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Calculer son IMC

Par le Dr Alexandre Haddad

Qu’est-ce que l’IMC

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et comment le calculer ?

Quel est mon poids idéal ? Quel poids dois-je avoir pour avoir la meilleure espérance de vie ? Depuis une trentaine d’années, la communauté médicale est tombée d’accord sur une méthode de calcul pour définir le poids normal et les poids «dangereux». Comment le calculer et, surtout, est-ce pertinent et exact ?

Depuis les débuts de la médecine, les autorités médicales ont tenté de définir « le poids normal » en fonction de la taille des gens. La première «balance» a été créée dans une pharmacie du Moyenâge, pouvoir passer entre deux poteaux définissait la taille à ne pas dépasser !

Depuis, de nombreuses méthodes ont existé pour calculer le «poids idéal». Indice de Broca, formule de Creff (plus intéressante car prenant en compte trois types de morphologie), la formule de Monnerot-Dumaine en fonction du tour de poignet, etc… les chercheurs ont rivalisé d’astuces pour définir le poids à ne pas dépasser. Ces méthodes ont fait leur temps, en particulier car elles ne prenaient pas en compte la grande variété de morphotypes humains. On ne peut en effet pas considérer qu’à une taille correspond un seul poids. Les sédentaires n’ont pas le même corps que les sportifs, cela n’en fait pas pour autant des gens en surpoids. Une différence se fait également en fonction des ethnies, les asiatiques et les caucasiens par exemple.

Apparition de l’IMC

(Indice de Masse Corporelle) ou BMI (Body Mass Index)

C’est Adolphe Quételet, un statisticien belge, qui invente en 1832 la formule utilisée aujourd’hui, qui fut par la suite confirmée, validée et renommée IMC en 1972.

Il est égal au poids en kg, divisé par le carré de la taille en mètre : IMC = poids (kg)/taille (en m)²

Ainsi, une personne de 1m70 pesant 80 kg a un IMC de 27,7 soit 80/ (1,70 X 1,70). Les valeurs «idéales» ont été définies en fonction du ratio d’espérance de vie associé à l’IMC. Dans mon cabinet, j’ai tendance à conseiller à mes patients d’atteindre et conserver un IMC compris entre 22 et 23 car il me semble qu’il correspond, en moyenne, au poids pour lequel le bienêtre est le meilleur. Si votre IMC est trop bas, vous êtes considéré en insuffisance pondérale. Les risques pour la santé comprennent l’ostéoporose, l’infertilité et une faiblesse au niveau du système immunitaire. Cela peut indiquer un trouble de l’alimentation ou une maladie sous-jacente. Si votre IMC est trop élevé, vous êtes plus à risque de développer un diabète, une maladie métabolique, des problèmes de foie, des problèmes respiratoires, des maladies cardiovasculaires ainsi que certains types de cancer.

D’un point de vue purement médical, le poids idéal d’un individu est celui pour lequel les risques induits par son poids (hypertension, maladies cardio-vasculaires, diabète, maladie métabolique) sont minimums. Calculez votre IMC vous-même ! Vous aurez peut-être des surprises.

Il convient de différencier les valeurs des hommes et des femmes.

L’IMC est-il universel ?

Non. Comme tous les indices, il a ses atouts et ses faiblesses. Il ne sera pas sensible sur les culturistes, les femmes enceintes, les personnes très âgées et les enfants en bas âge. Il est vrai que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) définit l’obésité comme un excès de gras corporel menaçant la santé et non pas comme un excès de poids. On pourra utiliser par exemple, en plus de l’IMC, la distribution de graisse corporelle en mesurant le périmètre abdominal. Ainsi, un tour de taille supérieur à 88 cm chez la femme, et 102 cm chez l’homme, indique une obésité viscérale et un risque plus élevé de développer des problèmes de santé. Certains examens comme l’IRM et l’ostéodensitométrie donnent des résultats plus fiables mais ils ne sont pas adaptés au dépistage de masse. De même, un IMC normal ne protège pas contre toutes les maladies métaboliques et tous les cancers. Il ne détermine pas le niveau d’activité physique des gens, ni leurs risques génétiques ou lié à leur intoxication chronique (tabac, alcool…)

Les Exceptions

L’IMC des athlètes est peu fiable. Chez les personnes âgées de 65 ans et plus, il a été démontré qu’un IMC entre 23 et 27 était davantage optimal pour les taux de survie que la plage standard d’IMC de 18,5 à 25. Le taux de mortalité n’augmenterait pas avant un IMC de 33 chez ces individus. Chez la femme enceinte ou qui allaite, l’utilisation de l’IMC n’est pas recommandée. Le gain de poids souhaitable durant la grossesse est toutefois basé sur l’IMC de la femme enceinte avant la grossesse. Chez les enfants entre 2 et 16 ans, la détermination de l’IMC est différente de celle des adultes. Le calcul est complexe et n’a de sens qu’en fonction de l’âge. Il se mesure par rapport aux courbes que vous retrouverez dans son carnet de santé. On parle de différence en percentiles. Entre le 3ème et le 85ème percentile, l’enfant est normal. Au-delà, il est à risque de surpoids. Au-dessus du 97ème percentile, il est en surpoids (obèse chez les plus de 5 ans).

En conclusion : y

L’IMC n’est pas infaillible mais c’est un très bon outil de dépistage et de surveillance.

Une fois adapté aux circonstances particulières, il représente la meilleure indication pour les médecins pour traquer les personnes à risque.

Il permet également au grand public de s’auto évaluer pour dépister soi-même un problème lié à son poids. Néanmoins, si vous estimez que votre IMC ne vous représente pas, n’hésitez pas à en parler à votre médecin. Soit votre cas est particulier, soit il vous ouvrira les yeux!

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