Actu Santé Printemps 2017

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Actu Santé

2017 • Printemps • 1,50 €

N° 146

www.defense.gouv.fr/sante

ACTUALITÉS DU SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES

DOSSIER

LA RECHERCHE CLINIQUE

Inauguration Titre 1 Xxxxxxxx Bégin rénové

Exercice Titre 2de sécurité nucléaire Xxxxxxxx à Toulon

Titre Recrutement 3 Xxxxxxxx médecins

Renfort Titre grippe 4 aviaire Xxxxxxxx



N° 146

SOMMAIRE

ACTU SANTÉ Printemps • 2017 ÉDITO

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EN BREF

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VIE DU SERVICE

Secours expo : première participation Inauguration de Bégin rénové

6 7

FEMMES ET HOMMES DU SSA

Semi-marathon de Paris Un conseiller personnel militaire du rang auprès du directeur central Binôme de choc

8 9

INFO TRANSFO

Médecine des forces : 10-12 bilan d'un CMA NG expérimental Infrastructures du SSA : 13 des investissement sans précedents ENTRAINEMENT

14

Exercice national de sécurité nucléaire 14-15 à Toulon

DIRECTION CENTRALE DU SERVICE DE SANTÉ DES ARMÉES Bureau communication et information 60 boulevard du général Valin - CS 21623 - 75 509 PARIS Cedex 15 Tél. : 09 88 67 27 20

OPÉRATIONS

Renfort pour la grippe aviaire DOSSIER La recherche clinique

16-17

comsantearmees@gmail.com www.defense.gouv.fr/sante

➔ S uivez-nous sur les réseaux sociaux

18-28

Service de santé des armées @santearmees

FOCUS

29

BIBLIOGRAPHIE

30

16 © A. Sturma

Recrutement de médecins généralistes sous contrat

Directeur de la publication : Médecin général inspecteur Philippe Rouanet ; Directeur de la rédaction : Médecin en chef Chantal Roche ; Rédacteur en chef : Capitaine Sandra Marcon ; Graphiste - Maquettiste PAO : Technicien supérieur hospitalier Anne-Cécile Delpeuch Impression : Pôle graphique de Tulle CS 10290 - 19007 Tulle Cedex Tél. : 05 55 93 61 00 Édition : DICOD, 60 boulevard du général Valin PARIS Abonnements payants : ECPAD 2 à 8 route du Fort - 94205 Ivry-sur-Seine routage-abonnement@ecpad.fr Tél. : 01 49 60 52 44 Régie publicitaire : Mme Christelle Touzet (ECPAD) - Tél. : 01 49 60 58 56 regie-publicitaire@ecpad.fr Numéro de commission paritaire : N°0211 B05691 ISSN : 1165-2268 ; Dépôt légal : Février 2017 ; Tirage : 9 000 exemplaires 4 numéros annuels

7 © Photos couverture : IRBA, BCISSA, DICoD

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ÉDITO

Médecin général inspecteur Philippe Rouanet

directeur central adjoint du SSA

E

n janvier 2017, le MGI ­Rouanet a été nommé directeur central adjoint, après avoir exercé la responsabilité d’adjoint emploi au directeur central où il était en charge, notamment, de la transformation de la médecine des forces et des opérations.

« Mon parcours et mon expérience me permettent aujourd'hui d'exercer la fonction de directeur central adjoint, où je dois m'assurer de la cohérence au sein de la DCSSA, et aider à la décision pour le DC. C’est à la fois un poste clef, interface entre les équipes de Balard et celles de Vincennes et un poste sensible, car il doit permettre de passer à l’organisation prévue dans le modèle SSA 2020, dans un contexte

particulier de transformation. Dès à présent, être à l’écoute permanente du personnel et rester conscient des réalités du terrain demeurent mes priorités. Mes priorités seront : - d'assurer le fonctionnement interne de la DCSSA et de préparer la nouvelle gouvernance du Service ; - de conduire le processus décisionnel au sein de la DCSSA et, pour cela, d'être en contact permanent avec les états-majors mais aussi avec l'ensemble des différents partenaires interministériels du SSA ; - d’aider à garantir la mise en œuvre du modèle SSA 2020. Je crois en l’importance de la cohésion et de l'esprit d'équipe dans la conduite de mes actions. Le SSA est notre Service, soyons-en tous moteurs ».

Philippe Rouanet, né le 17 novembre 1959 à Toulouse, est admis à l’école du service de santé des armées de Bordeaux le 5 septembre 1977.

discipline « direction, économie et logistique du service de santé des armées » et rejoint le collège interarmées de défense à Paris en 1997.

Docteur en médecine en 1986, il est affecté la même année en qualité de médecin adjoint au sein du 67e régiment d’infanterie à Soissons avant d’être nommé médecin-chef de son régiment en 1987. Il réussit le concours de l’assistanat dans la spécialité « direction et logistique médico-militaire ».

Il est promu médecin principal le 1er novembre 1996.

Il est auditeur de la 62e session nationale de l’Institut des hautes études de la défense nationale en 2009.

En 1998, il est muté au sein du commandement de la force d’action terrestre à Lille, comme conseiller santé.

En 2011, il est affecté à la DCSSA en qualité d’adjoint au sous-directeur « organisation, soutien, projection ».

En 2001, il rejoint l'état-major multinational à Florence, en Italie, au poste de chef de la cellule santé.

Le 1er juin 2012, il est promu au grade de médecin chef des services de classe normale.

Le 1er avril 2002 il est promu médecin en chef.

Le 1er octobre suivant, il est nommé sous-directeur « opération, soutien et projection » par intérim.

Il poursuit sa formation à l’école d’application du service de santé pour l’armée de terre à Paris. En 1990, il rejoint la direction du service de santé à Metz en tant qu'adjoint au chef du bureau « emploi-personnel-soutien ». Il acquiert la même année le diplôme d’études supérieures spécialisé « économie de la santé » à l’université de la Sorbonne puis le diplôme d’état-major en 1991. Après un stage de logisticien de 2e degré effectué au 1er commandement logistique à Metz, il est affecté en 1994 à la direction centrale du service de santé des armées à Paris comme adjoint au chef de la section « opérations - relations extérieures » de la sous-direction « organisation-logistique ». La même année, il présente le concours de spécialiste des techniques médico-militaires dans la

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En 2004, il occupe les fonctions d’adjoint au chef du bureau « opération-emploi personnel » et chef de la section « réserves » de la direction régionale du service de santé des armées à Saint-Germain-en-Laye.

cabinet militaire et chef de la cellule « santé et actions humanitaires ».

Nommé sous-directeur « plans-capacités » à compter du 1er décembre 2012, il est promu médecin général le 1er janvier 2013.

En 2005, il est affecté à la DCSSA à Paris en qualité de chef de la section « opérations » du bureau « organisation, opérations, relations internationales » puis de chef du bureau en 2006. Il supervise à ce titre les opérations en Afghanistan, au Pakistan, au Tchad et le soutien médical de la NATO Response Force 7.

Le 1er janvier 2015, médecin général inspecteur, il est nommé adjoint « emploi » au directeur central.

En 2008, il rejoint le cabinet du ministre de la défense en qualité de conseiller santé et conseiller essence du ministre, adjoint santé du chef de

Le médecin général inspecteur, médecin chef des services hors classe Philippe Rouanet est marié et père d’un enfant.

Chevalier de la Légion d’honneur et Officier de l’ordre national du Mérite, le MGI Rouanet est titulaire de la médaille de la Défense nationale, échelon bronze et de la médaille des services militaire volontaire, échelon bronze.


EN BREF

&

Médias réseaux sociaux

Suivez et partagez le SSA !

Mal de mer. Il se soigne à l'hôpital militaire de Brest Une nouvelle plateforme de rééducation du mal de mer a été inaugurée le 22 mars à l'HIA Clermont-Tonnerre. Le Télégramme

Les pilotes de chasse s’entraînent grâce à la centrifugeuse de l’IRBA Enquête exclusive (M6) - 19 février 

Témoignage du médecin en chef Puidupin : la morphine, une révolution aussi pour le blessé de guerre. Le magazine de la santé - France 5 - 10 mars

Metz : exercice de décontamination chimique à l'hôpital Legouest Le Républicain Lorrain - 17 janvier ACTU SANTÉ • N° 146 • Printemps 2017

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VIE DU SERVICE

Secours expo :

première participation Pour la première fois, le service de santé des armées a participé à Secours expo, à Paris, porte de Versailles du 2 au 4 février 2017. Ce grand rendez-vous annuel rassemble chaque année l’ensemble des professionnels du secours à Paris, soit 10 000 visiteurs et 150 partenaires et exposants : associatif, secouriste, praticien et infirmier, SAMU, pompier, sécurité civile, police et gendarmerie.

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© Photos : C. Lerberte - DICoD

Cette première participation, très remarquée et appréciée, a remporté un franc succès auprès des visiteurs comme des organisateurs.

© CC1 E. Chérel - BCISSA/DCSSA

D

ans le contexte sécuritaire actuel, ces techniques et matériels employés en opérations intéressent les services de secours. L’objectif était de valoriser les savoir-faire, produits et traitements spécifiques du Service dans la prise en charge des blessés. Sur un stand de 24 m 2, le SSA a présenté les antidotes NRBC produits par la pharmacie centrale des armées, le plasma lyophilisé, le mannequin HD utilisé lors de la formation des équipes médicales à la prise en charge des blessés de guerre au CeSimMo et le Serious game de sauvetage au combat utilisé pour la formation des unités de l’armée de terre. Une démonstration de sauvetage a eu lieu le jeudi et samedi sur la place centrale par les auxiliaires sanitaires, médecin et infirmier du CMA de Balard. Le SSA était également présent aux tables rondes organisées durant les trois jours sur les nouvelles doctrines d’intervention face aux attentats et sur la médecine militaire au service du secours civil.


VIE DU SERVICE

Inauguration de Bégin rénové

Après 10 ans de travaux de rénovation, l’Hôpital d’instruction des armées (HIA) Bégin a été inauguré le 15 mars 2017 par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Au sein de la Plateforme militaire hospitalière d’Île de France (PMH IF) et du GHT 94 Nord, l’HIA Bégin représente « l’excellence opérationnelle au service de tous », conformément au modèle de service « SSA 2020 ».

