Numéro 1

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L’ÉCLOSION

ASSOCIATION ÉTUDIANTE DU CÉGEP DE SAINTE-FOY

XX

NUMERO - 1 POLITIQUE -  ECOLOGIE -  CINEMA -  JEUX SEMAINE DU 15 / 09


PENSÉE DU 15/09 « Le journaliste doit avoir le talent de ne parler que de celui des autres » - Philippe Bouvard

SOMMAIRE DU 15/09

L’ÉQUIPE Coordonnatrice

Marie-Ève Clark Coordonnateur adjoint

Douglas Alain

Should Scotland be an independent country ? Mon programme est meilleur que le tien Je me souviens : René Lévesque Tout n’est pas blanc ou noir (ou arc-en-ciel!) Le réseau de tes extravagances La force des discrets : le pouvoir des introvertis dans un monde

p.001 p.002 p.003 p.005 p.006 p.007

trop bavard, après Gandhi, Rosa Parks et Eleanor Roosevelt

Ebola, un réel danger ? Reliquats d’une tranquille révolution Après le bac bleu, le bac brun ! Humains, je suis votre père Le théâtre à Québec Zeus chryséléphantin La dernière plainte du révolté

p.008 p.009 p.010 p 011 p.013 p.014 p.015

L’ÉCLOSION, LA CONSCIENCE D’UNE NATION... (ALBERT CAMUS BIS)

Graphiste

Antoine St-Pierre Rédacteurs

Justine Babineau-Therrien Lyna Belkhiter Antoine Bourassa Charles Brunelle Marie-Ève Clark Rachel Gagné Geneviève Gariépy Laura Jacobs Marion Ouellet-Imbeau Marianne Richer Jérémie Trudel Chloé Viel

ET POURQUOI PAS

VOUS ?

J.LECLOSION@GMAIL.COM


LE MOT DE LA COORDONATRICE

Bonjour lecteurs! Voici la première des nombreuses parutions du journal étudiant qui seront publiées au fil de la session. Parlons de cette session! Qu’elle s’annonce monotone, bien trop chargée, stressante ou peinarde, vous voilà à présent munis d’un merveilleux objet littéraire à potentiel divertissant (et éducatif) élevé. Alors, que ce soit pour vous distraire ou pour relaxer, profitez-en! Nous avons de nombreux nouveaux membres cette année (les rédacteurs précédents étant presque tous devenus universitaires), et ainsi vous trouverez dans ce journal des opinions divergentes des précédentes, des faits traités différemment, et bien des nouveautés provenant de la relève de l’Éclosion. Je vous laisse à présent profiter de votre lecture et s’il vous vient jamais l’idée de réagir à un article quelconque, si vous désirez particulièrement qu’un sujet soit abordé ou si vous voulez écrire vous-même sur ce dernier, n’hésitez pas à nous le dire, soit en venant directement au local de l’Éclosion, situé au M-110.06 (dans le drôle de couloir situé juste avant le tunnel dit Star Wars) ou encore en nous envoyant un message à l’adresse suivante : j.leclosion@gmail.com


Semaine du 15 septembre

Should Scotland be an independent country?

L’Écosse devrait-elle être un pays indépendant? PAR MARIANNE RICHER

Ce sera mot pour mot cette question qui sera posée aux quatre millions d’Écossais qui pourront voter lors du référendum portant sur la séparation de l’Écosse du reste du Royaume-Uni, référendum qui aura lieu dans quelques jours, soit le 18 septembre 2014. Ce scrutin se déroulera conformément à l’accord d’Édimbourg, signé par le Premier ministre britannique David Cameron et le Premier ministre écossais, Alex Salmond, il y a moins de deux ans. Fait qu’on ne connaît pas nécessairement: ce sera le troisième référendum à avoir lieu en Écosse, après le référendum de dévolution de l’Écosse de 1979 et celui de 1997, ayant pour objectif de permettre la création d’un parlement écossais. Après l’annulation des résultats du premier scrutin, celui qui a eu lieu une vingtaine d’années plus tard a été remporté haut la main. Contrairement à l’histoire conjointe du Québec et du Canada, l’Écosse n’a pas toujours été l’une des quatre nations du Royaume-Uni. C’est par l’acte d’union de 1707 que l’Écosse et l’Angleterre ont été fusionnées, fusion demandée par l’Écosse qui était en faillite à cause de la mauvaise gérance de ses colonies. Il est donc fort aisé de comprendre que l’un des principaux arguments du oui est celui de l’erreur. L’Écosse aurait rejoint la Grande-Bretagne par erreur. L’idée d’indépendance en est une qui nous interpelle beaucoup en tant que Québécois, car notre nation a vécu à deux reprises ce que les Écossais vivent en ce moment. Idéologiquement, les deux situations sont fort semblables. Un peuple de quelques millions d’habitants vit au milieu d’un grand pays, noyé dans une culture qui n’est pas la sienne. S’il veut survivre, s’il veut prospérer, s’il veut que ses enfants et que les enfants de ses enfants naissent dans la même nation que lui, il doit se battre. S’il ne se bat pas, il sait pertinemment que son existence et que son espérance de vie diminue d’année en année et est vouée à s’éteindre. C’est ce que le SNP, le parti national écossais, a compris il y a déjà de ça près de 80 ans. Comme ce fut le cas chez nous, il ne suffit pas seulement de cocher « oui » sur un bout de papier. Il y a de grands enjeux qui entrent en compte lorsqu’est évoquée l’indépendance de l’Écosse. Faisons-en le tour rapidement. Des armes nucléaires

britanniques sont présentes chez les Écossais, qui demanderont leur retrait si le oui l’emporte. Ils veulent toutefois adhérer à l’OTAN, mais en tant que pays non-nucléaire. Pour ce qui est de la monnaie, elle pourrait en être une écossaise, elle pourrait être l’Euro, ou bien demeurer la livre sterling. Les dépenses publiques du gouvernement augmenteront forcément, mais les revenus également, compte tenu que l’économie anglaise favorise présentement le sud du pays. Énergétiquement, les indépendantistes voudraient garder le marché unique qui existe au Royaume-Uni, pour ne pas faire monter les prix, ce que les partisans du non considèrent comme impossible à faire. En ce qui a trait à la monarchie, le SNP soutient qu’elle pourrait être conservée dans une Écosse indépendante. Les enjeux sont nombreux, mais comme dans tout calcul politique, si l’idée d’indépendance a été proposée, c’est qu’elle est certainement réalisable. Les résultats s’annoncent déjà extrêmement serrés, considérant que le premier sondage désignant le oui gagnant n’est sorti que le 7 septembre, avec des pourcentages de 51% et de 49%, nombres qui nous sont étrangement familiers. De nombreux artistes, personnalités publiques, se sont prononcés dans les derniers mois pour l’un ou l’autre des deux camps. Au Canada, le premier ministre, Stephen Harper, plaide quant à lui en faveur de l’unité britannique, mais cela ne devrait étonner personne car il serait impossible pour lui d’appuyer cette séparation et de garder sa crédibilité lors de toutes négociations gouvernementales avec les Québécois. Il y a une certaine excitation qui monte lorsqu’on visualise le jour du 18 septembre, car nous fêtons cette année le centième anniversaire du déclanchement de la Grande Guerre et que, durant ce dernier siècle, environ 150 référendums portant sur une question nationale ont eu lieu sur la planète. De ce nombre, seulement trois référendums ont échoué. Deux étaient québécois. Par solidarité, nous nous devons de souhaiter que l’Écosse sorte gagnante de cette journée.

