ESPACES RÉSIDUELS URBAIN: RÉSIDUS D'ESPOIR HUMAIN

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Espaces rĂŠsiduels urbains rĂŠsidus d'espoir humain

DPEA - Management des projets urbains durables Mars 2019



Je dédie ce modeste travail à: À ma mère Celia qui m'accompagne tous les jours dans mon intérieur mon frère Walter junior qui me suit et me soutient inconditionnellement mon père Walter qui est une source d´ inspiration pour le travail et pour la famille ma compagne Marion qui est la source de mon inspiration quotidienne dont la sagesse, patience et amour me rendent plein. ma fille Moema, qui est source d'énegie dont le regard me rempli de joie



Remerciements Je remercie tous ceux qui m'ont aidé dans l'élaboration de ce dernier travail de graduation. En particulier, Nicolas Lebunetel, pour l'orientation et les discussion sans lesquelles ce travail n'existerait pas; Nicolas Robieu pour les discussions très construtives. Michel Depeyre et Anne Sophie Granjon pour avoir participé au début de ce processus, toujours embryonnaire, à Saint Etienne; Augusto Tumelero, partenaire de travail et de nombreuses idées constructives; Miguel Guerra et Yure Romão pour les expériences transdisciplinaires; Jean Trindade, Bruno Guimarães pour les expériences dans la ville et le grand soutien dans les moments difficiles; Marion Daloux pour la douce présence et la persévérance du début à la fin de ce processus et avec qui j'ai le privilège de vivre.


SOMMAIRE INTRODUCTION.................................................................................... 8 METHODOLOGIE.................................................................................. 14 LES FONDEMENTS THEORIQUES....................................................... 21 ANDREA BORDE, VAZIOS URBANOS (VIDES URBAIN) JOANA PEREIRA, LES ESPACES RESIDUELS URBAINS QUELQUES AUTRES CONCEPTS LIÉS AU THÈME

LES ETUDES DE CAS............................................................................ 41 Critères généraux de quantification et de qualification et réflexion sur les espaces urbains occupés par des véhicules (les espaces de stationnement comme espaces résiduels de la ville

LA VILLE DE SAINT ETIENNE, France .................................................. 47

L’infrastructure urbaine de transport, le train Quantification et qualification des espaces La promenade

Les espaces et ses acteurs, usagers, utilisateurs

LA VILLE DE RIO DE JANEIRO, Brésil :Le BRT Transcarioca ............... 66 LE CAS DU QUARTIER MADUREIRA

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Les infrastructures urbaines du quartier de Madureira Carte: Quantification et qualification des espaces La promenade Les espaces et ses acteurs, usagers, utilisateurs.

LE CAS DU QUARTIER PENHA Les infrastuctures urbaines du quartier Penha quantification et qualification des espaces La promenade Les espaces et ses acteurs, usagers, utilisateurs

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LA VILLE DE MONTPELLIER, France.................................................... 94 LE CAS DU QUARTIER AIGUELONGUE............................................. 100 L`infrastructure urbaine de trasnport d’Aiguelongue Quantification et qualification des espaces La promenade Les espaces et ses acteurs, usagers, utilisateurs. QUELQUES APPROFONDISSEMENTS SUR LE QUARTIER AIGUELONGUE L’identification des zones La circulation La topographie Les espaces verts

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COMPARAISON ENTRE LES CAS......................................................... 125 Tableau typologique

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PROPOSITION POUR AIGUELONGUE, MONTPELLIER....................... 136 Concepts lies a la occupation des espaces residuels urbains Urbanisme temporaire Urbanisme tactique Ligne Directives pour le quartier Aiguelongue Enjeux....................................................................................................................... 150 Posture du projet.......................................................................................................154 Stratégie urbaine.......................................................................................................157 Tactiques urbaines................................................................................................... 160 Tactiques architecturales.......................................................................................... 170

ESPACE STRATEGIQUE : Pioch de Boutonnet, un espace continu nord/sud......... 174

CONCLUSION...................................................................................... 185


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INTRODUCTION Ce mémoire de recherche a pour objet l’étude des espaces soi-disant abandonnés, espaces sous-utilisés, délaissées, vides, vacants et résiduels de la ville, situés dans des zones proches des voies de circulation. (Ligne de train, grandes avenues et rues). Ce travail est l’aboutissement d’une formation enrichissante dans laquelle nous avons pu développer une réflexion critique sur la ville, son évolution, dans le cadre de "l’urbanisme durable", nous permettant de développer une nouvelle conscience urbaine. L’échange universitaire en Master 1 avec la ville de Saint-Etienne, axé sur le patrimoine et les paysages culturels ainsi que ma formation d’architecte et d’urbaniste, récemment achevée au Brésil, précédent cette formation "DPEA Management de projets urbains durables " de l’ENSAM. Aussi, j’ai choisi de prolonger des travaux entamés au cours de ces deux précédentes formations en axant mon travail sur des espaces résiduels repérés dans la ville de Montpellier. A Saint Etienne, ainsi qu’à Rio de Janeiro, j’ai amorcé des travaux dans ce sens, et j’intègre dans cette recherche ces deux études de cas.

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L’inspiration du thème de cette recherche s’ancre dans une fascination pour les alternatives viables dans le domaine de l’architecture et de l’urbanisme et l’occupation des espaces


INTRODUCTION

publics. Le fait que ce thème soit encore peu exploré dans le contexte académique brésilien a également généré de l’intérêt. En outre, les espaces résiduels font partie de notre expérience urbaine quotidienne, même si nous n’en avons pas conscience. Ma pratique de la musique et des arts de rue, liée à ces espaces, constitue sans doute une motivation forte à jeter un regard expert sur ces « lieux », leur fonction et leur histoire. Un petit détour historique nous permet de dire que dans la dynamique du système capitaliste établi au cours de l’histoire humaine, les espaces de la ville sont devenus des biens de consommation. Les pratiques consuméristes contemporaines génèrent donc non seulement de gros volumes de déchets matériels, mais aussi avec la croissance et le changement des villes, des espaces délaissées, des espaces résiduels. À partir de la révolution industrielle, la manière dont l’homme se rapporte à la nature, au temps et à l’espace a radicalement changé. Les nouvelles exigences industrielles ont changé les modes de production, de consommation, les arts, l’architecture et les transports. Cette révolution industrielle a amené une plus grande concentration démographique dans les villes ; et a augmenté de manière exponentielle la nécessité de l’homme, désormais «moderne», de se rapprocher du monde plus rapidement et de manière plus productive. L’émergence de la rapidité - l’échange d’informations,

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de biens, de richesses, de produits et de personnes - incite l’homme à dessiner de grandes voies de circulation pour les moyens de transport ou à utiliser (et élargir) les voies existantes, s’adaptant aux nouveaux modes de déplacement. En peu de temps, si l’on considère que la première locomotive à vapeur a été construite par l’ingénieur anglais George Stempheson 1en 1814 (environ trois décennies après la révolution industrielle anglaise), les voies de circulation devinrent un système propre, celui des infrastructures urbaines. Au XXe siècle, l’architecte Le Corbusier considère "qu’habiter, travailler, cultiver le corps et l’esprit, circuler sont des fonctions de la vie"2 dans la ville, qui correspondent aux besoins universels de l’homme. Ses méthodes constructives marquées par l’industrialisation des matériaux génèrent un mode de conception et de construction lié à l’ordre que nous percevons jusqu’à aujourd’hui dans les diverses interventions urbaines des villes. Bien que les idéaux de Le Corbusier proposent des lignes directrices optimistes et progressistes pour le bien-être des habitants de la ville, les méthodes modernistes de conception et de construction des infrastructures de transport urbain suggèrent un ordre parfois autoritaire et rationalisé dans leurs 1 BORGES, Barsanufo,Ferrovia e Modernidade, pág 2

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2 BRITTO, Ana Lucia, A cidade Moderna. Texto in <http://www.ebah.com.br/c ontent/ABAAAeyM8AD/urb-progressista>


INTRODUCTION

interventions sur les tissus urbains - notamment menée par la voiture. Souvent, l’insertion d’infrastructures urbaines de transports - lignes de trains, viaducs, autoroutes, élargissements de voies - génère des cicatrices dans le tissu urbain dans la mesure où elles ignorent les critères de contextualisation du lieu. Bon nombre de ces «cicatrices» sont des espaces résiduels urbains. Dans les années 1970, ces espaces restants, ainsi que ceux relégués par des changements dans le mode de production industrielle, sont devenus des projets innovants pour les architectes et les urbanistes européens. Bien que cette prise de conscience ait eu une grande importance pour la recherche de nouvelles solutions, l’abandon de ces zones reste encore l’une des conséquences des transformations urbaines constantes. Ainsi, il existe deux aspects liés aux infrastructures de transport urbain : si, d’une part, il y a des aspects positifs pour la circulation des véhicules, des informations, des produits, des richesses et des flux ; d’autre part, leurs insertions dans le tissu urbain dévalorisent et marginalisent certains lieux de la ville. Au début du XXIème siècle, on observe un changement de conscience des urbanistes, des organisations sociales liées au potentiel d’occupation des espaces de la ville et la volonté de construire un nouveau récit pour ces espaces «vides». 11


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Aussi, à partir des apports théoriques sur notre thème et notre vision de la fonction de l’architecte et de l’urbaniste comme un des acteurs de la ville, nous tenterons d’explorer ces espaces résiduels dans leurs formes, leurs origines et leurs contextes. Nous présenterons ensuite les données de notre travail in situ, (étude de cas) en cherchant à établir un lien entre les personnes et les espaces de la ville. Puis, nous rechercherons des lignes directrices pour les méthodes d’interventions et l’occupation de ces espaces. A travers cette recherche, nous allons donc chercher à comprendre comment ces espaces urbains peuvent être étudiés, classés, jusqu’à être qualifiés d’espaces de promesse, de rencontre et d’espoir.

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CAS A TRAVERS LE MONDE

Tout au long du processus de recherche sur le sujet, des exemples de cas dans le monde entier ont été incorporés comme références de différentes situations, résolutions et possibilités liées aux espaces urbains étudiés. De cette façon, les «cas dans le monde» complètent le récit de ce travail en divisant les chapitres. Bonne lecture ! 1. Bibliotèque et Gym, Viaduc Café, São Paulo - Brèsil

image: Viaduc "do Café", São Paulo, Brasil. PERERIRA, Joana, Espaços Residuais Urbanos, 2011. p171


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METHODOLOGIE Afin d’atteindre les objectifs proposés, ce travail va donc dans un premier temps s’appuyer sur 1) des fondements théoriques, et plus précisément sur deux travaux académiques (Borde, 2003 et Pereira, 2011), qui nous ont inspiré tant pour les concepts qu’ils développent que pour la méthodologie empruntée pour la recherche de terrain. Nous proposerons donc une approche à la fois historique et analytique sur ces espaces, puis un travail de terrain, (les études de cas) pour finalement proposer une dernière partie qui laissera une plus grande place au cas montpelliérain en terme d’analyse, de recherches de solutions, et de propositions. 2) Quelques mots sur les études de cas avec analyse typologique des espaces. Trois terrains ont été identifiés. Chronologiquement : l’un dans la ville de Saint Etienne, dans la région Rhône-Alpes en France puis dans la ville de Rio de Janeiro, région sud-est du Brésil; et enfin, dans la ville de Montpellier, dans la région Occitanie en France. Notre méthodologie nous a fait passer par une étape de découverte des zones par la marche, nous permettant d’établir des itinéraires. En effectuant plusieurs fois ces parcours, nous avons acquis une certaine expérience du lieu (notamment à 14


MÉTHODOLOGIE

travers des observations et des rencontres). Nous avons fait des relevés photographiques pour ensuite élaborer des cartes de quantification et de qualification des espaces résiduels urbains. Le choix des zones: Concernant la ville de Rio de Janeiro, deux tronçons urbains ont été retenus. Le premier se situe dans le quartier de Madureira et le second dans le quartier de Penha, les deux situés dans la partie nord de la ville et traversés par le corridor exclusif de bus BRT Transcarioca. Dans la ville de Saint Etienne, la ligne de train a été choisie comme axe du parcours d’analyse. Cette ligne s’étend des stations Chateaucreux à Bellevue. A Montpellier, nous avons choisi le quartier d’Aiguelongue situé au nord de la ville. Le système des rues qui délimitent et traversent ce quartier fait l’objet de la dernière partie de cette recherche. Chaque choix de zones s’est fait à partir de différents éléments : pour Rio de Janeiro, ma ville de naissance et d’origine, nous avons tenté de poser un regard neuf et naïf sur ces quartiers, en laissant dans un premier temps la place aux ressentis, aux « premières impressions ». Ce regard de découverte a bien sûr été plus aisé pour les villes de Saint Etienne

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et Montpellier, puisque toute mon immersion dans celles-ci constituait une nouveauté. Nous avons ensuite fait des recherches bibliographiques sur ces villes, et plus précisément des recherches sur les zones qui nous intéressaient. Enfin, nous nous sommes rapidement tournées vers des personnes ressources, (acteurs locaux, habitants, experts, projets) susceptibles de nous donner des éléments de compréhension, et ainsi d’orienter notre recherche. A Saint Etienne, un élément fort est vite apparu : la ville a une relation avec la période Industrielle du XIXème siècle et son infrastructure de transport. Le train est un symbole car c’est le premier chemin de fer de l’Europe continentale. Dans le cas de Rio de Janeiro, Madureira et Penha sont connus pour être de grands centres urbains de la périphérie historiquement intenses en terme de relations culturelles (samba, funk, et identité afro-brésilienne y sont présentes) mais aussi en terme de relations commerciales et de services. L’opportunité de combiner l’étude de cas de Penha et Madureira avec la question du corridor de bus exclusif BRT Transcarioca est pertinente, car ce dernier traverse les deux quartiers qui sont dans un contexte urbain similaire. Par ailleurs, porter l’attention sur ces quartiers périphériques met en lumière une image différente de celle que nous sommes habitués à voir dans les reportages touristiques sur la ville de Rio de Janeiro. 16


MÉTHODOLOGIE

Concernant la ville de Montpellier, le quartier d’Aiguelongue a été choisi comme objet de recherche. Notre recherche exploratoire nous a permis de repérer ce quartier comme ayant une position territoriale stratégique se situant à l’intersection entre ville/centre historique et d’importants espaces verts du territoire Méditerranéen. Nos « premières impressions » de ce quartier se sont faites en parallèle d’une réflexion nouvelle sur les espaces résiduels. Travailler sur un système d’infrastructures de transport urbain telle que des avenues, rues, et chemins dont les caractéristiques sont très différentes des cas précédents, enrichit également la recherche. La lecture de documents sur la ville de Montpellier et la rencontre d’acteurs locaux ont fini de nous convaincre sur la pertinence de porter notre attention sur ce quartier. Nous reviendrons ultérieurement sur ces éléments. Enfin, notons que le quartier bénéficie de peu d’études de projets urbains académiques ou professionnels. Aussi Aiguelongue constitue la quatrième et dernière étude de cas de cette recherche. En terme de méthodologie, nous avons souhaité dans notre recherche laissé une place importante à l’identification des acteurs, des occupants, des utilisateurs de ces espaces. L’observation, la rencontre et l’écoute font partie intégrante de notre investigation. Dans cette étape, l’intérêt est la découverte des personnes : l’accent est mis sur la recherche de ter-

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rain différemment des étapes précédentes qui ont traitées les données graphiquement, analytiquement ou théoriquement. Pessoa rappelle que "De nombreux projets urbains échouent car ils ne prennent pas en compte les utilisateurs locaux avant l’intervention. Bien que la requalification d’une zone urbaine cherche à attirer de nouveaux utilisateurs, il est essentiel que leurs usagers (utilisateurs) soient connus au moment du projet."3 3)Dans ce travail, nous proposons une étape de propositions, de lignes directrices de projet et leurs possibles tactiques d’application et de conception pour l’une des études de cas : celle de Montpellier. En effet, à partir des trois étapes ci-dessus, nous présentons des propositions pour le cas de Montpellier avec des analyses plus raffinées pouvant éveiller des enjeux et une stratégie globale pour le quartier. Ce travail de recherche a comme principal support le document : projet urbain "Montpellier 2040 : Une ville est une ressource renouvelable" de Secchi Viganò Mensia, 2013. Dans ce cadre nous avons développé une réflexion sur les possibilités de projets « temporaires » pour les espaces délaissés à partir de la notion d’urbanisme tactique/temporaire/ intermédiaire comme une notion contemporaine de construction

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3 PESSOA, Denise Falcão Desafios do desenho urbano p a r a a c i d a d e contemporânea; trecho retirado in : <vitruvius.com.br>


MÉTHODOLOGIE

de la ville. Nous tenterons après un détour théorique sur ces notions de voir de quelle manière celle-ci peuvent répondre à nos repérages dans le quartier d’Aiguelongue. Enfin, les propositions exposées dans cette partie peuvent entre autre servir d’ébauche de prolongement du cadre stratégique élaboré par le projet "Montpellier 2040", qui diffuse plus précisément la logique d’activation des espaces urbains.

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CAS A TRAVERS LE MONDE

2.Village Olympique du quartier Encantado, Rio de Janeiro, Brésil

Village olympique de l'enchanté: Images capturées par l'auteur


FONDEMENTS THÉORIQUES

LES FONDEMENTS THEORIQUES Nous avons abordé ce travail avec une toute première question : qu’est-ce qu’un espace résiduel urbain ? Pour tenter de répondre à cette question, notre recherche s’appuiera sur deux travaux académiques qui constituent un fil conducteur pour cette recherche.

ANDREA BORDE, VAZIOS URBANOS (VIDES URBAIN) Pour Borde (2003) ces zones de la ville sont "(...) privées de leur fonction d’origine, de leur contenu social, et (...) deviennent des vides urbains".4 Il s’agirait donc de zones que l’on pourrait qualifier d’obsolètes, et dont la fonction perd son sens. Dans son travail, Borde déclare que "la première impression que les vides urbains de la grande ville nous causent, dans nos parcours quotidiens, est une certaine étrangeté". 5 Les itinéraires de la chercheuse ont eu lieu dans le quartier où la concentration de population et les flux de la ville se produisent intensément et parfois de manière chaotique, le centre-ville de la ville de Rio de Janeiro. 4 BORDE, Andréa de Lacerda Pessôa, Percorrendo os vazios urbanos, PROURB/ FAU/UFRJ, X Congresso Nacinal do Anpur, 2003. p1 5 Idem

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De plus, Borde caractérise les vides urbains comme des espaces qui "(...) nous réveillent parfois des rêves de nouvelles structures urbaines, parfois la sensation que nous devons les éviter dans nos chemins".6 Selon elle, ils sont les "produits des processus d’urbanisation, mais aussi du manque de planification et de caractéristiques propres à chacun d’eux, (...)".7 Sur les origines de ce phénomène, Borde note que : "Le vide devient une catégorie inquiétante dans le contexte de la vie urbaine, à partir du milieu du XIXe siècle (...) temps dans lequel les conditions urbaines des grandes villes, comme Londres et Paris, sont aggravées par la croissance physique et démographique en atteignant des dimensions métropolitaines."8 Grace à l’analyse de la littérature produite sur le thème, Borde montre l’existence d’une vaste nuance de concepts liés à ce phénomène dans la ville : "Vide, vacant, terrain vacant, abandonné, inoccupé et sous-utilisé 9 qualifie la nature et la qualité des lieux - terrains et bâtiments - dans une situation de

6 Idem 7 Idem 8 BORDE, Andréa de Lacerda Pessôa, Vazios urbanos: perspectivas contemporâneas, 2006, p 5 note: Borde affirme que ce phénomène, cependant, commence à devenir quelque chose de significatif et à éveiller des études dans le domaine de l'urbanisme, à partir du milieu de 1970, où il y avait une crise structurelle du système productif.

