Paroles de Femmes ! De la réaction au dialogue

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BELGIE(N)-BELGIQUE

P 008189

Editeur responsable : Timur Uluç • Commission Justice et Paix francophone de Belgique, asbl Chaussée Saint-Pierre, 208 • B-1040 Etterbeek - Belgique

Revue d’analyse des conflits internationaux et des enjeux de paix

Paroles de Femmes !

De la réaction au dialogue

N° 102 1e TRIMESTRE 2018 - AVRIL


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ÉDITO SOMMAIRE ÉDITO

Chère lectrice, cher lecteur,

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L’ACTUALITÉ : REGARDS ET POSITIONS Le 8 mars, journée internationale des femmes ou de leurs droits ?

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DOSSIER PAROLES DE FEMMES ! DE LA RÉACTION AU DIALOGUE Introduction

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Première réflexion Au délà du #MeToo, une rupture radicale ?

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Seconde réflexion Le féminisme pluriel à travers les continents. Vue sur les mouvements d’Europe et d’Afrique

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Troisième réflexion “ Ne fais pas ta gonzesse”  Quand le poids des images touche aussi les hommes

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L’année 2018 a démarré avec le rappel cinglant des inégalités sociales qui caractérisent notre planète. Malgré le recul de la pauvreté extrême, 82% des richesses créées dans le monde ont bénéficié aux 1% les plus riches de la population mondiale, alors que la situation n’a pas évolué pour les 50% les plus pauvres, informe Oxfam dans son dernier rapport. Et les femmes sont les grandes perdantes. Moins présentes sur le marché de l’emploi, elles continuent à percevoir un salaire inférieur. Cette situation ne cesse d’empirer. En cause : un système économique injuste qui ne permet pas une redistribution équitable de la richesse. Un système qui met en concurrence les entreprises bien souvent au détriment des droits des travailleurs et de l’environnement. Justice et Paix se joint à cette dénonciation et plaide en faveur d’un changement de paradigme économique. Nous appelons nos décideurs politiques, dans cette année d’élections, à se saisir de ce problème, au niveau local sur base d’une analyse globale. Ouvrir ces questions au débat citoyen, s’engager et agir en vue d’un monde juste et durable. Géraldine Duquenne

PORTRAIT / POINT DE VUE Ebéniste, mécano, bouchère : elles ont foncé !

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BRÈVES

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L’ACTUALITÉ : REGARDS ET POSITIONS

DOSSIER

Le 8 mars,

journée internationale des femmes ou de leurs droits ?

Paroles de Femmes !

De #MeeToo ou #BalanceTonPorc en passant par l’affaire Weinstein ou encore Time’s up, de nombreux événements ont rythmé l’actualité récente. C’est que la cause féminine n’est plus la chasse gardée des mouvements féministes mais a trouvé écho au sein des médias faisant du féminisme le nouveau sujet de conversation à la mode. Cet engouement s’est amplifié à la date du 8 mars, déclarée officiellement par l’ONU comme “Journée internationale des femmes” (JIDF). Récupérée par les gourous du marketing, cette journée se voit souvent réduite à de simples promotions commerciales où il est bon d’offrir aux femmes des fleurs, des pralines ou du parfum. Pour lutter contre une telle appropriation de la date du 8 mars, des associations comme l’association bruxelloise STEP ASBL a lancé une pétition citoyenne adressée à l’ONU pour demander officiellement le changement de dénomination de cette journée en “journée internationale des droits des femmes” (JIDF) 1. Mais finalement, la JIDF promeut-elle les femmes ou leurs droits ?

Ambiguïté et timidité du discours onusien Le discours onusien est loin de donner une réponse claire à cette question. C’est que la dénomination du 8 mars parle de “journée internationale des femmes” 2 alors que la résolution 32/142 de l’ONU, considérée comme acte instaurant la JIDF, invite les pays à proclamer “un jour de l’année Journée des nations unies pour les droits de la femme et la paix internationale”. Ainsi la journée ne serait donc pas dédiée aux femmes mais à leurs droits. Certitude remise en cause quand on se réfère au contexte d’adoption de la résolution qui fut le fruit d’une déclaration portée par les pays communistes et une des seules résolutions relatives aux femmes à ne pas avoir été votée unanimement par l’assemblée générale du 16 décembre 1977. C’est que curieusement, l’un des reproches, soutenu par certains pays occidentaux, est que cette résolution n’a pas grand-chose à voir avec l’amélioration de la condition de la femme. Des 21 occurrences que contient le texte, seule une concerne les “droits des femmes”. Occurrence formatée, avant tout, par le discours communiste de l’époque, ces droits n’ont pas d’intérêt en soi, sauf à

permettre de faire avancer des causes plus générales comme celles de la paix, de l’anticolonialisme… Aujourd’hui datée et connotée, cette résolution n’est quasiment jamais intégralement citée ; elle demeure détachée idéologiquement de la célébration du 8 mars. Ayant vocation à s’adresser à un public universel en ménageant toute sensibilité, les déclarations relatives à la JIDF ne “déclarent” ni « n’instituent” mais seulement “invitent” à célébrer cette journée. Cette modestie d’injonction du discours réduit massivement l’impact d’une telle journée. Et pourtant, l’ONU est capable de prendre des actes plus incisifs, voire comminatoires 3.

