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HISTOIRE

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Le développement capacitaire

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Aujourd’hui et demain, le soutien médical des engagements opérationnels repose sur l’organisation d’une chaîne de soins intégrée et complète. Dans le but de toujours être en mesure de garantir la meilleure qualité de prise en charge, nous devons adapter nos capacités militaires aux conditions du combat et aux évolutions des techniques médicales. En ce sens, le développement capacitaire doit s’appuyer sur une doctrine, une organisation, des ressources et de la formation, en intégrant la soutenabilité des solutions retenues.

Ce dossier spécial est l’occasion de montrer plusieurs développements capacitaires en cours.

Développement capacitaire ou penser aujourd’hui pour préparer demain

Deux principaux éléments sont à la base de la conception de la chaîne du soutien médical en opération, d’un côté les données militaires et de l’autre les données techniques.

Les données militaires nous montrent que si, historiquement la violence diminue, les conflits se succèdent et ne se ressemblent pas. On peut toutefois dégager quelques tendances. Globalement, les systèmes de défense font appel à une technologie de plus en plus coûteuse sans que les budgets suivent le même rythme. On a donc moins de combattants et plus de matériels coûteux. Comme les zones d’opérations sont toujours aussi vastes, le mode d’action principal repose sur des petits détachements mixtes, interarmes et interarmées, mobiles et pouvant recourir à une large palette d’appuis. On observe ainsi, depuis plusieurs années, une plus grande dispersion des forces sur le terrain, allant de pair avec une meilleure mobilité et un renforcement de la coordination interarmes et interarmées. La difficulté pour la chaîne de soutien médical est de pouvoir couvrir toute la zone des opérations avec la même qualité de prise en charge alors même que la survenue de blessés est aléatoire.

Les données techniques sont, à l’identique des données militaires, en perpétuelle évolution. En quelques années, le sauvetage au combat s’est ajouté à la médicalisation de l’avant et l’emploi des techniques de damage control s’est généralisé. De nouveaux métiers font leur apparition comme celui d’assistant médical ou l’infirmier de pratique avancée. La création d’unités chirurgicales très légères apportent la chirurgie à l’avant alors que ce rôle était dévolu aux antennes chirurgicales. La chirurgie en vol vient d’être validée. La téléexpertise médicale est en train d’être implémentée. L’emploi du sang total, hors collecte locale, arrive à l’avant. La coordination des évacuations médicales a connu des développements sans précédents. On le voit, beaucoup a été fait et beaucoup reste à faire ou à inventer : il nous manque par exemple un système d’information de tenue de situation opérationnelle. Il nous manque toujours un registre de l’activité technique en opération qui permette d’améliorer nos pratiques, etc.

Les évolutions rapides de nos conditions de déploiement, en Afghanistan puis au Sahel et au Levant, attestent de l’importance d’une adaptation et d’une mise en cohérence permanente de notre doctrine et de nos moyens face aux réalités du terrain. C’est tout l’enjeu de disposer d’un processus de développement capacitaire qui permette de combiner les données militaires et les données techniques. Tout développement d’une capacité doit se concevoir d’une manière globale et être accompagné d’une Doctrine permettant d’expliquer sa finalité, d’une Organisation et de Ressources (humaines et infrastructure) permettant sa mise en œuvre, d’Equipements opérationnels pouvant être Soutenus dans la durée et des périodes d’Entrainement organisées (DORESE). 

Le développement capacitaire,

c’est l’affaire de tous

©UCPE/IRBA

Adapter en permanence les capacités opérationnelles du SSA aux enjeux de demain est le fer de lance du bureau Emploi de la Division opérations. Interlocuteur direct de l’EMA, de la DGA et des armées pour les programmes d’armement impliquant le SSA, le bureau Emploi pilote également la conception des unités médicales opérationnelles. Une directive est en cours de rédaction pour cadrer le développement des capacités du SSA.

3 questions à ...