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9 Traduction libre des termes du portugais pour designer les « vides urbains ». Les termes utilisés dans la langue d’origine sont : “Vazio, vacante, vago, baldio, abandonado, desocupado e subutilizado”


FONDEMENTS THÉORIQUES

vide urbain. (…) tierras vacantes, vacíos urbanos e terrenos baldíos, en espagnol; wastelands, derelict land, en anglais; terrain vague et friches urbaines, en français."10 Pour la chercheuse, l’existence de cette multiplicité de terminologie pour évoquer ce phénomène urbain "contribue également à une imprécision qui entrave leur propre compréhension." 11 Sa méthodologie de recherche se déroule en quatre étapes principales. La première concerne les fondements théorico-méthodologiques dans lesquels la révision analytique passe par l’étude bibliographique, la réalisation d’une révision conceptuelle et l’observation empirique. La deuxième étape consiste à contextualiser les vides du quartier central en configurant des analyses préliminaires à l’échelle urbaine afin de cartographier les principales catégories de vides urbains. Le troisième est l’approfondissement historique de la formation et de la transformation des vides urbains dans cette zone associée aux interventions urbaines au cours du XXe siècle. Enfin, l’établissement d’un inventaire et les perspectives de transformation de ces vides urbains à partir cartes de contexte, analyses d’utilisation et d’occupation, cartes d’évo12

10 BORDE, Andréa de Lacerda Pessôa, Percorrendo os vazios urbanos, PROURB/ FAU/UFRJ, X Congresso Nacinal do Anpur, 2003. p4 11 Idem 12 BORDE, Andréa de Lacerda Pessôa, Vazios urbanos: Perspectivas contemporâneas, 2006.

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lution urbaine, coupes urbaines, maquettes électroniques, entre autres constitue l’étape finale. Nous pouvons d’ors et déjà dire que le vide urbain est un phénomène expressif de la ville contemporaine. D’origine moderne, ce phénomène est marqué par les conséquences de l’évolution des structures productives, des mouvements migratoires, de la nécessité - de plus en plus brutale - de la construction des structures viaires urbaines et de l’expansion de la ville elle-même. Ces espaces sont donc en relation directe avec le système routier, avec la dynamique urbaine et l’histoire de la transformation de la ville. La dénomination “vides urbains” - choisie par Borde - peut être caractérisée comme la grande sphère de ce phénomène urbain. Nous retenons que ce sont donc des espaces construits ou non, abandonnés, sous-utilisés, vagues, avec peu ou pas de fonctions sociales. En résumé, ce sont tous les espaces urbains de la ville qui ne remplissent pas leurs capacités occupationnels, sociales, juridiques, etc. Borde énumère quatre éléments généraux sur la façon dont ces vides urbains sont insérés dans la ville. "a) le degré de consolidation de la zone où il est inséré - vides urbains situés dans des zones d’infrastructure consolidée X vides urbains situés dans des zones d’expansion périphérique 24


FONDEMENTS THÉORIQUES

b) usages et activités - espaces inutilisés X espaces occupés par des infrastructures obsolètes c) taille - grande zone rurale X petits lots insérés dans le réseau urbain d) processus d’urbanisation - vides urbains constitués de zones résultant des impacts de grands projets X zones qui restent vides en raison de leur propre histoire urbaine"13 Enfin, pour elle, "(...) l’élargissement du débat passe nécessairement par la révision conceptuelle, par des définitions plus précises qui articulent les caractéristiques de chaque situation de vide urbain aux différentes dimensions du phénomène urbain." 14

L'avenue Presidente Vargas au Rio de Janeiro, étude de cas de la recherhce sur les vides urbain. BORDE, Andréa de Lacerda Pessôa, Vazios urbanos: perspectivas contemporâneas, 2006, p 20 13 BORDE, Andréa de Lacerda Pessôa, Percorrendo os vazios urbanos, PROURB/FAU/UFRJ, X Congresso Nacinal do Anpur, 2003. p14 14 BORDE, Andréa de Lacerda Pessôa, Percorrendo os vazios urbanos, PROURB/FAU/UFRJ, X Congresso Nacinal do Anpur, 2003. p1

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image 1: vides au long de l'Avenue Presidente Vargas.BORDE, Andréa de Lacerda Pessôa, Vazios urbanos: perspectivas contemporâneas, 2006, p 28 Imagem 2: vides dans l'ile universitaire de Fundão, Rio de Janeiro.BORDE, Andréa de Lacerda Pessôa, Vazios urbanos: perspectivas contemporâneas, 2006, p 31

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Imagens 3 e 4: Siège de "IBGE"( Institut brésilien de geographie et stastistique, Rio de Janeiro et siège de "Jornal do Brasil", Rio de jeaneiro BORDE, Andréa de Lacerda Pessôa, Vazios urbanos: perspectivas contemporâneas, 2006, p 84


FONDEMENTS THÉORIQUES

En ce sens, elle explique que d’autres catégories de ce phénomène urbain peuvent être identifiées à partir d’autres approches d’étude et d’action. Elle cite alors Ferrara qui travaille sur ce qu’il nomme des espaces résiduels. "En pensant aux significations urbaines, Ferrara traite non pas des vides urbains, mais des espaces résiduels. Des espaces qui seraient formés tout au long du processus permanent de construction et de reconstruction de la ville et qui s’exprimeraient comme des cicatrices de ce qui a été détruit et qu’il n’a pas été possible de reconstruire complètement. Des espaces qui apparaissent comme une discontinuité, un vide à remplir d’informations et de nouveaux usages (...)"15 Ces espaces résiduels, pour Borde, constituent un groupe de vides urbains en relation directe avec l’échelle de l’habitant, contrairement aux grandes zones urbaines abandonnées dans la ville. Autrement dit, les espaces résiduels urbains font partie d’une catégorie au sein de ce phénomène appelé le vide urbain. Joana Pereira a travaillé autour de ce concept et offre sa définition.

15 BORDE, Andréa de Lacerda Pessôa, Percorrendo os vazios urbanos, PROURB/FAU/UFRJ, X Congresso Nacinal do Anpur, 2003. p7 cite FERRARA DOS SANTOS, C. Nelson (1986). Preservar não é tombar, renovar não é por tudo a baixo. Revista Projeto S. Paulo: Projetos Editores, nº86, abril;

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JOANA PEREIRA, LES ESPACES RESIDUELS URBAINS Dans ses recherches, Pereira (2011) débat et propose des solutions sur les espaces résiduels urbains en quatre phases d’étude. La première est basée sur la lecture historique de la ville dans deux contextes distincts: l’Europe et l’Amérique latine. Elle repère le processus de développement urbain dans ces deux contextes culturels à partir des changements provoqués par le mouvement moderne liés aux enjeux de mobilité et de transport. "(…)Pour comprendre comment, dès l’apologie de la mobilité et l’automobile, acteur principal des villes industrielles, une vision urbaine homogène s’est développée et que par conséquent ces espaces "oubliés" se sont formés, car la ville contemporaine est en réalité fragmentée." 16 Dans la deuxième phase, l’objet de l’étude est "l’espace résiduel urbain" et la recherche se concentre à définir ce type d’espace urbain. D’une manière démonstrative et réflexive à la fois, Pereira aborde des concepts antérieures à son travail tels que : Thirdspace d’Edward Soja, le Terrain vague de Solà-Morales, le Junkspace de Rem Koolhas, ainsi que des exemples d’autres études sur le sujet tels que : Post-it City, Espaços colaterais, PKMN Studio et Recetas Urbanas de Santiago Cirugeda. 16 PEREIRA, Joana Isabel da Cruz, Espaços Residuais Urbanos, Coimbra, 2011 p .23 cite SOLÀ-MORALES, Ignasi, Territorios, 2002, p. 79

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FONDEMENTS THÉORIQUES

Pereira cite l’interrogation de Solà-Morales pour justifier la volonté de changer le regard et de prendre conscience de ces espaces :"Pourquoi l’urbain semble-t-il se visualiser de manière primordiale dans ce type de paysages? Pourquoi y a-t-il une sensibilité paysagère (...) qui rend cette nature artificielle pleine de surprises, de limites imprécises, défavorisée de formes fortes qui représentent la puissance ?" 17 Et elle déclare : "C’est à travers ce regard qu’il (Sola Morales) prétend éveiller une conscience paysagère dans l’observation des espaces résiduels, en même temps qu’une conscience sensibilisante sur ce qui est potentiel, ce qui est nuisible et comment nous pouvons agir. " 18 Dans la troisième phase, la recherche se concentre sur des études de cas générales sur «les dessous de viaducs» (“Baixio de viaduto), montrant des projets à travers le monde et analysant les aspects sociaux, architecturaux et urbains de ces interventions. Le résultat final de cette phase est l’analyse de deux exemples d’intervention dans les espaces sous les viaducs. La première analyse est faite sur le projet de NL Architects à Koog aan de Zaan, Zaanstad, Hollande et la deuxième analyse est faite sur le gymnase et bibliothèque Cora Garrido à São Paulo, au Brésil. 17 PEREIRA, Joana Isabel da Cruz, Espaços Residuais Urbanos, Coimbra, 2011. p21 cita SOLÀ-MORALES, Ignasi, Territorios, 2002, p. 79 18 PEREIRA, Joana Isabel da Cruz, Espaços Residuais Urbanos, Coimbra, 2011 p .25

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Dans une analyse critique sur les infrastructures de transport urbain, telles que les viaducs, Pereira cite Boere: "Ostentatoires et faibles à la fois, ces infrastructures deviennent souvent le symbole d’une modernisation incapable de s’adapter aux mutations en cours"19 Pereira observe que: "plus la ville se développe, plus l’utilisation de grandes infrastructures urbaines est importante. Ainsi, apparait la relation directe entre les espaces résiduels et les réseaux de communication"20 . Les "sous viaducs " (baixio de viaduto), représentent pour elle un grand référentiel "d’espace résiduel urbain". Pour Pereira, ce type d’espace dans la ville fait partie du circuit des espaces publics dans lequel la programmation devrait être destinée aux enjeux sociaux, culturels et de loisirs dans la ville. Elle précise "Intervenir dans ces espaces extrêmement fragmentés et incohérents nécessite une vision large et multidisciplinaire, surtout détachée des canons traditionalistes. Ainsi, les interventions impliquent généralement des activités urbaines qui contribuent à la vie dans la rue."21 . Pereira explique que l’identité vide et imprécise en tant que caractéristique des espaces résiduels urbains sont des qualités à développer 19 PEREIRA, Joana Isabel da Cruz, Espaços Residuais Urbanos, Coimbra, 2011 p .147 cita BOERE, Stefano, Mutaciones, 2000 20 PEREIRA, Joana Isabel da Cruz, Espaços Residuais Urbanos, Coimbra, 2011 p .147

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21 PEREIRA, Joana Isabel da Cruz, Espaços Residuais Urbanos, Coimbra, 2011 p .149


FONDEMENTS THÉORIQUES

image 1: Situation du site d' intervenção à la ville de Coimbra, Portugal. PEREIRA, Joana Isabel da Cruz, Espaços Residuais Urbanos, Coimbra, 2011 p .188 imagem 2,3 e 4: Simulations des interventions dans les espaces sous les viaducs PEREIRA, Joana Isabel da Cruz, Espaços Residuais Urbanos, Coimbra, 2011 p.218,p.219,p.221

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ESPACES RÈSIDUELS URBAINS, RÉSIDUS D'ESPOIR HUMAINE

Dans la dernière partie de son travail, Pereira montre un caractère pratique et propositionnel pour les espaces trouvés dans les bas-fonds des viaducs des routes d’accès au pont Rainha Isabel sur les rives du fleuve Mondego à Coimbra, au Portugal. Au cours de cette étape, comme Borde, Pereira utilise des cartes de localisation des terrains et des analyses programmatiques des interventions basées sur les fondements précédemment étudiés. En outre, certaines simulations de photomontage sont explorées pour éclairer ses idées d’intervention.

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FONDEMENTS THÉORIQUES

QUELQUES AUTRES CONCEPTS LIÉS AU THÈME En travaillant sur cette thématique, on ne peut pas faire l’impasse sur les concepts de « terrain vague » et de « Junkspace » travaillés par les auteurs de référence que sont Solá Morales et Rem Koolhas. Le terme Junkspace apparaît comme l’une des dimensions politiques du phénomène du vide urbain. Selon Koolhas, Junkspace (ou espace vide) serait "La somme des décisions non prises, des problèmes non abordés, des choix non choisis, des priorités non définies, des contradictions perpétuées, des engagements adoptés, de la corruption tolérée"22 Pereira complète "Si les space-junk sont les débris humain qui encombrent l’univers, le junks-space est le résidu que l’humanité laisse sur la planète. Ce que la modernisation a construit (nous reviendrons sur ce mot), ce n’est pas l’architecture moderne mais le Junkspace. Le Junkspace est ce qui reste une fois que la modernisation a accompli son œuvre ou, plus précisément, ce qui coagule pendant que la modernisation suit son cours: sa retombée. La modernisation avait un programme rationnel : partager les bienfaits de science, universellement. Le Junskpace est son apothéose, ou sa disso22 BORDE, Percorrendo vazios urbanos, p4 cita KOOLHAS, Rem (2001). Espació basura: de la modernización y sus secuelas. Arquitectura viva 74. p.23

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lution." 23 (...) "Note aux architectes: nous avons pensé que nous pouvions ignorer le junkspace, le visiter en secret, le traiter avec un dédain condescendant ou l’apprécier indirectement ... comme nous ne pouvions pas le comprendre, nous rangions les clés ..."24 Pour Borde, Solà Morales (1996, 1998) et le Terrain Vague font partie des grands repères théoriques sur le thème des «vides urbains». Clarifiant la vision paragmatique de Solà Morales, elle explique l'orgine du terme dont la dualité porte un nouveau regard symbolique pour ces espaces vacants. "En analysant les différents éléments de la ville contemporaine, il a observé que les changements récents dans le système urbain auraient produit une inflexion dans le processus de formation continue des vides urbains, initiée deux décennies plus tôt, qui se traduirait par une transformation de la signification symbolique : il n’est plus un vide urbain, mais terrain vague, absence et opportunité, mémoire et transformation." 25 Il ajoute disant que "la photographie serait la meilleure ressource pour comprendre les attributs réels et potentiels des terres vides des zones centrales par la capacité que cette manifestation artistique montrerait, les 23 PEREIRA, Espaços residuais urbanos, p. 109 cita KOOLHAAS, Rem, Três textos sobre a cidade, 2010, p.69 24 PEREIRA, Espaços residuais urbanos, p. 111 cita KOOLHAAS, Rem, Três textos sobre a cidade, 2010, p.69

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25 BORDE, Vazios Urbanos, p.28


FONDEMENTS THÉORIQUES

contrastes et les tensions latentes dans les terrains vagues".26 Pereira, sur le terrain vague, exprime cette perspective ouverte et pleine d’espoir que le concept comporte: "On peut alors dire que le terrain vague libère non seulement l’esprit des souvenirs du passé, mais permet aussi une observation positive et stimulante avant ces situations urbaines, généralement considérées comme négatives, problématiques ou simplement inconnues. En ce sens, ces espaces éveillent un intérêt croissant et même une certaine passion."27 "(...) Les artistes, les voisins et les citoyens désabusés de la vie nerveuse et imparable de la grande ville se sentent profondément contredits. Ces terrains vague semblent être les meilleurs endroits représentatifs de leurs identités, de la rencontre entre présent et passé, tout en se présentant comme le seul bastion non "contaminé" pour exercer une liberté individuelle ou collective."28 En ce sens, il est important de souligner l’importance d’une investigation sur les agents et les occupants de ces espaces de la ville - les acteurs protagonistes. Un exemple notable de ce 26 BORDE, Percorrendo vazios urbanos, p6 cita BUSQUETS, Joan (1996). Nuevos fenómenos urbanos y nuevo tipo de poyeto urbanístico. Barcelona : Confrés UIA 96. p 280 27 PEREIRA, Espaços residuais urbanos, p. 101 28 PEREIRA, Espaços residuais urbanos, p. 101 cite SOLÀ-MORALES, Ignasi, Territorios, 2002, p. 103

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image 1: Mouvement. Du terrain vague au dance floor, 1984–89 image 2: Mouvement. Du terrain vague au dance floor, 1984–89 image 3 et 4: scenes de la série Netflix « The Get Down»


FONDEMENTS THÉORIQUES

phénomène rendu explicite par Solà Morales est le cadre de New York à la fin des années 198029, spécifiquement dans le quartier du Bronx, où les terrains urbains ou les terrains vagues étaient des lieux qui incitaient à la rencontre de la jeune culture locale noire qui deviendrait des années plus tard le grand mouvement culturel appelé Hip Hop.30 Rappelons que le Hip Hop ou la culture de rue (en portugais "Cultura de rua") est un assemblage de quatre piliers de l’expression artistique de la culture noire locale. Ces quatre piliers sont le Rap, (poésie, usage de l’oralité), la musique, la danse, et enfin le graffiti. (Interventions sur des murs, des voitures de train, des bus ou des voitures avec des typographies spécifiques, cherchant un certain marquage du territoire dans la ville.) Toutes ces expressions artistiques prennent historiquement corps dans ces espaces. En effet, ces espaces vides ont fini par devenir la scène qui a vu naître ce mouvement incontournable de l’histoire contemporaine. Enfin, notons que durant le processus de recherche, en France notamment, nous sommes à plusieurs reprises tombés sur le concept de friche. En effet, il s’agit d’un concept français qui résulte de la lecture des espaces abandonnés dans un contexte industriel. Les friches sont issues de l’analogie du concept de 29 note: References iconogràphique du livre Mouvment. Du terrain vague au dance floor, 1984-89 de Yoshi Omori, 2014 30 note: Ver série documental original Netflix: “HIP HOP Revolution”

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Image 1: zone industrielle de la ville de Lille au début du XXe siècle Image 2: la même zone industrielle de la ville de Lille actuellement

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Images tirées du programme «c'est déjà demain» dans:<youtube.com></youtube. com>


ÉTUDESDES CAS

“friche sociale” créé par le géographe Jean Labasse31 associé à la décentralisation industrielle de son époque. Selon le service technique de l’urbanisme français, le terme "friche" désigne généralement "un espace, construit ou non, inoccupé ou très inutilisé, occupé auparavant par des activités industrielles ou d’autres activités liées à l’industrie. La réinsertion de cet espace sur le marché immobilier, quelle que soit son utilisation, impliquera une nouvelle planification, à l’exception de l’utilisation précaire ou provisoire."32 Pour conclure, nous pouvons dire que confrontés à des groupes sociaux divers dans des contextes divers, ces espaces «sans propriétaire» se traduisent comme une opportunité pour de nouvelles expériences de socialisation, de production d’architecture et d’urbanisme, ainsi que pour l’expression des citoyens. De plus, notre revue de littérature tend à démontrer que les caractéristiques imprécises de ces espaces permettent de nouvelles possibilités d’action civique et de créativité dans la ville. Ces espaces sont donc des espaces d’espoir urbain et la nécessité de nouvelles directives durables les concernant apparait comme un enjeu majeur pour nos villes.

31 MENDONÇA, Adalton, Ensaio sobre friches urbaines Artigo retirado in <http://www.vitruvius.com.br/revistas/read/arquitextos/02.014/869> 32 SEPROREP/STU: L’Enjeu Friche Industrielle,1989, p.11.

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CAS A TRAVERS LE MONDE

Le projet A8erna, Koog Aan de Zaan - Pays-Bas:

Projet A8erna, Pays-Bas Images prises en: COIMBRA, Danielle Pinto Inocencio da Silva. Baixio do Viaduto Prefeito Negrรฃo de Lima: espaรงos residuais da infraestrutura viรกria e paisagem urbana, UFRJ-FAU. p19


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LES ETUDES DE CAS Pour mener à bien notre recherche, nous avons, à partir d’un itinéraire prédéterminé, mené une enquête, réalisé un relevé général. L’idée étant de pouvoir quantifier et qualifier la présence d’espaces résiduels dans les cas choisis: 1) des espaces près de la ligne de train de Saint Etienne Châteaucreux - Bellevue; 2) des espaces près du couloir BRT Transcarioca dans les quartiers de Madureira et Penha, dans la ville de Rio de Janeiro; 3) des espaces liés au réseau viaire du quartier d’Aiguelongue à Montpellier. Aussi, pour réaliser les critères utilisés pour la quantification, nous nous sommes basés sur les caractéristiques des concepts précédemment discutés - vides urbains, espaces résiduels urbains, terrain vague, spacejunk et friche urbaine… Nous nous sommes par ailleurs appuyés sur les travaux de Coimbra qui dit : "L’enregistrement d’activités sur des plans, des diagrammes ou des cartes est particulièrement pratique si les chercheurs veulent observer et analyser plusieurs personnes dans une zone en même temps (...) L’examen du comportement enregistré sur les cartes peut donner aux chercheurs une meilleure idée de la manière dont un lieu entier est utilisé à un moment donné que de regarder des tableaux statistiques. Si les chercheurs veulent localiser l’emplacement physique des données, ils

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peuvent construire des cartes de base avec des informations correspondant aux éléments réguliers de la configuration actuelle."33 L’importance de la quantification et de la qualification de ces espaces passe donc pour nous par la combinaison des bases théoriques avec la recherche de terrain dans la ville. Nous nous sommes donc appliqués à réaliser des cartes pour lesquels nous présentons plus bas des éléments de compréhension. Le chapitre aborde donc trois étapes fondamentales qui n’apparaissent pas de manière chronologique mais se superposent, comme durant notre recherche. Elles seront : La présentation du contexte urbain étudié avec un bref historique du développement urbain et des infrastructures de transport urbain. La quantification et la qualification des espaces ainsi que l’observation des types d’espaces. Enfin les espaces et leurs agents, occupants, utilisateurs ou acteurs.

