Béton et sensorialité - Kevin Guiri--Couderc

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BÉTON & SENSORIALITÉ Rencontre avec cette autre matière grise 1


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BÉTON & SENSORIALITÉ Kevin Guiri Couderc Licence Pro Artisan . Designer 2018/2019


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e tiens à remercier l’ensemble du corps enseignant de l’ISCID ainsi que celui du CFA et de la CMA de Montauban pour leur travail, autant pour la transmission de leurs savoirs et le partage de leurs expériences professionnelles. Aux divers intervenants qu’ils soient artisans, designers, ingénieurs pour nous avoir présenté leurs métiers et accompagnés sur les différents workshops tout au long de la licence. Mes parents et amis qui m’ont encouragés pour la reprise de mes études ainsi qu’à tous les membres de la promotion 2018/2019. Je remercie également mon ami Anthony Garcia-Vaz qui grâce à ses connaissances en architecture a su m’orienter pour certaines références figurant dans ce mémoire. Merci à tous


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SOMMAIRE

INTRODUCTION 1/ CONSTAT CRITIQUE a) Les pratiques ancestrales et actuelles du béton dans l’architecture. b) Le béton dans l’artisanat : de la maçonnerie au «Do it yourself». c) Propositions et ammorcements théoriques. 2/ EXPÉRIMENTATIONS a) Apprivoisement de la matière. b) Fossilisation du geste numérique. c) Vers un béton sensoriel. 3/ PROJECTIONS FORMELLES Quand le geste numérique s’allie au geste artisanal. CONCLUSION

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«J’ai découvert l’artisanat comme étant un domaine très riche de part sa diversité et ses multiples savoir-faire».

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la suite de l’acquisition d’un diplôme dans l’agencement d’intérieur, j’ai pu obtenir les outils nécessaires, tel que le dessin technique et de perspective, pour analyser un espace et pouvoir répondre aux besoins d’un client. Toutefois l’envie de créer mon propre mobilier étant présente, j’ai souhaité poursuivre dans un cursus qui pouvait me donner accès à la réflexion et à la réalisation de concepts innovants. Au cours de cette dernière année de licence professionnelle artisan-designer, j’ai découvert l’artisanat comme étant un domaine très riche de part sa diversité et ses multiples savoir-faire. C’est la raison pour laquelle aujourd’hui je m’interroge sur comment lier pratique artisanale avec un procédé de fabrication moderne accès sur les nouvelles technologies et outils de conception.

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Ma curiosité suscite mon attention, pour les matériaux lourds, destinés à la réalisation de gros œuvres, plus particulièrement le béton. Pour avoir habité un certain nombre d’années dans des bâtiments de type HLM, le béton me ramène forcement à mon ancien environnement et à ce qu’il peut m’évoquer sur le plan social et culturel. La vision que j’ai pu avoir sur cette matière, était celle d’un matériau soumis à l’architecture de masse, dédié à concevoir uniquement d’énormes blocs monolithiques* et dénués de toute poésie. Son aspect visuel n’avait aucun rapport avec ce que je peux considérer comme étant un matériau proche de l’humain. Pourtant très utilisé dans l’espace public, il n’est que très faiblement sollicité pour ses qualités esthétiques. Du fait que nous soyons dans une période de transition écologique, nous cherchons en priorité de nouvelles matières plus simples par leurs compositions et donc plus faciles à recycler. Nous pouvons penser que les matériaux lourds possèdent pourtant l’avantage de la durabilité dans le temps et demeurent à ce titre plus écologiques que les produits de consommation de court et moyen terme (papier, carton, bois, composite, plastique, bio plastique...). A travers mes diverses recherches et expérimentations j’envisage de réaliser de nouveaux aspects plastiques et visuels, dans une démarche pérenne et écologique.

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«Les matériaux s’accordent entre eux et se mettent à chanter, et cette composition matérielle donne naissance à quelque chose d’unique». PETER ZUMTHOR

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CONSTAT CRITIQUE

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a) Les pratiques ancestrales et actuelles du béton dans l’architecture.

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i l’on doit donner une date fondatrice pour le béton, nul doute que la coupole du Panthéon de Rome (cf.p.15) construite en 125 de notre ère constitue une référence unanimement reconnue. Il s’agit du premier ouvrage significatif du béton coulé. Il faut cependant attendre le XIXe siècle avec les travaux de Louis Joseph Vicat pour mettre les bases de compréhension de l’hydrolyse des ciments*. Cette particularité que possède ce dernier de faire prise en présence d’eau. En 1848, Joseph Louis Lambot réalise une barque en béton armé qu’il fait breveter puis présente à l’exposition universelle de 1855. En 1852, François Coignet réalise pour sa propre maison à St Denis en région parisienne, des façades en béton monolithique* et un plancher terrasse de 25 cm d’épaisseur en béton renforcé par des poutrelles de fer.

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PETITE ANNECDOTE.