Le bureau s’appuie sur un réseau d’experts, de techniciens et d’utilisateurs appartenant à toutes les composantes du Service. Plusieurs projets ont déjà été menés par des personnels des forces et des hôpitaux. D’autres ont été initiés suite à des RETEX du terrain.

La construction des capacités médicomilitaires, bien que pilotée par le bureau Emploi, est du ressort de tous ! 

MC Vincent BACQUEY

IA4G William MENINI

À quels projets de développement capacitaires avezvous participé ?

Je collabore à la recherche et au développement des protections balistiques et à l’évaluation des risques du champ de bataille. J’ai intégré ensuite l’équipe projet de la nouvelle antenne chirurgicale.

Qu’est-ce que cela vous a apporté sur le plan personnel

Qu’est-ce que cela vous a apporté sur le plan personnel et professionnel ?

Ces projets sont très enrichissants. Cela impose de se remettre en question, de s’adapter et d’innover. C’est aussi gratifiant et motivant car nos camarades comptent sur nous.

Conseillez-vous à vos camarades de s’engager dans

Conseillerez-vous à vos camarades de s’engager dans cette démarche ?

Sans aucune hésitation ! L’investissement personnel (et familial) est intense, les journées à rallonge mais c’est

MP Raphaelle SALOME

À quels projets de développement capacitaire avezvous participé ?

J’ai participé à la conception du kit médical sur VAB Ultima et VBCI (constitution du kit, agencement dans les véhicules et tests de roulage).

et professionnel ?

Cette mission a été très valorisante comme médecin des forces. J’ai découvert une nouvelle facette de mon métier. J’ai également apprécié de travailler avec la STAT.

tellement valorisant d’apporter sa pierre à l’édifice !

cette démarche ?

Je conseille vivement à mes camarades de s’y engager et me réjouis que la DCSSA sollicite les praticiens de terrain.

la protection du personnel au cœur des préoccupations

Les conditions opérationnelles en OPEX imposent d’améliorer la protection des personnels du SSA durant les opérations. A ce titre, deux programmes en urgence opérationnelle ont été menés dans les 6 derniers mois par le service de santé des armées et l’armée de Terre.

Médicalisation des VBCI et VAB Ultima

Dans l’attente des VAB SAN CIED, il était nécessaire de protéger au plus vite nos personnels sur le théâtre Barkhane. En collaboration avec l’EMAT, la section programmes-équipements opérationnels du bureau Emploi de la division Opérations a travaillé sur des kits de médicalisation des véhicules blindés d’infanterie (VBCI et VAB Ultima).

Construit dans un délai très contraint (moins de quatre mois), ce projet a réuni des équipes de la section technique de l’armée de Terre (STAT), du bureau Emploi et de l’EMO Santé et une équipe de la direction de la médecine des forces (DMF). Le déploiement sur Barkhane de ces kits sur VBCI et VAB Ultima s’échelonne d’octobre 2018 au printemps 2019.

Amélioration du programme VAB SAN

Dans l’attente de la génération suivante de véhicules blindés (GRIFFON SAN, SERVAL SAN), deux programmes d’amélioration de la protection des VAB SAN sont déjà en cours. Ces deux programmes réunis permettront de créer une capacité unique de VAB SAN contre-IED (VAB SAN CIED). Ces opérations permettront d’amener leur protection au niveau des VAB Ultima infanterie.

Par ailleurs, une mise à niveau de la partie médicale du VAB SAN permettra de proposer un nouveau système de

porte-brancard adapté aux conditions d’exercice actuelles. L’espace de travail, les rangements ont également été revus.

La mise à disposition des premiers véhicules interviendra à l’été 2019 pour une fin en 2022. Le théâtre Barkhane sera équipé prioritairement de ces VAB SAN CIED. 

S’adapter aux besoins opérationnels

Le SSA, toujours en quête de l’amélioration de la prise en charge des blessés, a financé plusieurs matériels modernes et adaptés aux conditions de travail des équipes médicales sur le terrain. Découvrez un échantillon des matériels récemment mis en place au sein du Service.

