Ressources naturelles: (dés)engagements à suivre?

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Editeur responsable : Axelle Fischer • Commission Justice et Paix francophone de Belgique, asbl Rue Maurice Liétart, 31, Bte 6 • B-1150 Bruxelles - Belgique

N° 97 4ème TRIMESTRE 2016

bpost PB-PP

BELGIE(N)-BELGIQUE

P 008189

Édito

Encore une vague

populiste ?

e 8 novembre 2016 restera gravé dans les mémoires ! Quelques mois après le Brexit, l’élection présidentielle de Donald Trump a déjoué (presque) toutes les prévisions. Si une majorité de la population mondiale refusait de croire à son élection, certains populistes se sont toutefois réjouis de cette arrivée au pouvoir.

Il reste donc à voir quelles seront les lignes directrices de sa politique étrangère…

De quoi ce vote est-il le rejet ? Pour certains observateurs, ce sont les élites politiques qui sont responsables de la paralysie du système actuel. Pour d’autres, ce sont les craintes suscitées par la globalisation et les nouvelles vagues de migration qui rationalisent ce choix électoral. “America first”, tel fut le slogan proclamé par Donald Trump tout au long de sa campagne…

Du côté européen, alors que les citoyens demeurent attentifs aux négociations des nouveaux accords de libre-échange (TTIP, CETA,…), la Commissaire européenne au commerce Cécilia Malmström s’attend quant à elle à une pause dans les négociations. Jusqu’au 20 janvier, jour de l’investiture du nouveau président américain, tout reste cependant possible… Veronica Lari

Revue d’analyse des conflits internationaux et des enjeux de paix

L’actualité : regards et positions Après le référendum, quels défis pour la paix en Colombie ?

Seconde réflexion : page 2

Dossier

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Première réflexion :

L’Union européenne se donne-t-elle les moyens de lutter contre les “minerais de conflits”

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Portrait / Point de vue

Ressources naturelles : (dés)engagements à suivre ? Introduction

Du caoutchouc aux minerais, l’exploitation dévastatrice des ressources à travers les siècles

page 4

Les partenaires du sud, au cœur du travail de Justice et Paix

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Brèves

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Introduction

L’actualité: regards et positions 2

Après le référendum, quels défis pour la paix en Colombie ? Le 30 novembre 2016 et après plus d’un demi-siècle de conflit armé, le Congrès colombien a finalement ratifié l’accord de paix avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC-EP). Suite à l’échec du référendum le 2 octobre dernier, l’issue était pourtant loin d’être favorable à une voie vers la réconciliation. Comment expliquer, dès lors, cette différence entre l’incertitude populaire et la volonté politique de pacification ?

les FARC ne devraient pas bénéficier. Cependant, si l’on se réfère à des expériences d’accords de paix passés – comme en Irlande ou en Afrique du Sud – les dispositifs de justice réparatrice aussi bien que les dispositifs de participation politique sous différentes formes sont essentiels pour garantir la transition de la guerre à la paix.

UN MANQUE DE “PÉDAGOGIE DE LA PAIX”

e chemin de transition de la guerre à la paix n’est jamais un chemin simple. Si le “non” l’a en effet emporté avec 50,2% des voix lors du référendum, il est important de préciser que de nombreux citoyens ayant voté contre l’accord ne l’ont pas fait dans une logique de continuation de la guerre. Au contraire, la majorité des Colombiens s’accordent dans leur désir de paix, comme le montrent les vives manifestations qui ont eu lieu au lendemain des résultats, regroupant une constellation de voix et de positions. Le vote négatif 1, ainsi que le sidérant taux d’abstention (62%), nous montrent qu’il existe bien des désaccords (ou incompréhensions) sur les voies pour construire une paix durable.

Et la suite ?

Il faut aussi reconnaître que des stratégies de communication mensongères impulsées par certains acteurs politiques – en particulier le parti Centro Democrático sous l’égide de l’ex-président Alvaro Uribe Velez – ont sans doute influencé le vote négatif. Celles-ci cherchaient à susciter l’indignation en jouant sur certains concepts comme le “genre” et le “castro-chavisme”, entre autres. En effet, les secteurs les plus conservateurs affirmaient qu’un accord avec les FARC équivaudrait à ouvrir les portes à un modèle économique similaire à celui du Venezuela ou de Cuba. D’autre part, les points autour de “l’approche différenciée de genre” qui conférerait une reconnaissance particulière aux femmes et à la population LGTB 2, en tant que victimes du conflit armé, a été perçue et systématiquement mobilisée comme une approche dangereuse pour la structure traditionnelle de la famille. Deux arguments tout à fait éloignés de la réalité de ces Accords qui ne remettent en question ni le modèle économique néolibéral, ni les questions de famille.