Revendication d’un droit spécifique aux femmes Parce qu’il reflète la place de la femme dans nos sociétés, le discours entretenu autour de cette journée, y compris sa dénomination, pourraient jouer un rôle en vue de promouvoir un changement bénéfique. Changement qui pourrait être soutenu par le droit en tant qu’instrument de promotion et d’encouragement de pratiques sociales.

Malgré l’octroi d’un statut juridique égal à l’homme, comme en témoignent les lois anti-discriminations, les femmes doivent encore faire face à des inégalités. Ainsi à côté d’un droit égal et protecteur certaines voix s’élèvent pour établir un droit spécifique aux femmes 4. Un droit spécifique soutenu par une “journée internationale des droits des femmes” permettant alors d’attirer l’attention sur les inégalités dont sont victimes les femmes pour mieux les éradiquer et finalement par la célébration d’une telle journée, comme le prône l’ONU, de sensibiliser et mobiliser le public aux droits des femmes 5. Laetitia Belsack 1. STEP asbl, Sensibilisation à la Tolérance via l’Education Permanente, http://step-asbl.be/ 2. ONU, Journée internationale des femmes, 8 mars, http://www.un.org/fr/events/womensday/, consulté le 26 février 2018 3. Simone Bonnafous, “Les déclarations de Journée internationale des femmes, entre récit, occultation et performativité”, http://journals.openedition. org/communication/3373#text 4. Simona ANDRINI, “Du droit égalitaire aux discriminations positives dans la législation italienne : un parcours conceptuel”, in Les femmes et le droitconstructions idéologiques et pratiques sociales, ss la direction de A.DEVILLE & O.PAYE, P.44-45 4. ONU, Journée internationale des femmes, 8 mars, http://www.un.org/fr/events/womensday/, consulté le 26 février 2018

De la réaction au dialogue

La libération de la parole des femmes aura marqué l’année 2017. Différents événements ont rythmé l’actualité et révélé tantôt des avancées (loi pour l’égalité salariale en Islande, dépénalisation partielle de l’avortement au Chili, etc.), tantôt des scandales prouvant que du chemin reste à faire pour le respect des droits de la femme. Les déclarations d’abus sexuels parues aux quatre coins du monde des suites de l’affaire Weinstein (#MeToo, #BalanceTonPorc) ont animé les débats sur la condition de la femme aujourd’hui, ses acquis et ses limites. Justice et Paix a voulu revenir sur cette année mouvementée en prenant un peu de recul, au-delà de la frénésie médiatique, pour analyser les enjeux de fond sur ces questions, ici et ailleurs.


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PREMIÈRE REFLEXION

Au délà du #MeToo, une rupture radicale ?

Pourquoi les violences sexuelles envers les femmes – les personnes homosexuelles, transgenres ou autres – sont-elles aussi répandues ? Quelle sont les causes profondes de cette violence ? Comment nous – femmes et hommes – perpétuons ces comportements et, plus largement, le système et la culture qui sous-tendent ces violences ? Et, finalement, qu’est-ce que nous pouvons faire pour changer profondément la donne ?

© Credit Flickr Duncan C

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un proche ou un inconnu au cours de leur vie. Selon les pays, ce chiffre peut monter jusqu’à 70%. Dans les pays de l’Union européenne, par exemple, 40 à 50% des femmes subissent des avances sexuelles non désirées, un contact physique ou une autre forme d’harcèlement sexuel sur le lieu de travail 1.

le capitalisme néolibéral, sans une vraie remise en question des hiérarchies sociales “qui sont dessinées pour privilégier une minorité sur la majorité, les hommes sur les femmes, les riches sur les pauvres”. Les femmes ne peuvent pas se contenter de “monter dans les hiérarchies sociales”, elles doivent exiger leur dépassement 3.

Malgré le fait que depuis des années, les femmes se battent contre ces violences, les discriminations et inégalités liées au genre dans différents espaces et milieux d’action, ces violences persistent, soutenues par une culture du sexisme et un système patriarcal. Ce qui est particulier dans le cas du #MeToo, c’est que, galvanisée par les célébrités hollywoodiennes, à l’aide de l’utilisation massive des réseaux sociaux, la campagne apparaît comme une sorte de mégaphone, rendant visibles des milliers de cas et, dans une certaine mesure, permettant aux femmes de “briser le silence”. Mais, que se passerait-il si ces dénonciations n’émanaient pas des “super-stars”, mais bien de femmes “sans voix” et sans pouvoir ?

Au niveau culturel, pour dépasser le sexisme, il est essentiel d’interroger les formes de masculinité dominantes et les conditions - le pouvoir et les privilèges conférés aux hommes dans la société - qui permettent la reproduction de ces comportements et de ses différentes formes d’expression, des plus insidieuses aux plus violentes. Bien qu’il soit important d’identifier les responsables de violences sexistes, individualiser cette responsabilité et focaliser l’attention sur quelques cas – comme ce fut souvent le cas ces derniers mois – risque de banaliser l’ampleur du problème et la reconnaissance de sa nature systémique.

Au-delà du #MeToo, un changement systémique radical

Le flot de dénonciations d’harcèlement et d’abus ne reflète pas un phénomène nouveau ou inconnu des femmes au niveau mondial.