Echographes portables et ultraportables

La DAPSA a initié fin 2017 une procédure d’appel d’offres pour l’acquisition d’échographes portables et ultraportables au profit du service de santé des armées. Cette procédure couvre l’ensemble des besoins opérationnels du SSA en échographes portatifs et miniaturisés pour une offre de soin tout au long de l’acheminement d’un blessé de guerre. Sont ainsi désormais disponibles des matériels extrêmement miniaturisés (U-Lite) afin de traiter un blessé au plus près du combattant (unités médicales opérationnelles - UMO - du rôle 1), des appareils performants et robustes dans des conditions d’emploi opérationnelles

exigeantes (Logiq v2) pour les UMO des rôles 2 et 3 (à terre ou embarquées) et également un parc de matériel dédié aux évacuations médicales stratégiques (Falcon, A330) et tactiques (Casa, A400M) répondant aux contraintes aéronautiques (Edge II et M-Turbo). La collaboration entre les médecins utilisateurs (médecins anesthésistesréanimateurs des HIA, praticiens spécialistes de la médecine aéronautique, médecins des antennes médicales spécialisées), la PFAF-santé et le service ingénierie de l’ECMSSA a permis de définir les choix opérationnels de demain en échographie pour le besoin des armées.

Monitorage

Dans le cadre de la modernisation du parc des moniteurs du service de santé des armées, un des éléments essentiels dans la prise en charge d’un blessé en opération extérieure (surveillance de ses paramètres physiologiques), une procédure d’acquisition de moniteurs multiparamétriques a été déployée par la PFAF-santé depuis le mois de juillet 2018. Ces équipements sont destinés à être utilisés dans un environnement non hospitalier, allant de la prise en charge de l’urgence (rôles 1) jusqu’aux soins intensifs dans les unités médicales opérationnelles (rôles 2 et 3) ou encore dans des structures mobiles telles que les véhicules terrestres ou aéronefs médicalisés. Un travail collaboratif avec le consultant national en anesthésie réanimation, des médecins urgentistes ainsi que des anesthésistes réanimateurs de divers établissements a permis de définir les caractéristiques techniques des moniteurs et d’aboutir à la décomposition en plusieurs lots. Ils ont ainsi répondu aux différents besoins opérationnels en prenant en compte la résistance à des conditions climatiques extrêmes (altitude, températures, vent, précipitations et humidité, sable et poussière…). Ainsi, deux matériels sont désormais disponibles : le Meducore standard 2, appareil compact et robuste tout à fait adapté à la prise en charge de l’urgence, il permet le monitorage de la PNI, SPO2, ECG. Le Corpuls 3, matériel ergonomique et à conception modulaire qui offre un large panel de mesures (pression invasive, PNI, SPO2, ETCO2, ECG et température) sous forme de module que l’on peut ajouter ou supprimer selon la configuration souhaitée par rapport aux modalités d’utilisation.

Oxycos

Sous l’impulsion du commandement des opérations spéciales et du service ingénierie de l’ECMSSA, le SSA a fait développer une solution innovante d’emport d’oxygène médical avec un dispositif résistant (conception à enroulement filamentaire de carbone et aluminium), léger (2,28 kg) et compact (1 litre). Sa pression de remplissage supérieure aux standards (300 bars) permet de disposer d’une plus grande quantité d’oxygène. Ainsi, la bouteille restitue 300 litres d’oxygène médical avec un débit réglable jusqu’à 15 litres par minute. La bouteille, ainsi développée en partenariat avec une PME française (SIM - Service Industrie Marine), est utilisable jusqu’à une altitude maximale de 8000 mètres, pour une plage de températures d’utilisation entre -40°C et +65°C. Qualifiée militaire pour emploi sur tous types de vecteurs terrestres, aériens ou maritimes, elle permet désormais de disposer d’une source d’oxygène médical au plus près des zones de combat, sans augmenter notablement la charge d’emport des infirmiers ou médecins militaires.

