Kevin Guiri Couderc M2 Codum - 2021
LE CONFINEMENT DES ΔSTRES. L’atmosphère carcéral : un vivier de problématiques sociales, le design comme remède.
LE CONFINEMENT DES ΔSTRES.
L’atmosphère carcéral : un vivier de problématiques sociales, le design comme remède.
Kevin Guiri Couderc M2 Codum - 2021
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Je tiens tout d’abord à remercier l’ensemble du corps enseignant de l’ISCID de Montauban pour leur travail, autant pour la transmission de leurs savoirs et le partage de leurs expériences professionnelles, ainsi qu’à tous les membres de la promotion Master Codum 2019 à 2021. Je remercie également le service pénitentiaire d’insertion et de probation de Montauban pour l’accueil et l’échange que nous avons pu avoir concernant mon projet. Bernard gérant de la boutique Southpainters à Toulouse pour son témoignage d’ancien détenu.
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Merci à tous .
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VISITE GUIDĒE Introduction Partie 1 | Le design de l’empathie : lumière sur le design social. 1.1 Designer : un métier «d’exécutant» ou «acteur du changement» ? 1.2 Contexte et enjeux du design social. 1.3 L’atmosphère carcéral : vivier de problématiques sociales.
Partie 2 | Naissance du carcéral, une institution de surveillance et de punition. 2.1 Les origines de l’univers pénitencier. 2.2 L’ architecture panoptique de Jérémy Bentham et ses conséquences. 2.3 Réformes et solutions architecturales : vers des prisons dites «plus humaines».
Partie 3 | Repenser les parloirs visites. 3.1 3.2 3.3 3.4
Réfléxion sur la notion d’atmosphère par nos sens et en société. Analyse des parloirs visites en milieu carcéral. Le confinement des astres : un autre regard sur la matière béton. Des visites «corporelles», la traduction d’une gestuelle.
Conclusion | Une projection dans l’avenir. Bibliographie
INTRODUCTION
Un constat actuel du milieu carcéral en France.
Cela fait bientôt 5 ans que j’ habite derrière la maison d’arrêt de Montauban (82). Depuis ma fenêtre, il m’arrive d’entendre les détenus communiquer entre eux, parfois même de les entendre chanter. Ces échos qui me sont parvenus m’ont rappelé qu’il existe des personnes enfermées, non visibles pour ceux de l’extérieur, qui suite à une faute commise dans la société s’en sont retrouvées mises à l’écart. Exclues de la vie ordinaire, elles paient leur peine par une distanciation sociale extrême. Dans son essence et dans sa structure, le système carcéral français n’a que très peu évolué depuis sa création au 17e siècle sous le régime de Louis XIV. «Surveiller et punir» sont restés les maîtres mots d’une prison de 1656 à aujourd’hui. Les chiffres des différents avis et rapports que je cite à travers ce mémoire nous démontre que institution est archaïque.
En clair, l’institution carcérale ne change pas la condition des hommes. Elle veut les rendrent dociles par la punition par la privation sous la surveillance, mais ne tant pas à rééduquer et reconstruire un être en vue d’une meilleure réinsertion. Elle marque l’esprit de chaque détenu, «soignant le mal par le mal». Mes investigations sur le sujet m’ont conduit à m’intéresser au SPIP de Montauban (Service de Probation et d’Insertion Pénitentiaire) mais aussi, m’ont permis de m’entretenir avec d’anciens détenus. Je me suis rendu compte que le milieu carcéral est un domaine qui reste méconnu du grand public tant dans sa constitution que par le vocabulaire institutionnel qui l’accompagne. FOUCAULT Michel «Surveiller et punir» Naissance de la prison, Edition Tel Gallimar 1974. Avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE), «La réinsertion des personnes détenues : une affaire de tous et de toutes.» 2019
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Une institution à huit clos présente dans la plupart de nos villes et qui reste pourtant un lieu inconnu pour les designers qui s’y sont peu intéressés. En vérité, la prison a de près comme de loin impacté le quotidien de quelques-uns de mes proches. C’est la raison pour laquelle cette institution a suscité davantage ma curiosité par les différents phénomènes sociétals et physiologiques que l’expérience carcérale peut engendrer chez l’homme. Certains on reprit le cours de leur vie sans problème quand d’autres ne s’en sont jamais vraiment remis.
D’un point de vue extérieur, une prison ne crée qu’un regard négatif. Ces grands murs de béton élevés ne nous souhaitent pas la bienvenue. Pour autant à l’intérieur, c’est tout un mode de vie, un microcosme qui s’organise, régit par des consignes et de la surveillance rendant docile chaque individu perpétuellement observé. On peut se demander ce que représente la prison : s’agit-il seulement pour une société d’isoler un être pour des questions de «sécurité» ? Ou alors, l’être enfermé symbolise t’il la part d’ombre présente en chacun de nous que nous préférons ignorer ?
GUIRI COUDERC Kevin, Maison d’arrêt de Montauban (82), 2021, Phototographie.
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Quel rôle pour le designer ? C’est ce milieu de vie, cette société cachée qui a interpellé l’attention et stimulé la curiosité du designer que je suis. Un mode de vie qui a su être révélateur de plusieurs enjeux sociétals et humains.En effet, depuis longtemps je dessine des objets et du mobilier, étant toujours à la recherche de nouvelles formes, d’un nouvel esthétisme ou d’une nouvelle combinaison de matières. Créant sans réellement répondre à des problématiques concrètes. En prenant un peu de recul sur cette situation et sur ma pratique, j’ai constaté que nous étions finalement un grand nombre de designers à perdre notre singularité de par la quantité et non la qualité d’objets conçus sans conviction et donc dénués d’âmes. Cette phase de réflexion a donc suscité un questionnement sur le réél devoir et action qiun designer doit mener à son époque. D’où ces deux questions : le designer est-il un simple exécutant pris dans une dynamique mercantile et une recherche de compétitivité sans fin ? Ou a-t-il vraiment le choix dans son métier de travailler comme bon lui semble sans subir la pression sociale au risque de ne plus faire son métier ?
GUIRI COUDERC Kevin, Esquisse primitive sur le domaine carcéral, 2021 Illustration.
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La prison, une atmosphère toxique ? Depuis de nombreuses années toutes ces problématiques ont créé une atmosphère toxique comme processus tendant vers la déshumanisation des détenus. Dans une prison «tout est violent» dira Karim Mokthari ancien détenu, devenu activiste pour l’amélioration à la réinsertion des détenus. Une violence invisible confinant les corps mais aussi les esprits. Afin de transposer ma vision créatrice et ma pratique du design, j’ai souhaité réutiliser cette notion d’atmosphère dans la conception d’un tiers lieu au sein d’un établissement carcéral. Une atmosphère qui tend vers la guérison tant par son architecture que par le choix des matériaux mais aussi dans l’usage pour lequel le lieu est destiné.
A titre d’exemple, Louis Sullivan un des pionniers de l’architecture américaine a développé son concept de création en 3 mots : «forms fellows function» se traduit littéralement par «la forme suit la fonction, ou son usage». Si je devais moi-même traduire mon concept, j’aurais tendance à penser que la forme née et découle de tout ce que le contexte nous raconte. En quelque sorte, elle est la traduction physique et concrète d’un message abstrait et non palpable. En cela, la notion d’atmosphère est un «objet» sur lequel je souhaite m’appuyer en tant que designer.
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MOKTHARI Karim «Engagé contre le tout carcéral» conférence témoignage TEDxAlsace Youtube, 2019. SULLIVAN Louis, La lutte pour l’architecture américaine» Youtube 2020, https://www.youtube.com/watch?v=aAZEM-hloTM KORGANOW Gregoire, «Prison», serie photographique pour le CGLPL, 2011-2013, Photographie.
Sur le plan physique et astronomique, dans notre atmosphère spatiale, il existe des objets célestes appelés nébuleuses. Ces gigantesques poches composées de poussières interstellaires et de gaz raréfié, renferment en elles même d’autres objets que l’on appelle des astres. Certaines nébuleuses sont appelées nébuleuses obscures ou d’absorption, de par la forte teneur en gaz et de poussière et de leur faible composition d’étoiles. Elles ne permettent pas aux astres de briller de leur éclat, confinant leur lumière pour les sombrer dans le néant. Ce phénomène astrologique crée une métaphore faisant écho avec l’atmosphère d’une prison. Comme une nébuleuse obscure, dans la majorité des cas une prison néglige toute forme de lumière qui se dégage de ses occupants comme des astres destinés à s’éteindre à cause de l’atmosphère qui la compose. Cette atmosphère sombre, trouble la vision d’un éventuel horizon post-carcéral, altérant au vue d’une bonne réinsertion dans le monde extérieur.
CRAWFORD Ken, «la nébuleuse tête de cheval B-33», 2011, Photograhie.
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Comment le design peut socialement favoriser la revalorisation des détenus ? Ma démarche est avant tout sociale. J’ai souhaité travailler sur la revalorisation des détenus tout en changeant le regard des gens sur les conditions carcérales. Suite à un entretien avec Bernard, un street-artiste Toulousain et ancien détenu, j’ai eu l’opportunité d’apprendre davantage sur la situation des prisonniers qui manquent cruellement de moyens d’expression. Pour Bernard, à l’intérieur de beaucoup de cellules dorment en silence des artistes et des inventeurs. Lui-même impuissant face à cette situation, il sait qu’il ne voit là qu’un «potentiel gâché». Conscient que leurs pratiques une foi bien exploitée, pourrait être une véritable porte de sortie afin d’entreprendre un réel processus de réinsertion constructif. Contrairement à ce que nous connaissons des autres lieux de vie ou lieux de passage, l’institution carcérale joue sur les deux tableaux, à la fois lieu de résidence et salle d’attente. Chaque détenu attend sa fin de peine dans une confusion quand à la destination qu’il prendra.
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ONE siker (Bernard) , graff sur extincteur, «Expression de répression», Technique aerosol, 75x16, 2019.
Bernard alias ONE siker, fresque sur mur, Hotel des beaux art, Peinture et technique aérosol, Toulouse (31), 2020.
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Mon objectif est d’apporter de la clarté dans cette attente. À travers un dispositif scénographique, je souhaite interprêté le comportement du détenu. Depuis bientôt 3 ans, je m’intéresse à un matériau en particulier : le béton. J’ai pu expérimenter et comprendre au fil du temps qu’il n’est selon moi pas considéré à sa juste valeur en ce qui concerne ses caractéristiques techniques très variées. Décrié aussi pour sa composition étant comme non recyclable et polluant tout en oubliant les procédés anciens et écoresponsables de ce dernier : béton de terre, béton de chaux, liant de fibres de paille ou fibres de chanvre. C’est peut-être pour cette raison qu’il est le matériau phare des prisons, nullement considéré comme noble, il est partout. Il crée la rupture froide entre l’extérieur et le milieu pénitencier de par ces hauts murs lisses qui englobent, confinent les hommes et l’espace. Ce projet puise son inspiration dans les travaux de différents architectes, designers et artistes comme : Tadao Ondo pour son travail architectural de la lumière, Peter Zumthor pour ses travaux sur l’expérimentation du béton, Anaelle Bouthier pour son espace de ressourcement en milieu hospitalier, ou encore Catherine Réchard pour sa série photographique sur les objets créés en cellule. Pour faire vivre cette cohérence avec le contexte du lieu, ma démarche est d’exploiter différemment ce matériau. Je veux démontrer qu’il n’est pas qu’un simple matériau industriel et monolithique, mais qu’il peut au contraire raconter une histoire : celle d’un détenu enfermé, le reflet d’un astre confiné.
