# 136 juillet • septembre 2014 • 1,50 €
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ACTUALITÉS DU SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES
Dossier
LES Valeurs du SSA
RMBS 2014
HMC Kaia
40 jours à la dérive
Thérapie avec le cheval
# 136
SOMMAIRE ACTU SANTÉ juillet • septembre 2014 Projet SSA 2020
RMBS 2014
4-5
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Actualités
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6-12
DOSSIER
Les valeurs du SSA
6
26
13-24 Activités opérationnelles
25 26 27
40 jours à la dérive FRAOS 2014 Mali : don de matériel à un dispensaire de Bamako
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VIE DU SERVICE
Thérapie inédite pour le stress post-traumatique
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CULTURE
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Livres
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En couverture : Poste de secours au début du XVIIIe siècle - musée du Val-de-Grâce/ MEDEVAC © ECPAD - photomontage : BCISSA
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DIRECTION CENTRALE DU SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES Bureau communication et information - Fort neuf de Vincennes - Cours des Maréchaux - 75614 Paris Cedex 12 - Tél : 01 41 93 27 07 bcissa@dcssa.fr
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Directeur de la publication : Médecin général inspecteur Patrick Godart ; Rédacteur en chef : Médecin en chef Chantal Roche Secrétaire de rédaction : Capitaine Sandra Marcon, a participé à ce numéro : Mme Catherine Pinard-De Backer ; Graphiste - Maquettiste PAO : Technicien supérieur hospitalier Anne-Cécile Delpeuch Impression : Pôle graphique de Tulle BP 290 - 19007 Tulle Cedex - Tél : 05 55 93 61 00 ; Édition : DICOD - 1, place Joffre - 75007 Paris Abonnements payants : ECPAD 2 à 8 route du Fort - 94205 Ivry-sur-Seine - routage-abonnement@ecpad.fr Régie publicitaire : Mme Christelle Touzet (ECPAD) Tél : 01 49 60 58 56 - regie-publicitaire@ecpad.fr ; Numéro de commission paritaire : N°0211 B05691 ISSN : 1165-2268 ; Dépôt légal : Juin 2014 ; Tirage : 10 000 exemplaires - 4 numéros annuels
© Photos : ECPAD, DICoD
PROJET SSA 2020
4 • Actu santé • # 136 • juillet - septembre 2014
PROJET SSA 2020
SSA 2020
Extrait du discours du Médecin général des armées Jean-Marc Debonne, Directeur central du service de santé des armées, le 26 juin 2014 à Bordeaux
L
e nouveau modèle hospitalier militaire, présenté dans le projet SSA 2020, reposera sur une contribution différenciée des HIA au contrat opérationnel. Nous verrons ainsi se constituer deux plateformes hospitalières, l’une en Ile-de-France, l’autre en région PACA. Elles auront pour mission de mettre en oeuvre la part la plus contraignante du soutien des forces en opérations extérieures et de garantir l’accueil et la prise en charge des blessés et des malades rapatriés des théâtres d’opérations. Parallèlement, les 4 HIA situés en dehors de ces plateformes contribueront quant à eux à la régénération des ressources projetées sur les théâtres d’opérations, mais également à la mise en condition des forces et au suivi au long cours des blessés, tout en assurant un recours hospitalier militaire régional de proximité là où sont stationnées les forces sur le territoire national. Les hôpitaux des plateformes d’une part et les 4 autres HIA constitueront donc les deux composantes du nouveau modèle hospitalier militaire. Elles déclineront chacune les principes de concentration et d’ouverture du projet SSA 2020, mais de façon différente. Toutefois, elles se mettront en place de manière synchrone car elles sont très fortement interdépendantes, et car elles ont vocation à contribuer de manière coordonnée à la réponse du Service au contrat opérationnel. De plus, elles se construiront progressivement durant les années à venir pour faire en sorte que le service de santé des armées soit au rendez-vous du nouveau modèle d’armée 2025, sans précipitation pour ne pas compromettre la réussite de la mission qui lui est confié. Concernant plus spécifiquement les HIA hors plateforme, il s’agira pour eux, tout en se concentrant sur le besoin des armées, de développer des partenariats forts avec des établissements de leur territoire de santé. C’est ainsi, et seulement ainsi, qu’ils pourront se densifier de manière à garantir la qualité du service rendu et les conditions de travail du personnel.
MGA Jean-Marc Debonne
Actu santé • # 136 • juillet - septembre 2014 •
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Actualités
Le soutien médical aux RMBS (1)
Texte et photos : SLT (R) A. Caussard - BCISSA
La 3e édition des Rencontres Militaires Blessures et Sport (RMBS), organisée par la CABAT (2), s'est déroulée du 16 juin au 4 juillet 2014 à Bourges et Aubigny-sur-Nère. Le SSA était bien sûr présent, comme chaque année, pour assurer le soutien médical tout au long de ce stage, étape importante dans le parcours de réhabilitation des militaires blessés.
Les soignants sont habillés en rouge et blanc, les stagiaires en rouge et noir
6 • Actu santé • # 136 • juillet - septembre 2014
Actualités
Une préparation en amont Durant trois semaines, pas moins d'une trentaine de professionnels de santé du SSA (médecins, psychologues, cadres de santé, infirmiers, aide-soignants, auxiliaires de santé, kinésithérapeutes et ergothérapeute) se sont relayés pour assurer le soutien médical de plusieurs dizaines de militaires blessés. Une organisation qui a commencé, avant même l'inauguration du stage, avec la formation d'une cinquantaine d'officiers des sports présents aux RMBS par Sampath Pannagas, aidesoignant (AS) du service psychiatrie de l'HIA Percy. Ceux-ci ont participé à une demi-journée de sensibilisation à la prise en charge de la névrose traumatique et ont appris à adapter leur façon de travailler. Parmi les consignes : « minimiser la compétition (car la pression peut refaire basculer dans la pathologie), veiller à n'imposer aucune activité (tous les participants doivent être volontaires), reconnaître la souffrance, etc. », explique l'AS Pannagas.
L'organisation du soutien médical Lors du stage lui-même, aucun paramètre n'est laissé au hasard, comme l'explique le médecin Marianne Millet : en plus des soins dispensés chaque jour pour les blessures antérieures ou pouvant apparaître pendant les activités, « nous sommes chargés d'organiser
le soutien médical. Les soignants sont répartis en fonction de la constitution des groupes, des activités plus ou moins à risque. Il nous faut aussi prévoir comment et où évacuer un blessé en cas de besoin ». Il faut parfois également adapter certaines activités pour que chaque stagiaire puisse profiter pleinement de son stage : le tir sportif, pouvant mettre certains blessés mal à l'aise, a par exemple été couplé à l'activité sarbacane.
Le suivi de toute la chaîne santé « La mission première du SSA est le soutien des forces armées », rappelle le MKCN (3) Emeline Le Breton. « C'est notre rôle et il est important que l'on soit là tout au long de la chaîne santé ». Elle-même a déjà participé à deux missions à KAIA (4) en Afghanistan : « on soigne souvent des blessés qui repartent rapidement. Ce stage est l'occasion de voir comment ils ont évolué ». Cette expérience lui permet aussi de mieux comprendre le vécu des stagiaires : « on connaît le milieu, on sait de quoi ils parlent, ce qui leur permet d'avoir une plus grande confiance dans l'équipe soignante ». Une cohésion de groupe qui est ici amplifiée par la pratique commune des activités sportives, durant lesquelles le rôle de chacun (encadrants, soignants, stagiaires) se fait peu à peu oublier au profit d'une camaraderie générale.
Un bilan encourageant Le contexte est « détendu et dépourvu de la barrière des grades », explique de médecin Millet. « On voit certains stagiaires renfermés qui se libèrent en découvrant ou redécouvrant des activités sportives », raconte le MKCN Le Breton. Ce stage est aussi, pour les soignants, un bon moyen pour évaluer l'adaptation aux diverses situations de la vie quotidienne. L'AS Pannagas, qui suit les RMBS depuis la première édition (d'abord comme observateur, puis comme personnel soignant) note une évolution très nette pour certains stagiaires des années précédentes, « qui ont vraiment réappris à vivre en groupe ». C'est d'ailleurs pour lui le but de ce stage : « ça doit être un loisir, un plaisir, une rencontre avec l'autre ». « Je me suis sentie comprise », explique une stagiaire du SSA en fin de stage, « on a la chance d'avoir plein d'intervenants : kinésithérapeutes, psychologues, médecins, etc. Ce type de stage évite de tourner en rond et permet d'avancer. » Une autre participante offre une jolie conclusion à cette initiative conjointe que sont les RMBS, en déclarant « pour moi, la reconstruction a commencé avec ce stage. » (1) RMBS : Rencontres Militaires Blessures et Sport (2) CABAT : Cellule d'aide aux blessés de l'armée de Terre (3) MKCN : Masseur -kinésithérapeute de classe normale (4) KAIA : Kaboul International Airport
Actu santé • # 136 • juillet - septembre 2014 •
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Actualités
Pose de la première pierre
de la Maison des blessés et des familles de l’hôpital Percy Mardi 1er juillet, le ministre de la Défense, monsieur Jean-Yves Le Drian, a posé la première pierre de la Maison des blessés et des familles de l’Hôpital d’instruction des armées (HIA) Percy. Afin d’assurer un cadre de vie convivial et confortable aux familles visitant un militaire blessé hospitalisé, la première Maison des blessés et des familles sera créée sur le site de l’hôpital Percy à Clamart (Hauts-de-Seine). L’ouverture est prévue pour 2015.