Scanner PA Charles de Gaulle

Le SSA, en partenariat avec Philips et Naval Groupe, a procédé à la modernisation du scanner du porteavions Charles de Gaulle. Les travaux de démontage de l’ancien scanner mono-barrette (TOMOSCAN M35 Philips) et d’installation du nouveau scanner 64 barrettes (Ingenuity Core Philips), ont été réalisés par l’ECMSSA. Mis en service

opérationnelle le 1 er octobre 2018, les travaux ont nécessité 5 mois de coordination (livraison, acheminement depuis le pont d’envol, réalisation du système de fixation …).

Module Vétérinaire

©VEC Couvreur Pascal

Un programme de rénovation et de transformation a été décidé par la DCSSA permettant une réadaptation complète des équipements techniques modulaires (ETM) « pharmacie » en module vétérinaire. Le groupe de travail (DAPSA, ECMSSA, vétérinaire et société Cegelec) a abouti à la projection du premier module à Gao en janvier 2018. Un premier RETEX a permis de constater de nombreux points positifs et notamment une nette amélioration des conditions de travail sur le terrain. Des évolutions sur certains points ont également été préconisées et sont d’ores et déjà à l’étude. 

Agents NRBC : se tenir prêts !

Sur fond de risque épidémique biologique naturel (Ébola, peste…), l’utilisation d’agents nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques (NRBC) menace la sécurité nationale. Le SSA prépare et organise la réponse opérationnelle en améliorant sans cesse ses capacités médicales NRBC pour les adapter à l’état de la menace et aux évolutions technologiques actuelles. Tour d’horizon des projets qui seront déployés dans les 4 prochaines années.

Grâce à une veille et une analyse stratégique permanentes, le SSA adapte son large éventail de capacités NRBC aux enjeux et aux besoins identifiés. Détection et identification de la nature d’un évènement, diagnostic, traitements,

capacités de transport terrestre et aérien, protection des soignants prenant en charge des victimes contaminées, intoxiquées ou contagieuses : chaque maillon de la chaîne médicale fait l’objet de travaux conduits par des experts et des utilisateurs pour améliorer l’efficacité de la réponse aux agents NRBC. Des solutions sont parfois déjà commercialisées. A défaut, elles doivent être conçues, testées, puis déployées sur le terrain.

Piloté au sein du bureau NRBC de la direction centrale du SSA, le développement de nouveaux outils au bénéfice de la chaîne médicale repose sur une démarche capacitaire. Le personnel du Service (utilisateurs de terrain, spécialistes, experts NRBC de l’institut de recherche biomédicale des armées et du service de protection radiologique des armées, ingénieurs biomédicaux et acteurs du ravitaillement), les armées et la direction générale de l’armement collaborent sur ces projets.

Dès 2019, les armées seront dotées d’un nouveau radiamètre DOM 420 qui intègrera une sonde médicale pour le diagnostic de la contamination externe et interne par particules alpha. Grâce à la prise en compte des besoins du SSA dès la phase de conception de ce projet, les plaies radio-contaminées pourront bientôt être explorées plus précisément.

En 2019 également, des outils simplifiés de détection d’agents de la menace seront mis en œuvre dans l’ensemble de la chaîne médicale : tickets détecteurs, tests Elisa et techniques de PCR. Adaptés aux OPEX, ces nouveaux outils prennent en compte les dernières évolutions scientifiques, notamment en

termes de miniaturisation. Les appareils de contrôle de la contamination chimique (AP2C) seront remplacés par des modèles aux performances étendues, optimisant ainsi la détection de contrôle des toxiques chimiques de guerre.

Toujours en 2019, les capacités de décontamination préhospitalière seront modernisées permettant une mise en œuvre facilitée. Grâce à l’emploi de containers dans les modules mobiles de décontamination, le temps nécessaire au déploiement de la structure sera diminué par 3 et cela avec 5 fois moins de personnel.