33 COIMBRA, Danielle,Baixio do Viaduto Prefeito Negrão de Lima: Espaços Residuais da Infraestrutura Viária e Paisagem Urbana, UFRJ, 2013. cite ZEISEL, Inquiry by design, 1981, p.122 (tradução livre pela autora)

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Critères généraux de quantification et de qualification et réflexion sur les espaces urbains occupés par des véhicules (les espaces de stationnement comme espaces résiduels de la ville) : Nous aborderons de manière globale les critères communs pour la quantification et la qualification des espaces résiduels dans les études de cas de la ville de Saint-Etienne, de Rio de Janeiro et Montpellier. Au cours du processus, nous avons observé des nuances, c’est-à-dire une nouvelle typologie dans ce qui peut être considéré comme un espace résiduel. Un exemple récurrent est le stationnement. Cela pourrait-il être considéré comme un gaspillage de la ville ? Ou cet espace résiduel est-il une propriété privée avec une fonction sociale urbaine ? Est-ce un droit du citoyen d’occuper un terrain urbain avec un véhicule privé, alors que la ville souffre de problèmes d’utilisation des espaces publics et surtout du besoin d’espaces de loisirs et de rencontre ? Il nous semble nécessaire de souligner l’importance des critiques sur l’occupation des automobiles dans les espaces vacants de la ville. Nous avons observé cette occupation par les voitures dans toutes les études des cas. Aussi nous avons construit cette catégorie. Pereira souligne qu’ "A cette époque, on assiste de plus en

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plus au remplacement de la rue par des parkings et des toits de bâtiments enterrés (garages, entrepôts, galeries) ou de lignes souterraines, qui ne permettent plus d’utiliser cet endroit comme espace public."34 Borde évoque également "(...) les grands vides urbains utilisés comme parkings dans les quartiers centraux, comme dans d’autres quartiers de la ville, comme stock de spéculation immobilière. (...)les grands terrains vides utilisés comme parkings dans les zones centrales; bâtiments publics abandonnés; grandes structures dont le processus de construction a été interrompu (...)" 35 On constate une grande complexité entre ce que est public et privé dans cet enjeu voiture-rue / piéton-utilisateur / espace résiduel. Il semble que dans certains cas, les parkings sont créés précisément par un manque d’efficacité du territoire par les piétons ou par le manque d’action des pouvoirs publics. Par conséquent, dans certains cas, nous pouvons identifier l’appropriation d’un espace résiduel pour la fonction de stationnement. Savoir identifier et comprendre ces nuances est donc important pour appliquer des stratégies adaptés dans chaque situation de vacance. En effet, ces espaces, tout comme la rue, doivent suivre leur origine publique où la socialisation peut être pratiquée dans son excellence. 34

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PEREIRA , Joana , Espaços Residuais Urbanos, p.157

35 BORDE , Andréa .Percorrendo Vazios Urbanos. Rio de Janeiro, PROURB/ FAU/ UFRJ, p.14


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A partir de nos fondements théoriques, trois principales qualités d’espace résiduel urbain ont été classées pour les décodages dans ce travail : Le premier genre trouvé se caractérise par l’apparence d’un abandon complet (dans les cartes en couleur rouge). On trouve généralement que ce type d’espace est constitué de déchets, tels que des ordures, des meubles, des herbes hautes ou même un bâtiment totalement désaffecté. Bien que ces espaces aient un semblant d’abandon complet, on constate qu’il existe une relation personne-espace dans le sens de l’expression artistique de rue ou des interventions sur les murs, tels que des graffitis, des collages, etc. Le deuxième genre trouvé (dans la carte en couleur bleue) se caractérise par une apparente désuétude, mais l’espace fait preuve de vitalité par la présence de certains meubles urbains, de pavés, de structures couvertes, de petites constructions ou même de petits jardins. Ce type d’espace se caractérise également par la présence d’organisations communautaires, de petites entreprises ou d’associations dans la gestion et le traitement quotidien des lieux. Un autre niveau de relation entre société et espace est également perceptible, où des interventions artistiques sont quotidiennes. Le troisième genre (dans la carte en couleur orange) est caractérisé par la relation d’occupation des véhicules dans les 45


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espaces résiduels. Ces espaces montrent une autre relation de la vie quotidienne de la ville. Les espaces semblent être parmi les problèmes décrits ci-dessus, avec des interventions artistiques, du mobilier urbain improvisé, des ordures ou des petites constructions, mais la vacance de l’espace génère la formation de parkings informels.

images 1 et 2: Exemples d'espaces résiduels occupés par la voiture. Ville de Saint Etienne( Quartier Jaccard, station Carnot) et Montpellier( Quartier Aiguelongue, rue Pioch de Bouttonet), respectivement. image 3: Exemple d'espace en abandon complet. Ville de Saint Etienne

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image 4: Exemple d'espace avec la présence de certains meubles urbains. Ville de Rio de Janeiro, Quartier Madureira


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LA VILLE DE SAINT ETIENNE, France Saint-Etienne, est une ville française de quatre-vingts kilomètres carrés, située dans la région Rhône-Alpes, et dans le département de la Loire, (42). Elle compte une population totale de 172.000.36 Elle est connue comme la ville française "de l’arme, du vélo et du tissu" – comme on peut le voir dans son musée d’art et d’industrie de la ville – Ce fut également un important centre d’extraction du charbon – et l’on retrouve cette histoire au "musée de la mine".

36 Donnés INSEE

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L’infrastructure urbaine de transport, le train: La ville de Saint-Etienne détient dès le début du XIXe siècle, les mines de charbon les plus importantes en France. L’ingénieur Beaunier a proposé la construction d’un “rail” entre Saint-Etienne et Andrézieux, petite extrémité commune de la Loire, afin de faciliter l’évacuation du charbon dans la région parisienne. Le 5 mai 1821, le gouvernement français reçoit une demande de licence pour la construction d’un chemin de fer de Saint Etienne à Andrezieux. Inaugurée en Juillet 1827, avec une vingtaine de kilomètres, cette ligne permet le transport du charbon des mines de SaintEtienne sur les rives de la Loire. À Andrezieux, le charbon est livré dans de grands plateaux, appelées "rambertes". La première ligne de chemin de fer en Europe continentale a ensuite été créée. En 1832, une autre étape importante pour la croissance de la ville a été donné : la construction du chemin de fer SaintEtienne / Lyon. Marc Seguin était responsable de la construction de la deuxième ligne de chemin de fer. Ce chemin ferré de cinquante-sept kilomètres a facilité le transport du charbon et des produits industriels de cette importante région minière.

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Avant les années 1850, Saint-Etienne n’avait pas de station principale, mais plusieurs petites stations appartenant à différentes compagnies de chemin de fer. Pendant la fusion de


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ces sociétés, il a été prévu de construire une nouvelle gare centrale. Il était alors nécessaire de combiner une station pour les voyageurs, ainsi que pour des machines de dépôt et de produits. En raison de la rectification des premiers chemins de fer en France et l’augmentation de la ferveur du public, la station Châteaucreux est créée. Ainsi, en 1857, la station a été mise en service par la société “Grand-Central France” et aujourd’hui encore, elle est la principale gare ferroviaire, ensemble avec les gares Carnot et Bellevue. Dans la même année, une autre station importante a été construite à Saint Etienne : la station Bellevue. La station a une relation plus proche de la dynamique sociale de la ville, située à côté du Square Bellevue, où l’on trouve des entreprises locales, des bâtiments résidentiels, le tramway et le transport routier. Non moins importante -mais plus récente- la station Carnot située entre les deux stations déjà mentionnées ci-dessus est inauguré en 1980. Cette station a été construite pour faciliter le trafic dense de la station Châteaucreux. Son emplacement dans le centre-ville et son accès facile aux transports publics lui ont valu un succès rapide. Commandée par l’architecte M. Bey, la particularité de sa construction était sa réalisation sur un viaduc. 49


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La ville de Saint Etienne, France


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ce secteur une certaine forme de croissance de la ville en termes constructions (hauteur des bâtiments), mais il y a aussi quelques petits bâtiments anciens de style éclectique, artdeco, etc. La station Bellevue est une autre référence de la ville, de par la forte concentration dans cette zone, de transports en commun.

Image 1: processus de croissance des lignes de fer Français de 1937 à 1956 Image 2: Gare Bellevue à Saint Etienne, date inconnue image3: Gare principale de la ville, Châteaucreux image 4: Gare Carnot, la plus récente parmi les trois

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Toutes ces stations sont sur la ligne forte "de Saint-Georgesd’Aurac à Saint-Étienne-Châteaucreux”. Inauguré en 1890, la ligne de Saint-Georges-d’Aurac Saint-Étienne-Châteaucreux fait partie d’un parcours Bordeaux - Lyon daté et accordé selon l’ordonnance impériale en 1853. Il est évident que la ville de Saint-Etienne est passée par un vaste programme de changement et de développement au cours de son histoire. La ville a également connu un processus de rénovation urbaine lié à la transition entre la phase de la ville industrielle, héritée du XIXe siècle à celle de «capitale du design» du XXIeme siècle. En fait, Saint Etienne a eu une grande importance historique dans le développement économique et productif de la France au XIXe siècle. Nous pouvons dire que le processus de modernisation qu’a connu le pays tout entier a bien évidemment « marqué » SaintEtienne.

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La station de Châteaucreux est, comme nous l’avons dit, la principale gare de la ville. Sa ligne se connecte à des villes comme Lyon, Montbrison, Roanne, Le Puy, Paris, etc. La station représente une entrée et une sortie de la ville, créant en soi un caractère métropolitain. On peut observer dans A la station se concentrent deux arrêts de tramway, ainsi qu’un point centralisant plusieurs lignes de bus, On y trouve une forte concentration de population à tout moment de la journée, accédant à de nombreux services très vivants, comme


Carte: Quantification et qualification des espaces

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La promenade


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des marchés, des banques, des bars, des tabacs. Entre les deux extrémités, Châteaucreux et Bellevue, il y a donc la station Carnot. Elle a beaucoup d’importance car elle est située dans une zone centrale de la ville. La station est au-dessus des lignes de tramway, des arrêts de bus, et on y trouve aussi un flux très important de véhicules, comme de gens. Le lieu a aussi un grand potentiel de rencontre entre les gens grâce à son énorme place du même nom, et la présence de services importants comme l’École de Design (dans la Cité du Design), une église, des bars, des écoles primaires, cafés, kiosques à journaux, restaurants. Vingt-trois espaces intéressants pour la recherche ont été trouvés sur un chemin de six kilomètres entre Châteaucreux et la station Bellevue. Le rayon d’action pour l’enregistrement des espaces résiduels ne s’est pas étendu à plus de trente mètres de la ligne de chemin de fer. Il a été observé que dans les zones urbaines à proximité de Carnot une concentration plus importante d’espaces dans des conditions d’inutilisation apparente ou d’abandon, mais il y a aussi des cas intéressants dans les environs de la station de Bellevue.

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LES ESPACES ET SES ACTEURS, USAGERS, UTILISATEURS Association Carton Plein: L’association CARTON PLEIN a été créé en 2010 à partir d’une grande intervention temporaire et expérimentale - dans une place de deux mille mètres carrés, proche de la station Carnot - à la périphérie du quartier Jacquar. Formée par plusieurs professionnels de différents domaines d’expertise comme des architectes, des sociologues, des artistes, des jardiniers, des designers, peintres, acteurs, l’association travaille jusqu’à aujourd’hui à la maintenance de cet espace tout en participant à d’autres interventions dans la ville de Saint Etienne. "Cet espace public atypique est devenu un lieu d’expérimentation, un lieu vivant où se succèdent workshops, jeux, diffusions artistiques, résidences, événements divers mêlés à la vie du site et à ses usagers multiples.(...) (..)Étape par étape, le projet se saisit des opportunités de la ville, des porteurs de projet motivés dont la démarche rejoint celle de Carton Plein. Ce sont aussi les habitants et les usagers du site qui participent à la réinvention. L’association met en place des dispositifs (jardin partagé, chantiers créatifs, événements...) pour inciter les citoyens à se mobiliser dans la 56


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fabrication de leur cadre de vie. Il s’agit d’un espace en chantier permanent qui ne fige rien et "tente d’ouvrir à chaque étape de nouvelles perspectives.»37 Depuis lors, la place est devenue une aire de jeux pour de multiples utilisateurs (universitaires, planificateurs, voisins, professionnels de la conception lieu public, associations, entreprises). Aujourd’hui, nous pouvons voir qu’il y a encore une certaine racine de terrain vague, cela signifie que la caractéristique d’abandon se fait encore sentir, ce n’est pas un endroit avec beaucoup de circulation de personnes, l’occupation ne semble pas complète ou continue. Cependant il est intéressant de remarquer la qualité des interventions sur les murs qui montre que des personnes se sont engagées dans le maintien de l’espace expressif. Le paysage formé par les interventions constantes - soit de la part de l’association, soit par des locaux informels – donne à cet espace une atmosphère qui nous a semblé chaleureuse, vivante. Pendant les visites, nous n’avons pas vu l’espace entier occupé, néanmoins, il y avait toujours un certain mouvement, comme des gens avec leurs chiens, des enfants, des jeunes, des couples, des artistes de rue. D’autres aspects importants qui rendent l’endroit agréable, au-delà des murs, sont le mobilier urbain et le pavage du sol, 37 Site extrait in<http://www. carton -plein.org>

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ceux-ci apportent un certain sens de la stabilité à l’endroit. Nous nous rendons compte des activités de l’association et de sa gestion du lieu. Actuellement, l’association cherche à développer de nouvelles interventions autour de l’espace public, mais aussi réfléchit et organise des interventions temporaires (ou non) dans des endroits privés abandonnés, comme des magasins, des boutiques ou des bars. A Saint Etienne, ils cherchent à créer une dynamique avec d’autres associations d’action directe dans la ville, en lien avec la richesse historique représenté dans le passé industriel et des phénomènes de migration qui marquent le contexte actuel de la ville. Nous avons eu un entretien avec Fanny Herbert, co-fondatrice de l’association, sociologue spécialisée dans les questions des espaces publics. Elle explique voir que les interventions peuvent être d’une façon indépendante, en cherchant des pratiques qui encouragent la présence et l’action des ci-

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image 1: quartier jacquard, place"Cartonnerie" en 2010 image 2: place jacquaire en fĂŠvrier 2016 Image 3: intervention de l'Association en octobre 2016

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toyens eux-mêmes, et les innovations dans le domaine de la politique publique pour légitimer les actions directes. Elle évoque l’exemple du quartier Jacquard à Saint Etienne dans lequel, après les événements organisés par l’association, les propres habitants du quartier ont commencé à gérer et à organiser des événements indépendants des organismes institutionnalisés par l’Etat, montrant que l’atmosphère dans les espaces publics résiduels génère un potentiel de collectivité et de partenariat entre les personnes. Dans ce quartier, plus précisément sur la place Cartonnerie, des nouvelles expériences sont proposées : jeu, installation artistiques, ateliers, ou tout simplement des moments partagés qui permettent comme le dit Fanny Herbert "l’évolution des usages, permet de s’installer, de célébrer, d’apprécier le temps… et l’oisiveté devient parfois une possibilité réelle et praticable dans la ville". Les réflexions et actions menées par Carton Plein - l’exploration sensible des endroits résiduels, des installations artistiques, l’adaptation de constructions temporaires publics, des réunions publiques, la mise en pratique des espaces comme observatoire d’utilisations diverses, en parallèle d’une ouverture à la réflexion continue- montrent de nouvelle perspectives pour la ville- nouvelles envies, nouvelles actions- et le potentiel de la volonté et du mouvement de citoyens. 60


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Association Cinéma Granlux: Les effets de la dégradation urbaine liés aux friches - effets visuels, spatials, économiques, sociaux, culturels, contribuent, parfois négativement au paysage urbain. Cependant les moyens d’occupation nous ont permis de constater une revitalisation, et une revalorisation de ces espaces, comme le montre également l’exemple de l’association Cinéma Grand Lux. En effet, il s’agit d’une réinterprétation réussie de ce scénario de friche industrielle. L’association est située dans une vieille construction qui était une vieille brasserie de la fin du dix-neuvième siècle. De l’extérieur le paysage présente une cheminée imposante, marquant bien l’aspect industriel du contexte urbain. C’est en plus un point visuel de référence dans la ville. À l’intérieur, dans son sous-sol, il y a environ 4000 m2 répartis sur deux étages, où les bières ont fermenté. En arrivant dans cet endroit, on remarque nettement des aspects et des caractéristiques des concepts évoqués plus haut et notamment celui de friche industrielle. Ancien lieu de travail abandonné, de l’extérieur, on est marqué par l’apparente pathologie structurelle du bâtiment, la façade salit et dégradée sans aucun projet de revitalisation, les graffitis dans quelques murs. 61


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Cet abandon externe apparent ne reflète pas ce que nous voyons à l’intérieur du bâtiment. L’ambiance intime avec des néons composent la première chambre, où il y a un bar et où se passent les séances de cinéma. Le grand salon avec des tables, des grands canapés confortables, des lumières de faible intensité complètent le sens du confort environnemental. On ne peut pas se douter à ce point, avant d’’entrer que l’intérieur de la construction sera le contraire total de l’extérieur. La préservation de la façade originale à l’extérieur crée une dialectique intérieur/extérieur. Cela amène à l’idée qu’il y a volonté de respect du contexte urbain et de son histoire industrielle. C’est l’association qui s’adapte à l’endroit urbain et non le lieu urbain qui correspond à l’esthétique de l’association. La ville a construit ces bâtiments durant la période industrielle, puis les abandonne durant la période de décapitalisation et de récession économique. Aujourd’hui, nous observons comment la population les occupent, les réactivent. Les utilisateurs transforment ces espaces selon des demandes, des désirs contemporains. Cela montre que, même si l’architecture industrielle reste dans sa forme, sa fonction dans le temps est totalement flexible et est en constante évolution, aussi bien que la conscience des gens qui l’utilisent. 62


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Sur le site internet de l’association, le groupe présente la dynamique spatiale dans la friche: "Un espace modulable pour accueillir toutes les formes artistiques quand elles ont un lien avec le cinématographe (cinéma, expérimental, spectacle, expression sonore, théâtre différent, arts plastiques).La diversité des différents espaces du Gran Lux nous offre de multiples possibilités pour accueillir des artistes et tout spécialement des cinéastes en résidence. Les espaces de travail sont nombreux et modulables. A l’étage, nous pouvons héberger les personnes invités. Des al-

images du cinéma Granlux à Saint Etienne capturées par l'auteur

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ternatives, des entrecroisements, des mariages improbables pour une cinéphilie vivante et en perpétuelle recherche."38 Selon le rapport du journal électronique "Le Progrès" la diversité des espaces différents de Gran Lux nous offre des possibilités multiples d’accueillir des artistes et particulièrement des cinéastes en formation. Pour être un ancien bâtiment industriel, l’association a plusieurs grands espaces modulables de travaux : “"La philosophie du Gran Lux est de créer une alternative aux salles de cinéma classiques, avec une ambiance propre et une programmation différente" explique son président, M.Oliver. D’un côté, l’association Carton Plein propose un certain pèlerinage dans la ville, elle a un coté plus mobile, avec les méthodes d’urbanisation participatifs – encourageant les utilisateurs et les résidents à se déplacer d’espace en espace – De l’autre côté, le type d’occupation de la ville proposée par le cinéma Gran Lux se révèle être plus statique dans le lieu où il promeut ses activités. Il est important de se rendre compte que même avec certaines différences dans la méthode d’occupation des espaces résiduels, les deux associations créent des possibilités d’expression de l’art, la rencontre entre les gens et l’action collective dans le savoir à la ville.

