L'OBS - SPÉCIAL IMMOBILIER - JUIN 2019

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PARIS 811 BI LINGÉE Rien ne freine le dynamisme du marché parisien. Dopés par la baisse des taux, la pénurie et la confiance des acheteurs dans la valeur patrimoniale de la pierre. les prix flambent dans tous les quartiers. Mais la qualité prime Pur YVES LE GRIX

elasemblesansfin.Enprogression constante depuis 2015, le prix moyen des appartements parisiens a atteint 9 680 €/m2 au 1er trimestre selon les notaires. La hausse devrait même s'accélérer en juillet, etle prix moyen atteindra alors 10 000 €/m2 dans la capitale, soit 27"°/o de plus qu'en mai 2015. « Contrairement

C

au reste du pays, où la hausse ralentit, àParis le rythme de l'augmentation annuelle se maintient au-dessus de 6%. Les prix vont aujourd'hui du simple au double entre les 19' et 20" arrondissements d'une part et le 6< arrondissement d'autre part», explique l'économiste Michel Mouillart, de l'Observatoire LPI-SeLoger. Soit, selon les notaires, de 6 800 €/m2 à Pont-de-Flandre Oe quartier le plus abordable du 19") à 16 400 €/mi àSaint-Germain-des-Prés,lepluscher.Tous les arrondissements parisiens dépassent 8 000 €/m2 en moyenne, huit d'entre eux planant au-dessus 11000€/m2• Plébiscité par les habitants des quartiers centraux pow-saqualité de vie et ses prix, le 19° abandonne la dernière place au 20•. Selon Sébastien de Lafond, PDG de MeilleursAgents, « la tendance haussière constatée depuis plusieurs mois dans la capitale se confirme. Mais si le rythme de croissance apparaît encore et

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toujours soutenu à Paris intra-muros, c'est le marché des petites surfaces, prisées des investisseurs et des primo-accédants, quicontinue à tirer les prix vers le haut 0:___6,8% sur les douze derniers mois). Les gra~ surfaces semblant, pour leur part, marquer un peu le pas (+3,7% en un an).» Le printemps, habituellement propice aux achats de superficies plus vastes par des familles désireuses d'emménager avant la rentrée scolaire, pourrait cette année connaître un recul.

Selon Sébastien Kuperfis, CEO du groupe Junot,« si le marché est si tonique c'est qu'il

est toujours porté par des taux d'intérêt au plus bas et un net décalage entre l'offre et la demande. On s'oriente toutefois vers un atterrissage en douceur, avec de forts écarts d'activité entre les quartiers, les types de biens et les types de clientèle». Le marché est toujours aussi favorable aux biens de grande qualité avec des facteurs de rareté, comme la vue, les volumes, les extérieurs dans les quartiers recherchés. Ils sont ciblés par une clientèle aisée qui profite des taux bas pour s'endetter à un coûtquasi nul compte tenu de l'inflation. Il s'agit bien d'un marché de pénurie qui incite les acheteurs àse positionner très vite, parfois trop vite et sw- plusieurs biens à la fois. La clientèle internationale est très pré-

Les ventes Immobilières en open data Depuis le 23 avril, la Direction générale des Finances publiques propose à tous une base de données retraçant la quasi-totalité des ventes réalisées ces cinq dernières années en France. Il s'agit de la base DVF (demande de valeur foncière), que l'on peutconsulter sur https:// app.dvt:etalah.gouv.fr Jusqu'à présent, il fallait donner son numéro fiscal

pouraccéderàcettebase via le site Patrim... Une révolution, qui offre une vision globale du marché. Sont indiqués pour chaque immeuble la surface des bien vendus, leur nature (appartement, maison ou dépendance), le nombre de pièces, les dates de vente etles prix. Mais cette transparence a ses limites, il manque tous les autres critères : type d'immeuble,

date de construction, étage, état, vue, extérieurs, bruit, luminosité, charges... Le site d'estimation en ligne MeilleursAgents.com a été le premier à réagir : son appli gratuite permet, en promenant la caméra de son Smartphone sur les façades des immeubles, de visualiser en détail les ventes réalisées, mais également la valeur actuelle des biens. Y.LO.

