Quand la sécurité fragilise notre démocratie

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N° 94 1er TRIMESTRE 2016

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BELGIE(N)-BELGIQUE

Editeur responsable : Axelle Fischer • Commission Justice et Paix francophone de Belgique, asbl Rue Maurice Liétart, 31, Bte 6 • B-1150 Bruxelles - Belgique

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Édito es discours et manifestations anti-migrants que l’on entend un peu partout en Europe nous choquent. Que ce soit en France, en Allemagne ou aux Pays-Bas, les groupements citoyens rassemblés autour du rejet et de la haine réjouissent les rangs de l’extrême-droite et font écho dans les médias, tandis que nos responsables politiques européens s’empêtrent quant à eux dans une politique migratoire qui privilégie l’option sécuritaire et la fermeture des frontières. Tout cela contribue à entretenir nombre d’amalgames dans l’imaginaire de la population et empêche de se focaliser sur les causes profondes de l’immigration que sont la pauvreté mais surtout, dans la vague actuelle, la fuite de zones de combats atroces. “Des terroristes se cachent parmi les migrants”. “Les migrants ont des comportements irrespectueux envers les femmes.” “Les migrants mettent en danger notre mode de vie.” sont autant de phrases qui résonnent comme issues d’un autre temps. Justice et Paix ne peut que déplorer que ces amalgames honteux ne soient pas suffisamment démentis par nos responsables politiques.

Au cœur de ces discours, la dignité humaine est oubliée et le vivre-ensemble paralysé. Nous ne pouvons que souhaiter que les mouvements de solidarité spontanés envers les migrants fleurissent et chassent les dérapages verbaux en tout genre ! Geraldine Duquenne

Revue d’analyse des conflits internationaux et des enjeux de paix

L’actualité : regards et positions Des crimes impardonnables ?!

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Dossier

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Première réflexion :

Une Europe fragmentée face à la “crise des migrants”

En Belgique, des lanceurs d’alerte mal récompensés…

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Portrait / Point de vue

Quand la sécurité fragilise notre démocratie Introduction

Seconde réflexion :

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Collectif Krasnyi, la photographie au service des luttes sociales

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Brèves

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L’actualité: regards et positions

Des crimes impardonnables ?! Le Pape François a choisi le thème de la Miséricorde pour guider l’année 2016. Au-delà des échos médiatiques et de l’agenda de l’Église catholique, ce terme ne renvoie-t-il pas inévitablement à des réalités vécues dans de nombreux pays qui vivent des violences ? ’est donc un fameux défi qui est proposé cette année par le Pape François. L’année de la Miséricorde… quel beau mot… quelle difficile tâche ! Justice et Paix a été interpellée sur cette question et nous avons eu l’occasion d’y réfléchir ces dernières semaines lors d’une rencontre à l’unité pastorale de Bruxelles-centre, lors d’une célébration religieuse à l’église du Finistère, à Bruxelles ou encore lors d’une interview sur la Radio chrétienne francophone 1. L’une des premières conclusions que nous tirons de ces expériences partagées est que le terme de “miséricorde” revêt de nombreuses connotations… religieuses, certes mais aussi sociales. La vie des humains est en effet complexe et de nombreuses situations sur terre mettent le doute sur cette possibilité de pardon. Se pose alors la difficile question : peut-on tout pardonner ?

Peut-on forcer une victime à pardonner ? Les témoignages de personnes ayant vécu les atrocités de la guerre nous montrent à quel point l’être humain croyant peut parfois se sentir coincé entre ce qu’il pense que la foi lui dicte (un pardon inconditionnel ?) et la dure réalité de son vécu. Dans le cadre de conflits internationaux, deux visions peuvent s’opposer : celle du pardon “à tout prix“ est défendue par des personnalités comme l’essayiste Paul Thibaud qui préconise que “Dans des situations d’après-guerre civile, il faut savoir passer l’éponge“. L’argument principal est que pour reconstruire une nation divisée, il faut oublier le passé et se concentrer sur le futur. Mais est-ce réellement possible ? Peut-on forcer une victime à oublier ?

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Louis Joinet, ancien rapporteur spécial de l’ONU sur la lutte contre l’impunité, répond à cela que “À trop passer l’éponge, la plaie ne cicatrise pas”. Cela implique que le manque de prise en compte des revendications des

victimes d’une guerre (reconnaissance des faits, droit à la vérité, travail de mémoire, accès à la justice) peut mener à la résurgence du conflit.