GUIRI COUDERC Kevin, Hall d’entrée de la résidence Carnavalet, Marseille (13), 2019 Photographie.
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PREMIĒRE PΔRTIE
Le design de l’empathie : lumière sur le design social
« Le designer n’est alors
logiquement rien de plus et rien de moins qu’un outil mis entre les mains du peuple. Victor Papanek
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1.1 Designer : un métier d’exécutant ou acteur du changement ? Il y a quelques années, je ne me rendais pas totalement compte de l’importance du design et de son impact sur la société. Mon regard n’étant que fixé sur des travaux de réalisations industrielles ou sur les catalogues de créations, expositions de petites séries d’objets artisanaux. Je n’envisageais pas le fait qu’il puisse s’étendre au delà de ces simples champs d’application.
Au fil du temps, je vois qu’un nombre trop important de ces objets ou de ces services naissent dans l’unique but de proposer de nouvelles offres artistiques plutôt que de trouver des solutions à de réels problématiques sociétaux ou environnementaux. Il est compréhensible que de s’intéresser et de s’engager dans un domaine que l’on maîtrise peu, peut être déstabilisant. Mais ayant pris conscience des capacités et des outils que dispose le designer, qui sont à mon sens recevables pour de tels enjeux, afin de fournir des propositions innovantes. A titre de comparaison, être vues comme des remèdes dans un processus d’amélioration ou de guérison des maux de notre société.
POTTER Norman, citation p.16 «un designer travaille par et pour les autres et qu’il s’intéresse...», «Qu’est ce qu’un designer» p.82, Edition b42 2018. GUIRI COUDERC Kevin, Esquisse primitive sur le domaine carcéral, 2020 Illustration.
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Je partage la vision de Norman Potter quand il compare le métier de designer à celui d’un médecin. Il cite : «un designer travaille par et pour les autres et il s’intéresse davantage à leurs problèmes qu’aux siens. A cet égard, on pourrait le voir comme un médecin investit des mêmes responsabilités en termes de précision du diagnostic par le biais de l’analyse du besoin et de pertinence du traitement». Non pas que le designer soit supérieur à tous ceux et celles qui l’entourent mais sa formation lui permet d’être leur œil qui prend conscience et qui déchiffre. Le designer a-t-il une quelconque responsabilité dans se qu’il produit ? J’ai pu trouver quelques éléments de réponse lors de mes différents stages.
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POTTER Norman, «Qu’est-ce qu’un designer» Edition b42 2018. Illustration.
J’ai constaté qu’il existe au sein du design produit différents types de profils plus ou moins concernés sur l’engagement environnemental ou social. Certains designers ou créateurs indépendants que j’ai rencontré possédent une liberté beaucoup plus intéressante et ont les capacités de choisir les projets qui correspondent à leur éthique ou leur vision de concevoir. Mais j’ai également vu des personnes uniquement considérées comme simples exécutants ayant comme seules tâches à produire un dessin, une 3d, un prototype. Ce qui amène une perte de créativité et de liberté qui je le crois peut devenir une dérive de notre profession. Je pense que le design se doit de rester le domaine de création qui traite les problématiques importantes et que le designer ne peut y échapper.
Si le philosophe Rabelais a pu dire : «la sicence sans conscience est ruine de l’âme», je dirai que le designer qui ne s’engage pas dans la résolution provoquera à terme la ruine de l’âme du design.
PAPANEK Victor et HENNESSEY James, Relaxation Cube from Nomadic Furniture 1, 1973, Photographie. RABELAIS François, citation «la sicence sans conscience...», https://la-philosophie.com/science-sans-conscience , 2016
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1.2 Analyse et enjeux du design social. Depuis une dizaine d’années des designers tentent de sortir du carcan du design purement industriel qui à leurs est moins accés sur l’aspect humain et sur l’analyse des usages. On donne alors de nouveaux termes pour parler de ces nouvelles pratiques du design émergentes : «Design social ou Design care». Admirateur du travail de Jean Prouvé dans les années 50 pour sa proposition de logement de sans-abris «les maisons des jours meilleurs» répondant à l’appel du 1er Février 1954 de L’Abbé Pierre. J’ai vu en cette initiative, une réelle hybridation entre le design industriel et une réelle problématique sociale que je n’avais retrouvé à ce jour en aucun exemple concret chez mes contemporains.
AFP PHOTO / INTERCONTINENTALE, L’Abbé Pierre sourit à une fillette d’une famille sans abris, à Paris le 2 février 1954. Photographie.
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BOURGOURD Caroline, photographie d’une «maison des jours meilleurs» issue de son article « L’abbé Pierre et Jean Prouvé un rendez-vous manqué ?», 2011.
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BOURGOURD Caroline, photographie d’une «maison des jours meilleurs» issue de son article « L’abbé Pierre et Jean Prouvé un rendez-vous manqué ?», 2011.
Jusqu’à ce que mes recherches aboutissent à la découverte de plusieurs designers tel que le studio Étrange Ordinaire, les Sismo ou encore la designer Anaelle Bouthier et bien d’autres designers ayant comme point commun : l’engagement social. Mes résultats aboutissent à l’observation d’une nouvelle branche du design se faisant appeler tout simplement le design social. Mais qu’est-ce que le design social à proprement parlé ? Avant de répondre à cette question, il faut d’abord se pencher sur la définition du social et de ce que peut être une démarche sociale.
BODET Batiste, Aménager l’hôpital pour accueillir les familles, projet réalisé par Etrange Ordinaire, AP-HM Assistance Public-Hôpitaux de Marseille, 2016, Photographie. CNRTL, définition du mot «social», https://www.cnrtl.fr/definition/soci%C3%A9t%C3%A9.
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BODET Batiste, Aménager l’hôpital pour accueillir les familles, projet réalisé par Etrange Ordinaire, AP-HM Assistance Public-Hôpitaux de Marseille, 2016, Photographie.
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Qu’est-ce que «le social» ? La question peut paraître assez simple tant le terme est utilisé, médiatisé à grande échelle dans énormément de discours. La notion reste pourtant souvent inconnue du plus grand nombre. Le terme social ou l’expression «le social» recouvre deux choses distinctes. Le terme d’origine d’écrit l’ensemble des interactions humaines dont le premier rapport se fait d’abord vers soi-même. Le terme social recouvre l’ensemble des phénomènes sociétaux que saisit la sociologie, notamment quand elle se résume à des statistiques. L’expression «le social» est souvent dirigée vers l’action collective qui défend la société des agressions qu’elle subit ou qu’elle s’inflige. «Le social» relève ainsi simultanément du sociétal et de la nomination de ce que l’on appelle communément les «problèmes sociaux» qui sont déterminés et régulés par l’action publique ou associative. Dans son sens global, on peut le définir comme les relations qu’on entretient les uns avec les autres au sein d’une même société. Puis, dans un sens plus politique, faire du social c’est faire en sorte de gommer les inégalités qui peuvent exister entre les gens d’une même société. Ainsi, pour réussir à offrir à chacun ce qu’il faut pour vivre et exister depuis des décennies, on imagine toutes sortes de politiques dites sociales pour maintenir un certain niveau de cohésion entre les différentes personnes (même s’il me semble, qu’il faudrait plus parler de maintien de cohésion entre les différents groupes qui stratifient la société). Effectivement, on est passé d’une définition de relation entre les personnes à des relations entre les différents groupes qui composent la dite société. CITÉ DU DESIGN «Quand le design concoit... pour tous », Edition Cité du design 2015. Illustration SISTACH Dominique article pour Temps présent «Fragments sur les temps présent, qu’est-ce que le social?», 2009. DORNE Goeffrey «Pour un design de l’indépendance» conférence Blend Web Mix, Youtube, 2018.
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L’intégration d’une dimension sociale dans une démarche de design place premièrement le designer dans une configuration à plusieurs casquettes. Il ne lui suffit plus d’appliquer sa pratique de spécialiste uniquement quand on lui demande, mais de se transformer préalablement sur chaque étude de cas en un véritable chercheur, quelque fois sociologue, anthropologue et voir même en philosophe.
Cette pratique multidisciplinaire pousse davantage le designer a sortir de sa zone de confort afin de se confronter aux problématiques de certains modes de vie bien souvent oubliés, isolés, voir même délaissés des services publiques. C’est dans cette confrontation directe avec le monde qu’il va pouvoir constituer sa méthodologie de travail avec l’analyse des problématiques qu’il aura récoltés. Qu’il soit designer industriel, graphique ou d’espace, ses compétences lui permettront de créer une articulation entre ces divers enjeux sociaux et sa pratique. Le design social n’est donc pas seulement une pratique d’émergence d’innovations et d’amélioration de la société, mais elle permet de créér des liens matériels et humains, là où il y en a plus, afin de construire des passerelles vers l’auto-dépendance des usagés (pour ne pas dire clients) sur chaque projet. Cette pratique occulte une certaine starification du designer, le projetant vers une mise en avant inutile, mais au contraire elle valorise les usagés, les rendant acteurs d’une démarche de design devenue participative.
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Social: adjectif et nom masculin 1. Relatif à un groupe d’individus (êtres humains) considéré comme un tout (société) et aux rapports de ces individus entre eux. Rapports sociaux. 2. Propre à la société constituée.
CNRTL, définition du mot «social», https://www.cnrtl.fr/definition/soci%C3%A9t%C3%A9. Abrassart, C., Gauthier, P., Proulx, S. & Martel, M. D. «Le design social : une sociologie des associations par le design ?» Le cas de deux démarches de codesign dans des projets de rénovation des bibliothèques de la Ville de Montréal. Lien social et Politiques (73), p.117–138. 2015
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Le design pour tous vise à garantir à chaque personne des chances égales de participation à tous les aspects de la société. Pour y arriver, l’environnement bâti, les objets de tous les jours, les services, la culture et l’information - bref, tout ce qui est conçu et créé par des personnes pour être utilisé par des personnes - doit être accessible, utilisable par chaque membre de la société et tenir compte de l’évolution de la diversité humaine. La mise en pratique du design pour tous se base consciencieusement sur l’analyse des besoins et aspirations humaines et sollicite la participation des utilisateurs finaux à chaque étape du processus de design. Déclaration de Stockholm de l’EIDD (European Institute for Design and Disability)
EIDD, (European Institute for Design and Disability), La Déclaration de Stockholm de Stockholm, 2004. https://dfaeurope.eu/wordpress/wp-content/uploads/2014/05/stockholm-declaration_french.pdf
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Quand on pense design, il nous vient à l’esprit la conception d’objet, de graphisme ou de mode. Tous ces domaines évoquent l’esthétisme et les couleurs. Quand au domaine du social, on pense aux relations entre les personnes et leur environnement mais principalement aux individus, pour des questions de vivre ensemble jusqu’aux luttes diverses contre les inégalités. C’est une discipline qui depuis ses débuts n’a cessé d’évoluer selon les changements sociaux, économiques et culturels. Souvent difficilement descriptible elle garde une essence qui lui est propre. Notamment cette volonté d’être centrée sur l’humain et l’amélioration de la vie quotidienne face à une transformation rapide de la société. C’est ces transformations qui poussent certains designers à requestionner ces aspects fondamentaux comme : comment rester en bonne santé ? Comment nous gouvernons ? Comment nous éduquons ou comment restons nous en sécurité ? Le design social met en place une méthodologie de conception au service de projet de société ou l’humain est placé au cœur des projets afin de le rendre plus responsable socialement, écologiquement et économiquement. Il tente de comprendre les dysfonctionnements de nos modes de vie et les comportements qui en ressortent.