La situation était critique à l’approche des élections présidentielles de 2018, certains craignant en effet l’instrumentalisation du débat, menant à un blocage durable et la fin des négociations. Malgré la victoire du “non” aux urnes, le Président Santos a donc poursuivi les négociations, conforté par son récent prix Nobel de la paix. Pour sortir de l’impasse le gouvernement et les FARC ont ouvert les discussions à des propositions d’amendements ou clarifications à l’ensemble des acteurs, dont les opposants au traité. Ainsi, le gouvernement a pu retourner vers le parlement colombien avec un accord remanié intégrant 80% des demandes de l’opposition 3. Malgré le vote positif du Congrès, certains blocages demeurent de la part de l’opposition, l’ancien Président Uribe réclamant un nouveau référendum. L’implémentation des accords de paix est toutefois lancée et – certains osent y croire – mettra fin aux assassinats des défenseurs des droits humains, ainsi qu’à un conflit sanglant qui dure depuis 1964.

Une difficulté majeure de la campagne en faveur des Accords a été la communication sur leur contenu dès le début du processus. Ce manque de pédagogie a créé un vide dont la place a été prise par les médias de masse, attisant la polarisation et la désinformation et ne permettant pas un débat ouvert et sensé sur le fond et la forme des Accords.

Dossier

Ressources naturelles : (dés)engagements à suivre ?

Angela Ocampo

Les points de discorde : justice et participation politique Selon une partie de la classe politique et de la population, les Accords ouvraient la voie à l’impunité et donneraient trop d’avantages aux ex-combattants. La justice transitionnelle, qui prévoit des remises, commutations ou peines alternatives, en cas d’aveu de leurs crimes est jugée trop laxiste. En plus, selon les Accords, les ex-combattants pourraient, dans un avenir proche, s’engager en politique via la création d’un nouveau parti. Ce point est perçu par beaucoup comme une faveur dont

1. Devançant de quelques 50.000 voix seulement l’alternative de paix. 2. Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres 3. http://lasillavacia.com/hagame-el-cruce/ mas-renegociacion-que-conejo-58792

st-ce que les actes suivent les paroles ? C’est la question que beaucoup de citoyens se posent suite aux alternatives engagées par les institutions internationales face aux dangers que représente l’exploitation intensive et violente des ressources naturelles. Qu’il s’agisse par exemple des minerais alimentant les conflits armés en RD.Congo ou des indigènes délocalisés au Pérou, cette mauvaise gestion des ressources naturelles fait encore, à l’heure actuelle, de nombreuses victimes. En allant directement à la

rencontre de ces dernières, les ONG d’éducation à la citoyenneté et solidarité mondiale se portent garantes pour effectuer un travail de diffusion et transmettre un message commun tant auprès de la société civile qu’auprès des décideurs politiques. Justice et Paix profite de la fin d’un programme triennal financé par la Coopération belge pour évaluer, avec ses partenaires locaux, l’impact de leur action commune mais aussi les défis à venir.

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rouler ses véhicules, ses automobiles, ses chemins de fer et toutes sortes de systèmes de transport, d’ornement, de décoration et d’irrigation” 2. L’or blanc d’Amazonie supplantera celui du Congo au début du XXe siècle et sera lui-même ensuite concurrencé par les exploitations de Malaisie. Mario Vargas Llosa décrit cet épisode d’une rare violence à travers l’histoire de Roger Casement 3 dans Le rêve du Celte. L’auteur y expose le parcours de ce diplomate irlandais qui va dénoncer l’esclavage et les traitements déshumanisants infligés aux populations locales dans les exploitations d’hévéa. Au cours de ses missions, il constate la proximité existant entre les abominations commises au Pérou et en RD.Congo.

Comment l’expliquer ? Roger Casement publie en 1904 un rapport dans lequel il dénonce publiquement les crimes commis au Congo belge, puis un autre suite à sa mission en Amazonie péruvienne. En juin 1912, un journal de Londres titre “30 000 vies : 4000 tonnes” 4. On parle même de génocide. Sur 50 000 indigènes, environ 8000 auraient survécu aux conditions de travail insoutenables. On estime à sept vies humaines le coût de chaque tonne de caoutchouc produite 5.

Du caoutchouc aux minerais, l’exploitation dévastatrice des ressources à travers les siècles

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“Hier le caoutchouc, aujourd’hui le soja, l’huile de palme” 6 et les minerais sur lesquels notre travail se fonde chez Justice et Paix. Outre le caoutchouc, le Pérou et la RD.Congo sont deux pays extrêmement riches en ressources. Minerais, forêts, pétrole, attirent la convoitise de nombreux investisseurs étrangers. Malheureusement, le constat est le même dans les deux pays : une large frange de la population est laissée pour compte. Au Pérou, en zone rurale, un habitant sur deux se trouve en situation de pauvreté. Tandis qu’au classement de l’IDH 7, la RD.Congo se situait en 2015 à la 176ème place sur 188 pays. Les deux pays semblent bel et bien victimes de la “malédiction des ressources “8.