CRÉDITS PHOTO : ANDY BUCHANAN/AFP

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Semaine du 15 septembre

Mon programme est meilleur que le tien

« Hein, t’es en cinéma? En tout cas, tu dois pas beaucoup travailler! » PAR CHARLES BRUNELLE

M’intéressant pas au hockey et n’écoutant pas la télé avec trop de zèle, il était clair que dès que j’entretenais une conversation avec des gens que je connaissais à peine, on allait rapidement tomber à court de sujets légers et devoir aborder nos parcours scolaires. Et là, je l’attendais, la question : « T’étudies en quoi donc? ». J’avais toujours ce sentiment de décevoir mon interlocuteur en lui répondant que je faisais « juste » du cinéma. Parce que oui, une conversation avec n’importe qui, même des gens du secondaire, finissait toujours par ce jugement gros comme le bras qu’on tenait immédiatement pour vrai : j’étais en cinéma, je devais donc être cet étudiant vénérant Xavier Dolan qui venait au cégep on sait pas trop pourquoi. C’était une forme de point Godwin des inconnus : toute discussion maintenue assez longtemps allait finir par y aboutir, et je craignais ce moment comme celui de ma mort. Dénigrer qui j’étais par mon programme d’études en était arrivé à un point où parfois, quand je débattais avec les gens, on sortait comme argument « ah, toi, tu sais rien, t’es rien qu’en cinéma. » Mais je me disais toujours que c’était correct, dans le fond, tout le monde a ses stéréotypes. Juste pour les préuniversitaires, on raconte que les gens en sciences nature sont répartis en deux catégories : il y a les lâches poussés par leurs parents et il y a les fous furieux obsédés par la performance, ceux qui feront toutes les bassesses possibles pour augmenter leur cote R et pleureront s’ils ont le malheur d’avoir une note inférieure à 90% à un examen, le tout pour faire une demande en médecine qui sera quand même refusée. Les gens en Sciences, Lettres et Arts vont faire beaucoup trop d’efforts pour des choses qui n’en valent pas la peine, comme écrire un texte de 800 mots sur une critique raisonnée de la mécanique quantique pour avoir une bonification de note de 1%.

Des préjugés comme ça, on en entend à tour de bras dans le cégep, comme si les gens se croyaient réellement. Et je suis certain que la plupart d’entre vous ne se sont reconnus dans aucune des catégories. Pourquoi donc? Probablement parce que c’est pas vrai (et peut-être aussi parce que j’ai nommé une infime partie des cursus possibles dans ce cégep et que le lecteur agrémente son séjour dans cet établissement d’enseignement d’autres activités). D’un point de vue purement anecdotique, en cinéma, les gens travaillent. Même beaucoup plus que dans mon nouveau programme; la production de films, ça se fait pas tout seul. Les gens ont la passion, ils font presque tous leurs devoirs avec le sourire dans le visage. « Mouain, mais ça compte pas, ils aiment ce qu’ils font », me direz-vous. Que dire alors de cette personne en sciences nature qui se pointe à ses cours parce qu’elle, la chimie et les maths pas faciles, elle aime ça? Ah, ok, c’est qu’elle fait quelque chose de productif. Je pourrais demander alors comment des exercices sur un bout de papier sont plus concrets que la production de courts métrages, mais on partirait dans une spirale pas si intéressante pour le lecteur de cet article et un ti-peu hors sujet. C’est donc pour toutes ces raisons que je vous invite à arrêter de juger les gens sur le programme dans lequel ils étudient. Après tout, en préuniversitaire, le cégep, c’est juste une autoroute vers autre chose (c’est plus toutché pour les gens en techniques, mais je vous aime pareil même si mon article parle pas tant que ça de vous!) Je crois qu’on devrait plutôt se mettre tous ensemble pour juger les autres cégeps sur des critères aussi rationnels que, par exemple, à Limoilou, c’est tous des thugs communistes et qu’à Mérici, les gens sont super riches.

Les gens en sciences humaines sont tous des disciples de Gabriel Nadeau-Dubois ou des lâches qui savent pas où aller dans la vie. Les 7 années qu’ils passeront au cégep seront toutefois les meilleures de leur vie. Les gens en arts plastiques et tous les autres qui ont à traîner dans l’aile R sur une base régulière sont des fumeux de pot notoires avec lesquels il faut minimiser les contacts pour ne pas tomber dans la perversion et le vice. 002


Semaine du 15 septembre

Je me souviens : René Lévesque PAR GENEVIÈVE GARIÉPY

Si j’ai décidé d’écrire cet article à propos de René Lévesque et ceux qui suivront dans les prochaines éditions à propos de ceux qui l’ont côtoyé, précédé et suivi, c’est que je trouve qu’on ne nous parle pas assez de ceux qui ont créé, modelé, et profondément marqué notre Québec. On attend de nous que nous soyons intéressés, impliqués, informés, mais on ne nous parle pas de ces hommes et femmes inspirants qui ont fait du Québec et de sa culture ce qu’ils sont aujourd’hui. On ne nous dit pas, du moins pas suffisamment, ce que nos ancêtres ont traversé; on ne nous parle pas de leurs sacrifices, de leurs victoires, de leurs défaites, de leur ferveur, de tout ce qu’ils ont partagé et de tout ce qui a fait d’eux et de nous, par ruissellement, un peuple uni. Comment s’attendre, dans ce cas, à ce que nous ressentions un quelconque attachement à notre identité et, surtout, une quelconque envie de la préserver? René Lévesque est tragiquement méconnu compte tenu du rôle capital qu’il a joué dans l’émergence de nombreux éléments du paysage politique, économique et social actuel : ce que je sais de lui, je l’ai découvert de mon plein gré, par intérêt, parce que j’ai la chance d’être entourée de gens engagés qui

m’en ont donné envie : pas parce que mon prof d’histoire de secondaire 4 m’a pitché deux-trois détails sur lui, un peu vite parce qu’il fallait qu’il passe toute l’histoire du vingtième siècle en trois semaines. Pourquoi donc, me direz-vous, devrais-je m’intéresser à un illuminé avec des cheveux bizarres qui fumait comme une cheminée, qui venait d’un trou perdu de Gaspésie et qui a fini par atterrir à l’Assemblée Nationale? Pourquoi lui parmi tant d’autres? Je vous répondrai qu’à mon avis, René Lévesque était un homme politique au sens le plus inspirant du terme, un homme politique comme il s’en fait pas beaucoup dans l’histoire d’un peuple : un homme de convictions, déterminé à faire avancer le Québec, au détriment de sa personne s’il le fallait. Et il y réussit sans conteste. Il y réussit en tout premier lieu au début de sa carrière politique, en 1960 et 1961, lorsqu’il se joint à la fameuse « Équipe du tonnerre » du chef libéral Jean Lesage et est élu contre toute at-