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PAPANEK Victor, «Design pour un monde réél» Edition Mercure de France 1974. Illustration.
Les projets abordent une certaine éthique et bienveillance afin d’oeuvrer pour le bien commun et être en constante collaboration. Le design social emprunte la vision du designer Victor Papanek qui considère que «le design comme l’outil le plus puissant avec lequel l’homme forme ses outils et son environnement {...}, le designer n’est alors logiquement rien de plus et rien de moins qu’un outil mis entre les mains du peuple». Cette discipline participative et collaborative permet de comparer les points de vue en associant l’expertise des professionnels et les expertises d’usage. Cette méthodologie collective permet d’aboutir à des solutions adaptées.
A notre époque, cette vision du design engagé réémerge afin d’être mis en application, c’est le cas pour l’agence Les Sismo. Le fondateur Antoine Fenoglio déclara lui même : «Si le designer se dit engagé, il se doit d’être dans l’obligation de détenir un point du vue. Le design sans point de vue c’est de l’exécution créative, ce n’est plus de la conception ni du design».
PAPANEK Victor, citation, «le design comme l’outil le plus puissant...», «Design pour un monde réé», p.133 Edition Mercure de France 1974. FENOGLIO Antoine, citation, «Si le designer se dit engagé, Podcast Le radiograme «Conversation avec Antoine Fenoglio, des sismos » interview, Youtube, 2018. CALLEJAS Javier, Les Sismo, Exposition “Climat de soin”, Maison POC Prendre soin, Lille, 2020, Photographie.
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CALLEJAS Javier, Les Sismo, Exposition “Climat de soin”, Maison POC Prendre soin, Lille, 2020, Photographie.
Un design qui ressource.
Mes diverses recherches m’ont permis de découvrir un projet qui a particulièrement attiré mon attention, celui de la designer Toulousaine Anaelle Bouthier : «l’espace de ressourcement dans l’enceinte de l’hôpital pour enfant» de Purpant à Toulouse. Bien que cette démarche soit encrée davantage dans la discipline du design care plusieurs points importants font écho à mon domaine d’intervention pour construire ma méthodologie d’analyse et de création. Premièrement Anaelle Bouthier s’intéresse à un lieu de vie, à un quotidien complexe, celui des patients : confinement, traitement lourd, solitude, routine. Il aborde secondement la question de l’expression des individus, parloirs et jeux d’écriture mis à disposition. Et enfin, il traite la question de l’atmosphère du lieu et de ses problématiques tels que : le bruit, les couleurs aux codes institutionnalisés du domaine médical (le blanc, les couleurs pâles), les odeurs ou encore les matières du matériel médical comme le plastique ou le métal. GOZARD Yohan, «L’espace de ressourcement» réalisé par Anaelle Bouthier, Hopital de Purpan, Toulouse, 2016, Photographie.
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GOZARD Yohan, «L’espace de ressourcement» réalisé par Anaelle Bouthier, Hopital de Purpan, Toulouse, 2016, Photographie.
GOZARD Yohan, «L’espace de ressourcement» réalisé par Anaelle Bouthier, Hopital de Purpan, Toulouse, 2016, Photographie.
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Pour cet espace dit de ressourcement, la mission d’Anaelle Bouthier était premièrement de créer une rupture avec ces problématiques. Comme une sorte d’échappatoire, l’espace est conçu pour faire oublier ce quotidien mais sert aussi à la reconstruction du malade. C’est la raison pour laquelle la notion de ressourcement qui est propre à une pratique thérapeutique viens traiter la question du bien-être de l’usagé par le design.
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GOZARD Yohan, «L’espace de ressourcement» réalisé par Anaelle Bouthier, Hopital de Purpan, Toulouse, 2016, Photographie.
Constat et point de vue personnel.
Il est assez paradoxale de constater qu’une démarche de design pour l’amélioration du bien-être puisse venir s’implanter dans un tel milieu. Le domaine hospitalier n’est-il pas déjà préalablement préconçu pour venir en aide à ses patients, autant sur le soin corporel que psychologique ? Il faut croire que dans beaucoup de milieux tel que celui de la santé, de l’éducation ou du carcéral, la dimension institutionnelle crée des trames architecturales disciplinaires, ordonnées, régulièrement accompagnées d’un panel de couleurs faisant rappel à des codes hiérarchiques de part les peintures murales ou les tenues portées par les membres du personnel. Cette dimension institutionnelle fait émerger involontairement des atmosphères qui à terme deviennent nocifs ou violents dans certains des cas. Si l’espace de ressourcement d’Anaelle Bouthier vient à obtenir un résultat plus que concluant, n’est-il pas l’expression d’une certaine défaillance de nos services publiques en ce qui concerne le design intérieur de ces établissements ?
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Nous avons considéré que la prison était seulement un lieu d’enfermement, au lieu de reconstruction. Dans sa structure et son architecture, elle fabrique la récidive car elle déshumanise les individus. Karim Mokthari
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1.3 L’atmopshère carcéral : un vivier de problématiques sociales. Suicide, engorgement des prisons, tensions relationnelles, est le quotidien des détenus en France. En 2019, le CESE émet un rapport en ce qui concerne l’état de l’univers carcéral au plan national. Cet avis nous informe que les prisons françaises sont les plus surpeuplées d’Europe. En région parisienne, la prison de Fleury-Mérogis par exemple compte 4300 détenus pour 2956 places. Souvent les cellules de 11m2 sont partagées entre 2 à 3 personnes, ce qui ne facilite pas les relations et limite les temps d’intimité. En 2017, ceux sont 69502 détenus rescencés pour 59118 places, ce chiffre fut dépassé en mai 2018 pour un nombre de 70633 détenus incarcérés.
KORGANOW Gregoire, «Prison», serie photographique pour le CGLPL, 2011-2013, Photographie.
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CESE, Avis du Conseil économique, social et environnemental, «La réinsertion des personnes détenues: une affaire de tous et de toutes.» 2019
Pour Karim Mokthari ancien détenu, aujourd’hui conférencier sur le sujet de la réinsertion carcéral nous décrit ceci : «Nous avons considéré que la prison était seulement un lieu d’enfermement, au lieu de reconstruction. Dans sa structure et son architecture, elle fabrique la récidive car elle déshumanise les individus.» Mais également le manque de liens sociaux sont souvent liés à des causes de suicides de plus en plus élevés. Selon une enquête de la Fondation de France, 60% des personnes sortant des prisons sans dispositif d’accompagnement y retournent dans les 5 ans.
MOKTHARI Karim, citation «Prisons françaises, insalubrités, surpopulation, tensions, suicides», RT News, Youtube, 2018. KORGANOW Gregoire, «Prison», serie photographique pour le CGLPL, 2011-2013, photographie.
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Qui s’intéresse vraiment au sort des soixante mille personnes en détention ? Il y a un oubli «social» des détenus, comme il y a aussi davantage cette conviction de l’opinion selon laquelle les mauvaises conditions d’existence des détenus sont la «juste» contrepartie de l’infraction commise : «la victime», dit l’opinion commune, a souffert, le coupable doit lui aussi souffrir. «C’est bien fait pour eux !». Souffrir non seulement sous la forme de la privation de liberté, mais aussi dans sa vie quotidienne. Il doit «payer» pas uniquement par sa détention, mais surtout par une détention difficile à supporter. Cette conviction ne repose sur rien, puisqu’aucune donnée ne vient la justifier ou plus exactement puisque tout vient prouver le contraire. Mauvaises conditions de détention, la peine de prison ne fait qu’augmenter la violence, l’inégalité, l’attente. Tous ces facteurs nocifs ne facilitent pas la bonne réinsertion des détenus. Tout ce que produit la prison conduit au mieux à en sortir très troublés dans leur personnalité, au pire à ne leur laisser que la possibilité de la récidive. Par conséquent, il n’y aura de modifications importantes en prison qu’au jour où l’opinion aura compris que sa propre sécurité passe par une amélioration concrète de la détention.
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KORGANOW Gregoire, «Prison», serie photographique pour le CGLPL, 2011-2013, photographie.
« Les détenus signalent la présence de cafards et de souris, confirmée par le personnel de surveillance; ils montrent aux contrôleurs les obstructions qu’ils ont réalisées notamment aux portes, pour s’en protéger. » Centre Pénitentiaire RemireMontjoly – novembre 2008.
KORGANOW Gregoire, «Prison», serie photographique pour le CGLPL, 2011-2013, photographie. CGLPL Rapport annuel sur l’hygiéne en prison 2008.
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KORGANOW Gregoire, «Prison», serie photographique pour le CGLPL, 2011-2013, photographie.
« Les fenêtres situées à deux mètres du sol mesurent 0,75 m sur 0,55 m. L’aération et l’éclairage naturel de la cellule sont encore amoindris par l’existence d’une double rangée de barreaux dans laquelle est inséré un grillage qui retient des détritus. » Maison d’arrêt Limoges - décembre 2008.
KORGANOW Gregoire, «Prison», serie photographique pour le CGLPL, 2011-2013, photographie. CGLPL Rapport annuel sur l’hygiéne en prison 2008.
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KORGANOW Gregoire, «Prison», serie photographique pour le CGLPL, 2011-2013, photographie.
« Les cellules visitées n’offrent aucune possibilité d’intimité. La table peut parfois être disposée à moins d’un mètre des WC. » Maison d’arrêt Chartres - octobre
KORGANOW Gregoire, «Prison», serie photographique pour le CGLPL, 2011-2013, photographie. CGLPL Rapport annuel sur l’hygiéne en prison 2008.
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KORGANOW Gregoire, «Prison», serie photographique pour le CGLPL, 2011-2013, photographie.
« L’établissement est ancien et surpeuplé. L’humidité est omniprésente et rend certaines cellules quasiment insalubres, comme celles du quartier disciplinaire dont les revêtements, bien que récemment refaits, sont cloqués. Malgré cela, à de rares exceptions, la majorité des cellules visitées sont propres.» Maison d’arrêt Caen - décembre 2008.
KORGANOW Gregoire, «Prison», serie photographique pour le CGLPL, 2011-2013, photographie. CGLPL Rapport annuel sur l’hygiéne en prison 2008.
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KORGANOW Gregoire «Prison», serie photographique pour le CGLPL, 2011-2013, photographie.
DEUXIĒME PΔRTIE Naissance du carcéral, une institution de surveillance et de punition.
2.1 Les origines du milieu pénitencier.
Tout d’abords pour comprendre l’émergence de toutes les problématiques énumérées précédemment il faut revenir sur les traces historiques de l’institution carcéral en France. Dans les lignes qui vont suivrent, je vais tenter de démontrer les similitudes des conditions de vie des détenus et l’essence même de la prison et de ça très faible évolution depuis 200 ans. Il faut comprendre que la prison est moins récente qu’on ne le pense. Elle s’est constituée à l’extérieur de l’institution judiciaire, quand se sont élaborées à travers tout le corps social, des procédures pour répartir les individus, afin de les fixer et les distribuer spatialement, les classer, en tirer d’eux un gain de temps, et le maximum de forces, dresser leur corps, coder leur comportement, former autour d’eux tout un système dédié à d’observations et à la punition. Que ce soit au cœur d’une maison de correction, d’une maison d’arrêt ou d’une maison centrale, ce système est devenu une véritable institution utile pour rendre les individus dociles, par un travail précis sur leur corps et leur esprit.