Le Pérou et la RD.Congo, deux pays qui semblent en apparence éloignés à de nombreux points de vue (géographie, régimes politiques, gouvernance, langue, culture, etc.). Pourtant, en y regardant de plus près, l’on se rend compte que le destin de ces pays est marqué par une exploitation comparable des ressources naturelles qui, depuis des siècles, pèse lourdement sur les populations indigènes. A travers le personnage de Roger Casement, Mario Vargas Llosa dépeint cet épisode sombre de l’histoire dans “Le rêve du Celte”.

Comme nous le montre l’Histoire, RD.Congo et Pérou sont deux pays où les populations se sont retrouvées, depuis longtemps, victimes des richesses situées sur leurs terres.

La plupart des pays riches en ressources naturelles, tels le Pérou et la RD.Congo, présentent des économies au profil peu diversifié. La demande de l’extérieur pour les ressources naturelles étant importante, ces pays ont tendance à concentrer leurs efforts dans la production d’un faible nombre de ressources différentes. Au Pérou, environ 60% des exportations sont des ressources minières. En RD.Congo, le commerce du pétrole fournit 90% des recettes de l’État et représente le même taux de ses exportations. Le commerce de ces ressources est une importante source de devises étrangères pour les deux pays et entraîne le phénomène appelé “maladie hollandaise”. La hausse massive des recettes d’exportation entraîne une appréciation de la monnaie qui va rendre les autres secteurs moins compétitifs au niveau international. Cela tend à renforcer un mouvement de concentration économique autour du secteur extractif.

Dossier Première réflexion

Dossier Première réflexion

Une multitude d’acteurs sont concernés par l’exploitation des minerais en RD.Congo. L’enjeu est de leur assurer une vie digne. ©Justice et Paix

Qu’en est-il aujourd’hui ? La situation a évolué, évidemment. De telles exactions ne sont plus moralement acceptables, officiellement du moins. L’on a reconnu une âme aux indigènes d’Amazonie et d’Afrique. Et l’on perçoit leur culture comme une richesse patrimoniale à préserver. La colonisation est terminée et la supériorité des blancs sur les indigènes n’est plus ouvertement admise.

La fièvre du caoutchouc Avec le développement de l’automobile au 19 siècle, la demande en caoutchouc croît rapidement. L’hévéa 1 devient par conséquent une denrée commerciale très prisée par les colons occidentaux. Il se trouve en effet que les forêts du Congo et d’Amazonie abondent en caoutchouc à l’état naturel. Partant du motif officiel d’ouvrir ce territoire au commerce, d’abolir l’esclavage et de civiliser, toute la population de ces régions se trouve engagée de force par les colons dans l’exploitation de la précieuse matière. Sévices physiques envers les hommes et les femmes, meurtres, privations, enlèvements, commerce d’humains, les tortures les plus raffinées sont inventées pour augmenter la production. “En quelques années, le Congo devient le premier producteur mondial de caoutchouc que le monde civilisé réclamait pour faire ème

Mais l’exploitation des ressources naturelles des pays du Sud n’aurait-elle pas simplement pris un autre visage ? Avec des situations ironiquement semblables aux 4 coins du globe ? Où les communautés locales continuent de souffrir et parfois mourir de cette exploitation infernale de ressources ? En effet, on observe aujourd’hui que l’Afrique et l’Amazonie continuent d’être dépossédées de leurs ressources. Les ex-puissances coloniales ont été attentives à maintenir des relations commerciales avantageuses avec les ex-colonies. Les territoires indigènes continuent d’être menacés. En témoignent entre autres la déforestation continue de l’Amazonie ou les fréquents déversements de pétrole dus à des oléoducs vétustes. Et le regard porté sur ces communautés indigènes continue d’être teinté de mépris et de discrimination.

1. L’hévéa est un arbre dont on extrait un latex qui peut ensuite être transformé en caoutchouc. 2. VARGAS LLOSA M., Le rêve du Celte, p. 61. 3. Roger Casement (1864-1916) est un diplomate britannique de profession et un poète, nationaliste et révolutionnaire irlandais. 4. Cité dans “Ces forêts qu’on assassine” de Emmanuelle Grundmann, consultable sur Internet. 5. Ibid 6. GRUNDMANNE E., “Ces forêts qu’on assassine”, 2007. 7. Indicateur de Développement Humain : outre le revenu national brut, l’IDH mesure le développement et le bien-être de la population avec des indicateurs tels que l’espérance de vie à la naissance ou le taux de scolarisation des jeunes. 8. La malédiction des ressources naturelles est une théorie qui postule que les pays abondants en ressources sont maintenus dans la pauvreté.