En 1862, toujours avec le même procédé, Coignet accompagné de son architecte Louis Auguste Boileau, fera réaliser de multiples édifices comme celui de l’église Sainte Marguerite du Vésinet (78) (cf.p.17). Lors de la livraison du bâtiment, le résultat est un échec pour Alphonse Pallu chargé du développement du lieu. Des traces rugueuses apparaissent sur les façades. Les coffrages de béton étant réalisés avec de fines baguettes pour imiter la pierre de taille ne plaisent pas du tout au promoteur, qui militera toute la fin de sa carrière contre l’utilisation du béton dans l’architecture.

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Immeuble par Francois Coignet à St Denis,

Durant la fin du XIXe siècle, c’est à François Hennebique que l’on doit le rôle majeur sur le lancement et la diffusion du béton armé. Ainsi, il invente en 1892 les premières poutres avec étriers et réalise en 1900, 1 Rue Danton à Paris (cf.p.20 et 21), le premier immeuble en béton armé mettant en valeur le procédé poteaux/poutres de son invention. C’est alors que démarre l’expansion du béton armé à travers la France. En 1907, le nom de Eugène Freyssinet apparaît dans l’univers de l’architecture en béton armé grâce à une réalisation majeure du pont du Veurdre (cf.p.22) dans l’Allier par la technique de contrainte de câbles en acier tirés.

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Freyssinet redonne du fil à retordre à l’industrialisation !

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C’est en 1928 qu’il inventera le système de la pré-contrainte*. Ce système aura pour but d’aller beaucoup plus loin en distance dans les constructions comme celle du pont de Plougastel-Daoulas (29) (cf.p.24 et 25) et lui permet de connaître de nouveaux horizons et une place stable dans le développement architectural.

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Depuis la fin du XXe siècle, ingénieurs et scientifiques développent de plus en plus de nouveaux bétons grâce à une meilleure connaissance de la chimie et d’utilisation d’adjuvants performants et d’addition telle que la fumée de cilice*. Béton haute performance BHP, béton de poudre réactive BPR, béton fibré à haute performance BFUP, Béton auto-plaçant BAP. Autant d’accronymes qui répondent à des exigences de construction.


Schéma du système de béton armé d’Hennebique

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Quand l’utilisation du béton devient mystique !

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Comme nous avons pu le voir à travers l’histoire de la construction en béton, depuis le XIXe siècle les procédés ne font qu’évoluer amenant l’homme à réaliser des prouesses architecturales. Cela dit, l’état visuel du béton n’évolue pas, et dans la pensée de certaines personnes il est inutile que cela puisse être changé. Ce matériau solide ne doit avoir aucune imperfection et stigmate visuel lors de son résultat final, comme avec l’exemple de l’église du Vésinet vu précédemment (cf.p.17). Pourtant bien des années plus tard, en 2007, à Wachendorf en Allemagne, Peter Zumtorh architecte international lui même allemand réalise alors un bâtiment complètement hors du temps et en décalage total avec les procédés tels que nous les connaissions jusque là. La chapelle du Frère Saint Nicolas de Flue, est un bâtiment réalisé par une ossature de bois, en forme cônique comme un tipi et sans toit (cf.p.28).

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Ossature de bois cĂ´nique par Peter Zumthor

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Contrairement à son habitude lors d’un coffrage traditionnel, le béton vient ici se déposer sur le bois et non dedans, ce qui lui permet de s’imprégner des stries et des veinages que produit la matière. Déjouant les normes de construction, Peter Zumthor décidera de faire brûler toute l’ossature pour ne laisser apparent, à l’intérieur que le béton moulé et noirci par le feu. Autre qu’un simple lieu de culte, cette structure amène à un questionnement autant sur la forme que sur le fond quant à l’utilisation de ce matériau. Les visiteurs rentrent dans un endroit dépourvu de toute fioriture en ce qui concerne le mobilier, pour une prise de contact directe avec le bâtiment tout en l’apprivoisant par leurs sens. Se crée comme une mystification de la matière via une expérience sensorielle. Dans un de ses propres livres intitulé Atmosphéres il écrira à propos de ce lieu :

«Les matériaux s’accordent entre eux et se mettent à chanter, et cette composition matérielle donne naissance à quelque chose d’unique».

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UNE CITÉ RADIEUSE...

Si Peter Zumthor a pu utilisé le bois pour donner à son béton les stigmates d’un matériau brûlé, il n’est pas le seul à avoir utilisé cette matière pour en retirer les caractéristiques plastiques pour l’esthétisme d’une construction. En effet bien des années auparavant un autre architecte d’autant plus connu a utilisé un procédé de coffrage en bois pour également laisser apparaître veinages et nœuds dans le béton (cf.p.36). Le Corbusier a utilisé cette technique pour la réalisation du bâtiment classé au patrimoine de L’UNESCO, la cité radieuse à Marseille. Les piliers et les façades du bâtiment dans leur globalités sont réalisés avec ce type de coffrage (cf.p.33). Ici contrairement à la chapelle de Peter Zumthor, les stigmates sont visibles de l’extérieur, comme fossilisés sur les murs de l’édifice.

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Une église sur le toit de l’édifice 39


Qu’est-ce qui justifie cette manière d’utiliser le béton comme étant plus proche des hommes ?