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38 Texto extraído do site da assotiação Cinéma Grand Lux. Tradução livre pelo autor


CAS A TRAVERS LE MONDE

3. La Halle culturelle Tropisme, Montpellier, France


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LA VILLE DE RIO DE JANEIRO, Brésil :Le BRT Transcarioca Dans ce chapitre, nous étudierons le cas le plus récent d’une infrastructure de transport collectif à Rio de Janeiro, le BRT. Bien qu’il n’ait pas la capacité d’un train (vitesse et personnes transportées), les corridors exclusifs ont été déployés en tant qu’alternative à la mobilité urbaine dans la ville. "Le BRT provient de l’acronyme anglais qui signifie Fast Transportation by Bus. En pratique, il s’agit d’un transport articulé qui se déplace dans un couloir exclusif et constitue donc une alternative de transport plus rapide pour les passagers."39 Aujourd’hui, le BRT dans la ville de Rio de Janeiro a trois lignes opérationnelles (Transcarioca, Transoeste, Transolímpica) et une en construction (Transbrasil). Ce chapitre va se pencher sur l’une de ces lignes, le corridor Transcarioca. Sa construction a suscité un grand débat sur l’urbanisme, le rôle de l’urbanisation, de la croissance de la ville, la question du droit au logement, la politique publique. Enfin, les espaces résiduels ou les vides urbains provoqués par cette grande intervention métropolitaine ont également fait l’objet d’une réflexion importante.

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39 Trecho retirado in:<http://www.brtrio.com/conheca>


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Le corridor Transcarioca a été inauguré en 2014, à la veille de la Coupe du monde au Brésil. Le corridor express relie la zone ouest de la ville à l’aéroport international Tom Jobim (zone nord). Trente-neuf kilomètres au total, une capacité de cinq cent mille passagers par jour, deux cent cinquante automobiles articulées par jour. BRT, l’une des plus récentes interventions d’infrastructure urbaine dans la ville de Rio de Janeiro (avec une station spécifique dans le quartier de Madureira et dans le quartier de Penha), a promis d’apporter des avantages aux flux et au trafic les plus rapides de la ville. Sa construction a néanmoins généré les mêmes contradictions historiques que celles connues avec le viaduc Negrao de Lima. – toujours d’actualité 54 ans après sa construction. Des problèmes tels que les expropriations de terres, les renvois obligatoires par l’État, les coûts élevés des financements publics, la corruption. En outre, la création d’espaces plus indéfinis, vides et sans fonctions sociales au service de la spéculation immobilière. La Transcarioca traverse l’intérieur des quartiers dont les rues avec des fonctions importantes pour la dynamique de la ville. On peut dire qu’il « coupe » les quartiers d’une manière parfois imposante. Afin de permettre l’augmentation des flux et des élargissements sur ces routes, il a été souvent nécessaire d’appliquer des mesures d’expropriation des lots au moyen de décrets municipaux.

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En ce sens, un autre problème important concernant les espaces résiduels urbains peut être remarqué. La question de la spéculation immobilière et de l’expropriation des terres proches du corridor Transcarioca. Andréa Borde réfléchit à la première question dans son texte intitulé «Percorrendo Vazios Urbanos», qui constitue l’un des volets d’analyse de ces types d’espaces incertains. "Le second volet analytique considère les vides urbains comme des produits du fonctionnement du marché foncier urbain ... il traite des aspects liés à la capacité de négociation et à la flexibilité dans les dynamiques futures présentes dans les objectifs économiques politiques (... ) Les vides urbains seraient des zones de négociation et d’ajustement du marché foncier urbain. (...) les vides urbains font partie du processus spéculatif de base. "40 "... limiter la spéculation immobilière, c’est assurer la fonction sociale de la propriété ... à travers des instruments réglementaires tels que la taxation progressive des vides urbains qui redonneraient à la collectivité la valorisation immobilière résultant des investissements de la puissance publique"41

40 BORDE, Andréa. PERCORRENDO OS VAZIOS URBANOS. Rio de Janeiro, UFRJ. pág. 8

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41 BORDE, Andréa. PERCORRENDO OS VAZIOS URBANOS. Rio de Janeiro, UFRJ. pág. 8 - citação de FASE, Carta dos Direitos Humanos nas cidades. São Paulo: Congresso Nacional pelo Direito à Cidade, Outubro, item 4 do Capítolo “ Direito à Moradia»


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Il est donc évident que la participation du pouvoir public est fondamentale pour les décisions prises au niveau du district et au niveau municipal et que ses décisions sont conformes au bien commun de la population locale. Cependant, il est parfois perçu que l’État se soumet à des ordres visant avant tout à la spéculation immobilière, générant un grand déséquilibre entre les intérêts publics et privés.

Carte de la ville de Rio de Janeiro et l'itinéraire du couloir exclusif de BRT Transcarioca. Source: "GoogleEarth"

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Image 1: construction de la ligne BRT Transcarioca dans le quartier de Madureira Image 2: protestations de la communauté locale contre les expropriations pour la construction du corridor à Madureira

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Source: Eduardo Sá


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LE CAS DU QUARTIER MADUREIRA Madureira est l’un des quartiers les plus importants - culturellement et économiquement - de la ville de Rio de Janeiro. Caractérisé comme un quartier à occupation mixte (industrielle, résidentielle et commerciale) il est également un lieu où se trouvent principalement la classe moyenne, la classe moyenne faible et la classe pauvre de la zone nord. Le quartier tire sa puissance de sa diversité de population. Un autre aspect très important est la présence de grandes structures urbaines de transport, telles que le corridor BRT, le viaduc Negrao de Lima et les lignes de trains qui coupent le quartier. Le quartier sert de transition pour de nombreuses zones des régions Nord, Ouest, ou de municipalités en dehors de la ville, mais dans la région métropolitaine. Ainsi, Madureira est une référence commerciale et culturelle pour les quartiers adjacents. C’est aussi une zone de flux du système de route de la ville très important. Selon les données de 2010 de la ville de Rio de Janeiro, Madureira occupe une superficie de 3,78 kilomètres carrés, avec un taux d’urbanisation très élevé (99,93%). Il a une population de 371 958 habitants, répartis dans 124 000 foyer (moyenne de 2,99 habitants par foyer).42

42 Donnéss in <armazemdedados.rio.rj.gov.br>

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En raison de ces différentes caractéristiques (flux urbains viaducs et lignes de train qui coupent le quartier, densité de population importante, grands centres de commerce et d’industrie) - le quartier nous a semblé être une excellente référence pour réfléchir aux contradictions urbaines liées aux espaces résiduels des grands centres métropolitains, tels que Rio de Janeiro.

Les Infrastructures urbaines du quartier de Madureira: En plus de l’actuel corridor BRT, Madureira a une histoire dense en ce qui concerne les itinéraires d’infrastructures urbaines tels que la ligne de train et le viaduc Negrao de Lima. Aussi, nous avons l’intention d’exposer les variables historiques et les dynamiques qui existaient déjà - ou existent encore - avant le processus de mise en œuvre du corridor Transcarioca.

Le train- ligne Deodóro- La station de Madureira:

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Le transport de passagers dans les quartiers périphériques de Rio de Janeiro a commencé en mars 1858, après la création du tronçon initial du chemin de fer Central du Brésil, qui s’étend du terminal central ( au Centre ville) à la gare du quartier “Queimados”. À cette époque, les locomotives à vapeur tiraient les wagons en bois en service passager (une ou deux fois par jour) et les voitures de train transportaient


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les productions agricoles et produits manufacturés. Malgré cela, le transport ferroviaire était primordial pour le développement économique de plusieurs quartiers de la zone nord, y compris le quartier Madureira e Penha. Aujourd’hui, la station du quartier se caractérise par un flux intense de personnes tout au long du voyage. Pour cela, trois lignes connecte la gare au le centre-ville (Estação Cental do Brasil).

Le viaduc Negrão de Lima: En 1958, le viaduc a été inauguré, liant les zones du quartier séparé par les extensions de la ligne de train. Il importe de rappeler qu’à l’intérieur de ce même contexte historique, le Brésil a vécu une vraie expansion industrielle héritée du gouvernement du président Jocelino Kobischeck, le président ayant participé à la création de la ville de Brasília entre les années 1950 et 1960 , époque où l’industrie automobile est en plein essor. De ce point de vue, les viaducs dans les quartiers périphériques ont eu une importance vitale pour la circulation rapide des automobiles, ainsi que pour la valorisation de la consommation de ce nouveau paradigme de transport, la voiture. Comme dans le cas contemporain de BRT Transcarioca, pour la construction du viaduc, le tissu urbain existant entier a dis-

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paru. Les valeurs budgétaires publiques, la démolition des immeubles ainsi que les expropriations de terres ont étaient des pratiques courantes pendant les travaux. Cela montre que la mise en œuvre d’infrastructures urbaines représente un grand changement, non seulement pour le paysage ou pour la dynamique des flux de la ville, mais aussi et surtout pour les habitants. Ceux-ci sont directement touchés, affectés par des projets qui peuvent se matérialiser dans l’indifférence, le mépris ou l’ignorance de ses pratiques d’habitants, piétionnier, utilisateurs des espaces etc. Dans un premier temps la ligne du train divise le quartier, il crée une barrière. Dans un deuxième temps, le viaduc créé un type "de toit" urbain sous lequel apparaissent plusieurs espaces vides, sans fonction définie par le projet architectural. Seule la "Praça das Mães"- place au-dessous du viaduc «Negrão de Lima» – fait partie du projet de mise en œuvre du viaduc

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Image 1: station du quartier Madureira dans la décennie de 70 image 2: gare de Madureira 2007 Image 3: l'intersection entre le viaduc de Negrão de Lima et la ligne de train Image 4: rue João Vicente. La nouvelle station BRT Transcarioca à côté de la station ferroviaire. Image 5: photo aérienne de la construction du corridor BRT à côté du viaduc existant, Negrão de Lima. Image 6: consolidation des travaux du viaduc de la BRT Transcarioca

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Le quartier Madureira, Rio de janeiro


Carte: Quantification et qualification des espaces

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La promenade


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LES ESPACES ET SES ACTEURS, USAGERS, UTILISATEURS Au cours des années, les espaces vides ont commencé à développer certaines fonctions sociales ou économiques (légales ou illégales, spontanées ou formalisées). Le seul espace qui fait réellement partie du projet de viaduc "Negrao de Lima" est la «Plaza de Mães», où se trouvent aujourd’hui des marchés informels où sont vendus des vêtements, des livres, de la nourriture, etc. En effet, l’occupation reste aux vendeurs de rue, les skateurs, les habitants des rues, les graffeurs et les piétons.

La station BRT ( Bus Rapid Transit): Aujourd’hui, une grande partie de l’espace sous les viaducs est destiné à l’arrêt du BRT. Or il s’agit de flux de personnes et non de pause, encore moins de réunion, de rencontre. C’est comme si l’espace conditionnait les passagers à atteindre un seul objectif : arriver et partir. La vie est sans pause, directe, cartésienne.

La CUFA ( Association - Centrale unique des Favelas) Un acteur important de ce grand espace sous le viaduc BRT et Negrao de Lima est l’association CUFA. CUFA est l’acronyme de "Central unique des favelas", l’institution située

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sous le "Viaduc Negrao de Lima" qui développe divers événements culturels visant à valoriser la culture de la rue, la culture des favelas, le Hip Hop, le skateboard, les sports, la musique, les arts martiaux, etc. À Madureira, la culture de rue (Hip hop au Brésil) est un important catalyseur pour l’activation des usages dans les espaces résiduels de la ville. La CUFA a d’ailleurs été créé par des rappeurs de renom. (Nega Giza et MV Bill). Le Hip Hop, culture très répandue dans la région, est un vecteur de dynamique, et d’occupation des espaces vides dans les régions périphériques. Apparu au Brésil à la fin des années 70, cette culture a donné une voix à la population jusquelà marginalisée par la société. Ces expressions de l’art dans la rue deviennent un instrument d’action politique directe et d’affirmation d’une contreculture hégémonique. En étant au « centre » d’une des périphéries de la ville, le quartier Madueira est nourri par cette culture. Bien que de nombreuses personnes s’investissent et font vivre ces grands espaces sous les viaducs et le bord de la ligne de train, nous avons constaté que les « programmes » ne sont pas liés les uns aux autres, en générant un caractère segregatoire entres ces espaces résiduels occupés. L’idée de rencontre, de communication entre les citoyens n’est alors pas favorisée. 80


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Image 1: activité sportive au sein de l'Association CUFA Image 2: évenement "Calçadão cultural"(grand trotoir culturel) devant l'entrée de l'Association. Les batailles RAP, les concerts de samba sont fréquents sur place Image 3: baile "charme" de Madureira, fête hebdomadaire sous du viaduc Negrão de Lima Image 4: marché sous le viaduc

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CAS A TRAVERS LE MONDE

4. Ville de Lagos, Nigéria

Ville de Lagos. Images prises à: PEREIRA, Joana, Espaços Residuais Urbanos. P154


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LE CAS DU QUARTIER PENHA Le quartier Penha est sans doute, avec Madureira, l’un des quartiers les plus importants du nord de Rio de Janeiro. En effet, le quartier gagne au fil de son processus d’urbanisation un statut de référence pour ceux qui recherchent des produits et des services diversifiés - maintenant renforcé par la présence d’une importante station BRT. Selon les données fournies par la ville de Rio de Janeiro, en 2016, le quartier de Penha s’étend sur 5,8 kilomètres carrés, avec une population résidente de 314 000 personnes réparties dans un peu plus de 58 500 résidences enregistrées (taux de 5,40 habitants par ménage).43 Le début de l’histoire du quartier de Penha commence au début du 20ème siècle. A cette époque, d’importants investissements ont été réalisés dans le secteur de l’industrie, augmentant l’indice de l’emploi et la croissance démographique et donc un processus d’urbanisation rapide. En effet, en analysant le contexte général de la zone périphérique de Rio par rapport au grand centre-ville et à zone sud de la ville, l’urbanisation du quartier s’est développé de manière spontanée et non planifiée, générant des bidonvilles (favelas), des logements irréguliers, etc. 43

Donnés in <armazemdedados.rio.rj.gov.br>

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Même avec tant de contradictions sociales historiques, le quartier - en particulier la zone étudiée - a un caractère métropolitain, cosmopolite au potentiel touristique. On y trouve notamment la monumentale église de Penha (grande destination touristique religieuse), l’Avenue « Brás de Pina » et la « rue dos Romeiros », sa grande offre de magasins, supermarchés, des centres de santé et aujourd’hui la station du BRT.

LES INFRASTRUCTURES URBAINES DU QUARTIER DE PENHA Le train- ligne Saracuruna- la station Penha L’origine du tracé de la ligne du train liait le centre de la ville Rio de Janeiro à d’autres villes du nord de la région. La première partie de cette ligne est datée de 1854, construite par le baron de Mauá. Le Baron de Mauá est connu dans l’histoire du Brésil pour être celui qui a initié la "vague industrielle" de la fin du XIXe siècle. La station de Penha, inaugurée en 1886 est un élément qui démontre ce fort mouvement industriel qui a surgi à Rio de Janeiro, spécialement dans la zone nord de la ville. Ainsi, la fondation du quartier de Penha, la formation du tissu urbain, le boom démographique et les contradictions autour de l’urbanisation du quartier sont des conséquences directes du processus de modernisation et de croissance urbaine de la ville et 84


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de la région métropolitaine de Rio de Janeiro.

Les viaducs: São Cosme et São Damião Ouvert en 1969, les viaducs s’élèvent au-dessus de la ligne de chemin de fer reliant la rue Uranos à la rue Leopodina Rego (deux principaux avenues du quartier). En plus d’être un accès important aux véhicules, les viaducs dans leur forme curviligne présentent une spatialité particulière et l’élévation en courbe génère des variations intéressantes de la forme architecturale.

Le BRT Transcarioca Actuellement,, le quartier est coupé par d’importants axes routiers. Le BRT Transcarioca - dont la gare de quartier a été inaugurée en 2014 - suit la ligne de chemin de fer en augmentant la frontière entre les deux côtés du quartier. D’une part, une zone plus “noble” avec des caractéristiques morphologiques de constructions austères et fermées en soi. D’autre part, un quartier de croissance spontanée visible sans planification, formé par les favelas et les ghettos, superposition de la typologie «maison» par rapport à la typologie «immeuble de logements».

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Image 1: Itinéraire de train, ligne Saracuruna Image 2: catastrophe à la station du quartier Penha dans les années 1950 Image 3: Ancienne station du quartier Image 4: station actuelle du district

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Image 5: viaduc de São Cosme et São Damião


Le quartier Penha, Rio de janeiro

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Carte: quantification et qualification des espaces


La promenade

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LES ESPACES, SES ACTEURS, USAGERS, UTILISATEURS Il est évident que l’informalité et l’appropriation spontanées sont présentes dans les résidus visités dans ce parcours. Les types d’utilisateurs sont multiples, comme dans le quartier Madureira. En outre, le caractère éphémère dans l’utilisation de l’espace est présent. En quittant l’arrêt du quartier (PENHA),nous percevons un grand nombre de vendeurs ambulants qui vendent des produits variés, des vendeurs de cigarettes, des produits alimentaires, des confiseries et des boissons comme une possibilité de consommation rapide et intégrée au flux de personnes. Des habitants sans domicile fixe sont également visibles. Ils occupent, au milieu de voitures garées de manière anarchique, une station-service abandonnée. La grande précarité des conditions de vie de ces personnes est évidente. Cette situation montre la banalisation et naturalisation de la misère dans une ville où il n’y a pas de politique efficace pour résoudre les problèmes sociaux liés au manque de logement. Dans le même contexte, exactement dans l’ensemble de favelas appelé “complexo do Alemão”, le projet “Praça pr’Alemão ter” est le résultat des efforts des étudiants, enseignants, habitants et de la start up étudiante ABRICÓ pour intervenir dans 90


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un espace résiduel afin de le transformer en un espace public qualitatif. Par ailleurs, le projet est le résultat d’un désir d’intégration entre l’institution académique et la communauté. "Les travaux de construction ont été menés avec les habitants, les étudiants et les partisans de l’initiative pendant trois mois. Aujourd’hui, la place est déjà consolidée, mais dans un processus constant de transformation, en étant occupée par des événements de l’Institut Raizes em Movimento, des expositions d’œuvres d’étudiants mais aussi des interventions d’artiste (artiste Miss Tobi au moment où nous faisons notre recherche),mais aussi d’autres usages quotidiens menées par les habitants (...) En novembre 2015, la place a reçu une mention d’honneur lors du 13ème Congrès de l’extension de l’UFRJ et le 13 mai 2016, le prix du meilleur travail dans la catégorie “Projets et travaux destinés à l’urbanisation des favelas et interventions urbaines dans les quartiers populaires" de l’Expo de production universitaire en logement d’intérêt social 2016, à l’Institut des architectes du Brésil (IAB-RJ)" 44 Notons ici l’utilisation de matériaux recyclés, de techniques constructives alternatives telles que l’utilisation de pneus (devenant de confortables fauteuils) montrent la volonté de dépasser les difficultés budgétaire d’une intervention, en même temps que le désir de s’inscrire dans la revalorisation 44 Texte sur l'intervention in: <https://www.facebook.com/p g/pracapralemaoter/ about/?ref=page_internal>

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d’objets. Il semble bien que l’objectif ici soit d’offrir un espace aux “marginalisés” tout en établissant un dialogue entre les groupes sociaux, les institutions et les collectifs dont les forces d’action, si bien combinées, transforment non seulement l’espace public dans son esthétique, mais surtout la relation entre les personnes. Le travail des étudiants de la (FAU) Faculté d’architecture et urbanisme et des résidents de la favela prouve par ailleurs qu’il y a des ponts à construire entre l’académie et la population, en combinant les intérêts avec la collaboration entre les acteurs locaux.