Première réflexion

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Par ailleurs, le déficit de gouvernance est important en RD.Congo. Victime de la baisse des prix des minerais sur les marchés internationaux, la RD.Congo a suspendu la révision de son code minier 9, censé retirer certains avantages fiscaux aux entreprises étrangères. Plusieurs faits survenus ces dernières années prouvent que les entreprises peuvent agir à leur guise sans être perturbées par les pouvoirs publics 10. Victime de cette même crise, le Pérou a adopté des mesures de promotion de l’investissement au détriment des standards environnementaux en vigueur dans le pays. Dans les deux pays, l’on perçoit aisément le poids et l’influence des entreprises extractives sur les décideurs politiques.

Connaître l’origine des minerais que nos entreprises européennes importent est un droit du consommateur. S’assurer que nos entreprises s’approvisionnent de manière responsable dans les zones en conflit en fait partie. L’adoption de pratiques responsables par les entreprises est un élément-clé du développement des pays producteurs où elles opèrent. Et il est du ressort du politique de les contraindre à assumer ce rôle. L’Union européenne a fait un pas dans ce sens en votant en juin 2016 l’accord obligeant les entreprises européennes importatrices de minerais bruts à faire preuve de diligence raisonnable. Jugeant cet accord insuffisant car appliqué à un nombre trop limité d’acteurs, Justice et Paix espère qu’il incitera d’autres acteurs à faire de même. Sans la société civile européenne soutenue par ses partenaires étrangers, cet accord n’aurait pas vu le jour. À y regarder de plus près, les luttes sociales ne sont pas si éloignées entre le Pérou, la RD.Congo et l’Europe. À l’or, l’argent ou le coltan correspond la menace du gaz de schiste chez nous. En ce sens, dialoguer et s’enrichir des expériences respectives est fondamental pour continuer à préserver les droits humains et l’environnement à travers le monde. Géraldine Duquenne Remarque : Découvrez l’article dans son entièreté sur http://www.justicepaix.be/-Articles-

Une problématique internationale

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Au Pérou et en RD.Congo, comme dans de nombreux autres pays du monde, l’exploitation de ces ressources naturelles ne contribue pas au développement des populations locales. Au Pérou, ce ne sont pas les populations paysannes bordant les exploitations minières qui bénéficient de leurs revenus. En RD.Congo, les creuseurs artisanaux travaillent dans des conditions indécentes pour des sommes dérisoires. Les populations locales subissent les exactions de groupes armés dont les revenus issus du commerce des minerais permettent le maintien. Et ces “minerais des conflits” trouvent des acheteurs et sortent du pays sans lui rapporter. La traçabilité de ces derniers est pratiquement inexistante.

L’Union européenne se donne-t-elle les moyens de lutter contre les “minerais de conflits” ? Depuis l’accord initial du 15 juin, l’Union européenne a poursuivi son “trilogue” 1 sur le règlement dit des “minerais de conflits”. Malheureusement, celui-ci s’est avéré trop peu ambitieux pour espérer une évolution notable dans les pays d’extraction. L’UE déçoit en ne se montrant pas à la hauteur de ce qu’elle avait pourtant annoncé dès 2014 en proposant cette législation, à savoir “rompre les liens entre le commerce des minerais et les conflits”.

Attitude irresponsable Le Parlement européen avait pourtant voté le 20 mai 2015 un texte demandant l’adoption d’un règlement robuste, en accord total avec les standards internationaux prônés par l’OCDE. Il restait à conclure l’accord, dans une négociation qui était en cours depuis février 2016 entre le Parlement, le Conseil et la Commission Européenne. Mais les négociateurs du Parlement européen se sont retrouvés face à des États membres peu enclins à adopter une quelconque législation obligeant toutes les entreprises à vérifier que leurs fournisseurs ne contribuent pas à des conflits sanglants. Pourtant, le Parlement a proposé plusieurs compromis, qui ont été à chaque fois balayés. C’est une attitude irresponsable qui montre le peu d’intérêt porté aux nombreuses victimes de ces exactions, comme c’est le cas à l’Est de la RD.Congo.

Selon une étude d’IPIS 2, 56% des creuseurs d’or artisanaux congolais travaillent sur des sites miniers où ils sont quasi systématiquement taxés illégalement par un groupe armé. Sorti en 2012, le film “Blood the mobile” voit un réalisateur danois, Frank Poulsen, enquêter dans les mines congolaises afin de retracer le parcours des matières premières utilisées par une entreprise pour fabriquer ses téléphones. Résultat : la multinationale a été contrainte d’avouer devant sa caméra qu’il lui était impossible de garantir que les métaux contenus dans ses appareils n’avaient pas servi à financer des groupes armés. Mais ce n’est hélas pas la seule entreprise à épingler. Même si des initiatives internationales se sont depuis multipliées, trop peu de multinationales marquent aujourd’hui un intérêt à établir des processus efficaces visant à surveiller leurs fournisseurs et cela malgré le guide de l’OCDE et la loi américaine Dodd-Frank, en vigueur depuis 2014.