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Bien avant d’entreprendre mon cursus universitaire, je me suis intéressé aux travaux de Rudy Ricciotti et de l’utilisation du béton dans ses constructions. Cet architecte provençal utilise le béton en bouleversant les codes de construction habituelle. J’ai souvent constaté qu’il aime perturber les idées reçues en jouant avec des effets de matières en pratiquant le biomimetisme s’inspirant de l’organique et du végétal. Il reste cohérent avec les pratiques et les technologies modernes, il réinvente ce matériau autant sur un plan technique que philosophique. Cette année lors d’un stage, je me suis rendu au Musée du MUCEM à Marseille, bâtiment pensé par Ruddy Riccioti. Ce bâtiment face à la mer a la particularité d’être entièrement recouvert d’une dentelle de béton BFUP (cf.p.22), qui apporte à la construction un tout autre esthétisme. Les diverses plaques de béton structurées viennent comme un puzzle géant se fixer les unes aux autres par un système d’accroches métalliques. Les vides laissent entrer la lumière et générent des ombres aléatoires. A l’intérieur on entrevoit le paysage, un panorama sur la méditerranée en étant intimement caché par cette immense dentelle. Comme un spectacle, elle créé alors une interraction avec le public dans une harmonie d’ombres et de lumières.

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En 2013, dans une interview lors d’une émission télévisée, Rudy Ricciotti a expliqué sa vision critique de l’architecture moderne qu’il qualifie comme un concept de «salafisme architectural». Des propos qui ne passent pas dans le monde de l’architecture français, le qualifiant même de «bâtisseur anarchique». Un statut qu’il assume entièrement par ces propos :

«De plus en plus la globalisation a des effets désastreux sur l’écriture architecturale. Le signe, le décor, le motif disparait, la façade devient lisse, sans information. Le problème de l’architecture aujourd’hui c’est qu’elle se transforme en un système universel, démoniaque, détruisant les mots, les métiers et les savoir-faire».

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«La maçonnerie est non seulement une écriture, dont la pierre est la langue et l’appareillage le style, mais c’est aussi une calligraphie, c’est à dire une affaire de geste». BERNARD MAGNOULOUX

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b) La place du béton dans l’artisanat : de la maçonnerie au «Do it Yourself».

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ans les points précédents nous avons vu qu’elle était la place du béton dans les constructions anciennes et contemporaines au point de vue architectural. Toutefois face à de tels édifices il est important de se rappeler qu’en premier lieu il s’agit bien d’un matériau travaillé par la main de l’homme, qui implique une certaine maîtrise et savoir-faire mais aussi bien des connaissances techniques et chimiques. Nous confondons les termes liés à la maçonnerie en général. Nous faisons involontairement des amalgames quand il s’agit de parler de béton, de mortier ou de ciment. Ils ont pourtant tous les trois des compositions et des usages différents, c’est ce que je vais tenter d’expliquer en détail dans le point qui va suivre.

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LE CIMENT COMME POINT DE DÉPART

Des trois, il est la base, c’est à lui que l’on va ajouter de l’eau, et des quantités variables de sable et de granulats pour obtenir du mortier ou du béton. Le ciment est utilisé comme liant depuis l’Antiquité (cf.p.14). Pourtant bien avant de connaître l’aspect tel qu’il est précisément aujourd’hui ce matériau a été composé de tuiles et de briques concassées. Dans les procédés actuels, il est composé d’un mélange de calcaire et d’argile, provenant de carrières rocheuses, formant avec l’eau une pâte qui durcit au séchage. Il prend alors la forme d’une colle en poudre qui permet, une fois humidifiée, d’assembler des éléments de construction, (pierres, parpaing etc...)

Quelle différence il y a t’il entre ciment et mortier ?

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Illustration d’artisants maçons au moyen âge Illustration du XIV siècle

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Mélangé à du sable fin, le ciment (plâtre, chaux) devient du mortier. Le mortier se présente sous la forme d’une poudre homogène destinée, elle aussi à être liée avec de l’eau. En maçonnerie, on emploie différents types de mortiers, par exemple il peut servir à enduire un mur. Le mortier de ciment est d’une grande résistance avec prise rapide (cf.p.53). Le mortier de chaux est beaucoup moins résistant et sa prise bien moins rapide (cf.p.54).

Quel rôle joue le béton dans ce procédé ?

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Si vous mélangez du ciment à du sable et à du gravier, vous obtiendrez du béton. Il sera ainsi constitué de granulats d’origine naturelle. Il existe différents types de granulat que l’on peut utiliser pour obtenir un béton : Le granulat alluvionnaire (silice/calcaire) issu de l’érosion naturelle (cf.p.56). Le granulat de carrière extrait de la roche par concassage (cf.p.57). Un béton plus allégé peut être conçu à partir de matériaux synthétiques comme polystyrène expansé ou d’origine végétale et organique comme le bois. En maçonnerie, le béton doté d’une grande résistance sert à réaliser des structures telles que des dalles, poutres ou autres colonnes.

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Projeter, gicler, gobeter, élever, talocher, le vocabulaire type de l’artisan maçon.