AU-DELÀ DU “BUZZ” de la campagne #MeToo et ses homologues en plusieurs langues (#BalanceTonPorc en francais ou en espagnol #AMíTambién), ayant fait le tour du monde depuis fin octobre 2017 [voir encadré], voilà quelques questions qu’un tel phénomène nous inspire, dans la quête d’un dialogue ouvert, inclusif et continu, qui puisse jeter les bases d’un changement radical.

D’abus sexuels et autres violences faites aux femmes Le flot de dénonciations d’harcèlement et d’abus sexuels contre des politiciens, comédiens, artistes, journalistes, et d’autres hommes en position de pouvoir ces derniers mois, ne reflète pas un phénomène nouveau ou inconnu des femmes au niveau mondial. Tout au contraire. Selon ONU Femmes, globalement, près de 35% des femmes ont subi des violences physiques et/ ou sexuelles par un partenaire intime,

En effet, une des limites de la campagne #MeToo, c’est qu’elle met en exergue, par le biais des médias, les voix dominantes – celles de femmes célèbres, inscrites dans une position sociale privilégiée, souvent au détriment d’autres voix. Pour l’académique féministe Nancy Fraser, il n’est pas suffisant de revendiquer l’égalité de genre des femmes professionnelles et de leur avancement dans des positions de pouvoir, au travail par exemple 2. Il faut également s’intéresser au changement et à l’égalité pour la majorité des femmes – les femmes paysannes, indigènes, noires, à travers le monde. Selon elle, cela n’arrivera pas sans une transformation profonde des institutions et des structures qui soutiennent

De la réaction au dialogue Ainsi, il s’agirait d’aller au-delà des réactions sur les réseaux sociaux et de profiter ainsi du “buzz” pour entamer un dialogue inclusif – hommes et femmes – et constant dans différents espaces qui puisse nous aider à déconstruire et dépasser les relations de domination, en amplifiant les voix et les perspectives, en interconnectant les luttes et en mettant en question nos propres préjugés et valeurs sexistes, souvent intériorisés, pour construire des institutions et structures plus justes et égales – tant au sein de la sphère privée qu’au niveau collectif.

Les femmes ne peuvent pas se contenter de “monter dans les hiérarchies sociales”, elles doivent exiger leur dépassement.

LE #METOO A l’ère des réseaux sociaux, la campagne #MeToo rassemblait 1.7 million de tweets dans plus de 80 pays fin octobre 2017, seulement une semaine après que l’actrice hollywoodienne Alyssa Milano ait lancé la première dénonciation d’harcèlement et abus sexuel de la part de Harvey Weinstein, le fameux producteur de films. Cependant, à l’origine, le hashtag avait été conçu par l’activiste afro-américaine Tarana Burke, en 2006, alors qu’elle rencontrait des femmes afro-américaines victimes d’abus et violences sexuelles, en réfléchissant sur sa propre expérience.

Angela Ocampo

1. UN Women “Facts and Figures: Ending Violence Against Women”. http://www.unwomen.org/en/what-we-do/ ending-violence-against-women/facts-and-figures 2. Citée dans Myriam Omidi. “The Many Faces of the #MeToo Backlash”. Public Seminar. January 2018. http:// www.publicseminar.org/2018/01/the-many-faces-of-the-metoo-backlash/ 3. P our plus de perspectives critiques sur la campagne et les questions qu’elle pose, voir: “Where Freedom Starts : Sex, Power, Violence #MeToo” un rapport de Verso Books : https://www.versobooks.com/blogs/3635-wherefreedom-starts-sex-power-violence-metoo


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DEUXIÈME REFLEXION

Le féminisme pluriel à travers les continents. Vue sur les mouvements d’Europe et d’Afrique L’existence de divers courants féministes en Occident et les différences culturelles au sein de mouvements féministes, selon leur continent d’appartenance, ne permettent pas de saisir une définition unique du féminisme. S’il est vrai que le féminisme ne peut pas être considéré comme un mouvement social homogène 1, ne serait-il pas malgré tout possible d’établir des objectifs communs aux différents mouvements féministes ? Et quelles seraient les caractéristiques propres aux luttes pour l’autonomisation des femmes à différents endroits du globe ? À travers cette analyse, nous souhaitons montrer les luttes et les enjeux qui différencient les féministes d’Europe et d’Afrique, mais aussi leur socle de valeurs communes.

Des féminismes occidentaux Depuis les premières revendications féministes pendant le siècle des Lumières quant à l’égalité des hommes et des femmes devant la loi 2, les mouvements féministes en Occident se sont déclinés en une vaste gamme de courants. “L’égalité par la neutralité” des universalistes, demandant une modification des lois en faveur de la parité dans la vie publique, s’oppose à une “égalité qui admet la différence”, tenant compte des caractéristiques propres aux femmes 3. Selon certains théoriciens du courant universaliste, les rôles sociaux qui relèguent la femme à la sphère domestique, sous la domination de l’homme, sont culturellement et artificiellement construits. D’après les plus radicaux d’entre eux, la catégorisation même de l’humain en mâle et femelle est contestée, dans une vision de continuum des sexes. Un deuxième clivage oppose le féminisme libéral au féminisme social. Le premier affirme le droit des femmes à disposer de leur corps, le deuxième dénonce l’exploitation et la marchandisation du corps des femmes, donnant ainsi vie à un clivage sur des questions telles que la prostitution ou la pornographie 4. Et ainsi de suite… Dans le monde occidental, de nombreux féminismes coexistent, chacun avec ses propres idées et revendications, parfois contrastées.