La gestion hôtelière de la Maison des blessés et des familles sera assurée par l’hôpital Percy tandis que l’attribution des logements sera proposée par les cellules d’assistance des armées aux blessés (CABAT, CABAM et CABMF Air) et les services sociaux. 8 • Actu santé • # 136 • juillet - septembre 2014
Photos : © CC1 E. Chérel - BCISSA/DCSSA
Ce lieu offrira une capacité d’accueil de cinq appartements de type F2-F3 destinés aux familles des blessés et de six studios pour les blessés revenant en consultation en hôpital de jour. Il est prévu que sur avis médical les blessés hospitalisés, souvent pour de très longues périodes, pourront rejoindre temporairement leur famille dans ces appartements. Le service d’infrastructure de la Défense, maître d’œuvre du chantier, a donc travaillé avec les ergothérapeutes de l’HIA Percy afin que tous les logements soient accessibles aux blessés.
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29 juin : cérémonie en l'honneur des morts du SSA
Afghanistan :
transfert d’autorité de l’hôpital médico-chirurgical de KAIA Le 30 juin 2014, à Kaboul, a eu lieu le transfert d’autorité de l’hôpital médico-chirurgical (HMC) de KAIA (Kaboul International Airport) entre le service de santé des armées et la Task Force 31 de l’armée américaine. Ce transfert s’inscrit dans la poursuite du désengagement des forces françaises d’Afghanistan.
29 juin : découverte des plaques commémoratives
La cérémonie de transfert d’autorité de l’hôpital médico-chirurgical entre le service de santé de l’armée française et l’armée américaine, présidée par le général Joseph Anderson, commandant l’ISAF, s’est déroulée en présence du médecin général inspecteur (MGI) Patrick Godart, directeur central adjoint du service de santé des armées, et du général de division aérienne Olivier Taprest, commandant l’aéroport international de KAIA et les forces françaises en Afghanistan. La veille de cet événement, le MGI Patrick Godart et le général de division aérienne Olivier Taprest, ont inauguré des plaques commémoratives en l’honneur du personnel français du service de santé des armées tombé en Afghanistan. L’Hôpital médico-chirurgical (HMC), mis en service le 8 juillet 2009, est le premier hôpital construit par l’OTAN sur un théâtre d’opérations. Cette structure internationale dans laquelle ont œuvré des militaires de plusieurs nationalités, était sous la responsabilité de la France depuis le 18 mars 2010. L’HMC assure une mission de soutien santé (urgences, chirurgie viscérale et orthopédique, scanner…) ainsi que des évacuations sanitaires (MEDEVAC). Ses équipements techniques de très grande qualité sont du niveau de ceux d’un hôpital européen. La chaîne d’évacuation et de prise en compte des soldats blessés de la coalition est optimisée, de la prise en charge sur la zone d’opération jusqu’aux soins apportés par le personnel soignant de l’hôpital, avant leur éventuelle évacuation vers leur pays d’origine.
30 juin : remise du fanion de l'HMC
HMC Kaia 2009-2014
90 militaires américains de la Task Force 31 Medical provenant du Texas assureront désormais les missions de cet hôpital.
HMC Kaia
2009-2014
Consultations au total soit plus de 55 000 1 000 par mois, afghane de la population 78,22% au profit Hospitalisations : 200 par mois (été 2010 - été 2012) Au plus fort du conflit de militaires étrangers, 10% afghane 20% de Français, de l’armée nationale 15% de militaires population locale (ANA) et 55% de de guerre 10% de blessés les Interventions chirurgica ment au profit de la Plus de 5 000, essentielle population afghane supplantée chirurgie de guerre Depuis l’été 2012, par chirurgie réglée
Photos : ICN J. Bujakiewicz/SSA,
Sirpa Terre, ECPAD
Evacuations médicales 850 patients évacués
16-17
s et en photos p.
le bilan en chiffre
Actu santé • # 136 • juillet - septembre 2014 •
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Remise de fourragère à l’hôpital Percy
Mercredi 30 avril, le médecin général des armées Jean-Marc Debonne, directeur central du service de santé des armées, a remis la fourragère de la croix de la Valeur militaire à l'hôpital d'instruction des armées (HIA) Percy pour son action en Afghanistan. La fourragère aux couleurs du ruban de la croix de la valeur militaire est destinée à rappeler les actions d'éclat accomplies par les formations citées au moins deux fois à l'ordre de l'armée à titre collectif, au cours d'opérations de combat. C’est le cas de l’HIA Percy : il s’est particulièrement distingué au printemps et à l’été 2011, lors d’un afflux de blessés en provenance du territoire afghan, puis le 20 janvier 2012, sur la base opérationnelle avancée de Gwan, suite à l’attaque d’un groupe de militaires perpétrée par un soldat afghan renégat. Percy est le premier HIA a être autorisé au port de la fourragère qui est une reconnaissance du dévouement de son personnel médical et paramédical qui a répondu de manière exemplaire à tous les besoins de prise en charge des blessés qui lui ont été acheminés. Au-delà de ses actions sur le théâtre afghan, l’HIA Percy a, au cours des huit dernières années, pris en charge plus de 3 000 militaires et déployé plus de 800 soignants militaires sur tous les théâtres d'opérations. Il a créé une cellule spécifique de conduite et de planification qui intègre, pour la première fois, le commandement, les acteurs sociaux et les intervenants administratifs au protocole de réinsertion personnelle et professionnelle des blessés.
Visite du DC
à Dakar
Le 15 mai, le MGA Jean-Marc Debonne, DCSSA, a assuré sur le thème des « Nouveaux défis de la médecine militaire à l’horizon 2020 » la conférence inaugurale des 15e journées médicales de l’hôpital Principal de Dakar, dont il a été le coordonnateur des services médicaux. Le lendemain, il a visité le Centre médical inter-armées (CMIA) de Dakar. 10 • Actu santé • # 136 • juillet - septembre 2014
Actualités en bref… en bref… en bref… en bref… en bref… en bref… en bref… en bref… Kosovo : don de médicaments et de matériels aux hôpitaux
L’IHEDN découvre le service de santé des armées
© HIA Percy/A. Gauthier
Après 15 ans de présence sur le territoire du Kosovo, les derniers soldats français ont quitté le Kosovo le 12 juillet 2014. Les matériels techniques « santé », tels qu’une table d'examen et des brancards, et des produits consommables, tels que des médicaments, des attelles, des béquilles et des cathéters, n’ayant pas vocation à être rapatriés ont été remis courant juin aux deux hôpitaux publics de Mitrovica. Ce don a été organisé par le personnel du poste médical armant le rôle 1 du camp de Novo Selo. Le plasma lyophilisé récompensé du prix de l’Audace
ME
L’équipe du service de santé des armées a remporté le titre de vice-championne de France militaire de « vol relatif à 4 » aux championnats qui se sont tenus fin mai sur la Base Aérienne 701 de Salonde-Provence.
© IHA E. Montaigu
L’équipe est composée des médecins Vertu et Bruneau, des centres médicaux des armées de Castres et de Pau, des internes Montaigu et Mellati, issus des hôpitaux d’instruction des armées Desgenettes et Legouest et du caporal-chef Errant, cameraman, issu du 3e RPIMa de Carcassonne. « Les entraînements n’ont pas été vains ! Nous avons terminé devant l’équipe des marins pompiers de Marseille et derrière l’équipe de compétition de l’armée de l’Air » se félicite l’interne des hôpitaux des armées Montaigu.
© DICOD
IS PARACHUT
Le 28 mai, le médecin chef des services Anne Sailliol et le pharmacien en chef Anne Virginie Gachet ont reçu le prix de l’Audace pour le plasma lyophilisé « Plyo », créé au centre de transfusion sanguine des armées (CTSA). Le « Plyo » est le plasma de référence pour une prise en charge immédiate du blessé hémorragique grave du fait de son efficacité, de sa sûreté, de sa tolérance et de ses qualités logistiques, disponible sans délai, en tout temps, tous lieux et toutes circonstances. Pour les besoins des armées, le CTSA a optimisé le processus de production pour en accroître les quantités en diminuant les coûts et tout en répondant aux référentiels nationaux. Ces améliorations ont permis de proposer ce produit au secteur civil. Financement : le développement de Plyo, de la nouvelle poche, de la pompe, de la connecteuse et du packaging, a été soutenu par la mission innovation participative à hauteur de 66 000 €.
© S.Lafargue/ECPAD
Le 23 mai 2014, le service de santé des armées a été présenté à la 66e session « Politique de défense » de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) sur le site de la Direction des approvisionnements en produits de santé des armées (DAPSA) à Orléans.