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SPÉC IAL IMMOB ILIER ► XXXXXXXX

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PRIX MÉDIAN DES APPARTEMENTS ANCIENS EN E/lt AUP' TRIIIESTRE 2019

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NC: Non communiqué SOURCE , BASE BIEN NOTAIRES DE PA.RIS-ILE-DE-FRANCE

sente. « Paris est en vedette aujourd'hui par rapport à Londres et à New York», explique Hugues de la Morandière, de }'Agence Varenne. Les prix du très haut de gamme s'envolent« Ce qui valait 20000 €/m2 il y a

quatreans se vend30000 €/m2 aujourd'hui», note Nicolas Hug, de l'agence Philippe Menager et Nicolas H ug. Grandes fortunes françaises, anglo-saxonnes et des pays du Golfe et expatriés qui anticipent le« Brexit » battent le pavé dans le centre et l'ouest de Paris. Leurs recherches se concentrent le plus souventsur les belles adresses, et, pour les étrangers, sur les appartements redécorés et livrés clés en main, avec une vue sur les monuments parisiens ou un espace extériew: « La tendance ily a cinq ans était d'ache-

ter un bien à rénover pour le mettre àsongoût. Aujourd'hui c'est l'inverse.Beaucoup d'appartements ont étéjoliment refaits ces dernières années, et les acheteurspréfèrentacheterplus cher des biens déjà rénovés», observe Jean-

Francois Morineau, directeur général délégué chez BNP Real Estate. Côté placement, les petits investisseurs privés sont plutôt en recul, mais les institutionnels sont aux aguets. Le marché des biens classiques est plus hésitant Même si la baisse des taux compense en partie la hausse des prix, un nombre croissant d'acquéreurs commence à trouver l'addition un peu lourde, ce que certains vendeurs n'ont visiblement pas encore assimilé. Aussi le moindre défaut estil lourdement sanctionné. De leur côté, les rares programmes neufs, tels ceux de Pitch (6•), Vinci (15°, 18°) ou Emerige (19•) se vendent à un rythme élevé. La première couronne, qui bénéficie de la pénurie et de la cherté de la capitale, attire de plus en plus de Parisiens (voirp. 22). Mais, constate Michel Mouillart, « la demande, qui

s'est déplacée vers les communes limitrophes, entretient des hausses deprix qui déstabilisent les marchés par leur vigueur inhabituelle».

De plus, les acheteurs se heurtent actuellement à des difficultés pour y trouver des logements neufs. « La baisse des mises en

vente est de 40% par rapport à l'an dernier à la mêmeépoque.Les e?ections municipales ont provoqué un coup de frein plus tôt que les autres années», explique Laurent Douillet, directeur commercial de Vmci Immobilier. « La demandepour le neufreste trèsforte, tant

du côté des primo-accédants que chez les investisseurs, explique Philippe Josse, président de Cogedim.Mais cette baisse de l'offre inédite est aussi causée par le nombre de recours et les difficultés actuelles des promoteurs pour trouver des entreprises de construction et garder des colÎts de travaux raisonnables afin que les prix des programmes n'augmentent pas.» En attendant, « à Paris comme en banlieue, la rareté de l'offre neuve fait que les acquéreurs se reportentsur l'ancien et le récent», note Christine Tumagalli, présidente du réseau Orpi. ■

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L'attrait du Luxembourg

li RIVE GIIGIE El fURIE

Le6•restel'arrondissementlepluscher,avec une moyennejamais atteinte de 13 944 €/m2 (+6,6% en un an).« Mais les beaux appartements se vendent largement au-delà», note Romain Sarkissian, chez Vaneau Luxembourg. « Toutefois, les prix sont si hauts que les acheteurs négodentà nouveau, et les délais de vente sont un peu plus longs qu'en 2018, surtout pour les appartements de plus de 180 m2 », explique Sophie Henry, directrice de Junot Rive Gauche. Saint-Germain-desPrés et Saint-Sulpice sont toujours privilégiés parlaclientèle internationale, de même que le Luxembourg. Les quartiers ChercheMidi, Vavin, Notre-Dame-des-Champs attirent plutôt w1e clierltèle française en raison de la proxinnté dedécoles réputées etdu jardin duLuxembomg. Le prix moyen dans ces quartiers se situe autour de 17000 à 18000 €/m2• Mais les biens rares sans vis-àvis, avecvue sur jardin ou terrasse dépassent largement20000€/m2.Lestrèsgrandessurfaces de 250 à 300 m2 sont moins recherchées, tout comme les appartements en éta,ge bas. Unier-étagesuruneruepassanteou un rez-de-chaussée peut ainsi se vendre 15 à 20% moins cher, de 14000 à 15000 €/rn2.

