René-Lévesque Est.

Par la suite, c’est le 2 octobre que l’étudiante de l’École de Mode du CNDF Katherine Tessier nous présente sa toute première collection! La designer de 19 ans est une passionnée de mode et elle espère fortement se tailler une place dans le domaine avec son défilé qui présentera des créations inspirées des croisières. Si vous voulez encourager la relève et une créatrice émergente de talent, c’est un rendez-vous à 18h15, à la Baie de Beauport également. Vous pouvez obtenir vos billets par l’intermédiaire de la page Facebook « Katherine Tessier Vêtements ». Pour finir en beauté cette semaine de défilés, la griffe Cœur de Loup nous présentera, le samedi 4 octobre, sa ligne de vêtements pour la prochaine saison. La campagne photo sortie il y a peu de temps nous confirme l’influence des couleurs chaudes et du rétro. CDL est la ligne de vêtements imaginée en 2010 par la talentueuse Natalie Jourdain. Ses dernières collections sont reconnues pour leurs coupes qui mettent en valeur la silhouette de tous les types femmes, avec une touche féminité et des tissus choisis avec soin. C’est à la salle Multi du Méduse que l’événement se déroulera et vous pouvez acheter vos billets en prévente sur coeurdeloup.ca.

Bref, n’hésitez surtout pas à aller jeter un coup d’œil aux collections qui seront présentées du 29 septembre au 4 octobre 2014. Voir plus de personne porter des vêtements beaux, confortables et faits entièrement chez nous, ce serait encourager l’évolution de la mode québécoise et dire adieu au stéréotype du patchwork ainsi qu’aux manteaux de poils de lapin! Ahah! 

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Semaine du 29 septembre

Intégrer... en isolant

PAR BRIGITTE CANTIN Depuis 1999, après avoir été désigné par le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles (MICC), le Cégep de Sainte-Foy offre des cours de francisation aux personnes immigrantes. Or pour quel but précis? Si c’est pour intégrer les immigrants le plus rapidement possible, ils ont pris une bien mauvaise décision en les regroupant dans un pavillon en marge du reste des étudiants du Cégep, et par le fait même, en marge du reste de la société même. C’est le Programme d’intégration linguistique des immigrants (PILI) qui a été créé à la suite de la désignation du Cégep par le MICC comme établissement officiel de francisation. Selon la Loi sur l’immigration au Québec, l’immigrant devrait : a) Acquérir le plus rapidement possible les compétences langagières en français et b) S’intégrer en s’appropriant les codes culturels et les valeurs propres à la société d’accueil afin de participer activement à son propre processus d’intégration. Or ceci est paradoxal puisque tous les immigrants en francisation du Cégep de SainteFoy se retrouvent isolés dans le pavillon P. Comment voulez-vous intégrer des immigrants alors qu’ils sont mis à l’écart du reste de la société? Le 17 septembre dernier, une activité a été organisée au Cégep pour permettre aux immigrants et aux Québécois d’échanger en français. J’y ai fait la rencontre de 3 immigrants colombiens arrivés il y a 7 mois au Québec. Ils ont quitté leur pays dû aux mauvaises conditions de vie qui sévissent là-bas et aimeraient maintenant faire partie de la société québécoise. En effet, ces Colombiens m’ont fait part de leur désir d’être mélangés avec le reste du Cégep pour en apprendre plus sur la société québécoise et pour y rencontrer des Québécois. J’ai trouvé en effet qu’il devait être difficile pour eux d’avoir l’impression de faire pleinement partie de la société québécoise alors qu’on les regroupait

dans une sorte de « ghetto », mis à part des autres étudiants du Cégep. En plus de cet isolement, ces immigrants colombiens m’ont expliqué les cours qu’ils suivaient. Du lundi au vendredi, ils ont des cours de français. Toute la journée. Tous les jours. Toute la session. Certes, il est important qu’ils se concentrent sur l’apprentissage du français puisqu’ils viennent d’arriver au Québec, mais il serait également important, après quelques sessions de français intensif, qu’ils aient des cours d’histoire du Québec, par exemple, ou encore sur la culture et la politique québécoise. Ils pourraient même partager ces cours avec les autres étudiants du Cégep qui les suivraient. Pourquoi ne pas faire d’une pierre deux coups? Je crois que cela pourrait être bénéfique autant pour les immigrants que pour les Québécois, puisque cela leur permettrait d’en apprendre plus sur les autres cultures, d’être plus ouverts d’esprit quant aux différences culturelles et de favoriser l’entraide. Il faudrait qu’un immigrant cesse un jour de se faire appeler « immigrant ». Un immigrant ayant appris le français et ayant adopté la culture et les valeurs québécoises ne gagnerait-il pas le droit de se faire appeler « Québécois »? Après avoir laissé sa famille, sa culture, son origine, après avoir tout abandonné en quête d’une meilleure vie, ne serait-il pas convenable d’accepter l’« immigrant » dans notre société? Puisque somme toute, ne sont-ce pas ces mêmes gens qui, éventuellement, seront des voisins, des patrons, des amis, de la famille et qui feront tourner notre économie? Et pour favoriser leur intégration, le meilleur moyen est évidemment de leur apprendre le français, mais également de les initier à notre culture et à nos valeurs en les acceptant parmi nous : il faut les intégrer… sans les isoler.

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Semaine du 29 septembre

Je me souviens : Lise Payette « Il faut, il faudra plus de femmes en politique active. Ce n’est que par le nombre que nous aurons prise sur le pouvoir quel qu’il soit. La société ne peut se bâtir sans l’apport de 52% de ses cerveaux, ou elle sera condamnée à être monstrueuse parce qu’incapable de refléter la réalité. Les femmes ne prendront le pouvoir que pour le transformer. Autrement, il n’a pas de sens. »

PAR GENEVIÈVE GARIÉPY Lise Payette, lorsqu’elle est élue en 1976 avec le Parti Québécois de René Lévesque, est la troisième femme à qui on confie un ministère au sein du gouvernement du Québec, après Thérèse Casgrain et Lise Bacon. C’est aussi la première à se dire féministe. À ce moment, l’appellation est confuse : madame le ministre ou madame la ministre? Il y a si peu de précédents qu’on n’a pas encore pris le temps de se pencher sur la question. Peu de précédents et peu d’ouverture, ainsi qu’en témoignera la suite de sa carrière; quand le nouveau premier ministre du Québec lui attribue le ministère des Consommateurs, Coopératives et Institutions financières, elle contient une certaine frustration, car elle se rend bien compte qu’on lui refile le seul poste qui était occupé par une femme dans le gouvernement précédent. De surcroît, le ministère se trouve dans un édifice… rose! C’est à se demander si Lévesque n’a pas été influencé par la couleur de la façade… Pourtant, pionnière, représentante de la plus grande minorité du monde, elle n’a pas le temps de s’en inquiéter bien longtemps : elle doit faire face aux nombreux défis qui accompagnent son nouveau poste. Elle le fera honorablement et sans attendre : en effet, pendant la campagne électorale, le Parti Québécois a promis à l’électorat une réforme de l’assurance automobile (alors lieu de toutes les abominations), vieux dossier qui traîne dans son nouveau bureau de l’édifice rose depuis quelques années, entre autres parce que les assureurs ne tiennent pas à changer leurs manières et qu’ils ont, jusqu’à l’arrivée du PQ au pouvoir, une influence importante sur le ministère concerné. Qu’à cela ne tienne, alors que ses collègues masculins paradent devant les caméras, madame Payette se fait discrète mais non moins efficace, constitue une équipe (dans laquelle se retrouve notre chère Pauline Marois!) et commence sans délai à travailler sur un projet de loi pour que les accidentés de la route reçoivent, rapidement, des compensations pour leurs blessures et pour les bris matériels. Ce ne sera pas tâche facile : notre ministre sait très bien qu’en tant que femme – seule femme – au conseil des ministres, elle a