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ANDRY Nicolas, «L’orthopedie ou l’art de prévenir et de corriger dans les enfants les difformités du corps» p.386 dans «Surveiller et punir» Naissance de la prison, Edition Tel Gallimar 1974. Illustration, 1749.
Dans les années 1970, le sociologue et philosophe Michel Foucault se penche sur la question de la prison par une thèse qu’il intitulera «Surveiller et punir, naissance de la prison». Pour lui, la naissance de la prison évoque le passage entre la fin de l’ancien Régime et le début du XIXe siècle, d’une incarcération fondée sur la souffrance, vers un nouvel art de punir qui soumet le corps du détenu à une discipline et à un dressage aliénant. Le remplaçement en 1837 de la chaîne des forçats par la voiture cellulaire résume, selon lui, cette évolution.
A juste titre, Foucault citera dans son ouvrage : «Des institutions complètes et austères», disait Baltard «La prison doit être un appareil disciplinaire exhaustif. En plusieur sens : elle doit prendre en charge tous les aspects de l’individu, son dressage physique, son aptitude au travail, sa conduite quotidienne, son attitude morale, ses dispositions; la prison, beaucoup plus que l’école, l’atelier ou l’armée, qui impliquent toujours une certaine spécialisation est «omnidisciplinaire». De plus la prison est sans extérieur ni lacune, elle ne s’interrompt pas, sauf sa tâche totalement achevée, son action sur l’individu doit être ininterrompue : une discipline incessante».
FOUCAULT Michel, citation, p.273 «Des institutions complètes et austères...», «Surveiller et punir», Naissance de la prison, Edition Tel Gallimar 1974. NOEL Jules, «Condamnés à perpétuité» musée des beaux-arts de Brest, Illustration, 1850.
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Les bagnes portuaires.
Autrefois appelés bagnes, mot provenant de l’italien bagno, qui était le nom d’une prison à Livourne, étant construite à l’emplacement d’anciens bains publics romains, sous l’ancien régime, n’était que de simple «fours touts» à criminels mélangeant bien souvent hommes et enfants. (Séparation des adultes et des enfants voulue par le code pénal de 1810). Un bagne était un établissement pénitentiaire de travaux forcés, de véritables endroits ou la notion de réinsertion n’existe pas. Les détenus appelés bagnards été emprisonnés dans des geôles insalubres, souvent à plusieurs. C’est dans ces minuscules cellules qu’ils retrouvaient leur liberté de mouvement, leur permettant de s’adonner à des moyens d’expression, comme le dessin, l’écriture ou la gravure. La plupart du temps les bagnards était liés par des chaînes et des boulets aux pieds, empêchant ainsi toute tentative d’évasion. La torture, par supplices corporels comme vestige de l’air moyenâgeuse été toujours appliquée.
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AFP, Dispositif de bracelet électronique pour détenu en semi-liberté, 2019, Photographie.
NAYOCHE, Ancien bagne colonial du XIXe siècle, situé sur l’île royale, une des trois îles du salut. Guyane Française. 2014, Photographie. PACHOUD Jeff, Un surveillant marche dans les couloirs de la prison de Bourg-en-Bresse, 2018, Photographie.
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KORGANOW Gregoire, «Prison», serie photographique pour le CGLPL, 2011-2013, Photographie. WERLY Richard, un monument symbolisant l’empreinte indélébile du bagne. Cayenne, Guyanne Française, 2015, Photograhie.
VEILLON Romain, Cellule de bagne , situé sur l’île Saint Joseph, Guyane Française. 2018, Photographie. KORGANOW Gregoire, Cellule de promenade, «Prison», 2011-2013, Photographie.
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C’est une dizaine d’établissements qui voient le jour sur le territoire national, principalement situés dans les régions maritimes, d’où leur connotation de bagnes portuaires. Les colonies françaises permettent le déploiement de ses bagnes aussi en outre mer comme celui de Guyane. Ces premières prisons axent leur système de peines sur la notion du travail, faisant de ces hommes des machines à travailler, garantissant une main d’œuvre bon marché pour le développement économique et militaire du pays, comme pour le travail de fabrication nautique dans les arsenals. Ces bagnes coloniaux français sont abolis en 1938 et définitivement supprimés en 1945, les derniers prisonniers de bagnes sont libérés en 1953.
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VARNIER Ernest, Intérieur du bagne de Cayenne, Guyanne Francaise, 2020, Photographie
Les galères royales, l’origine des bagnes. En France, les galères sont à l’origine des bagnes portuaires. Au début du XVe siècle, les détenus sont utilisés comme rameurs sur les galères royales. Cette peine fut appliquée de manière systématique sous le régime de Louis XIV par la volonté du ministre Colber. L’arsenal des galères se situait à Marseille, elles furent le premier système pénitentiaire organisé à l’échelle de l’ensemble du royaume.
En effet, par l’ordonnance du 27 septembre 1748, Louis XV supprima le corps des galères devenu inutile dans les combats contre les vaisseaux de haut bord. Les galériens débarqués, appelés chiourmes, furent affectés aux bagnes portuaires à l’exception des galériens sélectionnés pour la rame. Ils devaient effectuer des travaux dans les ports et arsenaux de la Marine, le bagne de Toulon et le bagne de Brest furent créés à cet effet.
TRUONG Alain, Noix de coco sculptée par un bagnard au XIXème siècle, 2012, Photographie.
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Les conditions de détentions au XVIIe siécle. Avant 1791, l’emprisonnement était rarement la suite d’une condamnation prononcée par un tribunal. Elle n’était qu’une mesure préventive de garde pendant l’instruction ou une détention temporaire après jugement dans l’attente de paiement de l’amende ou de l’exécution de la sentence. En règle générale, l’emprisonnement n’était pas considéré comme une peine sauf pour les religieux suite aux jugements des tribunaux ecclésiastiques, et exceptionnellement pour les femmes en remplaçement d’une condamnation aux galères qui ne pouvait leur être appliquée.
Des emprisonnements étaient surtout décidés par lettres de cachet qui étaient des mesures de police ou des enfermements à la demande des familles. Des emprisonnements pour non paiement de dettes étaient également exécutés à la demande des créanciers. Enfin, des personnes estimées dangereuses, ou espions, faux-monnayeurs, impies, protestants à certaines époques, imprimeurs de livres interdits, fauteurs de scandales étaient enfermés par mesure de police sans jugement.
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Les conditions de détention dépendaient de la fortune du prisonnier. Les prisonniers sans ressource dormaient sur la paille à plusieurs dans des cachots et reçevaient une livre et demie de pain sec par jour. Des associations charitables pieuses visitaient ces prisonniers infortunés et leur apportaient des secours matériels. Selon le prix, les détenus pouvaient dormir dans une chambre à plusieurs lits, ou individuelle jusqu’à un appartement assez grand pour leur permettre d’amener un mobilier de chez eux. Ils pouvaient être nourris par le concierge contre redevance ou faire amener leurs repas de l’extérieur.
GUIRI COUDERC Kevin, ancien cachot des vestiges du chateau de Beaufort du XVIe siécle, Juillac (19), 2021, Photographie.
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Outre les prisons royales, les seigneurs haut-justiciers disposaient de leur prison, il en existait dix-huit à Paris, la plupart ecclésiastiques. En 1674, date de suppression des juridictions seigneuriales de la capitale par Louis XIV. C’étaient de petits établissements où étaient enfermées des personnes arrêtées pour délits mineurs (vols, injures, rixes…) en attente d’une punition corporelle, exposition au carcan, fouet, mutilation, etc. Des établissements religieux, couvents ou laïques, maisons de discipline étaient également des lieux d’enfermement par autorité de justice ou à la demande des familles.
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GUIRI COUDERC Kevin, ancien cachot des vestiges du chateau de Beaufort du XVIe siécle, Juillac (19), 2021, Photographie.
2.2 L’Architecture de Bentham et ses conséquences. La prison moderne est née sous la Révolution : c’est à ce moment qu’elle devient la base de la pénalité française. En 1791, Le Pelletier de Saint-Fargeau, son principal défenseur, la voit comme un instrument de rédemption sociale et d’humanisation des peines. Mais, dans les années 1840, la peur de la criminalité organisée conduit un certain nombre d’hommes politiques et de spécialistes à appeler de leurs vœux une prison strictement punitive qui dissuaderait le malfaiteur de récidiver. C’est alors qu’on songe à appliquer en France les solutions préconisées par le philosophe anglais Jeremy Bentham dans son œuvre «le Panopticon.» UNDERWOODS Archives, Une prison à architecture panoptique, Crest Hill, Illinois, Etats-Unis, 1928, Photographie.
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Le panoptique est la première grande machine carcérale française. C’est une prison modèle et maison de rééducation pour les jeunes délinquants et criminels, une forteresse austère de forme hexagonale. Des gardes siègent dans une tour centrale permettant une surveillance en 360° sur les diverses galeries qui en rayonnent et d’où donnent les cellules. Bentham a pensé cette architecture comme une machine à punir, car le détenu, totalement isolé, ne peut échapper à une surveillance omniprésente. Isolé, instrumentalisé, soumis à l’œil du pouvoir, le coupable est face à lui-même et à Dieu. Cette hiérarchie pénitentiaire incite le détenu à la pénitence et assure son châtiment, il provoque en même temps la peur de ceux du dehors.
Ce dispositif d’architecture ne torture plus les détenus par des châtiments corporels, mais par l’esprit. Une perte totale de leurs mouvements, non plus par la matérialisation de chaînes et boulets des bagnards d’autrefois, mais par des chaînes psychologiques.
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HAROU Romain «un détenu, faisant sa prière devant la tour centrale de surveillance, depuis ca cellule», p.372 dans «Surveiller et punir» Naissance de la prison, Edition Tel Gallimar 1974, 1840 Illustration.
BENTHAM Jeremy, plan architectural du Panopticon p.234 dans «Surveiller et punir» Naissance de la prison, Edition Tel Gallimar 1974, 1840 Illustration.
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LE BAS Louis Hippolyte, premiere proposition panoptique en France de Le Bas, prison de la Petite-Roquette, France 1836, Illustration.
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L’architecture panoptique a été un échec, ne seraitce que sur le plan législatif. Les seuls établissements construits sur ce modèle, à Paris (la prison Mazas, conçue pour plus de 1200 détenus), à Rennes ou à Angers, bien qu’elles n’ont jamais reçu qu’une minorité de prisonniers, ou ont été marqués par l’insalubrité, les violences et les nombreux cas de suicide ou de folie. Mais, plus généralement, le panoptisme d’un Bentham ou d’un Le Bas peut être considéré comme une utopie architecturale, une technique visant à rationaliser l’espace pour transformer radicalement l’individu.
LEMERCIER Joseph, tour de surveillance (Rond-point) Prison de Mazas, Paris 12e, 1850, Photographie.
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Isolement et privaton, des principes fondamentaux ?
L’institution carcérale s’est finalement fondée sur 3 principes fondamentaux en terme de traitement des détenus. Même si il y a pu y avoir des variations en terme d’intensité de traitement, ces principes restent à ce jour encore encrés dans l’essence et dans le fonctionnement d’une prison.
Premièrement, nous pouvons parler de l’isolement. Un isolement quasi complet du détenu par rapport au monde extérieur, à tout ce qui a motivé ou provoqué son infraction et à ses relations nuisibles. Mais aussi l’isolement des détenus les uns par rapport aux autres. La peine se doit d’être individuelle, par la solitude elle assure une sorte d’autorégulation et permet certaine réflexion sur ses actes et sur son sort : plus le détenu est capable de réfléchir sur ce qu’il a commis, plus il a de grande chance de se sentir coupable.