Du boulevard Saint-Germain aupont de /'Alma, les prix continuent aflamber. Mais les acheteurs deviennent plus exigeants

Le Champ-de-Mars en surchauffe

ans le s•, la tension règne. Les acquéreurs restent principalement des familles françaises et étrangères, des cadres supérieurs, des professions libérales, des professeurs et des retraités. On ne trouve quasiment rien en dessous de 12500 €/m2 et plus aucun 80-m2 en dessous du million, même avec travaux. Les vendeurs n'hésitent pas à afficher des prix élevés et à surestimer leur bien, jusqu'à 15 000 €/m2• Mais seuls ceux qui sont sans défaut partent rapidement. Rue des Fossés-Saint-Jacques, une famille a acquis un duplex de 87 m2 avec 3 chambres à 13 800 €/m2• Les Français expatriés investissent. Boulevard Saint-Germain, un duplex de 130 m 2 avec un jardin de 32 m2 a été acheté comme pied-à-terre pour 1795 000 €. Les petites surfaces continuent à s'arracher, entre 13 500 et 17 000 €/m2 dans les derniers étages avec ascenseur, malgré le retour de l'encadrement des loyers prévu pour début juillet. Vers Carclinal-Lemoine, un 2-pièces de 25 m2 s'est ainsi vendu 14 500 €/m2 • Seuls les biens à refaire en étage bas avec vis-à-vis proche ou

Dans le 7°, du Gros-Caillou au faubourg Saint-Germain, le marché est également en surchauffe, à tel point que même les« brex:îters » diffèrent leur décision d'achat. «Au Gros-Caillou, on se bouscule, observe Stéphanie Abib-Visan, chez Grenelle Immobilier. Des 100 à140-m2 au 4• étage sans vue et à refaire se vendent 15500€/m2 dans les rnes Saint-Dominique ou de Grenelle, et atteignent 24000€/m2 sur le Champ-deMars. » Les biens classiques en bon état, avec parquet, moulures et cheminées, démarrent à 13 000 €/m2• « Le haut de gamme se vend entre17000 et19000 €/m2 », constate Inès Fonteneau, chez Daniel Féau Saint-Germain. Le marché de prestige flambe. Les appartements à plus de 3 millions d'euros séduisent la clientèle internationale.« Anglais, Suisses,Américains,Asiatiques sont à l'œuvre et très actifs», explique Manuela Baron, chez Emile Garein. « Mais, compte tenu du niveau d'exigence des acquéreurs, le moindre défaut (mauvaise exposition, parties communes défraîchies, absence d'ascenseur) fait chuter l'intérêt et la valeur du bien», note Amandine Cruz, chez Vaneau Champ-de-Mars. Y.L.G.

Saint-Germam-des-Prés fait partie des ouartlers privilégiés par la clientèle Internationale.

PARIS

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au 5• étage sans ascenseur se vendent entre ll 800 et 12 500 €/m2• La hausse touche tous les quartiers, y compris celui de la gare d'Austerlitz, le moins prisé.

"Le 51aun charme indéniable" PATRICIA CARIOU. DIRECTRICE DE MONGE PATRIMOINE « J'habite le 5• depuis

neufans. Venant du Marais, nous avons traversé la Seine pour y faire grandir nos enfants. J'y ai trouvé le calme, de bonnes écolesetun environnement préservé. A l'écart des modes, le charme de ce quartier historique est indéniable. Les commerces de la rue Monge, les balades dans le quartier Mouffetard ou du côté de la Seine font partie de notre quoticlien. Si les prix ont augmenté, le 5• reste plus abordable que le 6• ou le 7', mais le tum-over y est faible. »

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JEAN-YVES LACOTE • THOMAS RAFFOUX


D'AUTEUIL A VILLIERS

ll'OUEll lE RENDUiEIU Appréciés pour la qualité des immeubles et la bonne réputation des établissements scolaires� les quartiers haussmanniens se rajeunissent et ont la cote

L

e marché du 16" se porte bien Oes prix y ont augmenté 7,6% en un an), dopé par l'arrivée d'une clien­ tèle attirée par la qualité du bâti, les écoles, les commerces et les bistrots branchés, et par l'arrivée des « brexiters » qui souhaitent s'installer pour la rentrée. « 15% de nos acheteurs sont des Français vivant à Londres», note Guillaume Saint­ Pierre, de Vaneau Trocadéro. « Le marché est dynamique, mais les acheteurs négodent davantage», précise Fabrice d'Halloy, chez Junot Victor Hugo.« Les prix se stabilisent, à 12 000-13 000 €/nt poUT un bien classique en bon état», constate le professionnel Marc Foujols. Les appartements les plus recherchés sont les 80 à 150-m 2, vendus souvent au-delà de 13 000 €/m•, contre 11000 €/m� il y a deux ans. Avec vue, ter­ rasse ou jardin, ils se vendent vite et cher, de 16000 à 18 000 €/m2• Rue Copernic, un 144-m2 à refaire au s• étage s'est négocié 1875 000 €. Les musts du 16e nord sont les places Victor-Hugo et de Mexico, les rues de la Pompe et de Longchamp, le square Lamartine. .. « Même le quartier Pergolèse vaut maintenant 11 000 à 14 000 €/m2 », note Bérénice Miliotis, chez Guy Hoquet Victor Hugo. L'avenue Foch garde son rang; un 209-m2 au 3e étage avec une vue exceptionnelle plein sud s'est vendu 3,6 millions d'euros. « Les villages de Passy, de la Muette et d'A.uteuil sont ceux qui ont le plus augmenté cette année», signale Olivia Castaing, chez Junot Passy. A l'OCDE, Rane-