Les auditeurs de l’IHEDN ont découvert les modes d’action du soutien santé en opération. Ils ont assisté à des démonstrations de sauvetage au combat de niveau 2 et 3, ainsi qu’au déploiement d’unités médicales opérationnelles, réalisations emblématiques du savoir-faire du ravitaillement sanitaire, et visité la pharmacie centrale des armées. Des médecins des forces leur ont présenté un retex du soutien santé en 2013/2014 en opérations extérieures : médicalisation à l’avant en terrain hostile et rôle du psychiatre militaire en ouverture de théâtre. SInAPS récompensé Le 2 avril, le projet SInAPS (Système d’information des approvisionnements en produit de santé) du SSA a reçu le trophée de bronze dans la catégorie « medium implementation » aux SAP Quality Awards 2014 organisé par l’éditeur de progiciel qui récompense ainsi ses clients de la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA) pour la mise en œuvre effective de projets SI (systèmes d'information) complexes et ambitieux. Sur un total de 222 candidatures, 25 lauréats de la région EMEA ont été présélectionnés et présentés à un panel externe de juges. 12 projets ont été récompensés. Ils ont été jugés sur 10 principes de qualité de SAP, le contexte de mise en œuvre et les résultats obtenus par l’entreprise. Actu santé • # 136 • juillet - septembre 2014 •
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Actualités
Serious game
le sauvetage au combat Pour assurer la survie du blessé au combat, tout se joue dans les premières minutes. Certains blessés graves peuvent survivre si leurs camarades de combat tout d'abord, puis les auxiliaires sanitaires, les infirmiers et les médecins, appliquent tour à tour des gestes simples de sauvetage au combat, à réaliser parfois sous le feu ennemi. Grâce aux environnements virtuels 3D temps réel, apprendre en pratiquant est devenu simple et permet de mieux retenir les gestes de survie à pratiquer. 3D-SC1, serious game, conçu avec l’appui de la Mission innovation participative de la Direction générale de l’armement (DGA), a été créé et supervisé par des réanimateurs de l’hôpital d’instruction des armées Bégin. Fruit de la collaboration entre le SSA et Medusims, une start up leader dans le domaine de la production de serious game médicaux, 3D-SC1 propose de vivre une expérience unique, d’apprendre et de s’entraîner aux gestes qui sauvent au combat. La prochaine diffusion de 3D-SC1 à toutes les unités opérationnelles, complétée dans les prochains mois par la déclinaison de ce serious game pour le SC2 et le SC3, constituera à terme une base moderne et efficace de l’entrainement par simulation au sauvetage au combat. Source : MP (TA) Pierre Pasquier, MC Stéphane Mérat, Fédération Anesthésie – Réanimation – Urgences, Hôpital d’instruction des Armées Bégin, Saint-Mandé
Soutien Médical des opérations BALTIC 1 RÔLE 1
TRIDENT - EULEX 3 RÔLE 1
BSS -
BANDE SAHÉLO-SAHARIENNE
BSS Ouest
BSS Est
13 RÔLE 1 + 3 AMET 1 UMT 1 RÔLE 2
3 RÔLE 1
DAMAN
HERACLES 1 RÔLE 1
2 RÔLE 1 + 2 AMET
+ 2 AMET 1 RÔLE 2
PAMIR 1 RÔLE 2
HARPIE 1 RÔLE 1
SANGARIS LICORNE 1 RÔLE 1 + 1 AMET 1 RÔLE 2
12 • Actu santé • # 136 • juillet - septembre 2014
12 RÔLE 1 + 2 AMET 1 RÔLE 2
FAN 10 RÔLE 1
dossier :
LES VALEURS du ssa
D
Médecin général inspecteur Patrick GODART Directeur central adjoint du service de santé des armées
ans certaines cultures, on prétend que « n’a de la valeur que ce qui dure ». À cet égard, les valeurs du service de santé des armées, héritées de nos anciens, sont exemplaires. Leur richesse ne doit pas amener à les réinventer ou les remettre en question. L’objectif, en consacrant ce numéro d’Actu Santé à ce sujet, est de réaffirmer toute l’importance des fondements du Service, acquis patiemment tout au long des trois derniers siècles. Marcher sur les pas de nos anciens et porter les valeurs qu’ils ont défendues est la garantie de conserver le cap d’une action noble et reconnue. Cependant, le monde change vite, et il se métamorphose perpétuellement. Au risque de perdre les repères, il apparait impératif de conduire notre action collective dans un cadre clair, avec des socles renouvelés. Ainsi la philosophie, l’éthique et la déontologie peuvent permettre de trouver les indispensables équilibres moraux propres aux métiers de la santé militaire. Sur le plan institutionnel, le SSA porte les plus hautes valeurs de l’État, telles que l’engagement pour les droits de l’homme, l’abnégation, la solidarité, le désintéressement, la non-discrimination et la disponibilité au service de l’intérêt général. Ce dossier thématique n’a pas vocation à répondre aux interrogations philosophiques qui dépassent le Service. En revanche, pour les femmes et les hommes qui composent le Service, il est vital de savoir comment appré-
hender les valeurs fondamentales militaires et médicales, au cœur de leur e ngagement et noyau de leur déontologie. C’est pourquoi, il est proposé d’abord au lecteur, une revue de la littérature relative à la signification des valeurs pour les armées et pour la santé. Au-delà de ce socle théorique, ont été interrogés nombreux d’entre vous grâce à des témoignages, des séances de réflexion et enfin un questionnaire. Ainsi, une image contemporaine assez précise des valeurs du Service a pu être esquissée. Le projet de Service « SSA 2020 », va très probablement modifier en profondeur notre organisation. Nos valeurs seront alors le plus précieux des ciments pour maintenir notre cohésion autour de ce futur modèle. Le travail présenté dans ce numéro n’est qu’une première évocation de cet ensemble admirable de valeurs qui nous unissent. Depuis trois siècles, soyons-en bien conscients, le personnel du SSA est un personnel engagé au service de la France et de ses patients militaires et particuliers, entièrement dévoué en tous temps et en tous lieux. Je tiens à remercier ici tous les contributeurs à ce dossier consacré aux valeurs du SSA qui va permettre, j’en ai la conviction, de stimuler la réflexion et de s'interroger sur le respect de valeurs dans les travaux à venir et surtout dans notre action quotidienne. Actu santé • # 136 • juillet - septembre 2014 •
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dossier : LES Valeurs du SSA
Les valeurs du SSA Entre médecine et armées L'histoire témoigne d'un fait d'évidence, la guerre et la médecine ont coexisté à travers les siècles dans des rapports a mbigus. Encore aujourd’hui la relation entre le domaine militaire et le domaine santé n’est pas toujours évidente car elle repose sur le contenu que l’on met dans les valeurs de chacun et sur le degré et la manière de gérer les difficultés entre les deux. Cependant, en pratique, l’intérêt de l’individu et l’intérêt des armées convergent dans la majorité du temps : la zone de recouvrement des valeurs est suffisante pour que la tension entre les deux systèmes ne se rencontre qu’assez rarement. De plus, être militaire et être simultanément professionnel de santé sous-entend à l’évidence de nombreuses qualités communes entre vertus militaires et éthique médicale, mais les pratiques professionnelles et responsabilités envers les hommes diffèrent. Par exemple, Maurice Druon* exprime bien la nature complexe du médecin militaire : « Le médecin militaire est un homme étrange et admirable qui unit trois vocations : l’abnégation du soldat, l’intelligence du savant, la charité du religieux hospitalier. On l’appelle « Mon capitaine, Mon colonel », autant que « Docteur, Monsieur le professeur » mais on pourrait aussi bien… lui dire « Mon frère ». » On sait le nombre de ces témoignages appliqués aux infirmières, aux Rochambelles, au brancardier de la section de combat où à la convoyeuse de l’air. Les valeurs militaires, issues des armées de
l'ambulance militaire 1887
14 • Actu santé • # 136 • juillet - septembre 2014
conscription, sont les mêmes depuis longtemps. Toutefois leur signification intrinsèque varie dans le temps. Par exemple, le héros moderne est différent du héros antique. La notion de Patrie a évolué avec les changements de régimes, singulièrement de nos jours avec la perte de la souveraineté au profit d’organisations supranationales. Cependant, les armées continuent à travers leurs valeurs à poursuivre un idéal élevé au service de la société. Les valeurs du SSA en sont le prolongement. Les valeurs médicales sont, quant à elles, inspirées par une éthique quasi immuable depuis les origines. L’humain est au centre de tout. Cependant, si ces valeurs sont immuables, leur mise en œuvre peut varier selon les époques et les cultures. L’« intérêt du patient » sert de base à la réflexion des professionnels de santé mais n’est plus le seul à orienter l’action. L’approche globale de la santé modifie le rapport dans la relation médecin patient particulière nommément appelée « colloque singulier ». Le mode de pensée a évolué. « La confraternité » ne s’exerce plus seulement dans une relation de personne à personne mais de façon souvent virtuelle avec l’emploi toujours plus important des nouveaux modes de communication. Ces évolutions signifient donc que derrière une valeur pérenne, il peut y avoir, selon les époques, une signification différente du principe défendu. Il est parfois difficile de conjuguer les valeurs fondamentales avec les évolutions de la société. La valeur « désintéressement » est
un exemple fort car notre société aujourd’hui fonctionne sur la base de la rentabilité. Ainsi, même si les valeurs médicales sont soumises aux nouvelles activités, aux évolutions de la société et aux nouvelles technologies, elles sont porteuses du sens éthique et déontologique. Le SSA en est forcément imprégné. Le système de valeurs du SSA est donc, par addition plus que par séparation, l’expression de sa double appartenance aux mondes de la défense et de la santé. Il est simultanément impacté par leurs évolutions propres, exprimées à deux niveaux en ce qui concerne les valeurs : la modernisation de la compréhension du contenu des valeurs fondatrices et la création de nouvelles valeurs le cas échéant. En effet, de nouvelles valeurs peuvent émerger du fait de l’évolution des sociétés ou des milieux, elles peuvent aussi être créées par la volonté politique, mais il est important d’insister sur le fait que pour devenir valeurs, elles doivent être partagées. Cet exercice est essentiel si l’on souhaite que les valeurs affichées par l’institution soient celles qui fondent réellement l’action du personnel. C’est la raison pour laquelle, à tous les niveaux, toute action, toute stratégie choisie doit s’appuyer sur les valeurs. Ainsi, même si le système de valeurs reste le même, les valeurs prioritaires, véhiculées en interne et en externe, pourront varier puisqu’elles viennent bien en appui des choix et stratégies choisie. CDT K. Le Bronnec, MP L. Sum, MC V. Denux
dossier : LES Valeurs du SSA
L’attribut du SSA,
un symbole d’appartenance fort Le SSA a fêté ses 306 ans en janvier 2014. Après plus de 3 siècles d’histoire, le personnel du Service n’a jamais cessé de porter, sous diverses formes, les éléments originels constitutifs de l’attribut symbolique qui lui fût donné à sa création. Cet attribut est aujourd’hui brodé ou frappé d’or, sur les boutons, coiffes, emblèmes et insignes, sous tâches et épaulettes. Mais savons-nous vraiment d’où vient l’attribut du SSA ? Quels symboles le constituent ? Quelles en sont les significations ? Quelles valeurs porte-il ? CNE J-P. Semiramoth, MP L. Sum
Le bâton d’Esculape L’attribut du SSA s’inspire du bâton sur lequel Esculape (ou Aesclèpios), dieu de la médecine chez les Grecs anciens, s’appuyait pour se déplacer chez les malades. Esculape est plus exactement le dieu de l’art de guérir, un art à trois composantes : la médecine, la pharmacie et la chirurgie. C’est pour cela que le bâton, symbole universel du voyage, a été remplacé dans l’attribut du service par un faisceau triple, symbolisant les trois branches de l’art de guérir. Il y est entouré par le serpent d’Epidaure.