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LE JOINTAGE PAR PROJECTION

A l’aide d’une taloche et d’une truelle, d’un seau d’eau et un bac destiné à la composition de ciment et de sable pour la création du mortier, le maçon se tenant face à son mur encore vierge, essentiellement de pierres de taille, vient appliquer sur sa taloche le mortier préalablement humidifié.

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Avant l’application de cette composition homogène, il analyse comme un texte les différentes failles qui exploitera pour définir ses joints. Toujours en commençant de bas vers le haut puis de la gauche vers la droite, en se tenant à une distance de 20 cm environ l’artisan projette d’un coup de poignet sec et précis son mortier.

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Il varie la quantité de matière pour la création d’un joint résistant. Il peut s’aider de pierres pour combler un vide trop important.

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LA GICLÉE OU LE GOBETAGE

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Cette technique principalement appliquée sur des blocs de béton bruts appelés parpaings, la technique de la giclée de mortier vient cacher les aspects irréguliers pour avoir un enduit lisse. Avec une brosse à colle, l’artisan humidifie la totalité de la surface qu’il va enduire.

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Toujours à l’aide de sa truelle et de sa taloche il projette son mortier. Positionné de profil au mur, le maçon vient jusqu’à étendre son bras à quelques centimètres de celui-ci.

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D’un geste sec, il propulse le mortier. Il est important de comprendre que plus le geste est fort, plus l’épaisseur de la couche de giclée est fine. Il faut que le geste soit franc pour que la matière puisse se répartir correctement et qu’elle tombe ne pas.

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ÉLEVER UN MUR

Les matériaux principaux de la construction d’un mur en béton sont toujours les mêmes. En effet le ciment, le sable et l’eau sont les éléments-clés pour cette mise en œuvre. La bétonnière vient aider l’artisant pour l’utilisation de grandes quantités de mortier.

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Premièrement, le maçon doit réaliser les mesures et les lignes de constructions qu’il souhaite au sol avant toute étape de pose de parpaings. Ces lignes vont jouer un rôle de guide tout au long de la pose.

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Ensuite il fait ce que l’on appelle un lit de colle, sur lequel il projette de l’eau, puis il y dépose les parpaigns un à un. Il faut que le mortier soit ni trop liquide ni trop dur mais assez compact pour être malléable à chaque pose de bloc. Tout au long de la construction, il se repère avec un niveau et un fil de plomb. Puis il jointe avec du mortier les espaces vides entre les parpaings.

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Alignement des blocs à l’aide d’un fil à plomb.

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LE BÉTON CIRÉ

Le béton ciré est une appellation employée pour désigner une technique de décoration, ayant pour finalité la réalisation d’un revêtement de sol ou mural, avec un mortier ou un béton coloré par pigmentation. L’évolution de la tendance et des avancés techniques dans le domaine de l’architecture ou dans la recherche des ciments et des adjuvants ont permis d’ouvrir de nouvelles perspectives à ce matériau. Pour les espaces extérieurs, le béton ciré est souvent utilisé en finition par dalles par incorporation de quartz ou de pigments avec ou sans motifs. En revanche pour les intérieurs, c’est une composition de mortier fin pigmenté sur dalle ou chape, ou encore du carrelage comme revêtement de finition. Le plus souvent il se retrouve dans les pièces d’eau ou de cuisine.

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TALOCHER

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Muni d’une taloche l’artisan dépose sa quantité nécessaire de béton ciré sur la surface qu’il souhaite enduire. L’artisan oriente son outil de profil au mur à 45 degrés pour une meilleure prise et application de l’enduit mais aussi pour lui faciliter son mouvement. La pose du béton ciré se commence en général de haut en bas. Toutefois, il est possible de s’arrêter à la moitée du mur pour reprendre à partir du haut. Ainsi les mouvements de l’artisan se croisent laissant sur la surface les stigmates du geste.


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À RETENIR Les Romains utilisaient déjà ses premiers bétons pour réaliser leurs travaux de décoration. Les ruines d’Herculanum et de Pompéi montrent les grandes variétés décoratives de ces mortiers. Ils les ont colorés, lissés avec parfois des incrustations. Le Terrazzo et les granitos sont des techniques décoratives de sol, ces techniques ancestrales permettent l’incrustation de cailloux de marbre dans un mortier afin de lui donner des propriétés de grande résistance et un aspect décoratif après ponçage (cf.p.69). En Afrique du nord, au Maroc plus précisément la technique du Tadelakt est un procédé généralement à base de chaux se retrouvant souvent sur les revêtements de sol ou dans les pièces d’eau (cf.p.70). Au Portugal, nous retrouvons la technique du Cemento alefado, ceci est un procédé de pigmentation du béton en saupoudrage avec le ciment pur.

Aujourd’hui nous retrouvons ces vestiges sur le pourtour méditerranéen, en Grèce, en Espagne et dans beaucoup de fermes et de bâtiments utilitaires. Bien souvent ces utilisations étaient d’ordres économiques.

