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POLITIQUE
HIND SAOUD DÉMISSIONNÉE DE LA MAIRIE, CONFIRMÉE À LA RÉGION En septembre,
Le Mensuel annonçait la démission de
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Hind Saoud du conseil municipal rennais, après que l’élue choisisse de devenir attachée parlementaire du nouveau député EM, Mustapha Laabid cet été. Cette activité professionnelle a été jugée incompatible avec son mandat exercé au sein de la majorité de la maire socialiste de Rennes, Nathalie Appéré. Elle n’a cependant posé aucun problème avec son appartenance à la majorité du président du conseil régional, le socialiste Loïg Chesnais-Girard (en photo), successeur de Jean-Yves Le Drian à l’hôtel de Région. Une mesure, deux poids ? « Hind Saoud est dans ma majorité, confi rme Loïg Chesnais-Girard. Elle dispose même d’une délégation aux achats. Ce que je lui demande c’est : est-ce qu’elle se reconnaît dans le projet politique qui est le nôtre et dans ma présidence ? A partir du moment où la réponse est oui à ces deux questions, elle a sa place dans mon exécutif et dans ma majorité. »
PAR KILLIAN TRIBOUILLARD
EN PARTENARIAT AVEC
MUNICIPALES RENNAISES APPÉRÉ EN MODE COMBAT
Conséquence du « séisme » des législatives et de l’avènement d’En marche (EM) ? Ou simple tempo lié à la mi-mandat ? Nathalie Appéré semble avoir passé la surmultipliée en septembre. Au point que certains politiques estiment que la maire PS de Rennes est déjà en campagne pour les municipales de 2020. Ils se fondent sur de multiples « indices ». Début septembre, elle annonçait la tenue d’une dizaine de réunions dans les quartiers. L’occasion de vanter les mérites de son action, en prenant le pouls des habitants, les « vrais experts de la ville », dit-elle sur Tweeter. Dans la foulée, la maire a profi té de la démission de Sylvie Robert de son mandat d’adjointe à la communication¹ pour récupérer sa délégation, stratégique dans la période qui s’ouvre. « Rennes entre dans une nouvelle ère. » Dans la « Les vraies presse cet été, elle a également posé réformes ne sont ce qui ressemble
pas dans les recettes libérales
à des éléments de langage, déclinés par ses troupes d’hier » sur de multiples NATHALIE APPÉRÉ canaux. « Notre équipe est au travail pour qu’une nouvelle ère s’ouvre pour notre ville », expliquait-elle à nouveau dans le bulletin municipal, Les Rennais, en septembre. Au niveau national, Appéré est aussi montée au créneau pour protester contre la suppression des emplois aidés et le projet de réforme du fi nancement du logement social, prévu dans le projet de loi de fi nances (PLF). Sur France 3, dans Le Courrier des maires, dans Libé... La maire, également présidente de l’Agence nationale de l’habitat (Anah) a sorti la sulfateuse et interpellé le président contre « les mesures ineffi caces et profondément injustes que le gouvernement prépare dans l’ombre des arbitrages budgétaires ». « M. le président, les vraies réformes ne sont pas dans les recettes libérales d’hier, mais dans la réinvention d’une politique de logement que nos territoires sont prêts à mettre en œuvre². Dans le même temps, Marc Hervé, son adjoint aux fi nances, attaquait sur Facebook le député Florian Bachelier (EM), fustigeant une expression « qui démontre un manque d’humilité vis-à-vis de l’action publique ». « On peut se demander si la lutte contre le chômage autorise brutalité, arrogance et mensonge », s’est interrogé l’élu,
Nathalie Appéré, maire PS de Rennes
peu connu pour être un vindicatif. La maire est-elle en campagne ? Cherche-t-elle à gagner des points en tapant sur le gouvernement ? Dans son entourage, on dément. Les rencontres avec les habitants ? Elles sont habituelles pour rendre compte du « contrat » passé avec les habitants en 2014. La récupération de la délégation de la communication ? Une simple mesure technique liée à des questions de parité. La communication est gérée par un comité de pilotage collégial, mutualisé avec la Métropole. Dans les faits, ce changement n’aura aucune incidence, assure-t-on au « Château ». Rien à voir avec une volonté de s’adjuger la com’ de la collectivité. Les prises de position nationales ? « Il s’agit d’un cri du cœur, explique un proche. La maire est ultra compétente sur les questions de logement. Les mesures prévues par le PLF vont foutre en l’air à court terme cinquante ans de politique du logement menée à Rennes, considérée comme exemplaire. Dans deux ans, on ne pourra plus rénover, ni construire de logements sociaux. Le projet de rénovation urbaine dans les quartiers coûte 550 M€, dont 240 sont apportés par les bailleurs sociaux. Si le PLF passe, le projet ne pourra pas se faire. Il est normal que la maire alerte là-dessus. Il existe un vrai risque pour la ville. » La maire estelle dans l’opposition au gouvernement ? « EM a dit être ni de gauche, ni de droite. Aujourd’hui, ça boîte. On voit bien la jambe droite. Où est passée la gauche ? »
1. Pour cause de cumul des mandats. Sénatrice, Sylvie Robert reste conseillère municipale. 2. Une autre politique du logement est possible, Libération, 18/09
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