Le serpent d’Epidaure La légende rapporte qu'un jour, en sortant de la ville d’Epidaure, Esculape rencontre un serpent (symbole de vie et de régénération) qui s’enroule autour de son bâton. Il le fait glisser à terre, l’assomme, puis continue son chemin. Il aperçoit alors un deuxième reptile, qui apporte en bouche à son congénère des brins d’herbe à l’effet miraculeux : la couleuvre laissée pour morte reprend vie. Médusé et instruit par cette expérience, Esculape se servira de plantes identiques pour les besoins de son art. Cette mémorable histoire est à la base de l’art de guérir - disons de deux de ses trois branches : la médecine et la pharmacie. L’iconographie traditionnelle symbolisera toujours l’archétype de la médecine avec un bâton « serpentaire », c’est-à-dire avec un serpent enroulé autour de lui (le bâton asclépiade).
Le laurier et le chêne L’attribut du SSA comprend, en outre, un encadrement mi-parti de feuilles de chêne et de laurier. Ces symboles tiennent leur origine de la Rome antique : la couronne de laurier récompensait les vertus civiles et la couronne de chêne récompensait le citoyen qui, au péril de sa propre vie, avait sauvé celle d’un de ses citoyens (vertus militaires).
Ne pas confondre avec le caducée d’Hermès L'attribut du SSA n’est pas un « caducée ». Le caducée est l’attribut d’Hermès, messager des dieux. Il est composé d’une baguette de laurier ou d’olivier (et non d’un bâton), ailée en son sommet, autour de laquelle s’enroulent de façon symétrique deux serpents, cette baguette est réputée guérir des morsures de ces animaux. Le caducée d'Hermès a été utilisé par un imprimeur pour une collection de livres de médecine, aux environs du XVIe siècle. Il est depuis resté utilisé dans certains pays (notamment anglo-saxons) pour les professions de santé, mais en Europe, c’est le plus souvent le bâton d’Esculape avec le serpent unique d’Epidaure qui constitue ce qui est improprement nommé « caducée ».
La prudence, une des vertu des médecins À l’époque révolutionnaire, le faisceau était surmonté d’un coq à ailes déployées, symbole de la vigilance. En 1803, le coq fut remplacé par le miroir de la prudence, pour signifier c’est uniquement par la connaissance de ses défauts que l’homme est à même de régler sa conduite. Cette prudence se matérialise par le « primum non nocere » (« d’abord, ne pas nuire ») de la leçon hippocratique. Les origines de la représentation de la prudence remontent à la fin du XVe siècle. La Renaissance représente Prudence, déesse de l’Olympe, comme une jeune femme portant un miroir dans lequel se mire un serpent, enroulé autour du manche. La ressemblance avec le bâton d’Esculape est évidente !
L’attribut de la médecine militaire a une signification sensiblement différente de son homologue civil. Il vaut pour toutes les branches de l’art de soigner, pour tout le service de santé, pour tous ses corps professionnels. Cet attribut, brodé sur le velours des pattes d’épaule ou estampé sur les boutons dorés des uniformes sert à les distinguer des autres militaires. Les membres de ce service pas comme les autres savent qu’ils doivent venir en aide aussi bien aux vaincus qu’aux vainqueurs, aux ennemis qu’aux amis. Sur un champ de bataille, victoire ou défaite ne changent pas grand-chose à l’exercice de la profession. Chacun a en mémoire les nobles paroles du baron Larrey, chirurgien de l’Empereur : « Allez où la patrie et l’humanité vous appellent et soyez toujours prêts à servir l’une et l’autre ». L’attribut du Service de santé des armées traduit très concrètement son attachement aux valeurs citoyennes, militaires, médicales, éthiques et humanistes qu’il s’est approprié. Il représente fièrement nos valeurs les plus profondes et immuables. Actu santé • # 136 • juillet - septembre 2014 •
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Photos : ICN J. Bujakiewicz/SSA, Sirpa Terre, ECPAD
HMC Kaia
2009-2014
Quelques chiffres Consultations 1 000 par mois, soit plus de 55 000 au total 78,22% au profit de la population afghane Hospitalisations 200 par mois Au plus fort du conflit (été 2010 - été 2012) : 20% de Français, 10% de militaires étrangers, 15% de militaires de l’armée nationale afghane (ANA) et 55% de population locale 10% de blessés de guerre Interventions chirurgicales Plus de 5 000, essentiellement au profit de la population afghane Depuis l’été 2012, chirurgie de guerre supplantée par chirurgie réglée Evacuations médicales 850 patients évacués
Au total, ce sont 600 médecins, 900 infirmiers, infirmiers anesthésistes et de bloc-opératoire, manipulateurs radio, techniciens de laboratoire et aides-soignants qui ont servis à KAIA entre 2009 et 2014. Il faut y ajouter 900 brancardiers-secouristes et cadres du Régiment médical. L'HMC KAIA est mis à l'honneur en défilant à Paris le 14 juillet 2014.
dossier : LES Valeurs du SSA
Le long chemin
vers les valeurs fondatrices du service de santé des armées L’Edit du 17 janvier 1708, par la création d’offices de médecins et de chirurgiens des armées du Roy, est l’acte de naissance du service de santé des armées. Il est aussi le fondement des valeurs du Service car il affirme l’importance accordée à la vie humaine et représente la reconnaissance officielle des devoirs de L’Etat envers ses soldats. Mais pour atteindre cette consécration, le système de valeurs propres au soutien santé des forces armées s’est construit progressivement, de manière souvent chaotique, depuis l'Antiquité.
S
i les médecins grecs ont développé les valeurs médicales, le développement harmonieux du duo médecine/armées a pris plus de temps. Après l’effondrement de l’empire romain qui attachait à la santé de ses soldats un certain intérêt, les praticiens ne sont plus rattachés qu’aux seules personnalités clés des armées dans une logique de valeur individuelle des chefs de guerre.
exprimer une véritable volonté d’assurer des secours médicaux aux blessés. C’est la lente ascension vers une structuration du soutien santé. Au début du XVIe siècle, l’anecdote du dialogue entre Charles IX et le chirurgien Ambroise Paré illustre les valeurs qui animent les médecins et les chirurgiens voués au soutien des soldats : à la remarque du roi, « j’espère que tu vas mieux soigner les rois que les pauvres », Paré aurait répondu « non Sire c’est impossible, je soigne déjà les pauvres comme des rois ».