Vivre-ensemble, réconciliation et pardon Les recherches de la politologue et philosophe Valérie Rosoux et du sociologue et journaliste Benoît Guillou nous permettent de mieux approcher la complexité des enjeux autour de la réconciliation et du pardon 2. Ces deux chercheurs nous montrent qu’il n’y a pas de solution miracle, qu’il faudrait appliquer à toute situation, en tout temps. Chaque cas est complexe et on est loin d’une vision dualiste où on est soit dans la guerre, soit dans la réconciliation ! Ce qui nous paraît intéressant dans leur analyse, c’est qu’elle ne comporte pas une échelle de valeurs. Il ne s’agit pas de différencier une “vraie” réconciliation d’une “fausse”, mais de comprendre d’où vient l’initiative et de percevoir l’intérêt de la complémentarité des approches. La question du « qui décide » est donc cruciale. Lorsque l’acteur - quel qu’il soit : État, instance supranationale, association, médiateur - qui impulse un mouvement de réconciliation ne tient pas compte de la complexité de la situation, l’engrenage de l’incompréhension et de la frustration peut être source de reprise ou de durcissement du conflit. Enfin, il nous semble qu’il y a un préalable au travail de réconciliation : l’écoute des acteurs en présence. Pour qu’une réconciliation soit durable, elle doit passer par l’écoute des ressentis et des besoins. Comme nous le dit Vladimir Jankélévitch (philosophe français, résistant pendant la seconde guerre mondiale), “Pour pardonner, il faut se souvenir” 3. Dès lors qu’il y a cet exercice de mémoire, victime et bourreau peuvent recréer les conditions d’un vivre-ensemble futur. Axelle Fischer

1. http://rcf.be/ 2. Pour en savoir plus, lire notre article complet publié sur notre site Internet : www.justicepaix.be/Des-crimesimpardonnables?subject=http://www.justicepaix.be/ Des-crimes-impardonnables 3. “Le pardon”, Éd. Aubier, 1967.

LECTURE La question de la mémoire et le traitement de l’histoire sont des phénomènes complexes. Ils traversent la vie de chaque individu et sont inhérents à l’évolution des sociétés. À ce titre, ils font l’objet de choix tant politiques que médiatiques auxquels le citoyen est quotidiennement confronté.

Pour en savoir plus sur les enjeux du travail de mémoire, nous vous conseillons la lecture de notre ouvrage “Passé, histoire, mémoire… Quand la politique s’en mêle”, Éd. Couleur Livres. À commander auprès de info@justicepaix.be au prix préférentiel de 8 euros (02/738.08.01).


Introduction

Dossier

Quand la sécurité fragilise notre démocratie

otre démocratie est en danger. Dans la foulée du risque terroriste et sous couvert de toujours “plus de sécurité”, l’Europe privilégie sa face répressive au lieu d’accueillir dignement des personnes fragilisées par un long voyage entamé pour fuir des zones de combats. Ces migrants sont traités comme des criminels et des profiteurs, comme si les conventions de Genève n’avaient jamais existé. On piétine ce fondement même de la condition humaine sans penser à ces familles, meurtries une seconde fois par cet accueil indigne de nos sociétés modernes.

L’État montre ses crocs quand des intérêts économiques soi-disant supérieurs sont contestés par des opposants. Cette répression de la contestation sociale est intolérable au regard de l’apport considérable de ces militants pour la société. Ils nous alertent sur des dangers potentiels et nous devrions plutôt, à ce titre, les en remercier. Les témoignages sur ces dérapages sont primordiaux. Le Collectif Krasnyi met en pratique un journalisme citoyen, au service des causes sociales, proche de ces militants. À découvrir !

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Dossier Première réflexion Une Europe fragmentée face à la “crise des migrants”

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Au quotidien, dans nos maisons comme dans la rue, dans les journaux comme sur les sites web, nous sommes bombardés par une pluralité d’informations focalisées sur ce que l’opinion publique internationale aime définir comme la “crise des migrants”. Des journalistes aux politiques, le terme employé pour qualifier cette réalité, qui nous concerne depuis des années, est “crise”. Un terme négatif, qui amène à percevoir les migrants comme un problème, comme un facteur de déstabilisation dans nos vies. Mais ce qui émerge est la nécessité de trouver une solution, urgemment, et qui risque d’être controversée.

La peur, alimentée par les discours et les images des médias internationaux, est un facteur essentiel pour expliquer les réactions nationales au phénomène migratoire

a “crise des migrants” est perçue comme telle sur la base de justifications économiques et sécuritaires. D’une part, l’accueil des migrants est vu uniquement comme un coût social et économique insoutenable pour nos pays, encore écrasés par le poids de la crise économique. D’autre part, le discours sécuritaire séduit, lui qui qualifie le migrant de menace contre laquelle il faut se protéger. Pourtant, le nombre de migrants qui ont rejoint le sol européen ne peut pas être comparé avec le nombre de migrants ayant mis les pieds en Turquie et au Liban. De plus, les auteurs des attentats du 13 novembre à Paris ne sont pas de nouveaux migrants mais plutôt des citoyens vivant de longue date dans des pays européens. Il est dès lors plutôt questionnable de continuer à penser que les migrants sont une menace pour notre sécurité “physique”. Il est également nécessaire de considérer les responsabilités et les erreurs des pays occidentaux. Leurs décisions en matière de politique extérieure ont joué un rôle déterminant dans la guerre au Moyen-Orient, à l’origine des flux de migrants vers l’Europe. La prise de conscience des responsabilités de l’Europe et de l’Occident dans cette crise devrait amener à repenser les politiques d’accueil trop restrictives et conduire à une réponse politique commune.