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Semaine du 15 septembre tente, dans un comté reconnu comme fidèle au parti adverse, l’Union Nationale. Pourtant, certaines pratiques utilisées lors de cette élection sont de celles, indignes, peu reluisantes, qu’on croirait impossibles dans une société où la démocratie est si importante. L’UN, dirigée par Antonio Barrette, a recours à des bassesses impressionnantes pour garder ses circonscriptions favorites, notamment celle où se présente Lévesque : des gros bras volent des boîtes de scrutin, introduisent des votes falsifiés et empêchent des citoyens qu’ils considèrent comme une menace à leur réélection d’aller voter, avec la police municipale de leur côté. Malgré tout, Lévesque est élu grâce à beaucoup de charisme et à des rencontres fréquentes avec le public. Ce dont il est témoin pendant ces élections le poussera à travailler à réformer le système électoral québécois. Élu et majoritaire, Lesage lui offre deux ministères : Ressources hydrauliques et Travaux publics. Tout en faisant un ménage du secteur corrompu, pourri jusqu’aux os des Travaux publics, il développe l’idée de la nationalisation de l’électricité, s’inspirant de l’Ontario qui l’a fait quelque 50 ans auparavant. Il fait analyser la rentabilité et les retombées du projet par une équipe d’experts, dont Jacques Parizeau : Lévesque se présente donc devant Lesage, qui est d’abord réticent, bien préparé. Comme de fait, il réussit à le convaincre et, en 1962, les Libéraux déclenchent une élection sous le thème « Maîtres chez nous ». Prendre possession des ressources et richesses du Québec : voilà ce que proposent Lesage et Lévesque à la population. Non seulement l’Équipe du tonnerre est réélue, mais sa majorité est augmentée. Le peuple envoie un message clair : maîtres chez eux, ils veulent le devenir, et avec les Libéraux à leur tête. C’est un premier triomphe public pour le nouveau ministre. Le projet se réalise malgré une résistance importante de la part des compagnies d’hydroélectricité qui, disons-le, faisaient pas mal d’argent avec les rivières. Les résultats sont extrêmement concluants : l’argent généré par la production d’électricité revient directement au Québec au lieu d’aller dans les poches des compagnies privées; des milliers d’emplois sont créés; le système est rendu plus efficace grâce à une administration commune; les prix de l’électricité baissent et – c’est exceptionnel pour une compagnie d’une telle envergure – sur les chantiers, tout se passe en français. Un pas en avant pour le Québec : peu à peu, René Lévesque fait ses preuves. Plusieurs années passent, il est réélu, puis battu, continuant dans la mesure du possible à moderniser le Québec partout où il en a le pouvoir. Il ne se laisse pas marcher sur les pieds et il reste un homme de convictions, même lorsqu’il n’est plus à l’Assemblée nationale. Bientôt, par contre, il y retournera avec de nouvelles idées, avec un nouveau parti qui promeut un nouveau concept développé par René Lévesque, la souveraineté-association.

C’est quoi ça, la souveraineté-association? En gros, c’est un principe selon lequel le Québec récupère les pouvoirs et le droit de percevoir ses impôts, tout en gardant la monnaie canadienne et des institutions économiques communes avec le Canada. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’avant lui, l’idée de séparatisme était plutôt radicalisée : régnait, par exemple, une haine des anglophones assez violente, et des groupes séparatistes ont revendiqué des attentats terroristes – oui, des vrais, comme mettre des bombes dans des boîtes postales et kidnapper du monde (c’est d’ailleurs un de ces groupes qui enleva et tua Pierre Laporte, ami de René Lévesque, pendant la Crise d’Octobre, en 1970). Le Mouvement pour la Souveraineté-Association qu’il fonda lorsqu’il quitta le Parti Libéral, qui refusait de discuter de ce principe, était donc le premier à être démocratique. De fil en aiguille, il fonde le Parti Québécois (1968), dont il est élu président, et celui-ci prend de l’importance, la souveraineté-association gagnant l’appui de personnalités importantes telles que les légendaires Gilles Vigneault, Félix Leclerc, Yvon Deschamps, Sol (Marc Favreau) et Pauline Julien. Le référendum est finalement prévu pour le 20 mai 1980 et la campagne référendaire se passe bien : le camp du Oui monte en flèche, le PQ est en confiance. Cependant, le gouvernement fédéral, Pierre Elliot Trudeau en tête, refuse de voir une victoire du Oui : il entame donc une campagne contre-référendaire en collaboration avec l’opposition du provincial, qui fut qualifiée de « campagne de peur » et qui, on le soupçonne, s’est harmonisée de commodes détours et contournements de la loi, de coups bas et de déloyauté : le Parti Québécois, le camp du Oui, a récolté les fruits de son intégrité – ça m’attriste de le dire, presque autant que j’en suis fière – et le référendum de mai 1980 a été perdu. En terminant, car je crois que c’est une des meilleures illustrations de l’amour qu’il a porté au Québec, de son honnêteté et de sa ferveur et qu’il suffit d’entendre quand il parle le nœud dans sa gorge pour éliminer tout doute à propos de sa sincérité, je suggère à chacun d’écouter le discours (facile à trouver sur YouTube) que cet illustre premier ministre a prononcé devant ses partisans le 20 mai 1980, après la défaite du Oui. Si jamais j’ai réussi ici à faire ce que je voulais faire, tu devrais avoir le goût d’en savoir un peu plus sur cet homme du peuple, qui a servi, respecté et écouté le peuple jusqu’au bout, premier ministre qui fût affectueusement surnommé Ti-Poil à cause de sa coupe de cheveux qui défiait toutes les lois. Si oui, pis que t’as déjà lu sa page Wikipédia, je te conseille la série René Lévesque (elle est sur YouTube aussi!), qui donne une perspective unique et historique sur sa vie, son entourage et ses actions politiques, et qui en plus est vraiment moins plate qu’un cours moyen!

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Semaine du 15 septembre

L OV E

IS L O V E

Tout n’est pas blanc ou noir (ou arc-en-ciel!) PAR MARIE-ÈVE CLARK Parlons de sexualité. Non pas de positions, de fétiches, de fantasmes, mais bien d’orientation. Pour être franche, je n’ai aucune idée du degré de connaissance de chacun et chacune en la matière, donc je préfère partir de la base pour assurer une compréhension globale. Cet article comportera donc des descriptions de la multitude de noms que l’être humain a jugé bon d’attribuer à ce qu’il ressentait, ainsi qu’une poignée de malheureux préjugés s’y rattachant. Chacun est libre d’en penser ce qu’il souhaite, et ceci n’est pas (tellement) une tentative de rentrer dans la tête des lecteurs et de frapper sur les quelques instincts de fermeture d’esprit qui y rôdent, même si j’ai bon espoir qu’en la matière, notre génération est supérieure à celle à laquelle nous succédons. Sachez que si j’emploie des termes offusquants, ce n’est nullement dans l’optique de soutenir ceux-ci, mais bien de les dénoncer. Par la même occasion, les jugements critiqués ici sont des généralisations. Oui, il existe des exceptions; non, tout le monde n’est pas blanc ou noir, comme dans n’importe quel autre aspect de la vie.

sexe. Les patois populaires tels que «fif» ou «pédé» sont ce qui contribue toujours à une discrimination de ces personnes, puisqu’ils sont souvent utilisés pour insulter quelqu’un qui agit de manière plus efféminée. Soyons clairs : les homosexuels n’ont pas tous une voix plus aigüe, les homosexuels ne sont pas plus faibles que les autres. Oui, un gai peut aller au gym, non, il ne regardera pas nécessairement les fesses de tous les garçons, et si par hasard il le faisait, et bien il ne devrait pas être traité différemment d’un homme qui mate les fesses d’une femme (ce que je ne cautionne pas du tout [mais d’ailleurs! Si vous n’aimez pas ça, les mecs, d’imaginer qu’un gars puisse vous regarder le derrière, alors sachez à présent ce que peuvent ressentir les filles]). Une autre peur populaire : si un ami ou une amie décide de vous apprendre qu’il ou elle est gaie ou lesbienne, vous n’avez pas à craindre qu’il ou elle tombe amoureux ou amoureuse de vous, franchement. Si vous souhaitez un autre parallèle hétérosexuel, rappelez-vous que les filles ne tombent pas amoureuses de tous les garçons qu’elles fréquentent, et vice versa.

Hétérosexualité : La plus connue, la plus répandue, celle que personne ne regarde bizarrement, celle que tout le monde accepte sans se poser de questions, bref, la sexualité que tu n’as généralement pas besoin d’expliquer. Un être hétérosexuel est attiré par une personne du sexe opposé au sien. Si les hétérosexuels peuvent se faire juger, ce sera généralement par des personnes d’autres orientations, qui craindront leur potentielle fermeture d’esprit.