Les Croisades modifient quelque peu cette approche par la nécessité de disposer d’armées nombreuses dont la source se tarit vite. Les effectifs des combattants entraînés devant être conservés, l’émergence d’une organisation médicale devient À la fin du même siècle, alors indispensable. Henri III montre le cheÀ la remarque du roi, C’est ainsi qu’appamin par l’ordonnance de « j’espère que tu vas raissent les ordres 1597, qui commence ainmieux soigner les rois hospitaliers militaires, que les pauvres », Paré si : « Sa Majesté consiopposant à la relidérant combien […] il y aurait répondu « non gion, peu encline au Sire c’est impossible, je pourra avoir des gens de développement de la soigne déjà les pauvres guerre et soldats blessés lesquels, faute d’avoir médecine, la nécessité comme des rois ». moyen de se faire panser militaire. Le monde chrétien s’adapte donc et médicamenter, mouren prenant la main sur ces établissements. ront misérablement […], elle a résolu de faire C’est le début de la convergence entre les établir une maison pour relever et faire panser valeurs humanistes et les valeurs militaires. et médicamenter les blessés ». Ainsi se poursuit cette évolution, au XVIIe Les siècles suivants s’ouvrent ensuite len- siècle, par le testament de Richelieu adressé à tement à la science. La Renaissance en Louis XIII et qui est sans ambiguïté : « si avec est la première expression par l’éveil de la cette bonne règle […] on a un soin particuconscience de l’homme face à son propre lier des soldats, si l’on continue les missions pouvoir de destruction, le poussant à mettre militaires pratiquées pour les empêcher de en place un soutien santé de plus en plus tomber malades ; si […]on a des hôpitaux structuré. Les rois commencent alors à qui suivent l’armées en tous lieux, j’ose ré-
“
„
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1
dossier : LES Valeurs du SSA
1 - Edit du Roy 2 - Ambulance de la bataille de Hanau. Larrey ampute le sous-lieutenant Rebsomen 3 - Soins en Crimée - 1855 4 - Premiers soins sur le champ de bataille pendant la Grande Guerre 5 - Le Médecin lieutenant Patrice de Carfort au Tonkin, 1953
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4
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pondre que l’Infanterie de ce Royaume sera bien disciplinée à l’avenir ». C’est finalement Louis XIV qui, sensibilisé par les expériences des réalités de la guerre auxquelles il fut confronté dès sa jeunesse, généralise les hôpitaux militaires permanents dans les places. En effet, l’armée royale devenue permanente mais constituant un monde à part, largement rejeté compte tenu des pratiques qui étaient les siennes (la violence érigée comme une tactique efficace), le soldat blessé n’était pas le bienvenu dans les structures hospitalières générales. La constitution d’un réseau particulier était donc devenue nécessaire. Le siècle des lumières voit ensuite la disparition progressive des prestations occasionnelles des médecins commissionnés au coup par coup, la mise en place d’une sélection des médecins et des chirurgiens préalablement à l’octroi des charges et enfin leur présence permanente dans les unités et formations hospitalières. Les valeurs qui ont animé ces médecins militaires à travers l’histoire sont bien illustrées par cette phrase tirée d’un ouvrage d’Ambroise Paré: « le gain étant éloigné, le seul honneur nous est proposé et l’amitié de tant de braves soldats auxquels on sauve la vie ». Le Baron Percy, plus de deux siècles plus tard se fondera aussi sur ces valeurs quand il inventera la chirurgie de guerre. Ainsi, intérêt véritable porté aux blessés et aux malades, désintéressement matériel, sans compromission, acceptation du sacrifice altruiste sont les véritables marques originelles de la médecine militaire. MC B. Quentin, MC V.Denux, MGI (2s)Wey Actu santé • # 136 • juillet - septembre 2014 •
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dossier : LES Valeurs du SSA
LA grande enquête
Répartition des répondant selon leur statut
sur les valeurs du SSA
Pour définir les valeurs du SSA, l’ensemble du personnel du Service a été consulté via un questionnaire d’enquête qui portait sur les qualités nécessaires pour travailler au sein du SSA, les valeurs à porter, une devise, les actions à mettre en œuvre et les vecteurs à utiliser pour diffuser les valeurs du SSA. Voici les résultats.
LTG sur les valeurs
MDR Répartition répondant selon leur statut MPVD* MITHA Résultats dudes questionnaire (enquête anonyme surCivils Intrasan)
33 %
29 %
14 %
11 %
Répartition des répondant selon statut Un tiers des répondants sont desleurpraticiens du SSA.
Autres
13 %
* Médecins, Pharmaciens, Vétérinaires, Dentistes MPVD*
MPVD*
33 %
MITHA
MITHA
29 %
33 % 29 % Affectation
MDR
MDR
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14 %
Civils
Civils
Autres**
11 %
11 %
Autres**
13 %
13 %
* Médecins, Pharmaciens, Vétérinaires, Dentistes ** Autres : élèves, OCTA, personnels des armées, officiers, sous-officiers, dont le nombre de répondants était inférieur à 30
* Médecins, Pharmaciens, Vétérinaires, Dentistes
* Médecins, Pharmaciens, Vétérinaires, Dentistes
Médecine des forces
La majorité Affectation des répondants sont affectés en centre médical des armées. Le Service a entrepris un travail d’identification des valeurs du SSA en trois temps. Le bureau Etudes et prospective de la DCSSA a tout d’abord réalisé une étude bibliographique sur les valeurs des armées françaises ou étrangères mais également les valeurs médicales. Ensuite, des sessions de réflexion ont été organisées avec des personnes appartenant à chaque catégorie statutaire présente dans le Service. L’approche choisie a été celle du laboratoire de travail en groupe (LTG) proposé par la direction générale de l’armement (DGA). À la différence d’un groupe de travail qui fait appel aux connaissances acquises par ses membres et qui débouche sur des solutions, le LTG fait non seulement appel à leur expertise mais surtout à leur créativité. C’est la raison pour laquelle les séances se déroulent en civil, en dehors de toute notion de hiérarchie afin d'ôter toutes les barrières que peuvent générer les différents grades ou statuts. Les résultats du LTG ont ensuite servi de base à la réalisation d’un questionnaire sur les qualités individuelles et collectives, nécessaire pour garantir à l’institution un socle fort de valeurs fondamentales pour la construction de notre SSA à l’horizon 2020. CDT K. Le Bronec, MP L. Sum, MC V. Denux
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Valeu
HIA
Affectation
Direction Médecine des forces Médecine des forces HIA
HIA
/ État-major (régional ou central)
Direction / État-major Direction / Ecoles État-major (régional ou central) (régional ou central) Ecoles
Ecoles
hum
Ravitaillement sanitaire
Ravitaillement sanitaire (dont CTSA) Ravitaillement sanitaire (dont CTSA)
(dont CTSA)
Autres Autres Autres hors SSA) (dont organisme
(donthors organisme (dont organisme SSA)
solid
hors SSA)
les plus fréquemment citées Les Qualités qualitésindividuelles individuelles plébiscitées pour travailler au sein du SSA sont : Qualités individuelles les plus fréquemment citées • l’esprit d’équipe, d’équipe (61%) 1 esprit • le souci permanent du patient et de son environnement, Qualités individuelles les plus fréquemment citées • le sens12des responsabilités. espritpermanent d’équipe du (61%) souci patient et de son environnement (44%)
3 sens des responsabilités (35%)
1
du patient et de son environnement (44%) 2 souci permanent 4 recherche de la performance collective (31%) sens desd’autrui responsabilités (35%) respect (30%) esprit 3d’équipe (61%) commandement ou management adapté (30%) 4 recherche de la performance collective (31%) attachement à l’institution (30%) respect d’autrui (30%) ouverture d’esprit (29%)
commandement management et adapté duoupatient de(30%) son environnement (44%) 2 souci permanent attachement à l’institution (30%) ouverture d’esprit (29%) responsabilités (35%) 3 sens des
4
recherche de la performance collective (31%) respect d’autrui (30%) commandement ou management adapté (30%) attachement à l’institution (30%) ouverture d’esprit (29%)
4 signes individuels portés ou non en service
dossier : LES Valeurs du SSA
Les valeurs du SSA, valeurs fédératrices Valeurs fédératrices du SSA Trois valeurs fondamentales se dégagent pour près d’une personne sur deux : l’humanité, l’engagement et la disponibilité.
engagement humanité
disponibilité
La diffusion des valeurs du SSA, pour qui ? Pour quoi ?
Parmi les actions permettant de transmettre les valeurs du Service, deux actions sont revenues dans la moitiéles desplus questionnaires: Les devises à même de porter les valeurs du Serv • la dynamique intrinsèque, c'est à dire agir au quotidien selon les valeurs du Service – (ou exemplarité) • l’intégration à l’enseignement dans la formation initiale. Pour plus d’un tiers des répondants deux autres actions ont été retenues : • la communication vers l’extérieur sur le SSA et ses valeurs, • le fait d’honorer les actions et/ou les acteurs actuels du SSA qui ont « un engagement humain au service de l’humain » porté haut les valeurs du Service.
« Votre vie est notre combat »
« unis pour s
« la santé en tout temps, en
solidarité
performance
QUELLES devises seraient les plus à même de porter les valeurs du Service ?
pondant selon leur statut
MITHA
29 %
Les outils de communication des valeurs du SSA Pour deux tiers des répondants, les sites internet et intranet sont plébiscités pour véhiculer les valeurs du SSA. 1
sites internet et intranet 2 formations en écoles
Le LTG a proposé plusieurs devises : « Votre vie est notre combat » est la devise qui se dégage avec 23% de réponses favorables, bien devant trois autres devises: « Unis pour sauver » (16%) « La santé en tous temps, en tous lieux » et « Un engagement humain au service de MDR Civils Autres** l’humain » avec 12% pour ces deux dernières devises.