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Près du parc Manceau, les aooanemenrs familiaux snnr très rncherchés. lagh et Muette, un appartement de UO m2 à rafraîchir peut dépasser 15 000 €/m2• A Auteuil, une maison de 260 m 2 à rénover avec jardin a été cédée 3,2 millions d'euros. Les biens les moins recherchés sont les 250 à 300-m2 en étage bas, qui valent 10000 à li 000 €/m2 . Le 16e des Maréchaux, excen­ tré (boulevards Suchet, Murat...), reste peu prisé, alors que le sud (avenue de Versailles, rue Boileau.. .) attire les jeunes avec des prix encore raisonnables (10 000 àll 000 €/m2). « Mais attention, les biens avec défaut sont à la peine, et les délais de vente s'allongent», note Frédéric Grouvel, chez Vaneau Auteuil-Passy.

Les Epinenes oardenr le rythme Dans le 17", les prix font réfléchir les acqué­ reurs, mais les biens d'exception se vendent rapidement. Les appartements familiaux de 80 à 120 m2 près da parc Monceau avec une boune sectorisation scolaire sont les plus recherchés, ils se vendent 13 000 à 14 000 €/mi .« Le marché est à deux vitesses, observe Caroline de Croocq, de l'agence Junot Courcelles. Les biem de grande qua­ lité qui présentent des facteurs de rareté se vendent en 48 heures. » Les quartiers possé­ dant des marchés (rues Poncelet, de Lévis...), très recherchés également, s'af­ î fichent à 12 500 €/m2 • Autour de Vlliers, les étages élevés peuvent atteindre 14 000 €/ m2• Rue de Tocqueville, un duplex en bon état de 4 piècessur90 m2 (99 m2 au sol), aux

5e et 6c étages avec ascenseut� s'est même vendu 1350 000 €.«Les Batignolles, autour de 12 000 €/rrt en étage, attirent w1e clientèle jeune et branchée», note Elodie Lacarrière, chez Junot Monceau. Rue Caroline, un 2-pièces en bon état de 41 m2 au 2"' étage a atteint 515 000 €. Les Epinettes montent toujours: ceux qui ne peuvent acheter aux Batignolles s'installent dtUJS ce quartier moins cher, autour de 10 000 €/m2. Les sec­ teurs excentrés, portes de Clichy ou d1As­ nières, ont en revanche du mal à trouver preneur. Mais « le quartier entre les boule­ vards Pereire et Berthier, autrefois boudé, rep1-end de la valeur», remarque Richard Tiberghien, de l'Etude Wagram.

Légère accalmie sur les Champs Le 8° affiche une hausse de 11,5% en 2018. Dans les quartiers de la plaine Monceau et Europe, « les acquére11rs sont en recherche active, surtout en ce moment de l'année où les achats se font en prévision de la rentrée sco­ laire », note Arnaud del Perugia, de Vaneau Saint-Honoré. Près de Miromesnil, rue Laborde, un 130-m1 s'est vendu U 700 €/m1• Dans le triangle d'or Alma-Etoile-Champs­ Elysées, « l'impact du mouvement social a ralenti. les transactio111> », note Iris Tang, chez Emile Garein. Mais l'intérêt de la clientèle internationale pour le quaitier reste fort Rue Marbeuf; unl08-m 2 s'est vendu 18000€/m2• Avenue Montaigne, un 60-m2 en étage élevé avec terrasse est estimé à25000 €/m2• Y.LB.

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RICCARDO MJLA"'I/HANS Ll"CAS/AFP


DES HALLES ÀBASTILLE

BRIIGHÉI UIOUJOURI ÉlEGIRIIUEI Les quartiers du centre de la rive droite~ dynamiques, festifs~ et qui concentrent des appartements de caractère, réunissent tous les facteurs de hausse PAR YVES LE GRIX

A

cheter dans un quartier branché jusdfie-t-il de payer n'importe quel prix?(< Aux Halles ou danB le

Sentier, le marché estfiuide mais les tarife deviennent trop élevés», estime Armelle Casanova, de l'agence Patrice Besse. Rue Saint-Denjs ou d'.Aboukir, ils atteignent 12 000 à 15 000 €/m 2 dans des beaux immeubles xvne-xvme, pas toujours ravalés et chers à entreterùr. Rue Saint-Denis, un 4-pièces de 93 m 2 en paifait état, au 5• étage avec ascenseur, avec terrasse de 12 m 2 , s'est vendu 17 600 €/m2• Même euphorie près du Palais-Royal ou de laBom·se. « Sur les Grands

Boulevards ou rue Vivienne, ce1-taines ventes atteignent désormais 15 000 €/nr >), constate Caroline Baudry, de Bames Manus.