Jean-Yves Le Drian a salué « l’engagement, le courage et le professionnalisme des personnels qui ont pris en charge l’afflux massif des blessés lors des attentats de novembre 2015 » et qui ont continué, malgré les travaux en site occupé, à garantir la qualité et la disponibilité des soins qui font la réputation des hôpitaux militaires. Il a par ailleurs rappelé sa fierté de disposer d’un hôpital qui s’inscrit résolument dans son territoire de santé et qui sera capable de relever les nouveaux défis qui l’attendent qu’ils soient médicaux, opérationnels ou au « bénéfice de la résilience de la Nation ». Le dévoilement de la plaque commémorative a marqué la fin d’un programme d'infrastructure d’envergure qui s’est articulé en trois phases successives pour un coût total

de 150 M € et dont une exposition de photographies, réalisées par des personnels de Bégin, retrace l’histoire. Centre de référence en infectiologie, l’HIA Bégin propose une offre de soins adaptée en gynécologie, en rhumatologie, en endocrinologie, en dermatologie, en hépato-gastroentérologie. Ses services de chirurgie viscérale et digestive, de chirurgie orthopédique, orientés vers la traumatologie, participent à la Permanence des soins en nuit profonde (PDSES). Le service d’accueil des urgences, véritable service de proximité, bénéficie d’un plateau technique performant et d’une expertise cardiovasculaire, radiologique et biologique reconnue. Après avoir élargi son offre de soins en accueillant certaines spécialités de l’hôpital du Val-de-Grâce (urologie, ophtalmologie, psychiatrie, clinique médicale), l’HIA Bégin s’attache à développer son offre de soins au travers de nouvelles techniques comme la chirurgie robotique, la Chimiothérapie hyperthermique intrapéritonéale (C.H.I.P) dans le traitement des carcinoses péritonéales, ou la chirurgie de l’obésité. L’HIA Bégin accueille, avec l’HIA Percy, la majeure partie des blessés de guerre rapatriés des théâtres d’opération pour la prise

© A. Sturma

G

uidé par le médecin général ­Rigal-Sastourné, médecin-chef de l’HIA Bégin, le ministre de la défense a parcouru les nouveaux services d’endocrinologie - rhumatologie et des maladies infectieuses. Il s’est longuement entretenu avec plusieurs professionnels de santé et a visité deux des quatre chambres en pression négative au sein desquelles les patients contaminés par le virus Ebola avaient été pris en charge en 2014.

en charge chirurgicale. Il forme, avec Percy, la plateforme hospitalière militaire d’Île-deFrance. Son personnel militaire est régulièrement projeté sur tous les théâtres d’opération. Hôpital de proximité, il travaille dans une logique de coordination et de complémentarité avec les structures de santé régionales et locales, notamment en cas de crise sanitaire. Ouvert aux patients civils et militaires adultes, l’hôpital d’instruction des armées Bégin est un hôpital résolument tourné vers l’avenir. L’accueil des militaires et la participation active de son personnel au soutien des forces armées en opérations extérieures restent sa mission prioritaire.

 CRC2 (R) Carole Rivière

HIA Bégin ACTU SANTÉ • N° 146 • Printemps 2017

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FEMMES ET HOMMES DU SSA

Votre vie, notre combat

Semi-marathon de Paris Le 5 mars, 193 membres de la Garde nationale et réservistes opérationnels ont pris le départ du semi-marathon de Paris. Parmi eux, dix réservistes du service de santé des armées. L’infirmier (R) Mathieu remporte la seconde place avec un temps de 1h15’34’’. Participer à cet évènement a été l’occasion de promouvoir l’action des réservistes au travers des valeurs du sport, du dépassement de soi et de la cohésion, auprès des 47 500 coureurs et des 250 000 spectateurs présents.

Un conseiller personnel militaire du rang auprès du directeur central

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Depuis le 1er janvier 2017, le caporal-chef Éric exerce les fonctions de conseiller « Personnel militaire du rang et volontaire » auprès du directeur central du service de santé des armées. Engagé en avril 1998 au titre du 7e bataillon de chasseurs alpins, Éric exerce les fonctions d’auxiliaire sanitaire et de moniteur secouriste pendant près de 10 ans, première partie de carrière qui sera ponctuée de quatre opérations extérieures et missions de courte durée. Il rejoint ensuite la direction centrale à Paris pour y tenir différents postes administratifs au sein de la sous-direction « Affaires juridiques et administratives ». Depuis septembre 2011, il est intégrateur web dans l’équipe du bureau communication et information du service de santé des armées. Rejoignant ainsi la fonction considération du Service auprès des conseillers personnel officier et non officier, le caporal-chef Eric est chargé d’animer le réseau des présidents de catégorie militaire du rang et volontaire et de participer à toutes les études intéressant cette population. Il travaille actuellement, au côté du médecin chef des services Ponties, sur la réflexion relative au métier d’auxiliaire sanitaire. Cette nomination répond à la volonté du directeur central de renforcer la considération due à toutes les catégories de personnel employé au sein du SSA.


FEMMES ET HOMMES DU SSA

Binôme de choc Un binôme médecin-infirmier du CMA de Metz a été décoré pour son action au sein de l’équipe mobile du bataillon logistique dans le cadre de l’opération Barkhane. La médecin et l’infirmier se sont illustrés ensemble dans la prise en charge de militaires français blessés lors de l’explosion du véhicule de tête du convoi, n’hésitant pas à s’exposer eux-mêmes. Avec sang-froid et lucidité, ils ont prodigué les premiers soins et permis la stabilisation du blessé en vue de son évacuation par hélicoptère sanitaire. La médecin a également organisé la prise en charge d’un soldat malien blessé, lui permettant de sauvegarder l’usage de sa main. Moins d’un an après sa sortie de l’ESA, la médecin Solveig a été décorée de la Croix de la Valeur militaire aux Invalides. L’ISG1 Sébastien a été décoré de la médaille d’or de la Défense nationale. Ils témoignent : Médecin Solveig : « Il s’agit d’un théâtre difficile qui nécessite une adaptation permanente de chaque personnel et un certain degré de rusticité. La charge de travail peut être lourde en fonction du poste que l’on occupe et nécessite une forte cohésion au sein de l’équipe lorsque l’on est en charge d’une EMM du Batlog. Mais le sentiment qui reste au retour est celui d’un réel partage humain avec les hommes et les femmes que l’on a soutenus, de moments forts malgré les peines et les dangers et d’un enrichissement tant sur le plan professionnel que personnel. Lorsque l’on sort tout juste d’école, l’OPEX

est le moyen de mettre en pratique l’ensemble de l’enseignement que l’on a reçu au cours de nos longues études mais également de découvrir l’opérationnel et ses contraintes. Notre armée est formée de personnes compétentes et ingénieuses dont on appréhende mieux le potentiel humain et technique sur un théâtre d’OPEX qu’en métropole ! J’ai été très honorée de recevoir une telle distinction du CEMA, à moins d’un an de ma sortie d’école. Les prises en charges réalisées au cours de notre mandat ont découlé d’un exceptionnel travail d’équipe. Chacun s’est dévoué entièrement aux blessés que nous avons pris en charge et a donné le meilleur de lui-même. Cette distinction témoigne de la reconnaissance de l’institution à ce sujet et j’espère à présent que chaque membre de mon équipe sera récompensé à sa juste valeur. »

Être décoré et cité en exemple nous montre a posteriori que nos actions ont dépassé l’ordinaire. C’est le travail d’équipe qui est à mettre en avant. Cependant, il faut savoir rester humble car d’autres infirmiers exercent ce métier dans l’ombre des distinctions en s’exposant tout autant, et parfois même plus au danger. »  Propos recueillis par CR1 (R) S. Klein,

Officier communication DRSSA Metz

ISG1 Sébastien « Voilà maintenant onze années que j’exerce ce métier avec passion et je découvre encore ses richesses. Notamment au cours des opérations extérieures où je cherche volontairement à créer un contact avec les infirmiers des forces partenaires. J’apprécie ces quelques moments de partage qui nous permettent d’évoluer moralement. L’opération Barkhane est une belle image de la solidarité qui peut exister entre les nations : Français, Maliens, Nigériens, Tchadiens, tous se rassemblent et traversent les épreuves avec un objectif commun.

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INFO TRANSFO

Médecine des forces :

bilan d'un CMA NG expérimental Près de 2 ans après la création du CMA-NG XP de Strasbourg, le MC ­L., commandant du CMA-NG, et le MC S., responsable de l’antenne médicale de Colmar, ont accepté de témoigner sur le processus de montée en puissance de la passerelle et sur leur vision de l’évolution engendrée par cette nouvelle structure. Quelles évolutions a suscité la création de la passerelle de Strasbourg ? MC S. : au niveau de l’antenne médicale de Colmar, le fonctionnement de la passerelle est devenu transparent. Nous sommes dans la technique du soin alors que certaines tâches sont désormais prises en charge exclusivement au niveau de la passerelle. Certes, il arrive que l’on tâtonne au gré de l’acquisition de nouvelles tâches pour la passerelle, mais au final l’évolution est positive. Pour la suite, je pense qu’il faut davantage de clarté sur le « qui fait quoi ». La DRSSA joue encore à ce jour son rôle de conseil ou a un rôle auprès des conseils régionaux de santé, des missions très importantes qui ne pourront peut-être pas toutes être prises en charge au seul niveau de la DMF. MC L. : si l’on a créé les CMA-NG, c’est essentiellement pour redonner une place prépondérante au soin au sein des antennes. Ce que je retiens, c’est le mot « transparent ». Tout l’objet de notre travail est bien de décharger les antennes des missions administratives générales (gestion RH, finance, formation) en les reprenant à notre compte – je dis bien « générales » et non leurs missions administratives locales qu’elles effectueront toujours. Cependant, il y a encore quelques inconnues liées à la transformation. Le transfert de tâches est très avancé de notre côté mais il n’est pas finalisé, or parmi les activités non

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transférées, quelles sont celles que nous devrons reprendre et celles qui iront à la future DMF ? Le CMA-NG de Lyon dont la création s’accompagnera simultanément de la disparition de la DRSSA de Lyon nous apportera sûrement des réponses. Quelles difficultés avez-vous rencontrées au cours du processus de transformation ? MC L. : il faut bien comprendre le contexte de l’expérimentation. Partis de rien, nous avons découvert ce qu’était un CMA-NG à mesure que celui-ci se créait. De 3 personnes au départ, nous sommes 14 aujourd’hui, après une montée en puissance progressive. On voit bien qu’il est nécessaire d’avoir un socle de 12 personnes pour réaliser les missions allouées, voire parfois jusqu’à 15. Dans une phase d’expérimentation, la capitalisation est fondamentale pour ne pas « réinventer l’eau chaude » à chaque nouveau CMA-NG. On a rencontré de nombreuses fois les futurs COMCMA NG, mais cela reste une difficulté majeure dans la phase de montée en puissance. Il faut que chacun en bénéficie. MC S. : j’ai travaillé avec le MC Leycure sur la préparation de la montée en puissance de la passerelle. Nous avons dû marcher dans le brouillard, sans moyens alloués au départ, il était vraiment difficile de vivre le changement sans en connaître les contours. L’anticipation

MC S.