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Deuxièmement, la notion de la punition. Une punition sous la forme du travail qui selon les époques évolue dans son utilisation. Autrefois, portée sur la punition aux travaux forcés, elle change petit à petit pour être orientée vers la réinsertion du détenu dans le monde extérieur. Le travail est défini, avec l’isolement, comme un acteur de la transformation carcérale.
Le travail n’est ni une addition, ni un correctif au régime de la détention : qu’il s’agisse des travaux forcés, de la réclusion, de l’emprisonnement, il est conçu, par le législateur lui-même, comme devant l’accompagner de toute nécessité. Dans le domaine carcéral le lien du travail et de la punition est d’un autre type, il est davantage lié à la discipline.
OIP (Observatoire International des Prisons), rapport sur l’activité des détenus en milieu carcéral, 2016.
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Enfin troisièmement, la notion de privation. Tout dans une prison est sujet à la privation ou à la limitation. Toutes tâches ou actes commis est limités par le temps. Les moments de douche, de promenade et même de visite au parloir. Les aliments, les fournitures sont rationnés, notés, comptabilisés. Limiter les excès, les écarts, l’envie pour susciter le ressenti de privation de liberté. Une privation parfois de longue durée rendant les détenus pour ainsi dire institutionnalisés dans leur comportement. Une situation qui paradoxalement ne réunit pas toujours des éléments stables pour une démarche de réinsertion, un décalage social et comportemental se crée. Des troubles post carcéraux ont pu voir le jour.
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RECHARD CATHERINE, détenue fabricant un chauffe eau, «Système P: bricolage, invention et récupération en prison», p.16, Edition Alternatives 2002, Photographie.
2.3 Réforme architecturales : vers des prisons «plus humaines». L’architecte Gudrun Molden défend le fait que les prisons de part leur architecture sont punitives. Pour la construction de la prison de Halden en Norvége, elle a souhaité remédier à cela en conçevant une prison où les detenus peuvent se déplacer facilement d’un bâtiment à l’autre donnant ainsi le sentiment de liberté. Les matériaux utilisés dans cet établissement sont principalement le bois, le verre et le liège remplaçant les matériaux actuels tels que le béton, le métal et le lino.
HLM, un détenu dans ca cellule à Halden, Norvége, 2011, Photographie.
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Ces mêmes matériaux peuvent gràce à leurs caractéristiques plastiques agir sur l’acoustique en réduisant les bruits ambiants et nuisibles, qui négligent la qualité de vie des prisonniers. Ces mêmes matériaux créent une ambiance plus agréable avec la lumière du jour, donnée par de multiples fenêtres que possède le bâtiment. L’aménagement intérieur encourage les gardiens à pouvoir interagir face à face avec les détenus, ce qui permet de favoriser de meilleures relations en réduisant les incidents liés à la sécurité.
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HLM, des détenus jouant à la console sous les yeux du surveillant, Halden, Norvége, 2011, Photographie.
HLM, espace réservé aux cultes religieux, Halden, Norvége, 2011, Photographie.
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Conçu par le cabinet d’architecture Cf Moller, cet établissement à eu pour objectif de réduire l’aspect institutionnalisant des prisons. L’intérieur du batiment est conçu pour avoir en permanance un regard global sur tous les membres de la prison, qu’ils soient employés ou détenus, favorisant le bien être mental et physique. La prison est comme un petit village constitué de places et de ruelles, donnant vue sur des éléments naturels du paysage. Les matériaux utilisés sont cette fois ci plutôt classiques, comme la brique de couleurs et le béton mais ils sont travaillés de manière à constituer une ambiance plus chaude et agréable à la vue et au toucher.
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ESKEROD Torben, texture de béton travaillée par l’architecte Cf Moller, prison Storstrom, Gundslev, Danemark, 2017, Photographie.
ESKEROD Torben, chambre individuelle et espace de relaxation, prison Storstrom, Gundslev, Danemark, 2017, Photographie.
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ESKEROD Torben, facade extérieur de l’etablissement, prison Storstrom, Gundslev, Danemark, 2017, Photographie.
L’émergence de nouvelles prisons francaises.
Ce qui premièrement frappe nos regards à l’égard de ces édifices, c’est l’effacement de grands murs élancés de béton brut. La composition des bâtiments est à une échelle plus réduite. De l’extérieur, il est difficile d’identifier la répartition des espaces de leur fonction. Ils cassent les repères visuels d’une prison que l’on a adoptés avec les années, ils s’apparentent aujourd’hui à une école, une université ou à un hôpital. L’objectif est de fondre ces nouvelles prisons dans le paysage urbains, afin de créé une harmonie et une composition architecturale homogène.
GROUPE 6 +WTFA, l’entrée de la future prison de Troyes-Lavau, 2020, Modélisation 3d.
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L’enceinte intérieure des bâtiments inclut la notion de vert ramenant à un atmosphère beaucoup plus paysagé : arbres, pelouse, buissons prennent placent. Cela peut paraître anodin, mais ils jouent grandement sur l’état d’esprit et le bien être des détenus. Comme une véritable rupture avec le régime carcéral panoptique, les différentes parties de la prison : accueil, cellules, parloirs, cours, respirent davantage par les larges couloirs couverts.
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GROUPE 6 +WTFA, l’entrée de la future prison de Troyes-Lavau, 2020, Modélisation 3d.
SCAU Architecture, cour de promenande de la prison de Lutterbach, 2019, Modelisation 3d.
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SCAU Architecture, centre pénitentiaire Aix-Luynes 2, Aix-en-Provence, 2020, Modélisation 3d.
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Avis personel sur ces solutions architecturales.
Les propositions architecturales vues précédemment sont intéressantes sur certains points comme, l’agencement des matières, la possibilité d’avoir une vue sur la nature et le paysage, les lieux calmes, pour favoriser un certain bienêtre. Elles essayent de trouver un équilibre entre surveillance, emprisonnement et bien-être.
Car il est important de rappeler que les personnes détenues sont là parce qu’elles ont enfreint la loi pour différents motifs. On ne doit pas perdre de vue que la prisons est une mise en quarantaine de personnes qui peuvent être dangereuses aussi bien pour elles-mêmes qu’envers la société. Une prison doit garder son esprit punitif, mais doit travailler davantage sur une meilleure pédagogie de reconstruction.
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Toutefois toutes ces propositions occultent un élément essentiel dans le maintient du bien être des détenus, les visites de l’extérieur, à peine pris en considération. On a tendance à penser que la prison est uniquement réservée aux prisonniers dans une totale privation avec ses relations familiales ou amicales. Mais dans chaque établissement pénitencier, il existe des lieux appelés parloirs visites. Le principale objectif de ces parloirs est de créer une atmosphère plus intime afin de créér une rupture avec l’atmosphère carcérale, (mais nous allons voir que la réflexion de ces espaces sont maladroitement agencés). Avant d’entreprendre une analyse de ces lieux et afin d’entreprendre la réflexion de mon espace, il m’a paru judicieux de m’intéresser à cette notion d’atmosphère au sens propre comme au sens figuré, mais également de ce que peu apporter l’atmosphère dans un lieu au point de vue matériel et sensoriel.
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GUIRI COUDERC Kevin, croquis sur la réfléxion d’un parloir visite, 2020 Illustration.
TROISIĒME PΔRTIE Repenser les parloirs visites.
«
Je considère l’atmosphère comme l’âme d’un concept. Elle est l’émotion qui se dégage de chaque objet ou espace. Elle est impalpable mais devient matière par l’expérience sensorielle qu’elle nous transmet. Kevin Guiri-Couderc
»
3.1 Réfléxion sur la notion d’atmosphère par nos sens et en société.
En ce qui concerne ma vision et ma définition propre de l’atmosphère en tant que designer, je tenterai dans ce premier point d’expliquer en quoi cette notion (dans son sens figuré) coïncide avec mon intention de travailler pour le milieu carcéral. Je vais également exprimer ce qu’elle m’évoque dans mon quotidien mais aussi dans mon passé pour vous communiquer ma pensée et ma méthodologie. J’ai pu discerner depuis quelque temps, que rares sont les endroits où nous pouvons ressentir une ambiance, un tel calme qui nous dit intérieurement, «restons un peu ici...». Un lieu ou le temps s’arrête pour quelques instants. Je rencontre dans mon quotidien des endroits chargés de normes et de trames de construction prédéfinies et souvent répétitives, créant ainsi des paysages architecturaux similaires. En termes de construction, ces espaces ont pour objectif de répondre à un gain de temps signifiant un gain d’argent. Ce que je veux dire, c’est que nos paysages, nos lieux communs, qu’ils soient intérieurs ou extérieurs sont de plus en plus dénués de personnalité et finalement d’atmosphère.
STELLA, étymologie du mot atmosphère, stella.atilf.fr/Dendien/scripts/tlfiv5/search.exe?23;s=2724046170;cat=0;m=atmosph%8Are;
Atmosphère: 1/ Etymologie Nom formé à partir de deux mots grecs : « atmos » qui signifie «vapeur » « sphaira » qui signifie «sphère » D’après son étymologie, ce mot signifie donc «la sphère de vapeur » Ce mot est apparu en français au XVIIème siècle.
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Si l’on s’interroge sur la dernière fois où nous avons eu la sensation de vivre une expérience originale en contemplant un paysage, une couleur, un effet de lumière ou encore une exposition, on constate qu’une telle expérience esthétique devient plus rare dans notre monde actuel. Bien que notre sensibilité au regard des choses soit toute différente, nous avons pour la plupart tendance à ne plus regarder ce qui nous entoure. Bien souvent guidés par l’utilisation de nos smartphones, se déplaçant tout en étant guider la tête en bas. A contrario, en comparaison aux navigateurs qui se déplacent la tête vers le haut à la recherche des étoiles. Je constate que dans notre société actuelle, nous sommes de moins en moins en interaction avec les éléments matériels qui nous entourent et par cela, nous échappons à l’utilisation de nos propres sens, qui selon moi est une notion importante dans la constitution d’une atmosphère spaciale.
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STELLA, définition du mot atmosphère, stella.atilf.fr/Dendien/scripts/tlfiv5/search.exe?23;s=2724046170;cat=0;m=atmosph%8Are;
2/ Définition: - L’atmosphère est une couche de corps gazeux qui entoure de toute part le globe terrestre ou qui enveloppe d’autres corps célestes. - Au sens figuré, l’atmosphère désigne aussi l’air d’un pays, d’une ville, d’un lieu. C’est aussi, en mécanique, une unité de comparaison pour mesurer la pression de la vapeur ; elle équivaut à un poids de 1.33 kg sur 1 cm², parce que telle est en effet la pression moyenne de l’atmosphère sur cette surface.
L’atmosphère par nos sens : une expérience sensible. L’être humain possède cette capacité unique de créer en lui un imaginaire ou de faire rejaillir un souvenir. De cette faculté, on peut penser qu’il en est de même pour recréer de manière immatérielle une atmosphère. Pour ma part, j’ai en mémoire des endroits bien distincts, qui ont marqués mon enfance, mon adolescence. Ces lieux bien qu’ils ne soient ni beaux, ni connus, ni même habités, m’ont impacté en mon fort intérieur. Ce bénéfice de cette expérience sensorielle est venu s’y implanter. Olfactive, visuelle, ou sonore elle a su regrouper des choses qui ne se voient pas mais qui se ressentent et que je peux réussir à retraduire en fermant les yeux pour une reconstitution.