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un statut différent; pour qu’on l’écoute, elle va devoir se battre, aussi pertinentes soient ses idées; elle devra faire ses preuves pour espérer obtenir un minimum de respect de ses collègues. Ainsi, s’appropriant le dossier, y mettant énormément du sien, se faisant attaquer par les compagnies d’assurance automobile par des moyens détournés (telles des publicités où on peut lire : « Lise Payette est une menteuse… Lise Payette veut vous voler »), la ministre doit aussi se battre contre les membres de son propre parti. Elle en devient malade, se sent constamment en guerre, sait qu’on la surveille de très près parce qu’on ne lui fait pas confiance; l’affaire traîne bien plus longtemps qu’elle ne le devrait car on s’oppose avec ferveur à ses projets au sein du PQ; c’est lors d’un conseil des ministres que ses collègues la bombardent pendant trois heures de questions et d’objections et que, finalement, après qu’elle ait fait preuve d’un calme et d’une patience exemplaire, le premier ministre Lévesque tranche en faveur du projet de loi. C’est d’ailleurs elle qui prend l’initiative – initiative que je trouve magnifique – de changer l’inscription sur les plaques d’immatriculation : au lieu de « La Belle Province », on pourra maintenant y lire « Je me souviens ». Elle affirme par là ce qu’elle veut pour le Québec. C’est une première victoire pour cette femme politique à la tête dure, mais une victoire qui ne sera pas suffisante pour lui donner le même statut, alors plus respectable, ou disons plutôt respecté, qu’un « homme politique ». On continue donc, à l’Assemblée nationale, de qualifier des haussements de ton d’ « états d’âme », alors qu’on parle chez un homme de convictions fortes, de détermination. Chose intéressante, c’est René Lévesque, être pourtant admirable que je vous ai allègrement vanté dans la dernière parution (et je ne regrette rien), qui se permet cette appellation. Il lui dit également, comme si c’était tout à fait naturel, que jamais on ne lui offrira un ministère important tel que le Travail ou l’Éducation. Autant de faits qui témoignent de la réalité hostile dans laquelle une femme évolue dans le milieu politique des années 70.


Semaine du 29 septembre

Par contre, la loi de protection du consommateur, sur laquelle elle bûche courageusement du haut de son édifice rose, passera beaucoup plus facilement auprès de la population, de ses collègues et de l’opposition. On peut croire que, grâce à la victoire de l’assurance automobile, elle a finalement obtenu un peu plus de considération…

fait la vaisselle avec plaisir, qui est douce, gentille… Puis, dans un élan de cœur, elle dit que Claude Ryan, alors chef de l’opposition, c’est en plein le genre d’homme qu’elle haït, le genre d’homme qui voudrait un Québec rempli d’Yvette… Et qui est d’ailleurs marié à une Yvette!

En parallèle, René Lévesque donne à Lise Payette une responsabilité qu’elle prend énormément au sérieux en la nommant ministre responsable du Conseil du statut de la femme. Le poste était précédemment occupé, sous le gouvernement de Robert Bourassa, par deux hommes successivement, qui le bâillonnaient bien plus qu’ils ne travaillaient avec lui.

Cette déclaration cause un tollé incroyable et, bientôt, 15 000 « Yvette » se rassemblent au Forum de Montréal, manifestant leur mécontentement et leur désaccord quant à l’association implicite entre la femme émancipée et le camp du Québec émancipé : 15 000 femmes qui voteront Non le 20 mai 1980. Un peu ironique pour Payette qui a toujours invité les femmes à manifester et à s’affirmer que d’en voir autant mobilisées… contre elle!

En 1978, le Conseil livre au premier ministre un document intitulé Pour les Québécoises Égalité et indépendance. Il est endossé : le gouvernement s’engage à travailler à l’égalité et l’indépendance. C’est un énorme pas en avant. Madame Payette s’attaque sans relâche aux préjugés, ainsi qu’elle l’a toujours fait, mais elle a maintenant un nouveau bras de levier en tant que ministre responsable : elle participe à faire publier une ordonnance sur les congés de maternité, à faire adopter une loi sur les services de garde, à organiser des colloques sur la violence conjugale.

Malgré tout, elle remonte la pente, regagne sa réputation par le biais de tournées et des discours à travers la province, à la veille du référendum. Cependant, celui-ci perdu, elle finit par se retirer de la politique : elle n’est plus en harmonie avec les objectifs du Parti Québécois, qui négocie avec le fédéral pour essayer de pêcher quelques avantages pour le Québec en tant que province. Elle a besoin de s’émanciper de nouveau, de retrouver sa voix, de parler de souveraineté, de parler de la condition des femmes, et elle ne considère plus pouvoir le faire au PQ.

Elle a la cause féministe à cœur et elle ne se lassera pas de dire aux femmes qu’il faut qu’elles aillent en politique, qu’elles puissent être autre chose – pas nécessairement exclusivement autre chose, mais que ce soit possible – que des mères, des épouses à temps plein.

Elle continue donc à s’engager, entre autres choses, en écrivant des téléromans qui dénoncent le sexisme, par exemple, et en signant des articles dans Le Journal de Montréal puis dans Le Devoir. Toujours franche, souvent acerbe, jamais elle ne se censure et elle continue de toucher les Québécois par une honnêteté rafraîchissante.

C’est dans le cadre de cette croisade contre les préjugés et le sexisme, alors que le référendum de mai 1980 se prépare et qu’elle traverse le Québec pour promouvoir le Oui, que la ministre Payette se concentre sur le message qu’envoient les livres d’école et qu’elle commet ce que certains appelleront sa plus grosse erreur, ce que je préfère appeler un petit accident de parcours sur lequel on s’est beaucoup trop arrêté : elle dénonce l’image véhiculée par les manuels de la famille constituée de Guy, grand frère sportif, ambitieux, et d’Yvette, sa petite sœur, serviable, qui

Je te suggère, si tu as envie de constater par toi-même l’ampleur du personnage, de regarder l’émission des Francs-Tireurs (elle est sur YouTube!) où elle a récemment été invitée à témoigner. Ses piques m’ont bien fait rire, je l’avoue : elle ne se gêne pas, entre autres, pour traiter Jean Charest de « trou d’cul »… Je te souhaite autant de plaisir que j’en ai eu à regarder cette femme qui, même vieille et malade, ne se déleste pas de ses opinions et de sa force de caractère inébranlable!

Saviez-vous que ? plus chaud depuis 1880.

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Le mois d’août dernier fut le


Semaine du 29 septembre

EIIL : État Islamique en Irak et au Levant PAR AURÉLIEN RENIER & ANTOINE BOURASSA

La toute nouvelle série web intéractive

PAR MARION OUELLET-IMBEAU Depuis déjà quelques semaines, nous entendons souvent parler de l’EIIL ou EI pour État Islamique. Qu’est-ce qui amène cette organisation terroriste à faire la une des journaux? Comment fonctionnet-elle et quels sont ses objectifs? Une organisation changeante. La franchise terroriste trouve ses origines en Irak à partir de l’invasion américaine de 2003. Avant de devenir l’EI, l’organisation était connue sous le nom d’Al Qaida en Irak. C’est Abou Moussab Al Zarquaoui qui, en 2003, a pris la tête du plus grand réseau djihadiste de l’ensemble de la région mésopotamienne en faisant allégeance à la tristement célèbre franchise Al Qaida. Ce n’est qu’en 2007 que l’organisation prend le nom définitif d’Etat Islamique en Irak et au Levant. En avril 2013, elle rompt ses liens avec la maison Al Qaida. On estime qu’entre dix mille et dix-sept mille hommes œuvrent dans les rangs de l’EI. Ils sont répartis entre l’Irak et un pays voisin, la Syrie. L’idéologie au service de l’objectif. Comme pour toute organisation salafiste djihadiste, le principal objectif de l’EIIL est de restaurer le califat islamique sur l’ensemble du monde arabe, et à plus long terme, sur l’ensemble du monde. Ainsi l’Oumma, la communauté des croyants, sera en mesure de vivre rassemblée et à l’image du temps du prophète Mahomet. C’est ainsi que l’EI légitime son combat face à l’Occident. La franchise sort de l’ombre. Ce n’est que récemment que l’on a vraiment commencé à s’inquiéter de l’ampleur que prenait l’organisation terroriste. En effet, depuis le