MC L.

est clé dans tout projet de transformation, or pour nous, elle demeure perfectible. A contrario, quels sont d’ores et déjà les avantages observés depuis la création de la passerelle ? MC L. : le changement est bien vécu car à l’heure actuelle nous sommes suffisamment dimensionnés pour remplir les fonctions qui nous ont été déléguées. Et nous avons surtout du personnel de qualité. Chaque personne est bien identifiée à une fonction, comme spécialiste du domaine, capable de jouer l’interface avec la DC et les DR et de se déplacer en antenne. De plus, le passage en NG nous permet d’avoir un vrai réservoir de forces (pour moi, de 50 à plus de 200 personnes toutes catégories confondues), des personnes projetables qui peuvent assurer un maximum de missions, car il ne faut pas oublier la mission essentielle pour laquelle on a été créé. Enfin, on a joué notre rôle vis-à-vis des antennes, c'est-à-dire que nous les laissons faire leur travail technique d’administration locale. Je pense que l’antenne est beaucoup moins contrainte dans des tâches hors cœur de métier qu’avant, et c’est bien là tout l’objectif de la réforme. MC S. : du côté de l’antenne, le fait d’avoir un interlocuteur unique, la passerelle, quand nous avons des problèmes facilite notre


quotidien. Les renforts de médecins, d’infirmiers, de militaires du rang sont facilités. Et nous avons également appris à mieux connaître les antennes médicales d’à côté. Quelles ont été vos priorités dans la phase de montée en puissance et surtout quels conseils donneriez-vous aux prochains CMA-NG dont la création est prévue à l’été 2017 ? MC S. : la priorité à mon niveau c’est bien sûr le soutien médical des hommes. Si on arrive à le faire au plus juste niveau de qualité dans une phase de transformation qui impacte le moins possible l’activité soignante, c’est une réussite. Mes conseils pour la suite seraient de ne récupérer les missions que quand les moyens sont là, d’anticiper les difficultés via la capitalisation et la formalisation des RETEX, et de les communiquer ! MC L. : mon conseil : qu’ils viennent me voir ! Le CMA « à l’ancienne » et le CMA-NG sont deux mondes très différents, les responsabilités comme les dimensions changent. Il faut contacter les personnes ayant déjà l’expérience du changement car la transformation est comme une pelote de laine, plus vous la déroulez, plus vous rencontrez des difficultés auxquelles il faut trouver rapidement des réponses. La redescente d’information est en ce sens cruciale, capitaliser sur les expériences et les communiquer, à l’intérieur du SSA mais aussi au niveau des armées car les soutenus aussi se posent des questions. Quand je suis rentré dans le service, on m’a dit « tu travailles toujours pour ton successeur » ; cela prend tout son sens aujourd’hui. Quant à la priorité, ce sont les effectifs, en quantité suffisante

« la transformation est comme une pelote de laine, plus vous la déroulez, plus vous rencontrez des difficultés » et surtout en qualité. Quand le personnel est de bon niveau et à sa juste place, l’évolution de chacun est possible, on en ressort individuellement hyper-responsabilisé. Il ne faut pas oublier quelle est la finalité de la Médecine des forces et donc de la création du CMA-NG : il faut préserver au maximum l’activité technique de l’antenne médicale. La transformation doit se faire car l’on a beaucoup de choses à y gagner. Et notre travail de longue haleine est en train de porter ses fruits.

Évolution de la médecine des forces Xxxxr aujourd'hui Versailles 2016 Angers-Le Mans-Saumur 2016

Strasbourg 2015

Tours 2015

Besançon

Rochefort 2016

en cible

Lille

Brest

Versailles

Rennes Angers-Le Mans-Saumur

Paris

Metz Strasbourg

Tours Besançon Clermont

Rochefort

Lyon

Bordeaux Draguignan Toulouse

Légendes :

Marseille

Toulon

CMA actuels CMA-NG créés en 2015-2016 CMA-NG à créer en 2017 CMA-NG à créer en 2018

• janvier : lancement de la campagne de recrutement des contractuels

• juillet : dissolution de la DRSSA de Lyon

• septembre : création de 6 CMA-NG (Lille, Rennes, Clermont, Lyon, Toulouse, Draguignan)

• mars : création du CMA-NG de Paris ACTU SANTÉ • N° 146 • Printemps 2017

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INFO TRANSFO ••• Médecine des forces : bilan d'un CMA NG expérimental

Regards croisés des personnels civils d’une passerelle de CMA-NG C’est en tant que personnels civils des passerelles nouvellement créées en 2016 que Mme A., assistante de direction et responsable de la cellule parcours de soins du CMA-NG Angers-Le Mans-Saumur, et Mme P., de la cellule parcours de soins du CMA-NG de Besançon, ont accepté de livrer leur regard sur cette nouvelle structure mais aussi, plus spécifiquement, sur l’évolution de leur rôle en son sein. Quel poste occupez-vous au sein de la passerelle ? A. A. : mon poste est celui d’une assistante de direction du CMA-NG AMS, ce qui correspond à un encadrement de proximité mais aussi à un encadrement fonctionnel sur le plan médico-administratif, même si sur le REO, celui-ci est décrit comme un poste de secrétariat. Je suis également référente technique des secrétariats des antennes médicales, référente de la cellule parcours de soins, référente de la cellule frais de déplacement, coordinatrice de la cellule réserve, référente solde et responsable du management de l’information. L. P. : je suis aujourd’hui l’unique personnel de la cellule parcours de soins de la passerelle, en charge du suivi de tous les dossiers du personnel en CLM-CLDM, des dossiers des conseils de santé régionaux, d’expertise médicale et de rapports circonstanciés extraits du registre pour les personnels du CMA et de ses antennes. Quelles évolutions a suscité la création de la passerelle dans votre travail au quotidien ? A. A. : pour moi, c’est une réelle élévation du niveau de responsabilités et une valorisation personnelle dans différents domaines, notamment dans la maîtrise du parcours de soins des militaires, domaine que j’affectionne particulièrement. Nous avons aussi bénéficié

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de trois personnels civils supplémentaires depuis le passage en CMA NG XP dans les domaines finances, prévention et secrétariat. L. P. : je perçois un réel bénéfice du fait de la multiplication des contacts avec les collègues des antennes, se traduisant par des réunions régulières. La centralisation de la gestion des dossiers des onze antennes renforce la cohérence et la sécurisation de leur suivi, et est accueillie de manière positive par la plupart des antennes. En revanche, certaines d’entre elles souhaitent conserver leurs prérogatives, et perçoivent donc la passerelle comme un échelon supplémentaire. Ce transfert de tâches représente toutefois une charge de travail importante pour une personne seule. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la transformation de la médecine des forces ? A. A. : cette transformation a pour objectif de rationaliser et d’améliorer le soutien médical au profit des forces, tout en absorbant progressivement la part des missions transférées de la direction régionale. Assumer ces nouvelles responsabilités, soulager les antennes au quotidien. Porter et promouvoir la transformation du service au niveau local, sont autant de challenges, certes très intéressants, mais qui demandent une volonté affirmée et une débauche d’énergie de tous les instants ! Je regrette parfois l’absence de consignes claires

Mme A.

Mme P.

qui complexifie la phase transitoire. Il faut utiliser les RETEX issus des premières expérimentations et ne pas hésiter à se saisir d’outils tels que visioconférences pour faciliter les contacts entre établissements. L. P. : le changement peut être parfois générateur de difficultés, comme l’absence de visibilité sur les tâches à reprendre de notre côté. De plus, le CMA-NG a été créé sans personnel supplémentaire. Mais on essaye de trouver des solutions au quotidien car on aime notre métier. Et si la transformation n’impacte pas radicalement mon mode de travail, j’y vois des aspects positifs : elle a, par exemple, permis d’uniformiser le mode de fonctionnement des antennes. En tout état de cause, je pense qu’il faut veiller à valoriser et à considérer le personnel impliqué dans le changement.  Propos recueillis par l'équipe "Transformation de la Médecine des Forces"


INFO TRANSFO

Infrastructures du SSA : des investissement sans précédents L’infrastructure est au cœur de la transformation du service portée par le modèle « SSA 2020 ». Il s’agit de réaliser les adaptations fonctionnelles et capacitaires ainsi que les mises aux normes des huit hôpitaux d’instruction des armées ; les travaux d’accueil des CMA-NG ainsi que les réhabilitations nécessaires à une utilisation pérenne des antennes médicales. Ainsi sur la période 2018-2023, le SSA consacre 320 M€ à son infrastructure.

Le programme pour 2017

Médecine des Forces

Plan de commande pour 2017

37 M€

effort financier X 2 par rapport à 2016

au profit de : médecine des forces & médecine hospitalière (volume financier X 9) (volume financier X 2) Le programme d’infrastructure monte en puissance au rythme de la prise en compte des opérations par le Service d’Infrastructure de la Défense. Il va être consacré en priorité : • à l’implantation (adaptation/rénovation ou construction) des CMA-NG de Besançon, Clermont-Ferrand, Rochefort, Strasbourg, Lille, Marseille et Toulouse (cf. carte page 11) ; • au lancement des projets de réhabilitation des antennes médicales de St-Christol, Mourmelon, Caylus, Carcassonne, Creil. La sécurisation des emprises du Service constitue également un volet important dans la programmation des opérations d’infrastructure sur la période 2018-2023, elle représente pour le SSA un investissement de 9,5 M€. Ainsi les locaux pour implantation d’une brigade de gendarmerie au sein de l’IRBA seront livrés en 2017.

Le début d’année 2017 a été marquée par : • la livraison du 1er projet lancé dans le cadre du modèle SSA 2020 le 4/01/2017 : rénovation de l’antenne médicale de Varces ; • l’inauguration de l’antenne vétérinaire de La Maltière à Rennes le 31/01/2017.

Hôpitaux

Pour la fonction hospitalière, les ressources qui lui sont consacrées ont doublé par rapport à 2016 et comprennent : • l’engagement des opérations relatives à la réorganisation des urgences de l’HIA Clermont-Tonnerre ; • l’extension du service des urgences et à la modernisation des monte-malades de l’HIA Percy ; • les travaux de sécurité incendie de l’HIA Laveran et le lancement de l’opération Laveran Rénové 2. Dans le même temps, devraient intervenir en cours d’année la livraison : • des urgences de l’HIA Laveran ; • du centre de traitement des brûlés de l’HIA Percy ; • de la dernière tranche des travaux du projet HIA Bégin Rénové.

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CMCIA Dominique Mattei - Djibouti

HIA Bégin - nouvelle aile ACTU SANTÉ • N° 146 • Printemps 2017

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ENTRAINEMENT

Exercice national

de sécurité nucléaire à Toulon La base navale de Toulon a été le théâtre d’un exercice national de sécurité nucléaire organisé par la Marine nationale, de l’intervention sur site à l’accueil hospitalier au sein d’un hôpital militaire. Le Service de protection radiologique des armées (SPRA) a contribué au scénario, à l’animation, à l’arbitrage ainsi qu’à l’exercice, en déployant ses capacités d’expertise et d’analyse.