Dossier Deuxième réflexion

Dossier Première réflexion

On observe que des économies basées sur l’exploitation des ressources naturelles tendent à centraliser les décisions politiques aux mains d’un petit nombre. Au Pérou, le processus de décentralisation stagne. Des lois et décrets approuvés ces dernières années vont à l’encontre du processus initié dès 1989. Par exemple, toutes les décisions en matière d’exploitation minière à grande échelle sont prises par le pouvoir central. Les compétences accordées aux régions et provinces sont réduites, empêchant parfois la gestion des problématiques qui les concernent directement. En juin 2015, la RD.Congo est passée de 11 à 26 provinces, permettant aux citoyens de ce gigantesque pays de se rapprocher de leurs centres de pouvoir. Mais ce processus de décentralisation est encore loin d’être effectif. Aucun budget n’a été dégagé pour la création de nouvelles infrastructures et l’État redistribue de façon très incomplète les sommes d’argent qu’il doit rétrocéder aux provinces pour leur fonctionnement.

Il n’y a malheureusement pas que l’extraction qui pose problème. Les conditions de travail des ouvriers asiatiques qui assemblent les composants électroniques sont également régulièrement épinglées : bas salaires, horaires à rallonge, travail des enfants, exposition à des produits toxiques, intimidations, absence de syndicat et aucune opportunité pour la négociation collective ni le dialogue social, sont autant de raisons de douter sérieusement du caractère “propre” de nos téléphones portables. Ces “minerais du sang” font l’objet de nombreuses campagnes de sensibilisation de la part de la société civile internationale depuis près de 20 ans. Ces initiatives cherchent à rendre le marché plus transparent.

On souffre au Congo Pourtant, l’UE est un vaste marché de 500 millions de consommateurs qui importe 25% de la production mondiale d’étain, de tungstène, de tantale et d’or. Un règlement ambitieux permettrait donc d’apporter une contribution significative à la résolution des conflits et donnerait par ailleurs aux citoyens européens l’opportunité de consommer des produits électroniques “propres”. Près de 30 minerais entrent dans la fabrication de nos téléphones portables, c’est dire l’importance de ces éléments dans la fabrication de ces bijoux de technologie présents quotidiennement à nos côtés. Or, leur extraction se fait bien souvent dans des conditions désastreuses pour la sécurité des populations. 9. Le Code minier balise l’espace dans lequel les entreprises minières opèrent, définit les droits et devoirs du gouvernement et des opérateurs du secteur. Il a aussi pour fonction de garantir un cadre juridique stable aux investisseurs et fixe les montants que les entreprises doivent régler à l’État pour extraire les minerais du sous-sol national. 10. CUSTERS R., La réforme minière au Congo menacée d’enlisement, http://www.gresea.be/spip.php?article1503

Première réflexion

En République Démocratique du Congo, des groupes armés illégaux n’hésitent pas à taxer les creuseurs artisanaux pour financer leurs exactions qui ont déjà causé plus de 5 millions de morts en 20 ans de conflit. Viols, mutilations et déplacements forcés sont le lot des Congolais qui en viennent à regretter d’avoir la “chance” de posséder un sous-sol riche en minerais, parmi lesquels le tantale, l’étain, l’or et le tungstène.

Le 22 novembre dernier, l’Union européenne a clôturé les négociations préalables à la mise en place de l’accord. Différentes failles techniques ont d’ores et déjà été révélées par Justice et Paix, ainsi que ses partenaires 3 : celles-ci limitent à la fois le nombre d’entreprises qui seront effectivement contraintes de rendre des comptes, mais également l’envergure de la future loi qui devrait arriver… en 2021.

1. Le “Trilogue” est un processus de négociation entre la Commission européenne, le Parlement européen et le Conseil européen. 2. Ipis (2016). Analysis of the interactive map of artisanal mining areas in eastern DR Congo: 2015 update. P.21. 3. Plus d’informations sur http://www.justicepaix.be/ -Communiques-de-presse-

Deuxième réflexion

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Demander l’obligation pour toute la chaîne d’approvisionnement des minerais n’est pas une question d’idéologie mais d’efficacité : impliquer l’ensemble des entreprises prenant part à la chaîne permettrait ainsi de créer un cercle vertueux, au sein duquel les informations s’échangent en toute transparence. Si la signature officielle de l’accord interviendra dans le courant de l’année 2017, il faudra attendre la fin d’une période de “transition” laissée aux entreprises pour voir son application arriver en 2021. Il sera ensuite nécessaire de patienter encore jusqu’à la période de “révision”, en 2023, pour pouvoir influer à nouveau sur la loi. Il conviendra alors de saisir cette chance pour inclure dans cette dynamique de contrôle les entreprises situées en fin de chaîne qui importent des métaux ou placent des produits semi-finis ou finis sur le sol européen. Ces acteurs sont les seuls à pouvoir créer les conditions d’un marché transparent en exerçant une pression sur leurs fournisseurs, européens et étrangers. Il conviendrait que le règlement reflète davantage la nature flexible et progressive de la diligence raisonnable qui en fait un outil efficace de gestion des risques sur les chaînes d’approvisionnement. Les États membres ont manqué de courage, et ont cédé aux lobbies des entreprises. Notre continent ne peut pas se targuer de défendre les droits humains à travers le monde s’il ne se donne pas les moyens de le faire.