début de l’été 2014, l’EIIL a grignoté une bonne partie de la région nord de l’Irak. De nombreuses villes kurdes sont tombées sous domination islamiste, ou seule la charia, la loi islamique, a cours. Ainsi, beaucoup de populations kurdes et chrétiennes ont été contraintes de fuir leur terre. En effet, les intégristes de l’EI prônent l’intolérance religieuse la plus totale et de ce fait exécutent quiconque ne partage pas leur idéologie extrémiste ou bien entrave leur projet de conquêtes psychologiques et territoriales du monde arabe. En témoignent les exécutions récentes de trois ressortissants occidentaux : James Foley, Stevens Sotloff et David Haines. De potentiels alliés ? Dans son nouvel objectif d’anéantir les forces de l’EI, Barack Obama est en recherche active d’alliés dans la région afin de contrer les avancées des djihadistes. En effet, le président des États-Unis ayant réussi à obtenir le soutien militaire d’une mosaïque de pays arabes et occidentaux, n’a pas l’intention d’impliquer l’armée de terre américaine dans ce conflit. Par contre, M. Obama compte grandement sur des pays comme Israël et la Turquie pour prendre la situation en main. Cela dit, les pays visés par M. Obama sont tous les deux réticents pour différentes raisons à entrer en conflit contre l’état islamique. En réalité, les seuls alliés des États-Unis, qui sont présentement les plus réactifs contre les agressions de l’état islamique, sont les Kurdes. Les Kurdes, une ethnie d’origine chrétienne du Nord de l’Irak qui demandait bien avant les sionistes la création d’un État leur appartenant, sont les seuls à réellement combattre l’oppresseur.

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Semaine du 29 septembre Peur et souffrance. Ce qui est le plus révoltant sont les atrocités qui sont perpétrées au nom de cet État islamique et de ce nouveau califat. Comme indiqué plus haut, les lois de la charia permettent un contrôle total sur toutes les facettes de la vie des populations sous l’influence de l’État islamique. Le simple fait de boire de l’alcool ou de fumer est passible d’une peine d’emprisonnement pour ensuite tâter du fouet. Par ailleurs, le simple vol d’un pain est, lui, passible de se faire couper une main. Le voile intégral est bien sûr obligatoire, la peine de mort s’exécute par crucifixion et pour terminer, si par exemple vous êtes chrétien, vous avez le choix entre vous convertir et être décapité. La puissance de l’état Islamique Comme mentionné plus haut, ce n’est que depuis le début de l’été 2014 que la communauté internationale et les médias ont réellement commencé à considérer l’État islamique comme une menace potentielle. Effectivement, une grande partie du territoire de l’Irak et de la Syrie ont été grugés par le nouveau califat de l’EI. Présentement, les combats se déroulent majoritairement contre les Kurdes à la frontière entre la Turquie et l’Irak. Depuis le début de l’été 2014, presque aucune des forces armées présentes dans ces territoires mis à part les Kurdes n’ont réussi à stopper les avancées fulgurantes de l’EI. Maintenant, il reste à voir comment l’État islamique s’en tirera face à la coalition formée par les Américains.

L’Écosse dit «non» au projet indépendantiste PAR ROSE PICHETTE Jeudi dernier, le 18 septembre, avait lieu le référendum en Écosse où la population devait répondre à la question : «L’Écosse devrait-elle être un pays indépendant ?» Alors que plusieurs attendaient impatiemment les résultats du vote, ce n’est que vendredi matin que les résultats de 55% pour le camp du «non» furent publiés, aussi bien en Écosse qu’à l’international. Cette décision de demeurer unie à l’Angleterre a créé plusieurs émotions dans la population, passant du soulagement à la déception. Pour bien comprendre la cause de ces sentiments et des idéaux derrière eux, allons plutôt voir les différentes promesses de chacun des camps ainsi que les visions respectives de certains spécialistes. D’abord, ce sont les arguments du «oui» qui attiraient le plus de regards puisque c’est lui qui avait le plus gros mandat : convaincre la population que le changement peut être bénéfique pour tous. Les référendums en pays industrialisés se jouant principalement sur le plan économique, l’un des plus grands arguments du premier ministre Alex Salmond visait la prospérité de l’Écosse suite à l’exploitation pétrolière. En effet, plusieurs experts affirment que la majorité du pétrole du Royaume-Uni se trouverait au large des côtes de l’Écosse, ce qui en fait rêver plus d’un. Mais est-ce un argument valide ? Malheureusement, devant la menace séparatiste, plusieurs grandes compagnies pétrolières présentes en Écosse ont dit vouloir se retirer du pays en cas d’éventuelle indépendance, ce qui restreint considérablement les capacités d’exploitations. Le mouvement indépendantiste a aussi tenté de convaincre la population en visant le meilleur des mondes, soit garder une place dans l’Union Européenne et demeurer membre de la monarchie tout en devenant un pays indépendant, prenant ses propres décisions, sans être mis de côté. Bien entendu, la question de la culture fût également au cœur du débat, puisque les Écossais, à la base celtiques, n’ont pas du tout la même culture que leurs voisins Anglais, les uns portant des kilts et parlant un dialecte gaëlique, d’ailleurs toujours enseigné à l’école,

et les autres d’avantage européanisés et parlant l’Anglais. Le camp de «non» quant à lui a mis de l’avant l’argument du «lets stay together» visant à protéger la grande famille du Royaume Uni représentée par l’Union Jack, ce fameux drapeau constitué de la croix St-Patrick d’Irlande, de la St-Andrews d’Écosse et de la StGeorges d’Angleterre, qui, sans l’Écosse, en perdrait tout son sens. D’ailleurs, il va sans dire que beaucoup d’Anglais doutaient même de la nature du mouvement indépendantiste en Écosse. En effet, ces derniers n’ont toujours pas compris le besoin des écossais de se séparer du pays puisqu’il ne semble pas y avoir de réel conflit entre les deux nations. Afin de calmer la manne indépendantiste, le premier ministre anglais David Cameron a également laissé entendre qu’en cas d’une victoire du «non», l’Angleterre laisserait d’avantage d’autonomie au peuple écossais notamment dans le cas des impôts, de la santé et des dépenses. Le camp a également tenté de convaincre la population de se rallier à eux en émettant le fait qu’une Écosse indépendante ne pourrait recourir à la livre sterling comme monnaie nationale, un argument qui avait été prononcé par les indépendantistes. Cependant, plusieurs économistes ont démenti ce fait en pointant que quelques pays d’Amérique du Sud utilisent le dollar américain comme monnaie sans jamais avoir demandé la permission au gouvernement américain. Que l’on soit satisfait ou non de la réponse du peuple écossais, on ne peut que se réjouir de la campagne exemplaire qu’il a connue. En effet, dès le tout début de la campagne, les deux camps se sont mis d’accord sur la question qui serait posée aux électeurs, de la marche à suivre pour convaincre la population et autres points importants. Bref, malgré ce que plusieurs peuvent bien en dire, le référendum écossais fut bien loin d’une campagne sale et malsaine comme a connu le Québec il y a de cela bientôt 20 ans, on ne peut que les féliciter pour leur honnêteté et leur savoir vivre.

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Semaine du 29 septembre

Horoscope

PAR SHADA BOUTIN ET MÉLISSA PERREAULT-GARIÉPY Bélier, 21 mars au 20 avril Pour les deux prochaines semaines, une personne dont vous ne connaissez pas l’existence essayera de prendre contact avec vous. N’ayez pas peur; cette personne est peut-être bonne pour vous. Apprenez à la connaître, et qui sait ce qui peut arriver. Côté travail, vos efforts seront récompensés, ne vous inquiétez pas et continuez à persévérer. Vos chiffres et lettres chanceux; 12, 19, 20, 31; F, N, P, E, X

Taureau, 21 avril au 21 mai Les temps sont durs pour vous, la rentrée scolaire ne s’est pas déroulée comme vous le vouliez. Vous passez une mauvaise période. Ne lâchez surtout pas, prenez un moment pour vous mettre à jour dans votre vie, et ce, pas juste à propos des études, mais aussi des amis/amies. Tournez-vous vers votre famille si vous avez besoin d’elle, votre famille sera toujours là pour vous! Et de plus, cette mauvaise période va vous faire réaliser qui est vraiment là pour vous. Vos chiffres et lettres chanceux; 1, 7, 25, 28,30; O, A, F, Q, K