J

Très vite, sur la base navale, un poste de crise est armé : le PCSN 1. Au sein de sa cellule « Santé », le médecin, correspondant local du SPRA, doit recueillir en quelques minutes un maximum d’informations sur l’événement, le nombre et la nature des blessés ; durant plusieurs heures, il sera maintes fois sollicité pour orienter ces victimes suspectes de contamination, tout en donnant son avis d’expert en radioprotection. Pour cela, il n’est pas seul. À 900 km de là, à Clamart, la cellule de coordination opérationnelle du SPRA monte en puissance. L’équipe se regroupe autour de moyens de communication dédiés, notamment le portail « MEDUSE » qui restitue en temps réel l’évolution des événements et des actions menées sur le terrain. Médecins et pharmaciens experts en radioprotection joignent leurs compétences autour d’une table pour apprécier la situation et délivrer les conseils sanitaires qui s’imposent, ainsi que

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© T.Claisse - Marine Nationale

eudi 17 novembre, 8 heures. Une alarme « blessé » retentit à bord du sous-marin d’attaque « Émeraude ». Lors d’une opération de routine dans le compartiment propulsion, un technicien est gravement blessé à la jambe. Son camarade l’extrait tant bien que mal en dehors de ce local exigu mais au prix d’une fracture de la cheville. Les victimes sont traumatisées par la violence de l’accident, et leur propos sont incohérents. Dans le doute, le plan d’urgence interne est déclenché.

les éléments de communication adéquats. 10h00. À bord de l’Émeraude, la situation se dégrade : un incendie se déclare dans le compartiment propulsion. Les pompiers luttent pour extraire de nouvelles victimes dans le vacarme des balises de détection : un événement nucléaire est en train de se produire. 10h30. L’attention des secours se porte sur un blessé, inconscient. Il semble avoir inhalé une grande quantité de fumées et est en arrêt cardiaque. Le médecin initie la réanimation pré-hospitalière malgré le flux important de rayonnements. Avec sang-froid, le médecin sous-marinier urgentiste parvient à mener à bien les actions de ressuscitation de l’avant, tout en rassurant l’ensemble des équipes de

secours. En pleine action, l’équipe médicale est sommée d’interrompre la réanimation et d’évacuer loin de cet environnement hostile. Mais l’urgence médicale prime : cette évacuation surviendra sans délai, une fois les gestes vitaux réalisés. 10h45. L’équipe évacue et finit le conditionnement de la victime à l’abri des rayonnements. Pendant ce temps, l’équipage non nécessaire à la gestion de la crise et la plupart des intervenants sont évacués. Indemnes physiquement, ils sont tous suspects de contamination et sont donc orientés vers les Centres de tri et de décontamination sommaire (CTDS) pour être soumis au processus de décontamination externe : déshabillage, douche…


ENTRAINEMENT

À l’échelle nationale, sur tout le territoire, les renforts s’organisent : des experts rallient le port de Toulon. Parmi eux, le laboratoire mobile d’anthroporadiométrie du SPRA se met en place à proximité de l’infirmerie de l’ESNA2. En soutien de l’installation fixe d’anthroporadiométrie, il assurera le tri des intervenants en confirmant ou infirmant la présence d’une contamination interne individuelle. 11h00. Trois pompiers manquent à l’appel. Ils sont emprisonnés à proximité immédiate du réacteur, derrière un panneau voilé qui refuse de s’ouvrir. Plus d’une dizaine d’intervenants seront nécessaires pour les libérer, tous exposés à de forts débits de doses de rayonnements. Aucun d’entre eux ne présente de symptôme immédiat : c’est certes rassurant, mais l’estimation de la dose n’en sera que plus difficile. Après une décontamination externe, ils sont adressés au centre médical de l’ESNA. Le SPRA y a dépêché un laboratoire mobile capable d’analyser en urgence les dosimètres passifs que chaque marin porte. Grâce à cet outil unique, en quelques minutes et de façon très précise, le médecin peut bénéficier d’un grand nombre de résultats d’exposition individuelle (plus de 60 par heure). 15h30. Le médecin de l’ESNA est en alerte : l’analyse en urgence du dosimètre d’une des victimes révèle une forte dose, confirmée par le « Dosikit » quelques dizaines de minutes

plus tard. Conseillé par la cellule de coordination du SPRA, le médecin de l’ESNA décide de transporter en urgence ce blessé vers l’HIA Percy, pour prise en charge d’un syndrome d’irradiation globale aiguë.

Les joueurs ont été malmenés et confrontés à des situations inédites, jamais simulées en exercice jusqu’à présent. À chaque difficulté, les réactions ont été excellentes, preuve de la qualité de la préparation de ces équipes médicales de l’avant, hospitalières, ou spécialisées dans le domaine nucléaire. Le SPRA, opérationnel à tous les niveaux de ce grand rendez-vous de la gestion de crise nucléaire a rempli sa mission d’appui technique à l’exploitant Défense.  MC Fabrice Entine, SPRA

1 - Poste de coordination de la sécurité nucléaire 2- Escadrille des sous-marins nucléaires d’attaque

Les victimes irradiées À l’inverse des victimes contaminées (externe et interne) qui devront rapidement bénéficier d’un traitement (décontamination, antidotes), la priorité lors de la prise en charge des victimes irradiées doit aller au diagnostic : l’évaluation dosimétrique. En effet les doses en jeu sont potentiellement élevées. Ainsi, même si les effets peuvent parfois apparaître très rapidement, la complexité de la prise en charge médicale des irradiations (qui peuvent être globales et/ou localisées) impose de disposer le plus rapidement possible d’une estimation de la dose déposée, si possible en tenant compte de l’hétérogénéité de cette dose sur l’individu. Le but est de trier les victimes irradiées et de les orienter vers les structures les plus adaptées à leur prise en charge (l’HIA Percy est référent en ce domaine sur le territoire national).

Les blessés radiocontaminés La prise en charge des blessés radiocontaminés obéit à une règle d’or : l’urgence médicochirurgicale prime sur l’urgence radiologique. À cet égard, le service de santé différencie deux types de structures selon le degré d’urgence des blessures. Les urgences relatives, dont la prise en charge médicale peut être différée de quelques heures, sont orientées vers un poste d’accueil des blessés radio-contaminés, situé au plus près des installations nucléaires de la défense. Parallèlement, les urgences absolues dont le pronostic vital est engagé à court terme, sont rapidement transportées vers le centre de traitement des blessés radio-contaminés ; cette structure, adossée à un hôpital, rassemble les spécialistes nécessaires à la prise en charge de ces patients lourds : urgentistes, réanimateurs, chirurgiens…

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OPÉRATIONS

© Photos : VEC Marié, VEC Maurizi

Renfort pour la grippe aviaire Du 17 au 26 janvier, puis du 13 au 17 février, huit vétérinaires des armées ont été déployés en Zone de défense et de sécurité Sud-Ouest (ZDS-SO) dans le cadre de la lutte contre la grippe aviaire. Mis pour emploi auprès de la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations (DDCSPP) des Landes, les vétérinaires ont assuré l'abattage de 59 360 volailles dans des élevages situés sur le territoire des communes listées par arrêté ministériel. Témoignages. Une tâche éprouvante : 450 à 500 animaux euthanasiés par heure et par vétérinaire pendant 5 à 6 heures consécutives

Pourquoi des vétérinaires militaires en renfort ? Ce renfort à la gestion d’une crise aux enjeux agricoles et économiques majeurs s'inscrit dans la contribution du SSA à la résilience de la Nation. Cette coopération interministérielle est formalisée par un protocole d'accord signé en 2010 entre la DCSSA et la Direction générale de l’alimentation (DGAl) du ministère de l’Agriculture. Ce n’est pas la première fois que les vétérinaires des armées participent à ce type de mission puisqu’ils sont intervenus à plusieurs reprises en France : rage canine dans le sud-ouest en 2004, Influenza aviaire H5N1 en 2006, ainsi qu’à l'étranger : fièvre aphteuse au Royaume-Uni en 2001. Notre organisation militaire, combinant réactivité, polyvalence et opérationnalité, est un atout prisé des autorités civiles, sous réserve que notre concours respecte les règles de l’Organisation territoriale interarmées de défense (OTIAD).

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Comment avez-vous mené à bien cette mission délicate ? Dans les chantiers qui leur sont attribués par la DDCSPP, les vétérinaires se rendent sur site et, avec la participation active de l’exploitant, placent l’élevage sous interdiction d'accès. Les différentes zones (contaminée, propre et le sas de décontamination) sont délimitées. Une équipe d'attrapeurs est chargée de rassembler les animaux et d'en assurer la contention pour que les vétérinaires puissent pratiquer l'euthanasie par injection. Cette tâche est particulièrement éprouvante, à la fois sur le plan physique, car les animaux peuvent peser jusqu'à 6 à 7 kg, mais aussi sur le plan technique car les animaux doivent être abattus dans des conditions qui respectent le bien-être animal. De plus, les vétérinaires sont témoins des situations de tristesse voire de détresse des éleveurs face à l'abattage des animaux qu’ils ont élevé avec passion. Une fois l'abattage terminé, les opérateurs


OPÉRATIONS

« Cette contribution conforte la place du SSA dans la gestion interministérielle des crises sanitaires et prouve une nouvelle fois les capacités d’adaptation des vétérinaires militaires »

désinfectent le matériel et lèvent l'interdiction qui concerne l'exploitation. Ce dispositif n’aurait pu être efficace sans une coordination opérative et stratégique. La DRSSA de Bordeaux a été le contact de de l'Etat-major de ZDS-SO et de l’échelon déconcentré du ministère de l'Agriculture. Le bureau « Activités vétérinaires » de la DCSSA a été l'interface de la DGAl, tandis que l’EMO-santé a assuré le pilotage du concours du SSA en liaison avec le CPCO. Quels étaient les rapports avec les agriculteurs ? Quel rôle avez-vous joué ? Les vétérinaires militaires n’ont été en rapport direct avec les agriculteurs qu'au moment de l'abattage. La suspicion clinique, la confirmation des cas et la déclaration des foyers relèvent des groupements professionnels, des vétérinaires sanitaires et des services préfectoraux. Pendant l'abattage, le travail à

la chaîne (450 à 500 animaux euthanasiés par heure et par vétérinaire pendant 5 à 6 heures consécutives) ainsi que les conditions sonores ne laissent pas de place à la discussion. En revanche, une fois l’opération terminée, les vétérinaires ont pu discuter, parfois autour d'un café, avec l'éleveur et ses proches. Certains éleveurs, résignés, nous ont déclaré vouloir cesser définitivement leur activité suite à cette seconde épizootie en deux ans. La question qui revient systématiquement est de savoir comment l’influenza aviaire a pu atteindre leur exploitation malgré toutes les mesures de biosécurité déjà mises en place. Quelle expérience en tirez-vous ? Au-delà de l'euthanasie des canards ellemême, activité inhabituelle pour un vétérinaire des armées, cette mission nous aura permis de découvrir l'élevage des volailles de pleinair des Landes, le plus ancien Label Rouge de France. Cette contribution conforte la place du SSA dans la gestion interministérielle des crises sanitaires et prouve une nouvelle fois les capacités d’adaptation des vétérinaires militaires. Les premiers enseignements permettent déjà d’améliorer la procédure de concours de ressources militaires spécialisées au profit du ministère de l'Agriculture.  VEC Maurizi - Antenne vét. de Metz,

VEC Demoncheaux - EMOS, VEG Ulmer - ISSA

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DOSSIER

LA RECHERCHE CLINIQUE

D

epuis toujours le service de santé des armées a été source d’innovation pour améliorer les pratiques de soins des militaires. La recherche clinique a fait naître de nombreuses découvertes qui ont fait de nos anciens de véritables pionniers dans tous les domaines de la médecine, de la chirurgie et de la biologie : Larrey, Percy, Laveran, Laborit, etc. Longtemps impulsée par des initiatives individuelles sous la pression stimulante de conflits et de crises sanitaires, la recherche clinique du SSA doit aujourd’hui se réorganiser pour faire face aux évolutions réglementaires, au contexte socio-économique mais aussi à l’évolution des risques liée en particulier à la sophistication des systèmes d’armes. Cette réorganisation a été initiée en 2011 par la création d’un Bureau de gestion de la recherche clinique (BGRC). Avec un plan d’action mené de 2012 à 2014 puis l’inscription de la structuration de la recherche dans le projet « SSA 2020 », le SSA marque clairement sa volonté d’accroître la synergie entre les cliniciens des hôpitaux militaires, les médecins des centres médicaux des armées et les chercheurs de l’IRBA et d’autres organismes de recherche. Une avancée majeure a aussi été la prise en compte récente de personnes dédiées à la recherche (infirmiers de recherche clinique, techniciens d’études cliniques, attachés de recherche clinique) dans certains HIA.