Image 1: l'espace sous le viaduc transforme le logement pour les sans-abri Image 2 et 3: programme de l'Association Cedaps-Young Builders

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Image 4: projet dans la communauté "Complexo do Alemão" - "praça pr'alemão ter" par les étudiants de la faculté d'architecture de Rio de Janeiro


CAS A TRAVERS LE MONDE

L'ancien bâtiment de l'Ecole des Beaux-Arts, Saint Etienne, France

Image 1: ancien siège de l'Ecole des beaux-arts au début du XXe siècle. Image 2: ancien siège de l'Ecole des beaux-arts de l'année 2015


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LA VILLE DE MONTPELLIER, France Montpellier, septième plus grande ville de France, 60 kilomètres carrés, capitale du département de l’Hérault, dans la région de l’Occitanie, sera notre dernier cas à l’étude. Avec une population d’environ 280 000 habitants45, elle est reconnue pour son grand développement au cours des 25 dernières années. Montpellier est une ville très attractive, surtout pour les étudiants et les chercheurs de divers secteurs de la connaissance. Tout au long de son histoire, Montpellier a acquis une identité cosmopolite et universitaire guidée par sa célèbre école de médecine.

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45 Donnés INSEE


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Montpellier est née au 10ème siècle, en tant que point de passage stratégique entre la mer Méditerranée et les montagnes du Massif Central, l’Espagne et l’Italie. Sa position géographique privilégiée a facilité son développement comme une ville prospère où le caractère cosmopolite a toujours été présent par l’existence d’échanges commerciaux entre chrétiens, sarrasins, arabes, juifs et italiens. Après une longue période d "or"46, Montpellier est confrontée entre les XVIe et XVIIe siècles à une intense conflit politique et religieuse entre chrétiens et luthériens. En conflit politique - affrontements entre le règne et la langue d’oc et une forte croissance démographique - Montpellier est confrontée à un grand changement politique e de son territoire. La construction du Peyrou consacre l’esprit cartésien (axe estouest fortement marqué) sur la ville ancienne. Tout au long du XVIIIe siècle, Montpellier trouve son ordre et son équilibre politique. En prospérant par l’industrie manufacturière, l’administration et son université, la ville devient la capitale des États du Languedoc, siège de la Cour des comptes, des aides et des finances47. Grâce à cela, Montpellier commence sa période moderne avec une grande bourgeoisie où il a été établi une place bancaire importante sur la scène européenne. 46 GUEORGUIEFF Michel. Dir. ; Atelier Municipal D›Urbanisme Montpellier. Dir. Montpellier hier : les faubourgs de Montpellier au XVIIIe siècle. Atelier Municipal d’Urbanisme ,1978, p03 47 Idem p05

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Au cours des années suivantes, le développement du marché bancaire, des entreprises et du marché foncier ont fourni une grande partie de la richesse de la ville. Cependent, Montpellier a connu de grandes crises telles que “la révolte des vignerons” en 1907 ainsi que les crises agricoles de 1880 à 1950 - liées aux problèmes de surproduction, d’importation de vins étrangers, etc. Suite aux crises, Montpellier subit un intense exode rural entre les années 1879 et 1901, gagnant plus de 20 000 habitants au cours de cette période48.

Image: carte de la ville en 1815. source in < https://www.montpellier.fr/>

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48 Idem


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Montpellier subit dans la même période un grand processus de reconstruction. Connue sous le nom de période haussmannienne, la ville compte, entre autres, l’alignement de la rue St Guillem avec les Halles Castellanes; la connexion de la rue Nationale à la rue de l’Aiguillerie; la création du plan Cabanne, ouvertures des rues dans le quartier - Lunaret-Boutonnet; création du boulevard de la Comédie et de la place de l’Observatoire.49

image: Carte de 1836. L'endroit que nous connaissons aujourd'hui comme le quartier d'Aiguelongue a été caractérisé par un grand espace de vignes, agriculture et bosquets. Depuis la fin du XIXe siècle, nous avons remarqué que le quartier hérite encore d'une grande partie de son tissu urbain, qui était à l'époque des chemins agricoles. Nous avons réalisé que les principaux chemins que nous connaissons jusqu'aujourd'hui étaient déjà dessinés, comme la rue de l'Aiguelongue (appelée dans la carte, ancienne voie romaine), l'actuelle avenue de la justice Castelnau, la rue de Ferran, etc... 49 idem

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La chute des remparts médiévaux, la création des boulevards haussmanniens, les infrastructures créées pour accueillir le processus d’urbanisation des faubourgs, ainsi que la création de nouveaux quartiers, place Montpellier sur un plateau de ville moyenne méditerranéenne. Bien que les mouvements migratoires, la densification démographique et les grands projets aient modifié la forme et les fonctions de la ville, la ville de Montpellier traverse une période connue sous le nom de stagnation de 1896 à 1954 - aggravée, entre autres, par la période des grandes guerres mondiales - où la croissance de la population ne correspondait plus au même phé-

Source: PLU Montpellier

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nomène dans les grandes villes méditerranéennes. La vie industrielle et la désorganisation et la fragilité de la structure commerciale forment un scénario également médiocre pour la région Languedoc. Ce scénario de stagnation se terminerait dans les années 50 du siècle dernier, au cours duquel une révolution démographique profonde se produirait dans la ville. Entre 1954 et 1968, la ville passa de 97 501 habitants à 167 211. Cela signifie une augmentation d’environ 70% en 14 ans.50 C’est dans ce contexte que la ville de Montpellier connaît un "boom"51 urbain dans lequel des villes et des quartiers jusque-là ruraux ont commencé à s’urbaniser et à se densifier - telles que Castelnau-le-Lez et Aiguelongue. Un processus d’expansion urbaine où l’imaginaire de l’habitat individuel est devenu synonyme de qualité de vie. Une nouvelle dynamique urbaine a donc émergé : l’utilisation de l’automobile comme principal moyen de transport - générant d’importants flux de circulation et des embouteillages sur les routes de la ville. Aujourd’hui, Montpellier est devenue l’une des villes à la recherche de l’excellence dans la qualité de vie de ses habitants. Bien qu’elle ait connu une croissance démographique urbaine 50 VOLLE, Jean Paul, Documentation française : Les villes françaises : Montpellier, 1971, Paris, p. 10 51 Idem p11

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rapide et intense - ce qui a perturbé sa capacité de changement - la ville manifeste un grand désir de changement vers une responsabilité écologique, sociale et durable. Des projets tels que « Montpellier 2040 » de Secchi, Vigano et Mensia, le schéma de cohérence territoriale de la métropole (SCOT), les projets réussis du quartier de "Port Marianne", le projet "cœur de ville", sont quelques exemples d’une politique qui cherche une cohérence dans la vie citoyenne et une qualité de l’espace urbain.

LE CAS DU QUARTIER AIGUELONGUE: Notre analyse urbaine porte donc sur le quartier d’Aiguelongue. Nous l’avons déjà évoqué, la phase "exploratoire" : recherche bibliographique , rencontres avec des personnes-ressources nous a permis de choisir le quartier d’Aiguelongue pour ce travail. La recherche d’un territoire stratégique pour de nouvelles interventions urbaines liées aux espaces résiduels urbains ainsi que l’intention de fabriquer la ville autrement convergent vers ce quartier peu fréquenté par les habitants de Montpellier. Installée sur la colline qui donne son nom au quartier, Aiguelongue est située au nord de la ville de Montpellier. Caractérisé par une forte présence résidentielle, le quartier jouit d’une position géographique privilégiée entre le tracé urbain et les entités naturelles de la ville. Aiguelongue est également 100


Le quartier de l' Aiguelongue

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# 1- Rue de l`Aiguelongue 2 - Rue de Ferran 3 - Avenue de la Justice Castelnau 4 - Rue Pioch de Bouttonet 5 - Rue de la Roqueturière

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connu et apprécié pour son paysage et les nombreux espaces verts qui la composent. Du côté Est on trouve : le centre universitaire, les grandes écoles et les centres de recherche. Au nord, de grands paysages naturels tels que Le Bois de MontMaur, le zoo de Lunaret. À l’ouest, le début de la partie nord du Lez, intégrant le parc Meric et la réserve naturelle du Lez. Tous ces éléments constituent une qualité environnementale importante pour la ville. Voisin nord du Faubourg des Beaux-Arts , Aiguelongue est le quartier le moins occupé (densité urbaine) de la ville et fait donc partie d’un des douze quartiers prioritaires de l’unité urbaine de Montpellier.52 Cela démontre une certaine sensibilité de ce territoire bien que celui-ci puisse être qualifié de privilégié. Cette sensibilité s’inscrit dans un regard global sur la ville. La nécessité d’intervention réside pour nous dans une logique d’insertion de ce quartier dans la dynamique urbaine montpelliéraine. L’idée serait d’offrir une continuité urbaine qui s’inscrit dans un parcours de propositions durables, au service de tous, favorisant l’accessibilité et le déplacement. Par conséquent, afin de découvrir et de comprendre les espaces vacants de ce quartier, l’infrastructure choisie comme objet de parcours est le réseau de rues –cela signifie l’espace public en soi - et d’avenues principalement utilisées par les véhicules et les transports urbains. Pour ce faire, certaines des rues principales du 102

52 Unité urbaine de Montpellier, Insee Dossier Occitanie n° 7 - Juillet 2018


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quartier ont été sélectionnées pour la quantification et la qualification des espaces résiduels urbains. La reconnaissance de la région s’est faite par des promenades diurnes à des heures et des jours différents. L’objectif était d’observer, de pratiquer et de connaître par nous-mêmes l’espace urbain. Au sein de cette dynamique de travail et d’esprit, le regard s’est tourné à la fois vers l’appréciation d’un nouvel environnement urbain et de la vie quotidienne, non seulement des éléments et des conditions techniques, mais également de la relation entre éléments construits et non construits. (bâtiment et rue), entre les utilisateurs, l’espace public et le comportement dans cet espace urbain.

L’infrastucture urbaine de trasport d'Aiguelongue, Le système viaire

Certaines rues - certaines plus que d’autres - ont une importance pour la compréhension et l’analyse quantitative et qualitative des espaces résiduels du quartier, telles que: Rue de Ferran: Avec un accès facile et desservie par le tranway 2 station Lazaret, la rue relie le nord au sud et est bordée par un grand élément naturel de la ville, le Lez. La rue est étroite, calme avec une largeur et une échelle qui favorisent l’expérience 103


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du piéton et de la marche. Cependant, c’est un lieu de passage et de stationnement de plusieurs véhicules. Sur la rue de Ferran, nous pouvons accéder au Domaine du Méric et à la réserve naturelle du Lez (tout au nord) reliant la rue de l’Aiguelonque. Rue Pioch de Boutonnet : La rue traverse le quartier dans une direction Nord / Sud et présente des caractéristiques formelles distinctes sur près de deux kilomètres. Cette rue devient importante car elle relie le haut de la colline du quartier sur la rue de l’Aiguelongue, en descendant à l’avenue de la Justice de Castelnau jusqu’au quartier des beaux-arts. Sa forme est variable : on observe une rue de quartier paisible dans sa partie sud, mais à son extrémité Nord, elle se transforme en une grande rue de circulation de voitures et de bus. L’architecture est présente dans cette rue et se caractérise par la présence principalement d’habitations (individuelles, résidences, logements sociaux). Une rue importante qui raconte l’histoire du quartier avec un paysage et une forme urbaine unique. Avenue de la Justice Castelnau : La grande avenue avec quatre voies de circulation crée une frontière nette entre le Nord et le Sud du quartier. Cependant, l’intensité crée par cette infrastructure urbaine ramène des 104

usages divers, des nouvelles densités et occupations. Limite


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entre le sud d’Aiguelongue et le nord du quartier des beauxarts, l’avenue est un lieu de circulation important pendant la majeure partie de la journée. L’avenue relie l’entrée Est, attachant la ville de Montpellier à la ville de Castelnau-le-lez. Marcher sur l’avenue peut être oppressant et la sensation de pollution sonore est également présente. Le long de l’Avenue, nous pouvons pourtant trouver des usages importants pour le quartier tels que des restaurants, boulangeries, supermarchés, cabinets médicaux, écoles, l’annexe de l’hôtel de ville et la maison pour tous, attestant que l’avenue a une valeur importante en plus des flux de la ville. L’Avenue traverse le quartier dans la direction Est/Ouest et relie le pôle d’échange "Saint Eloi" , le campus universitaire, les lignes 1 et 2 du tramway jusqu’à franchir la frontière communale par le Lez. Rue de la Roqueturière: Ce qui était impressionnant dans cette rue était le sentiment d’insécurité causé par la vitesse des voitures. La rue relie, ainsi que Pioch de Bouttonnet, le Nord (rue de l’aiguelongue) et le Sud (Av de la Justice Castelnau), mais contrairement à la première évoquée, la rue a une circulation plus intense et certains usages comme une pharmacie, des épiceries, etc. Dans cette rue se trouve la “ Villa des cent regards”, une maison de forme originale qui suscite une grande curiosité pour les passants.

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Rue de l’Aiguelongue : Rue qui donne le nom au quartier (ou l’inverse ?), la rue est une promenade dans l’histoire de la ville. Nous y observons de nombreuses formes et textures, des paysages variés et problématiques. La rue de l’Aiguelongue relie la partie la plus haute du quartier à l’entrée de la réserve naturelle du Lez au campus universitaire. Dans la partie la plus proche du campus, la rue a une forme urbaine dense: voitures stationnées dans la rue, bâtiments de grands gabarits et une circulation automobile importante. En approchant de la réserve du lez, la rue change complètement: la nature, quelques terrains agricoles et la faible densité des bâtiments configurent le paysage de l’extrême Est de la rue. Autres rues parcourues : Avec l’intention d’en savoir plus sur le quartier et ses espaces, les itinéraires ne sont pas basés uniquement sur les rues énumérées ci-dessus. Les itinéraires recherchent une quantification et une qualification plus précises et une connaissance plus fine. Par conséquent, d’autres rues ont été visitées à cet effet. Bien qu’ils ne soient pas répertoriés, ils font partie de la pratique méthodologique et ont une importance légitime dans l’expérience, la quantification et la fermentation des propositions pour le quartier. 106


Carte: quantification et qualification des espaces

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La promenade


La promenade

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La promenade


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LES ESPACES ET SES ACTEURS, USAGERS, UTILISATEURS Le projet urbain Montpellier 2040: Il s’agit d’un projet qui ne traite pas vraiment de la question des espaces abandonnés de la ville, qui a eu pour cette recherche valeur de référence. Un projet de ville qui place le piéton et les citoyens au centre de la discussion de ce qui est la ville de demain, qui cherche l’équilibre entre la ville construite et la nature et qui met l’accent sur la nécessité de recycler la ville pour le bien de l’économie et de l’efficacité énergétique. Rédigé et dessiné par l’équipe de Secchi Viganò Mensia en partenariat avec la collectivité locale, le projet Montpellier 2040 se transforme en acteur et interlocuteur pour ce travail car il met en évidence la recherche d’une vie urbaine durable dans laquelle la ville devient une ressource renouvelable. 53 Le travail a comme principe de base la participation des habitants à la construction du projet. Des échanges effectués durant des ateliers ouverts au public et les promenades dans la ville marquent le parti du projet urbain. Au total, 5 ateliers ont permis d’associer des habitants à la fabrication et la discussion du projet. Chaque atelier a également permis de 53 EQUIPE SECCHI VIGANO MENSIA, Projet urbain Montpellier 2040: la ville est une ressource renouvelable, Rapport d’étude final, décembre 2013

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mettre en évidence une zone de la ville et un thème particulier: le changement climatique, l’économie dans la ville, le recyclage urbain, l’habitat et l’espace public. En conséquence de ce processus, quatre grandes stratégies pour la ville ont été créées afin de positionner Montpellier comme une référence de la ville « bien-être, écologie et durabilité ». Ainsi, l’«écologie comme support, un grand projet d’espace public, re-cycler la ville et mobilités urbaines et centralités continue» configurent les piliers du projet urbain.

La copropriété de l’impasse Maurice Chevalier (Rue de la Roqueturière) :

Sur une échelle urbaine différente de celle qui concerne le projet Montpellier 2040, le projet de la placette de l’impasse Maurice Chevalier dans la rue de la Roqueturière nous démontre une action locale admirable et une référence dans la façon de gérer les espaces collectifs dans le contexte urbain du quartier de l’Aiguelongue.

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La copropriété de l’impasse Maurice Chevalier se trouve dans la partie Sud de la rue Roqueturière dont les jardins et la placette sont un élément intéressant pour la perception du piéton. L’impression du jardin d’entrée crée, pour le piéton qui passe, un intervalle entre la vitesse du mouvement des voitures et la ballade par la rue. En plus de créer un micro paysage pour ceux qui passent, l’espace collectif crée également une sorte


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d’intersection dans la relation de ce qui est public et privé, générant une continuité urbaine entre le trottoir (public) et les maisons (privées) sans l’utilisation de murs. Nous avons rencontré Me Danthony Guerin et M. Verger, habitants de la copropriété, qui expliquent que les espaces n’ont pas toujours été ainsi. En fait, il a fallu ces dernières années une vaste organisation collective pour la gestion de ces espaces et la réhabilitation du sol qui a été dégradé pendant des années par une médiocre plantation d’arbres. Selon M. Verger, vivre et concevoir le projet de réhabilitation d’espaces collectifs de la copropriété était un travail difficile et conflictuel, cependant, cela créait une vie sociale active, importante pour le quotidien et le maintien des espaces communs. Nous pouvons penser que ces espaces devraient être traités par la collectivité locale, la mairie etc. En fait, selon certaines informations, c’était exactement l’une des premières options pour la réhabilitation de la placette. Cependant, la nécessité des travaux immédiats ne correspondait pas aux longs processus bureaucratiques et financiers que la collectivité locale imposait. Enfin, d’une manière “faisons-le nous-mêmes”, les habitants ont pu financer le projet et recréer une petite place avec un jardin et un local poubelle. L’inauguration de la place a créé

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un rituel de socialisation parmi les voisins, qui à ce jour est célébré chaque année comme une réalisation pour et par eux. En outre, une association des habitants a été créée pour gérer les espaces communs du site, mettant en évidence un caractère participatif dans la gestion des espaces collectifs de la copropriété.

Images 1,2,3 et 4: parties intégrantes du processus de construction du projet Montpellier 2040, cinq promenades urbaines ont été pré-définies dans cinq différentes zones et après, à la maison de la démocratie, des discussions et des cafés urbains pour la continuation du projet de la ville. Images 5 et 6: La copropriété de l’impasse Maurice Chevalier

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L’IDENTIFICATION DES ZONES

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QUELQUES APPROFONDISSEMENTS SUR LE QUARTIER AIGUELONGUE Afin de préciser et d’identifier les espaces résiduels urbains dans le quartier Aiguelongue, quatre grands groupes d’espaces ont été repérés. La rue - espace public d’origine - devient souvent un élément fragmenté et sous-utilisé. Cela crée des ruptures dans le tissu urbain, éliminant ainsi l’usage des piétons, des cyclistes et des usagers du quartier. Aussi, on y trouve deux catégories d’espaces : ceux occupés par des voitures (parkings) et ceux sous utilisés (délaissé de voirie). Puis, les « parcelles vagues » sont des espaces qui ne peuvent pas être identifiés comme publics ou privés. Ce sont généralement des terrains privés sans constructions, et qui semblent en état de vacance. La quatrième catégorie est classée comme espaces d’usage collectifs dégradés. Les espaces collectifs définissent une limite entre public et privé, mémé si au regard administratif, ils sont publics. Il s’agit généralement de rez-de-chaussée des complexes résidentiels ou HLM (indiqués dans le cadre typologique en tant 115


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L`identification des espaces

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que quartier moderniste). Dans le périmètre étudié, il est important de noter le problème des espaces de vie et de la relation avec les espaces collectifs. Les nombreux habitants de ces « HLMs » sont ceux qui souffrent le plus de ce type de dégradation des espaces communs dont le stationnement, le béton, l’absence de personnes et les dégradations sont des caractéristiques marquées.