face à l’inconnu. Mais elle est peut être instrumentalisée par les dirigeants politiques. Ces derniers considèrent la peur envers l’ennemi – le migrant – comme une légitimation de leurs politiques agressives. C’est également la peur perçue par leurs citoyens qui les conduit à des virages à droite, nécessaires à leur maintien au pouvoir. Les gouvernements ont donc donné la priorité à la sécurité de leur pays, au détriment des droits de l’Homme, qui subissent des restrictions tous azimuts. L’Union Européenne, face à cette crise, a démontré son incapacité à fournir une réponse unique et efficace. Tout au long de l’année 2015, des lentes et controversées négociations ont amené les membres de l’UE à accepter le compromis concernant la relocalisation de 160.000 demandeurs d’asile qui avaient rejoint les territoires de l’Italie et de la Grèce. Mais selon son Rapport mondial 2015, Human Rights Watch déclare que seulement 272 demandeurs ont été relocalisés au début du mois de janvier 2016. Les États ont donc préféré adopter des mesures indépendamment des autres, au risque d’entrer en contradiction avec les valeurs démocratiques et les principes humanitaires de nos sociétés.

DEMANDES D’ASILE elon l’Organisation Internationale pour la Migration (OIM), 1.006.000 réfugiés sont entrés en Europe depuis le début de la “crise migratoire” en 2015. Le nombre de personnes demandant le statut d’asile n’a cessé d’augmenter depuis. Plus de 216.300 demandes ont été enregistrées dans les 28 pays de l’UE. Les 5 pays européens à recevoir le plus de demandes sont l’Allemagne, la France, la Suède, l’Italie et la Grande-Bretagne.

La peur qui discrimine Les politiques gouvernementales des pays européens face à la crise des migrants ne peuvent pas être appréhendées sans donner la juste importance au sentiment de peur existant au sein des États. La peur, alimentée par les discours et les images des médias internationaux, est un facteur essentiel pour expliquer les réactions nationales au phénomène migratoire. Il s’agit d’une peur “circulaire”. Une peur qui émerge de chacun de nous et due au sentiment d’hostilité

Dossier Première réflexion

Les différentes réactions et mesures des États montrent la pluralité des réactions qui se concrétisent en une fragmentation politique au niveau européen

Si d’un côté la Hongrie a procédé à la construction de clôtures pour empêcher l’arrivée massive de migrants irréguliers, d’un autre côté l’Allemagne n’a pas hésité à affirmer publiquement son soutien aux réfugiés. Elle a souligné la nécessité d’une politique européenne commune, fondée sur les répartitions proportionnelles, par quotas, des migrants parmi les États européens. La position allemande, qui n’a pas changé après les agressions sexuelles commises pendant le réveillon de la Saint-Sylvestre 2015 à Cologne, devrait être considérée comme exemplaire. Nombreux ont été les partis de droite qui ont instrumentalisé les évènements de Cologne pour confirmer leurs discours xénophobes et pour légitimer leurs politiques discriminatoires. Sous ce prétexte, plusieurs États ont pris des mesures restrictives en matière d’asile et ont procédé à la fermeture de leurs frontières. Ainsi, depuis le 4 janvier, la Suède a imposé des contrôles d’identité à la frontière avec le Danemark et a déclaré sa volonté d’expulser jusqu’à 80.000 migrants dont la demande d’asile a été ou sera rejetée. Parallèlement, l’Autriche a décidé d’introduire des contrôles plus stricts des voyageurs provenant de Slovénie et a affirmé la suspension des règles de Schengen. Les différentes réactions et mesures des États montrent la pluralité des réactions qui se concrétisent en une fragmentation politique au niveau européen. De plus, ces déclarations semblent remettre en question l’existence même des principes de libre circulation des personnes, les accords de Schengen.

Première réflexion

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Dossier Première réflexion

VERS UN ACCORD ENTRE LA TURQUIE ET L’UE ? u moment de mettre sous presse, nous apprenons que lors d’un sommet extraordinaire entre l’Union européenne et la Turquie qui s’est tenu à Bruxelles le 7 mars, ces derniers se sont entendus sur un schéma d’accord, encore à avaliser officiellement dans le courant du mois de mars. “Nous avons franchi une étape supplémentaire dans la bataille pour résoudre la crise des réfugiés”, a commenté sobrement le premier ministre belge Charles Michel. Lequel avouait ensuite son “sentiment mitigé : je ne dis pas ‘eurêka ‘, nous avons trouvé la solution. C’est un pas dans la bonne direction”. L’élément le plus spectaculaire : la Turquie accepte désormais de se faire renvoyer par la Grèce tous les migrants qui y arriveront irrégulièrement. C’est-à-dire tant les migrants économiques qui ne peuvent prétendre à l’asile, que les réfugiés syriens. L’UE quant à elle acceptera d’accueillir directement à partir de la Turquie un réfugié syrien pour un Syrien réadmis par la Turquie. Source : Le Soir, mardi 8 mars 2016