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La transformation de la gouvernance du SSA avec la création d’une Direction déconcentrée de formation, de la recherche et de l’innovation (DFRI) renforce encore la place de la recherche dans le Service. Cette DFRI sera chargée de faire mettre en œuvre les plans d’orientation de la recherche définis par la DCSSA (Division expertise et stratégie santé de Défense). En particulier, elle devra promouvoir, gérer et contrôler la recherche biomédicale réalisée dans tous les établissements et toutes les directions du SSA incluant la recherche sur la personne humaine mais également tous les autres types de recherche (fondamentale, appliquée, épidémiologique, paramédicale, translationnelle). La mise en œuvre de ces mesures permet aux chercheurs qui se cachent derrière de nombreux personnels du SSA, jusque-là isolés, de travailler dans un environnement plus propice à la poursuite de travaux répondant aux besoins des armées.

 MCS Jean-Jacques Lataillade Professeur agrégé du Val-de- Grâce Titulaire de la chaire de biologie médicale et risque biologique des armées Directeur du programme Recherche de la transformation du SSA


DOSSIER

Une nécessité pour le SSA Dans les établissements de santé, la Recherche clinique (RC) est un complément indispensable à l’activité de soins, dans la mesure où elle vise à l’amélioration des pratiques professionnelles, et donc de la santé des malades par le diagnostic et la thérapeutique. Chaque personnel médical et paramédical, mais de façon plus large tout professionnel travaillant dans la santé au sein du SSA, est concerné par cette démarche de progrès.

Classiquement, la RC est surtout pratiquée par des praticiens exerçant en milieu hospitalier. En réalité, son domaine d’application est beaucoup plus vaste. Ainsi, des personnels paramédicaux sont de plus en plus nombreux à participer à des recherches cliniques, voire

© G. Mariette -ECPA-D

L

a recherche est définie comme l’ensemble des actions entreprises en vue de produire et de développer les connaissances. La pratique de la recherche est donc indispensable pour adapter la pratique médicale au sens large (y compris paramédicale, pharmaceutique, vétérinaire, managériale…) aux contextes d’emploi du SSA. C’est pour cette raison que la recherche est considérée comme une des composantes fondamentales du SSA, au même titre que la médecine des forces, la médecine hospitalière ou le ravitaillement sanitaire. La recherche clinique du service de santé des armées est une tradition ancienne. Elle a évolué au cours du temps, au gré des évolutions réglementaires notamment. Les lois et règlements actuels ont substitué la notion de recherche impliquant la personne humaine à la notion de recherche biomédicale, figurant ainsi dans le Code de la santé publique comme « une recherche organisée et pratiquée sur l’être humain en vue du développement des connaissances biologiques et médicales »*. Cette recherche peut porter sur l’être humain, les produits issus du corps humain (échantillons biologiques) et/ou l’utilisation de données personnelles.

« la recherche est considérée comme une des composantes fondamentales du SSA » initient eux-mêmes des recherches en soins ou en organisation de soins. La médecine des forces représente un champ de recherches encore largement sous exploité, tant sur le plan des soins que celui de l’aptitude et de l’expertise. La montée en puissance des thèses de médecine générale des internes des hôpitaux des armées sous la direction d’un médecin des forces en est un des aspects. Le programme recherche de la transformation 2020 a parmi ses missions celle de développer la RC du SSA, dont la recherche effectuée par les personnels paramédicaux et les médecins des forces.

Un modèle de valorisation individuel et collectif

La RC comporte un certain nombre de vertus, tant sur le plan individuel que collectif.

La démarche de recherche apporte des satisfactions intellectuelles en élevant le niveau scientifique de celui qui la pratique. Elle permet d’acquérir une notoriété dans sa discipline vis-à-vis de ses pairs, en particulier par la publication des résultats de sa recherche, valorisée par des points SIGAPS (système d’interrogation et de gestion automatisé des publications scientifiques) voir p. 22. Pour l’instant, la pratique de la RC influe peu sur le parcours d’un professionnel de santé, mais elle devrait à l’avenir prendre une place plus importante dans l’appréciation de ses performances. La pratique de la recherche est vertueuse également pour l’équipe soignante impliquée dans un projet. Elle apporte une dynamique positive, une solidarité et une fierté qui renforcent l’esprit d’équipe. Certaines RC donnent lieu à des innovations ou à des dépôts de brevet, eux aussi source de valorisation pour l’individu et aussi pour la collectivité. D’autres recherches existent : en épidémiologie, vétérinaire, médico-économique. Ce sont autant de facettes de la recherche qui contribuent à la richesse et à la vitalité du SSA.  MCSHC Patrick Imbert, officier du programme Recherche de la transformation du SSA

* article L1121-1 ACTU SANTÉ • N° 146 • Printemps 2017

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DOSSIER

La recherche clinique

Les grands projets Dans l’objectif de préservation de la santé des militaires et de réparation des affections et des blessures survenues en opération, les praticiens du service de santé des armées ont, de tout temps, été forces d’innovation et se sont impliqués dans des travaux de Recherche clinique (RC).

S

i la RC du SSA a été officiellement créée par une directive d’orientation et une lettre de cadrage du directeur central du SSA en date du 8 février 2005, force est de constater que dès le 18e siècle, des personnels du SSA, pourtant dépourvus de tout environnement scientifique mais placés dans un milieu favorable à l’observation, ont contribué de façon décisive aux progrès de l’art de guérir surtout lorsqu’il faisaient face à des situations de guerre. Ces hommes de courage, tels Larrey (père de la médecine d’urgence), Percy (initiateur de la médicalisation de l’avant) et tant d’autres, honoraient le service de santé et le Journal de Médecine militaire, fondé en 1780, recevait les tributs qu’ils trouvaient le temps de fournir à la science. Sans doute leur isolement et l’urgence des problèmes à résoudre constituaient-ils des moteurs puissants à l’innovation. Au début du 20e siècle, Henri Laborit, sorti de l’École de santé navale de Bordeaux en 1933 et devenu chirurgien, rencontre ses premiers échecs opératoires et s'intéresse aux fondements théoriques du traitement du choc. En rupture radicale avec les dogmes établis de l'époque, il préconise de diminuer les défenses naturelles de l'organisme lors d'agressions graves, pour prévenir le choc, grâce à ce qu'il dénomme des cocktails lytiques. Il met au-devant de la scène une nouvelle molécule, essayée pour la première fois chez l’homme à l’hôpital du Val-de-Grâce, qui va devenir le premier psychotrope actif dans les psychoses, la chlorpromazine (Largactil®) ouvrant ainsi la voie au premier traitement pharmacologique de ce que l'on appelait alors, l'aliénation mentale. Il se voit

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décerner le prestigieux prix Albert Lasker, de nombreuses chaires Honoris Causa et les plus hautes distinctions scientifiques du monde entier.

Le fixateur externe

Plus récemment, au cours des années 1970, le Fixateur externe du service de santé des armées (FESSA) a été développé avec un cahier des charges exigeant adapté à la traumatologie de guerre et à la chirurgie en environnement précaire. Il fallait disposer d’un appareil aussi simple que possible (ancillaire et nombre réduit de pièces) d’une grande modularité pour un emploi sur l’ensemble des différentes régions anatomiques. Pour une plus grande simplicité des montages et afin de disposer d’un fixateur à encombrement réduit, un système monoplan a été retenu. Ces exigences ont abouti en 1979, grâce aux travaux de trois praticiens du SSA, les Dr Meyrueis, Rochat et Miné, à l’élaboration du FESSA, fixateur acier monoplan à base de fiches et de tubes multi-perforés de diamètres variables. C’est en 1979, au cours de l’opération Tacaud au Tchad, que le FESSA a été utilisé pour la première fois en condition opérationnelle. Par la suite, toutes les formations de campagne, les hôpitaux de l’arrière et de l’infrastructure ont été dotés du FESSA.

Au cours des années 90 la communauté internationale militaire reconnaîtra l’intérêt de l’exofixation et rejoindra la conception d’utilisation du SSA sur l’utilisation de cet appareil qui participe au damage control des lésions des membres. En 2003, les dotations de l’avant comprennent un nouvel appareil, conçu pour une utilisation en pratique de guerre, le PercyFx mis au point en 1997 par les chirurgiens orthopédistes de l’hôpital d’Instruction des armées Percy. Le résultat est un nouveau type de fixateur externe mono-latéral d’usage unique, radio-transparent et amagnétique. Ce fixateur, dédié uniquement à la traumatologie et ses complications, est un fixateur compatible à la fois pour les traumatismes survenant au membre supérieur et au membre inférieur. Après qu’une étude prospective clinique de 26 cas réalisée en accord avec les lois bioéthiques françaises avait montré l’intérêt de ce fixateur, trois équipes chirurgicales l’ont utilisé pour traiter des fractures ouvertes, des fractures comminutives et des infections. Une série rétrospective de 100 cas présentée par les auteurs a montré des résultats comparables aux séries de la littérature.

Le Digipointeur

Dans le domaine de la chirurgie faciale, le MC Bertrand Lombard, bénéficiant d’une formation en médecine et en technologie, praticien certifié en ORL formé à l’Ecole de santé navale, a mis à profit son observation en tant que médecin de la Marine, pour concevoir des systèmes permettant de guider à distance un missile projeté bien au delà de l’horizon avec une précision très grande. Il décide de


DOSSIER

miniaturiser ce procédé avec des composants répondant aux normes médicales. Il conçoit ainsi dès 1995 un système qui permettait de repérer les instruments chirurgicaux et de les projeter, dans le bloc opératoire en direct au cours de la chirurgie, sur une imagerie scanner de la face du patient réalisée peu de temps avant l’opération. Il obtient assez vite des financements de la Mission Innovation Participative pour la mise au point d’un prototype. Très rapidement et au prix d’un travail acharné (notamment par la documentation par internet et la programmation informatique), il présente un prototype fonctionnel, baptisé le Digipointeur, et fait la preuve de son intérêt au bloc opératoire au cours de l’année 1999, avec une précision de l’ordre du millimètre. Il valide alors consciencieusement par des études cliniques, financées par l’appel à projet « PRC » de la DCSSA chacune des modalités fonctionnelles du Digipointeur. Confié à un industriel spécialisé dans la distribution de matériel chirurgical notamment pour l’ORL, le Digipointeur connaît une industrialisation et une diffusion internationale, le SSA restant propriétaire des brevets protégeant l’ensemble du système. Le Digipointeur s’est effectivement rapidement imposé sur le marché du fait de sa simplicité d’utilisation, de sa robustesse (une version portable et projetable a même été mise au point par son inventeur), de sa précision et de son coût, jusqu’à 10 fois moins élevé que la concurrence. Depuis, le système a été amélioré avec le soutien de l’industriel

Le Digipointeur

Grand brulé à l'HIA Percy

et du SSA, notamment dans la procédure de repérage au bloc opératoire qui est l’une des plus rapides et performantes du marché grâce à des algorithmes très innovants.