Existe-il un féminisme africain ? Avant de tenter de définir ce que serait ou pourrait être le féminisme africain, il semble important de se poser la question de sa pertinence 5. En effet, de nombreux points de vue divergent sur le sujet. Plusieurs sources s’accordent pour dire que le féminisme n’est pas africain 6 : “sur le continent africain, le vocable “féminisme” revêt pour certains un caractère péjoratif. […] D’une part, le féminisme serait contraire aux valeurs traditionnelles africaines et […] d’autre part, il ne serait qu’un énième instrument du néocolonialisme occidental” . Il est important de souligner que les mouvements de femmes institués en Afrique ont une histoire liée à la colonisation et aux indépendances qui ont suivi. Ces mouvements ont obtenu une reconnaissance officielle de la part des régimes postcoloniaux. Ces nouveaux régimes ont tous mis en place un mouvement des femmes du parti unique ou dominant. On parle de mouvements politiques de la colo-

nisation 7. Toutefois, parallèlement à ceux-ci, des associations de femmes, non reconnues, mais tout aussi importantes, étaient présentes sur le continent avant l’époque coloniale. Il s’agit d’organisations populaires multiformes 9. En 1960-1970, ces organisations de femmes en milieu rural étaient des associations qui visaient davantage à promouvoir “les niveaux de vie des femmes” qu’à lutter contre les inégalités de genre. Ces organisations féminines, à distinguer des organisations féministes, avaient un discours plus modéré qui leur permettait d’être écoutées par les autorités étatiques. Depuis les années 90, les mouvements des femmes africaines ont renforcé leur institutionnalisation. Intellectuelles, professionnelles et militantes, elles développent des analyses politiques des rapports de genre, du système patriarcal, des besoins des femmes en termes de droits humains et de l’impact des politiques et économies néolibérales sur leurs conditions de vie 10. Il est difficile de trouver une définition unique du féminisme africain (ou du féminisme en Afrique) en raison d’un manque de données sur les conditions de la femme africaine en lien avec les contextes culturels 11. Néanmoins, on peut tout de même relever des carac-

Sur le continent africain, le vocable “féminisme” revêt pour certains un caractère péjoratif.

© Credit Flickr Paul Simpson

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téristiques communes aux différents mouvements. La vision des deux sexes est complémentaire et non opposée et ils sont “en recherche d’équilibre et d’harmonie” 12. Au sein de ce qui pourrait être décrit comme le féminisme africain, il y a de nombreux courants qui reflètent de la diversité des réalités des femmes du continent. C’est pour cette raison que l’on pourrait parler de féminismes africains - au pluriel - en raison de la “diversité des contextes socio-culturels et de la pluralité des cultures africaines” 13.

Au 21ème siècle, on retrouve à la fois des mouvements de femmes s’engageant pour la paix 14, des instituts d’autonomisation dédiés aux femmes (et aux filles) 15, mais également des instituts/centres de recherche autour de la femme 16 et des organisations qui œuvrent pour le respect, l’inclusion de la femme dans les politiques 17.

À l’instar du Forum Féministe Africain (AFF) qui regroupe les forums nationaux de l’Afrique de l’Est, de l’Ouest, du Centre et du Sud 18, les femmes du continent s’organisent aussi bien au niveau national que régional ou international.

1. Degavre, “Diversité des féminismes”, Pensées féministes, 2008 2. “Quels nouveaux enjeux pour le féminisme européen ?”, Fondation Jean Jaurès et FEPS 2014 3. Cadolle S., “Les féminismes, ou le débat du sexe et du genre”, Journal Français de Psychiatrie, 2011 4. Ibid. 5. “Le féminisme a t-il sa raison d’être en Afrique subsaharienne ?”, Afrofeminista, 2014 6. “Feminism: Africa and African Diaspora”, New Dictionary of the History of Ideas, Encyclopedia.com, 2005 7. “ Le féminisme a t-il sa raison d’être en Afrique subsaharienne ?”, Afrofeminista, 2014 8. “Mouvements féministes en Afrique”, Revue Tiers Monde, 2012 9. Ibid. 10. Ibid. 11. “Mouvement féminin en Afrique : De Mexico à Pékin”, Ceafri, 2008 12. “Les pièges du féminisme africain ou de l’afro-féminisme”, 2016 13. “Le féminisme a t-il sa raison d’être en Afrique subsaharienne ?”, Afrofeminista, 2014 14. Des exemples sont : Women of Liberia Mass Action for Peace de la militante libérienne Leymah Gbowee (2003), le Réseau Paix et Sécurité pour les Femmes de l’Espace CEDEAO (REPSFECO), le Groupe de Travail Femmes, Paix et Sécurité en Afrique de l’Ouest. 15. Tels AKILI DADA au Kenya, le Fonds Africain pour le Développement de la Femme (AWDF) ou Women in Africa. 16. T els CODESRIA (Council for the Development of Social Science Research in Africa) au Sénégal et le Gender Research and Documentation Centre au Sierra Leone. 17. Tel ABANTU for Development au Nigeria et le Centre de la CEDEAO pour le Développement du Genre (CCDG). 18. “Forums nationaux”, African Feminist Forum


DEUXIÈME REFLEXION

TROISIÈME REFLEXION

LES MOBILISATIONS D’AUJOURD’HUI Au niveau international, ONU Femmes a lancé la campagne “Traduire les promesses en actions : l’égalité des sexes dans le programme de développement durable à l’horizon 2030” 19. Cela fait écho à l’action du FEMNET (The African Women’s Development and Communication Network 20) qui poursuit les agendas régionaux et internationaux notamment pour que les voix des femmes et des filles vivant en zones rurales soient reconnues et entendues 21. Ailleurs, le NFF (Nigerian Feminist Forum) essaye de créer un espace de parole autour des prédateurs sexuels 22.