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La circulation

Cette recherche étant étroitement liée aux infrastructures de transport urbain, il est essentiel avant toute proposition plus profonde de clarifier les trajets des véhicules et leurs capacités. La mobilité est un thème central de la vie en ville. Comprendre les flux, les relations et les fragments du système viaire est une nécessité dans la mesure où les espaces résiduels sont intrinsèquement liés au même système. De plus, nous avons fait le choix d’appréhender la rue en tant qu’espace public - plutôt qu’en tant que voie- ce qui peut servir de guide pour les interventions dans lesquelles l’intégration et la continuité sont des concepts clés. La fragmentation causée par la grande circulation sur l’avenue de la justice de Castelnau est évidente. Cependant, l’avenue est un important lien Est-Ouest en terme de services de transport public, reliant le pôle d’échange de Saint Eloi et la ligne 2 tramway. Aussi, l’avenue devient un catalyseur des services et commerce en ramenant intensité urbaine, usage et usagers. Reliant Nord / Sud, la rue Pioch de Boutonnet présente un aspect intéressant dans la circulation des véhicules. Alors que dans sa partie sud, son intensité de circulation est faible, au Nord, après sa fusion avec la rue Motasinos, elle devient plus large avec un débit plus intense. En plus de ce contraste, la rue Pioch de Boutonnet est également la rue dans laquelle on repère davantage d’espaces résiduels de type "délaissé de voirie" et d’espaces collectifs dégradés. 118


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La topographie

La topographie est également un élément d’une grande importance pour la compréhension du quartier. On peut imaginer que la topographie marquée rend l’accessibilité aux quartiers peut être pour certains plus difficile. Se rajoute à cela, l’étroitesse des trottoirs, et de manière générale, peu d’espace pour les piétons. Cependant, la topographie révèle une grande qualité de paysages : la découverte des grands espaces naturels de la ville. En allant vers le Nord, (vers le haut de la colline)la promenade en bordure du Lez par la rue de Ferran constitue une expérience unique dans le lien entre la ville et la nature. Ainsi que dans le Nord par la rue de Ferran, nous pouvons gravir la colline par d’autres endroits où la découverte de ce grand parc naturel devient également intéressante. À la fois des rues héritées d’un passé agricoles et des rues qui connectent la ville au grand paysage naturel, ces espaces sont dotés d’une rare ambiance ville/nature. La rue Aiguelongue est un exemple de la façon dont la topographie change l’aspect de la rue. Plus nous montons, plus nous sentons que le paysage change et plus nous sommes intégrés dans un environnement naturel.

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Les espaces verts

Les points les plus élevés de la colline sont ceux d’une grande qualité paysagère. Montpellier, est toujours une ville où l’on retrouve la présence de grands espaces naturels préservés ; le quartier Aiguelongue en est un des exemples. Le relief, le cours d’eau et la biodiversité composent un paysage d’une qualité rare. Cet atout ne doit pas seulement être conservé, mais cultivé et enrichi. Un projet durable doit prendre en compte les entités naturelles comme point d’articulation et protagonistes dans le projet, intégrant les zones naturelles existantes aux nouvelles zones proposées. Dans le projet Montpellier 2040, « les parcs des hauteurs », ainsi que les nomme le Projet, font partie d’un vaste système de parcs dans la ville. Le projet indique des points d’articulation où les espaces naturels d’Aiguelongue sont connectés à l’extrémité sud de la ville, reliant les espaces boisés du nord aux espaces cultivés du sud. La présence d’espaces verts génère une grande puissance dans laquelle l’écologie et le système paysager deviennent l’un des supports du projet pour le quartier.

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CAS A TRAVERS LE MONDE

Viaduc Des Art Paris et La Coulée Verte RenéDumont, Paris, France

Image 1: la coulée verte; Bien au-dessus de la vieille ligne de train. Image 2: les arceaux; Chaque portique forme un atelier ou une boutique. Image 3: intérieur des ateliers ou des magasins Image 4: trotoir de la rue


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COMPARAISON ENTRE LES CAS Il est indéniable que chaque contexte urbain-chaque ville-a son histoire, ses spécificités architecturales et urbanistiques, ainsi que ses contradictions quotidiennes spécifiques liées à l’occupation spatiale. Que ce soit les fruits du système politique dans lequel nous vivons, le capitalisme, ou quel que soit le processus de mutation que subit la ville, les espaces résiduels urbains sont identifiés dans ces différents contextes de différentes villes. Ce chapitre propose une ébauche de comparaison en ce qui concerne les formes des espaces trouvés, les contextes dans lesquels ils sont insérés et les acteurs trouvés. Ainsi, des différences et des similitudes peuvent être identifiées. La première différence trouvée entre les situations est la taille et la densité des villes étudiées. Ces données sont importantes pour obtenir une vue d’ensemble du contexte urbain dans lequel chaque cas est inséré. Tandis que la densité de population de Saint Etienne est 2 150 habitants par kilomètre carré et Montpellier 4 800, Madureira et Penha ont un taux de 92.000 et 52 .000, respectivement. Madureira et Penha combinent un huitième de surface de Saint Etienne et un sixième de la ville de Montpellier, leur population est presque six fois plus grande que la population 125


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de la ville de Sainte Etienne et plus que le double de Montpellier. Ces données montrent que la relation urbaine et l’agglomération sont plus intenses dans le contexte brésilien. En d’autres termes, l’espace à Saint Etienne et Montpellier est plus large pour la population, alors que dans les quartiers de Rio la population vit plus concentrée. La différence de taille et de densité, évidemment, s’immisce dans la dynamique sociale d’un espace. Il semble évident que les problèmes des espaces résiduels urbains sont plus intenses dans des contextes plus denses. La ville de Rio de Janeiro, plus dense, a besoin de plus d’espace pour accueillir sa population. Aussi nous vérifions la présence plus importante d’espaces résiduels, abandonnés, sous-utilisés, vacantes, etc., témoignant d’une grande contradiction liée aux grands centres urbains du Brésil en général : des espaces abandonnés versus des populations ayant besoin d’espace.

Les types d’espaces trouvés , une typologie diverse La recherche montre une typologie diversifiée en ce qui concerne la manifestation de ce phénomène urbain. Notons que les espaces urbains résiduels présentent des formes et des spatialités qui se perpétuent tant dans le contexte brésilien que dans le contexte français. Des espaces non seulement occupés par des véhicules, mais des espaces présentant des caractéristiques formelles urbaines similaires (espaces trian126


ÉTUDESDES CAS

gulaires, délaissés de voirie, etc.). Appelés dans ce travail de types universels, les espaces résiduels urbains qui se répètent dans différents cas constituent un cadre important pour l’analyse des causes et des possibilités d’intervention dans le tissu urbain existant.

exemple de types universels, delaissés de voiries ocuppés ou pas par la voiture. image 1: Madureira, Rio de Janeiro image 2: Penha, Rio de janeiro Image 3 e 4 : Aiguelongue, Montpellier ( rue Pioch de Bouttonnet et rue de Ferran)

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Bien que les types universels démontrent la perpétuation de ce phénomène urbain à partir de causes similaires dans les tissus urbains, il existe des types qui sont spécifiques à un endroit et, par conséquent, font exclusivement partie d’un lieu. Appelés types contextuels, ces espaces traduisent l’importance d’un regard sur la situation singulière de chaque contexte urbain.

exemple de types contextuels, 1) Rue de la Tour de la Candelon, Aiguelongue, Montpellier. Un jardin delaissé. 2) Rue Pioch de Boutonnet, Aiguelongue, Montpellier. Rez-de-chaussé de imeuble habitationel.

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3) Viaduc Negrão de Lima, Madureira, Rio de Janeiro. Marché informel sous le viaduc


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Les acteurs liés à l’occupation de ces espaces: une référence importante dans la fabrication de la ville

Le “CUFA” et le “Baile charme de Madudeira” sont des organisations sociales qui créent des liens de similitude avec les actions promues par les associations trouvées à Saint Etienne. Équivalent à ce que le cinéma Granlux met en pratique avec des soirées cinéma ou des événements ouverts dans son bâtiment, “CUFA” et “Baile charme” jouent un rôle dans la valorisation des cultures locales, en particulier le hip-hop et les sports. L’art, dans les deux cas, a un rôle central. La recherche de la liberté d’expression, la rencontre entre les personnes et l’expression artistique sont des caractéristiques trouvées à la fois dans la grande ville d’Amérique du Sud et dans les villes Françaises. Ce type d’occupation, bien qu’il ait un caractère plus «privé» que «public», génère de la vitalité à l’espace qui était autrefois résiduel, en plus il généré l’attraction des utilisateurs dans lesquels les individus touchés par les propositions doivent venir à la place, déjà construit, dans un événement déterminé. Contrairement aux exemples ci-dessus, l’association Carton Plein gère ses interventions dans divers lieux de la ville. Le groupe d’associés recherche eux-mêmes les sites d’intervention, bien qu’il dispose de son propre espace de conception et de discussion, la cartonnerie. Ce qui est vu dans la façon d’agir de cette association est une forme plus directe pour

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les habitants et aussi une sorte de projets itinérants dans la ville. Une partie du processus de création d’événements est précisément la participation des personnes qui habitent dans les quartiers ou qui ont un intérêt dans les propositions. Dans ce cas, le mouvement n’est plus le citoyen qui cherche l’événement, mais l’événement qui propose la participation du citoyen du quartier dans son propre voisinage, ainsi que le groupe universitaire et les résidents locaux dans le cas du "Projeto Praça Pr’Alemão ter ". Dans le cas du quartier de Penha, ce qui est perçu au sujet des utilisations des espaces résiduels est une occupation plus organique qu’institutionnelle. Bien qu’il existe des associations de résidents et d’amis du voisinage, il n’y a pas d’action visible d’intervention et d’occupation de ces types d’espaces dans ce contexte urbain, c’est-à-dire, dans la promenade choisie. Heureusement, des exemples d’organisations sociales-carton plein, Baile charme, CUFA et Cinema Granlux, abricó- voient la valeur dans ces espaces pour les dynamiques de la ville et de comprendre l’importance de les utiliser en faveur de l’art, les loisirs, le sport et la culture. Dans le cas de Montpellier, dans le quartier d’Aiguelongue, ce qui attire l’attention est le cadre de vie de sa population. La difficulté d’accéder à un contact avec les habitants pen130


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dant les promenades montre comment la typologie urbaine du quartier est principalement individualisée. La sécurité et/ ou la culture du « chacun chez soi » sont marqués par la présence de murs entourant les propriétés. Cependant, certaines situations attirent l’attention et suscitent la curiosité. La rencontre avec certains résidents (en particulier dans la copropriété de la rue Roqueturière) nous montre que l’esprit collectif est présent dans certains cas, ainsi que la volonté d’agir. D’autres espaces, en particulier les HLM du quartier, réveillent également un regard sur le soin des espaces publics. En ce sens, lorsqu’on étudie la ville de Montpellier et ses projets, il existe une certaine force politique qui cherche le durable comme élément important de la construction de son développement. La connaissance du rapport Secchi Vigano met en exergue la nécessité de construire un territoire autrement qu’à partir de l’héritage d’un modernisme techniciste.

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TABLEAU TYPOLOGIQUE


TABLEAU TYPOLOGIQUE

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TABLEAU TYPOLOGIQUE


CAS A TRAVERS LE MONDE

La Petite Ceinture - "Qu'est-ce qu'on peut faire?" YA+K, Paris, France

Images de l'intervention mobile sur le rail de «petite ceinture». Espace de réunion, Ateliers, petites sections de films. Images tirées du site Web de l'Association: www.yaplusk.org


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PROPOSITION POUR AIGUELONGUE CONCEPTS LIES A L’OCCUPATION DES ESPACES RESIDUELS URBAINS Une des intentions de cette recherche est de trouver des solutions dans le domaine de l’architecture et de l’urbanisme en ce qui concerne l’occupation de ces espaces de manière cohérente et continue dans le temps. Nous souhaitons formuler des propositions qui puissent apporter une qualité de vie aux habitants, aux utilisateurs, qui transforment les espaces délaissés des lieux d’urbanité, et qui révèlent de nouvelles expériences et nouvelles utilisations de l’espace urbain. Aussi, dans ce chapitre, nous allons faire un nouveau détour par la théorie, en nous attardant sur certaines définitions telles que « urbanisme temporaire » et « urbanisme tactique ». Ce sont en effet des concepts et des instruments qui vont nous aider au travail de compréhension et à l’élaboration de stratégies et actions pour les espaces résiduels urbains, en particulier dans le quartier d’Aiguelongue à Montpellier.

Un detour par de nouveaux concepts : Urbanisme Temporaire "Selon l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme de la Région

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PROPOSITIONS

Ile-de-France, l’urbanisme temporaire correspond à "toutes les initiatives qui visent, sur des terrains ou bâtiments inoccupés, à réactiver la vie locale de façon provisoire, lorsque l’usage du site n’est pas encore décidé, ou le temps qu’un projet se réalise" (IAU, 2017). Cette définition ne fait pas consensus ; le terme reste mouvant tant les projets qui s’y rattachent sont divers. Tailles, acteurs mobilisés, outils juridiques, contextes urbains, programmations sont autant de caractéristiques qui peuvent varier d’une occupation à une autre."54

La publication préparée par l’association Plateau Urbain en décembre 2017 en tant qu’évaluation des projets d’urbanisme temporaire en Europe, et plus particulièrement en France, tente de définir des orientations conceptuelles, d’identifier les acteurs, les outils et les défis liés à cette nouvelle façon de organiser et d’occuper les espaces en friche dans la ville. L’association Plateau urbain devient une référence en ce qui concerne les projets et la gestion des occupations temporaires de locaux vacants depuis la mise en œuvre du projet Grands Voisins à Paris. Le projet vise à créer une occupation qui mixte des usages et des acteurs au sein d’un grand complexe hospitalier abandonné (Hôpital Saint-Vincent-de Paul) dans 54 BANCHIR, Lisa; DINH Sonia; DREUIL Marion; KRIER Camille; THÉRON Elvia. Sous la diretion de MAULAT Juliette. URBANISME TEMPORAIRE: Définitions, acteurs, outils et enjeux. Plateau Urbain, L’évaluation des projets d’urbanisme temporaire, Livrable 1, Atelier professionnel, Université Paris 1 ; Décembre 2017, p.01)

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le 14ème arrondissement de la ville. Un projet ambitieux qui a brisé les paradigmes de la programmation urbaine, du recyclage urbain, de la gestion participative, de la création d’une économie solidaire, de l’emploi et de la valorisation du territoire. Le terme d’urbanisme temporaire est une conséquence du phénomène urbain d’occupation temporaire. Connue dans le monde “informel” et parfois marginalisé comme les squats d’artistes, interventions éphémères ou pop-ups : "L’occupation temporaire est un phénomène qui n’est pas nouveau et qui correspond au simple fait de s’implanter sur un espace pour un temps donné, sans visée particulière ou objectifs en termes d’effets sur le territoire". 55 Et il complète en affirmant que les urbanistes ont commencé à s’approprier l’inscription de ces occupations dans un cadre territorial institutionnalisé : "En cela, l’ "urbanisme temporaire" se distingue du terme d’occupation par son inscription dans une démarche territorialisée. Ainsi, l’occupation temporaire, qui n’apparaissait pas autrefois comme une pratique innovante, a été progressivement appropriée par les acteurs de l’urbanisme(…)" 56 55 MAULAT Juliette. URBANISME TEMPORAIRE: Définitions, acteurs, outils et enjeux. Plateau Urbain, L’évaluation des projets d’urbanisme temporaire, Livrable 1, Atelier professionnel, Université Paris 1 ; Décembre 2017, p.07)

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56 MAULAT Juliette. URBANISME TEMPORAIRE: Définitions, acteurs, outils et enjeux. Plateau Urbain, L’évaluation des projets d’urbanisme temporaire, Li-


PROPOSITIONS

Une difficulté rencontrée dans la relation entre projets et occupation temporaire est précisément la question du temps. La question qui se pose est la suivante: combien de temps durera le projet ou l’occupation? "Il est difficile d’imposer une durée limite qui agirait comme une frontière entre le temporaire et le pérenne. En réalité, la temporalité est relative. Au-delà d’une question de durée, le temporaire n’a peut-être de sens que s’il influe sur le projet urbain futur"57

La dimension sociale revêt une grande importance pour les vrable 1, Atelier professionnel, Université Paris 1 ; Décembre 2017, (entretien du 30/11/2017 avec F. Adisson). p.07 57 Idem

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projets. Selon Marion Waller, adjoint à l’urbanisme de la Mairie de Paris souligne concernant le projet des Grands Voisins,: le temporaire est une condition pour permettre une meilleure participation citoyenne. (…) Une dimension plus "sociale"du projet temporaire émerge alors en soulignant l’implication d’acteurs associatifs, mais aussi l’accent mis sur l’ouverture et l’inclusivité du site.58 Enfin, la définition trouvée par l’association élargit la notion pratique de design urbain, où le temporaire est une approche importante à prendre en compte dans la ville contemporaine : "Nous entendons par "temporaire" une durée limitée pouvant aller d’un événement ponctuel au temps d’un projet urbain, de l’installation éphémère de mobilier urbain au bail emphytéotique. L’urbanisme temporaire est ainsi une démarche, une pratique du projet urbain qui est conditionnée par sa durée limitée dans le temps, et qui donne lieu à une occupation. Cela peut prendre plusieurs formes : les projets peuvent être de différentes tailles, ils peuvent impliquer des acteurs variés, des systèmes de gouvernance et des modèles économiques divers. La durée limitée du projet rend possible une nouvelle façon de produire la ville en se positionnant hors marché, sur un marché "alternatif ". Des espaces délaissés 140

58 Idem, p08


PROPOSITIONS

sont alors transformés en espaces urbains supports de nouvelles activités et de nouveaux usages."59 Un autre aspect important à souligner concerne la diversité des échelles et des tailles dans lesquelles des projets d’occupation temporaire peuvent être insérés, passant de l’échelle territoriale jusqu’à l’échelle d’un délaissé de voirie.

59 Idem

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"L’urbanisme temporaire rassemble des projets de tailles très variées, pouvant aller de l’occupation d’un seul immeuble à de très grands sites. (…) la ferme urbaine de la Prairie du canal à Bobigny se déploie elle aussi sur plusieurs hectares. (…) on trouve des projets de taille intermédiaire - plusieurs milliers de m² - comme la friche Miko à Bobigny (2 000m²) (…) l’urbanisme temporaire peut se traduire par des projets de taille beaucoup plus restreinte comme (…) le lieu d’exposition et de production artistique Pauline Perplexe qui prend place dans un pavillon de 160 m² à Arcueil. " 60 Ainsi aujourd’hui, un nouveau type de professionnel émerge : " il s’agit de professionnels spécialisés dans l’urbanisme et/ou l’occupation temporaire, qui jouent un rôle d’intermédiaires entre occupants et propriétaires et apportent aussi leur expertise sur certains projets (Plateau Urbain, Communa, etc.) (…) introduit donc un renouvellement des pratiques et des relations entre acteurs au sein de l’urbanisme, de la production à la gestion de la ville. "61

60 Idem, p19

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61 Idem, p12


PROPOSITIONS

Urbanisme tactique Autre concept lié à l’occupation temporaire, l’urbanisme tactique correspond aux interventions permettant de faire l’expérience de changements dans la ville - et particulièrement dans l’espace public - pendant une période déterminée, offrant une approche collective et un impact rapide et direct. Partout dans le monde, il existe plusieurs cas, compte tenu des besoins de la population, où des solutions ont été élaborées à partir de ces interventions, à l’aide de matériaux économiques et d’une mise en œuvre rapide. "L’expression "urbanisme tactique" est également mobilisée pour désigner des projets d’occupation temporaire. L’urbanisme tactique est défini comme une pratique qui favorise des changements spontanés dans l’espace public, de manière rapide et à faible coût(…)l’idée de "chantier ouvert au public" qui a pour but d’encourager le "faire ensemble", la réflexion et le débat, mais aussi de mettre en place une programmation culturelle pour "fêter ensemble". (…)L’urbanisme tactique ajoute donc une dimension de construction collective de l’espace par l’ "acupuncture urbaine", à l’inverse de la planification "classique" mais aussi une ambition de préfiguration urbaine afin de penser les usages futurs du lieu" 62 L’un des exemples les plus emblématiques est peut-être ce62 Idem, p09

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lui de Times Square à New York. En 2009 dans une zone très connue pour son grand flux de voitures, le département des transports de la ville, avec les idées de l’architecte Jan Gehl, a commencé à concevoir des interventions, qui ont progressivement transformé un espace "agressif" en un lieu plus agréable pour les piétons et les cyclistes.63

GEHL, Jan, How to study public life, p135, Times square, NYC. image 1: printemps 2009 image 2 : été 2009

Dans le contexte plus contemporain et européen, nous pouvons citer le concept de bricolage urbain, qui a fait l’objet d’un manuel par l’association française Ya + K, portée par les architectes Etienne Delprat et Nicola Bascop, appelés «Bricolage Urbain». L’œuvre illustrée de manière ludique enseigne à créer des objets, organiser des espaces, pense l’occupation des lieux à partir du recyclage d’objets et de leurs re-significations. Le manuel pratique, basé sur les expériences du collectif YA + K, propose quelques petits projets guidés par le "DIY : Do it yourself " en tant que catalyseur de l’urbanité et 144