La folie du Marais marché est plus tendu depuis quelques mois», constate Numa Privat_, chez Junot « Le

Marais. Le moindre défaut de plan, d'étage

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ou de luminosité est sanctionné, alors que les vendems sont de plus en plus gommands. Dans le Haut-Marais, les prix se maintiennententre 13500 et 15500 €/m2 , ils sont un peu moins élevés vers Saint-Paul (11500 à 13 000 €/m2). Les biens les plus recherchés sont les pied-à-terre de 40 à 60 m 2 avec ascenseur, volume etlunùère. Les iues Charlot, de Saintonge, de Bretagne, du Poitou, Debelleyme, du Perche, de Thorigny sont très prisées, notamment par les achetew-s étrangers et provinciaux. Rue de Bretagne, un 2-pièces de 45 m 2 en parfait état au 2' étage sans ascenseur s'est vendu 660 000 €, soit14670 €/m2 • Les biens d'exception avec espaces extérieurs et vues dégagées, très convoités par des grandes fortunes françaises et étrangères, atteignent 25 000 à 30000 €/m2• «Laplace des VosgES se vend entre 18000 et 30000€/ni », remarque Emmanuel de Poulpiquet, chez Daniel Féau Marrus. A contrario, les biens situés dans les petites rues étroites, les adresses bruyantes,

les rez-de-chaussée, les appartements bas de plafond, les copropriétés mal entretenues ne dépassent pas 10000 à 12 000 €/m 2• Dans le reste du 3•, aux Arts-et-Métiers, les prix restent en deçà de ceux du Haut-Marrus, autour de li 000 à 13 500 €/m2, selon Caroline Baudry, chez Harnes. « En dehors des bienB d'exception, les prix sont en voie de stabfüsation », note Sofiane BeJTa, chez Vaneau Marais. L'Ue Saint-Louis reste hors de prix : « Quai d'Anjou, un 175-nr a dépassé 3,5 millions d'euros)>, signale Martial Michaux, chez Emile Garein Marais. Quai des Célestins, dans )'Hôtel Nîcolai rénové, des appartements de caractère sont proposés par Athena Advisersentre 18 000 et 22000 €/m2•

Les Manvrs en plein délire La folie des prix s'est emparée du 9", sans freiner les ventes, les négociations n'ayant lieu que pour les étages bas présentés trop cher. << Les acheteurs sont des jeunes cadre,s,

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WILeRŒO LOUVEl"/ONLYFRANCE.FR/AFP


SPÉCIAL l:vl.\10BILIER ► PARIS

des start-uppeurs entre 35 et 45 ans qui ontun très gr-os apport et connaissent pa,fa.itemrnt le marché», explique Guillaume Laporte, de Junot Martyn,;.« ]\.,Jais on voit aussianiwr des acheteurs étrangers", explique Marie

sur les monuments de Paris pow- 369 000 €. Côté pair du boulevard Magenta, le plus lumineux et donc le plus cher, une famille qui s'agrandît a trouvé w1 appartement haussmannien de 91 m2 pom 1070 000 €. Les primo-accédants se reportent vers Louis-Blanc, où la mairie a promis d'agir pour diversifier les commerces, principalement sri-lankais. Rue Cail, un 25-111 2 s'est vendu 255 000 €. Plus éloigné du métro, le quartier entre l'hôpital Saint-Louis, Colonel-Fabien et Belleville est moins cher, autour de 9 500 €/m2• « Le sud, côté 9" et Grands Boulevards (nies du Faubourg-Pois-

Beauchet, chez Barnes 9'/18". Les biens refaits avec 3 chambres, en étage élevé avec ascenseur, dans les immeubles en pierre de taille, et les biens rares avec vue, extérieurs et volumes partent rapidement jusqu'à 16000 €/m2• La moyenne du quartier Martyrs et ses alentours (mes Chaptal, d:Aumale...) atteint13 000 €/m2 • Rue Condorcet, un 3-pièces de 54 m 2 à rafraîchir, au 4~ étage sans ascenseur, s'est vendu 700 000 €. Sur la jolie place Gustave-Toudouze, un 5-pièces de lU m 2 à rénover au 3" éta.:,ae avec m,censeur et vue dégagée a été acquis près de 14000 €/m2 • Il faut aller autour de la place Tm-got et de la rue de Rochechouart, tres commerçante et appréciée des jeunes couples, pour trouver des prix plus raisonnables, autour de 11000€/m.i. « D'autres quartiers sont enplein essor: Madeleine (rues Godot-de-Mauro_v, Vignon, Caumartin) et la Boule-Rouge, près desFolies Bergeres, à1100012000 €/rrr, soit le prix moyen du <J' », note Sylvain Cobac, de Vaneau 9".