Les luttes des femmes en Europe et en Afrique

Et pourtant une lutte commune

Au-delà de leurs spécificités, les féministes d’Europe et d’Afrique font parfois face à des enjeux et des défis communs.

Les divergences entre les féministes d’Afrique et d’Europe ne semblent pourtant pas décourager les nouvelles générations d’activistes en Occident qui, regroupées en réseaux ou associations, soutiennent un féminisme “intersectionnel” 27, fondé sur un socle de valeurs communes et sur l’écoute des problématiques vécues par les féministes africaines, dans une conception de luttes interconnectées 28. Plutôt que de s’arrêter sur leurs divergences, les féministes en Europe se centrent sur les occasions de rencontres entre les femmes du Nord et celles du Sud, afin

La participation de la femme dans la sphère politique représente un enjeu commun tant aux femmes d’Europe que d’Afrique. Cela fait partie des objectifs prioritaires de la Banque africaine de développement qui a lancé un plan d’action en 2015 23. De même, les féministes européennes recherchent une démocratie paritaire qui, au-delà de la mise en place de quotas pour favoriser la présence des femmes dans les institutions, permette l’émergence d’une “classe dirigeante politique féminine qui soit capable de garantir seule la continuité du progrès” 24. Cependant, le contexte socio-économique dans lequel vivent les femmes africaines soulève des défis de type économique qui sont propres aux mouvements féministes d’Afrique : l’accès à la propriété foncière, au crédit et à la connexion aux infrastructures (telles l’eau, l’électricité, l’accès aux technologies de l’information et de la communication) 25. Tandis que les femmes européennes débattent de l’abolition de la prostitution, de l’éthique de la gestation pour autrui (GPA) ou de la procréation médicalement assistée (PMA), le seul développement humain des femmes est un défi en Afrique 26.

d’explorer les expériences passées et les défis actuels 29. Des sujets partagés émergent alors : “les violences faites aux femmes, les mesures permettant d’améliorer la représentation des femmes en politique, l’évolution des rapports de genre dans des sociétés en mutation, l’image des femmes dans les médias” 30. Afin que la lutte féministe puisse se renforcer au fil du temps, il est donc vital de comprendre les spécificités de chaque mouvement, mais aussi de promouvoir un dialogue entre les féministes d’Afrique et d’Europe pour qu’elles avancent ensemble vers un plaidoyer de genre qui dépasse les continents. Esi Darko & Veronica Lari

Plutôt que de s’arrêter sur leurs divergences, les féministes en Europe se centrent sur les occasions de rencontres entre les femmes du Nord et celles du Sud.

19. “Communiqué de presse : Un nouveau rapport d’ONU Femmes révèle d’importantes lacunes en matière d’autonomisation des femmes et propose un programme soutenu pour passer à la vitesse supérieure”, ONU Femmes, 2018 20. The African Women’s Development and Communication Network (FEMNET): http://femnet.org/ 21. “La co-création des récits féministes au-delà des espaces rétrécis en 2017”, FEMNET, 2017 22. Nigerian Feminist Forum (NFF): http://nigerianfeministforum.org 23. “Autonomiser les femmes africaines - Indice de l’égalité du genre en Afrique 2015 24. “Quels nouveaux enjeux pour le féminisme européen ?”, Fondation Jean Jaurès et FEPS 2014 25. “Autonomiser les femmes africaines : Plan d’action”, Groupe de la banque africaine de développement, 2015 26. “Quels nouveaux enjeux pour le féminisme européen ?”, Fondation Jean Jaurès et FEPS 2014 27. Selon le concept d’intersectionnalité, formulé pour la première fois en 1989 par la féministe afro-américaine Kimberlé Crenshaw, les différentes formes d’oppression doivent être considérées conjointement, en établissant un lien entre discriminations sur base raciale et de genre. “Black feminism and intersectionality”, International Socialist Review, 2013 28. “L’émancipation des femmes, nouvelle génération”, Le Monde, 2017 29. Blogie E., “Comment la nouvelle génération bouscule les codes du féminisme”, Le Soir, 2017 30. “L’interculturalité, fondement d’un féminisme pluriel”, Politique, 2010