63

SVARRE, Birgitte GEHL, Jan, How to study public life, p. 135


PROPOSITIONS

de l’occupation de l’espace urbain. Gagnants des Palmarès des jeunes urbanistes (lauréats du palmarès des jeunes urbanistes, ministère du logement et de l’habitat durable, 2016), l’Association Ya + K propose dans son projet "Architects en Résidence, Avranches 2016" avec l’association Territoires Pionniers une nouvelle dynamique d’occupation d’un quartier prioritaire de la ville. Avec l’intention de créer un quartier productif, les associations, la maison de l’architecture et les habitants du quartier ont formé une grande synergie collective et expérimentale – où le temporaire orbite dans la dynamique du projet – produisant quelque chose qui puisse être pérenne et constant au fil du temps. La recherche de modèles d’organisation renouvelés, ainsi que de nouvelles pratiques et de nouveaux modes de consommation des services et des espaces urbains, constituent un besoin d’expérimentation et de travaux de terrain très intenses. Ainsi, de nouvelles actions/activités apparaissent tels que : jardinage et agriculture urbaine, apparition de nouveaux services de proximité, hacking urbains, "réseau d’échanges et d’entraide autogérés" ("cyclofficine ") et numériques au sein de nouveaux lieux (FabLab)"64 En ce sens, Ya + K (ainsi que le plateau urbain) favorisent une forme d’ «urbanisme intermédiaire»65, c’est-à-dire un urba64 YA+K & TERRITOIRES PIONNIERS, Produire le territoire autrement : Architectes en résidence, Avranches, Normandie, 2016, p17 65 YA+K & TERRITOIRES PIONNIERS, Produire le territoire autrement : Architectes en résidence, Avranches, Normandie, 2016, p18

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nisme pour une période transitoire nécessaire. Il est intéressant de se rendre compte que le terme intermédiaire ne s’applique pas seulement par rapport au temps, mais aussi à l’intermédiation entre acteurs, collectivité et utilisateurs du territoire, à différentes échelles de l’espace (du mobilier urbain au grand projet territorial). "L’atelier TRANS305" 66, développé par l’association YA + K, a accompagné le chantier de la phase 1 du projet ZAC (zones de développement de la coopération) du district du Plateau à Ivry-sur-Seine entre 2010 et 2011. Pour les porteurs du projet, l’aspect expérimental, modulaire et participatif de l’occupation de ces types d’espaces est la base fondamentale pour assurer leur vitalité. En plus de comprendre comment l’architecture peut être basée sur une implantation facile et temporaire, l’utilisation de matériaux recyclables tels que palettes, pneus, conteneurs réutilisés, excédents de construction, entre autres, sont importants pour le traitement et la fabrication de tactiques durables. Il est évident que la pratique de l’occupation temporaire, commence à prendre une forme institutionnelle et à attirer des regards plus sensibles et pragmatiques des acteurs impliqués dans la gestion des espaces urbains. Le dialogue entre 146

66 Trecho retirado in :<www. yaplusk.org> tradução livre pelo autor


PROPOSITIONS

image 1 et 2: Manuel de bricolage urbain, Ya+k. image 2:Atelier mobile pour en mouvement TRANS 305 Atelier de crĂŠation de recherche artistique, Ya+k. Date de RĂŠalisation:2012

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la ville, les promoteurs, les aménageurs, les urbanistes et les utilisateurs est un défi auquel les projets temporaires d’urbanisme se confrontent en priorité. Cependant, comme la thématique est assez récente, le besoin d’évaluation continu, de suivi de ces projets, la pratique ainsi que l’instrumentalisation des acteurs restent d’importantes variables pour la qualité et les bénéfices de ces types de projets. Pour cela, l’association Plateau Urbain complète en affirmant la nécessité d’une méthodologie de suivi et d’évaluation des projets : "La multiplication des projets d’urbanisme temporaire et l’instrumentalisation de la pratique par des acteurs privés ou des collectivités au profit du marketing territorial soulèvent l’importance de l’enjeu de l’évaluation. Il s’agit désormais de mettre au point une méthodologie d’évaluation adaptée, qui soit aisément appropriable, suffisamment englobante et flexible pour prendre en compte les spécificités des ifférents projets."67

d

Nous devons donc interroger notre propre façon de concevoir la ville. Dans l’émergence de nouveaux acteurs qui fabriquent la ville, l’architecte et urbaniste joue un rôle fondamental dans la relation entre la vie quotidienne et les projets politiques pour la ville. La montée du dialogue avec la popu-

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67 MAULAT Juliette. URBANISME TEMPORAIRE: Définitions, acteurs, outils et enjeux. Plateau Urbain, L’évaluation des projets d’urbanisme temporaire, Livrable 1, Atelier professionnel, Université Paris 1 ; Décembre 2017, (entretien du 30/11/2017 avec F. Adisson). p.38


PROPOSITIONS

lation locale, des outils associatifs et collectifs démontrent ce besoin de participation entre la conception et la construction, entre le citoyen et la collectivité. Ainsi, les espaces urbains résiduels sont l’occasion de repenser et de fabriquer la ville de nouveau : En occupant le vide, en dialoguant avec les acteurs et en construisant un espace urbain durable.

Mermoz, Quartier productif: Proposer d'autre lectures d'un territoire. Architects en Résidence, Avranches 2016

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LIGNES DIRECTIVES POUR LE QUARTIER AIGUELONGUE, MONTPELLIER. Ce chapitre est centré sur les propositions urbaines et architecturales pour les espaces résiduels découverts. Sur la base des fondements théoriques, les études des cas citées dans les chapitres précédents, ainsi que de la recherche des agents et des utilisateurs de la ville, nous proposons une vision, une stratégie et quelques tactiques de projet pour cette dernière étude de cas dans le quartier Aiguelongue.

ENJEUX: En ce qui concerne les défis généraux du quartier, on peut voir la grande difficulté de la continuité urbaine Nord / Sud aggravée par la présence de l’avenue de la justice Castelnau dont la largeur importante et la circulation intense créent une véritable frontière entre le quartier des Beaux-arts/ Boutonnet et Aiguelongue. Cela crée, de manière plus large un isolement du reste de la ville, notamment avec le centre-ville. Cependant, ce boulevard de ceinture remplit un rôle important pour le quartier dans la mesure où cette infrastructure urbaine apporte commerce et services au quartier. Il remplit également une fonction notable dans les flux Est / Ouest. Domestiquer cette infrastructure et les ruptures de manière à générer des nouvelles relations urbaines Nord / Sud est essentiel 150


PROPOSITIONS

pour disposer d’un espace urbain continu et lisible du point de vue du piéton et de l’usager. En plus des espaces de circulation et de passage, les espaces de permanence et de rencontre constituent un objet important pour la vie du quartier et l’attrait des flux piétonniers. Cependant, une grande partie de ces espaces - principalement des espaces liés aux HLM - sont occupés majoritairement par des véhicules créant des espaces sous-utilisés. Des espaces tels que les quartiers modernistes de la rue Pioch de Boutonnet, avenue de la justice Castelnau et Montasinos (espaces collectifs), la réunion de la rue Aiguelongue et de la route de Mende (Campus), la rue Ferran (Domaine du Méric et réserve du Lez) sont des exemples de la façon dont l’occupation des véhicules peut déséquilibrer la relation entre espaces urbains et espaces pour les personnes. Donc, clarifier les continuités urbaines entre le Nord et le Sud pour les piétons, domestiquer les ruptures urbaines et enfin équilibrer l’espace public entre parkings, espaces sous-utilisés et espaces pour la population constituent trois grands défis généraux pour le quartier d’Aiguelongue.

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LES ENJEUX

PROPOSITIONS

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POSTURE DU PROJET La posture du projet d’Aiguelongue s’appuie sur les orientations formalisées par le projet Montpellier 2040. L’idée est de proposer des idées et une stratégie complémentaire à celle fabriqué en 2013 dans laquelle une «vision» pour l’avenir de la ville a été établie comme base pour les stratégies du projet. Cette vision, à partir de trois trajectoires, essaie de donner une identité, met en évidence des potentiels et essaie de créer une image pour l’avenir de la ville de Montpellier. Ce sont: "Montpellier l’humaniste : (…) les flux quotidiens des personnes des différents horizons se croisent et revitalisent les espaces : l’espace peut parfois même s’enrichir des praztiques nouvelles qui naissent de l’interaction de ces pratiques diverses. Montpellier: la belle vie: Nous imaginons un quartier où les lieux de la détente et de la pratique du sport en plein air gagnent l’espace public ; Montpellier: the place to be : Imaginons la restructuration des grandes surfaces de l’habitat collectif. Aujourd’hui fortement dégradé, elles deviendraient énergétiquement performantes et dotées d’espaces verts publics, lieu de loisir et de sociabilité. (…) La réduction du trafic automobile, le développement de la mobilité active (…) qui sont à Montpellier des objectifs possibles. "68 154

68 EQUIPE SECCHI VIGANO MENSIA, Projet urbain Montpellier 2040: la


PROPOSITIONS

Dans ce sens, une image pour l’avenir du quartier Aiguelongue est crée : Aiguelongue - l’équilibre vivant : Le quartier où l’équilibre entre ville et nature est établi, où la mobilité active gagne la place de la voiture dans les espaces publics. La construction du quartier est en permanence expérimentation et évolution, un organisme vivant qui respire avec la participation de tous. Il n’existe pas de gaspillage ici ; ni dans l’espace urbain, ni par les habitants. Tout est renouvelable, réutilisable, recyclable. Nous profitons de tout en faveur des citoyens et citadins. Aiguelongue - conviviale et connectée : où les habitants de toute la métropole viennent flâner dans ses rues pour connaitre son paysage ou pratiquer une séance de sport. Véritable lieu d’attractivité pour ses innovations technologiques. Ainsi, il est important de souligner que le travail du projet va d’une échelle large vers une échelle plus précise, notamment car nous parlons d’espaces résiduels urbains qui sont à l’échelle des piétons et des citoyens. Par conséquent, une stratégie urbaine pour le contexte du quartier d’Aiguelongue est nécessaire et de cette stratégie découleront les tactiques urbaines/architecturales liées aux espaces urbains trouvés.

ville est une ressource renouvelable, Rapport d’étude final, décembre,2013 p15. "Vers une vision : trois trajectoire"

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STRATÉGIE URBAINE

PROPOSITIONS

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STRATÉGIE URBAINE

" STRATEGIE Nom féminin (latin strategia, du grec stratêgia) 1)Art de combiner l’action de forces (militaires) en vue d’atteindre un but (de guerre) déterminé par le pouvoir politique. 2)Art de coordonner des actions, de manœuvrer habilement pour atteindre un but "69 Le mot d’origine militaire utilisé en permanence dans les projets urbains, la stratégie dans le cas d’Aiguelongue vise à guider le débat sur l’avenir du quartier, de la ville et en conséquence du territoire. La nécessité de répondre aux défis rencontrés, de découvrir de nouvelles façons d’occuper la ville et de construire un récit pour l’avenir crée un dessin urbain sur lequel convergent quelques mots clés : continuité urbaine, gouvernance, expérimentation, transition, recyclage, occupation, inclusion et espace public. La stratégie passe donc par une réinterprétation et un vaste projet d’espace public. Cela ne signifie pas un projet de vastes espaces publics. Mais un grand projet pour l’espace public qui-parfois petits et fragmentés ou grands espaces collectifs -peut devenir des lieux de socialisation, de flux quotidiens, pour le sport ou la découverte de l’environnement. Pour cela,

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6 9 h t t p s : / / w w w. l a r o u s s e . f r / d i c t i o n n a i r e s / f r a n c a i s / s t r a t % C 3 % A 9gie/74818?q=strategie#73968


STRATÉGIE URBAINE

PROPOSITIONS

les espaces résiduels urbains peuvent remplir un rôle articulateur dans la construction d’un projet spatial urbain continu. De la même façon, nous devrions envisager une nouvelle représentation du rôle des infrastructures de circulation du quartier comme l’avenue de la justice Castelnau. Bien que ces infrastructures soient des capteurs d’usages, et de services, elles créent également une frontière entre le Nord et le Sud. Evaluer et intervenir dans les croisements et les domestiquer peut apporter un effet déclencheur sur la perméabilité du Nord et du Sud. En outre, créer un plan piéton et une mobilité active dans la direction Est-Ouest de sorte que ce boulevard ne soit plus une rupture mais qui garde son intensité urbaine de manière durable est nécessaire. Nous disposons donc de quatre espaces stratégiques pour le quartier. Formant un quadrangle Nord/Sud (rue de Ferran et Pioch de Boutonnet) et Est-Ouest (rue de l’Aiguelongue et avenue de la justice Castelnau), la stratégie du projet dans lequel l’évaluation du paysage du quartier (urbain et naturel), la continuité urbaine, la mobilité active et l’occupation des vides urbains forment une armure d’espace public.

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TACTIQUES URBAINES


TACTIQUES URBAINES

PROPOSITIONS

"TACTIQUE Nom féminin (grec taktikê takhné, art de ranger) 1) Art de diriger une bataille, en combinant par la manœuvre l’action des différents moyens de combat et les effets des armes, afin d’obtenir un résultat déterminé ; cette manière de combattre elle-même pendant la bataille. 2) Moyens habiles employés pour obtenir le résultat voulu."70 Tandis que la stratégie vient proposer un schéma général sur une échelle plus large de la conception urbaine à long terme (comme le projet de Montpellier 2040), les tactiques urbaines - guidées principalement par les projets trouvés en urbanisme tactique, intermédiaire ou au cours de la recherche – se présentent de manière complémentaire aux orientations stratégiques du projet. Caractérisées par la rapidité et le faible coût, les projets temporaires sont présentés comme des alternatives à la situation des espaces délaissés. Dans ce sens, la rue devient tout aussi importante pour l’action et pour la construction d’un espace urbain continu. La rue n’est pas qu’un moyen de passage, elle a de grands potentiels d’utilisation de loisirs, de permanence et de mobilité. Le partage des usages sur les voies montre une autre excel70 https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/tactique/76391

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TACTIQUES URBAINES

lente alternative pour atteindre l’équilibre entre la capacité de transport et l’espace public. Ce qui est proposé sont des actions qui soulignent l’urbanité et la découverte du lieu, entrelacés avec les potentialités existantes. Cela stimule la densité du territoire et la permanence des acteurs générant une nouvelle destination pour d’autres utilisateurs. Les tactiques urbaines doivent valoriser le mélange de fonctions, contrairement au zonage de la pensée moderniste. Cela devient important pour la vitalité de l’ensemble urbain, après tout le système complexe, la ville, est cette agglomération multiple de différentes couches et fonctions. Par conséquent, plus les fonctions s’interpénètrent, plus les liens urbains se développent et finalement la ville devient plus démocratique et humaine. Les résultats de ces actions rendent les relations spatiales plus souples et plus cohérentes avec la vie quotidienne diversifiée de notre société dans laquelle la rue remplit le rôle de principal lieu de l’échange politique.

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Comme les fonctions prédominantes de la région sont de caractère habitationnel, il est primordial de mettre l’accent sur les lacunes des fonctions, le commerce, le service, les loisirs et la santé, en plus des voies spéciales, tels que les pistes cyclables, les trottoirs bien identifiés dans certaines rues. Les propositions se concentreront sur ces lacunes dans la programmation. Enfin, il s’agit d’utiliser les instruments de l’architecture et de l’urbanisme pour la meilleure adéquation


TACTIQUES URBAINES

PROPOSITIONS

et l’intégration entre les offres et les exigences des relations spatiales et enrichir la qualité de l’environnement urbain. Cependant, dans certaines des tactiques urbaines proposées dans ce chapitre, le maintien de l’équipement est aussi primordial que son insertion. Il peut sembler que l’exigence d’entretien engendre des frais ou des coûts. Mais c’est ici que le rôle des associations, collectifs et collectivités doit se jouer. Les actions continues font partie intégrante du projet de la ville, de la culture locale et de la société à l’exemple de l’Association carton plein( Saint Etienne), plateau urbain, ya + K, CUFA (Rio de Janeiro), ABRICÓ FAU UFRJ ( Rio de Janeiro), etc. Ainsi, nous cherchons la participation civique comme facteur prépondérant pour l’entretien et l’insertion d’interventions et de nouvelles utilisations.

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PROPOSITIONS

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PROPOSITIONS

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TACTIQUES ARCHITECTURALES


TACTIQUES ARCHITECTURALES

PROPOSITIONS

Les tactiques architecturales ont comme objectif de compléter le répertoire de tactiques urbaines. Il s’agit d’une architecture modulaire qui potentialise la diversité d’usage, la mixité de fonction et la qualité des espaces résiduels du quartier. Pour cela, nous avons choisi l’utilisation d’un «module pré fabriqué », le conteneur. Celui-ci a un énorme potentiel de flexibilité programmatique, une faible valeur d’achat, et il est même possible de le récupérer via des industries ou des lieux de travaux. Ces modules peuvent permettre une grande diversité d’expériences dans des circonstances variées, de longue ou courte durée. De cette façon, les conteneurs peuvent augmenter les réponses à la demande d’intégration urbaine dans les espaces résiduels. 169


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TACTIQUES ARCHITECTURALES

Dans ce travail, nous proposons un module spécifique (cf dessin). Il existe des variations de taille et de catégories de conteneurs; l’objet choisi est le plus simple, le 20-pied. (Faible valeur marchande et dimensions modestes). En élargissant la conception du module, nous ne pouvons utiliser que sa structure et travailler des panneaux modulaires pour la fermeture, créant ainsi plus de possibilités, de formes et de combinaisons de l’objet. Parfois, il peut être utilisé dans sa forme « originale », parfois des jeux complexes de plein et vide peuvent se faire.

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Il existe des quatre prototypes modulaires différents selon les besoins du contexte urbain analysé : le module de nuit, pour les utilisateurs qui ont besoin d’un refuge temporaire, les voyageurs à la recherche d’un espace pour dormir ou même les sans-abris. Le module de commerce qui vise à soutenir les commerçants, n’ayant besoin que d’un banc d’exposition. Le module ludique ou atelier mobile, dont le mobilier peut être de «palettes». Le module appelé «FAB LAB mobile» est un exemple de cette dernière catégorie. Souvent lié au terme DIY (faites-le vousmême), le FabLab est un espace de créativité, d’apprentissage et d’innovation accessible à tous ceux qui s’intéressent au développement et à la construction de projets. C’est un espace dans lequel des personnes de différents secteurs peuvent se réunir pour mener des projets de fabrication numérique en collaboration et en apprendre davantage sur l’urbanisme tactique, par exemple.


TACTIQUES ARCHITECTURALES

PROPOSITIONS

Dans ce cas, le fab lab peut être un lieu de diffusion de la culture technologique liée à la création de mobilier urbain, des projets des citoyens, un lieu d’interaction entre l’information, la culture et la découverte du quartier, des permanences de professionnels connectés aux Territoire, ou encore d’internet gratuit. La proposition vise tout au long de ce chapitre la recherche de la capacité maximale d’expansion et de connaissance des différentes tactiques urbaines et architecturales, qui, contrairement à ce qui est généralement imaginé, peut être polyvalente au point d’englober plusieurs formes d’occupation, générer de la densité d’une manière positive pour la ville, et ce, sans l’obligation de modifier son tissu, son tracé et sa configuration d’origine. Contrairement aux stratégies

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traditionnelles de déni qui répétaient l’oubli des espaces résiduels, ce qui est recherché dans cette expérimentation est la réanimation de l’identité du lieu. C’est-à-dire l’utilisation d’instruments, d’équipements, de méthodes et d’ameublement qui correspondent à la potentialité d’un espace issu d’une construction d’infrastructures, qui génère productivité, réunion et occupation du territoire.