L’Europe se tourne vers la Turquie

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Au sein de l’UE, l’opposition des États à une politique de relocalisation et de partage des demandeurs d’asile entre les pays membres a amené la Commission Européenne à chercher une voie alternative pour la gestion des flux migratoires. À partir du mois de septembre 2015, elle a ouvert un nouveau dialogue avec la Turquie qui a abouti à la conclusion d’un “Plan d’Action Commun”, le 29 novembre 2015. L’accord entre l’UE et la Turquie établit que l’Union Européenne fournit 3 millions d’euros à la Turquie pour qu’elle collabore à mettre fin à l’immigration illégale vers l’Europe. Ainsi, le soutien économique de l’UE sera directement alloué à la protection des réfugiés et à l’amélioration de leurs conditions d’accueil. L’UE s’engage également à soutenir les efforts de la Turquie pour prévenir les afflux massifs de migrants vers les États membres. De son côté, la Turquie voit d’un bon œil l’acceptation du Plan d’Action Commun car il permet une accélération du processus d’octroi de visas européens pour les citoyens turcs et une amélioration des relations avec l’UE, fondamentale pour son projet d’adhésion. Cette réponse donnée par l’UE rencontre beaucoup de critiques de la part de la société civile internationale. Amnesty International a dénoncé les violations des droits de l’Homme perpétrées en Turquie par les forces de police, les conditions de vie précaires des réfugiés et l’augmentation de la traite d’êtres humains comme conséquences à la fermeture de la frontière avec la Grèce. De plus, l’inefficacité de l’accord est démontrée par l’arrivée continue des migrants sur le territoire grec et par les difficultés de collaboration entre les forces grecques et turques pour patrouiller en mer Egée.

Et la Belgique ? La faiblesse des réponses politiques fournies par les États européens concerne aussi la Belgique. La réticence du gouvernement face à l’accueil des réfugiés se manifeste dans l’inaction et dans les déclarations “grotesques” des représentants publics. Les réfugiés dont la demande d’asile a été acceptée ont été envoyés dans plusieurs communes belges sans aucun projet de vie solide à l’appui, et sans que ni critiques ni oppositions notables ne se soient manifestées. Dans la foulée de ce désintérêt du politique, certains citoyens se sont montrés hostiles à l’arrivé réfugiés et ont montré des sentiments xénophobes envers ces “inconnus dangereux”. L’exemple doit venir d’en haut, a-t-on l’habitude de dire… Face à la réalité des nombreux réfugiés ayant dormi plusieurs nuits au Parc Maximilien à Bruxelles et aux pressions des citoyens qui s’en sont indignés, le gouvernement belge a donné son autorisation à l’ouverture du centre de pré-accueil dans le bâtiment du WTC III le 1er octobre 2015. Cependant, cette mesure n’a pas semblé suffisante face au nombre et aux nécessités des réfugiés. Plusieurs familles belges ont accueilli les nouveaux arrivés dans leur maison, les églises ont ouvert leurs portes et des citoyens se sont mobilisés pour trouver des solutions là où le gouvernement n’y est pas parvenu. Les citoyens, organisés au sein de la “Plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés”, ont offert aux migrants les services basiques mais aussi un endroit où ils ont pu se sentir acceptés. Face à ce réveil citoyen, une réponse commune politique au niveau européen doit se profiler et ne peut pas être reportée indéfiniment. Elle doit se fonder sur une intégration effective des migrants dans notre société, qui ne soit pas synonyme de perte des caractéristiques culturelles, mais plutôt de respect et de compréhension de leurs valeurs. Nos décideurs politiques doivent se montrer novateurs et au-dessus de la mêlée. Ils doivent dépasser les peurs ressenties par le citoyen lambda et faire preuve de davantage d’humanité en termes d’accueil des réfugiés… Veronica Lari Avec la collaboration d’Angela Ocampo

Face à ce réveil citoyen, une réponse commune politique au niveau européen doit se profiler et ne peut pas être reportée indéfiniment


Les motifs d’engagement social sont légion, tant au niveau international qu’en Belgique. Armes nucléaires, traité transatlantique, projet de méga-prison à Haren ne sont que des exemples parmi tant d’autres sur lesquels se focalisent les actions de contestation pacifique dans notre pays. Face à cette militance qui entend jouer un rôle de lanceur d’alerte primordial pour notre société, force est de constater que la réponse apportée par l’État belge s’attache à la réprimer plutôt qu’à la valoriser…

POURQUOI S’OPPOSER AU TTIP ?

TTIP : un traité qui rime avec répression…

our les mouvements sociaux européens cet accord va brader les protections sociales et environnementales et appauvrir davantage les travailleurs du vieux continent, déjà victimes d’une crise économique particulièrement destructrice pour le tissu social. Les militants protestent également contre les méthodes opaques de la Commission européenne qui négocie dans l’ombre depuis des années.