A l’orée 2020, la Medical Deployable Outbreak and Incident Investigation Team (MED DOIIT) devrait être projetable. Cette nouvelle capacité à faible empreinte logistique, sur laquelle la France travaille activement au sein de l’OTAN, permettra d’investiguer rapidement un événement dont on ne connait pas l’origine, grâce à une équipe multidisciplinaire de spécialistes disposant d’un laboratoire d’analyses.

En 2021, le laboratoire d’urgence radiologique sera modernisé pour faciliter sa mise en œuvre et permettre au SPRA d’assurer, avec une efficacité renforcée, le triage radiologique, l’expertise, l’adaptation des contremesures médicales et la surveillance de victimes d’un évènement radiologique ou nucléaire sur le sol national et en OPEX. Cette année-là, les tenues légères de décontamination (TLD), qui équipent le personnel soignant, seront remplacées par des décontaminateurs à liaison intégrée (DELIN). Sorte de scaphandre, cette nouvelle tenue renforcera la protection des soignants tout en optimisant le confort et l’ergonomie pour la décontamination médicale approfondie des victimes : vision panoramique, soufflante d’air réduisant les contraintes physiologiques, gants facilitant la préhension fine.

Poursuivant les travaux conduits dans le cadre de l’épidémie Ebola, le SSA élabore actuellement une nouvelle capacité de prise en charge de patients hautement contagieux, adaptée à l’ensemble du spectre biologique.

Comprenant des caissons de transport terrestre, des chambres de confinement pour les MEDEVAC stratégiques et des chambres d’hospitalisation à pression négative pour les rôles 2 à terre et embarqués, cette capacité devrait être mise en œuvre dès 2022.

L’implication de tous les acteurs du SSA, à toutes les étapes de la démarche capacitaire, est fondamentale pour obtenir ces avancées concrètes sur le terrain. Se préparer à un évènement NRBC, c’est construire ensemble les outils qui permettent d’affronter la menace tout en maintenant le meilleur standard de soins. 

Nouveaux concepts :

chirurgie en vol

Conçu en 2008, le module de chirurgie vitale est intégré par les armées, en soutien des opérations. Régulièrement engagé en soutien des opérations spéciales sur préavis extrêmement courts, cet outil de chirurgie et de réanimation de sauvetage, permet d’apporter le maximum de chances de survie à un blessé, notamment dans des opérations marquées par une sensibilité politique et stratégique majeure, une forte austérité logistique et des élongations importantes.

Qu’il s’agisse de soutien médicochirurgical d’opérations de contreterrorisme et libération d’otage, ce module trouve aussi sa place en appui des opérations conduites par le Commandement des Opérations Spéciales au profit de partenaires (Advise, Assist, Accompany).

« Le geste chirurgical salvateur, au bon endroit au bon moment ». Fidèle à ce concept d’emploi, mais dans une configuration nouvelle, réduite à sa plus simple expression (90kg de matériels chirurgical et de réanimation répartis en 4 sacs) et récemment validé par le SSA pour le soutien des opérations spéciales, ce module est en perpétuelle mutation. Il permet aujourd’hui, à bord d’un aéronef, de rapprocher un chirurgien et un réanimateur quand le blessé est trop éloigné et de valoriser, au besoin, le temps de vol par la chirurgie. Si ce module offre l’opportunité d’améliorer la prise en charge chirurgicale initiale et in extremis d’un blessé hémorragique très isolé, la suite du traitement nécessite une chirurgie de second temps dans une structure chirurgicale apte à poursuivre les soins. Embarqué à bord de tout type d’ ATT dont les plus agiles et les plus rustiques comme le DHC6 Twin Otter, ce module rend acceptables et soutenables des opérations qui étaient jusqu’à présent complexes à concevoir, planifier et conduire du fait de leur isolement. 