Bisexualité : Ou connu comme étant une « éternelle indécision » (ou une phase. Quoique tout ce qui n’est pas de l’hétérosexualité est souvent jugé comme étant une phase). Réglons une autre chose immédiatement : une personne bisexuelle n’est pas indécise. Elle ne se donne pas le choix, parfois d’aimer les gars, parfois d’aimer les filles. Elle est sujette à les désirer l’un comme l’autre. Le sexe de la personne qui l’attire n’est pas une barrière. Les jugements envers les bisexuels viennent des deux orientations les plus connues. Si elle est jugée par les hétéros comme n’importe quelle autre orientation qui n’est pas la leur, elle subit parfois également une discrimination de la part des homosexuels, qui les jugeront comme étant des gais non assumés, ou qui ont honte.

Homosexualité : La deuxième plus connue et celle qui arrive à faire de plus en plus de progrès pour s’extirper du monde des préjugés. Un homosexuel est attiré par une personne du même

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Semaine du 15 septembre Mais la bisexualité est une orientation comme une autre. Et comme toutes les autres, elle n’est pas un choix. Asexualité : La moins comprise, je dirais. Une personne asexuelle ne ressentira pas de désir sexuel envers une autre personne (à distinguer de l’aromantique, qui ne ressent pas de sentiment romantique). Au contraire, les asexuels sont ceux qui vont s’engager dans une relation pour la romance de celle-ci. Donc oui, un asexuel peut tomber amoureux comme n’importe qui d’autre, oui, il peut aimer se coller contre son amoureux, mais non, il ne sentira pas le désir de lui faire l’amour ou d’avoir des contacts sexuels. Un asexuel n’a pas de libido (à ne pas confondre avec les abstinents, qui décident volontairement de ne pas avoir de relations sexuelles) et donc ne ressent aucun manque et n’en souffre pas. Ils sont sujets aux préjugés de déshumanisation, aux commentaires tels que « Tu n’as juste pas encore rencontré la bonne personne », et ce genre de choses qui agacent profondément. Pansexualité : Ou simplement aimer une personne, peu importe son sexe. Non, ce n’est pas semblable à l’être bisexuel qui va ressentir de l’attraction pour les filles et les garçons. La personne pansexuelle se fichera carrément du sexe, du fait que son compagnon est transgenre ou hermaphrodite. Ce qui compte, pour les pansexuels, c’est la personnalité, c’est l’identité même de la personne, en dépit de son physique (notez que cela ne veut pas dire qu’ils sont incapables de trouver quelqu’un attirant physiquement; seulement, ce n’est pas cette donne-là qui prime). Les pansexuels ne sont pas vraiment assez connus pour être sujets à des préjugés

persistants, ce qui ma foi, est une bonne chose. Un des problèmes principaux qu’ils rencontrent est de devoir expliquer la nature de leur orientation sexuelle à qui ils la dévoilent. Mais, si je ne m’abuse, personne ne semble avoir trouvé de façon de critiquer « Je tombe en amour avec les personnes en fonction de leur personnalité, et non pas selon leur identité physique. » Demi-sexualité : Ou un amour pour des personnes bien spécifique. Une personne demi-sexuelle est à mi-chemin entre l’asexualité et une autre orientation. Cela dit, il faut qu’un fort lien émotionnel se crée avant qu’elle ressente du désir sexuel. Peu importe le sexe de la personne avec qui le demi-sexuel entrera en relation, celui-ci n’aura pas à se considérer « gai » ou quoi que ce soit lorsque sa relation sera assez forte pour qu’il ressente du désir. Cette attirance sera réservée à l’élu(e) de son cœur, si ce premier réussit à le faire battre assez fort. Et voilà! Je suis à peu près convaincue que je n’ai pas fait le tour de ce qu’un individu peut ressentir, ou de comment il tient à expliquer cela, mais c’est peut-être un début. Après tout, chaque personne est différente, et chaque personne vit ses émotions de manière unique. Les orientations sexuelles ne sont que des mots pour tracer les grandes lignes de ce qui se révèle être bien plus complexe en réalité. Je sais aussi que je ne suis pas passée par tous les trop nombreux jugements et préjugés, mais je ne crois pas que ce soit nécessaire de présenter quiconque comme des martyrs, même si un peu de sensibilisation ne fait jamais de mal. Au plaisir de vous en avoir appris un peu!

Le réseau de tes extravagances Par Lyna Belkhiter

L’écheveau étourdi de vos anomalies

Et son rire irisé imite l’hérésie

Mêle à votre chaos un plaisir impoli

Et votre indifférence est une autre folie

Et votre esprit féconde un doux brin de folie

Et votre inconséquence est un autre délit…

Cet esprit, ce vaisseau, transportant l’air ravi,

Sa liberté de vivre attente à mon ennui

Flotte légèrement vers ce regard perdu

Ostracisant le monde et son refrain meurtri,

Ivre d’irréflexion, son cours est ingénu

Allant peupler au loin sa volonté étrange,

Vous composez le chant d’ineptes oraisons

Elle fuit l’univers répudiant son dépit.

Votre esprit vagabonde avec la déraison

Contractant la froideur du regard propre à l’ange,

Que j’aime voir en vous s’accoupler les dérives

Son cœur lui administre un chaleureux déni.

L’égarement palpite et l’espoir récidive…

Son bonheur impoli émeut la discordance…

Quel est ce feu secret qui fomente et avive

Que j’aime son bonheur, sa traîtresse déviance!

Votre souffle excité aux exhalaisons vives?

Son discours étourdi, sa rogue consonance!

En ce monde où l’attrait me parait impotent Je voudrais revêtir ce regard appétant,

Le dénouement exquis de votre imprévoyance…

J’aime l’oisiveté de sa désespérance!

En ce monde où l’attrait me semble intermittent

Ton monde qui s’effondre et puis qui recommence!

Et l’ardeur inféconde et le regret tentant…

Son sourire incongru qui succède à l’offense!

Vous déportez votre âme à l’horizon lointain…

Le réseau ingénu de tes extravagances!