Pour mieux comprendre le mouvement de répression en Belgique contre la contestation sociale entourant le projet de traité transatlantique (TTIP), un retour en arrière s’impose. Le 15 mai 2014, 280 militants pacifiques faisaient l’objet d’une arrestation administrative musclée en marge de la manifestation organisée par l’alliance D19-20 1. Ils entendaient protester contre la tenue de l’European Business Summit et exprimer une opinion politique différente. Ce sommet rassemblait des représentants de multinationales nord-américaines et des dirigeants européens. Au cœur des discussions, les négociations autour du grand marché transatlantique (TTIP) qui doivent aboutir à la signature d’un traité entre les deux blocs.

La répression policière qui s’est déroulée sous nos yeux le 15 mai 2014 était disproportionnée et indigne d’un État de droit

Dossier Deuxième réflexion

En Belgique, des lanceurs d’alerte mal récompensés…

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1. www.d19-20.be : réseau d’organisations de la société civile belge en lutte contre le projet de traité transatlantique.

Deuxième réflexion


Dossier Deuxième réflexion

Ces résistants dénoncent de la part des autorités des perquisitions, filatures, écoutes, intimidations et tentatives d’infiltrations La répression policière qui s’est déroulée sous nos yeux le 15 mai 2014 était disproportionnée et indigne d’un État de droit. La police a utilisé la méthode dite du “cordon de sécurité” pour entourer des groupes de personnes alors que cette pratique a été déclarée hors-la-loi par la Cour européenne des Droits de l’Homme.

La limitation du droit à la manifestation s’est donc exercée au préalable, sous couvert de raisons sécuritaires qui n’avaient pas lieu d’être. La contestation sociale est bâillonnée et révèle ainsi un danger pour notre démocratie.

Notons que cette manifestation a également vu la police détruire les images d’un journaliste italien et le garder à vue pendant 5 heures, et cela alors même qu’il exhibait sa carte professionnelle. Des manifestants espagnols ont également été arrêtés et l’un d’eux, souffrant d’une crise d’épilepsie, a été laissé à même le sol mouillé et froid, sans aucun soin, pendant de longues minutes. Cette scène a été filmée par un citoyen 4 et a provoqué l’indignation de nombreux médias espagnols. Ce citoyen nous a affirmé après : “J’ai essayé de faire entendre raison à un policier devant moi, qui m’a rétorqué : “Vous n’êtes pas content ? Et bien plaignez-vous au Comité P. Vous verrez, ca n’aboutira pas, comme d’habitude…”.

Justice et Paix, dans un communiqué envoyé quelques jours après la manifestation, avait exigé qu’une enquête approfondie et indépendante soit menée sur les méthodes utilisées par la police lors de cette manifestation, en prenant garde d’inclure les témoignages des citoyens arrêtés et des organisateurs. Elle demandait qu’elle ait lieu dans un délai raisonnable et que les résultats soient rendus publics.

En effet, le Comité permanent de contrôle des services de la police (Comité P) ne se prononce que très rarement en faveur des citoyens. Un dysfonctionnement dénoncé à de nombreuses reprises, notamment par la campagne “Stop Répression” de la JOC 5, qui invite à manifester chaque année le 15 mars, lors de la journée internationale contre les violences policières.

Certes, le parcours de la manifestation n’avait pas été respecté par les militants. Mais ce parcours avait été imposé par la police sans laisser le choix aux organisateurs, lesquels demandaient simplement d’ “encercler symboliquement le sommet”. Rappelons également qu’il est interdit d’arrêter un manifestant non violent.

Images détruites

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tographiés ou filmés durant leurs interventions ne peut constituer aucune gêne pour des policiers soucieux du respect des règles déontologiques” 3. Ainsi, avec ou sans carte de presse, la police ne peut nous empêcher de la filmer pendant ses interventions. Un droit sur lequel elle se garde bien entendu de nous informer… Toute demande de remise de films enregistrés doit être approuvée par une autorité judiciaire. En détruisant ces images, les policiers deviennent ni plus ni moins des délinquants.

Les mois ont passé, et aucune réponse satisfaisante n’a été apportée face au comportement incompréhensible des forces policières. Pire, les manifestations suivantes organisées pour protester contre le TTIP ont vu d’autres agissements illicites perpétrés par les forces de l’ordre, comme si les leçons du passé n’avaient pas encore été tirées. Ainsi, le 15 octobre 2015, en marge d’un rassemblement pacifique et annoncé prenant place dans le quartier européen de Bruxelles, une équipe de ZIN TV, web-TV de participation citoyenne à caractères culturel, éducatif et informatif était arrêtée alors qu’elle couvrait l’évènement. La police n’a pas hésité à détruire les images tournées, faisant “disparaître délibérément, illégalement et impunément les preuves de son action. Les images contenaient l’humiliation de la police infligée à des manifestants perçus comme des “sales gauchistes”, des “chômeurs qui n’ont rien d’autre à faire que d’emmerder la population 2”… La police a justifié boîteusement que la lutte contre le terrorisme étend ses pouvoirs et l’autorise à le faire, surtout si son personnel apparaît dans les images. “Faux”, rétorque la Ligue des Droits de l’Homme, en citant l’ouvrage de Mathieu Beys, qui explique : “Il n’existe aucune interdiction générale de photographier ou filmer les actions de la police. Il est légitime que des citoyens et journalistes filment ou photographient des interventions policières, que ce soit pour informer ou récolter des preuves du déroulement des événements (…) Le fait d’être pho-