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ESPACE STRATÈGIQUE : Pioch de Boutonnet, un espace continu nord/sud

Depuis le XVIIe siècle, le maillage du quartier d’Aiguelongue est marqué par la présence de la rue Pioch de Boutonnet qui, au fil du temps, a été dequalifiée perdant sa fonction de lien entre le nord et le sud de la colline. Alors, le projet urbain met en évidence la force structurante de cet axe. 174


PROPOSITIONS

ESPACE STRATÈGIQUE : Pioch de Boutonnet, un espace continu nord/sud

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Le projet pour la rue Pioch Boutonnet devient donc un échantillon de nos intentions d’intervention sur l’ensemble du quartier. Nous quittons l’échelle du quartier pour aller vers celle de la rue du point de vue piétonnier. Sans vouloir supprimer le caractère « intime », accueillant de la rue, le projet utilise le maillage existant, désormais fragmenté et sans rythme, comme premier support pour créer une armature d’espace public (rue, promenade et espaces de permanence, activités diverses) reliée par continue.

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une

piste

cyclable


PROPOSITIONS

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PROPOSITIONS

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PROPOSITIONS

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PROPOSITIONS

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En plus des tactiques pour les espaces résiduels le long de cet axe, nous pouvons compléter la programmation par des alternatives telles que l’introduction du parcours dans le projet "La Marathonienne"71 et/ou indiquer également Aiguelonge, plus précisément la rue, comme un des lieux d’exposition des œuvres du FAV- Festival des architectures vives"72. Il apparait également pertinent de proposer des résidences d’architectes et d’urbanistes pour le projet, notamment dans le complexe HLM où il existe un grand espace relativement dégradé.

71 « La «Marathonienne» est un circuit piéton ou cyclable, de 42 km qui est la longueur équivalente à l’épreuve sportive du Marathon. Le parcours est inscrit dans le cadre du Réseau Vert qui a pour objectif de relier les espaces de nature de la ville. La Ville de Montpellier souhaite développer un maillage de voies piétonnes et cyclables dans un cadre naturel sur l’ensemble de la ville » in < https:// www.montpellier.fr/2851-reseau-vert.htm#toced_headerH2_2> 72 « Le Festival des Architectures Vives est un parcours architectural à destination du grand public, qui permet de découvrir ou redécouvrir des sites emblématiques de la ville de Montpellier depuis 2006. Cette manifestation invite le visiteur à aller au contact de ce riche patrimoine en lui proposant des installations dispersées dans la ville. » in <http://festivaldesarchitecturesvives.com/filter/apropos/ Qu-est-ce-que-le-FAV>

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PROPOSITIONS

CONCLUSION L'élaboration du présent travail inspire l'idée que les espaces publics peuvent être mieux et être disposés dans des endroits où nous n'imaginons généralement pas. Il cherche à débattre et à dialoguer sur la façon de considérer le territoire autrement, c'est-à-dire de faire face aux espaces résiduels comme des supports urbains. Et bien qu'il s'agit d'un fragment de la ville dans laquelle il ne fait pas partie du paysage aujourd'hui, ces espaces révèlent plus que nous ne pouvons voir ou imaginer, sont de véritables points de puissance L'importance des fondations théoriques et des études de cas montre comment ces espaces sont des lieux d'humanisme et de collectivité. Il a été possible de comprendre que le moyen le plus direct et empirique de la méthodologie crée une possibilité de connexion avec la dynamique de la vie quotidienne, ainsi que l'occasion d'échanger avec d'autres personnes en dehors de l'environnement académique ou professionnel. En outre, le processus d'écriture, l'expansion de la connaissance graphique, la recherche de propositions et l'assimilation de la langue étrangère, le Français, sont une véritable réalisation et un processus extraordinaire d'ouverture des champs de conscience. 185


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Les fondements théoriques montrent une ligne de pensée plus axée sur les théories élaborées dans un contexte historique contemporain dont l'analyse des procédures modernes est parfois incisive. Par conséquent, le ton critique au système moderniste peut être notoire au cours du texte élaboré. Cela se produit car la légère connaissance de la complexité moderniste et la recherche approfondie sur ses critiques conduit ce travail à révéler le même ton aux processus de modernisation de la ville. Positivement, nous pouvons remarquer une ouverture à l'étude la plus importante des théories et de la complexité modernistes afin de comprendre les origines et les nouvelles possibilités des espaces résiduels urbains. Cette recherche révèle que les espaces résiduels, a partir de l'étude typologique, peuvent être considérés comme des manifestations plus larges que seulement les espace sous des viaducs-manière dont il est exposé dans les études de Pereira. Des exemples de ce phénomène sont les espaces triangulaires, les espaces de coin, les «dalaissés de voiries», etc. trouvés dans toutes les études de cas. En fait, la recherche a permis le mélange entre la lecture de borde sur les vides et la lecture de Pereira, en admettant une plus grande variation parmi les types d'espaces trouvés. 186

La rencontre avec les notions d'urbanisme temporaire et


PROPOSITIONS

d'urbanisme tactique apporte, en plus d'une dimension politique au traitement des espaces, des références sur une nouvelle méthode l’occupation des espaces vacants. Cependant, le travail se limite à ne pas interroger d'une manière profonde la relation opérationnelle et juridique en ce qui concerne l'action dans ces espaces, révélant un détachement de la faisabilité du projet présenté, mais aussi un nouveau champ pour mieux comprendre le sujet. Bien qu'il ait un caractère de critique, d'exposition et de proposition, ce travail n'entre pas dans une échelle de conception urbaine détaillée, révélant une vision ouverte pour les alternatives d'intervention dans les espaces étudiés. Ainsi, la recherche ne se limitait pas à un terrain ou à un objet spécifique, elle génère un catalogue d'actions possibles sur des échelles d'intervention variables afin que nous puissions englober tous les espaces de la ville. Le résultat est une étude d'intervention pour l’espace public résignifié qui traverse un quartier de périphérique de Montpellier, un lieu où aujourd'hui la culture de l'automobile semble avoir prévalu sur les nécessités de l'échelle piétonne. Exposés à la réflexion et à la créativité, les espaces étudiés ont besoin de stimuli pour atteindre leurs capacités. Cependant, et tout d'abord, il est nécessaire de révéler à

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ceux qui servent et à qui ce processus de développement sera servi. La recherche, basée sur les rencontres, clarifie que les pratiques communitaires dans ces espaces feront partie intégrante de leur développement futur. Il en résulte des propositions liées à des actions urbaines et architecturales qui ont ce caractère social d'intégration et de collaboration, comme l'urbanisme temporaire et tactique nous ont revelé. Pour cela ce travail a cherché à être approfondi en accordant une attention particulière au rôle des espaces résiduels dans leurs conditions publiques en tant que générateurs d'urbanité. Le vide formé par l'abandon de ces zones est sa potentialité. C'est un espace où le progrès, la diversité et la miscigenation sociale doivent être articulés et conquis. À une époque où les murs sont élevés et la ségrégation monte, la durabilité de la ville traverse ces espaces et devrait être pensé de sorte qu'ils soient l'objet d'interventions qui ne compromettant pas leur identité, mais les considèrent comme des catalyseurs pour l'expression de la liberté, de l'authenticité et de la démocratie

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CAS A TRAVERS LE MONDE Bref compte-rendu sur les cas


CAS A TRAVERS LE MONDE Terrain de boxe Cora Garrido, Viaduc du Café, São Paulo - Brésil

Aujourd’hui, la ville de São Paulo a été établie comme le principal centre économique en Amérique latine, elle avait un profil urbain très dense et son processus de croissance très rapide et violente, lourde de nombreuses contradictions historiques. Le Viaduc du Café á Sao Paulo est un excellent exemple de la façon dont la croissance rapide des villes peut générer de grands bouleversements pour la population locale de la ville. Les plans de la ville étaient, en grande partie, porté sur les solutions de mise en œuvre rapide conçus uniquement pour les résultats à court terme. Ce genre de contexte est présent à ce jour dans le domaine de la politique institutionnelle brésilienne où les représentants du public orientent d’importants travaux visant à promouvoir au cours du mandat qui a été accordé.


CAS A TRAVERS LE MONDE "(…) Le nouvel urbanisme était le reflet d’un système entier - économique, politique et éducatif - basé sur les traditions des groupes minoritaires, en ignorant la réalité du pays, et a souligné les différences entre les problèmes sociaux d’une ville qui a été la scène principale de l’exode 1960." ( Joana Pereira, Espaços Residuais Urbanos, p.171) Le Viaduc do Café est situé Avenida Paulista, l’avenue principale de la ville, et a été construit dans l’administration du maire João Paulino Vieira Filho. Après sa construction de nombreux problèmes ont été identifiés comme les zones sous la route sans utilisation, sans vie urbaine. Dans ce contexte, l’ancien boxeur, Nilson Garrido créé avec son épouse Cora Batista, un gymnase de boxe sous le Viaduc. Cette initiative a mis en évidence non seulement l’utilisation des espaces résiduels mais en plus des actions de promotion de la réinsertion sociale par le sport. En d’autres termes, cette situation montre une autre dimension de possibilités pour une diffusion constructive de cet espace urbain résiduel, un changement basé sur le travail social communautaire.


CAS A TRAVERS LE MONDE Village olympique du quartier Encantado, Rio de Janeiro, Brésil

Depuis l’annonce de la ville de Rio de Janeiro pour accueillir les Jeux Olympiques en 2016, le gouvernement municipal, (en collaboration avec le secteur privé) a investi dans certains types de programmes sociaux liés aux sports. Une de ces initiatives est dans le quartier du Encantado, aussi sous le viaduc dans la zone nord et la banlieue de la ville. Le Village Olympique du quartier Encantado a été inauguré en 2013 et elle avait comme base de son administration une politique de partenariat entre le pouvoir public (la préfecture) et le secteur privée (O.S - des organisations sociales). Le partenariat public-privé (PPP) est basée sur le transfert de fonds publics à des organismes privés pour la gestion des espaces publics de la ville, tels que des villages olympiques de la ville.


CAS A TRAVERS LE MONDE Parmi les activités, on trouve: Basketball, Football, Futsal, Patin, Tai-chi-chuan, Katatê, Promenade guidée, danse de salle, atelier de graffiti, atelier de guitare, académie pour le troisième âge, ballet(danse classique), jazz, luttes Olympiques, etc. Pendant deux ans, le partenariat a fonctionné positivement pour la population locale, en utilisant les espaces construits de façon quotidienne. Cependant, en 2015, il y a eu un problème dans la gestion de ce partenariat - Prefecture et O.S Atlas – des arguments ont été avancés autour du manque de fonds et ainsi, le Village Olympique a été fermée, laissant pour compte les usagers. Après des manifestations des habitants du quartier en 2016, la ville en partenariat avec la marque d’articles de sport “Nike” a été à nouveau rendue accessible au public. Le nouveau Village Olympique a été revitalisé et parmi les principales attractions il y a un terrain de volley de plage et un studio de danse, qui peut également être utilisé comme un auditorium.


CAS A TRAVERS LE MONDE Le projet A8erna, Koog Aan de Zaan - Pays-Bas:

La ville de Koog Aan de Zaan, Zaanstad, au Pays-Bas est devenue une des références pour des projets architecturaux qui testent la valeur et la requalification des espaces résiduels urbains. Koogan est une petite ville près d’Amsterdam, sur les rives de la rivière Zaan. Au début des années 70, le Pays Bas a commencé à construire une grande autoroute sur pilotis pour traverser la rivière. Elle a été dessinée puis conçue au milieu de la ville, générant une coupe radicale dans le tissu urbain et donc des espaces résiduels urbains. Mais comment revitaliser la zone résiduelle? Quels sont les mécanismes et les instruments de l’architecture contemporaine pour faire revivre des espaces distincts obsolètes de la ville?


CAS A TRAVERS LE MONDE "En résumé, même si des problèmes dans leur intégration, ces itinéraires en raison de sa nature extraordinaire constituent référence importante dans le paysage urbain(...) dans le cela les évidences de la confrontation et de l’agressivité de l’infrastructure urbaine, qui commence à constituer un vrai patrimoine de la ville. Au lieu de l’équipement de changer, d’une façon force, dans une tentative pour une meilleure adaptation à la ville, c’est précisément cela et le moyennes de circulation de ses utilisateurs qui façonnent l’élément infra structure agressive, qui est constitué comme marque de l’identité de la ville. " (Joana Pereira, Espaços Residuais Urbanos, p.167) Le projet A8erna est une série de programmes d’intervention et les installations publiques qui tirent parti des zones restantes de la construction du viaduc. L’élévation a généré un grand toit sur la terre de la ville formant une superficie de 22.500m². Cette série d’interventions se compose d’un skate park, une galerie graffiti, un terrain polyvalent, un supermarché, un fleuriste, un magasin de poissons, parking pour cent vingt voitures, un petit port de plaisance, un arrêt de bus, places et la refonte totale de front de mer rivière, qui n’a pas été prévue dans le projet de route.


CAS A TRAVERS LE MONDE Ville de Lagos, Nigéria

"La plupart des grandes villes ont beaucoup de zones inactives soumises à l’occupation par la population à faible revenu. Ces zones sont généralement envahies en raison d’un manque de contrôle des entités publiques ou la connivence des gouvernements avec certaines utilisations illégales, conjuguées à l’impossibilité de planifier complètement une ville qui est de plus en plus l’objet de croissance spontanée et informelle".(Joana Pereira, Espaços Residuais Urbanos, p.152) Dans le cas du Nigeria, en particulier la ville de Lagos, la terre sous les viaducs - appropriée de manière organique et spontanée par des individus – appartient effectivement au gouvernement et le type d’emploi généré par «non propriétaire» présente un aspect temporaire de l’utilisation des terres. Ainsi, le marché, les structures de la construction et l’organi-


CAS A TRAVERS LE MONDE sation sont adaptables à l’autoroute et flexible aux exigences de temps associés à l’avantage maximum de l’espace. Cependant, les activités qui ont lieu sur place peuvent être strictement liées au paramètre économique social grave. Ce qui s’identifie est un grand nombre de jeunes en situation de travail précaire (fabrication de lanternes, des pots et des divers objets métalliques, ou la séparation des déchets par catégories) Lagos est un cas intéressant pour voir comment l’appropriation de la ville (en particulier les tiers mondistes) peut être conditionné d’une forme, aussi mutable dont les agents urbains (utilisateurs) occupent les espaces vides d’État d’une manière déstabilisé, privé, mais nécessaire. D’un coté, le gouvernement légitime des conditions de travail précaires où il n’y a pas de contrôle juridique de la dynamique établis, dans l’autre le jeune travailleur informelles sans conditions de travail fait ce qu’il peut pour générer la source de revenu minimum pour survivre. Au milieu de toute cette relation conflictuelle et contradictoire, les travailleurs informels trouvent dans les espaces résiduels de l’infrastructure urbaine un lieu d’opportunité embryonnaire.


CAS A TRAVERS LE MONDE L’ancien bâtiment de l’Ecole des Beaux-Arts, Saint Etienne

En 1859, le bâtiment de l’école des Beaux-arts a été construit pour accueillir les élèves et les enseignants de l’École des Beaux-Arts de Saint Etienne. Le bâtiment se distingue par ses ornements, ses matériaux et sa position privilégiée- au sommet d’une colline. En 2007, le bâtiment a perdu sa fonction d’origine. Le siège de l’École des Beaux- Arts a déménagé dans une autre partie de la ville, plus précisément dans le quartier de la “cité du design”. En trois ans, le bâtiment est devenu vrai friche. Publié en 2010, l’article d’internet “Lestephenois” identifie les problèmes liés à la friche. "l’ancienne école des beaux-arts est devenue un dépotoir (...) Dans l’attente d’un nouveau projet, le lieu a perdu de sa superbe et, l’état d’insalubrité et de saleté a fait réagir


CAS A TRAVERS LE MONDE l’un de nos lecteurs qui nous a envoyé quelques clichés de l’endroit(...) Inutile d’ajouter que cet abandon a suscité une certaine émotion chez notre lecteur qui ne manque as, ironiquement de “ féliciter les gens de marie” en charge de ce dossier(...) Geneviève Albouy, en charge du développement durable, a promis de faire le nécessaire pour rendre le lieu propre. " ( http://lestephanois. c a n a l b l o g . c o m /) Aujourd’hui, la grande caractéristique de cet endroit est l’aspect de la façade. Bien qu’il soit un bâtiment du XIXe siècle avec des ornements très présent, les interventions sur la façade donnent un nouveau visage à la relation ancienne et moderne. Les espaces extérieurs (de publics) comme les jardins ou le parking sont quotidiennement fréquentés par les jeunes, les étudiants, les artistes de rue, des punks, skinheads et membres d’associations qui travaillent à l’intérieur du bâtiment, entre autres. En plus des utilisateurs de tous les jours, les jardins sont utilisés pour des événements publics tels que les fêtes d’étudiants, des festivals de musique et de danse.


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Viaduc Des Art Paris et La Coulée Verte René-Dumont, Paris, France

Le viaduc des arts est établi dans le 12ème arrondissement à Paris. Connu comme la vitrine de l’artisanat français, le Viaduc des Arts de Paris dispose de plusieurs ateliers d’artistes de divers domaines tels que la restauration des ouvrages anciens, les fabricants de meubles, guitare et violon, poignées de porte en laiton, costumiers spectacles, bijoutiers, sculpteurs, des poupées et des fabricants de marionnettes, des galeries d’art, des chapeliers, des cadres d’art, des lustres et des fabricants de lampes. Le viaduc des arts suit l’ancienne ligne de chemin de fer qui a été construite dans les années 1860 reliant Bastille à Verneuil L’étang en banlieue parisienne.


CAS A TRAVERS LE MONDE La station a été détruite, mais le viaduc était comme un rappel de ce temps. La ligne a été fermée en 1969, et jusqu’à les années 80 est restée à l’abandon. En 1986, a commencé le projet de réhabilitation du viaduc, tant dans sa partie supérieure comme dans sa partie inférieure. Le projet a été dirigé par Patrick Berger, architecte, et des réhabilitations ont eu lieu entre les années 1989 et 1993. Il y alors eu la création d’un long jardin au sommet, à la place des rails, jardin appelé La Coulée Verte et la construction de magasins en bas, en profitant des arcs antiques. Nous interrogeons lors d'une balade une personne croisée dans ce lieu, elle nous dit: “L’endroit a un potentiel très positif pour la ville. C’est un lieu très prisé par les coureurs. C’est un des rares espaces verts à Paris. Il y une grande pelouse, une grande place où une association d’étudiant organisent des évènements : pique-nique, musique, vide grenier…”. Dans cette perspective, le concept de friche industrielle correspond en ce qui concerne les possibilités et les qualités spatiales d’abandon. En ce sens, le résidu est présent sous sa forme historique. Le Friche est, donc, un résidu historique dans lequel la mémoire est marquée par l’ abandon et le manque de vitalité de la place jusqu’aux moment d’action, de transformation, de revalorisation.


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La Petite Ceinture - «Qu’est-ce qu’on peut faire?» YA+K

La ligne de chemin de fer appelée “Petite Ceinture” est une ancienne voie ferrée de la ville de Paris. Avec environ 32 kilomètres, la ligne de train contourne une grande partie de la ville de Paris. Inaugurée entre 1852 et 1869, la ligne de train avait une grande importance, d’abord dans le transport de marchandises puis dans le trafic de passagers. Abandonné en raison de la mise en œuvre croissante du métro, en 1934, le trafic passager était fermé. Plus tard, entre les années 1980 et 1990, le trafic de marchandises serait également fermé. La ligne est actuellement abandonnée. Pa-


CAS A TRAVERS LE MONDE rallèlement, les associations, les artistes de rue, les habitants des quartiers bordant s’efforcent de préserver la mémoire, d’établir de nouveaux usages et de nouvelles occupations et de rechercher des solutions alternatives pour le chemin de fer de la Petite Ceinture. Le projet d’intervention sur l’ancienne ligne de train a pour objectif d’ouvrir progressivement certaines sections ferroviaires au public. En outre, l’objectif de l’intervention est de créer des ressources viables en mettant l’accent sur la gestion associative liée à la maintenance des espaces verts adjacents à la ligne de chemin de fer. De même, le projet “Qu’est-ce qu’on peut faire” interroge les programmes et les usages de ce friche. Des rencontres entre les associations d’habitants, les associations d’artistes et d’architectes et les représentants de la politique institutionnelle de la ville se tiennent tous les samedis à la station “Montsouris” dans le “12ème arrondissement”. Entre atelier de co-conception d’espace public, workshop de co-construction avec les riverains, conférences et débats autour des questions de la nature en ville et organisation d’événements culturels et festifs, nous entendons questionner et valoriser le caractère de ce lieu, dans son échelle très locale mais aussi plus largement métropolitaine. (extraít du site yaplusk.org)


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Friche

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