Demander l’obligation pour toute la chaîne d’approvisionnement des minerais n’est pas une question d’idéologie mais d’efficacité

Dans les mines en RD.Congo, les enfants sont encore exploités ©Justice et Paix

Bonnes intentions Manque de courage face aux lobbies 8

Dès lors, l’Union européenne a-t-elle raté une occasion de rendre ce commerce plus vertueux ? Certes, l’accord prévoit une obligation pour certains acteurs, comme les fonderies, raffineries et autres entreprises important des minerais bruts, mais ils ne représentent qu’une partie infime du marché. La majorité des importations de l’UE sont constituées de minerais déjà transformés et assemblés dans des usines en Asie. Ces entreprises ne seront pas soumises à l’obligation et pourront volontairement choisir d’y adhérer. Autant dire qu’elles choisiront de se passer de ces contraintes si elles n’y sont pas soumises officiellement.

Il existe pourtant des standards internationaux, comme le guide de l’OCDE (élaboré avec les entreprises), qui propose à toutes les entreprises de ces chaînes d’approvisionnement de s’engager dans des processus de transparence. Pourtant, force est de constater que ces principes ne sont que fort peu suivis au sein du consensus européen de novembre 2016.

La défense des droits de l’Homme ne peut pas se borner à des déclarations de bonnes intentions.

Cet accord “a minima” contraste avec la rhétorique plus engagée que l’UE pratique sur la scène internationale. En 2011, elle avait tenu à promouvoir le guide de l’OCDE. En octobre 2015, l’UE a soutenu les engagements du G7 visant à favoriser des chaînes d’approvisionnement durables 4. La Belgique devra pousser les autres États membres et la Commission à adopter, lors de sa révision, un texte plus ambitieux. Dans ce dossier, elle a malheureusement brillé par son absence dans les discussions stratégiques, arguant que le manque de cohésion au niveau des entités fédérées ne lui permettait pas de se prononcer au niveau européen. Même si le règlement européen doit couvrir toutes les zones de conflits dans le monde, l’Afrique centrale et plus particulièrement l’Est de la RD.Congo sont les premières visées. Compte tenu de sa relation historique avec cette région, la Belgique endosse une responsabilité particulière.

LES GESTES CITOYENS À POSER Avant d’acheter un nouveau GSM, plutôt que de jeter votre ancien appareil ou de le laisser prendre la poussière, donnez-lui une seconde vie : offrez-le ou revendez-le ! Vous pouvez aussi l’insérer dans un circuit de recyclage, comme le propose Recupel, ou encore essayer de le réparer, s’il est cassé. Vous pouvez faire cela via le site www.etsionreparait. Vous pouvez aussi décider d’acheter un appareil en seconde main, dit “reconditionné”, comme le proposent de nombreuses enseignes ou magasins comme www.love2recycle Enfin, si vous vous décidez malgré tout pour l’achat d’un appareil neuf, vous pouvez vérifier son classement en termes de durabilité, comme le propose Greenpeace (“Guide to Greener Electronics”).

Dossier Deuxième réflexion

Dossier Deuxième réflexion

En République Démocratique du Congo, des groupes armés illégaux n’hésitent pas à taxer les creuseurs artisanaux pour financer leurs exactions qui ont déjà causé plus de 5 millions de morts en 20 ans de conflit.

La défense des droits de l’Homme ne peut pas se borner à des déclarations de bonnes intentions. Le commerce des minerais doit être régulé et les entreprises doivent agir de manière responsable. La crise économique n’est pas un argument suffisant pour placer le business avant l’éthique ! L’Europe doit montrer l’exemple.

Le pouvoir du consommateur ! Dans l’attente d’un règlement européen révisé et permettant de garantir aux consommateurs que les achats qu’ils font ne sont pas entachés de sang, ceux-ci peuvent s’informer auprès de sources indépendantes et faire le choix de produits issus d’une chaîne de production plus responsable et transparente 5. Quoiqu’il en soit, s’informer auprès de son revendeur avant un achat reste le premier geste citoyen à poser ! L’action des citoyens a de l’influence sur les décideurs politiques, ne l’oublions pas ! Santiago Fischer

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4. Commission européenne – communiqué de presse (12/10/2015). L’UE annonce une aide en faveur de l’amélioration de la sécurité sur le lieu de travail et des pratiques de travail dans les pays producteurs. 5. Plus d’informations sur http://www.justicepaix.be/ Offrirez-vous-un-peu-d-espoir-pour-les-fetes