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LE BÉTON DANS LA PRATIQUE DU «DO IT YOURSELF»

Ce que j’ai pu constater à travers les différentes pratiques du «Do it yourself», c’est que malheureusement bien souvent les procédés employés calquent les bétons de types industriels que nous retrouvons dans notre quotidien. Il y a comme une volonté de ne pas perturber le procédé déjà existant sans se réapproprier le matériau, par des expérimentations qui pourraient créer de nouveaux visuels. Béton très homogène et lisse parfois ponçé pour ne laisser aucun défaut apparent. C’est à croire qu’il y aurait une incapacité à s’émanciper de l’esthétisme industriel. Il est important de comprendre que le béton que nous pouvons trouver dans le domaine de la construction architectural ou dans l’urbanisme dégage des résultats parfaitement homogènes et lisses pour des raisons de procédés de fabrication soumis à des normes de sécurité. Ces types de bétons sont bien évidement destinés à des usages autres que celui de l’ameublement, entraînant des contraintes différentes : support de poids important, intempérie, résistance sismique etc.

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Allons nous vers le «syndrome» du béton lisse ?

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c) Proposition et ammorcement théorique.

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e que nous avons pu constater avec les points précédents, c’est que même si une petite poignée d’architectes se sont lancés dans la réalisation de constructions ou le béton devient interactif, grâce à des visuels esthétiques originaux. Il n’en reste pas moins que sur un plan artisanal ce matériau aujourd’hui fait du surplace quand à l’évolution de son procédé. Il n’y a plus de réelle motivation à vouloir confronter ce matériau avec d’autres ou à changer sa forme ou ses couleurs comme nous avons pu le voir avec les différentes techniques datant de l’antiquité. C’est la raison pour laquelle j’ai voulu expérimenter cette matière, pour réaliser une fusion entre le design et la pratique de la maçonnerie.

Avons-nous oublié que ce matériau possède de réelles capacités esthétiques quand à la fabrication de nouveaux concepts?

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Dans une volonté de créer ma propre collection de mobilier d’intérieur. L’objectif est de pouvoir transmettre une réélle expérience sensorielle. Le motif m’intéresse de même que les stigmates et les traces du geste, qu’il soit manuel ou engendré de manière numérique. Je suis tout de même conscient qu’à notre époque certains éléments sont à prendre en considération en tant que designer. Tout en développant mon concept j’ai adapté ma démarche en adoptant des réflexes écologiques et responsables, qui m’ont amener sur à la réflexion quant à l’hybridation* entre l’artisanat manuel et numérique.

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EXPÉRIMENTATIONS

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a) Apprivoisement de la matière.

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our restituer le contexte pour cette première expérimentation, je n’avais jamais auparavant réalisé de béton, j’ai uniquement assisté grâce à mes différents stages ou expériences personnelles, vu sur des chantiers comment il était fabriqué et appliqué. Cette première étape fut pour moi un premier contact avec ce procédé, comme une initiation afin de m’adapter et d’apprivoiser ce matériau. Dans un second temps, cela m’a permis de connaître ses caractéristiques en faisant couler une certaine quantité plus ou moins homogène dans des bouteilles de plastique, de différentes tailles et formes. J’ai utilisé pour cela des bouteilles de Coca-Cola, d’eau minérale, de diverses marques de sodas et même de produits ménagers. Je souhaitais voir comment le béton se propageait dans chaques recoins de ces différents récipients.

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Ci-dessus, j’ai utilisé de manière volontaire une quantité d’eau supérieur à ce que nous devions mettre pour la réalisation d’un béton classique pour éviter toute craquelure ou déformation. Après quelques heures, le béton a séché uniformément, le ciment liquide s’est réparti parfaitement dans les rainures et s’est correctement plaqué sur les parois de la bouteille.

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C’est alors qu’une réaction chimique a rendu la couleur de mon béton vert et brillant. Cet effet a dû être provoqué par le produit que j’ai utilisé pour rincer chaque bouteille.


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Pour le second procédé, je suis parti d’une base liquide puis tout en remuant continuellement j’ai rajouté du ciment à la composition. Je souhaitais voir ce que donner le résultat de plusieurs coulages de béton de différentes épaisseurs.

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Le résultat final a donné un béton tout aussi brillant que la première expérimentation, dû à la paroie très lisse du plastique. Mais ce procédé a particulièrement donné un effet de strates à certains endroits, lui donnant un aspect marbré.


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Je souhaitais créer un procédé de coloration naturel de béton pour cette 3 ème expérimentation en bouteilles. A l’aide d’une brique rouge de construction réduite en poudre pour réaliser du pigment afin de l’intégrer à ma composition. J’ai préalablement concassé le bloc à l’aide d’un marteau et ensuite rappé les différents morceaux à l’aide d’une lime pour obtenir une texture homogène.

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Pour cette phase d’expérimentation j’ai également conservé la méthode de réalisation du second procédé pour avoir le même résultat visuel de strates. Les pigments ont créé un liant rougeâtre dans le béton encore liquide. Une fois sec il était tâcheté (cf.p.88).


