activités opérationnelles
40 jours à la dérive En mission de police des pêches autour des Iles éparses, la Frégate de surveillance Nivôse a secouru deux pêcheurs comoriens à la dérive dans le canal du Mozambique depuis plusieurs semaines. Rapidement pris en charge, ils seront sauvés et ramenés dans leur village.
À
bord, ils sont directement emmenés à l’infirmerie. Sur le plan clinique, ils sont rachitiques, très déshydratés, rencontrent des difficultés à marcher et à se tenir debout. Ils sont conscients, mais assez confus. Difficile d’évaluer depuis combien de temps ces deux pécheurs comoriens, âgés de 21 ans et 38 ans, sont en mer. Capables de boire et de s’alimenter, ils sont réhydratés et réalimentés par voie orale de manière prudente. Ils passent ensuite une première nuit sous surveillance médicale à l’infirmerie. Le lendemain matin, beaucoup moins confus et bien orientés, ils peuvent nous relater leur périple grâce à l’aide d’un marin comorien : le jour du départ de Grande Comore, une tempête a causé le chavirage de leur embarcation et la perte de tous leurs apparaux de pêche. Ils ont du retirer le moteur afin de retourner leur embarcation. Ils ont ainsi passé 40 jours à la dérive dans le canal du Mozambique. Quand ils ont vu arriver la frégate, leur désespoir était immense. Trois bateaux les ont approchés mais aucun ne s’est arrêté pour leur porter secours. Leurs conditions de survie étaient extrêmes : ils se sont nourris de poissons et d’algues amassés sous la coque, d’un petit requin et d’une tortue qu’ils ont réussi à attraper à main nue. Ils buvaient l’eau de pluie recueillie dans le fond de leur embarcation lors de la tempête et des pluies. Le plus âgé, Michel, est d’ailleurs un habitué de la mer. Il a déjà dérivé 18 jours l’année précédente suite à une panne de moteur, avant de s’échouer sur les côtes Mozambicaines.
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ont fait don spontanément de vêtements et d’argent. Le plus jeune, Farid, faisait des cauchemars : il se voyait dans l’eau, seul au milieu des requins et se réveillait en sursaut au moment de l’attaque. Michel nous a confié qu’il ne reprendrait plus jamais la mer et qu’il envisageait de se lancer dans une carrière de taximan. Les deux naufragés on été rendus à leur famille via les autorités comoriennes en présence d’une foule en liesse amassée sur le quai et de tous les chefs des villages voisins. Le courage et la persévérance de Michel et Farid forcent le respect. Cette expérience humaine extraordinaire met une nouvelle fois en avant la solidarité des gens de mer.
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Le service médical
Les deux naufragés ont passé cinq jours à l’infirmerie du bord. Ils ont été capables de se lever, de marcher et de faire leur toilette au bout de 48h. Très vite, ils ont montré un besoin de compagnie et de discussion. Ils ont été intégrés partiellement à la vie du bord. Des liens se sont tissés rapidement avec plusieurs membres de l’équipage. Les marins
de la Frégate de surveillance Nivôse
Photos : 1. Les deux pêcheurs en compagnie de l'équipage 2. Débarquement de deux naufragés à Moroni aux Comores 3. L'embarcation sur laquelle ils ont passé 40 jours 4. Examen clinique
4 Actu santé • # 136 • juillet - septembre 2014 •
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