“ Ne fais pas ta gonzesse” Quand le poids des images touche aussi les hommes

© Credit Flickr Nicolas Vollmer

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LORSQU’ON PARLE DES INÉGALITÉS LIÉES AU GENRE, on pense bien évidemment et directement à celles subies par la gent féminine à travers le monde et en Belgique. Celle-ci paie encore un lourd tribut pour une image qui s’est construite à travers les siècles, hiérarchisant l’homme et la femme pour des raisons que la science et l’histoire ne parviennent toujours pas à clarifier de façon unanime 1. Pourtant, si l’on observe le phénomène de plus près, on se rend compte que les hommes peuvent également être victimes dans cette histoire. D’une façon bien différente, indubitablement, ils se retrouveraient soumis aux mêmes systèmes de construction d’un certain idéal, d’une certaine image de ce qu’est “être un homme”. L’influence jouée par l’homme dans l’établissement de ces codes sociaux n’est plus à prouver et a déjà été abordée. Mais l’impact que ces mêmes codes ont sur l’homme mérite d’être aussi éclairé, afin de percevoir la violence symbolique à laquelle il se soumet lui-même. Un simple exercice peut permettre de décortiquer ces codes qui sont diffusés au quotidien dans de nombreux espaces publics et privés : les symboles de virilité sont nombreux et omniprésents, on peut les retrouver dans la publicité, bien entendu, mais également au cinéma, dans les jeux vidéo, dans la littérature… Partout,

1. Merci Alfred, “Des hommes, des vrais – Pourquoi la virilité traditionnelle n’a plus aucun sens”. En ligne : http://www.mercialfred.com/topos/ vrais-hommes-inegalites-sexes

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TROISIÈME REFLEXION

La virilité qui est enseignée devient la “sacralisation de la force, du pouvoir, de l’appétit de conquête et de l’instinct guerrier”.

l’image de “l’homme” est associée assez rapidement à un modèle comportemental ou physique, telle une ligne de conduite à suivre ou à atteindre : puissance, passion, détermination, force, conquête… sont autant de leitmotivs que devrait adopter tout homme qui se respecte. Une identité façonnée, que nous n’aurions donc plus à remettre en question, tant le canevas semble déjà implanté. Ces normes sont tellement bien établies qu’elles en paraissent coercitives : les standards sont fixés, le décor est posé. L’homme sera donc musclé, puissant et audacieux. Cet apparat n’est pas neuf et semble avoir été consolidé au cours de nombreux siècles par un dur labeur et une continuité intéressante. Les canons de beauté utilisés dans les tableaux et sculptures de la Grèce antique reflétaient déjà l’idéal d’une musculature imposante et la puissance qui l’accompagnait. Loin de refléter le commun des mortels, ces images se sont pourtant progressivement ancrées de façon durable dans l’inconscient collectif. Elles se retrouvent aujourd’hui encore réutilisées et entretenues dès notre plus jeune âge, par le biais des jeux pour enfants ou de certains dessins animés. Les individus ainsi éduqués peuvent perpétuer cette douce tradition et prendre pour étalon des personnages fictifs aux comportements et physiques stéréotypés. À la différence d’une définition purement biologique de l’homme, la virilité qui est enseignée devient la “sacralisation de la force, du pouvoir, de l’appétit de conquête et de l’instinct guerrier, tout en considérant la brutalité à l’égard des enfants comme la meilleure pédagogie” 2.

Il convient donc de s’interroger sur la pertinence d’une telle construction sociale et des conséquences que cela peut avoir sur nous-mêmes et sur la vision que nous entretenons de la société. En effet, l’idéal normatif, aussi superficiel puisse-t-il paraître, influence énormément notre rapport à notre propre identité et au rôle que nous prendrons dans la société. Certaines réactions seront réprimées dès la tendre enfance (“ne pleure pas”, “ne cours pas comme une fille”), certains métiers désavoués (danseur, puériculteur…) et certaines occupations… déléguées (tâches ménagères, familiales…). Si cette position quasi-théâtrale de l’homme peut paraître bien stéréotypée, il faudra convenir que celle-ci est toujours très présente et répandue en 2018. Elle se maintient au détriment des femmes, mais également au détriment de tous les hommes qui ne se retrouveraient pas dans cette description. En effet, si ce costume centenaire de la virilité se construit et s’entretient par de multiples canaux au cours notre éducation, il n’en demeure pas moins aliénant pour beaucoup. Ce phénomène peut pousser certains hommes en recherche de validation sociale à tronquer leurs propres traits de caractère afin de mieux se conformer à l’image que l’on attend d’eux ; comportement qui peut avoir des conséquences très concrètes dans notre quotidien. Il pourrait se traduire dans un premier temps par des bambins qui comparent leurs muscles ou se chamaillent dans une cour de récré, fiers d’être insolents et dominants. Cela peut sembler innocent, si cette conduite n’avait pas davantage de conséquences et ne menait pas dans un deuxième temps à des comportements à risques. Une éducation “masculine”, centrée sur la compétition et l’agressivité, peut en effet avoir des implications “délétères (…) avec des conséquences dramatiques : 69% des morts sur la route, 80% des morts par overdose, ou 83% des auteurs de crimes conjugaux sont des hommes, par exemple…” 3.

