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Épiderme de culture

Épidermes de culture

Les épidermes de culture pour le traitement des grands brûlés : le SSA reste à la pointe de l’innovation technologique dans le cadre d’un partenariat public/privé emblématique

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Chez les patients gravement brûlés sur plus de 70% de la surface corporelle, les capacités de prises en charge par des autogreffes de peau, même très expansées, sont dépassées. Le traitement requiert alors une approche d’ingénierie tissulaire décrite par Rheinwald et Green (culture d’épiderme autologue « CEA »), consistant à isoler des kératinocytes d’une biopsie de peau saine, les multiplier en culture pour reconstituer des feuillets qui sont ensuite greffés au patient. La brûlure est une préoccupation historique en traumatologie de guerre. Le centre de traitement des brûlés (CTB) de Percy et les équipes qui y travaillent font partie des rares structures françaises capables de prendre en charge de tels patients. Les résultats cliniques, le prix, puis les difficultés d’approvisionnement avec les CEA produits par un laboratoire américain on conduit le service de recherche du CTSA, devenu plus tard l’Unité de Thérapie Cellulaire et Tissulaire de l’IRBA, à se positionner pour développer un CEA innovant et assurer un approvisionnement pour le CTB de l’HIA Percy.

Une première étape a été l’acquisition de compétences dans la culture de kératinocytes humains. Elle s’est faite à partir de 2004 au travers d’un partenariat avec la société L’Oréal. Cette dernière possédait des savoir-faire dans la culture des cellules de la peau et a non seulement assuré un transfert de technologie, mais aussi subventionné l’installation d’infrastructures de production au CTSA. Le travail de recherche et développement a débuté, remplaçant tous les produits de grade « recherche » par des produits de grade clinique, avec deux innovations dans le procédé de production des CEA. La première concerne les cellules dites « nourricières », indispensables à la croissance des kératinocytes en culture. Les fibroblastes de souris utilisés dans la technologie l’Oréal (méthode de Green) ont été remplacés par des fibroblastes humains irradiés, éliminant les cellules animales du produit. La seconde innovation est l’ajout d’une matrice de plasma humain coagulé, qui joue en partie un rôle de support physique et possède un rôle trophique dans la phase de structuration et de maturation du feuillet. Ce produit a été nommé hPBES pour «human Plasma-Based Epidermal Subsitute ». Ce travail de longue haleine a abouti à un produit qui est actuellement en phase de qualification préclinique : tests d’efficacité, de toxicité, de biodistribution et de tumorigénicité. Pour la phase d’essai clinique, grâce au soutien de la DGA/AID, le choix a été fait d’un transfert de technologie vers un industriel capable d’assurer, de façon durable, une production de grade clinique au profit du SSA. Deux questions se posent encore : celle du

Dr Marina Trouillas, Pr Sébastien Banzet, IRBA, Unité thérapie cellulaire et Tissulaire Pr Eric Bey , HIA Percy, Service de chirurgie plastique Pr Thomas Leclerc, HIA Percy, Centre de Traitement des Brûlés

cadre réglementaire de l’essai qui doit être discuté avec l’ ANSM car le nombre de patients est réduit, la seconde est

Feuillet d’épiderme « hPBES » prêt à greffer

celle du financement de cette phase. L’ambition est d’obtenir à terme une autorisation de mise sur le marché (AMM) sous le statut de médicament de thérapie innovante et d’assurer ainsi la capacité du SSA à prendre en charge ces blessés qui restent aujourd’hui en impasse thérapeutique. 

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