QUAND LE COMITÉ P INTIMIDE À SON TOUR… ’assurance de l’impunité permet à la police de couvrir ses propres dérapages. Ainsi, quelques jours après ces évènements, un groupe d’une vingtaine de militants chahutait la Commissaire au Commerce de l’UE Cécilia Malmström lors d’un débat organisé au Collège de Bruges 6. La direction du prestigieux collège n’appréciant pas cette contestation, elle envoya la police à la rencontre des manifestants, ceux-ci une fois dans la rue. Sans aucune raison objective, les policiers ont intimidé les militants, allant même jusqu’à immobiliser physiquement certains afin de tenter de saisir, encore une fois illégalement, leur appareil de captation vidéo. Dans un État de droit, le droit à la manifestation pacifique est protégé. Toute attaque contre cet aspect fondamental de notre démocratie est intolérable. Malgré la plainte portée à la connaissance du Comité P, ce dernier n’a pas hésité à intimider à son tour le plaignant, argumentant qu’aucune faute n’avait été commise par la police et le menaçant de poursuites s’il diffusait la vidéo montrant l’agissement des policiers envers les militants. Plus d’informations sur ce collectif citoyen : flashmobstopttip


Méga prison, méga nuisances

Soutenir ces luttes !

Le projet de construction d’un complexe carcéral à Haren, au nord de Bruxelles, concentre également depuis l’été 2014 la contestation de nombreux militants. Ceux-ci dénoncent des coûts exorbitants dans un contexte d’austérité budgétaire, la destruction d’un écosystème unique dans la zone du Keelbeek, notamment de zones agricoles fertiles. Tout cela pour un projet qui ne résoudra pas le problème de la surpopulation carcérale et dont le monde judiciaire a déjà exprimé maintes fois un rejet catégorique ! Ainsi, des riverains, des magistrats, des citoyens, des associations se sont exprimés le 20 mai 2015 lors de la commission de concertation de la Ville de Bruxelles en disant tout le mal qu’ils pensaient de ce projet “qui ne peut être autorisé en l’état, en raison des nuisances disproportionnées qu’il occasionnera aux riverains, à l’environnement, au fonctionnement de la justice et à la mobilité”.

Il est primordial de rejeter avec force tout discours qui vise à discréditer ces luttes citoyennes. Nous entendons encore trop souvent que ces militants “n’ont que ce qu’ils méritent” et “qu’ils ont toujours quelque chose à se reprocher”. La militance n’est pas un plaisir. Elle s’impose à ces individus qui décident de sacrifier une part plus ou moins importante de leur vie personnelle et professionnelle pour ces causes sociétales. Les citoyens et organisations de la société civile doivent apporter un soutien à ces individus face à la répression exercée par différentes composantes de notre État. Ce dernier se doit de privilégier un dialogue inclusif avec ces opposants, au lieu d’organiser une répression policière ou judiciaire. Enfin, nos parlementaires doivent les soutenir davantage en participant à leurs actions et en faisant la publication de ces dernières dans les différents hémicycles politiques.

Un comité de quartier s’est créé, et une “zone à défendre” a vu le jour, sous le modèle de ce qui existe en France à Notre-Dame-Des-Landes contre le projet d’aéroport, ou à Sivens contre un barrage. Malgré des incursions illégales dans la zone de la part de la police et des promoteurs qui ont tenté de démarrer les travaux sans aucun permis en main, les militants ont résisté, pacifiquement. L’occupation du terrain a pris fin en septembre 2015, suite à l’expulsion musclée des occupants menée par la police de Bruxelles. Mais aujourd’hui encore, une poignée d’insoumis occupent un terrain adjacent au Keelbeek et plusieurs maisons abandonnées de Haren. Ces résistants dénoncent de la part des autorités des perquisitions, filatures, écoutes, intimidations et tentatives d’infiltrations. “Mais face à la détermination et à la solidarité, la répression s’avère impuissante”, concluent-ils 7.

Santiago Fischer

La Cour a même été jusqu’à reconnaître la pertinence de la désobéissance civile comme garantie du système démocratique 9

Armes nucléaires : un juge compréhensif Mais il y a toujours des éclairs dans la grisaille ! Ainsi, le lundi 23 novembre 2015, le Tribunal correctionnel de Mons a rendu public son verdict en annonçant une suspension du prononcé pour les 7 “bomspotters” qui s’étaient introduits dans le Quartier général européen de l’OTAN, le “SHAPE”, en 2012. Une très bonne nouvelle puisqu’ils évitent ainsi les 5 ans de prison et la lourde amende qu’ils risquaient selon le code pénal. “Ce jugement reconnaît pleinement la bonne foi des accusés dans leur intention de recourir à la désobéis-

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sance civile en vue d’alimenter le débat sur la question des armes nucléaires américaines présentes sur le sol belge et d’avertir le grand public des risques qu’elles représentent”, déclare l’association “Agir Pour la Paix”. La Cour a même été jusqu’à reconnaître la pertinence de la désobéissance civile comme garantie du système démocratique. Ainsi, la juge, compréhensive, a reconnu la pertinence de commettre un délit mineur dans le but d’en dénoncer un plus grand…Tout mouvement social n’est donc pas voué à être criminalisé, et ce jugement constitue une énergie mobilisatrice pour le futur !