GUIRI COUDERC Kevin, maquette primitive d’un tiers espace en milieu carcéral, 2021 Maquette en papier.
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Vous y verrez peut-être un aspect mystique c’est vrai, mais ce sont ces petites choses bien souvent incontrôlées, ni voulues, qui marquent le lieu et créent son atmosphère. À titre d’exemple, je dirais qu’il est du même ressort que le charme chez une personne, il est là, nous le ressentons mais il nous est impossible de le matérialisé. Il est aussi possible de rencontrer des atmosphères irritables, nocifs pour nos sens. Toutes ces contraintes bien qu’elles soient inquantifiables, forment des éléments qui font office de matières avec lesquelles les designers vont pouvoir travailler. Pour revenir sur mon paragraphe précédent concernant ces lieux dits normés et sans âmes, je dirais que ces lieux répondent à des besoins trop souvent définis sans l’avis de l’usager et ne répondent à aucune problématique sociétale actuelle. Méthodologie de création : Si je devais matérialiser une atmosphère et donc retranscrire en espace «ce charme», je commencerai par énumérer les différentes problématiques qui définiront le cahier des charges de tout designer (spécificités du lieu, étude de l’existant, usagers…). C’est ce que je tente de réaliser en ce moment même par l’intégration du design dans le milieu carcéral.
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GUIRI COUDERC Kevin, maquette primitive d’un tiers espace en milieu carcéral, 2021. Maquette en papier.
Reconsidérer la question de l’atmosphère dans le milieu carcéral. Il est étrange de se dire que dans un bon nombre de villes en France et partout dans le monde il existe des endroits où nous enfermons les gens afin de ne plus les rendre visibles aux autres. Cachés à la face du monde, comme une mise en quarantaine symbolisant une certaine honte, cette part de nous que nous ne souhaitons pas voir dans notre société dite civile. Pourtant, bien qu’ils souhaitent vouloir protéger la population extérieure, les espaces intérieurs des milieux pénitenciers sont destinés à renvoyer une atmosphère de punition. Il est intéressant de constater que les établissements carcéraux, de par leurs agencements architecturaux répondent par la violence, comme dirait l’expression croyant soigner «le mal par le mal». Les matériaux, les couleurs, les odeurs et les nuisances sonores renvoient elles-mêmes une réponse violente. À croire qu’ils soient uniquement pensés pour ne plus laisser paraître le moindre soupçon de poésie.
RECHARD CATHERINE, des boules de chiffons pour altérer le grincement des tabourets, réalisé par un détenu, «Système P: bricolage, invention et récupération en prison», p. 79, Edition Alternatives 2002
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Ces atmosphères toxiques, facilitent-t-il la réinsertion d’un détenu, quand nous distinguons un tel contraste entre la vie en prison et de la vie à l’extérieur ? La sensation doit être brutale après une peine de plusieurs mois, alors imaginez après quelques années d’incarcération...
C’est la raison pour laquelle ma réflexion s’est penchée sur la volonté de créer un espace en rupture avec l’atmosphère rencontré en prison. Il est primordial que ce lieu soit le plus neutre possible, mais espace utile pour favoriser le développement d’un certain bien-être.
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RECHARD CATHERINE, dispositif d’alerte caché par du papier pour tamiser la lumiére, réaliser par un détenu, «Système P: bricolage, invention et récupération en prison», p.88, Edition Alternatives 2002.
3.2 Découverte et analyse des parloirs en milieu carcéral. Les lieux de visites ne me sont pas venus à l’esprit instinctivement. Je portais d’avantage d’intérêt aux espaces de vie comme les cellules, les cours de promenade ou les couloirs qui jonchent les établissements carcéraux. Malheureusement tous ces espaces communs de vie ne s’articulaient pas avec la vision que j’avais en ce qui concerne l’envie de créer un lieu en rupture avec l’atmosphère carcéral. L’objectif premiers été de partir sur une base nouvelle par un projet complet, s’adaptant à une vision architecturale plus humaine que prend en compte les prisons dites modernes. Les parloirs visites regorgent de notions qui correspondaient à celles que je recherchais, comme l’intimité, le bien être, mais aussi la connexion avec le monde extérieur. Cette connexion détenus / visiteurs, répondait d’une manière évidente que ces lieux de visites éphémères et intimes devaient être pensés comme un espace en osmose avec ses usagés, de par les matières utilisées, l’agencement, la luminosité et bien évidement son mobilier.
HOLDT Jacob, série photographique «American pictures», Edition Amer Pictures 1985, Photographie.
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Analyse des parloirs visites des prisons françaises.
Mes recherches m’ont amené à aborder la réfléxion de cet espace par une méthodologie sous un ordre en plusieurs points : l’ambiance, la lumière, la matière et l’usage. En réalisant une recherche sur les lieux dédiés aux visites des détenus, j’ai découvert que leurs agencements étaient souvent chargés de codes symbolisant l’institution pénitanciaire. De part la couleur des peintures utilisées, comme le bleu, rappelant la couleur des forces de l’ordre, ces espaces ne traitent ici aucune neutralité.
On retrouve dans beaucoup de cas du mobilier issu du scolaire, issu du cadre disciplinaire, ne créant aucune rupture. Pour un lieu dédié à la visite des personnes extérieurs, la surveillance constante des gardiens ne permet pas d’obtenir un échange intime optimal, d’une simple visite familiale, à celle d’un avocat, la visite reste sous contrôle.
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CHAUMEIL Marc, un parloir visite de la prison de la Santé, Paris, 2015, Photographie.
Dans les prisons, le parloir est destiné à permettre aux détenus de communiquer avec des personnes extérieures. En dehors des parloirs ordinaires, certaines prisons possèdent également des parloirs spécifiques pour recevoir l’avocat ou destinés à permettre l’intimité familiale le temps de la visite. En France, les visites sont soumises à l’obtention préalable d’un permis de visite qui peut être temporaire ou permanent. Des parloirs familiaux (salons fermés, d’une superficie variant de 12 à 15 m2) et des unités de vie familiale (appartements meublés de 2 ou 3 pièces, séparés de la détention, où la personne détenue peut recevoir sa famille dans l’intimité) doivent être proposés depuis la loi pénitentiaire de 2009 destinée à favoriser la réinsertion par le maintien du lien familial.
Dans la pratique, seuls certains établissements en proposent : au 1er janvier 2015, ils existent 45 parloirs familiaux répartis dans 9 établissements pénitentiaires et 85 unités de vie familiale sont réparties au sein de 26 établissements pénitentiaires.
CHAUMEIL Marc, parloir de la prison de Strasbourg, 2015, Photographie.
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KORGANOW Gregoire, «Prison», serie photographique pour le CGLPL, 2011-2013, Photographie.
CHAUMEIL Marc, un parloir visite de la prison de la Santé, Paris, 2015, Photographie. KORGANOW Gregoire, «Prison», serie photographique pour le CGLPL, 2011-2013, Photographie.
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KORGANOW Gregoire, «Prison», serie photographique pour le CGLPL, 2011-2013, Photographie.
La visite de couple Lors de ces visites, les rapprochements physiques sont importants : embrassades, enlacements, même ébats sexuels. A l’inverse du mobilier dédié à l’usage individuel que l’on peut rencontrer dans les parloirs actuels, la réflexion d’un mobilier conçu pour deux personnes peut être envisagée.
GUIRI COUDERC Kevin, la visite de couple en milieu carcéral, 2021. Illustration Photoshop.
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La visite familiale Dans le cadre de cette visite beaucoup de postures sont rencontrées avec du contact physique principalement : embrassades, enlacements, postures assises rapprochées, enfants instables ou sur les genoux... Un mobilier pensé pour les multiples cas doit être envisagé, en comprenant les notions de modularité et de convivialité.
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GUIRI COUDERC Kevin, la visite familiale en milieu carcéral, 2021. Illustration Photoshop.
La visite administrative ou judiciaire Cette visite principalement convoque des personnes de l’extérieur chargées des démarches administratives du détenu, qu’elles soient judiciaires ou non. Les usagés se tiennent dans la majorité des cas face à face, dans le respect d’une certaine distance. C’est un rendez-vous important qui nécessite une écoute et une concentration particulière. L’ espace se transforme en bureau de travail pour quelque instant, le bruit se doit d’être pris en compte, comme la luminosité. Des objets peuvent être mis en évidence et posés sur un plan de travail : sacoche, papier, photos, stylos, enregistreur.
GUIRI COUDERC Kevin, la visite familiale en milieu carcéral, 2021. Illustration Photoshop.
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3.3 Le confinement des astres : un autre regard sur la matière béton. La majorité des établissements carcéraux que nous rencontrons aujourd’hui en France ont était conçus dans un objectif architectural primaire simple et à moindre coût. Le béton armé fut utilisé en grande quantité pour la réalisation de ces divers établissements. Pensés comme des endroits en rupture avec la société, ils se devaient d’être composés de grands murs infranchissables, démotivants les détenus à toute tentative d’évasion. Mais également composés de cours et de cellules quadrillées et bétonnées relevant d’une conception froide, sans émotion.
KORGANOW Gregoire, «Prison», serie photographique pour le CGLPL, 2011-2013, Photographie.
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Cet appui architectural agit sur la psychologie des détenus en les enfermant dans une seule proposition matérielle. Cet emploi de l’unique matiére n’étant pas conforme à ce que nous pouvons vivre à la normal, dénature complétement la perception du réel et les sens d’un individu. Le raisonnement que je me suis donc posé étant que, si la matière béton pouvait être utilisé à des fins nuisibles et destructrices pour ces usagés, il pouvait également être à contrario repensé dans son usage par des créations le rendant plus humain et poétique. A l’inverse du projet d’Anaelle Bouthier, qui pour créer une rupture matérielle avec l’univers hospitalié, utilise le bois, des teintes de couleurs et des jeux de lumière plus chaleureux, en ce qui concerne mon projet, je ne souhaitais en aucun cas me couper d’une manière aussi radicale avec le béton, le matériau phare des prison. Mon principal défi était de recréer cette interaction perdue entre l’usagé et cette matiére en conservant comme principe de trouver des procédés de fabrication permettant d’arriver à l’émergence d’ambiance, par la couleur ou par les variations d’ombre et de lumière qui s’en dégagent.
RELOI Arleon, facade tout en béton armé brut du centre de détention de Roanne, 2008, Photographie.
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Le confinement des astres
Les astres étant des corps célestes emprisonnés dans des masses gazeuses que composent les diverses nébuleuses de notre atmosphère spatial, me rappelaient la condition des détenus. Les prisonniers tout comme les astres, sont eux aussi des corps confinés dans une masse environnante qui est le béton. Certains astres finissent par s’éteindre quand d’autres, de part leur éclat, dégagent une lumière plus communément appelée étoile. Dans certains cas, les détenus comme les astres peuvent arriver à sortir de cette état d’emprisonnement comme ils peuvent rentrer dans une phase destructrice. C’est à travers l’application de cette métaphore que mes divers procédés de fabrication on trouvés leur narratif.
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CNRTL, définition du mot «Astre», https://www.cnrtl.fr/definition/astre
Astre subst.masc. Corps céleste, lumineux par lui-même (soleil, étoiles) ou réfléchissant la lumière solaire (lune, planètes).