MC Pierre Mahé MC Nicolas Zeller

«Le geste chirurgical salvateur, au bon endroit au bon moment ».

Une chirurgie toujours plus à l’avant

La conduite de la réanimation et du geste chirurgical salvateur à l’avant est un pilier de la doctrine française du soutien médical aux opérations. Aussi, le SSA déploie des antennes chirurgicales (AC), structures chirurgicales légères et mobiles. Depuis leur mise en service en 2005, leur dotation s’est considérablement alourdie, sans augmenter la capacité à traiter des traumatisés très sévères ou plusieurs blessés simultanément. En parallèle, les modes d’actions militaires ont évolué vers toujours plus de mobilité, impliquant la réduction de l’empreinte logistique. Dans ce contexte, il est apparu nécessaire de repenser cet outil indispensable au soutien médicochirurgical des forces.

Les travaux débutés en 2016, capitalisant l’expérience opérationnelle des 10 dernières années, sont sur le point d’aboutir. Un prototype est en cours de finalisation à l’ERSA de Vitry. Conçue pour la réanimation et la chirurgie de sauvetage, cette AC peut activer jusqu’à deux blocs opératoires simultanément. Elle peut prendre en charge 4 blessés Alpha et 4 blessés Bravo/Charlie par jour. Résolument tournée vers la mobilité, elle se déploie en 3 heures et se re-déploie en 6 heures. Sa dotation globale avoisine les 5 tonnes et lui offre 48 heures d’autonomie. La mise en œuvre d’une version allégée est très simple à partir de la dotation initiale si les conditions tactiques l’imposent.

Les principales innovations sont surtout organisationnelles mais aussi technologiques. L’adossement systématique à un poste médical, l’utilisation du flux poussé dans le ravitaillement médical et la modularité complète de sa structure participent de son agilité. Les dotations permettent une prise en charge moderne du blessé hémorragique. Cette nouvelle AC est de fait une unité mobile de Damage Control, incluant chirurgie de sauvetage et réanimation intensive.

Des modules additionnels (hospitalisation, stérilisation) pourront compléter les capacités de l’ AC, notamment pour l’aide médicale à la population.

La prochaine étape du projet sera l’évaluation technico-opérationnelle programmée au premier trimestre 2019. 

MC Jean-Philippe AVARO MC Pierre PASQUIER MP Antoine LUFT

Les avancées du numérique

Axone : objets connectés au service du métier

Le projet Axone accompagne la transformation de la médecine des forces. Outil moderne et robuste de gestion du dossier médico-militaire, enrichi des apports du numérique et de la e-santé, il vise une rénovation et une sécurisation des pratiques. Il pourra utiliser une gamme d’objets connectés tel que les ECG, puis les audiogrammes ou encore les stéthoscopes et otoscopes. Il sera évolutif, intégrant les remontées du terrain et les progrès de la e-santé.

Quels bénéfices ?

Simplification des procédures et qualité accrue : les données acquises numériquement seront directement versées au bon format dans le dossier patient, limitant le risque d’erreurs. L’absence d’intermédiaire papier permettra de se recentrer sur le cœur de métier.

Analyse et ouverture : les données stockées dans un format standardisé seront utilisables par les algorithmes d’analyse intégrés à Axone, offrant de nouvelles perspectives pour le suivi patient dans un parcours de soin partagé. 

Cyber sécurité et normes santé

Axone respecte les normes de sécurité défense et santé. Ne seront connectés que des objets reconnus en tant que dispositifs médicaux, faisant l’objet de procédures de sélection et de contrôle de leurs spécifications techniques à l’exclusion des objets connectés « grand public » destinés à être utilisés directement par les patients.