Gémaux, 22 mai au 21 juin Il serait temps de vous rapprocher de vos proches, on ne sait jamais lorsqu’un malheur peut nous arriver. Alors, arrêtez de vous soucier de tout et de vous attarder à chaque petit détail de ce que les autres font, concentrez-vous sur votre personne et savourez tous les moments de votre vie. Apprenez à relaxer et à vous gâter de temps à autre, vous le méritez après tout! Continuez à économiser comme vous le faites, peut-être que cet argent sera utile pour un de vos futurs projets! Vos chiffres et lettres chanceux; 2, 16, 19, 21, 27; J, A, R, C, G

Cancer, 21 juin au 22 juillet Il serait dommage de perdre votre temps avec des personnes qui n’en valent pas la peine et qui auraient de mauvaises intentions envers vous. Au lieu de vous préoccuper d’eux, prenez donc de l’avance dans vos études. Cela ne vous ferait pas de tort de vous impliquer un peu plus dans les choses qui sont vraiment importantes pour vous et pour votre avenir. Vos chiffres et lettres chanceux; 3, 5, 10, 14, 26; M, A, P, S, W

Lion, 23 juillet au 23 août N’ayez pas peur de foncer vers cette personne qui hante vos pensées depuis quelques semaines. Cette personne ressent peut-être les mêmes sentiments à votre égard. Vous ne perdrez rien à lui parler, et peut-être qu’une grande amitié ou même quelque chose de plus sérieux se développera avec le temps. Côté travail, l’été a été dur pour vous. Redoublez vos efforts et vous allez retrouver votre vitalité. Vos chiffres et lettres chanceux; 0, 4, 7, 17, 22; P, D, G, W, B

Vierge, 24 août au 22 septembre Vous faites trop confiance aux gens, soyez un peu plus vigilant à l’avenir, car vous ne savez jamais dans quelles mains vos secrets peuvent tomber! Apprenez à faire la différence entre les connaissances et les vrais amis/amies. Passez un peu plus de temps avec les personnes que vous aimez vraiment, cela vous fera un grand bien! Vos chiffres et lettres chanceux; 12, 15, 18, 24, 26; L, P, S, F, H

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Semaine du 29 septembre Balance, 23 septembre au 23 octobre Le froid arrive, il est temps pour vous de mettre votre vie en l’ordre. Peut-être que mettre vos priorités à la bonne place vous aidera à vous remettre sur la bonne voie. Fixez-vous des objectifs et battez-vous pour les atteindre, n’ayez pas peur de foncer pour avoir ce que vous voulez vraiment. Vos chiffres et lettres chanceux; 5, 12, 24,25, 31; G, E, T, H, F

Scorpion, 24 octobre au 22 novembre Les temps sont durs pour vous, la rentrée scolaire ne s’est pas déroulée comme vous le vouliez. Vous passez une mVous vous faites beaucoup de soucis pour une proche, ne la lâchez surtout pas, soyez le plus possible près d’elle, car un jour, elle finira par vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour elle. Côté travail, tout va bien avec tous les efforts que vous y mettez depuis un moment, ceux-ci vous permettront de réaliser vos rêves d’enfances! Vos chiffres et lettres chanceux; 3, 8, 9, 15, 23; A, O, M, G, D

Sagittaire, 23 novembre au 21 décembre Ces derniers temps, vous semblez fatigué. Faites attention, reposez-vous, car cette fatigue peut entraîner beaucoup de choses si vous ne réglez pas cela tout de suite! Faites le moins de choses possible, concentrez-vous sur vos études et évitez les sorties tard, car cela pourra améliorer votre situation. Peut-être que votre côté studieux fera chavirer le cœur d’une personne proche de vous! Vos chiffres et lettres chanceux; 2, 10, 14, 17, 21; U, S ,G, J, A

Capricorne, 22 décembre au 20 janvier Vous vous sous-estimez trop! Faites-vous confiance et faites confiance aux autres, et vous allez réaliser de grandes choses. N’oubliez pas que vous avez vos amis/amies si vous avez un problème ou si vous désirez tout simplement parler. Ils sont là pour vous écouter, cela leur fera plaisir de voir que vous leur faites confiance. Vos chiffres et lettres chanceux; 2, 6, 13, 17, 23; G, S, V, H, I

Verseau, 21 janvier au 18 février Vous allez vous rendre compte que vous avez fait une erreur en éloignant une personne de votre vie. Foncez, il est peut-être encore temps de la récupérer. Par la suite, un événement tant attendu se produira. Vivez ce moment présent et consumez-le à fond, peut-être que celui-ci se produira seulement une fois! Vos chiffres et lettres chanceux; 1, 4, 11, 15, 20; M, B, P, G, Q

Poisson, 19 février au 20 mars N’ayez pas peur de montrer vos émotions aux gens, peut-être que c’est justement cela qu’il vous faut! Laissez-vous aller, dites ce que vous avez sur le cœur, ne gardez surtout pas tout cela en dedans! Tournez-vous vers vos proches pour vous confier. Gardez le sourire en tout temps, ce qui ne nous tue pas nous rend simplement plus forts! Vos chiffres et lettres chanceux; 2, 13, 16, 20, 25; G, B, A, E, L

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Semaine du 29 septembre

« Un enfant, un professeur, un livre et un crayon peuvent changer le monde »

Moi Malala : je lutte pour l’éducation et je résiste aux talibans PAR CHLOÉ VIEL

Paru en 2013, Moi Malala : je lutte pour l’éducation et je résiste aux talibans raconte l’incroyable histoire de Malala Yousafzai, une jeune pakistanaise atteinte par balle à la tête en se rendant à l’école de son quartier. Que feriez-vous si un extrémiste islamique chassait votre tête pour une prime? Et une fois face à lui, que feriez-vous? Sauriez-vous agir la tête haute ou fuiriez-vous pour votre vie? C’est ce que Malala dévoile en écrivant avec souplesse, dans son œuvre acharnée et complètement renversante, comme nulle autre élève sur les bancs d’école dans le monde. De père en fille… Au Pakistan? Voilà la destruction de nombreux préjugés. Un père qui inculque à sa propre fille l’importance de l’éducation est vu tous les jours en Occident. Celui qui fait de même au MoyenOrient est une calamité. Le père pakistanais qui souhaite que sa fille excelle aux examens d’arithmétique bafoue la société et est un traître de haute lignée. C’est ce que Ziauddin Yousafzai a fait en dépit du regard des autres. Complètement cassé, il a fondé une petite école, qui était, au départ, perçue comme vaine avant même d’avoir vu le jour. Dans ce Moyen-Orient où la corruption est partout et où l’éducation est une menace contre le pouvoir et la stabilité, cet humble bâtiment s’est avéré une menace de grande importance. L’unique éducation des droits de l’homme et du pouvoir des mots confronte les talibans avec poigne. Malala, comme son père, l’a bien compris. Dès son jeune âge, elle a fait le portrait d’une jeune activiste pour le droit des femmes de sa communauté et pour le droit fondamental à l’éducation. Douée pour les discours inspirants, sa voie a été projetée aux quatre coins de son pays et a bâti l’espoir d’une jeune génération entière. Malgré tout, les talibans ont perçu Malala comme une menace et non comme une gardienne de la liberté. Les nuits sont devenues longues et les départs pour l’école effrayants. Toutefois, enfin assise à son pupitre, la tête lentement mais sûrement dévoilée, c’est l’appel de ses sens, une partie de plaisir en présence de ses compagnes de classe. Chants, lectures et leçons sont l’étincelle de leur pauvre quotidien. Qui aurait alors cru que cette étincelle proNotice sur l’auteure Malala Yousafzai viendrait d’un musulman de sang et de rites? Aurait-on cru, malgré les croyances populaires, qu’un père islamique mettrait les besoins de sa fille devant les siens et Née dans un pays qui a vu le jour à minuit, Malala ceux de ses fils? Ziauddin Yousafzai, contrairement aux autres pères de son village, Yousafzai est pakistanaise de sang, mais porte des a fêté l’arrivée de sa fille avec ferveur et l’a mise sur le podium et sous une tombée valeurs chères à l’Occident. Élevée par un père d’exde fleurs dès son jeune âge. Le jour de la fusillade dans l’autobus de sa fille, c’est la peur, la panique et la culpabilité qui ont assombri son âme. Sans sa fille, que serait ception au Pakistan pour qui l’éducation autant des son monde? Un taliban s’est introduit dans l’autobus : « Qui est Malala »? Une rofemmes que des hommes est importante, la juvénile, tation du regard et un coup de feu. L’inconscient s’est emparé de l’adolescente. Son ayant remporté à seize ans le prix Nobel de la paix et père a prié et prié afin que son existence ne reste pas ensanglantée éternellement. faisant partie des cent personnes les plus influentes Il a mis aussi sa foi en l’expertise des médecins d’Angleterre. Il a donné une chance selon le New York Times, est l’espoir du Moyenà l’alliance des cultures. Grâce à sa conviction en l’éducation et le savoir, il a remis Orient. Les mots et les chiffres sont pour elle une le destin de sa fille aux Anglais. Aujourd’hui, c’est grâce à son intégrité que sa fille source de paix et d’un futur brillant. Sans l’éducaapprofondit en toute liberté sa passion, son éducation. Moi Malala : je lutte pour tion des femmes, le Pakistan est voué à un échec l’éducation et je résiste aux talibans est l’histoire d’une jeune fille de courage, mais éternellement déplorable. L’avancement réside dans avant tout, l’histoire de l’amour d’un père pour sa fille. les livres. Malala a survécu à une balle à la tête, un outrage des talibans, alors qu’elle se rendait à l’école Un livre à lire pour vous ouvrir les yeux sur un monde de terreur, mais d’amour comme lors des 364 jours précédents. Aujourd’hui, paternel infini. Laissez-vous inspirer par une seule voix et inspirez-en d’autres elle réside en Angleterre où elle continue sa scolarià nouveau. L’importance de l’éducation est primordiale dans l’élaboration d’une té et prend en charge sa fondation Malala Fund qui société nouvelle. Malala Yousafzai est un modèle, une activiste, une future politivise à promouvoir l’éducation dans le monde. Ayant cienne d’avenir, mais surtout une jeune fille et étudiante qui, comme vous et moi, depuis toujours l’appui paternel, son patriarche a se lève tous les matins pour aspirer à plus grand. Vous battrez-vous comme elle discouru lors d’un TED Talk qui a été visionné plus pour obtenir la note parfaite, atteindre vos objectifs et montrer le contraire à vos d’un million de fois. ouvrage est traduit en plus de professeurs? Ou répéterez-vous le même rituel du « snooze » chaque matin avant trente langues et est un New York Times best seller de vous rendre à l’école? À vous de choisir, aucune arme à feu n’est pointée sur acclamé. vous. Pensez Malala. 017