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«Le signe, le décor, le motif disparait, la façade devient lisse, sans information». Rudy Ricciotti (cf.p.44)

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CONSTAT Dès que nous commençons à changer et à perturber son procédé de fabrication nous arrivons à découvrir d’autres résultats esthétiques. Mais il m’a fallu réaliser au moins deux bétons tests, afin d’obtenir un béton homogène qu’il soit liquide ou plus dense pour qu’il puisse se coller parfaitement aux parois. C’est un point positif qui m’a permis de perdre moins de temps sur mes secondes expérimentations. En ce qui concerne le démoulage, les bouteilles n’ont pas forcément besoin d’être huilée au préalable, une simple ouverture au cutter suffit. L’inconvénient de ce procédé est que la lame peut abîmer la surface bétonnée si l’on n’y prend pas garde. De plus, d’un point de vue écologique les bouteilles ne sont pas réutilisables et sont donc jetées après chaque utilisation. C’est un point que j’ai souhaité prendre en compte dans l’évolution de mon concept.

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«Faire du design, ce n’est pas penser pour faire, mais faire pour penser». STEPHANE VIAL

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b) Fossilisation du geste numérique.

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’idée de confronter la maçonnerie aux nouveaux moyens de conception ne m’est pas venu instantanément. En tant que designer, je suis trop souvent figé sur le résultat final sans prendre de recul sur ce que je suis réellement capable de produire. Mon problème était de réduire la consommation de plastique dans l’évolution de mon procédé. Étant dans la capacité de produire moi-même des réalisations 3D, cette étape fut bénéfique pour trouver une solution à mon problème et de donner plus de profondeur quant à l’hybridation de mes deux domaines de compétences le design et l’artisanat. De part la conception assistée par ordinateur, j’ai réalisé différents types de moules par impression 3D. Nous savons à présent que le béton s’imprègne au micron prés aux parois sur lesquelles il est moulé. L’impression 3D par dépôt de fil génère des strates après couches de matière de la mise en volume de l’objet dans l’espace. Je souhaite appliquer ces strates que je qualifie comme geste artisanal numérique sur mes nouvelles surface bétonnées.

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A l’aide d’un logiciel de modélisation 3D (fusion 360), j’ai réalisé un socle avec une surface structurée pour que le béton puisse y couler à l’intérieur et réinterpréter ces motifs modélisés. Une fois la pièce imprimée par dépôt de fil en ABS*, j’ai utilisé des feuilles de plastique rodoïde que nous utilisons principalement dans le domaine de l’impression pour faire office de parois pour que ma forme bétonnée prenne une certaine hauteur.

Pour avoir un récipient relativement hermétique j’ai scotché toute ces feuilles qui enrobent l’empreinte sur toute sa surface. Pour la réalisation de mon nouveau béton j’ai utilisé le même ciment dont je me suis servi pour mes expérimentations précédentes. Cette fois ci j’ai respecté le procédé de fabrication et le dosage des ingrédients ciment et eau d’un béton classique.

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LES STIGMATES D’UN GESTE NUMÉRIQUE

Les résultats de cette expérimentation m’ont une fois de plus montré les capacités plastiques du béton. Celui-ci s’est parfaitement adapté aux parois de la pièce de manière homogène, même dans les motifs les plus complexes. N’ayant pas opté pour l’utilisation d’huile sur les surfaces du moule, j’ai rencontrer quelques difficultés pour le démoulage de celle ci. Une fois démoulé, j’ai pu découvrir une surface de béton, réinterprétant les strates des couches de dépôt du fil de la pièce 3D. En ce qui concerne la surface, il est intéressant de constater que grâce à ce procédé, la surface n’est plus lisse mais bien pourvu de graphisme, de stries et de lignes encrées dans la matière, qui créé un aspect visuel différent et un touché bien caractérisé. C’est sur cet axe de réflexion que j’ai décidé de travailler sur un autre moule avec d’autres motifs pour que le béton puisse fossilisé dans la matière le geste numérique de l’impression.

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Toujours avec le même logiciel pour obtenir un gain de temps et pour ne pas utiliser trop de matière, j’ai conçu un moule en 3D divisé en 4 parties. Pour faciliter le démoulage de la pièce j’ai créé des encoches aux extrémités de mes pièces pour que chacune d’elles soit emboîtable et démontable entre elles pour pouvoir éliminer l’utilisation de rodoïde. Ces pièces ont des motifs différents. Une avec un motif triangulaire composé d’arêtes vives, une autre avec une répétition de demi-cercles m’inspirant du travail de Peter Zumthor pour sa chapelle. Les deux autres réutilisant le concept des stries de couches du dépôt de fil. 101


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Ayant emboîté chaque pièce entre elles, j’ai tout de même scotcher certains endroits pour éviter tout débordement de matière lors du coulage de béton. Avec le même ciment gris que j’utilise depuis le début de mes expérimentations, j’ai créé un béton avec un procédé classique cette fois-ci pour un meilleur résultat visuel des motifs dans la masse.

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Pour obtenir une pièce sans défaut avant le coulage du béton, j’ai huilé les surfaces internes du moule à l’aide d’une huile alimentaire. Le démoulage fut conforme à mes attentes, je n’ai eu aucune difficulté à l’effectuer et ma pièce fut intacte. Le béton a également reproduit sur sa surface les différents motifs et l’huile a permis une vraie avancée technique pour la phase finale. C’est un élément à ne plus négliger pour mes futures conceptions.