: MP Guillaume MARTIN, MC Hubert ROGER, MC François DEBRUS

ISSAN : CTM déployé, SIRMED en test, l’étape 2 en cible

Depuis juin 2018, la solution de télé-expertise CTM est déployée au profit des Rôles 2 de Gao. Pour le moment, seul le service d’imagerie de l’HIA Percy reçoit les demandes dans le cadre de cette expérimentation. cellule de régulation et aux structures médico-chirurgicales, elle permet au médecin régulateur d’orienter le patient en prenant en compte l’urgence, les vecteurs d’évacuation disponibles et d’anticiper l’arrivée du patient à la structure idoine.

Basé sur une solution dédiée à l’imagerie médicale, le système, adapté aux besoins du SSA permet de transmettre toute pièce numérisable ouvrant plus largement le champ des possibles en télé-expertise.

Actuellement déployé selon une architecture transitoire visant à répondre au besoin opérationnel, le bureau Emploi prépare les dernières expérimentations (BPC Tonnerre, CMCIA de Djibouti) permettant le déploiement définitif en 2019,

Présenté aux utilisateurs à EuroSATORY 2018, SIRMED permettra aux équipes médicales à l’avant de saisir une fiche médicale de l’avant sur des tablettes durcies. Diffusée à la Le module d’épidémiologie en temps réel (ETR), successeur d’ ASTER, rentre dans sa dernière phase pour une livraison début 2020.

L’équipe de marque de la DCSSA travaille sur la construction de l’étape 2 d’ISSAN. Cette phase permettra de couvrir l’ensemble des besoins en numérisation pour les OPEX (rôles 1, 2 et 3, ravitaillement, MEDEVAC, command and control médical, etc.). S’appuyant toujours plus sur les réseaux opérationnels des armées, ISSAN s’intègrera totalement dans le concept d’info-valorisation du programme SCORPION. Programme majeur pour le SSA et pour les armées, ISSAN est inscrit dans la LPM 2020-2025. 

Etudes prospectives :

programmes Scorpion et Morphée

Dans le domaine terrestre, le programme Scorpion assure le remplacement des véhicules blindés de l’armée de Terre. Ainsi le VAB SAN disparaîtra progressivement au profit de deux nouveaux véhicules, le Serval et le Griffon. Ce remplacement sur 10 ans commencera en 2022 et représentera un bond technologique pour les équipes médicales à l’avant.

Le Serval, programmé pour 2022, affiche treize tonnes, son gabarit et son habitabilité sont très proches de ceux du VAB. Quant au Griffon SAN, il arrivera à l’horizon 2025. Pesant 23 tonnes, il offre un niveau de protection bien supérieur à celui du VAB, un confort de travail avec une caisse arrière permettant d’envisager sereinement la médicalisation et le transport de deux blessés couchés.

Bien que la livraison de ces véhicules puisse sembler lointaine, le bureau

©Alain Courtillat - armée de l’air / Défense

Emploi œuvre déjà avec médecins et infirmiers du terrain pour concevoir avec les industriels et la DGA les versions sanitaires de ces vecteurs. L’approche modulaire et l’ergonomie sont des enjeux cruciaux, ces véhicules devant être adaptables à tout type de missions.

Dans le domaine aéronautique, le SSA concourt aux programmes de développement d’équipements pour la

réalisation des évacuations médicales par voie aérienne.

L’échelon milieu aéronautique mènera en fin d’année un maquettage grandeur nature des lots Morphée et convoyage médical (CM30) sur un A330 MRTT Phoenix qui remplace le C135 Fr ravitailleur en service. L’armée de l’air a réceptionné le premier de ces aéronefs et en attend un second pour juin 2019. Simultanément, le traitement de l’obsolescence constatée de certains équipements médicaux utilisés pour assurer le transport de patients graves sera initié.

Des travaux équivalents sont en cours pour la définition du système qui permettra l’évacuation aérienne héliportée sur NH90. Les nouveaux vecteurs attendus comme l’hélicoptère interarmées léger, devront faire l’objet d’une démarche similaire pour accroître le spectre des capacités d’évacuation médicale. 

MCSCN Patrick Derain, MP Antoine Luft

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