Deuxième réflexion


Brèves

Dossier Portrait Point de vue 10

Géraldine Duquenne (Justice et Paix) accueille Ana Romero, coordinatrice du Réseau pour une Globalisation Equitable (RedGE)

Concernant plus spécifiquement le travail autour de l’extraction des ressources naturelles, nos partenaires locaux, tant péruviens que congolais, confirment cette plus-value de la collaboration. Ils soulignent fréquemment, lors des échanges formels ou non, à quel point la collaboration avec Justice et Paix leur est précieuse, pour pouvoir relayer leur voix et leurs préoccupations. Ils insistent sur l’importance des relais en Europe pour rendre visibles les problématiques vécues sur place par les populations victimes, entre autres, des excès des multinationales extractives insuffisamment contrôlées par l’État.

Les partenaires du sud, au cœur du travail de Justice et Paix es partenaires de terrain constituent véritablement la clé de voûte du travail mené en Belgique par Justice et Paix. Une partie de notre action se situe dans le champ de l’éducation à la citoyenneté mondiale et solidaire, qui vise à contribuer à la construction de sociétés justes, durables, inclusives et solidaires. Comment ? En formant des citoyens à la compréhension des enjeux globaux du monde d’aujourd’hui en vue de l’adoption de comportements pour plus de justice et de solidarité, mais aussi en cherchant à influencer des décisions politiques. Dans cette optique, la voix du Sud est essentielle et nous l’avons placée au cœur de nos dispositifs tant politiques qu’éducatifs. Qui, mieux que nos partenaires du terrain, peut expliquer les conditions de vie ailleurs dans le monde, les injustices subies, les nuances et la complexité des situations vécues loin de chez nous ? Qui, mieux que des personnes sillonnant constamment les routes de leur pays, peut porter des recommandations politiques pertinentes, la voix des “sans-voix” ? C’est toutefois un travail qui doit se faire dans la complémentarité car, de la même façon, l’équipe de Justice et Paix s’est désormais forgé une connaissance certaine des rouages de l’administration, des langages politiques institutionnels, des techniques de communication, etc. Chacun avec ses forces et spécificités, nous devons travailler main dans la main, Justice et Paix l’a bien compris. Et tout le monde y gagne : nos organisations “du Nord” parce que leur message acquiert un poids et une légitimité accrus par l’expérience du terrain et que les informations “de première main” sont la base de tout le travail ; nos partenaires “du Sud” parce qu’ils voient s’ouvrir des accès importants à des responsables politiques ou des médias disposant d’un pouvoir certain pour la diffusion de leurs messages. Les bénéficiaires, qu’ils soient politiques, enseignants, journalistes ou citoyens sont bien sûr également gagnants de ce travail mené conjointement leur permettant d’approcher une réalité bien différente de la leur.

Nos partenaires péruviens Prenons un exemple concret, celui du travail avec des organisations péruviennes autour du respect des droits fondamentaux des populations situées à proximité des projets miniers. Bien souvent, les demandes des populations souhaitant profiter d’une partie des revenus de l’exploitation de leurs ressources ne sont pas entendues. Au contraire, les populations voient leurs conditions de vie se détériorer à cause des pollutions engendrées par la présence de la mine. En février 2016, Justice et Paix s’est rendue au Pérou pour constater cette réalité. Nous avons, à cette occasion, tourné un documentaire, “Pérou, la mine à tout prix”. Le rôle de nos partenaires de l’ONG CooperAcción dans ce cadre a été essentiel. Ils nous ont accompagnés et ouvert les portes pour accéder aux lieux et aux personnes concernés par la problématique. Grâce à eux, nous avons pu enrichir notre expertise sur le sujet. Depuis lors, le documentaire, dont l’objectif est de sensibiliser le citoyen et consommateur du Nord aux conditions d’exploitation des minerais composant les biens qu’il consomme, a été diffusé largement auprès des citoyens belges. Il sert également de support pédagogique pour les enseignants. En décembre, nous avons accueilli à notre tour une partenaire péruvienne de la RedGE (Réseau pour une Globalisation Équitable). Comme chaque année, nous avons fait coïncider cette visite avec un moment-clé au niveau politique. Cette fois, la partenaire a participé à des rencontres européennes sur les impacts du traité de libre-échange conclu entre l’Union européenne et le Pérou. Elle a pu amener un témoignage et une analyse du terrain aux décideurs européens. Ces missions sont l’occasion de renforcer un plaidoyer politique commun à Justice et Paix et aux partenaires visant in fine à améliorer la situation des populations péruviennes. Et les décideurs politiques nous confirment que ces témoignages du terrain ont une influence sur leurs prises de position. Cet échange entre partenaires du Sud et Justice et Paix renforce l’impact de notre message commun. Dans le futur, nul doute que nous prolongerons et renforcerons cette orientation de collaboration ! Géraldine Duquenne et Laure Malchair

Construire des ponts de justice plutôt que des murs de la peur

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ette année, l’Assemblée générale de notre réseau Européen Justice et Paix s’est réunie au Luxembourg. Les délégués de 21 Commissions ont eu l’occasion de rencontrer des représentants politiques, de l’armée, des institutions de l’UE et de la société civile. Au cœur de notre débat, un constat : aujourd’hui, de nombreux citoyens sont profondément préoccupés par la sécurité. Bien entendu, leurs inquiétudes sont justifiées. Cependant, les mesures visant à protéger la sécurité doivent être proportionnelles au respect de la justice et des droits humains. Notre message est clair : l’Europe ne peut garantir sa sécurité en construisant des murs.