Le 11•, devenu aussi bow-geois que bohème, continue de grimper, avec des acheteurs toujours jeunes, parmi lesquels des ingénieurs et commerciaux côtoient dé sonnais les artistes. « Le marché réel du 11° tourne autour de 10500 €/1112 pour un bien correct et 9 500 à 10 000 € pour un bien arefaire ou

Bons prix àlouis-Blanc er Saint-Louis

avec un défaut, commepour ce 2-pièces situé dam un premier étage brnyant me Oberkampf», note Philippe Thomas, chez Guy

Avec ses bars et restaurant.<; qui donnent le la >>du cool parisien, lellf,de République à la gare de l'Est, continue à attirer les jeunes cadres et professions intellectuelles.(< Il faut compter 10 000 à ll 000 €/m2 nie du Faubourg-Saint-Denis et près des 2" et 3" arrondissements, 9500 aIO 000 €/m"passé le boulevard de Strasbourg», indique Mélissa Kasparoglu, de Century 21 Bon.sergent Quai de Jemmapes, des parents viennent d'acheter pour leur fils un 28-m2 au 7" étage avec ascenseur et balcon offrant une vue dégugée «

iLE OE·FRAr"\TE

sonnière, d'Enghien, de Paradis, d'Hauteville), de plus en plus recherché. se vend entre IOSOOet 12000 €/rrt pounm3-pièces », note Christophe Ouvrieu, chez Junot 10".

Beaumarchais, marché de repon

Hoquet. Les boulevards Voltaire et l'avenue de la République se vendent de 10 000 à 12 000 €/ml, Patmentier 10 500 €/m 2• Le quartier des boulevards Beaumarchais et Richard-Lenoir est le plus cher. « C'est devenu un vrai marché de report du Marais, ce quifait grimper les prix », constate Martial Michaux, chez Em.ile Garein Mar.'lÏs. Boulevard Beaumarchms, un ll8-m2 s'est vendu 1,6 million d'euros. De l'autre côté de la Bastille, le marché du 12e est tendu, avec peu de biens en vente. Les prix continuent d'augmenter, de l'atypique du Faubourg-SaintAntoine à la pierre de taille cossue côté gare de Lyon ou Ledru-Rollin.« Le cœur du marché se situe entre 11000 et 12 500 €/nr. de 10000 €/m2 pour un rez-de-chaussée sombre

a13 500-15000 €/m1 pour de l'exceptio11nel sqU<1re Trousseau>), explique Marine

Dans le 12•, lemanque de biens lai! monter les prix.

i:::Iij JEA~ Y\'ES POl'R .. L'OBS,,

Bachellerie, de l'agence Villaret rues Trousseau et Cotte. Toutes les surfaces se vendent du studio au 4-pièces. Financiers, avocats, médecins, artistes et même des Anglais battent le pavé. et de nombretLX parents investissent pour loger leurs enfants étudiants. Les prix sont proches côté Nation, Picpus et Daumesnil, moins élevés de Reuilly-Diderot à Dugommier. ■

www.dantelleau.com

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DES ABBESSES À JOURDAIN

banques, ont intégré la montée des prix, qui atteignent 9 000 à 9 500 €/m 2 à Laumîère et Ourcq. Effet domino: pour fuir les nuisances sonores, une habitante vient de revendre un 63-m 2 pour 575 000 € (9130 €/m2) afin de se reloger dans un 86-m 2 rue Curial, avec vue dégagée, balcon et parking, acheté 540 000 € (6 280 €/m2). Les tours de Flandre n'étant pas au goût de tous, les acquéreurs se reportent à Corentîn-Cariou, un secteur en mouvement- dans un bel immeuble en pierre de taille, un 36-m 2 s'est vendu 290 500 € (8 070 €/m 2). Ils migrent aussi aux abords de la place des Fêtes, qui sera bientôt rénovée, et de la rue de Romainville, entre les quartiers Télégraphe et de la porte des Lilas, où un 3 à 4-pièces dans une résidence des années 1970 se négocie encore autour de 7 300 €/m2 •

l'II-PIIII POPDlllll EN PlEINE GENJIIHIITIII De plus en plus plébiscité, le nord-est de Paris connall un vrai renouveau et continue aprendre de la valeur Par AURORE MERCHIN