Mais ceux qui ne jouent pas la surenchère peuvent également se retrouver lésés par cette masculinité virile. Dès le plus jeune âge, l’expression du sentiment est dévalorisée chez les garçons, au profit d’une image de force et de solidité. Cette rétention émotionnelle peut aller très loin et engendrer une crainte à l’égard de la communication, de peur d’être stigmatisé, caractérisé comme faible. Elle constituerait un facteur non négligeable de dépression : en Wallonie, les hommes se suicident en moyenne trois fois plus que les femmes 4. En Grande-Bretagne, une association s’est même donné pour mission d’inciter les hommes à parler de leurs souffrances escamotées. “Le silence peut tuer, montrer sa douleur nécessite du courage et des tripes. Sois un homme, parles-en !”, affirmait-elle dans son spot publicitaire 5. Alors, comment réagir ? Comment passer outre ce “diktat du viril” qui paraît si obsolète, et pourtant encore si populaire ? Face au doute existentiel (“suis-je un homme, un vrai ?”), il semble aujourd’hui primordial de s’émanciper de ces archétypes construits il y a plusieurs centaines d’années. Si les hommes paraissent être les grands gagnants des conduites “inégalitaristes” qui se perpétuent entre les hommes et les femmes, il n’en est rien dans les faits. Cette hiérarchisation s’applique bel et bien aux hommes eux-mêmes, contraints de suivre des modèles imposés, avec toutes les conséquences que cela engendre.

ne garantissent plus notre survie et notre efficacité dans le monde contemporain 6. Alors dépassons ensemble ce conditionnement de façon rationnelle et luttons pour un vrai courage : le courage d’innover, revisiter ces conceptions désuètes pour faire place à la créativité. Aucune norme n’est définitive et figée dans le temps, chaque citoyen peut redonner place au doute dans sa vie quotidienne. Ces normes ont été internalisées depuis bien longtemps et la route sera longue pour revigorer notre vision sur le sujet. Cela passera par l’éducation, bien évidemment, avec une attention toute particulière aux mots utilisés et aux jeux proposés ; mais cela transitera aussi par la répartition des tâches et le regard porté sur autrui. Assumer qu’il existe des masculinités et non pas un modèle unique, c’est gagner en liberté et en apaisement, c’est permettre à chacun de choisir son parcours en fonction de sa réalité et ses envies, non en fonction d’une prétendue nature des choses. Ainsi, nous pourrons passer de la question “qu’est-ce que la société attend d’un homme ?” à l’interrogation plus légitime “qu’est-ce que je veux faire de la société ?”. Timur Uluç

Nous ne prônons pas l’anomie identitaire, nous ne serons jamais contre une compétition saine et sereine… Mais nous pouvons aujourd’hui assumer notre perméabilité émotionnelle. Nous pouvons engager notre vulnérabilité et oser questionner certains comportements virilistes. Les attributs physiques et les testostérones

2. Oliva Gazalé, “Le mythe de la virilité – un piège pour les deux sexes”, Robert Laffont, 2017. 3. Le Temps, “Cette virilité qui fait du mal aux hommes”. En ligne : https://www.letemps.ch/ societe/cette-virilite-mal-aux-hommes 4. Centre de Prévention du Suicide et de l’Accompagnement. En ligne : http://lesuicide.be/chiffres-statistiques.htm 5. Le Temps, Op. Cit. 6. C himamanda Ngozi Adichie, “Nous devrions tous être féministes”, TEDxEuston. En ligne : https://www.ted.com/talks/ chimamanda_ngozi_adichie_we_should_all_ be_feminists?language=fr#t-471820

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PORTRAIT

BRÈVES

Ebéniste, mécano, bouchère :

elles ont foncé !

En juillet 2017, MagMa est allé à la rencontre de jeunes femmes ayant fait le pari de vivre jusqu’au bout leur passion et leur envie, au-delà des contraintes d’une société au sein de laquelle les métiers sont encore genrés. Voici un extrait du récit de leur combat discret pour se trouver et s’épanouir dans ces métiers manuels prétendus masculins.

SE FAIRE SA PROPRE PLACE - Après une formation en décoration d’intérieur, Julie souhaite compléter sa formation pour pouvoir elle-même proposer des objets, des meubles. Elle reprend alors une formation en ébénisterie. Et elle se heurte assez vite à un souci technique : l’outillage est bien trop lourd et imposant pour elle. Cela peut sembler anecdotique et faire sourire mais Julie me dit que cela peut être un frein au travail, que cela appuie le cliché de la femme moins forte que l’homme. Alors elle a dû et su s’adapter à cet outillage.

SA FÉMINITÉ EN TOUTE CIRCONSTANCE - Sarah commence des études d’éducatrice spécialisée mais n’arrive pas à se projeter dans ce travail. De plus, elle préfère les métiers manuels. Elle envisage alors de se lancer dans la cuisine et l’horeca mais elle aimerait une vie de famille et pense que ce métier est difficilement conciliable avec son souhait.

De plus, sur le chantier, il n’est pas simple d’être une femme et d’évoluer au milieu de remarques sexistes. Les structures ne sont pas adaptées du tout, notamment l’absence de toilettes, absence qui semble ne pas déranger les hommes selon Julie. Au-delà du confort que cela apporterait, cela ne fait que souligner d’autant plus le caractère original de la présence d’une femme sur le chantier.

En tant qu’étudiante, elle travaille un temps au rayon traiteur-charcuterie-boucherie d’un grand magasin bruxellois : ce secteur attise sa curiosité. Elle en parle à son compagnon travaillant pour sa part chez un boucher indépendant. Il lui décrit le métier et sa réalité. Tête brûlée, elle s’inscrit rapidement à la formation boucher-charcutier à l’EFP (Centre de formation en alternance en Région bruxelloise). Elle aime le contact client et le travail de la viande devient très vite pour elle une passion, un plaisir. Elle se sent à sa place. Le métier de bouchère est un métier difficile, physique mais elle aime cette difficulté.