Projet européen : Phagoburn

Enfin, si les blessés ne meurent presque plus d’exsanguination sur le champ de bataille, ils meurent désormais d’infection, plusieurs semaines après leur relevage, les germes en cause étant devenus de plus en plus résistants aux antibiotiques. La sévérité de l’agression et la modification des écosystèmes du patient et de son environnement favorisent les infections de la blessure. Les brûlures cutanées en est une illustration, mais aussi les foyers de fracture osseuse, les infections urinaires du blessé médullaire, les infections pulmonaires. Phagoburn, projet collaboratif européen financé par le 7e Programme Cadre de Recherche et Développement (Programme Santé), a été lancé le 1er juin 2013 pour une durée de 27 mois grâce aux efforts d’un consortium porté par deux praticiens du SSA, les MC Thomas Leclerc et Patrick Jault.

Phagoburn consiste à évaluer la phagothérapie, c’est à dire l’usage thérapeutique des bactériophages, prédateurs naturels destructeurs de bactéries, pour traiter les infections cutanées provoquées par les bactéries Escherichia coli et Pseudomonas aeruginosa chez les patients brûlés. Conduit au sein d’unités hospitalières dédiées à la prise en charge des grands brûlés en France (HIA Percy, Clamart), en Belgique (Hôpital Reine Astrid) et en Suisse (CHU Vaudois), cet essai est le premier du genre. L’efficacité et l’innocuité de la phagothérapie seront évaluées par le biais d’une étude clinique conforme aux bonnes pratiques cliniques et de fabrication pharmaceutique. Le projet est coordonné par le SSA en collaboration avec les PME Pherecydes Pharma et Clean Cells. Phagoburn est doté d’un budget global proche de 5 millions d’euros, dont plus de 3,8 millions d’euros de soutien européen.  MC Damien Ricard, CD Mathieu Gunepin,

MC Catherine Verret

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DOSSIER

La recherche clinique

Valorisation

de la recherche clinique Le SSA bénéficie à la fois du financement des activités par la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) et du financement de l’innovation par la Mission Innovation Participative (MIP) de la DGA. Serious game formation au sauvetage au combat de niveau 1

La DGOS a mis en place un processus de financement pour valoriser les missions d’enseignement, de référence, de recherche et d’innovation effectuées par les établissements de santé, dont fait partie le SSA depuis 2009. Il s’agit de la valorisation des publications scientifiques et des essais cliniques grâce au recueil des données dans un système de recueil d’informations recherche organisé par l’INSERM. Le Système d’interrogation, de gestion et d’analyse des publications scientifiques (SIGAPS) initié au CHRU de Lille en 2002 et financé par la DGOS, est un logiciel dédié au recensement, à l'évaluation et la valorisation des publications scientifiques d'un établissement ayant des activités de recherche médicale. Il permet de synthétiser très rapidement la production scientifique d'un chercheur, d'un service ou d'un établissement sur une période donnée et d’évaluer qualitativement cette production en examinant les journaux et revues dans lesquels les travaux ont été publiés. La qualité d’une publication est évaluée sur une échelle à 6 niveaux (A, B, C, D, E, NC). Le logiciel fournit également une analyse très fine des collaborations qui permet de mettre en évidence les structures impliquées dans la recherche. Chaque chercheur veille à valider chaque année ses publications en se connectant sur le site des SIGAPS. Le recensement des publications scientifiques par le SIGAPS représente un financement de la recherche du

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© Christophe Morgado - IRBA

Financement par la DGOS

SSA par la DGOS de l'ordre de dix millions d'euros par an. Le SIGREC (Système d’Information et de Gestion de la Recherche et des Essais Cliniques), commandité et financé par la DGOS est dédié au recensement et au suivi des projets de recherche clinique. Une enveloppe variable est allouée à partir de ses indicateurs. Il représente un financement de la recherche du SSA par la DGOS de l'ordre d’un million d'euros par an.

Financement par la Mission innovation participative (MIP) de la DGA

La MIP finance des projets innovation proposés par le personnel du ministère de la défense pour un montant maximum de 90 k€.

Tous les 2 ans, un projet est sélectionné et est récompensé par le prix de l’audace. Le lauréat 2016 a été le MC Pasquier (anesthésiste-réanimateur, adjoint unité fonctionnelle de réanimation, HIA Percy) pour le projet Serious game de formation au sauvetage au combat de niveau 1. Ce simulateur numérique enseigne les gestes salvateurs aux combattants projetés en OPEX. Le bureau valorisation de la DAPSA a organisé un partenariat avec la société Medusims, start-up de logiciels de simulation médicale, pour le développement de ce serious game avec le SSA (cf. Actu Santé n°144).  PC Vincent Dabouis

PC Jacques Mathieu Bureau Recherche DCSSA


DOSSIER

Autres exemples de projets promus par le SSA Phototoxicité oculaire et altitude chez des guides de haute montagne

Cette étude visait à évaluer la phototoxicité oculaire chez les Guides de haute montagne (GHM) surexposés aux ultraviolets et à lumière bleue liée à l’altitude ainsi qu’à la réverbération de la lumière sur la neige. Un groupe de 96 guides a été comparé à 90 patients témoins vivants en plaine. Cette comparaison a permis de mettre en évidence que les GHM développaient plus de pathologies de surface (paupière, conjonctive et cornée), de cataractes corticales, de chirurgie de cataracte précoce, de drusens (signes de vieillissement de la macula). Le port de masque de ski, de verres photochromiques diminuait le risque de cataracte. L’exposition à la neige augmentait le risque de maculopathie. Le port de chapeau était un facteur diminuant ce risque. Les militaires qui évoluent en haute montagne comme le personnel des Bataillons de chasseurs alpins ou du Peloton de gendarmerie de haute montagne, peuvent, grâce à ces résultats d’étude, bénéficier d’une protection la plus complète lors des expositions solaires. Pour la première fois le port de verres photochromiques (qui teintent au soleil) a été identifié comme un facteur protecteur. Cette étude a été valorisée par une thèse de médecine 1 et un article scientifique 2.

Cataracte corticale présente chez une des guides de haute montagne

Exemple d’exposition solaire des troupes de haute montagne

 MP Hussam El Chehab, MED Emilie Agard (HIA Desgenettes, Service d’Ophtalmologie), MC Corinne Dot (École du Val-de-Grâce)

© JJ.Chatard - DICOD

1 - Thèse de médecine Université Lyon Claude Bernard 2 - H. El Chehab et al. Phototoxicité oculaire et altitude chez des guides de haute montagne. J Fr Ophtalmol. 2012, 35(10):809-15

Étude « PREHO-PLYO », une avancée supplémentaire dans l’utilisation du Plasma Lyophilisé

Dans le cadre de la prise en charge du choc hémorragique post traumatique, le Plasma lyophilisé (PLYO), conceptualisé et produit par le Centre de transfusion sanguine des armées (CTSA), a été administré par le passé à de nombreuses reprises en milieu militaire. Son utilisation et ses effets ont fait l’objet de nombreuses études observationnelles. Il restait à réaliser l’étude randomisée visant à montrer le bénéfice de son administration dans le traitement de la coagulopathie associée au choc hémorragique chez les traumatisés graves civils en pré-hospitalier. Sous la promotion du Service de santé des armées, le CTSA et la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris ont démarré une étude « PREHO PLYO Trial » en collaboration avec le Bataillon des marins-pompiers de Marseille, les Samu et les hôpitaux de Paris, Lyon, Marseille, Annecy, ainsi que les Hôpitaux d'instruction des armées Percy, Laveran et Bégin. Les résultats attendus fin 2018 devraient permettre d’optimiser la stratégie transfusionnelle préhospitalière en milieu civil quasi tombée en désuétude depuis les années 2000. Cette étude a fait l’objet d’un projet soutenu par la MIP et a reçu le prix de l’audace en 2012.  MC Jean-Pierre Tourtier, MHC Daniel Jost, (Brigade de sapeurs-pompiers de Paris), MG Anne Sailliol (CTSA)

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DOSSIER

La recherche clinique

Les acteurs La recherche clinique est située à l’interface entre le monde des soins et celui de la recherche. Elle bénéficie à la fois d’un pilotage scientifique et administratif impliquant de nombreux acteurs.

L

e participant est au cœur du dispositif : malade ou sujet sain, militaire ou civil, il doit être informé de la recherche menée et peut être amené à donner son consentement dans certains cas.

L’investigateur et ses partenaires

Autorités militaires et civiles

Promoteur DCSSA, CHU, industriel, etc. prend l’initiative d’une recherche biomédicale sur l’être humain, en assure la gestion et vérifie que son financement est prévu

• Comité de protection des personnes (CPP) • Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) • Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL)

Investigateurs (France, OPEX)

Structures de soutien • Contract Research Organization (CRO) • Unité de recherche clinique (URC) • Collège de la médecine générale (CMG) • Centre d’épidémiologie et de santé publique des armées (CESPA) • Bureau de gestion de la recherche clinique (BGRC)

HIA, IRBA, CMA, CESPA, Hôpitaux civils, médecins libéraux dirige et surveille la réalisation de la recherche en collaboration avec l’équipe soignante

Plateaux techniques

Hôpitaux, universités, CNRS, etc.

Dans le SSA, les équipes investigatrices sont situées dans les structures hospitalières, les centres médicaux des armées, mais aussi à l’Institut de recherche biomédicale des armées ou au Centre d’épidémiologie et de santé publique des armées par exemple. L’investigateur peut être le concepteur du projet de recherche, seul ou en collaboration. Pour réaliser certaines recherches, des partenariats peuvent être nécessaires pour utiliser un plateau technique particulier (biologie, imagerie…), qu’il soit situé dans une enceinte militaire ou non, dans une structure hospitalière ou de recherche.

Le promoteur et les structures de soutien à la recherche

Dans le SSA, il peut s’agir d’un industriel, d’un centre hospitalier et/ou universitaire, d’une structure académique ou de la Direction centrale du SSA (DCSSA), par délégation du ministre de la Défense. Il est responsable du bon déroulement de la recherche, en conformité

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Patients/sujets sains

civils, militaires

avec les bonnes pratiques françaises ou internationales. Pour exécuter ses missions, il peut faire appel également à une structure de soutien à la recherche. Certaines structures, orientées vers le soutien à l’investigateur « au plus près du malade », sont dédiées à la mise en œuvre des protocoles de recherche dans un lieu donné : centre de recherche clinique, unité de recherche clinique (URC). Elles comprennent des médecins, infirmiers, techniciens d’études cliniques et secrétaires. Les URC des HIA Bégin et Percy en sont une illustration dans le SSA (voir encadré). D’autres vont s’orienter vers le soutien au promoteur : à l’organisation, la surveillance et la coordination de la recherche, garantissant le respect du cadre technico-réglementaire, la qualité des données et des résultats obtenus, la maitrise des budgets. Ces structures publiques (Délégations à

la recherche clinique et à l’innovation) ou privées (Contract research organisation) comprennent notamment des Attachés de recherche clinique (ARC) en charge de la surveillance de l’étude (monitoring), des vigilants des essais cliniques, des personnes en charge de l’assurance qualité, de la gestion des projets, de la réglementation. Les activités de soutien à la conception méthodologique et statistique, la gestion et l’analyse de données peuvent faire également partie de leurs missions. Elles impliquent méthodologistes, gestionnaires de bases de données cliniques (data managers) et biostatisticiens, en l’absence de structures dédiées (centres de méthodologie et de gestion). Dans le SSA, le Bureau de gestion de la recherche clinique (BGRC), localisé à l’Institut de recherche biomédicale des armées (IRBA) assure une partie du soutien à la promotion des recherches, dont la conception et la réalisation.


