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ENORA LE PAPE
ENORA LE PAPE La France insoumise « Nous saurons proposer un projet volontariste pour Rennes »
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Nouvelle venue en politique, Enora Le Pape, candidate France insoumise, s’est qualifi ée au second tour des législatives dans la 8 e circonscription, en juin. Elle anime le groupe d’appui de sa formation à Rennes-centre.
Qualifiée au 2 nd tour des législatives dans la 8 e circonscription, tombeuse surprise du président PS de la Métropole, Enora Le Pape, 34 ans, anime le groupe d’appui de la France insoumise de Rennes-centre. Elle revient sur la stratégie de sa formation pour capitaliser sur ses bons scores.
Le Mensuel : Au 1 er tour de la présidentielle, la France insoumise (FI), formation de Jean-Luc Mélenchon, est apparue comme la 2 e force politique à Rennes, avec 25,8% des voix, soit plus de 6 points au-dessus de sa moyenne nationale. Quelles initiatives prenez-vous pour capitaliser localement sur ce score ?
ENORA LE PAPE : Nous sommes la deuxième force politique à Rennes. Les résultats de la présidentielle se sont confi rmés aux législatives, où certains de nos candidats se sont qualifi és pour le second tour (Marc Martin dans la 4 e et Enora Le Pape dans la 8 e , NDLR) et ont vu leur score progresser entre les deux tours. Nous réfl échissons donc à notre organisation aux niveaux local et national pour structurer notre mouvement. Actuellement, nous discutons de modalités d’actions, nous réfl échissons à des outils, etc. Nous avons besoin de temps pour construire ce mouvement, que nous souhaitons diff érent des partis politiques. Notre objectif est qu’il existe un dialogue en son sein.
L’absence d’élus et de porte-parole au niveau local ne pose-t-il pas un problème d’incarnation ?
Nous, nous voulons un mouvement
KILLIAN TRIBOUILLARD killian.tribouillard@lemensuel.com LIONEL LE SAUX
politique pas un parti. Nous réfléchissons donc à en casser les codes. Nous estimons, par exemple, que la politique ne doit pas être l’affaire de quelques professionnels. Tous les citoyens peuvent avoir une expertise à faire valoir. Nous préparons une journée départementale de la FI. Elle se déroulera fin octobre. Elle pourra déboucher sur la désignation de porte-parole thématiques. L’idée est aussi de faire tourner les militants afin que ce ne soit pas toujours les mêmes qui s’expriment dans les médias.
Comment s’organise votre formation ?
Au niveau local, notre mouvement se fonde sur des groupes d’appui qui s’inscrivent sur des bassins de vie (quartiers ou communes). Chacun d’entre eux travaille de façon autonome. Nous œuvrons actuellement à la coordination de ces groupes. Partir du local est essentiel pour permettre aux militants d’être impliqués. On va prendre le temps de s’organiser. En attendant, cela ne nous empêche pas d’agir. Ainsi, depuis septembre, nous avons repris avec force nos actions, à travers notre opposition à la loi travail notamment. La mobilisation de ce samedi (23 septembre, NDLR) a été très forte. Trois bus sont partis de Rennes pour Paris. Sur place, nous avons pu constater que la FI n’avait pas décliné depuis le 18 mars dernier (lors du défilé «pour la 6 e République», NDLR). Notre capacité à mobiliser est intacte, bien que nous ne soyons plus en campagne électorale. Nous sommes en capacité d’être indignés, créatifs et festifs.
Protestations contre la baisse des APL, contre la suppression des emplois aidés... Depuis l’élection de Macron, les élus du PS rennais semblent eux aussi clairement dans l’opposition au gouvernement, non ?
Oui... (sceptique, NDLR). Les socialistes rennais ne se sont pas démarqués durant la présidentielle. Aux législatives, les électeurs ont eu des difficultés à comprendre ce que feraient leurs candidats s’ils étaient élus. Ce manque de clarté nous a permis de passer devant aux législatives. Aujourd’hui, les responsables politiques locaux s’aperçoivent qu’il va être compliqué de faire ce qu’ils ont prévu avec les mesures prises par le gouvernement. C’est bien qu’il existe une union face à certaines aberrations. La suppression des contrats aidés par exemple. Ils ont été arrêtés du jour au lendemain sans que rien ne soit proposé aux gens concernés. Les contrats aidés ont été considérés comme une simple ligne budgétaire que l’on raye. C’est totalement inhumain. En matière de ligne budgétaire, par contre, le gouvernement a décidé de maintenir celle du CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, à destination des entreprises, NDLR) ou d’alléger l’ISF (impôt sur la fortune, NDLR). Nous ne sommes pas dupes. Les lignes budgétaires supprimées visent les précaires. Celles qui sont maintenues concernent une autre catégorie de la population.
Quelles sont les ambitions locales de la FI ?
La FI présentera des listes à Rennes et dans toutes les communes de la Métropole aux municipales. On y réfléchit. Des groupes de travail ont été formés.
Mi-septembre, les écologistes de la majorité municipale ont estimé qu’une alliance avec votre formation pourrait être envisagée lors des prochaines municipales rennaises (lire p.28). Qu’en pensez-vous ?
Ils nous ont soutenus entre les deux tours des législatives. Nous partageons des idées sur bien des sujets. Cependant, il serait prématuré de parler de tractations avec d’autres formations alors même que nous débutons nos propres réflexions. Nous bâtirons notre projet et nous verrons, dans un second temps, qui sera susceptible de se retrouver sur celui-ci.
Pouvez-vous citer quelques exemples concrets qui pourraient être portés localement par la FI aux municipales, susceptibles d’être différents de la politique menée par l’actuelle majorité ?
Le projet municipal découlera de notre programme national, l’avenir en commun. Nous serons plus volontaristes pour répondre aux urgences écologique et sociale. Par exemple, en introduisant plus d’alimentation biologique ou issues des circuits courts dans les cantines. Nous travaillerons aux liens entre la Métropole et les jeunes agriculteurs pour favoriser leurs installations. Au niveau des transports aussi, nous pousserons pour faciliter les déplacements quotidiens des Rennais... La LGV constitue un bon exemple de projet qui bénéficie surtout aux Parisiens ou aux Rennais qui travaillent à Paris. Elle a des conséquences pour les autres usagers des trajets locaux : hausse du coût des billets, changements d’horaires etc. Nous travaillerons pour ces derniers. Si on veut qu’il y ait moins de voitures à Rennes, nous devrons par exemple être très volontaristes sur le RER rennais, le développement des pistes cyclables, sur de multiples projets favorisant la qualité NOUS de vie et la transition énergétique... SERONS AUSSI
Certaines de ces propositions figurent déjà dans
PLUS ATTENTIFS À L’URGENCE
les projets portés
par la majorité. S OCIALE Nous serons plus volontaristes. Il existe d’importantes marges de progression... Et nous serons aussi plus attentifs à l’urgence sociale. Prenez le cas des migrants. Nous, nous sommes auprès d’eux. La mairie et la préfecture ne cessent de se rejeter la responsabilité de la situation. En attendant, le 115, qui est aussi destiné aux SDF, est saturé en permanence. Il n’existe pas de centre d’accueil d’urgence. Nous savons qu’il existe de nombreux logements vides. Il ne manque que la volonté politique. Nous saurons proposer un projet volontariste pour la Ville de Rennes, alternative de la politique actuelle de la majorité.