Les accords de sa voix font un hymne enfantin…

Mais vous ne voyez rien de tout ce que je vois

Vos ébats impolis envers le sort humain

De ce monde âpre et dur votre cœur se dévoie…

Diffame la douleur de mes pleurs diluviens

Ma belle extravagante et votre cécité,

Et son chagrin de marbre est une fantaisie

Qu’à ma langueur prescrit votre frivolité…

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Semaine du 15 septembre

La force des discrets : le pouvoir des introvertis dans un monde trop bavard, après Gandhi, Rosa Parks et Eleanor Roosevelt PAR CHLOÉ VIEL Paru en 2013 après sept ans de recherche et d’écriture acharnée, l’ouvrage de longue haleine de Susan Cain sait révolutionner la pensée et remettre en question les idéaux de notre société. Dans La force des discrets : le pouvoir des introvertis dans un monde trop bavard, Cain présente l’importance de la solitude et de ses bénéfices créatifs, intellectuels et rassembleurs malgré la vision populaire qui valorise la personnalité avant la pensée. Comment expliquer ces gestes visionnaires tels que ceux posés par des individus remarquables, pourtant doux parleurs, tels que Gandhi, Rosa Parks et Eleanor Roosevelt? Susan Cain, de par sa plume sans façon, élucide brillamment ce mystère. La révolution du silence Comment est-ce qu’une avocate graduée de Harvard, qui surmonte, sur le terrain de Wall Street, l’avarice et les hurlements de ses loups, peut-elle bien écrire sur l’introversion et le pouvoir des voix sans écho? C’est très simple : en étant introvertie elle-même. Il ne faut pas oublier que l’introversion ne signifie pas être timide ou fuyard. Le plaisir de penser plutôt que de parler sans relâche, le goût pour les marches en forêt plutôt que les foules manifestantes, le golf plutôt que le football, voilà le portrait de l’introversion. Peut-être semble-t-il inintéressant, morne et solitaire, mais plusieurs influences mondiales figurent dans ce cadre simpliste. Parmi elles, Gandhi qui a milité pour la libération de l’Inde; Rosa Parks qui a su dire non à la discrimination et Eleanor Roosevelt qui est devenue la femme de l’Amérique dans le cœur de tous. Ils sont des exemples de figures changeantes de l’histoire qui conçoivent la pensée comme mère de l’âme. Qui sont-ils ces grands parleurs bruyants qui critiquent politiques et droits? Comment font-ils pour surmonter ce brouhaha et entendre leur conscience leur dicter le chemin solutionnaire? Dirigé par des voix à décibels infinis, le monde peut bien s’avérer trouble. Et que fait-on des générations futures? Seront-elles soumises au même sort ou pourrait-elles devenir brillantes et à l’écoute d’elles-mêmes? Cette réflexion commence directement sur les bancs d’écoles. Les travaux d’équipes, les présentations orales à hautes pondérations, les tables rondes où la parole est décisive dans la note finale et les participations verbales obligatoires en classe sont des épreuves que subissent nombre d’étudiants et écoliers qui préfèrent, et de loin, prendre leurs notes de cours assidûment et lire des situations nécessitant une réflexion profonde. Souvent, ils sont ceux qui brillent sur les cahiers d’examens et qui pourvoient les meilleures idées sur 007

papier. Or, l’introversion est soumise à l’extroversion. Ceux qui projettent l’image d’extrovertis sont ceux pour qui le système d’éducation occidental fut créé. On nécessite davantage de stimulus que les introvertis et vole la reconnaissance du professeur aux étudiants silencieux. L’entregent, la parole facile et le charisme deviennent le rêve de l’introverti. C’est pour cette raison que Susan Cain devint avocate à Wall Street. L’introversion en société pousse ses figurants à se dénaturer pour être l’individu parfait que l’Occident valorise. Pourtant, à l’extrémité de la planète, l’introversion est synonyme de réussite et de vertu. Pour un étudiant asiatique, l’arrivée dans les collèges nord-américains est un terrible choc culturel. Habitué toute sa vie à la sérénité d’esprit et à la réussite par la réflexion approfondie de soi et du monde, l’excellence devient alors un débat de taille qui dérange. C’est ce sur quoi Susan Cain veut faire réfléchir et ressentir ses lecteurs. Elle montre que l’introversion n’est pas une déficience de caractère mais une façon d’être qui fait naître des découvertes grandioses et qui devrait être encouragée. Un livre à lire si vous aussi partagez un brin d’introversion ou même un don pour l’extroversion. Selon des études, le tiers jusqu’à la moitié de la population est introverti. Si vous êtes actuellement dans une mer de gens, regardez autour de vous et étudiez les trois premiers individus croisant votre regard. Au moins l’un d’entre eux est introverti. En lisant La force des discrets : le pouvoir des introvertis dans un monde trop bavard, vous comprendrez peut-être la voix du silence et ne verrez certainement plus le monde de la même façon; et introvertis que vous êtes vous vous verrez différemment. Vous avez la parole d’une introvertie. Notice sur l’auteure Susan Cain Contrairement à ce qu’on peut le penser, Susan Cain n’a pas personnifié le rôle d’écrivaine toute sa carrière. Tout d’abord, elle fut avocate de profession à Wall Street. Négocier des contrats et faire entendre sa voix dans un monde trop bavard était sa spécialité. Graduée de l’université Princeton et de la faculté de droit de Harvard, Susan Cain semble posséder le profil idéal et recherché d’une personnalité forte se faisant entendre en société et pourtant… Suite à ses recherches approfondies durant la rédaction de son manuscrit, l’écriture de l’auteure parue dans le New York Times, le Oprah Magazine, PsychologyToday.com et dans plusieurs autres organismes. Son TED Talk fut notamment visionné plus de trois millions de fois et applaudi par le grand public. Son ouvrage est traduit en plus de trente langues et est un New York Times best seller acclamé.


Semaine du 15 septembre

Ebola, un réel danger ? PAR ANTOINE BOURASSA

Depuis peu de temps, vous avez sûrement déjà entendu parler de fameux virus de l’Ebola. Mais au fond, qu’est-ce qu’est l’Ebola? Le virus est-il mortel et si oui, comment l’attrape-t-on? Y a-t-il un remède? Chers étudiants, je doute que certains aient déjà les réponses ou leur opinion sur la question, mais lors de cet article je vais m’efforcer de vous faire un «topo» de la situation et de la maladie qui sera le plus fidèle et véridique possible. Pour commencer, parlons de ladite maladie qui donne, ma foi, froid dans le dos. L’Ebola est une infection de type viral qui est classée parmi les plus virulentes au monde. Avec un taux de mortalité de 90%, la maladie est difficilement curable. Pour ne pas vous mentir, mes chers collègues cégépiens, il n’y aucun – et j’insiste sur le «aucun» – remède correctement testé et développé à l’heure qu’il est pour contrer le virus. Réellement, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) ne possédait que cinq remèdes expérimentaux, dont deux ont été prodigués à deux citoyens américains qui avaient contracté la maladie en sol africain. Je vais d’ailleurs revenir sur «expérimental» plus tard. Par contre, il est important de savoir que le virus ne se transmet que par les fluides corporels et qu’il ne se développe jusqu’à devenir létal que chez 52% des cas répertoriés. Eh oui, un taux de létalité de seulement 52%, qui indique que si vous contractez cette souche du virus demain, vous avez, sans remède, 52% de chances d’en mourir. Ce qui indique que les deux Américains qui se sont fait administrer les deux remèdes n’étaient peut-être même pas des individus qui allaient nécessairement mourir du virus! Alors, il n’est pas interdit de se questionner et de se demander si c’est vraiment le remède qui les a sauvés. Il est aussi important de savoir que le virus qui sévit présentement en Afrique de l’Ouest n’est qu’une des nombreuses souches d’Ebola qui existent. Chacune de ces souches présente

des aspects ainsi qu’un taux de létalité différents. Au sujet des remèdes expérimentaux, il est également nécessaire de comprendre que les cinq remèdes que nous avions n’étaient et ne sont qu’en phase II de test et de mise en marché. Je vous explique : lorsqu’on crée un produit en laboratoire pharmaceutique, il y a quatre phases dans le développement du produit : phase I ou phase de recherche, là où on établit les cibles et on synthétise les molécules du médicament; phase II ou phase préclinique qui se divise en quatre sous phases soient les essais sur des volontaires, les essais sur des petits groupes, les essais multicentriques et, finalement, la délivrance de l’autorisation de continuer le développement. Par la suite, on assiste à encore deux phases soit la phase III, ou phase clinique, et la Phase IV ou phase «marketing». Comme mentionné plus haut, les trois remèdes qui nous restent ne sont qu’à la phase préclinique. Le médicament, ayant sauté la phase recherche, devrait normalement être testé sur des petits groupes, si ce n’était que les trois exemplaires sont probablement tous gardés sous clé en sécurité. Pendant ce temps, le virus se propage de façon fulgurante et dramatique en Afrique de l’Ouest. Les principaux pays touchés sont le Sierra Leone, le Libéria, la Guinée et le Sénégal. Ces pays contiennent une des plus importantes épidémies d’Ebola de l’histoire qui a infecté 3700 personnes et en a tué environ 1850. Mais, chers collègues cégépiens, ne vous affolez pas, une des premières raisons de cette progression fulgurante de la maladie est le manque d’hygiène et d’installations sanitaires qui font de certaines régions de l’Afrique un terreau fertile pour des souches de maladie comme l’Ebola. Si le virus parvenait à traverser l’océan qui nous sépare de l’Afrique, tenant compte de nos habitudes hygiéniques et des mesures qui seraient prises par le gouvernement, il ne ferait sûrement pas long feu.