Des apponunités àSaint-Fargeau

Familial et bien desservi, leQUarlier Pane-des-LIias séduit leshabitants du20' Qui souhaltenr s'agrandir

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ans le 18', << le marché est très

Néon. .., on assiste à 1m retour des familles»,

tendu en raison de la pénurie», constate Brice Moyse, directeur d'lmrnopJlis. Si les prix montmartrois se stabilisent autour de ll 500 €/m2, les

note Nabila Haddad, chez Century 21 Sorim. Les prix des immeubles en pierre de taille y restent attractifs, de 8 000 €/m2 rue Doudeauville à 9 000 €/m 2 près de l'église Saint-Bernard.

disparités avec les quartiers alentour se réduisent. Pour s'agrandir, les familles des Abbesses et Lamarck-Caulaincourt (11000 '€/m1) se reportent sur Jules-Joffrin (10000 €/m 2) et Marcadet-Poissonniers (9 000 €/m 2). « Le quartier autour de la rue

Damrémont, avec de beaux immeubles et des surfaces de 90 à 110 m2, est prometteur», signale Guillaume Blin-Davost, chez Junot Montmartre. Les primo-accédants boudent les portes mais redécouvrent l'est du boulevard Barbès. Entre le marché de l'Olive et la halle Pajol, dans une copropriété des années 1970, un 80-m2 avec balcon et ascenseur s'est vendu 8125 €/m2• «A

la Goutte-d'Or, depuis l'ouverture de la librairie La Régulière, de la coopérative La Louve, de La Laiterie de Paris, du Café

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L"OI3S/ N "2850-20/06/2019

Les prix montent près du canal Dans le 19°, ça bouge! Attirés par les nouveaux bars branchés, les acheteurs, au profil de jeunes start-uppers fort apprécié des

Depuis que les acheteurs venus de l'Ouest parisien, de plus en plus souvent épaulés par des chasseurs d'appartements, ont découvert le charme des secteurs commerçants de Jourdain et Gambetta et de leurs beaux immeubles en pierre de taille, dont les prix atteignent 10 000 €/m2 , les habitants historiques du 20~ qtù veulent s'agrandir se délocalisent, au nord jusqu'à Saint-Fargeau et Po·r te-des-Lilas (8 000 à 8 500 €/m 2), au sud entre AlexandreDumas et Buzenval (8 500 à 9 000 €/mi), des secteurs familiaux et bien desservis. « Ils cherchent des 3-pièces autour de 8500 €/m 2 dans les immeubles des années 1960 et 1970, mais ceux-ci se font rares»,

prévient George-Henri Asselineau, de Depierre immobilier. Les investisseurs y trouvent quant à eux des petites surfaces dans l'ancien, comme ce 3l-m2 à rénover vendu 215 000 € près de la place de la R.éurtlon. La demande se tarit passé la rue des Pyrénées autour de Saint-Blaise et de Charonne, un quartier charmant mais un peu éloigné du métro. ■

VICTOR 28 ANS, DIRECTEUR DES OPERATIONS D'UNE START·UP J'habitais rue des Martyrs mais je sortais beaucoup vers le ba,;sin de

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ln Villette, un endroit agréable, avec des vues dégagées, peu de voitures,

et les Buttes-Chaumont juste à côté. Je n'ai pas un goût prononcé pour le haussmannien, je préfère la convivialité des résidences des années 1970. J'ai trouvé un 55-m 2 au 18" étage refait par une architecte, avec balcon de 9 mi, pour 500 000 €. »

(ID SERGEATTAL/ ONLYFRANCl".Pll,IAfe · flllCUMENT PER.';ONNF.1.


ISSY-LES-MOULINEAllX

L'extension du 15° .,. Desservie par le T2, qui relie la porte de Versailles à la Défense, la ville reste connectée à Paris. « Les couples de jeunes cadres

apprécient le secteur du Val-d'Issy et ses constructions récentes, indique Hervé Poinson, directeur de l'agence Guy Hoquet Les prix y ont augmenté de 10% en un an, comme sur l'ensemble de la ville.» Un 4-pièces avec terrasse de 84 m2 s'y évalue 9100 €/m2• A l'entrée de la ville, derrière le parc des exposition'>, à cinq minutes à pied de CorenrinCelton et d'une rue commerçante, un 97-m 2 dans une résidence réputée s'affiche à 770 000 €. Avec un budget de 1 million d'euros, on trouve de coquettes mai.sons de 100 m 2 environ derrière l'église SaintEtienne, à dix minutes à pied de la mairie, jusqu'aux avenues du Général-de-Gaulle et de la Paix et dans le quartier de la Fem1e, vers Meudon. Le neuf démarre à 8 000 €/rn 2 .