Semaine du 29 septembre

Un peu de science fiction !

Le poète de l’espace

Chapitre premier : Réveil Son corps s’éveillait.

PAR FRANÇOIS FORTIER Il existait. Ce fut la première sensation qu’il retrouva. Il était là, en vie, tout simplement. Évidemment, il ne sentait rien. Il avait l’impression que son corps était là, quelque part, à la limite de sa conscience, mais qu’il était tout de même inatteignable. Pour l’instant, car maintenant il se souvenait : la partie physique de son être avait été éteinte. Temporairement, bien sûr! Le froid finirait par se retirer, lentement, laissant place à la vie. Le même froid qui avait arrêté toute circulation dans son corps. Ses poumons avaient cessé, depuis longtemps, de se gonfler. Son cœur ne battait plus. Soudain, ses premières pensées furent interrompues par un éclair fulgurant qui traversa la totalité de son corps. On stimulait son système nerveux à coups de chocs électriques. Partant de son cerveau et parcourant sa colonne vertébrale, le courant réanima, une à une, chacune des composantes de son anatomie, telle une personne qui allumait les lumières d’une vieille maison abandonnée. Son pouls s’enclencha, accélérant graduellement jusqu’à un rythme normal. Dans un soubresaut, sa poitrine se souleva, laissant un peu d’oxygène raviver les couleurs naturelles de sa peau.

Un deuxième choc électrique le parcourut, suivi d’un frisson puissant, excitant ses sens de la base de son crâne à l’extrémité de ses orteils. Des points colorés apparurent à la limite de sa vision, tandis que ses membres sentaient la brûlure intense des tissus qui se gorgeaient peu à peu de sang. Enfin, sa température corporelle franchit le point de congélation, s’élevant peu à peu jusqu’aux trente-sept degrés propices au fonctionnement normal de son métabolisme. Jusqu’à maintenant, son cerveau était lentement revenu à la vie sans émettre de pensées concrètes. À présent, il était en mesure de croire que son réveil ne s’était pas déroulé normalement. Son corps était revenu à la vie trop rapidement. Qu’est-ce qui pouvait inciter l’ordinateur à le réveiller si brutalement? Confuses, ses pensées mirent un peu trop de temps à imaginer la seule réponse possible. Alors qu’il évaluait avec horreur les implications de ce problème inattendu, la connexion entre son oreille et son cerveau se fit juste à temps pour lui permettre d’entendre la première explosion…

Saviez-vous que ?

La locution latine <<Summun jus, samma injuria>> signifie que l’application excessive du droit conduit à l’injustice.

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Semaine du 29 septembre

Conservons les conservatoires

«Le talent ne choisit pas là où il naîtra» - Karina Gauvin, Soprano «L’art, ça se vie en société» - Xavier Dolan, Réalisateur

« La culture, c’est notre plus grand trésor» - Yannick Nézet-Séguin, Chef d’orchestre «Il faut la bâtir, notre fierté» - Marc Hervieux, Ténor

Crédit : Marianne Richer

PAR MARIANNE RICHER Ces dernières semaines ont vu une malheureuse nouvelle venir s’abattre sur les milieux de la politique, de la culture et de l’enseignement au Québec. La récemment nommée ministre de la culture et des communications Hélène David a déclaré que son ministère et le parti libéral souhaitaient rétablir la situation budgétaire du réseau des Conservatoires de musique et d’art dramatique du Québec, qui cumule présentement un déficit d’une dizaine de millions de dollars, vers l’équilibre zéro. La principale solution proposée par notre cher gouvernement libéral consiste en la fermeture des pôles régionaux du conservatoire, c’est-àdire les cinq établissements de Trois-Rivières, Chicoutimi, Vald’Or, Rimouski et Gatineau, pour ainsi permettre à court terme le maintien des établissements des grands centres urbains, soient les conservatoires de Montréal et de Québec, qui comprennent chacun une division d’art dramatique en plus de celle de musique. Catherine à Val-d’Or, Maude à Trois-Rivières, Daphnée à Rimouski, Samuel à Gatineau, je pense à vous mes amis. Vous avez du talent, vous avez de la persévérance, vous avez du rêve et vous rêvez de réaliser vos rêves, vous travaillez d’arrache-pied, vous

pratiquez comme des déchaînés, vous avez tout ce qu’il faut pour réussir dans un domaine extrêmement dur, cruel, comme l’est celui de la musique, celui des arts en général, et laisser un détail insignifiant tel que l’endroit où vous êtes nés, où vos parents ont, peut-être il y a de cela des dizaines d’années, choisi de bâtir leur vie, mettre un frein définitif à tous les sacrifices que vous avez faits, ce serait la plus grosse erreur que notre gouvernement pourrait faire. Parce que cela serait une erreur. En supprimant le conservatoire, surtout dans la réalité régionale, où, contrairement à la quantité d’universités qui offrent des programmes en musique et en art dramatique dans la région métropolitaine, il n’y a pas d’équivalent, on supprime l’encouragement du développement du talent des futurs musiciens. En supprimant cette éducation, on empêche la relève. Quand la relève diminue dans un domaine, celui-ci stagne et est voué à décliner. Si le domaine dont on parle c’est celui des arts, et qu’il se met à décliner, la même chose va se produire avec notre culture, car les deux sont intrinsèquement liés. Si les libéraux mettent effectivement la clé dans la porte des conservatoires, toute future relève dans les arts de la scène au Québec sera tuée. C’est fantastiquement ridicule pour un peuple qui doit continuellement se battre pour sauvegarder sa culture. Conserver les conservatoires, c’est quelque chose de primordial. 019


Semaine du 29 septembre Ils sont nos fabriques à musiciens, à comédiens, à chanteurs, à compositeurs, à metteurs en scène. Leurs apports à notre société sont inestimables. La province du Québec se démarque des autres provinces canadiennes tout autant par son réseau des conservatoires que par son réseau des Cégeps. On se doit de tout faire pour que ces établissements ne ferment pas leurs portes, même si on se sent plus ou moins concerné. C’est une question primordiale. Pourquoi ce sujet me touche-t-il autant? J’ai eu la chance, dans ma vie, de fréquenter le conservatoire de musique de Québec du-

rant huit années, de 2005 à 2014, en interprétation-violon. J’ai grandi entre ces murs, j’y suis rentrée encore enfant, j’y ai vécu mon adolescence, et j’en suis ressortie adulte. Au conservatoire, j’ai donné et j’ai perdu, j’ai rugi de joie et j’ai hurlé de rage, mais j’ai avant tout découvert un monde fantastique, une communauté de gens investis, créatifs, passionnés. En ayant toute conscience de me répéter, je le redis encore une fois : tuer les conservatoires, c’est mettre en péril notre culture. Il faut donc travailler et espérer que la situation puisse être réversible, car tout est possible, si on y croit suffisamment.