L’idée de vouloir utiliser la technique ancestrale du béton terrazzo n’est pas récente. En effet, comme je l’indique dans mon mémoire de licence «Béton et sensorialité», je recherchais un moyen de pouvoir réutiliser cette technique en lui apportant quelques innovations personnelles. Le terrazzo est une technique de béton coulé aves des incrustations d’éclats de verre de différentes couleurs, seulement ce rendu bien que purement décoratif ne permet pas de générer une interaction avec l’usagé. Pour adapter cette technique à mon concept, j’ai trouvé judicieux de remplacer le verre par des éclats de miroir. A partir de miroir de récupération, j’ai procédé aux brisement avec un marteaux de ce dernier pour la confection d’éclats, de fragments et de poudre. Après avoir trié et calibré ces morceaux de miroir, j’ai ensuite confectionné des coffrages en lambris pvc de récupération, pour y couler le béton. Pour rester dans la rhétorique des phénomènes de nébuleuses, j’ai procédé à la teinte de mon béton par des pigments naturels afin de pouvoir faire ressortir les incrustations tel que le scintillement des astres dans l’atmosphère.
GUIRI COUDERC Kevin, brisement d’un miroir de récupération, 2021, Photographie.
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RECHARD CATHERINE, un miroir recomposé, réalisé par un détenu, «Système P: bricolage, invention et récupération en prison», Edition Alternatives 2002 GUIRI COUDERC Kevin, tri et calibrage des éclats de miroir, 2021, Photographie.
Dans ces trois coffrages se retrouvent toutes les compositions d’incrustation, en adaptant chaque composition par rapport au calibrage. Dans un premier coffrage, une composition d’éclats seulement, le second une composition d’éclats + fragments et enfin troisièmement, une composition complète comprenant des éclats des fragments + la poudre de miroir.
GUIRI COUDERC Kevin, calibrage des grands éclats de miroir, 2021, Photographie.
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GUIRI COUDERC Kevin, toutes les compositions d’incrustation de miroir, 2021, Photographie.
GUIRI COUDERC Kevin, teinte progressive du béton par pigment, 2021, Photographie
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J’ai intitulé cette gamme de béton SPECTRA car comme son nom l’indique elle renvoie à l’idée du spectre. Le spectre est phénoméne colorée comportant les septs couleurs de l’arcen-ciel, produite par la décomposition soit de la lumière émise par le soleil. Un rayon de lumière blanche est divisé par le prisme en plusieurs rayons de couleurs différentes. Il s’étale en un spectre où les couleurs font une gamme continue. Dans ce concept, le béton fait figure de prisme par lequel l’absorption des éclats de miroir créé l’émergence de la couleur. Ici la matière béton n’est plus considérée comme une matière inerte mais elle se transforme, elle devient vivante et rentre en connexion avec l’usagé.
Triés, calibrés et sélectionnés, allant des éclats de grande taille à de la poudre. Au-delà de l’aspect décoratif, les bétons de la gamme SPECTRA apportent une dimension interactive avec leurs usagés. Tels des spectres, ils absorbent et diffusent les couleurs qu’ils rencontrent, créant ainsi des ambiances toujours uniques.
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GUIRI-COUDERC Kevin, béton aux incrustations de miroir de la gamme «Spectra», 2021, Photographie.
S-1
Composé d’éclats de miroir selectionnés par un calibrage homogène, les incrustations sont recouvertes d’un béton teinté aux pigments naturels.
GUIRI-COUDERC Kevin, béton S1 de la gamme «Spectra», 2021, Photographie.
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KORGANOW Gregoire, «Prison», serie photographique pour le CGLPL, 2011-2013, Photographie. GUIRI-COUDERC Kevin, béton S1 de la gamme «Spectra», 2021, Photographie.
S-2
Une version composée de petits et grands éclats de miroir avec une finition de béton teinté brossé faisant ressortir davantage sa composition organique
GUIRI-COUDERC Kevin, béton S2 de la gamme «Spectra», 2021, Photographie.
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KORGANOW Gregoire, «Prison», serie photographique pour le CGLPL, 2011-2013, Photographie. GUIRI-COUDERC Kevin, béton S2 de la gamme «Spectra», 2021, Photographie.
S-3
3 calibres d’éclats sont réunis pour ce béton. Les grands et petits éclats sont accompagnés de la poudre de miroir venant s’ajouter à la composition.
GUIRI-COUDERC Kevin, béton S3 de la gamme «Spectra», 2021, Photographie.
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KORGANOW Gregoire, «Prison», serie photographique pour le CGLPL, 2011-2013, Photographie. GUIRI-COUDERC Kevin, béton S3 de la gamme «Spectra», 2021, Photographie.
Une 4e composition s’ajoute à la gamme. Dans une volonté de créer des puits de lumière naturelle, j’ai pour ce fait expérimenté le verre afin de pouvoir l’incrusté dans la matière. J’ai coupé grossièrement des carreaux de verre, toujours issus de récupération, en bandeaux afin de recréer des entités imparfaites. En observant ces bandes par la tranche, on visualise que la découpe aléatoire produit des variations qui altère plus ou moins la lumière du jour. Ces morceaux de verre ont été collés ensemble afin de concevoir un pavé de verre venant créér une source de lumiére dans le béton.
GUIRI-COUDERC Kevin, entités de verre, 2021, Photographie.
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S-4
Cette version a la particularité d’être composée d’incrustations de verre dans le béton pour former un puit de lumière et une ambiance tamisée.
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GUIRI-COUDERC Kevin, béton S3 de la gamme «Spectra», 2021, Photographie.
GUIRI-COUDERC Kevin, bétons de la gamme «Spectra», 2021, Photographie.
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3.4 Des visites «corporelles», la traduction d’une gestuelle. Créer un espace est toujours une manœuvre subtile, il s’agit de faire un travail sur l’inexistant pratiquement ex-nihilo. Une leçon que j’ai pu retenir durant ces deux années de recherche, c’est qu’il faut toujours penser un espace de l’intérieur vers l’extérieur. Pour exemple, le béton que j’ai pu concevoir précédemment est inspiré des détenus et de leur condition. En partant de la base, c’est à dire des usagés, j’ai pu constituer un narratif qui allait engendrer un atmosphère globale du lieu. Mais il n’était pas suffisant de concevoir uniquement une gamme de béton, il était impératif de développer une méthodologie de conception pour commencer la mise en volume d’une structure. Il m’a fallut trouver une alternative pour concilier à la fois la notion de surveillance avec celle de l’intimité des détenus et des visiteurs.
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GUIRI COUDERC Kevin, croquis de differentes postures corporels, 2021, Illustration.
Les majorités des parloirs visites en France sont des pièces rectangulaires comme des box similaires à des cages. Afin de déconstruire ces atmosphères strictes et froids, ma volonté principale était de penser la conception de ces nouveaux parloirs en incorporant des notions de courbes et de fluidité. Les gigantesques sculptures de Richard Serra on été pour moi une inspiration considérable. Ces oeuvres sculpturales se transformant en galleries dont les pliures et les courbes insitent le sens de la visite. Tout le paradoxe de ces scénographies joue sur l’aspect lourd du matériau utilisé comme l’acier corten et la fluidité esthétique et informelle qui sans dégage.
KIENZLE Lorenz, Sculpture en acier «cycle» de Richard Serra, 2011, New-York, Photographie.
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GREENBERG Philip, Sculpture en acier « NJ-1 » de Richard Serra, 2016, New-York, Photographie.
Pour pouvoir emprunter ce paradoxe et l’appliquer dans une structure en béton, il m’a fallut oublier la mise en œuvre de mon espace sous forme de parois murales pleines. J’en suis venu à penser et à concevoir une fonction modulaire de briques pour bâtir des structures courbées en désaxant les orientations comme on le souhaite pendant la construction. L’avantage de ce principe de montée en brique, c’est qu’il n’est pas obligé d’être complètement fermé.
GUIRI COUDERC Kevin, maquette primitive d’un tiers espace en milieu carcéral, 2021. Maquette en papier.
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En ce qui concerne la manœuvre quand à l’import de briques, elle nécessite beaucoup moins d’outils de grande envergure donc beaucoup moins d’énergie. Des artisans maçons peuvent bâtir ces espaces avec des outils de leur quotidien. Le design de la brique que j’ai conçue reprend la forme géométrique d’un trapèze pour deux raisons. L’assemblage en quinconce permet d’obtenir à tout instant une visibilité du personnel pénitencier sur la visite afin de répondre à la notion de surveillance. Deuxièmement l’assemblage alterné pour la conception de séparateurs d’espaces répond à la question d’intimité des détenus et des visiteurs durant leurs échanges. Au nombre de 3, chaque parloir a son entrée orientée différemment. Depuis l’intérieur, le jeux des briques en quinconce alterne la vision sur les autres usagés et permet d’obtenir une total intimité les uns envers les autres.
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GUIRI COUDERC Kevin, structure d’un nouveau parloir, 2021, Modélisation 3D.
GUIRI COUDERC Kevin, assemblage pour structure de parloir, 2021, Modélisation 3D.
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GUIRI COUDERC Kevin, assemblage pour séparateur d’espace, 2021, Modélisation 3D.
Pour assurer un maintien de la structure, les briques sont conçues avec deux systèmes d’emboîtement bien spécifiques. Même s’il ne s’agit pas ici d’une structure destinée à la construction de gros œuvre, ces systèmes permettent à la fois d’éviter une utilisation excessive de ciment tout en obtenant des jointures légères afin d’apporter à l’ensemble une finesse esthétique.
GUIRI COUDERC Kevin, visuel des deux systemes d’asssemblage de briques 2021, Modélisation 3D.
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GUIRI COUDERC Kevin, structure des nouveaux parloirs, 2021, Modélisation 3D.
Des visites corporelles. L’analyse des parloirs visite vue précédemment démontre que dans la majorité des cas les parloirs sont agencés tradionnellement d’une table et de deux chaises uniquement. Cette démarche est avant tout pragmatique bien qu’elle néglige les différentes postures des personnes lors d’une visite, ce qui pour moi en tant que designer constitue matière à penser. En m’émancipant d’un mobilier conventionnel type, afin d’opter pour une composition beaucoup plus centré sur l’homme, la conception du mobilier se devait être inspirer de ses usages et mode de vie.
GUIRI COUDERC Kevin, structure des nouveaux parloirs, 2021, Modélisation 3D.
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Le mot «parloir» pour désigner les espaces de visites mérite que que l’on s’y intéresse un instant. «Parloir» venant du verbe «parler» signifie un acte oral, qui d’émetteur à récepteur engendre une discussion. Dans le contexte particulier d’une visite carcérale, ce n’est pas uniquement le verbe qui prime quand les visiteurs et détenus rentrent en connexion, mais aussi les corps qui, de part leurs gestuelles, entament et définissent une discussion corporelle. Figée dans la masse, la gestuelle de ces «visites corporelles» m’a permis d’être le fil conducteur de ma méthodologie de conception, le design découlant de la fonctionnalité, le mobilier joue le rôle de récepteur de ces diverses postures, entame un dialogue avec celui qui s’y installe.
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KORGANOW Gregoire, «Prison», serie photographique pour le CGLPL, 2011-2013, Photographie.
GUIRI COUDERC Kevin, mobilier en béton pour nouveaux parloirs, 2021, Modélisation 3D.
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GUIRI COUDERC Kevin, mobilier en béton pour nouveaux parloirs, 2021, Modélisation 3D.
GUIRI COUDERC Kevin, mobilier en béton pour nouveaux parloirs, 2021, Modélisation 3D.
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Conçu en trois parties, cette composition 3 en 1 reprend le système d’emboîtement rappelant celui des parois de brique. Outre un rappel esthétique, ce principe fut adapter en fonction du poids afin de facilité sa mise en place. La forme des trois parties est également un clin d’œil au design géométrique des briques, bien que les bordures soit davantage arrondies afin d’obtenir un aspect chaleureux et confortable.