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Semaine du 15 septembre

Reliquats d’une DÉMYSTIFIONS tranquille LE FÉMINISME révolution PAR SARAH TARDIF PAR JUSTINE BABINEAU-THERRIEN Nous cherchons constamment de nouvelles expériences, afin de vivre tel qu’il nous le fut enseigné par la société. Société qui se base sur des pieux branlants. S’arrêter n’est pas une option, nous devons inlassablement courir et converger vers un même point nos énergies. La qualité humaine se définissant presque par les accomplissements d’une personne, que ce soit par le « foirage » ou à l’inverse complètement, par l’atteinte de sommets vertigineux. Nous souhaitons être jeunes et vivre cette jeunesse dont nous avons tant été avertis de ne pas manquer. Combien de fois avez-vous entendu; « Profites-en pendant que t’es jeune ! » ? Pour ma part, des milliers de fois. Cependant, à ne jamais me questionner sur mes motifs et à foncer tête première dans les multitudes d’activités qui me sont continuellement proposées, il m’est impossible de me connaître vraiment. Nous devons tout faire et le faire dans un laps de temps restreint afin que ce soit bien vu. Le Paraître et l’Avoir priment d’une féroce union sur l’Être. Si je regarde les générations précédentes, fut un temps où de telles préoccupations ne germaient pas dans l’esprit de l’homme simple. Bien avant mes questionnements un peu trop existentialistes, les femmes n’avaient pour destin que de se marier à un homme bon et lui faire des enfants. Les hommes quant à eux devaient rentrer dans la catégorie « gentilshommes » et leur devoir était presque fait. La société de l’époque prenait en charge, à la place des êtres, les destins des individus qui la constituaient. Tout était réglé à l’avance. Certains régimes contemporains sont encore un peu figés de la sorte, il suffit de penser aux castes qui, même si légalement interdites depuis longtemps, déterminent la vie de milliers d’individus. Dans une perspective plus proche de notre réalité, dans les temps où l’Église était omniprésente dans la société, chacun l’utilisait comme repère et les rôles de l’homme et de la femme était très définis, clairs comme le cristal. Avec la Révolution Tranquille au Québec et, plus récemment, l’avènement de la technologie, nous nous sommes libérés de toute emprise nous dictant le chemin à prendre. Cependant toute libertés amènent leurs lots de réflexions et dans le phéno-

mène qui nous intéresse, de questionnements qui n’avaient pas lieu d’être auparavant. Nous nous sommes affranchis de l’emprise ecclésiastique, une sorte d’émancipation nous délaissant à notre sort hasardeux sans réelle voie à suivre. Nous sommes constamment en quête d’une laïcité pure, cette aspiration nous menant à considérer de façon péjorative toute appartenance à une foi quelconque. Si les générations précédentes ne se retrouvaient pas autant en crise existentielle, n’était-ce parce que tous possédaient les mêmes valeurs, les mêmes objectifs ? Que ce soit une question de salut ou normes sociales, il y avait quelque chose pour guider les jeunes, quelque chose qui les unissait. La religion renforçait les liens communautaires en imposant des modes de vie précis, le tout préconisant la chaleur humaine. Loin de moi l’idée de considérer un tel régime comme bénéfique, mais je ne peux m’empêcher de m’interroger sur si ce n’était pas la clé d’un esprit tranquille. Aujourd’hui, nous allons à l’université comme au cégep, sans savoir ce que nous voulons, âmes indécises, changeant de programmes dans cette poursuite effrénée de trouver sa voie. Nous errons dans les couloirs des institutions en jouant aux dés afin de savoir ce qui va nous interpeller. Une telle confusion me semble inévitablement liée aux rythmes de vie intensément rapides de tous Nord-Américains. Ne pas s’arrêter pour, par exemple, prier, comme le faisait nos grands-parents, ou encore pour méditer, comme le font les bouddhistes, nous rend confus et, pire encore, étrangers en nous-mêmes. Cette réaction face à la Révolution Tranquille était-elle inévitable ? Considérée par plusieurs comme une libération de la Grande Noirceur, quelle réaction des plus normales que de s’éloigner de tous les éléments rejetés à l’époque. Je crains malheureusement, alors que je ne cesse de me questionner sur ma raison d’être dans le monde, que nous fuyons un ennemi qui est parti depuis longtemps. Nous avons le droit de se connaître et le droit de croire en une vérité qui n’est pas absolue mais qui nous interpelle. Nous pouvons remplir ce vide, si ce n’est pas par une vie spirituelle déjà plus fleurissante, par la définition précise de son identité, que ce le soit par le contact humain. Ouvrons-nous au monde et arrêtons de fuir.

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Semaine du 15 septembre

Humains, je suis votre père PAR RACHEL GAGNÉ

centaines de millions d’années avant nous.

Le 4 août 2010, une découverte phénoménale agite les paléontologues du Parc national de Miguasha en Gaspésie. Sur la falaise de ce site naturel, un travail minutieux est effectué afin d’extraire une créature d’un mètre soixante de la roche, le tout premier spécimen complet de cette espèce au monde. Bien plus qu’un simple fossile, ce poisson aux airs de crocodile est le chaînon manquant à notre histoire évolutive à nous, les humains. Les tétrapodes, êtres à quatre membres dont nous faisons partie, appartenaient d’abord au monde marin avant de coloniser le sol terrestre, et ce poisson représente l’ultime étape avant ce passage de l’eau à la terre.

aux caractéristiques très étonnantes trouvée à Miguasha. Selon les experts, il fait partie d’une classe de poissons nommée sarcoptérygiens, qui sont les seuls à posséder, tout comme les tétrapodes, des humérus dans leurs membres antérieurs et des fémurs dans leurs membres postérieurs. Elpistostege watsoni est le seul poisson à posséder une paire d’os frontaux, comme les premiers tétrapodes, tout en ayant des plaques gulaires, des os dans la mâchoire inférieure uniquement présents chez les poissons, en plus d’avoir des nageoires aux os très semblables à ceux de l’avant-bras de l’homme. Ils ont également des narines et des yeux positionnés sur le dessus du crâne pour pouvoir simultanément regarder les alentours et respirer tel un crocodile.

Il y a de cela 425 millions d’années, bien avant l’homme et bien avant les dinosaures, les invertébrés, plus précisément les mille pattes suivis par les araignées et les mites, ont conquis le sol. Ainsi s’est donc formé un écosystème comprenant un sol fertile en plus d’une grande diversité d’invertébrés et de plantes. Au cours des 200 millions d’années qui ont suivi, les seuls vertébrés, êtres possédant une colonne vertébrale, étaient des créatures marines. Cette période se nomme le Dévonien, soit l’âge des poissons, et s’étend d’environ 420 millions d’années à 360 millions d’années avant aujourd’hui. Il y a 380 millions d’années, notre cher poisson trouvé en Gaspésie s’est éteint, puis est tranquillement descendu dans le fond des eaux, avant d’être rapidement enseveli sous des couches de sédiments. Ainsi caché des charognards voraces, son corps a pu être lentement fossilisé. Non, ce n’est pas en écrasant votre poisson rouge entre deux grosses pierres que vous allez créer un fossile, c’est un procédé légèrement plus complexe et beaucoup plus lent que cela. Sommairement, le processus de fossilisation s’explique par l’accumulation de roches sédimentaires sur le corps d’un animal ou d’une plante, ce qui a pour effet de compresser le spécimen dont le corps se retrouve ainsi prisonnier de la pierre. Certains fossiles sont tout à fait extraordinaires, il en existe même qui, de par l’accumulation de sédiments à l’intérieur de l’animal, ont pu garder leur forme en trois dimensions! Ce qui est formidable, grâce à ce phénomène naturel, c’est qu’il donne la possibilité aux paléontologues et biologistes évolutifs d’aujourd’hui d’analyser et de comprendre des espèces disparues il y a bien longtemps. Les fossiles permettent la compréhension de nos origines par l’étude de l’évolution d’êtres qui ont existé des 010