MALAKOFF

Populaire et bobo L'ancienne ville industrielle connaît tme révolution avec les transformations de ses anciennes manufactures et maisons en briquettes. Elle attire depuis quelques années une nouvelle clientèle d'artistes, ce qui contribue à la montée des prix. Ceu.x-ci ont encore grimpé de 5 à 8% en 2018, et le premier trimestre suit la même tendance. Il faut compter 6 000 €/ m 1 pour un appartem ent ancien en centre-ville. Avenue Maurice-Thorez, un 42-m 2 s'est vendu 266 000 €. La barre des 8 000 €/m1 est parfois dépassée pour les résidences près de Paris ou du métro, surtout si le bien dispose d'un extérieur et d'un parking.

MONTROUGE

Une montée des prix continue La commune a su garder son âme de grand village, et sa qualité de vie attire les Parisiens et les primo-accé.dants. Depuis l'ouve1ture en 2013 d'une station de la ligne 4 du métro, les prix ne cessent de grimper. Son prolongement jusqu'à Bagneux, prévu pour 2021, qui pennettra aux personnes travaillant ou habitant dans le sud de Montrouge ou le nord de Bagneux d'être à moins d'une demiheure du cœur de Paris, va contribuer à maintenir cette courbe. Le prix moyen d'un appartement s'élève à 6 500 €/m2, celrri d'une maison à 7200 €/m 2•

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MonrrougB. aui asu garder son âme de vlllage,attire les Parisiens pour sa oualllé de vie.

NANTERRE

NEUILLY-SUR- EINE

Nouveaux quaniers, futurs transports

Grosse pénurie

Les jeunes couples qui travaillent sur la ligne A du RER et veuJent un 3-pièces de 300 000 à 350 000 € trouvent leur bonheur à Nanterre. Pour son ambiance village, ses commerces et ses écoles de qualité, ils privilégient Nanterre-Ville, rarement à moins de 6000€/m•. Nanterre-Préfech.Ire, d'où l'on pe1.1t aller à pied vers !'Esplanade, a aussi ses adeptes. Les prix a.t teignent 6 000 €/m 2 aux Terrasses de l'Arche. A NanterreUniversité, c'est tout un quartier qui sort de terre. Seule la première tranche des Terrasses-de-l'Université a pour l'heure été livrée. Dans l'ancien quartier des ProvincesFrançaises rénové, les prix se rapprochent de ceux du centre-ville. Avec l'extension du Tl et la future ligne 15, « les acheteurs parient sur la place de la Boule, remarque Thomas Bertin, chez Laforêt Ça va devenir Paris». Dans une résidence de 2008, un studio de 27 m 2 s'y estenvoléàl80000€. Une dizaine de programmes neufa sont en vente.

L'année a démarré sur les chapeaux de roue, avec des ventes toujours plus rapides et à des tarifs plus élevés. Les appartements s'arrachent en quelques jours au prix demandé, entre 10 000 et 13 000 €/m 2 • « Notamment les 120-in:1 avec 3 chambres proches des bonnes écoles, rarement en deçà de 12 500 €/nf», remarque Catherine Van Aal, de l'agence Barnes. « Les rues jouxtant les avenues du Roule et Achille-Peretti sont celles où la demande familiale est la plus forte~surtout lorsque l'immeuble bénéficie de la sectorisatfon du collège Pasteur», pré-

cise Charles Didierlaurent, chez Junot. « L'importante pénurie du centre bénéficie aux quartiers plus excentrés, vers les quais ou Levallois, également en hausse, entre 9 000 et 11000 €/ m 2 », observe Romaric

Wargnier, de l'agence Vaneau. Boulevard du Général-Leclerc, un 5-pièces de 109 m2 au 2' étage avec parking s'est vendu 1 million d'euros. « Il y a de nombreuses .,.

Une maison àColombe NICOLAS. INGÊNIEUR INFORMA TIO LIE « Nous habitiuru un appartement dans l'Est parisien et cherchions une maison. Nous avons

repéré sur Instagram des corruaissances qui . vivaient à Colombes, nous

y avions aussi des amis. C'est calme, résidentiel. vivant, avec beaucoup d'activités pour les enfants, et pas trop loin de Paris. Nous allons travailler à vélo. li y a un grand choix de maisons. La nôtre, du début du XIX'", dispose d'une extension avec une verrière sur jardin. »

(m Jl>i\:S•YVES !..'\COTE · DOCUMEST PF.RSOl'"N ~L


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