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GUIRI COUDERC Kevin, mobilier en béton pour nouveaux parloirs, 2021, Modélisation 3D.
La base de la structure constitue la premier partie, elle repend le principe d’une banquette ou les personnes peuvent s’asseoir comme s’allonger. Son poids a pour principe d’obtenir un maintien considérable, mais aussi de contrer une certaine faille sécuritaire actuelle. Dans les parloirs visite conventionnel, il n’est pas rare que le mobilier n’étant pas scellé peut être pris comme un projectile, donc dangereux. Ici la structure ne peut être déplacée ou manipulée facilement. La seconde partie est pensé comme un plan de travail. Son positionnement permet une utilisation multiple suivant ou l’on s’installe. Elle peut être utilisée comme une table a écrire durant les visites administrative par exemple, mais aussi comme dossier ou l’on peut à la fois s’y accouder.
La partie la plus haute s’emboîte dans la partie du milieu faisant office de tablette pour poser ces affaires personnel. Elle fait également figure de socle disposant d’une emplacement pour la fixation d’un luminaire.
GUIRI COUDERC Kevin, mobilier en béton pour nouveaux parloirs, 2021, Modélisation 3D.
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Ce luminaire puise son inspiration de l’image du feu de camp, du foyer autour duquel nous pouvons nous rassembler et passer un moment agréable. Elle reprend également l’image d’un astre que nous pouvons contempler.
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GUIRI COUDERC Kevin, croquis de recherches pour une lampe, 2021,Illustration.
GUIRI COUDERC Kevin, lampe au entités de verre, 2021, Photographie.
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GUIRI COUDERC Kevin, lampe au entités de verre, 2021, Photographie.
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CONCLUSION Une projection dans l’avenir.
«
J’ai toujours souhaité considérer cette démarche comme une main tendue, afin de créer du lien avec les détenus, par l’intérêt que le design peut apporter dans leurs conditions de vie. Kevin Guiri-Couderc
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»
Ce projet m’a permis de découvrir un milieu complètement hors du temps et chargé en problématiques sociales lourdes et stagnantes depuis de nombreuses années. Depuis le début, j’ai toujours souhaité considérer cette démarche comme une main tendue afin de créer du lien avec les détenus, par l’intérêt que le design peut leur apporter dans leurs conditions de vie. Le fait qu’un designer très éloigné de tout ce qui concerne le carcéral, s’interroge sur le mode de vie des incarcérés créé au premier plan une connexion humaine bien avant de parler de design. La simple reconnaissance de leur existence peut faire changer le regard d’un détenu sur le monde extérieur et sur les autres, ce qui peut améliorer le processus de réinsertion.
L’instauration d’un climat de confiance perdu depuis longtemps dans les prisons entre les personnes de l’extérieur comme avec les membre du personnel pénitencier tente aussi à rassurer les esprits, qu’une simple démonstration esthétique. Ce projet aurait certainement pu prendre une toute autre dimension ou être repensé d’une manière totalement différente d’un point de vue design, mais l’objectif principal était d’arriver à faire pénétrer le design dans ce milieu fermé à l’extrême.
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Dans le milieu politique on aborde peu la question des problématiques des prisons. En parcourant les différents programmes de tous les partis, aucun en parle directement. Comme nous avons pu le voir des nouvelles prisons émergent avec des approches plus contemporaines par des propositions architecturales palliant à la problématique de la surpopulation carcérale. Mais à terme, ces prisons ne risquent-elles pas finir insalubres et oubliées comme les prisons actuelles ? Je crains que créer d’autres prisons uniquement pour ventiler une surpopulation ne règle pas le problème en profondeur. Je me suis attelé à travailler sur les espaces de parloirs visites, car ils détenaient en sois une approche avec les personnes de l’extérieur qui, pour les détenus m’a paru intéressante de développer. Je crois que la solution au problème de leur mal-être et la mise en place de passerelles avec le monde extérieur par des rencontres, des ateliers culturels, de les mettre à contribution sur des projets afin de redonner de la confiance par la reconnaissance de leur existence et de leur capacité autre que le crime.
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RECHARD CATHERINE, décoration d’une cellule avec des boites de conserve, «Système P: bricolage, invention et récupération en prison», Edition Alternatives
Je n’ai vu que trop de peu d’initiatives engagées dans le milieu du design en ce qui concerne l’univers carcéral pour ne pas dire aucune. Je souhaite présenter mon projet aux différents organismes et associations qui portent un intéret aux problématiques du mode de vie carcéral comme Carcopolis, le CESE ou L’OIP (l’observatoire international des prison). Si je peux être un interlocuteur sur la pratique du design dans ces milieux, je pense que j’aurais atteint un objectif important en tant que designer.
Toute fois la question de l’avenir des prisons comme elles le sont aujourd’hui me semble incertain. Le silence des politiques est inquiétant à ce sujet alors que paradoxalement nous rentrons dans une air de surveillance et de contrôle intense voir abusif dans nos sociétés. Les moyens drastique utilisés comme les caméras de surveillance, la reconnaissance faciale, les drones avec caméra embarquée ou plus récemment le pass sanitaire, calquent les dispositifs de contrôles et de surveillance utilisés en prison.
DORNE Goeffrey, affiche dénoncant les pratiques outranciéres de surveillance, 2021, Illustration.
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LE HENN Solène, sous-sol de l’hopital de la Timone, les plafonds sont éventrés alors que des patients passent dans les couloirs, Marseille, 2019, Photographie.
Dans son pamphlet sur les sociétés de contrôle, le philosophe et sociologue Gille Deuleuze émet un avis qui tent à élargir notre vision sur ce paradoxe : «Nous sommes dans une crise généralisée de tous les milieux d’enfermement, prison, hôpital, usine, école, famille. La famille est un «intérieur», en crise comme tout autre intérieur, scolaire, professionnel, etc. Les ministres compétents n’ont cessé d’annoncer des réformes supposées nécessaires. Réformer l’école, réformer l’industrie, l’hôpital, l’armée, la prison mais chacun sait que ces institutions sont finies à plus ou moins longue échéance. Il s’agit seulement de gérer leur agonie et d’occuper les gens jusqu’à l’installation de nouvelles forces qui frappent à la porte. Ceux sont les sociétés de contrôle qui sont en train de remplacer les sociétés disciplinaires.» De manière totalement sournoise nous assistons progressivement à une libération du système carcérale et à sa diffusion générale au sein même de l’espace public. Des individus libres comme vous et moi se voient être transformer en potentiels suspects et pouvant participer au contrôle de son prochain via des applications. La question que nous devrions nous poser et que : s’il existe potentiellement un «panoptisme libéré», allons nous d’ici quelques annés, devenir des détenus à ciel ouvert ?
ORWELL Goerges, photo tirée du film «1984» adaptation du roman d’anticipation de Goerges Orwell, les écritaux propagandistes du régime «La guerre est la paix», «L’esclavage est la liberté», 1951, Film.
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BIBLIOGRAPHIE
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p. 109 | GUIRI-COUDERC Kevin, béton S2 de la gamme «Spectra», 2021, Photographie, https://kevinguiricouderc.com/ p. 110 | KORGANOW Gregoire, «Prison», serie photographique pour le CGLPL, 2011-2013, Photographie, http://www.korganow.net/fr/photographie-prisons/ GUIRI-COUDERC Kevin, béton S2 de la gamme «Spectra», 2021, Photographie, https://kevinguiricouderc.com/ p. 111 | GUIRI-COUDERC Kevin, béton S3 de la gamme «Spectra», 2021, Photographie, https://kevinguiricouderc.com/ p. 112 | KORGANOW Gregoire, «Prison», serie photographique pour le CGLPL, 2011-2013, Photographie, http://www.korganow.net/fr/photographie-prisons/ GUIRI-COUDERC Kevin, béton S3 de la gamme «Spectra», 2021, Photographie, https://kevinguiricouderc.com/ p. 113 | GUIRI-COUDERC Kevin, entités de verre, 2021, Photographie, https://kevinguiricouderc.com/ p. 114 | GUIRI-COUDERC Kevin, béton S3 de la gamme «Spectra», 2021, Photographie, https://kevinguiricouderc.com/ p. 115 | GUIRI-COUDERC Kevin, bétons de la gamme «Spectra», 2021, Photographie, https://kevinguiricouderc.com/ p. 116 | GUIRI COUDERC Kevin, croquis de differentes postures corporels, 2021, Illustration, https://kevinguiricouderc.com/ p. 117 | KIENZLE Lorenz, Sculpture en acier «cycle» de Richard Serra, 2011, New-York, Photographie, https://gagosian.com/exhibitions/2011/richard-serra-junction-cycle/ p. 118 | GREENBERG Philip, Sculpture en acier « NJ-1 » de Richard Serra, 2016, New-York, Photographie, https://www.nytimes.com/2016/05/13/arts/design/review-from-richard-serra-steel-behemoths-that-get-into-your-head.html p. 119 | GUIRI COUDERC Kevin, maquette primitive d’un tiers espace en milieu carcéral, 2021. Maquette en papier, https://kevinguiricouderc.com/ p. 120 | GUIRI COUDERC Kevin, structure d’un nouveau parloir, 2021, Modélisation 3D, https://kevinguiricouderc.com/ p. 121 | GUIRI COUDERC Kevin, assemblage pour structure de parloir, 2021, Modélisation 3D, https://kevinguiricouderc.com/ p. 122 | GUIRI COUDERC Kevin, assemblage pour séparateur d’espace, 2021, Modélisation 3D, https://kevinguiricouderc.com/ p. 123 | GUIRI COUDERC Kevin, visuel des deux systemes d’asssemblage de briques 2021, Modélisation 3D, https://kevinguiricouderc.com/ p. 124 | GUIRI COUDERC Kevin, structure des nouveaux parloirs, 2021, Modélisation 3D, https://kevinguiricouderc.com/ p. 125 | GUIRI COUDERC Kevin, structure des nouveaux parloirs, 2021, Modélisation 3D, https://kevinguiricouderc.com/ p. 126 | KORGANOW Gregoire, «Prison», serie photographique pour le CGLPL, 2011-2013, Photographie, http://www.korganow.net/fr/photographie-prisons/ p. 127 | GUIRI COUDERC Kevin, mobilier en béton pour nouveaux parloirs, 2021, Modélisation 3D, https://kevinguiricouderc.com/ p. 128 | GUIRI COUDERC Kevin, mobilier en béton pour nouveaux parloirs, 2021, Modélisation 3D, https://kevinguiricouderc.com/ p. 129 | GUIRI COUDERC Kevin, mobilier en béton pour nouveaux parloirs, 2021, Modélisation 3D, https://kevinguiricouderc.com/ p. 130 | GUIRI COUDERC Kevin, mobilier en béton pour nouveaux parloirs, 2021, Modélisation 3D, https://kevinguiricouderc.com/ p. 131 | GUIRI COUDERC Kevin, mobilier en béton pour nouveaux parloirs, 2021, Modélisation 3D, https://kevinguiricouderc.com/ p. 132 | GUIRI COUDERC Kevin, croquis de recherches pour une lampe, 2021,Illustration, https://kevinguiricouderc.com/ p. 133 | GUIRI COUDERC Kevin, lampe au entités de verre, 2021, Photographie, https://kevinguiricouderc.com/ p. 134 | GUIRI COUDERC Kevin, lampe au entités de verre, 2021, Photographie, https://kevinguiricouderc.com/
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