14 %
11 %
3 articles dans les revues de la défense
13 %
4 signes individuels portés ou non en service
rmaciens, Vétérinaires, Dentistes
D
e cette enquête sur les valeurs du SSA, il ressort des points forts quant à l’idée Médecine desses forces du Service et de valeurs. On retienHIA dra tout d’abord naturellement les notions d’humanité,Direction d’engagement et de disponibilité / État-major (régional central) propres à un serviceoudédié à la médecine. On constate, pour Ecolesle premier point fort, que ces valeurs impliquent de chaque personnel soiRavitaillement sanitaire (dont CTSA) gnant, ou non, une volonté de mettre l’accent sur l’espritAutres d’équipe. Le SSA peut apparaître organisme horscontre SSA) l’indiviici comme(dont un des remparts dualisme des sociétés contemporaines. Pour ses membres, le Service semble bien devoir être une collectivité solide à laquelle on est fier d’appartenir. L’idée est de ne faire qu’un, s les plus fréquemment citées selon un idéal au service des militaires et des patients en général. Le deuxième grand e (61%) point fort,mis en exergue, est le souci permanent duenvironnement patient et de(44%) son environnement, anent du patient et de son la (35%) volonté de performance pour atteindre es responsabilités recherche de la performance collective (31%) l’excellence. Il s’agit bien là du cœur de respect d’autrui (30%) métier, de la pratique médicale au plus haut commandement ou management adapté (30%) attachement à l’institution niveau(30%) dans des conditions parfois extrêmes, ouverture d’esprit (29%)
Valeurs fédératrices du SSA
toujours complexes. Pour mettre en exergue biais qu’a représenté le choix du média pour ces valeurs fondamentales, le personnel poser les questions. En effet, si intrasan est Les devises les plus à mêm engagement souhaite dès lors que celles et ceux qui ont la plateforme du SSA, elle l’est surtout pour porté l’idéal du métier soient honorés. Il res- les forces. Les autres composantes ont dévesort enfin le vœuhumanité d’afficher ces valeurs, de les loppé leur propre plateforme média non soldisponibilité montrer par des marques de reconnaissance licitée lors de l’enquête. Ainsi, la participation et de communiquer vers l’extérieur. Ainsi, les à l’enquête n’est pas représentative l’intérêt « undeengagement humain «l devises proposées sont l’expression de tous porté au sujet mais est plutôt une conséces points forts car elles sont les vecteurs quence du choix média utilisé. Une fois ce des valeurs du solidarité Service et l’expression performance de la biais considéré, avec presque 500 questionvolonté de se battre pour la vie quelles que naires retournés en moins de 2 mois, il s’agit soient les circonstances. Le personnel du de la première enquête réalisée pour la preService apparait comme il l’a toujours été, mière fois sur intrasan, pour un sujet encore prêt à s’engager pleinement pour remplir sa jamais abordé en tant que tel et cette première mission et marcher d’un bloc dans les pas de participation peut servir de référence. nos anciens. Cependant, il est indispensable qu’ils trouvent un sens et une reconnaissance Merci dans tous les cas à tous les participants à leur action. pour leur implication active et constructive, de la haute idée qu’ils ont des valeurs du SerCette analyse n’est que l’expression des ré- vice et du sens profond de leur engagement, pondants au questionnaire. Il faut noter que en dépit des incertitudes actuelles. les conclusions mériteraient d’être confirmées MP L. Sum, MC V.Denux,MC L. Ollivier par une enquête plus large, en éliminant le
« Votre vie est
Actu santé • # 136 • juillet - septembre 2014 •
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dossier : LES Valeurs du SSA
Les valeurs vues par… …un commissaire des armées
La variété des missions et des métiers du SSA lui permettent de travailler avec de nombreux acteurs et leurs différentes valeurs. Il semblait donc logique d’interroger également un personnel extérieur au Service. Témoignage d’un commissaire des armées affecté depuis près de 4 ans au SSA, qui définit les valeurs comme « une boussole pour guider l’engagement individuel et collectif ».
Pré-diagnostic : l’ouverture, valeur fondamentale ? Pour être iconoclaste, on pourrait commencer par remarquer qu’il importe peu à un militaire qui n’embarquera jamais de savoir qu’honneur, patrie, valeur et discipline constituent des valeurs à ce point essentielles pour la Marine, qu’elles sont affichées sur toutes les passerelles des bâtiments à la mer. Rien de tel pour le Service de santé. Bien au contraire ! Les valeurs ne sauraient être réservées aux seuls militaires et civils du Service. Ils en sont certes les porteurs, les garants mais ils sont aussi titulaires d’une mission : celle de témoigner de la réalité de ces valeurs dans leurs relations quotidiennes avec l’ensemble des bénéficiaires des missions du Service. Pareille confrontation à des regards extérieurs constitue un puissant levier de motivation et d’engagement. Ainsi, l’ouverture à une patientèle militaire, civile, internationale permet de relever un double défi : être acteur des valeurs à la fois au sein du Service et au-delà du Service. Cette double orientation, interne et externe, constitue une originalité et une indéniable source de richesse pour le Service. Sur de telles fondations, les valeurs se déclinent très concrètement au quotidien, à travers trois principes riches de sens. 22 • Actu santé • # 136 • juillet - septembre 2014
Pour un militaire issu des armées et affecté au SSA, bien plus que la permanence, la continuité opérationnelle ou même le service des urgences, c’est le continuum qui frappe sans doute le plus. C’est une évidence, mais elle mérite d’être soulignée. L’engagement au sein du SSA n’est pas fait d’un quotidien aux couleurs d’entrainement ponctué par des missions opérationnelles. Le soin est prodigué en permanence, sous toutes les latitudes, dans tous les environnements sur des patients loin de toute simulation, d’exercices majeurs ou de permissions à 100 %. Cette dimension opérationnelle pourrait constituer une valeur qui identifie clairement le Service.
Associer richesse et diversité
du Service se cultive dans la prise en compte de l’humain, une valeur qui l’irrigue en permanence et se décline au quotidien. Il ne s’agit pas de confrontation avec autrui, dans le sens de « résolution des problèmes », parfois avec un fort sous-entendu conflictuel. Il revient plutôt au Service de porter cette qualité fondamentale qui vise à prendre en compte la personne dans sa totalité et d’œuvrer à sa santé en tant qu’état de complet bien-être physique, mental et social, qui ne consiste pas seulement en « une absence de maladie ou d'infirmité » pour reprendre les mots de l’OMS. L’éthique du Service se construit donc dans la mise en œuvre au quotidien de ce devoir de responsabilité construit sur la confiance. À ce titre, la relation avec autrui et la considération prennent tout leur sens en tant que valeurs du Service.
Le militaire qui va consulter dans un CMA, passe une visite d’aptitude ou avale un cachet de Paludrine est bien loin d’appréhender la richesse et la diversité du Service. Et pourtant, que l’on évoque la production industrielle de médicaments, le traitement des grands brûlés, la recherche biomédicale de défense ou la confection de plasma cryo-desséché, c’est bien d’un seul et même Service de santé que l’on parle. Mais surtout, la force du Service repose sur les femmes et les hommes qui témoignent de la richesse et de la diversité des compétences, des profils, des sensibilités. Voilà bien une valeur fondamentale du Service.
CRC2 G. Meurant
« L’homme est la mesure de toute chose » (Protagoras)
Finalement ces valeurs prennent tout leur sens dès lors que l’on reconnait la place essentielle qui doit être accordée à l’humain. Bien insolent serait celui qui voudrait ici donner des leçons de gestion des ressources humaines. Il s’agit plutôt de souligner que la légitimité
© ICN J. Bujakiewicz/SSA
© CC1 E. Chérel - BCISSA/DCSSA
Approche symptomatique ou la valeur des valeurs
© CC1 S. Lemaire - BCISSA/DCSSA
dossier : LES Valeurs du SSA
… LE personnel civil Le Service de santé des armées (SSA) est composé d'un tiers de personnel civil et cette part devrait encore augmenter dans les années à venir. Aussi, le témoignage de cette catégorie paraissait particulièrement important, à l'aube des transformations prochaines. Le personnel civil est indispensable à l’accomplissement de la mission du Service et doit donc se reconnaître dans les valeurs du SSA : c’est la condition pour que la cohésion soit forte et que l’action est un sens pour tous. Deux témoignages montrent ici tout l’attachement porté à notre institution par notre personnel civil et l’importance pour lui aussi accordée aux valeurs.
« Je travaille pour le SSA depuis 28 ans. J'ai d'abord été affectée au Centre Hospitalier des Armées (CHA) de Bourges au sein du département financier (dénommé alors « service d'administration générale et de gestion financière»). Du fait de sa fermeture, j'ai été mutée à la Direction centrale du service de santé des armées (DCSSA) à Paris. En 1997, la direction était située dans les prestigieux locaux des Invalides, aujourd’hui transformés en musée. J'ai eu l'opportunité de rester dans le Service dans le domaine de la gestion financière ce qui est ma branche métier depuis toujours. Pendant ces 28 ans de carrière, en tant que civile de la défense, j'ai rencontré des gens de grandes valeurs morales. Le SSA participe au soutien, au véritable soutien de l'homme sur les théâtres d’opération, dans les HIA et aujourd’hui les CMA. Mais pour revenir à mon propre attachement au Service, j'ai eu de nombreuses propositions pour travailler dans d'autres armées et services et je les ai toutes refusées. Je suis restée car mes valeurs reposent aussi sur les valeurs que le Service porte : le courage, l’honnêteté, l’amour du travail bien fait, et cela dans un souci de respect des autres. »
« Fonctionnaire du ministère de la défense depuis 14 ans, je travaille au SSA depuis 8 ans. Je suis actuellement en charge d’Intrasan et du site internet du Service. Je ne connaissais pas le Service lorsque j’ai postulé à un poste ouvert à la banque nationale des emplois dans mon domaine de spécialité. La raison d'être du Service est présente, où que l'on travaille. C'est ce qui fait sa force. Aujourd’hui, je peux dire que bien que civile, employée dans un domaine non opérationnel, j’ai le sentiment de travailler au cœur de ce qui est essentiel : la vie. Travailler pour le SSA permet de contribuer, même modestement, au bien-être du personnel de la Défense. »
Mme Aoufi
Mme Pinard-De Backer Actu santé • # 136 • juillet - septembre 2014 •
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dossier : LES Valeurs du SSA
Les valeurs et le projet de service « SSA 2020 »
« La force du Service et son originalité résident dans la synthèse de ses valeurs ». C’est ainsi que le projet de service « SSA 2020 » réaffirme l’attachement fondamental aux valeurs militaires et médicales qui ont servi de points d’ancrage à travers ses trois siècles de son histoire. En dépit des changements de structure et de mission, les valeurs soignantes sont restées le socle immuable et les valeurs opérationnelles ont continué à fonder les déploiements du Service en tout temps, en tout lieu et en toutes circonstances.