DOSSIER Les partenariats Dès 2013, l’HIA Clermont-Tonnerre a intégré la Fédération RIMBO (Recherche innovation médicale en Bretagne occidentale). En 2016, les HIA de la plateforme hospitalière militaire IDF ont adhéré au GIRCI IDF (Groupement inter-régional pour la recherche clinique et l’innovation). L’HIA Ste Anne a établi un partenariat avec le CHITS qui a permis la création en janvier 2017 d’une URC au sein de l’HIA. L'HIA Legouest a signé une convention cadre avec le CHR Metz-Thionville comportant un volet recherche. En 2017, un projet de convention de partenariat entre l’HIA ­Desgenettes et les HCL est en cours d’élaboration.

Les personnels paramédicaux acteurs de la recherche L'implication de personnels paramédicaux dans l'activité recherche est un enjeu majeur de la transformation de la recherche au sein du SSA. Ainsi, le MERCS Anthony Tessier (HIA Sainte-Anne, Toulon) a été nommé fin 2015 référent paramédical pour la chaire de « recherche appliquée aux armées », de l’École du Val-de-Grâce. De plus, en parallèle à sa participation aux enseignements délivrés au sein du SSA, il poursuit des études doctorales en neurosciences, sur une thématique translationnelle innovante, à forte potentialité clinique : le suivi par IRM de cicatrices gliales à l'aide de peptides, une technique non invasive brevetée par le SSA, dont l’inventeur est l’IEF Dr Philippe Yves Simon, de l’unité de Recherche Clinique de l'HIA Sainte-Anne de Toulon. Cette thèse, validée par l'EVDG, associe le Centre de Résonance Magnétique Biologique et Médicale UMR n°6612 associée au CNRS et l’université d’Aix-Marseille - La Timone, le service d'imagerie médicale (Pr Arteaga), et l'Unité de recherche clinique de l'HIA Sainte-Anne. L’innovation et la valorisation restent les maitres mots de cette démarche de recherche.

Percy 1 URC C.-Tonnerre 2 ARC civils

Legouest 1 ARC militaire Bégin 1 URC

Les unités de recherche • Les Unités mixtes de recherche-ministère de la Défense (UMR-MD)

Les UNM-RD associent un ou plusieurs laboratoires de recherche d'un établissement d’enseignement supérieur (université, INSERM, CNRS) et un organisme du SSA, dans le but d’augmenter les capacités d’innovation par la mise en commun de moyens. Trois UMR-MD ont été ainsi définies dans un accord-cadre de coopération scientifique et technique signé en 2011 entre le SSA et l'université d'Aix-Marseille. Seule persiste l'UMRMD1, dont la thématique est l’étude de l'antibiorésistance des bactéries hautement pathogènes. Une quatrième UMR-MD, consacrée à l’étude des troubles neurologiques « Cognac G » (cognition and action group), est en cours de signature entre l'université Paris V, l’ENS Cachan, le CNRS et le SSA (HIA Percy et IRBA). D'autres UMR-MD sont en cours de préparation : une ayant pour thème la réparation tissulaire (IRBA, Université Paris Sud et INSERM) et d’autres incluses dans l’IHU Infection Méditerranée (IRBA et CESPA).

• Les Unités de recherche clinique (URC)

Ste Anne 1 URC

Les URC, structures de soutien aux investigateurs de recherche clinique des HIA, leur permettent de se consacrer à l’activité de soins, tout en menant leurs recherches. Elles se composent d’un médecin coordonnateur et de professionnels de la recherche : attaché(s) de RC (ARC), technicien(s) d’études cliniques, infirmière de RC, secrétaire. La première a été créée à l’HIA du Val-de-Grâce, puis transférée en 2015 à Bégin (6 ETP) puis à Percy (3,3 ETP). En 2017, l’HIA Sainte-Anne a ouvert une URC dans le cadre d’une convention de recherche signée avec le Centre hospitalier intercommunal de Toulon-La Seyne (CHITS), avec du personnel des 2 établissements. Après 1 an de fonctionnement, le bilan est positif : à l’exercice bénéficiaire sur le plan financier, s’ajoute la valorisation intellectuelle et la satisfaction des équipes d’améliorer la prise en charge de leurs patients. La montée en puissance rapide des activités de recherche engendrée par ces URC (carte) renforce l’attractivité de ces HIA.

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DOSSIER

La recherche clinique

RC dans le SSA : mode d’emploi

Sept étapes scientifiques et administratives vont résumer la vie d’un projet de recherche. Une importante anticipation est nécessaire pour éviter de nombreux écueils survenant pendant l’étude aux conséquences irrémédiables (arrêt de l’étude, mise en danger des sujets…).

Idée de recherche

1

Formalisation de la question de recherche

• Définition de la question de recherche, objectifs • Evaluation des modalités de réalisation, risques prévisibles

Protocole synthétique grandes étapes de l’étude + estimation budgétaire

2

Demande de promotion

• Appel à projets annuel SSA, petits projets de RC • Expertise des projets (interne et externe)

Promotion

3

Elaboration des documents

• Protocole, note d'information, formulaire de consentement • Support de recueil de données • Procédures de réalisation et de surveillance de l'étude

Documents de l’étude

4

Démarches réglementaires

• Selon le type de recherche : CPP, ANSM, CNIL... • En lien avec IRBA/DIVAS/BGRC et DCSSA/DSIN

Etude autorisée

5

Mise en place

• Contractualisation (collaborations, prestations) • Mise en place du matériel de l'étude • Formation des acteurs, ouverture des centres investigateurs

6

Déroulement

• Suivi des inclusions, des analyses • Contrôle des données, du respect du protocole, de la sécurité • Reporting réglementaire, financier, administratif

7

Clôture

• Gel de la base de données, analyse des données, interprétation des résultats • Rédaction du rapport d'étude, publication scientifique • Comptes rendus réglementaires, administratif, financier

Premier consentement Fin de participation des sujets

Article publié Archivage

 MC Catherine Verret, Chef du Bureau de gestion de la recherche clinique, IRBA

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DOSSIER

L’exemple du Smart Flat de Percy

Le jeudi 23 février 2017, un patient du service de neurologie a bénéficié pour la première fois de tests au sein d’un dispositif nouvelle génération : le Smart Flat, soit appartement intelligent, fruit de 18 mois de recherches au sein de l'Unité mixte de recherche-MD 8257 Cognac-G.

B

ardé de capteurs audios, vidéos et oculométriques, l’appartement intelligent est intégré au service neurologie de Percy. Il permet à l’équipe pluridisciplinaire d’apprécier en temps réel la qualité des tâches exécutées par le patient souffrant de syndromes dysexécutifs. Durant 60 minutes, le patient est observé lors de la réalisation d’une recette de gâteau au chocolat, par l’infirmier qui l’accompagne, son médecin neurologue référent, un ingénieur biomédical et un ergonome. « La chambre de l’hôpital devient alors un véritable macroscope au service du diagnostic du neurologue » approuve le médecin en chef Stéphane, co-inventeur du Smart Flat et chercheur à l’Institut de recherches biomédicales des armées (IRBA). Dans la zone de test, chaque action du patient est captée en temps réels par des caméras type GoPro, des capteurs ambiants et sur les meubles et l'électroménager. Les données sont directement retranscrites en zone de contrôle informatisée, sur des écrans d’ordinateurs puis converties en courbes mathématiques pour l'étude sensorimotrice et cognitive réalisée par l’équipe pluridisciplinaire.

Le Smart Flat de Percy est le premier appartement intelligent incorporé dans un service clinique en France. Dans quelques années, le principe du Smart Flat pourrait être intégré dans le quotidien des patients, notamment au sein des maisons de retraite ou encore des habitations à loyer modéré.

Interview du MC Stéphane, Irba « Ce projet est né de la volonté d'associer une équipe multidisciplinaire pour caractériser le comportement sensori-moteur humain à l'aide de mesures de capteurs et d'analyses mathématiques appliquées de pointe. En effet, les tests actuels donnent une image ponctuelle de l'état des patients, le plus souvent subjective. Développer un environnement doté d’une intelligence ambiante pour réaliser des tâches écologiques doit permettre de progresser dans l'évaluation des patients. À court terme, il s’agissait de démontrer la faisabilité ; à moyen terme, d’évaluer des patients de cohortes spécifiques : traumatismes crânien modérés et sévères, patients leucopthes post-radique. C'est aussi un lieu pédagogique avec 5 masters soutenus sur le sujet. Cette plate-forme a été développée au sein de l'UMR-MD 8257 COGNAC G, avec l'HIA Val-de-Grâce (MGI Felten) puis l'HIA Percy (MGI Peres et MC De Greslan du service neurologie) et l'Ecole du Val-de-Grâce (MGI Pons). Elle a été financée conjointement par le SSA, Ineo Digital, la Société d'Accélération de Transfert Technologique (SATT Idf Innov), la DGA, le Centre national d'Études spatiales, l'Institut de Recherche sur la Moelle Epinière, le Centre national de la recherche scientifique et l'IRBA. »

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DOSSIER

La recherche clinique

Évolution

de la recherche du SSA La recherche du SSA doit lui permettre d’adapter ses pratiques aux circonstances et conditions de l’engagement opérationnel des militaires et de leur préparation, continuellement changeantes. En matière de santé, les attentes et exigences de la communauté de défense changent aussi, à l’image de celles de la population française. Les pratiques médicales doivent également changer avec l’avancée des connaissances scientifiques et techniques. Le défi pour la recherche du SSA est donc immense et il ne pourra pas le relever seul et dans son ensemble.

La nouvelle gouvernance du SSA organise ce processus de choix des objectifs de recherche du SSA. Au sein de la DCSSA, la Division expertise et stratégie santé de défense (DivESSD), en lien avec la Division opérations (DivOPS) et les ADS, pilotera l’évaluation, la caractérisation et la hiérarchisation des questions de santé auxquelles le SSA choisira de répondre. Elle en déduira les objectifs de recherche qui seront donnés à ses équipes. Ces choix seront exprimés sous la forme de directives ou de plans d’orientation qui devront être mis à jour tous les ans. Ces directives et plans seront le fruit de l’interaction entre la DCSSA (DivESSD et division ressources), l’état-major des armées, la DGA, et la Direction de la Formation, de la Recherche et de l’Innovation (DFRI). Ils fixeront les objectifs de recherche, les moyens qui seront dégagés pour tenter de les atteindre, les termes d’une politique qualité et les grandes orientations de l’organisation et du fonctionnement de

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la composante recherche du SSA. La DFRI aura en charge la gestion de la recherche, c’est-à-dire la déclinaison des directives et plans dans les établissements dont elle assurera la tutelle hiérarchique, l’IRBA, l’EVDG et les écoles ESA-EPPA, mais aussi dans les autres établissements du Service, en relations avec les directions des chaines organiques concernées. La DFRI aura donc une fonction de tête de réseau fonctionnel « recherche et innovation » dans tous les établissements et directions du service.

© C. Morgado - IRBA

L

a définition de la politique de recherche du SSA repose donc d’abord sur une analyse des questions de santé, c’est-à-dire des problèmes de santé des militaires et des risques auxquels ils sont exposés, dans le champ NRBC ou de l’ergonomie des systèmes d’armes par exemple, ainsi que des pratiques et équipements de santé actuels du SSA et des armées.

