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Le rouleau de Ruth et la fête de Chavouot
Des sentiments altruistes
Par ailleurs, cette histoire de Ruth est un récit de bonté : ces personnages font preuve de générosité, de sentiments altruistes, de compassion, d’entraide, d’empathie. Ce rouleau exprime de cette façon la quintessence même de la Torah – Torat ‘hessed – Loi de bonté – loi ayant érigé la bonté en norme, en obligation. Ainsi, même l’homme qui n’est pas bon naturellement fait preuve de bonté par obligation morale et devient bon par ce biais.
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Enfin, la dynastie messianique prend une ampleur considérable à la fin de la Méguila puisqu’il y est question de la naissance de David, ancêtre du Messie. L’évocation du Messie lors de la fête de Chavouot rappelle la dimension messianique de la Torah, libératrice, salvatrice.
Selon la tradition rabbinique, rappeler la naissance de David à Chavouot est particulièrement significatif puisque c’est en ce jour que David a quitté ce monde ; comme pour signifier que le projet davidique – concrétisation du rêve messianique – ne saurait disparaître. Il en est même revigoré grâce à la Torah, qui à nous, une nouvelle fois, est donnée.
Décoration de la synagogue
Nombreux sont ceux qui ont coutume de parer la synagogue de plantes et de branchages, beaux et odoriférants, en l’honneur de la Torah qui nous fut donnée à Chavou’ot. C’est parce que la Torah ajoute à la vie que l’on a coutume d’orner la synagogue de feuilles végétales, qui expriment la vie, de même que, lors du don de la Torah, le mont Sinaï s’était couvert de végétation en l’honneur de la Torah (Levouch). Certains disposent des branchages odoriférants, afin d’ajouter au délice et à la joie, et d’exprimer la sublime hauteur spirituelle de la Torah ; car nos sages enseignent que, « de chacune des dix paroles qui sortaient de la bouche du Saint béni soit-Il, le monde entier se remplissait de parfums » (Chabbat 88b). Certains ont coutume de disposer des branches d’arbre au motif que, à Chavou’ot, on est jugé sur les fruits de l’arbre ; en décorant de branches la synagogue, on se rappelle qu’il faut prier au sujet des fruits (Maguen Avraham 494, 5). Pour autant, on ne met pas de branches d’arbres fruitiers, afin de ne pas les détruire gratuitement.
L’origine de cette coutume remonte à environ six cents ans, en pays germanique (Maharil, Rama 494, 3).
De là, elle se répandit à la majorité descommunautés juives, séfarades comme ashkénazes.
Toutefois, le Gaon de Vilna s’opposa à cette coutume, car elle ressemblait à un usage non juif, consistant à décorer d’arbres les maisons en l’honneur de certaine fête ; or la Torah a ordonné de ne pas imiter les coutumes des gentils, comme il est dit : « Vous n’irez pas selon leurs lois » (Lv 18, 3). Certains ont l’usage de se conformer à cette opinion (‘Hayé Adam 131, 13).
Mais de l’avis de la majorité des décisionnaires, il n’y a pas de mal à cette coutume, car l’interdit d’aller dans les voies des non-Juifs ne vaut que lorsqu’il y a dans la coutume en cause une atteinte portée à la pudeur et à la modestie, ou lorsque la coutume n’a aucune signification ni utilité, et qu’elle est seulement suivie pour imiter les coutumes non juives, lesquelles reposent sur de vaines croyances. Mais dans notre cas, où nous avons de bonnes raisons d’observer cette coutume, il n’est pas à craindre qu’elle paraisse s’inscrire dans les voies des nonJuifs. Tel est donc l’usage dans la majorité des communautés, que de décorer la synagogue de plantes et de branchages, beaux et odoriférants. Certains ont également l’usage de décorer les maisons de branchages et de fleurs (Rama 494, 3).
Puisque ces branchages servent à l’agrément visuel, ils ne sont pas mouqtsé. Cependant, si Chavou’ot tombe un dimanche, il ne faut pas les installer pendant Chabbat, puisqu’on ne prépare pas le Yom tov pendant Chabbat (Michna Beroura 494, 9).