Elpistostege watsoni, tel est le nom donné à cette créature

Selon la théorie de la sélection naturelle de Darwin, les êtres vivants ayant une caractéristique qui les avantage par rapport à d’autres de leur propre espèce auront une plus grande chance de survie, donc une plus grande probabilité de se reproduire et de transmettre cette caractéristique à la prochaine génération. Ainsi, après des centaines de millions d’années, un poisson peut devenir un être humain grâce à la sélection naturelle en acquérant des nageoires de plus en plus robustes constituées d’os forts et résistants tout comme le bras humain et en acquérant aussi la capacité à respirer l’oxygène de l’air. Ce spécimen trouvé en Gaspésie représente la dernière étape évolutive avant la conquête du sol par les vertébrés; il est donc le poisson se rapprochant le plus du tétrapode. Ainsi après la conquête du sol par les invertébrés et les plantes, suivra celle des amphibiens, des reptiles, des dinosaures, des oiseaux, des mammifères, des primates et puis de l’homme dit « moderne » il y a 195 000 années, tout cela grâce à l’Elpistostege watsoni. Eh oui, ce poisson fort important a été découvert au Parc national de Miguasha, dans la région de la Baie des Chaleurs, en Gaspésie. Réputé pour la grande qualité et quantité de ses fossiles du Dévonien, ce site exceptionnel fait partie du Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1999 et attire les paléontologues du monde entier. L’Elpistostege watsoni, aussi appelé le « Roi de Miguasha », est exposé dans le musée du parc ainsi qu’une grande variété de fossiles clés de la période du Dévonien, datant d’il y a 380 millions d’années. Cette fenêtre temporelle sur notre histoire qu’est le site de Miguasha permet à l’homme de comprendre ses origines et, à vous chers lecteurs tétrapodes, de réaliser que votre père était originellement un poisson.

Source : CLOUTIER, Richard (2009), LE PARC NATIONAL DE MIGUASHA : De l’eau à la terre, Québec, Muséologie In Situ inc., 2e éd.

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Après le bac bleu, le bac brun! Éléments motivant le choix du site

850 mètres de distance entre le centre de biométhanisation et la zone résidentielle la plur proche

PAR DOUGLAS ALAIN Eh oui! Dans moins de 6 ans, toute matière résiduelle organique sera interdite dans les sites d’enfouissement du Québec. Feuilles mortes et pelures de bananes n’iront plus s’empiler au dépotoir, mais plutôt dans des centres intermunicipaux de compostage ou encore au sein d’usines de biométhanisation. C’est du moins ce que prévoit la Politique de Gestion des Matières résiduelles 2010-2015. Celle-ci vise à mieux gérer les quelque 13 millions de tonnes de déchets produites annuellement dans la province. Bien que la politique de 1998-2008 n’ait pas rempli tous ses mandats, des améliorations notables en termes de gestion des déchets se sont remarquées depuis la fin des années 90. En 2008, par exemple, pour la première fois depuis l’instauration du plan d’action, les Québécois récupéraient plus de matières qu’ils n’en jetaient. C’est d’ailleurs au niveau du recyclage que les citoyens se sont le plus améliorés. L’habitude est aujourd’hui fortement ancrée dans la population. La récupération des matières organiques, quant à elle, n’a pas eu le même succès et c’est ce à quoi tente de remédier la récente politique de 2010-2015. Pourquoi ne pas enfouir ce qui est décomposable? Dans un site d’enfouissement, où la matière organique est condensée et sous conditions anaérobies (sans oxygène), la décomposition de celle-ci entraine l’acidification du milieu en plus d’une production de biogaz (méthane, dioxyde de carbone) contribuant à l’effet de serre. Les méthodes que sont le compostage municipal et la biométhanisation n’entrainent pas ces effets indésirables et en prime, apportent des bénéfices. Le compostage redonne un fertilisant stable et très riche en humus 011

bénéfique pour les sols. Les usines, pour leur part, permettent de créer de l’énergie verte avec le méthane mentionné précédemment. Au niveau résidentiel, les matières résiduelles organiques comprennent principalement les produits verts (feuilles, branches, gazon, etc.), les résidus de jardin ainsi que les résidus alimentaires. À eux seuls, ils constituent 44% des résidus des Québécois. S’ajoutent à cela les boues municipales provenant des stations d’épuration des eaux usées. Les industries, commerces et institutions sont également concernés sur ce type de déchets et ne sont pas à négliger. Avec Labeaume, on niaise pas! Nous voilà encore lancés dans une heureuse aventure urbaniste de Régis Labeaume. En effet, notre cher maire nous a confirmé en janvier dernier, conjointement à la ministre Agnès Maltais, que le projet de construire une usine de biométhanisation à Québec était confirmé, en plus d’avoir vu son budget passer de 51 à 125 millions de dollars. Cette usine sera située près de la station de traitement des eaux usées de Limoilou. Le chantier devrait débuter pas plus tard que l’an prochain et prendre fin en 2018. Plus que trois ans donc, pour habituer les citoyens à séparer cœurs de pomme, croutes de pain et pelures de bananes du reste...


Nos arbres Concours Photo

Pourquoi protéger nos arbres ? Partagez vos plus belles photographies d’arbre afin de sensibiliser la communauté à l’importance des arbres. Lancement le 24 septembre 2014 sur http://ifocus22.com Communauté de photographes 012


Semaine du 15 septembre

Cette année, les théâtres de Québec ont monté de belles programmations. Voici celles des quatre théâtres les plus connus de la ville soit le Trident, la Bordée, le Périscope et Premier Acte.

La toute nouvelle série web intéractive

PAR MARION OUELLET-IMBEAU Trident C’est autour du thème d’aviver le feu que le théâtre du Trident a monté sa saison cette année, la directrice artistique, Anne-Marie Olivier écrit dans la programmation « Aviver le feu, c’est injecter à nos vies de la passion et de la fulgurance ». Ils nous présentent d’abord chante avec moi écrit et mis en scène par Olivier Choinière. Sur scène, c’est cinquante comédiens qui performeront pour vous dans cette comédie musicale qui promet de virer au cauchemar, pour avoir déjà vu Félicité d’Olivier Choinière, c’est une promesse que la pièce devrait remplir sans difficulté, donc soyez prêt à être agrippé et secoué dans tous les sens. Chante avec moi sera présenté du 16 septembre au 11 octobre. C’est ensuite Vania d’Anton Tchekhov, qui prendra possession de la scène du Trident du 4 au 29 novembre. Du 13 janvier au 7 février 2015, c’est Dans la république du bonheur de Martin Crimp que l’on pourra voir sur scène. Mettant en vedette Ève Landry (Unité 9), ce souper de Noël prendra une tournure inattendue lorsque quelqu’un décidera de dire ce qu’il pense vraiment de sa famille. Norge de Kevin McCoy, c’est une quête généalogique qui se rendra jusqu’en Norvège. Présentée du 3 au 28 mars 2015. La saison se finira en grand avec la présentation de Macbeth de Shakespeare mise en scène par Marie Josée Bastien qui avait assuré la mise en scène d’Hamlet à la Bordée l’an dernier. Pouvoir et ambition danseront dans cette tragédie qui promet de vous garder en haleine. Présentée du 21 avril au 16 mai 2015. Bordée Lumière(s) c’est ce que l’on peut lire en blanc sur fond rouge de la première page de la programmation du théâtre de la bordée, c’est aussi le thème choisi par Jacques Leblanc pour sa dixième saison avec la bordée « pour tout ce que ça évoque de clair-obscur, de fulgurance, de scintillement, de feu, d’étincelle, d’énergie, d’éclat! ».