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c) Vers un béton sensoriel.

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es diverses expérimentations pratiques m’ont permis de développer d’autre procédés d’utilisation de béton que l’on peut retrouver dans notre quotidien ou celui que l’on veut mettre en œuvre soi-même pour des éléments de décoration. Pour cela j’ai souhaité que mon béton adopte une certaine sensorialité, premièrement par son aspect visuel trompeur aux premiers regards par ses différentes textures. La prise de contact par le toucher vient faire communiquer à son usager la matière exacte. C’est ce lien que j’ai souhaité mettre en avant tout au long de mes recherches, créer une interraction entre l’homme et la matière. Le procédé que j’ai mis en place a pu permettre à mes connaissances et pratiques artisanales de se conjuguer avec mes compétences en design. J’ai nommé cette hybridation «Osmose». Les pages qui vont suivre mettent en avant le concept du béton sensoriel pour une gamme de mobiliers que je développe actuellement.

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«Less is more» LUDWIG MIES VAN DER ROHE

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PROJECTIONS FORMELLES

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a) Quand le geste numérique s’allie au geste artisanal.

C

ette année à l’occasion d’un worskshop, réalisé au studio des arts codés à Bagnolet (93). J’ai eu l’opportunité de m’entretenir avec Sonia Laugier, ingénieur/designer et fondatrice du studio. Nous avons parlé de la dynamique qu’elle et son équipe mettent en place depuis quelque années, à créer une réelle synergie entre les métiers de la programmation numérique et l’artisanat traditionnel. Elle m’a rapporté lors de cet échange, qu’il existe encore une dualité entre ces deux domaines de professions, et très peu d’ouverture d’esprit et de capacités de la part des artisans et des ingénieurs, à comprendre l’importance d’harmoniser leurs savoir-faire. Son rôle en tant qu’ingénieur et designer, est comme celui d’une passerelle, elle crée un lien entre la main de l’homme et la programmation par ordinateur, par de multiples projets. Il ont su démontrer que l’hybridation est possible et même nécessaire pour éviter la disparition de certains métiers, mais aussi apporter d’autres applications dans notre société.

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Tabourets aux motifs réalisés par fraisseuse numérique, Les arts codés.

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LE MÉTAL MARTELÉ

Si le béton fait parti des matériaux que j’utilise pour le développement de ma collection, j’ai souhaité l’allier avec un second matériau : le métal. En effet, cela fait 3 ans que je travaille cette matière en atelier par différentes conceptions (cf.p.115 à 119). Depuis le début de mes expérimentations je travaille sur ses caractéristiques de malléabilité. Ces deux matières ont toutes les deux un aspect froid et lourd, mais qui peuvent être transformées par la main de l’homme. Le métal par la chaleur, et par des techniques de forge ou de chalumeau pratiquées en ferronnerie, soit en dinanderie par le martelage.

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Brasero Lotus

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Table Onda

Le martelage issu du métier de dinandier est un procédé ancestrale qui peu à peu disparaît en France. Je souhaite remettre au goût du jour ce savoir-faire dans un contexte plus contemporain. Ce procédé consiste à l’aide de marteaux de différentes tailles et de largeurs, de frapper le métal sur une enclume pour en obtenir des motifs. Plus le geste est fort plus le martelage est encré dans la matière et inversement. Ainsi comme pour le concept du béton sensoriel, le geste manuel est inscrit dans la masse ne laissant que les traces du passage de la main de l’homme.

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Frise martelée pour table d’appoint Gala Frise martelée pour table d’appoint Osmose Frise martelée pour table d’appoint Osmose

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«Osmose» aura la particularité d’être une collection de mobilier positionnée dans le haut de gamme. Conçu d’un seul moule à partir d’une impression 3D, étant divisé en 3 parties, il permettra à la création de 3 objets différents. «Less is more» célébre devise de l’architecte et designer Ludwig Mies van der Rohe, le plus dans le moins, c’est dans cette dynamique que j’ai pu trouver forme à mon concept. En ce qui concerne le design du moule je me suis inspiré des techniques de moulages artisanales utilisées dans le métier de céramiste. 120


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220

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200

200

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D’une hauteur de 50 cm, il est conçu pour générer 3 types de piétements en béton de différentes tailles et largeurs destinés à la création d’une table d’appoint, d’un vide-poche et d’une lampe d’intérieur. J’ai pour ambition de proposer un nuancier composé d’une palette de 3 motifs de bétons sensoriel, que le client pourra personnaliser avec différents motifs de métal martelé (cf.p.115). Chaque moules étant réutilisables pourront assurés la création en petite série. Ce qui permettra d’entreprendre une démarche écologique afin d’éviter tout gaspillage de matière.