HP : LE PHÉNOMÈNE D’UNE GÉNÉRATION PAR CORALIE BÉLANGER Le 21 juillet 2007 est une date marquante pour tout fan de Harry Potter qui se respecte. Il y a un peu plus de sept ans, le septième et dernier roman de la série de JK Rowling se posait sur les tablettes des librairies; et si vous êtes aussi fanatiques que moi, vous connaissez l’importance du numéro sept dans la série. Sept années à Poudlard, sept horcruxes, sept joueurs dans une équipe de Quidditch, et je pourrais continuer pendant des heures. Il est donc tout à fait compréhensible de célébrer non pas le dixième, mais le septième anniversaire de Harry Pot-

ter et les Reliques de la Mort.

Cette série, composée uniquement de best-sellers, dont les ventes cumulées sont estimées à 420 millions d’exemplaires dans 140 pays, a marqué une génération entière. En fait, on peut presque dire qu’une génération s’est bâtie autour de l’univers magique de JK Rowling. Je parle ici de tous ceux qui sont nés entre les années 1980 et les années 2000, mieux connus sous le nom de Génération Y. Comme ceux avant nous appartenaient à la génération Star Wars, ou les Baby Boomers ayant grandi au son des Beatles, la génération Harry Potter existe, et, peu à peu, prend de la place dans la société. Mais que signifie faire partie de la génération Harry Potter ? Nous ne sommes pas définis que par notre amour universel pour la série, puisque les jeunes comme les plus vieux apprécient l’histoire du jeune sorcier aux lunettes rondes. Ici, génération Harry Potter désigne ceux qui ont grandi avec les livres et les films, qui ont vieilli en même temps qu’Harry, Ron et Hermione. Nous avons vécu la plupart des premières de films, nous avons attendu jusqu’à minuit pour obtenir une copie du nouveau tome, nous avons impatiemment attendu, à onze ans, le hibou qui viendrait nous livrer notre lettre de Poudlard. Bien sûr, ces critères s’appliquent à beaucoup de fans qui sont, j’en suis convaincue et même très heureuse, aussi dédiés que je puisse l’être, et continueront de s’appliquer pendant des années. Il est cependant certain que Harry Potter a contribué à bâtir notre génération comme Passe-Partout l’a fait avec celle de nos parents. Si ceux-là étaient plus débrouillards, nous sommes une nouvelle génération plus tolérante et plus ouverte aux différences. Je sens le doute qui s’installe dans vos esprits et, croyez-moi, j’étais moi-même sceptique lorsqu’on m’a dit cela pour la première fois. Il s’agit pourtant de la réalité, si l’on se fie à la recherche menée par Anthony Gierzynski, un universitaire du Vermont. Son étude, qu’il a d’ailleurs publiée sous forme de livre (Harry Potter and the Millenials : Research Methods and the 020

Politics of the Muggle Generation), avait pour échantillon 1100

étudiants aux études supérieures. Ceux-ci ont été interrogés d’abord sur leur rapport à la saga, puis à propos de leur position politique et face à différents groupes sociaux. Dans l’ensemble, les résultats montraient que les étudiants ayant davantage vécu l’expérience Harry Potter présentaient une plus grande tolérance et ouverture envers des groupes sociaux victimes de discrimination aux États-Unis (musulmans, Afro-américains, immigrants, sans-papiers ou homosexuels). De plus, selon Gierzynski, il faut prendre en compte la volonté de ces générations à agir plus et à combattre ce qui pourrait être mauvais dans leur quotidien, ce qui peut être mis en parallèle avec le combat d’Harry contre Voldemort et avec sa volonté d’agir au nom de ce qui est bon. Bien évidemment, on ne pourrait prouver que la génération Y ne s’est bâtie qu’autour de cette série, aussi merveilleuse et influente soit-elle, mais cela montre l’importance de la culture populaire dans le développement de la société. Mais, peu importe les statistiques, le phénomène Harry Potter est réel et a marqué plus d’une vie. C’est ce que nous montre la création de nouveaux concepts liés à la série, sans doute causée par l’engagement sans limite des fans. N’oublions pas qu’à chaque fois que nous prendrons sur la tablette une de nos copies à la reliure et aux pages usées après maintes et maintes lectures, et qu’un ami nous demandera : « Après toutes ces années ? » La réponse restera toujours la même… « À jamais. »


Semaine du 29 septembre

Les potins de l’Olympe : Partie 1

PAR RACHEL GAGNÉ Zeus, Athéna, Hadès, Hermès, Aphrodite, Poséidon… ces dieux grecs vous sont peut-être familiers. Derrière chacun de ces noms se cache une multitude de récits mythologiques riches en aventures de tous genres qui montrent l’homme sous tous ses angles, ses passions, ses forces et ses faiblesses. La mythologie grecque nous transmet des histoires de héros, de monstres, de dieux, et, bien sûr, de nombreuses histoires d’amour. Les quêtes romantiques de ce monde ne manquent absolument pas d’action… Apollon rejeté Dieu grec du chant, de la musique et de la poésie, le bel Apollon tomba un jour amoureux de Daphné, fille du dieu-fleuve Pénée. Or, cette nymphe, une divinité de la nature, n’était pas du tout intéressée par les avances du dieu et le repoussa. Apollon ne se laissa pas du tout décourager par son rejet et la poursuivit où qu’elle aille. Désespérée, la pauvre nymphe supplia son père, le fleuve, de l’aider. Ainsi fut-elle métamorphosée en laurier par Pénée afin d’échapper au prétendant. Apollon, afin de ne pas oublier Daphné, fit de cet arbre son symbole. L’enlèvement de Perséphone Être dieu des enfers est un métier très solitaire et c’est Hadès qui s’en charge. Il juge les morts et décide de leur sort. Vontils être condamnés à brûler au Tartare pour leurs mauvaises actions? Seront-ils plutôt envoyés aux Champs d’Asphodèle à errer éternellement pour n’avoir rien fait de bien ou de mal durant leur existence? Ou auront-ils vécu une vie assez digne pour mériter le bonheur des Champs Élysées? Un jour, Hadès aperçut à la surface de la Terre une belle jeune femme nommée Perséphone. Fille de Déméter, la déesse de l’agriculture, elle cueillait tranquillement des fleurs lorsque le dieu l’enleva sur son char tiré par deux chevaux noirs pour l’emmener aux enfers avec lui. Quelle galanterie! Déméter remarqua rapidement l’absence de sa fille et négligea tout ce qui poussait sur terre afin de mener les recherches. Pendant ce temps, sous terre, Perséphone affamée eut la mauvaise idée de manger des pépins de grenade. Le problème est que, lorsqu’une personne consomme de la nourriture des enfers, elle ne peut plus en ressortir. Déméter fit appel au roi des dieux, Zeus, afin qu’il intervienne et convainque Hadès de lui rendre sa fille. Un compromis fut finalement accepté : Perséphone pourra revenir à la surface à condition qu’elle reste aux enfers aux côtés d’Hadès la moitié de l’année pour le restant de sa vie. Ainsi, chaque année Déméter est triste et laisse la nature mourir, car Perséphone se trouve loin d’elle, aux enfers. Un amour impossible (ou presque) Pygmalion était un sculpteur de Chypre, une île méditerranéenne. Il était particulièrement révolté devant le comportement