“Il faut avoir du répondant pour se faire une place dans ce métier-là” et c’est ce qu’elle fait en établissant du mieux qu’elle peut une relation d’égal à égal avec ses collègues.

“Mes amis n’ont pas accueilli la nouvelle avec beaucoup d’enthousiasme, ils ne me croyaient pas capable de tenir le coup”. Une incrédulité qui l’a touchée et qui l’a poussée à continuer d’autant plus.

Elle ne laisse passer que peu de commentaires ou comportements sexistes, même ceux qui pourraient paraître anodins. Par exemple, la présence de ces fameux posters faisant l’apologie des corps féminins qui ne font que tenir la femme dans un rôle-objet bien précis. Avec humour, elle a demandé à ce qu’ils soient enlevés ou bien à ce qu’elle ait le droit d’en mettre avec des hommes dénudés.

Menue et coquette, bien habillée, soignée, elle brise l’image stéréotype du boucher et cela lui plaît. Loin justement de flouter sa féminité, elle en joue et la met en avant.

Elle aime se dire qu’aux yeux de la société elle fait figure de curiosité et elle cultive sa spécificité. Elle abat un travail qu’elle veut irréprochable, tranchant la viande sans jamais se départir de ce qui fait d’elle, à ses yeux, une femme. UNE LUTTE AU-DELÀ DE LA SPHÈRE PERSONNELLE ! Ces témoignages posent énormément de questions sur notre société, notre rapport au travail, à sa valeur et son image, sur le féminisme et sur les combats qu’il devra encore mener. Ce n’est pas simplement permettre aux femmes d’avoir le choix de leur métier, c’est permettre à tout un chacun de s’épanouir dans ce qu’il désire faire, sur unique base des capacités et des compétences. Julie et Sarah ont ce même désir, et à leur échelle, elles bousculent les images préconçues. Elodie Kempenaer Volontaire chez MagMa

Retrouvez d’autres témoignages sur http://www.mag-ma.org/

ET SI ON ÉCRIVAIT… DE FAÇON UN PEU PLUS INCLUSIVE ? L’écriture fait elle aussi débat ! Avec une langue française qui privilégie la supériorité du masculin sur le féminin, la parité n’y aurait donc pas sa place ? L’écriture inclusive (ou “épicène”) vise à mettre fin à cette inégalité, en promouvant – par exemple – l’accord en fonction du genre, ainsi qu’un pluriel adapté au contexte de la phrase (là où “le masculin l’emportait sur le féminin”). Ainsi, pourrions-nous parler des droits humains, au lieu des

droits de l’homme ? Le choix des mots et de la syntaxe est important, les pistes proposées nombreuses. Certaines préfèrent utiliser le “point médian” afin de rester inclusif. Nous parlerions donc d’enseignant·e, de Président·e… Certaines institutions, telle que l’Université catholique de Louvain par exemple, recommandent désormais de favoriser cette utilisation ! Et vous, qu’en pensez-vous ?

PUBLICATION VIOLATIONS DES DROITS HUMAINS AU BURUNDI ET EN RD CONGO : QUEL RÔLE POUR LA COUR PÉNALE INTERNATIONALE ? Des crises politiques majeures traversent actuellement la région des Grands Lacs. Au Burundi, les citoyens témoignent d’un climat de terreur où la liberté d’expression est totalement muselée. En RD Congo, les actions violentes du gouvernement se multiplient.Face à un contexte de violation massive des droits humains,

la nouvelle étude de Justice et Paix s’interroge sur le rôle et la place de la justice internationale, sur la lutte contre l’impunité et sur le respect de l’État de droit. Prix : 8 euros, à commander auprès de info@justicepaix.be ou au +32 (0) 2 896 95 00


PUBLICATION

Une planète à bout de souffle. Réduire, imaginer, agir. Les limites auxquelles nous confronte notre planète nous invitent à amorcer de véritables ruptures culturelles. Aujourd’hui, différentes voix s’élèvent pour pointer le tarissement annoncé de certaines ressources accessibles. Qu’en est-il réellement ? Nos sociétés courent-elles vers la panne sèche ? Est-ce une fatalité ? Ce constat implique-t-il des transformations économiques et politiques profondes ? Davantage que de simples réformes ayant l’ambition de corriger un système que nous estimons malade, ces changements induisent une transformation de notre rapport au monde, à la nature ou même à notre conception du bonheur. Prix : 6,5 euros, à commander auprès de info@justicepaix.be ou au +32 (0) 2 896 95 00

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Timur Uluç, secrétaire général Hannane Ahedar, Miguel Arrimadas, Chantal Bion, Clara Debeve, Géraldine Duquenne, Agathe Smyth, Valéry Witsel, permanents

Commission Justice et Paix francophone de Belgique, asbl Chaussée Saint-Pierre, 208 B- 1040 Etterbeek - Belgique

Volontaires ayant collaboré à ce numéro : Laetitia Belsack, Esi Darko, Elodie Kempenaer, Veronica Lari, Sylvain Lauwers, Angela Ocampo.

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Publié avec le soutien de la Direction Générale de la Coopération au Développement et Aide Humanitaire et de la Fédération Wallonie-Bruxelles

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