A
ujourd’hui, il s’agit de réaliser une nouvelle transformation du SSA d’une ampleur particulièrement importante. Ce travail est devenu indispensable face aux changements de paradigme des mondes de la défense et de la santé qui composent l’environnement du Service. Les principes qui vont présider à cette transformation sont tout d’abord la concentration sur le cœur de métier puis l’ouverture vers le monde qui nous entoure. Le cœur de métier est représenté par la pratique de la médecine en situation d’exception (hauts risques, conditions difficiles, catastrophes, crises, situations d’urgence, etc) et ses corollaires comme la préparation opérationnelle et la réhabilitation. Ce volet reste ancré sur les valeurs d’humanité, d’engagement, de dévouement et de disponibilité. Finalement le don de soi et l’esprit de corps caractérisent notre institution. Les circonstances et les époques peuvent bien changer, le cap reste identique : être là ensemble quand personne n’y est plus. L’ouverture est, quant à elle, devenue incontournable à l’aube du XXIe siècle où tout repose sur les réseaux et la recherche de l’économie des moyens. Seul, il est devenu impossible d’agir efficacement. C’est bien la raison pour laquelle le Service, qui porte des valeurs régaliennes, au service de la Nation, se doit de trouver des solutions pour rester performant qualitativement et économiquement pour le soutien des forces armées mais aussi pour répondre aux besoins de l’Etat au sens large. Si, au XVIIe siècle, la séparation entre le SSA et la santé publique était naturelle car à l’époque les soldats de l’armée royale n’étaient pas les bienvenus dans les hospices, aujourd’hui ce n’est plus le cas
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car les patients civils et militaires sont reçus ensemble dans les structures aussi bien civiles que militaires. Ainsi, si pour des raisons opérationnelles, les hôpitaux militaires restent nécessaires, un rapprochement est aujourd’hui possible entre le SSA et la santé publique. Les valeurs au sein des établissements du SSA resteront cependant toujours les mêmes car il s’agit bien d’appliquer des principes modernes toujours au service des blessés et malades qui font le sacrifice de leur santé et de leur vie pour la France. En partant de ce principe d’une santé au service de ceux qui donnent pour notre pays, le projet de service « SSA 2020 » souhaite, dans le respect du contrat opérationnel, mettre ses moyens à disposition non seulement des forces armées mais aussi des forces de sécurité nationale. Cette approche est guidée par le Livre Blanc de la défense et de la sécurité nationale de 2013 qui préconise « une optimisation des ressources de l’Etat ». Cette ouverture vers les autres ministères chargés de la sécurité nationale est d’autant plus possible qu’il existe un partage des valeurs citoyennes et de puissance de l’Etat. On retrouve aussi ce partage des valeurs au service de la France et de nos concitoyens dans l’action pour garantir la résilience de l’Etat. C’est pourquoi, logiquement, le SSA devrait s’investir plus avant dans la gestion de crise et devenir un des référents nationaux pour des capacités rares comme celles dans le domaine NRBC ou d’autres pôles d’excellence du Service. Ainsi, le projet de service « SSA 2020 » est l’occasion de réaffirmer les valeurs qui président à l’action du Service. En continuant à s’engager dans notre époque avec des moyens et des concepts modernes, tout en
conservant les fondamentaux des valeurs humaines, opérationnelles et patriotiques, le Service peut changer de visage, son âme restera identique. En effet, même si une notion aussi forte que celle de la patrie venait à changer car on assiste à des transferts de souveraineté au profit des organisations supranationales, le SSA conserveraient ses valeurs essentielles au service d’un peuple élargi aux ressortissants européens par exemple. Cela procède de l’ouverture à l’international sans obérer la notion de patriotisme. En résumé, les valeurs qui conduisent l’action ne changent pas sur le fond, elles s’adaptent seulement aux époques, aux circonstances, aux technologies et à la demande de ceux que nous servons. Ces valeurs portent parfois des noms différents mais leur contenu est porteur du même sens fondamental. Il s’agit seulement de les valider ensemble pour que tout le personnel du SSA du XXIe siècle comprenne le sens de l’action du Service et se rassemble autour des fondamentaux que le SSA souhaite porter. Le projet de Service « SSA 2020 » est donc l’occasion de réaffirmer que « votre vie est notre combat », que nous sommes « unis pour sauver » ou encore que nous croyons en « notre engagement humain au service de l’humain » (cf. enquête). Toutes ces devises potentielles sont bien en phase avec la volonté de se concentrer sur notre cœur de métier et d’améliorer sans cesse, notamment par l’ouverture, la qualité du service rendu.
MC V.Denux
activités opérationnelles
40 jours à la dérive En mission de police des pêches autour des Iles éparses, la Frégate de surveillance Nivôse a secouru deux pêcheurs comoriens à la dérive dans le canal du Mozambique depuis plusieurs semaines. Rapidement pris en charge, ils seront sauvés et ramenés dans leur village.
À
bord, ils sont directement emmenés à l’infirmerie. Sur le plan clinique, ils sont rachitiques, très déshydratés, rencontrent des difficultés à marcher et à se tenir debout. Ils sont conscients, mais assez confus. Difficile d’évaluer depuis combien de temps ces deux pécheurs comoriens, âgés de 21 ans et 38 ans, sont en mer. Capables de boire et de s’alimenter, ils sont réhydratés et réalimentés par voie orale de manière prudente. Ils passent ensuite une première nuit sous surveillance médicale à l’infirmerie. Le lendemain matin, beaucoup moins confus et bien orientés, ils peuvent nous relater leur périple grâce à l’aide d’un marin comorien : le jour du départ de Grande Comore, une tempête a causé le chavirage de leur embarcation et la perte de tous leurs apparaux de pêche. Ils ont du retirer le moteur afin de retourner leur embarcation. Ils ont ainsi passé 40 jours à la dérive dans le canal du Mozambique. Quand ils ont vu arriver la frégate, leur désespoir était immense. Trois bateaux les ont approchés mais aucun ne s’est arrêté pour leur porter secours. Leurs conditions de survie étaient extrêmes : ils se sont nourris de poissons et d’algues amassés sous la coque, d’un petit requin et d’une tortue qu’ils ont réussi à attraper à main nue. Ils buvaient l’eau de pluie recueillie dans le fond de leur embarcation lors de la tempête et des pluies. Le plus âgé, Michel, est d’ailleurs un habitué de la mer. Il a déjà dérivé 18 jours l’année précédente suite à une panne de moteur, avant de s’échouer sur les côtes Mozambicaines.
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ont fait don spontanément de vêtements et d’argent. Le plus jeune, Farid, faisait des cauchemars : il se voyait dans l’eau, seul au milieu des requins et se réveillait en sursaut au moment de l’attaque. Michel nous a confié qu’il ne reprendrait plus jamais la mer et qu’il envisageait de se lancer dans une carrière de taximan. Les deux naufragés on été rendus à leur famille via les autorités comoriennes en présence d’une foule en liesse amassée sur le quai et de tous les chefs des villages voisins. Le courage et la persévérance de Michel et Farid forcent le respect. Cette expérience humaine extraordinaire met une nouvelle fois en avant la solidarité des gens de mer.
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Le service médical
Les deux naufragés ont passé cinq jours à l’infirmerie du bord. Ils ont été capables de se lever, de marcher et de faire leur toilette au bout de 48h. Très vite, ils ont montré un besoin de compagnie et de discussion. Ils ont été intégrés partiellement à la vie du bord. Des liens se sont tissés rapidement avec plusieurs membres de l’équipage. Les marins
de la Frégate de surveillance Nivôse
Photos : 1. Les deux pêcheurs en compagnie de l'équipage 2. Débarquement de deux naufragés à Moroni aux Comores 3. L'embarcation sur laquelle ils ont passé 40 jours 4. Examen clinique
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activités opérationnelles
FRAOS 2014 Du 7 juin au 13 juin, sur le site de la Valbonne, la formation réserve opérationnelle santé (FRAOS) 2014 a rassemblé 76 réservistes du SSA sur le thème de la relève et de la prise en compte d’un blessé au rôle 1. L’objectif de cette formation annuelle : acquérir et consolider les connaissances théoriques et pratiques, tant militaires que techniques.
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pouvant simuler différentes lésions et signes cliniques, ont permis aux stagiaires d’être au plus près de la réalité. Le deuxième jour d’exercices pratiques a montré une nette progression de la qualité de la prise en charge des blessés et de l’organisation du travail en équipe mettant en exergue l’intérêt de cette formation. Le stage s’est terminé par une prise d’arme, un deuxième test d’évaluation des connaissances acquises et la remise des attestations. Cette formation a permis aux réservistes du SSA de s’adapter au milieu militaire, d’acquérir des réflexes en situation opérationnelle et
de travailler en équipe constituée. Enfin, ces journées pédagogiques étaient aussi, pour ces réservistes du SSA venus de toute la France, une activité de cohésion, de solidarité, valeurs essentielles de notre institution. L’organisation de cette formation a été confiée, par la DCSSA, à la direction régionale de Lyon qui s’est appuyée sur la logistique du RMED ainsi que sur le personnel d’active et de réserve du SSA et de l’armée de Terre. La FRAOS, actuellement sous la tutelle de la DCSSA sera réalisée l’an prochain sous l’égide de l’école du Val-de-Grâce, la faisant ainsi entrer dans le cycle officiel du parcours de formation continue du réserviste du service de santé des armées.