2. Communiqué de presse de Zin TV du 16 octobre 2015. 3. “Quels droits face à la police” , Éd. Couleur Livres, Bruxelles, 2014. 4. Publiée le 15 octobre 2015, et à voir sur https://www.facebook.com/jeremie.declerck 5. Voir www.stop-repression.be 6. www.rtbf.be/info/monde/europe/detail_brugesla-commissaire-malmstrom-chahutee-par-desmanifestants-anti-ttip?id=9112556 7. Voir leur site internet : http://haren.luttespaysannes.be/ 8. Militants anti-nucléaires

Deuxième réflexion


© Collectif Krasnyi

Dossier Portrait Point de vue

Collectif Krasnyi, la photographie au service des luttes sociales Le Collectif Krasnyi est un groupe de photographes, vidéastes et rédacteurs dont le travail met en avant les luttes sociales en Belgique et en Europe. En assumant une posture engagée, ce collectif se positionne du côté des mouvements sociaux. Leur objectif : mettre en avant le côté humain de l’activisme et des revendications, en s’opposant à la criminalisation des mouvements sociaux de la part des médias.

pas de place à la une du journal télévisé de 19h, qui se trouvent reléguées à la dernière page des journaux. Les membres de Krasnyi se positionnent en supportant les revendications des sujets de leurs photographies, les manifestants. Ce choix les amène à être des témoins privilégiés de l’évolution des mouvements sociaux, comme de la criminalisation que ces derniers subissent.

Un regard sur la criminalisation des mouvements sociaux Une partialité assumée comme engagement 10

“Action photographique”. Cette expression exprime bien ce que le Collectif Krasnyi 1, un collectif d’une dizaine de photographes, vidéastes et rédacteurs “engagés”, met en avant comme objectif : faire contrepoids aux médias dits mainstream, en assumant une posture partiale, du côté des luttes sociales. Mouvement des sans-papiers, grèves et luttes syndicales, actions non violentes de désobéissance civile 2, mobilisation de la Z.A.D. 3 à Notre-Dame-des-Landes en France, manifestations de la société civile lors de la COP21 à Paris… Nombreux sont les mouvements et les revendications couverts depuis 2011, année de fondation du collectif. À travers ses reportages photographiques, Krasnyi veut donc illustrer les luttes, donner une tribune aux protestations et interpellations de ceux qui ne trouvent

Un premier type de “criminalisation” constaté par les membres et activistes de Krasnyi est celui qui se fait au niveau médiatique. Prenons l’exemple de la mobilisation des sans-papiers : au début, le collectif observait un vide au niveau du relais de ce mouvement de la part des médias. Ce vide, d’après Laure, membre du collectif qui nous a accordé un entretien, a dernièrement laissé la place à un discours qui stigmatise les membres de ce mouvement. La stigmatisation se transforme en véritable criminalisation lorsque la presse s’intéresse aux luttes sociales exclusivement dans le cas de “dérapage”. Laure nous raconte l’exemple d’un délégué syndical rencontré par le collectif qui leur avait rapporté les propos d’une journaliste : “si vous cassez, on va s’intéresser à vous” ! C’est pour cela que le travail du Collectif Krasnyi passe souvent d’abord par le besoin de gagner la confiance des militants qu’il souhaite soutenir.


La rencontre derrière l’objectif de l’appareil photo Si les luttes sociales sont le sujet principal du Collectif Krasnyi, ses membres diversifient de plus en plus les types de reportages, en allant par exemple vers des portraits, montrant le visage des militants ainsi que leur résistance au quotidien. Grâce à leur travail, les membres du collectif sont amenés à rencontrer des femmes et des hommes qui se trouvent derrière l’objectif de leur appareil photo. En effet, si soutenir les revendications politiques et sociales est fondamental pour les membres du collectif, montrer le côté humain de leurs sujets l’est encore plus. Porzia Stella

À DÉCOUVRIR Vous pouvez découvrir le travail du Collectif Krasnyi via leur site web http://www.krasnyicollective.com ou leur page Facebook “Krasnyi Collective”. Vous pouvez soutenir leur projet “Tensions” via la plateforme Kiss Kiss Bank Bank ou en achetant leur revue “Tensions” dans une librairie ou en ligne.