Pour lire notre prise de position à ce sujet : www.justicepaix.be/-Plaidoyer-politiqueNotre présence à Schengen a été un moment symbolique nous permettant de redire notre volonté d’appartenir à une Europe soudée, juste et solidaire. C’est avec cette vision que Justice et Paix francophone de Belgique souhaite continuer à s’impliquer activement au sein du réseau. Bravo à Arnaud Gorgemans, notre Président, élu au comité exécutif de Justice et Paix Europe! C’est parti pour 3 ans!

La nouvelle version de l’outil pédagogique “DE L’OR À TOUT PRIX ?” EST DISPONIBLE ! e dossier aborde le thème du rôle de l’exploitation minière au Pérou et ses conséquences sur les populations locales. La principale nouveauté de l’outil est la présence du documentaire “Pérou, la mine à tout prix” (33 minutes) qui aborde en images la problématique des conflits sociaux autour des mines à travers 2 cas concrets (Las Bambas et Espinar). À côté de ce dernier, vous trouverez 11 fiches pédagogiques abordant le sujet sous tous ses aspects ainsi qu’un document audiovisuel (son et photo) sur le cas d’une famille vivant aux abords d’une mine, idéal en guise d’introduction à une animation ou une séquence de cours.

Si l’outil pédagogique convient tout particulièrement aux professeurs du secondaire en géographie, il s’adresse aussi à tout citoyen désireux d’en connaître plus sur le sujet. Outil pédagogique 12 e, à commander sur www.justicepaix.be/

Brèves

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Publcation

ÉTUDE

Les nouvelles luttes citoyennes

L

a mobilisation contre le TTIP est apparue au grand jour en 2016. La question des traités économiques transatlantiques s’est même frayé une place centrale au cœur des agendas politiques et médiatiques belges à la fin du mois d’octobre de cette même année. Quelles leçons tirer des actions déployées en Belgique contre ce traité ? C’est cette question qui a nourri la réflexion de la seconde étude “Justice et Paix 2016” consacrée aux nouvelles luttes citoyennes.

Arnaud Gorgemans, président Axelle Fischer, secrétaire générale Chantal Bion, Coraline Brodkom, Miguel Arrimadas, Géraldine Duquenne, Santiago Fischer, Laure Malchair, Porzia Stella, Timur Uluç, Valéry Witsel, permanents Volontaires ayant collaboré à ce numéro : Yvonne Clément, Véronica Lari, Sylvain Lauwers, Angela Ocampo. Design : www.acg-bxl.be

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Outre l’attention portée sur le sens de la mobilisation, cet ouvrage dresse les motifs d’indignation que suscitent le TTIP et les nouveaux accords de libre-échange. Selon des militants de terrain issus de tous horizons, de grands

dangers pèsent sur la démocratie, la culture, la santé, les droits des femmes ou l’agriculture familiale de proximité. De nombreuses raisons rendent nécessaire un passage à l’action. Une vigilance et une mobilisation citoyennes en faveur d’une vie digne pour tous demeurent essentielles. À travers cette étude, la Commission Justice et Paix entend contribuer à ce vaste projet collectif ! 60 pages - 7,50 e À commander sur http://justicepaix.be/ (+32 (0) 2 738 08 01)

Soutien financier : à partir de 40 €, déductible fiscalement À verser au compte BE30 0682 3529 1311 avec la mention “DON”. Pour tout renseignement à propos d’un don ou d’un legs, merci de bien vouloir prendre contact : Tél. +32 (0) 2 738 08 01 miguel.arrimadas@justicepaix.be

N’hésitez pas à nous contacter ! Commission Justice et Paix francophone de Belgique, asbl Rue Maurice Liétart 31/6 B - 1150 Bruxelles - Belgique Tél. +32 (0) 2 738 08 01 - Fax +32 (0) 2 738 08 00 E-mail : info@justicepaix.be Facebook : facebook.com/justicepaix Twitter : @Justice_et_Paix

www.justicepaix.be

Dessin : www.sylvainlauwers.be

Publié avec le soutien de la Direction Générale de la Coopération au Développement et Aide Humanitaire et de la Fédération Wallonie-Bruxelles


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