des femmes de cette île, les Propétides, qui se prostituaient et exécutaient des sacrifices humains. Il se voua donc au célibat. Un jour, il décida de travailler sur une nouvelle sculpture : une femme qui serait absolument parfaite à ses yeux. Il la sculpta dans l’ivoire et, au fil du temps, il en tomba follement amoureux. Il la paraît des plus beaux bijoux, lui faisait des cadeaux et lui parlait en s’imaginant ce qu’elle pourrait bien lui répondre. Ayant pitié de ce pauvre homme, Aphrodite, déesse de la beauté et de l’amour, donna vie à cette femme de pierre. Fou de bonheur, Pygmalion vécut heureux avec sa femme nommée Galatée. Orphée aux enfers Fils d’une des neuf muses et encouragé musicalement par Apollon, Orphée, grâce à son chant et sa lyre, était un héros dont les capacités à charmer n’importe quel être étaient extraordinaires. Lors du plus beau jour de sa vie, alors qu’il venait d’épouser sa bien-aimée Eurydice, celle-ci mourut d’une morsure de serpent. Dévasté devant cette tragédie, Orphée n’accepta pas que cela en soit ainsi. Il entreprit la descente aux enfers afin de ramener son amoureuse dans le monde des vivants. Cette quête n’aurait pu être réalisée sans les talents charmeurs d’Orphée. Il convainquit de sa musique Charon, un être monstrueux à la grande cape noire qui a comme fonction de faire traverser les âmes sur le Styx, un fleuve des enfers. Ainsi put-il traverser afin de s’approcher d’un autre gardien, soit Cerbère le chien à trois têtes, et il le charma à son tour afin qu’il le laisse passer. Oui, c’est comme Harry Potter et Touffu le chien à trois têtes. Il arriva enfin devant Hadès et joua de sa douce musique. Le roi des enfers se laissa convaincre de libérer l’âme d’Eurydice à une seule condition : Orphée ne devait pas la regarder avant d’être sorti des enfers. Orphée fit le chemin inverse en faisant bien attention à ne pas regarder son amoureuse. Il sentait la présence de sa bien-aimée dont il entendait les pas derrière lui. Malheureusement, alors qu’ils sortaient enfin des enfers et que la lumière de la surface était visible au loin, un très grand bruit surprit Orphée et il se retourna vers Eurydice. Un dernier regard, fatal, qui la fit disparaître à tout jamais. Elle fut reprise par les enfers pour ne plus jamais faire partie du monde des vivants. Orphée était inconsolable. Bien d’autres histoires font partie de la mythologie grecque. Je ne vous ai pas parlé des amours de Zeus, qui ne cesse de se trouver de nouvelles amoureuses au grand détriment de sa femme Héra, qui se trouve à être la déesse du mariage; de l’histoire d’Ulysse et Polyphème le cyclope, de la cause de la guerre de Troie, des douze travaux d’Héraclès… Si vous êtes intéressés par ce monde fantastique, je vous conseille fortement la visite de l’exposition « Les maîtres de l’Olympe » au musée de la civilisation, qui est accessible jusqu’en mars prochain. 021


Semaine du 29 septembre

Mon idéal une collision que la raison étroitement ductile instigue à la trêve comme un idéal puéril:

PAR LYNA BELKHITER J’aime ma mère, l’avant-goût de ma peau qui scintille. J’aime ma fille, l’attribut de ma chair. En vertu de mon indésirable caractère, je me dérobe lestement au tendre et affectueux statut du joyau. Je connais ton secret et

laisse-moi te dire qu’il n’a rien qui soit ordinaire. Comme tous les enfants de ce monde, j’ai des rêves et des idéaux... Il a redéfini mes chimères. Envers l’ingénuité de mon âge, ils ne décessent de se révéler déloyaux. Lesquelles ont contracté une toute autre forme par l’effet de leur fortuite mutation. Parfois dans le retrait de mon imaginaire, je donne libre cours à cette fabulation : et si nous étions un arbre? J’en figurerais la force, tu en constituerais la sève, j’en serais l’écorce. Telle est la transposition de ma mélancolie dans le rêve. Cependant, la réalité étroitement malléable instigue cet espoir à la trêve. Et si elle avait percé mon secret? Je sais qu’un jour tu cesseras

d’être une enfant. Son innocence et son esprit se désenlaceraient… Mais pas de cette façon, implorent mes espoirs impuissants… Comme toutes les mères au fil desquelles se concrétise l’univers, j’ai confectionné des rêves ainsi que de projets pour l’attribut de ma chair, lesquels je souhaite conformes à tes ambitions. Dans le retrait de mon imaginaire, l’un d’eux s’épanouit, prescrivant à ton bonheur un immuable confinement. Entre autres, j’ai confectionné l’espoir de pallier à ta maturation. Qu’admettrait l’imperturbable cécité de ton cocon, ou alors une incorruptible stagnation du temps? Déjouer le fatal destin du papillon. Telle est la trahison de ma folie envers ton destin préétabli, qu’elle tourne en dérision comme ma mélancolie : préserver ta chenille, ainsi que ta rose vision. Néanmoins, cet espoir se révèle déloyal envers ma désillusion. Pourtant on peut faire abstraction des adages propres à la réalité par souci de politesse envers nos chimères, et, quand il en est ainsi, ce discours idéal s’ensuit : Proroger ta condition larvaire à l’infini! Utopie animale, croisement de papillon et de serpent, leurre, déni radical des fleurs! Néanmoins, à l’ombre et à l’abri d’un rugueux réalisme, je m’emploie au culte de cette fantaisie, t’implorant secrètement de cette voix qui s’exacerbe à l’effigie de mon dépit : ne te mue jamais en papillon, préfigure-moi éternellement, comme une chenille, comme une enfant, comme une innocente jeune fille, épanouis-toi dans le retrait de ton cocon… Et, quand il en est ainsi, ce discours idéal s’ensuit… Si l’aspiration la plus profonde d’un chat était de bourdonner et que la pierre chérissait l’ambition de s’effleurir, serait-il raisonnable que la fleur aspire à se muer en serpent? Il serait beaucoup moins douloureux de t’aimer si tu n’étais pas une fleur. S’ils n’étaient pas des abeilles… Mais les rêves sont des abstractions… Néanmoins, à l’ombre et à l’abri d’un rugueux réalisme, tu rêves à