35 ans après sa création, Les fées ont soif de Denise Boucher n’a jamais été rejouée. Cette pièce de la fin des années 70 avait soulevé les passions par ses propos durs envers la religion catholique. Véritable manifeste féministe qui sera présenté du 16 septembre au 11 octobre. Guerre et paix revisitée par le théâtre du Sous-Marin Jaune. Tolstoï avec des marionnettes, c’est le pari que fait Antoine Laprise, du 28 octobre au 22 novembre. Les admirateurs de comédies classiques ne seront pas laissés derrière, puisque du 20 janvier au 14 février 2015, on pourra voir Les fourberies de Scapin de Molière. Du 3 au 28 mars 2015, la bordée présentera w;t (prononcé wit) de Margaret Edson, une pièce qui raconte la bataille d’une femme contre le cancer des ovaires. Leur saison se fermera sur La chatte sur un toit brûlant de Tennessee Williams. L’histoire d’une femme qui tente de reconquérir son mari. Du 14 avril au 9 mai 2015. Périscope Le périscope a dix œuvres à sa saison, en voici quelques unes. Le périple d’Agnès Zacharie présentée du 4 au 20 septembre, qui raconte le voyage autour du monde d’un vieil homme et d’un grain de sable. La famille de crée en copulant de Jacob Wren, dresse un portrait de la famille contemporaine du 16 septembre au 4 octobre. Lorsque deux sujets d’un test clinique tombent l’un pour l’autre, les responsables des tests doivent découvrir si le médicament est responsable, ce sont les prémisses D’effets secondaires de Lucy Prebble, présentée du 8 au 25 octobre. Moi, dans les ruines rouges du siècle d’Olivier Kemeid et Sasha Samar, raconte la vie stupéfiante de Sasha Samar un comédien québécois d’origine ukrainienne, présentée du 7 avril au 18 avril 2015. Premier acte. Premier acte est un théâtre qui s’est donné pour mission de mettre de l’avant les compagnies de théâtre de la relève. Ils ont onze pièces

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Semaine du 15 septembre de programmées cette année, en voici quelques-unes. Du 16 septembre au 4 octobre 2014, Dans le bois de David Mamet. Cette pièce, originalement écrite pour un homme et une femme, présente deux hommes au début de leur relation, alors qu’ils décident de partir dans un chalet pour une fin de semaine. Ensuite, du 21 octobre au 8 novembre, la Vierge Folle présente Photosensible une réflexion sur les nouvelles et les images qui nous sont présentées. Du 27 jan-

vier au 7 février 2015, quelqu’un trouve une photo d’un proche qui date de 1920, c’est les prémisses de St-Agapie 1920. Donc voilà ce qui nous attend cette année au théâtre à Québec. Sans compter les onze pièces présentées à la salle Albert-Rousseau et le carrefour international de théâtre du 15 mai au 15 juin 2015. J’espère vous croiser à l’entracte.

Zeus chryséléphantin

PAR LAURA JACOBS Si vous avez vu Hercule, version Disney, vous devriez vous rappeler de certaines scènes, j’ose espérer. Vous souvenez-vous du temple dans lequel le demi-dieu va prier alors qu’il pensait avoir tout perdu? Il y a une statue géante de son papa, Zeus. C’est une statue qui aurait, apparemment, réellement existé. Elle manque aujourd’hui à l’appel, mais paraît tout de même sur la liste des sept merveilles du monde antique. Sur cette même liste figure d’autres œuvres d’art architecturales, comme les jardins suspendus de Babylone, le temple d’Artémis ou bien les pyramides de Khéops (soit-dit en passant, ces pyramides sont les seules structures parmi les sept encore debout aujourd’hui). La statue chryséléphantine de Zeus, c’est comme ça qu’on la nomme. Tout qu’un mot, mais il suffit de le décortiquer : chrysós et elephántinos sont les mots grecs pour désigner « or » ainsi que « ivoire ». On comprend alors que la statue était fabriquée majoritairement en or et en ivoire, c’est-à-dire en dent d’éléphant. Je ne sais pas pour vous, mais je trouve ça bien impressionnant! Zeus, pour les Grecs, est le dieu des dieux. Ce n’est pas pour rien qu’il ait mérité une aussi grande statue faite avec des matériaux aussi précieux. Phidias, le sculpteur, s’était tout droit inspiré d’Homère pour construire le géant. C’était au Ve siècle avant Jésus-Christ. La statue, qui mesurait entre 12 et 18 mètres, touchait presque le plafond du temple de ses cheveux dorés. Il tenait, dans sa main droite, Niké (Victoire) et dans sa main gauche un sceptre muni d‘un aigle doré. Une statue imposante mérite un trône tout aussi garni de beauté : il était fait d’ébène, un bois tellement sombre

qu’on croit qu’il est teint, et décoré d’or et de pierres précieuses. Le travail effectué était assez impressionnant pour que l’atelier même du sculpteur soit conservé par respect pour son talent jusqu’au Ve siècle après Jésus-Christ. Pausanias, écrivain et voyageur, raconte que Phidias quêtait un signe de Zeus une fois l’idole terminée, un signe qui lui montrerait si le dieu aimait ou non le produit final de son travail. La partie suivante peut rendre certains bien sceptiques : apparemment, un éclair sorti tout droit des cieux a frappé le temple sans rien endommager, tout de suite après la prière de Phidias. Ce n’est pas étonnant si l’artisan construisit une hydre en bronze et la plaça à l’endroit qui fut foudroyé. Une hydre, c’est un monstre qui a plusieurs têtes de serpent, comme celle avec laquelle se bat Hercule devant une foule de spectateurs. Il ne nous reste que très peu de témoignages de cette œuvre; les archéologues sont certains que tout ce qui s’y rapportait s’est transformé en cendres suite au grand feu de la bibliothèque d’Alexandrie. D’ailleurs, la disparition du chryséléphantin de Zeus est due au feu. Ce fut d’abord le temple qui flamba au Ve siècle après Jésus-Christ, mais la statue n’en fut pas tout de suite endommagée. Pour des raisons de sécurité, on l’a déménagée à Constantinople. Quelques années plus tard, elle brûle réellement, même que certains soupçonnent une origine criminelle derrière sa disparition. Cette œuvre d’art gigantesque est perdue à jamais et seules les rumeurs qui courent les papyrus témoignent de son existence. 014


La dernière plainte du révolté Par Jérémie Trudel

Puisse la mort fasse pousser mes ailes Et me faire monter jusqu’au ciel Là où l’amour aura échoué À me faire goûter l’éternité À la danse aux chants et à l’art Dans le baiser froid de la mort

Mais où donc est cette flamme Qu’enfin elle consume mon âme Mais où donc est cette plume Qu’elle chasse mon amertume Mais où donc est cette épée Qu’elle exécute ma sombre pensée

Faites fondre l’étoile, brûler la croix Cachez à mes yeux ce bouddha Tout ce qu’on peut me faire prier Est le cœur des femmes que j’ai aimées C’est elle la corde qui m’a sauvé C’est par elle que vous me pendrez

Oh, Femme! Toi qui me tortures Femme! Toi qui fais ma parjure Femme! Toi qui fais trembler ma voix Femme! Toi qui fais douter mes choix Femme, laisse-moi enfin t’aimer Homme que je suis, simple, brisé

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Jouez un peu !

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DÉPÔT LÉGAL: BIBLIOTHÈQUE NATIONALE DU QUÉBEC ET DU CANADA ISSN-0318-1710

Jouez un peu !

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