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Je suis actuellement en pleine phase de prototypage. Je passe en revue chaque détail technique et j’essaie d’y apporter des améliorations sur un plan visuel. En attendant de pouvoir imprimer mes moules structurés, j’utilise un cône de chantier pour obtenir à l’échelle chaque piétement en béton (cf.p.126). Cela me permet une mise en volume trés proche de l’idée de mon concept. Mon autre objectif est de pouvoir travailler d’autres métaux, comme le laiton et le bronze pour agrandir ma profondeur de gamme. Pour le traitement visuel de mes piétements, je vais réaliser un stage chez un créateur de mobilier en béton. Il a l’intention de m’apprendre différentes techniques, comme celle de la coloration à la cire. 125


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Prototype table d’appoint Gala Collection Osmose

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Vide-poche Ora Collection Osmose

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Lampe Luna Collection Osmose

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CONCLUSION

M

es recherches et mes expérimentations m’ont permis d’élaborer un premier contact avec le béton. Elles m’ont donné des réponses concluantes aux questions que je me suis posé concernant les capacités de ce dernier. J’ai pu réaliser à quel point le béton a été et peut-être encore utilisé à des fins plus poétiques et artistiques contrairement à ce que nous pouvons observer aujourd’hui. Les pratiques ancestrales, comme le terrazzo sont des techniques de béton qui peut nous ramener à un rapport sensoriel, écologique et plus humain . Le but n’est pas uniquement de revenir sur des modes de fabrication de béton ancien, mais d’utiliser ses connaissances et ses capacités en matière de design pour allier une pratique moderne à ces pratiques anciennes. Seule une hybridation des ces vieux savoir-faire avec les nouveaux outils de conception numérique peut nous amener au développement de concepts innovants. Le béton, ce matériau simple d’utilisation et au coût moindre, cache toutes ses ressources par notre manque d’approche. Partout sur le globe nous avons exploité ce matériau inutilement et souvent comme simple «cache-misère». C’est pour cette raison même que nous ne pouvons affirmer avoir une totale connaissance de son utilisation. C’est ce qui aujourd’hui me pousse à aller encore plus loin dans la rencontre avec cette autre matière grise.

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GLOSSAIRE HYDROLISE *

Décomposition chimique d’une substance par l’action directe ou indirecte de l’eau.

MONOLYTHIQUE*

Qui forme un ensemble rigide, homogène.

LA PRÉ-CONTRAINTE*

Compression préalable du béton afin d’en augmenter la résistance.

LA FUMÉE DE SILICE*

La fumée de silice provient de la réduction de quartz de grande pureté par du charbon dans des fours à arc électrique utilisés pour la production de silicium et d’alliages de ferrosilicium ; elle est formée de particules sphériques très fines (environ 0,001 mm) contenant au moins 85 % en masse de dioxyde de silicium amorphe. La teneur en silicium élémentaire, si elle est déterminée conformément à l’ISO 9286, ne doit pas être supérieure à 0,4 % en masse.

HYBRIDATION*

Mélange de deux pratiques complétement opposées l’une de l’autre.

PLASTIQUE ABS*

L’acrylonitrile butadiène styrène ou ABS est un polymère thermoplastique présentant une bonne tenue aux chocs, relativement rigide, léger et pouvant être moulé. Il appartient à la famille des polymères styréniques.

DINANDIER*

Artisan d’art, le dinandier fabrique des objets utilitaires et décoratifs par martelage à partir d’une feuille de cuivre, d’étain ou de fer-blanc.

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SOURCES p.12/ «les matériaux s’accordent... » Livre de Peter Zumthor, Atmosphères 2006. p.14 à 23/ Conférence sur l’histoire du Béton par Philippe Dehan pt.1,Youtube et 200 ans d’histoire de la construction en béton par EGF BTP. 2018 ,Youtube. p.46/ « De plus en plus la globalisation... », Interview de Ruddy Ricciotti – Emission L’invité – 2013, Youtube. p.47/ « La maçonnerie et non seulement une écriture... » de Bernard Magnouloux Le geste du maçon (jointoyage – pointing) 2015, Youtube. p.50 à 51/ Illustration d’artisans maçons au moyen âge, http://passerelles.bnf.fr/ dossier/macon_05.php p.52/ Description des différents mortiers, https://www.futura-sciences.com/maison/questions-reponses/bricolage-beton-mortier-ciment-difference-7259/ p.55/ Les différents granulats utilisés dans le béton, https://www.infociments.fr/ sites/default/files/article/fichier/CT-G10.30-41.pdf p.59 à 60/ Technique de projetage - projeter manuellement un enduit sur de la pierre, 2017 Youtube. p.61 à 62/ Technique de la giclée ou du gobetage - Le geste du maçon (jointage – pointing), 2015 Youtube. p.63 à 64/ Technique d’élévation de mur - Comment construire un mur de briques ? par EQIOM A CRH Company, 2019 Youtube. p.66 à 67/ Technique pour talocher le béton ciré à l’éponge - Comment enduire un mur taloché à l’éponge facilement, 2018 Youtube. p.68 à 70/ Les bétons cirés et décoratifs - https://fr.wikipedia.org/wiki/B%C3%A9ton_cir%C3%A9, Wikipédia. p.91/ « Faire du design, ce n’est pas penser pour faire… » Stéphane Vial dans son livre – Court traité du design, 2015. p./120 «Less is more» devise de Ludwig Mies van der rohe, figurant dans le livre L. Mies van der rohe, collection Taschen, 2015. 136



Licence Pro Artisan . Designer - Promotion 2018/2019



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