La recherche du SSA s’inscrit dans l’organisation de la recherche nationale en assumant la spécificité militaire de ses objectifs. Elle doit être ouverte pour bénéficier de l’apport de la recherche civile, de ses opportunités et de ses moyens, notamment financiers, afin de répondre plus efficacement aux besoins des ADS.

La plus grande partie de la recherche menée dans le SSA relève de la recherche menée sur les personnes, recherche clinique ou épidémiologique essentiellement. Elle a besoin d’être développée et consolidée car elle répond, au plus près, aux besoins d’amélioration des pratiques et équipements du SSA. Cette recherche doit cependant respecter des critères de qualités, des règlements, des règles de bonne pratique et des méthodologies. Elle est spontanément effectuée par du personnel du Service, mais ses contraintes découragent certains à mener des travaux utiles à l’expertise médicale d’aptitude, la prévention ou la prise en charge des pathologies des militaires. La politique de la recherche clinique du SSA aura pour objectif son développement, répondant aux questions de santé priorisées par la DCSSA mais aussi, pro parte, à celles identifiées sur le terrain. Le besoin d’amélioration des pratiques et donc bien souvent « de recherche » est ressenti par une grande partie du personnel du Service. La pratique de la recherche, en particulier de la recherche clinique, et de l’expérimentation doit donc être encouragée et soutenue, car les contraintes de la transformation du SSA peuvent la décourager. L’avenir ne doit pas être sacrifié au temps présent.  MG Christophe Rogier


FOCUS

Recrutement de médecins généralistes sous contrat

Une campagne de recrutement inédite a été lancée en février. L'objectif : une trentaine de médecins généralistes. Explications. Pourquoi recruter des médecins généralistes sous statut Officier Sous Contrat (OSC) ? Le rééquilibrage au profit de la médecine des forces est un des enjeux du modèle SSA 2020. Les promotions actuelles d’internes de médecine générale ne suffisent pas au regard des postes à pourvoir. Ainsi, dans le cadre du plan de recrutement 2017, 52 praticiens seront recrutés sous statut contractuel (commissionné ou OSC), parmi lesquels 32 praticiens dont 28 médecins généralistes sous le statut d’officier sous contrat 1 au profit exclusif de la médecine des forces. Ils occuperont des postes d’adjoint du chef d’antenne dans les Centres médicaux des armées (CMA). Ce choix permettra une acculturation progressive à l’exercice de la médecine des forces. Quels profils sont attendus ? Les candidats recherchés sont des femmes et des hommes titulaires du Diplôme d’Etat de docteur en médecine générale exerçant depuis moins de cinq ans, à la recherche d’un mode d’exercice différent et attirés par les valeurs du Service. Le premier contrat proposé est de trois ans, renouvelable. Le passage de carrière est possible et subordonné à la réussite d’un concours sur titre. Comment ces futurs médecins seront-ils intégrés au SSA ? Les formations permettront une montée en

Et si vous exerciez

autrement ?

Le service de santé des armées recrute

Lors du processus de recrutement, une visite du CMA d’affectation est prévue. Ce premier contact est indispensable pour établir une relation de confiance. L’adhésion et la participation du personnel de la médecin des forces sont fondamentales pour la réussite de cette campagne de recrutement.

des jeunes médecins (H/F) DE

✔ Statut militaire d’officier sous contrat

✔ Soins et consultations aux militaires

✔ Exercice au sein d’équipes médicales

le-ssa-recrute.contact.fct@intradef.gouv.fr Tél. : 01 41 93 27 85 (bureau recrutement) www.defense.gouv.fr/sante/recrutement

compétence progressive du médecin sous contrat afin de répondre aux attentes du Service. Conformément à leur statut, les OSC suivront une formation militaire initiale de 15 jours en qualité d’Elève officier sous contrat (EOSC). Ils sont nommés aspirants après validation puis signent un contrat d’OSC au grade de médecin des armées. Une formation médico militaire complémentaire d’une semaine est assurée au cours des six premiers mois. Lors de la deuxième année d’exercice, le médecin suivra le Diplôme universitaire urgences des temps de crise (DUUTC). Une participation aux OPEX et MCD pourra être envisagée lors de ce premier contrat, en fonction du profil et sous condition de préparation. L’accès aux brevets délivrés par le Département de préparation militaire opérationnelle (DMPO) sera possible lors du deuxième contrat.

Les rendez-vous de recrutement La campagne de recrutement repose sur des annonces dans la presse écrite, sur Internet et les réseaux sociaux relayées par les armées et la défense et sur une participation aux salons et grands rendez-vous de la santé : 18e congrès national des internes de médecine générale avec le CMA de Nancy le 27 janvier, Secours Expo à Paris du 2 au 4 février, les assises nationales des jeunes médecins généralistes le 4 mars, et le congrès des médecins généralistes de France, les 30 mars et 1er avril 2017.

EN SAVOIR Retrouvez le kit de communication du recrutement OSC auprès des DRSSA et en ligne sur le portail intrasan : ➔ portail.sante.defense.gouv.fr/ actualites/RH

(1) Décret n°2008-939 du 12/09/2008 relatif aux officiers sous contrat ACTU SANTÉ • N° 146 • Printemps 2017

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BIBLIOGRAPHIE Dans les Services de Santé Le piano mobilisé Editions Hortus

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DANS LES SERVICES DE SANTÉ

DUCASSE, HURÉ, IBERT, KOECHLIN, DE LA PRESLE, RAVEL, ROUSSEL, SÉVERAC

Auteure : Jul - Éditions LC. Infirmière militaire armée d’une plume trempée dans le vitriol, Jul nous décrit les sentiments au plus près de l’univers chargé d’émotion de ceux qui servent la France chaque jour. Elle nous fait découvrir l’envers du décor et sons sens des choses. Ce recueil est un flot d’émotions au fil de l’écrit, soulignées par les illustrations d’Eva, élève officier à l’école de Gendarmerie et de Martinez (ancien militaire).

Amaury Breyne piano

HO RTUS 723

3487720007231

DANS LES SERVICES DE SANTÉ

tions of the composers services: whereas some, nd Jean Huré, use the orrors of the war, others, c, attempt an imaginary dience far from the front, eaceful scenes, be they .

7   3 7

Labellisée par la Mission du Centenaire, cette collection discograLE PIANO MOBILISÉ phique Les Musiciens et la Grande Guerre propose une série d’enregistrements constituant une anthologie sonore sans précèdent d’œuvres composées pendant le conflit, dans les années qui l’ont précédé ou après l’Armistice, afin d’en appréhender au mieux le contexte comme l’atmosphère historique et culturelle. Cette base patrimoniale, diversifiée, cohérente, offrant un panorama représentatif de la création musicale des nations impliquées dans le conflit, fait cohabiter des œuvres de compositeurs connus, qui pour des raisons d’âge ou de santé sont demeurés à l’arrière, avec celles, inédites pour beaucoup, de compositeurs aujourd’hui souvent oubliés, mobilisés et malheureusement parfois blessés ou tués. Toutes méritent une écoute attentive, non seulement pour leur qualité musicale, mais aussi pour leur valeur émotionnelle incomparable.

XXIII

VOL.

LES MUSICIENS ET LA GRANDE GUERRE XXIII

Le pire des Sens

L’ambulance 13 tome 7 Scénariste : Patrice Ordas Dessinateur : Alain Mounier Éditions Grand Angle Du front aux services de renseignements, ­B outeloup traverse la guerre et ses ravages. Après la mort d’­Émilie, Bouteloup est désespéré. Ses deux amours, son père et trop de ses amis ont été tués au cours de la Grande Guerre. Mutilé de la face et mis en disponibilité, il se sent inutile. Jusqu’au jour où le lieutenant-colonel d’Avrainville lui demande d’accompagner la folle équipée du général Jouinot-Gambetta en Orient. Louis accepte, à condition de reformer l’Ambulance 13. Au terme du voyage : Uskub, théâtre à venir de la dernière charge de la cavalerie française.

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La mini-sieste : 10 minutes chrono ! MC De Greslan et MC Sallansonnet-Froment Éditions Rustica Écrit par deux neurologues de l’HIA Percy, spécialistes du sommeil, ce guide pratique est destiné à ceux qui veulent comprendre leur sommeil pour faire une mini-sieste et mieux gérer leur rythme quotidien. Facile à lire, précis et enthousiaste, cet ouvrage bénéficie des meilleures connaissances scientifiques actuelles alliées à une solide expérience médicale de plus de quinze ans auprès des malades. Il vous permettra de vous approprier la mini-sieste pour la pratiquer selon vos besoins de sommeil, votre environnement et vos habitudes de vie.

L’École du Service de santé militaire de Lyon - De la fondation à la grande guerre, 1888-1918 William Rocco-Giraudon - Éditions Bernard Giovanangeli duleService Cet ouvrage retrace, par L’École l’image texte, de santéetmilitaire l’histoire de l’École du Service de santé de Lyon D sa E L Acréation, F OND ATI ON militaire de Lyon depuis en L’École du Service À L A GRAND E GU ERRE 1888-1918 1888, jusqu’à la fin de la Grande Guerre. de santé militaire de Lyon C des documents Ce livre a été écrit à partir d’archives conservés à l’École de santé des armées de Bron, à la bibliothèque municipale de Lyon (fonds Lacassagne) et au service des archives médicales et hospitalières bg Bernard Giovanangeli Éditeur de Limoges. William Rocco-Giraudon est doctorant au Laboratoire d’études d’histoire régionale de l’université Lyon 2 et historien de l’École de santé des armées de Bron. Bon de souscription disponible sur demande bged@wanadoo.fr WI LLI AM ROCCO-GI R AUDON

et ouvrage retrace par l’image et le texte l’histoire de l’École du Service de DE LA FONDATION À LA GRANDE GUERRE santé militaire de Lyon depuis sa création, 1888-1918 en 1888, jusqu’à la fin de la Grande Guerre. Instituée dans la capitale des Gaules grâce à l’action de deux médecins exceptionnels, Antoine Gailleton, maire de Lyon, et Alexandre Lacassagne, l’École reçoit dès 1889 sa première promotion de « santards ». Provisoirement hébergés à l’hôpital Desgenettes, les élèves sont accueillis dès 1894 dans de nouveaux bâtiments construits avenue Pontsdu-Midi, à proximité de la faculté de médecine. Jusqu’en 1914, l’École encadrera pendant leur formation universitaire près de 1500 praticiens militaires. À la mobilisation, plus de cinq cents élèves rejoignent les armées où ils se distingueront par leur dévouement exemplaire. L’École est alors transformée en hôpital temporaire. De nombreux prisonniers de guerre allemands y seront soignés. L’hôpital acquerra aussi une grande réputation dans le domaine de la chirurgie maxillo-faciale. Ce livre a été écrit à partir des documents d’archives conservés à l’École de santé des armées de Bron, à la bibliothèque municipale de Lyon (fonds Lacassagne) et au service des archives médicales et hospitalières de Limoges. William Rocco-Giraudon est doctorant au Laboratoire d’études d’histoire régionale de l’université Lyon 2 et historien de l’École de santé des armées de Bron.

Format : 17 x 24 cm, 368 pages illustrées B ON DE S OU S C R IP T ION Nom : ................................................. Prénom : ..................................... Adresse : ............................... ............................................................................................................................................... Code postal : ........................ Ville : .................................................... Email : ..................................


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