Photos : © DRSSA Lyon
n test d’entrée a permis d’évaluer les connaissances initiales des stagiaires dans ce domaine. Les premiers jours étaient consacrés à l’apprentissage des principes techniques du secourisme de combat, suivis de deux jours dédiés à la restitution des connaissances dans un contexte réaliste : passage d’une « tyrolienne » avec prise en charge d’un blessé dans un cours d’eau, prise en charge odontologique, prise en charge d’un blessé par IED (dispositif explosif improvisé). Enfin, quatre autres ateliers entrainaient les participants à la prise en charge de blessés présentant différents pathologies dans des contextes opérationnels variés. Des blessés grimés et deux mannequins très élaborés,
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activités opérationnelles
Mali :
don de matériel médical à un dispensaire de Bamako
© Photos : Eric Sales
L’Unité médicale de transit (UMT) de Bamako a organisé un don de matériel médical consommable au profit du dispensaire « hôpital Mali Gavardo ».
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e dispensaire a été choisi pour ses multiples pôles de compétence : médecine, chirurgie, hémodialyse, maternité, pédiatrie, ophtalmologie. Une visite préalable a permis d’attester de la qualité des soins délivrés aux patients maliens les plus pauvres. Pendant trois semaines, l’équipe de l’UMT, en liaison avec le pharmacien, a contrôlé la péremption et le conditionnement des différents produits en provenance des unités médicales opérationnelles désengagées du théâtre malien, avant de constituer un lot de 8 m3, soit 500 kg, transportés par un camion du bataillon logistique.
Le don s’est déroulé le 22 mars en présence du directeur, de médecins et d’infirmiers de l’hôpital Mali-Gavardo ainsi que du personnel de l’UMT et des actions civilo-militaires. De plus, l’UMT a procédé à un transfert aéroporté de matériel vers les zones de Kidal (3 m3 et 200 kg) et Gao (1,5 m3 et 120 kg) destiné
aux médecins militaires des forces armées maliennes dans le cadre de l’aide médicale à la population. L’UMT continue à remplir sa mission de sas d’évacuation sanitaire stratégique après remise en condition des patients de la force SERVAL. Actu santé • # 136 • juillet - septembre 2014 •
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Vie du service
Thérapie inédite
pour le stress post-traumatique La Thérapie avec le cheval (TAC) est proposée à l’hôpital Legouest aux militaires souffrant de stress post-traumatique. Rencontre avec l'équipe de soignantes, responsable de la mise en place de ce projet inédit en France. Texte et photos : SLT (R) A. Caussard - BCISSA
aquette Retrouvez la pl r le site su n d'informatio A SS du internet
L
a mise en place de la Thérapie avec le cheval (TAC) dans la cadre de la prise en charge de l'ESPT (État de Stress Post-Traumatique) chez les militaires est le résultat d'une initiative personnelle du Médecin principal (MP) Céline Barthélémy-Vojacsek et de l'Infirmière de classe normale (ICN) Lannois, soignantes à l'hôpital d’instruction des armées Legouest et elles-mêmes cavalières. « Mon parcours personnel m'a permis d'entrevoir depuis bien longtemps la relation au cheval comme source d'épanouissement et de reconstruction de soi », explique l'ICN Lannois. Cette initiative est aussi le fruit d'un partenariat avec le centre équestre militaire de Metz, où ont lieu les séances.
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Une thérapie innovante encadrée par des professionnels à l’écoute Une session de TAC se fait en groupe de quatre patients maximum. Le cheval est utilisé comme un médiateur entre le patient et le soignant. La session est composée d'environ neuf séances dont le déroulement est personnalisable en fonction des progrès et des besoins de chacun. Temps individuel et collectif sont alternés. La TAC mêle observation du troupeau et des relations hiérarchiques en son sein, pansage et soin, parcours à pied (guider l'animal à travers une série d'obstacles) et exercices en tandem. « La TAC est particulièrement adaptée pour les personnes
qui ont une difficulté à verbaliser leurs émotions. Je suis agréablement surprise par l'investissement des patients et leurs progrès en terme de formulation », explique le lieutenant Oberlé, psychologue au service de psychiatrie de l’hôpital Legouest.
Une expertise militaire Soigné à l'hôpital pour un ESPT, Alexandre a commencé la TAC au mois d'avril. Il est habillé en civil, comme tous les patients, ainsi affranchi des contraintes hiérarchiques et des réticences qui peuvent en découler. Mais l'esprit militaire est bien présent. Le fait d'être entouré de soignants militaires n'est d'ailleurs pas anodin : « Ils ont une exper-
Utiliser le cheval comme médiateur dans le cadre d'une psychothérapie : c'est le parti pris de la Fédération nationale des thérapies avec le cheval (FENTAC), l'organisme qui a formé la psychiatre et l'infirmière du service de psychiatrie de Legouest durant 3 ans. Dans le civil, la TAC s’adresse à toutes personnes, enfant, adolescent ou adulte en demande de soin, dans les domaines de la pathologie physique ou mentale, présentant des difficultés psychiques ou en rupture sociale. La FENTAC ne forme que du personnel de la santé bénéficiant déjà d'une formation à l'écoute, à la relation d'aide, formé à la compréhension du monde sensoriel et du comportement du cheval.
tise que d'autres soignants ne peuvent pas forcément avoir. La relation de camaraderie entre patients et soignants a aussi beaucoup d'importance ». Alexandre en est à sa quatrième séance et en ressent déjà les effets bénéfiques, notamment dans l'évolution de ses rapports avec le cheval. Il n'avait aucune connaissance préalable du monde des chevaux. Sa première expérience a été « un peu compliquée » car il a dû monter l'animal à cru (sans selle) mais aussi particulièrement signifiante. Elle a agi comme un rappel sensoriel de la cause de la blessure physique qui a engendré son ESPT et a facilité la discussion autour de son ESPT.
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culture
Livres... Un chirurgien de la Grande Guerre Auteurs : Prosper Viguier, Rémy Cazals Editions : Privat
Le blessé de guerre n’est pas unique. Il peut s’agir d’un combattant, d’une victime civile, d’un homme, d’une femme ou d’un enfant. Les types de lésions sont nombreux et variés, de la plaie balistique simple, au polycriblage, en passant par la brûlure. Suivant l’évolution des techniques militaires et l’importance des moyens dont disposent les belligérants, la nature des conflits évolue sans cesse. Les caractéristiques, le nombre et l’importance des lésions infligées aux victimes des combats sont constamment modifiés obligeant à une adaptation continue des soins apportés aux blessés. À travers les siècles et sur tous les continents, le service de santé des armées (SSA) a mis tout son savoir-faire et son expérience au profit de ces victimes. Coordonné par les médecins du service de réanimation de l’Hôpital d’instruction des armées (HIA) Bégin, fruit de la collaboration de plus de 150 praticiens du service de santé des armées, médecins et pharmaciens, issus des forces et des HIA, l’ouvrage Le blessé de guerre est une mise au point illustrant le haut niveau d’expertise du SSA dans la prise en charge des blessés de guerre. L’intégralité des droits d’auteur de cet ouvrage sera distribuée à des associations œuvrant au bénéfice des blessés de guerre.
Le blessé de guerre coordination Médecin en chef Stéphane Mérat, Fédération anesthésie-réanimation-urgences, HIA Bégin Prix : 95 € 30 • Actu santé • # 136 • juillet - septembre 2014
Entre 1914 et 1918, Prosper Viguier, médecin-chef de l'ambulance 8/18, a pris des notes sur plusieurs cahiers : statistiques et bilans en vue d'établir les rapports officiels ; comptes rendus d'opérations chirurgicales, de lectures, d'échanges d'expériences ; remarques personnelles parfois critiques. L'ensemble fournit un éclairage précieux sur la vie d'une ambulance à l'avant pendant toute la durée de la guerre, avec ses semaines d'activité chirurgicale intensive (l'Aisne, Verdun, le Chemin des Dames, le secteur de Suippes...). Lors des moments d'accalmie relative, le médecin-chef s'informe, réfléchit sur les complications à redouter après les opérations et les moyens d'en préserver les blessés, sur les améliorations à apporter au service de santé. Prosper Viguier livre une vision réaliste et précise (par exemple sur les types de blessures et leurs origines, principalement les tirs d'artillerie), loin de toute fiction littéraire comme de toute surinterprétation hâtive. Il consacra ainsi quatre années à sauver des vies sacrifiées dans la sanglante catastrophe européenne du début du XXe siècle.
J'étais médecin dans les tranchées Auteur : Louis Maufrais Editions : Robert Laffont Carnet de guerre raconté et illustré par Louis Maufrais, médecin au front durant la Première Guerre Mondiale, qui nous emmène sans jugement dans le quotidien du front et ses atrocités. Difficile de se mettre à la place de ces hommes qui ont combattu et soigné les blessés pour notre patrie. Ecriture d'une douceur impressionnante nous faisant parfois presque oublier qu'il s'agit de la Grande Guerre.