…Oui! À bien y réfléchir, tu pourrais te dérober au statut de la fleur, au profit de celui d’un serpent! L’interprète de la beauté et de sa fragilité figurerait l’éternité se désintéressant sur la fadeur de l’objet qu’il illustre : un euphémisme de la fugacité… Ces abeilles, ces regards obscènes qui bourdonnent et qui se suspendent au-dessus de ton col entrouvert comme une auréole obscure, qui te butinent, prélevant sur ta fleur sordidement épanouie ton philtre doré et exquis, ces hommes te dépossèdent de toute ta richesse, désertant lâchement la fleur qu’ils ont déshérité de sa beauté. Un pétale flétri, compénétré de dégoût et de haine, se subroge à ta peau, et ta chair ne symbolise plus aucune désinence du plaisir qu’elle évoquait autrefois dans son scintillement amoureux et avide. Je connais ton secret. Chaque nuit, je transpose ta fleur en serpent, car si tu en étais un, tu disposerais d’une chair renouvelable… Chaque jour, je t’étreins, parce que je me réfugie dans l’espoir qu’en t’étreignant, mes bras vont tisser une chrysalide pour ton corps. Chaque jour, je t’étreins, parce que je me réfugie dans l’espoir qu’en t’étreignant, l’écorce de ma peau va renfermer ta sève égoïstement confinée dans mon flanc. Chaque jour, je déteste les fleurs, parce que leur traîtres attraits conspirent avec les fantasmagories cruelles des abeilles, forçant brutalement leur éveil. Le serpent n’est-il pas l’icône de l’éternité, l’égérie du renouvellement, la perpétration de l’innocence et de son attribut, la cécité? Si tu étais un serpent, tu pourrais muer chaque fois qu’un homme soutire à ta peau des plaisirs et des voluptés qui ne lui sont pas destinés. Et si tu t’enchevêtrais avec mon corps de papillon, je pourrais ménager pour ta dernière peau une chrysalide. Et tu demeurerais toujours candide. Tu ne sais peut-être pas qu’à l’insu de tes divagations l’amitié de nos chairs lie à la réalité ta fabulation. Grâce à toi je peux raisonnablement aspirer au statut du serpent. Je revêts ta peau. C’est grâce à toi que je peux muer, revivre, sentir glisser ma chair meurtrie, laisse glisser le long de mon corps flétri mon exuvie. C’est grâce à toi que je peux muer. Me renouveler dans ton prolongement exquis. Je ne suis pas une fleur. Dis-moi que tu n’es pas un papillon, tu prélèverais sur mon cœur l’aveu de sa douleur, comme j’ai prélevé sur la fleur de ton cœur ta candeur, qui ne sied plus à mon désenchantement. Comme une abeille, j’ai butiné la fleur de ton cœur, lui soutirant la lie de ton innocence. Proroge à l’infini ton séjour dans ton cocon. Passe sous silence ma déchéance. Ai-je le choix de me laisser circonvenir par l’éloquence du regret? J’ai percé ton mystère. Lésinant sur les frais de la prévenance, le foudroiement qu’il m’a induit ne s’est embarrassé d’aucun apprêt. Je suis viscéralement démontée. Je sais que ta peau héberge un jardin funéraire. Je connais ton secret. Indépendamment de ma volonté, je l’ai découvert. Chaque jour, tu te prostitues. Je le sais. Maman. De ta destruction les hommes se parent et s’infatuent. Je suis un tombeau entrouvert à la surface duquel affleure ton corps fané que peuplent les désillusions, les flétrissures, l’humiliation et les souillures. S’il est raisonnable d’espérer que les abeilles se désintéressent de ta fleur sordidement épanouie, alors je commue en écaille ton marcescible pétale et je confie les traits fabuleux de mon idéal. Une fleur splendidement métamorphosée en serpent. La transformation en serait radicale. La transposition illustre, et sans égal. L’amalgame, pour le moins original… Le fruit d’un espoir désespéré, l’aboutissement inespé-

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Semaine du 29 septembre ré de mon idéal. Un entrecroisement merveilleux de mon insecte et de ta fleur, imitant l’entrecoupement de nos phrases et de nos douleurs. Voici le rêve que notre vérité commune et étroitement malléable instigue à la trêve. Mais puisque le procès de la prostitution se lie d’amitié avec l’idéalisation, il n’y a aucune raison de ruminer l’intersection du papillon et du serpent, tu n’as aucune raison de penser que je suis une chenille, je n’ai aucune raison de penser que tu es une fleur, les abeilles sont en liberté, tout n’est que transposition de ma mélancolie dans le rêve que notre réalité étroitement malléable instigue à la trêve, et comme je dois renouer avec la réalité au péril de notre rêve, convenons qu’à l’effigie du procès de la prostitution, ma divagation se lie d’amitié avec l’idéalisation. Ainsi, soyons réalistes et achevons le récit de mon désenchantement ; conformons-nous à la froideur qui nous compénètre sans ménagement : un quinquagénaire frappe à la

porte soixante-treize de l’hôtel parisien dans lequel j’ai pris vie et m’apprête à la perdre comme une exuvie, pendant que tu répètes des mots qui ne veulent plus rien dire dans notre dimension étroitement ductile, éconduits comme un idéal puéril : Une fleur splendidement métamorphosée en serpent. La transformation en serait radicale. La transposition illustre et sans égal. L’amalgame pour le moins original… Le fruit d’un espoir désespéré, l’aboutissement inespéré de mon idéal. (****) Imitant la condition du papillon, mon désabusement se fait irréversible, tandis qu’à l’image d’une fleur, tu te rends marcescible.

La douce amertume Par Jérémie Trudel Mes yeux se ferment encore Je marche, je cours, je fuis Je sais que ne m’attend devant moi que le noir Mais j’approche, je te vois, j’arrive enfin à toi Et tu t’évapores, disparue, un oubli La réalité vient, je m’éveille encore Esseulé, attristé, enragé dans le froid. Je quitte et j’arrive, je marche, je cours, j’approche Je te vois lumineuse, mon cœur s’effiloche Dès lors je te hais, car alors je te vois Car je t’aime mais ne le veux pas Ton sourire je vois l’été, ta peine je vois l’hiver Et ton regard je vois prés et forêts de naguère. Qu’une simple réponse si je ne puis avoir Mais m’en abstienne, ne pars pas, je m’égare Et puis pars je m’en fou mais alors je me mens Où m’en allais-je, comment pouvais-je réellement Ta présence me torture si je ne fuis ton regard Mais je resterai proche, je ne perds pas espoir. Ah si seulement je savais, si je pouvais seulement Pouvoir finalement te le dire pour de vrai Tu le sais, je le sais mais seul m’entendre te le dire Pouvoir tout effacer tout du commencement Comment oserais-je perdre tout ce que j’ai Pardonne-moi, je t’aime, je n’ai su te le dire.

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Qu’est-ce qui arrive avec la piscine du Cégep? PAR CHARLES BRUNELLE Elle ferme, en gros. Un besoin criant de rénovation et un trou budgétaire de 2,5 millions de dollars ont finalement annoncé la mort d’une des installations sportives du cégep, la piscine. En effet, la direction du collège a pris la décision irréversible d’enterrer le bassin d’ici deux ans. C’est en fait le manque de financement qui aurait été l’élément crucial dans la décision de la direction : La plupart des installations sportives étant aussi vieilles que le collège, des rénovations sur les gymnases et autres plateaux sportifs s’imposaient et des choix ont dû être faits sur la destination du budget alloué à la rénovation. Dans un billet publié sur « notre cégep », le blogue de la directrice générale du cégep que l’administration s’explique : « La difficile décision de fermer la piscine d’ici deux ans

a donc été prise afin de nous doter d’un levier permettant l’amélioration de l’ensemble de nos plateaux et la création de nouveaux grâce à une réutilisation de l’espace. »

Guillaume Larouche, coordonnateur à la pédagogie et exécutant en charge du dossier à l’association étudiante, a assuré que cette dernière, ayant pour mission de représenter les élèves auprès de la direction était extrêmement bien placée pour assurer le suivi du dossier, tant du côté des négociations avec le PEPS que pour l’amélioration des installations sportives du cégep. M. Larouche rappelle aussi que la direction adopte toujours un ton invitant au dialogue avec l’association étudiante, que les négociations sont constructives et se font toujours avec l’intérêt des élèves à cœur. L’auteur de ces lignes tient à ajouter à titre personnel qu’il trouve déplorable que personne n’ait même considéré son idée de garder la piscine dans l’état qu’elle est, la vider de son eau et la remplir de balles de plastique de couleurs vives.

Qu’arrivera-t-il des cours d’éducation physique ? Du côté du cégep, on assure que des démarches avec le PEPS de l’université Laval ont été entreprises pour assurer la pérennité des cours. En assemblée générale de l’association étudiante le 17 septembre dernier, on a surtout insisté sur le caractère irréversible de la fermeture. L’organisme n’aurait que très peu de marge de manœuvre pour contrecarrer la fermeture du bassin et suggèrerait de se concentrer sur l’amélioration des services dans les autres sports. En assemblée générale de l’association étudiante le 17 septembre dernier, on a surtout insisté sur le caractère irréversible de la fermeture. L’organisme n’aurait que très peu de marge de manœuvre pour contrecarrer la fermeture du bassin et suggèrerait de se concentrer sur l’amélioration des services dans les autres sports. Les étudiants se sont ainsi positionnés à cette assemblée – entre autres choses – dans un premier temps pour une entente avec le PEPS permettant aux étudiants du cégep d’utiliser la piscine gratuitement et dans un deuxième temps pour l’amélioration et l’augmentation du nombre des installations sportives du cégep.

Saviez-vous que ?

Xavier Dolan a réalisé cinq films en six ans, tous aussi bons les uns que les autres.

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DÉPÔT LÉGAL: BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DU QUÉBEC ET DU CANADA ISSN-0318-1710

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