1. Krasnyi signifie “Rouge” en russe. 2. Notamment celle du collectif éphémère “Qui vole qui ?” qui s’inscrivait dans le cadre d’un appel international qui invite “des citoyen.ne.s à réquisitionner 196 chaises avant la COP 21”. Voir http://cadtm.org/ Les-chaises-des-banques-place 3. Acronyme de “Zone à défendre”. Pour plus d’informations sur ce type de mobilisation en défense d’un territoire, vous pouvez consulter le site de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes http://zad.nadir.org/. Un exemple de ce type de mobilisation près de chez nous est celui de la Z.A.D. de Haren, qui s’oppose à la construction d’une maxi-prison http://haren.luttespaysannes.be/ 4. Actifs aussi dans la couverture de mouvements sociaux à travers l’outil de la vidéo 5. http://zintv.org/Arrestation-d-une-equipe-de-ZIN-TV

LES COMMISSIONS JUSTICE ET PAIX VEULENT UNE TAXATION “PLUS JUSTE” DES MULTINATIONALES

Brèves

Les journalistes et reporters indépendants qui, comme Krasnyi, mettent leurs outils et leur savoirfaire au service des mouvements sociaux, sont aussi et de plus en plus victimes de répression. Un cas emblématique, qui illustre bien ce constat, est celui de l’arrestation de l’équipe de ZIN TV 4 lors d’une manifestation en opposition au traité transatlantique (TTIP), le 15 octobre 2015 5. ZIN TV a dû subir, à cette occasion, la destruction des images prises par l’équipe durant la manifestation.

Les 31 commissions Justice et Paix des conférences épiscopales européennes ont choisi la bataille contre les inégalités sociales pour thème annuel de réflexion et d’action en 2016.

L

a conférence des commissions Justice et Paix des conférences épiscopales européennes a officiellement lancé, mercredi 10 février, son “action concertée” pour l’année à venir. Elle sera consacrée à l’accroissement des inégalités économiques en Europe et dans le monde. Pour remédier à une telle situation, la conférence appelle à une taxation “plus juste” des multinationales, du secteur financier et des personnes “excessivement riches”. Elle enjoint aussi les pays d’Europe à poursuivre leur lutte contre l’évasion fiscale. “1 % de la population possède actuellement 50 % de la richesse mondiale et les 80 personnes les plus riches détiennent autant que les 3,6 milliards de personnes les plus pauvres”, dénoncent les Commissions. Axelle Fischer, secrétaire générale de la Commission Justice et Paix Belgique francophone, participait au lancement et a annoncé, à ce titre, la publication d’une étude en Belgique sur le rôle de l’impôt dans nos sociétés démocratiques qui permettra de répondre à la question suivante : “Quel système fiscal engendre-t-il une contribution juste et efficace de tous les habitants et de tous les revenus, et permet-il de garantir le meilleur bien-être de la société dans son ensemble, et de chacun de ses membres individuellement ?” Vous pouvez lire le texte complet de l’action concertée sur www.justicepaix.be

Brèves

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u cœur de l’actualité politique en Afrique subsaharienne, la dernière étude de la Commission Justice et Paix questionne les enjeux démocratiques des pays d’Afrique ainsi que le rôle que doivent jouer la Belgique et l’Europe face à cette situation complexe. Bien au-delà, une réflexion est lancée : le modèle occi-

ABONNEMENT DE SOUTIEN À “POUR PARLER DE PAIX” DE JUSTICE ET PAIX À PARTIR DE 15 € À VERSER AU COMPTE BE30 0682 3529 1311

Arnaud Gorgemans, président Axelle Fischer, secrétaire générale Chantal Bion, Eva Calatayud, Alexandra Culin, Géraldine Duquenne, Santiago Fischer, Laure Malchair, Porzia Stella, permanents

dental est-il réellement exportable dans ces États, au regard de leur expérience délicate de l’alternance démocratique ? Auteur : Léon Saur. Prix : 5 euros, à commander auprès de info@justicepaix.be (+32 2 738 08 01)

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DÉMOCRATIE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE : DÉPASSER LES CERTITUDES OCCIDENTALES

Volontaires ayant collaboré à ce numéro : Yvonne Clément, André Frisaye, Véronica Lari, Sylvain Lauwers, Laetitia Tran Ngoc, Angela Ocampo. Design : www.acg-bxl.be

Soutien financier : à partir de 40 €, déductible fiscalement À verser au compte BE30 0682 3529 1311 avec la mention “DON”. Pour tout renseignement à propos d’un don ou d’un legs, merci de bien vouloir prendre contact : Tél. +32 (0) 2 738 08 01 eva.calatayud@justicepaix.be

N’hésitez pas à nous contacter ! Commission Justice et Paix francophone de Belgique, asbl Rue Maurice Liétart 31/6 B - 1150 Bruxelles - Belgique Tél. +32 (0) 2 738 08 01 - Fax +32 (0) 2 738 08 00 E-mail : info@justicepaix.be Facebook : facebook.com/justicepaix Twitter : @Justice_et_Paix

www.justicepaix.be

Dessin : www.sylvainlauwers.be

Publié avec le soutien de la Direction Générale de la Coopération au Développement et Aide Humanitaire et de la Fédération Wallonie-Bruxelles


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