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VIE DU SERVICE

1 an d'« Écou te Défense

Lancé à la demande du ministre de la Défense pour lever les tabous sur le stress post-traumatique dans les armées, le numéro d’appel national « Ecoute défense » fête sa première année d’existence.

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« Écoute défense », c'est quoi ?

Une écoute informative dans le strict respect de l’anonymat des appelants et de la confidentialité. Au bout du fil, des psychologues des hôpitaux d’instruction des armées tiennent à tour de rôle une astreinte téléphonique d’une semaine, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

« Écoute défense », combien d'appel en un an?

Le numéro 08 08 800 321 a reçu 330 appels. 71 % correspondent à une souffrance psychologique et, parmi eux, 54 % sont un état de stress post-traumatique (ESPT). Après un pic d’appels durant ses premiers mois d’existence, le nombre s’est stabilisé autour d’un appel par jour en moyenne. 5% des appelants souffrant d’ESPT sont des anciens combattants de conflits de plus de 20 ans, l’Indochine et l’Algérie. Les trois théâtres d’opérations les plus impliqués sont l’Afghanistan, les Balkans et le Mali. 80% des appels concernent des militaires de l’Armée de terre.

« Écoute défense » : un premiers pas vers une demande d’aide?

Oui. « Ecoute défense » est un véritable premier pas vers une demande d’aide : 77 % des appels correspondent à une primo prise en charge. Si les appelants sont, pour 53 %, des militaires ou d’anciens militaires, 47 % sont des membres de la famille (conjoints ou parents) ou des proches. Témoins d’une souffrance, ils cherchent de l’information et une orientation vers des soins. Les psychologues les orientent vers le correspondant le mieux adapté à la prise en charge diagnostique et thérapeutique, prioritairement auprès des soignants du service de santé des armées ou vers le réseau civil de proximité. Ce dispositif s’intègre dans un plan d’action de lutte contre les troubles psychiques post- traumatiques dans les forces armées. Centré vers le militaire en souffrance, simple et efficace, il permet de mieux sensibiliser et d’élargir l’offre de soins pour les blessés psychiques. « Un service que le ministère de la défense doit rendre à ses agents et à leurs proches» déclarait le ministre de la Défense en janvier 2013, date de lancement du numéro national.

© SSA

IN Memoriam MCS Patric k Devilli ères Coordonnateur national du service médico-psychologique des armées au sein de la DCSSA depuis le 21 novembre 2011, le MCS P. Devillières est décédé le 25 février 2014 à l'âge de 59 ans.

Entre le 23 janvier 2013 et le 23 janvier 2014 :

330 appels

235 en souffrance psychologique

176 ESPT*

*ESPT : État de Stress Post-Traumatique

Origine des appelants :

nombre d’appels

120

100

80

60

40

80% des appels Armée de Terre de l’

5% des appelants souffrant d’ESPT sont des anciens combattants de conflits de plus de 20 ans, l’Indochine et l’Algérie

primo prise en charge pour 77% des appels Théâtres d’opérations les + impliqués :

48% conjoint 26% parent

8% soignant 7% camarade

7% fratrie

4% enfant

Structures de soin conseillées :

nombre d’appelants

200

SSA

150

100

SSA...............................

Centres médicaux des armées Hôpitaux d’instruction des armées

Armées.............

SSA + Cellules d’aide aux blessés et cellules de soutien psychologique des armées et de la gendarmerie

50

SSA + Armées

Les réservistes du service de sa nté des armées

Médecin chef des services Serge Cueff

Délégué aux réserves du SSA Chef du bureau « gestion des réserves » de la Direction centrale du SSA

Bien qu'omniprésente dans la vie du Service, la réserve opérationnelle du service de santé des armées (SSA) demeure une grande inconnue tant des cadres d'active que des personnels extérieurs. Certains en ignorent l’existence, d'autres en conservent une image d’un autre temps ou la considèrent comme une « agence d’intérim ».

Ce numéro vous donnera, je l’espère, une image plus juste de la réserve du SSA. Elle est constituée de femmes et d'hommes, riches d’expériences variées, n'hésitant pas à adapter leur vie professionnelle, familiale, pour venir apporter leurs compétences techniques, souvent de haut niveau, à notre service et partager nos valeurs et les diffuser dans leur environnement proche. Vous allez découvrir certains d'entre eux tout au long de ce numéro « spécial réserve ». Sa richesse se traduit par une grande diversité d’origines et de parcours, une forte motivation, une passion et un engagement pour le service et les activités auxquelles ils participent.

La réserve SSA est partie intégrante du Service, elle est indispensable à son fonctionnement.

Ce numéro spécial réserve vous permettra de mieux comprendre le fonctionnement de la réserve, ses qualités, ses spécificités et ses activités réalisées dans un budget contraint. Pour ceux qui la découvrent, actifs ou civils, ce sera l'occasion d’envisager de la rejoindre dans un avenir plus ou moins proche Les activités de la réserve sont fondées sur le volontariat qui laisse ainsi une grande latitude d'emploi aux réservistes comme à l'Institution. La réserve se traduit par le partage quotidien des activités avec les militaires et civils de la défense au sein des structures du Service. Les expériences vécues en commun peuvent revêtir au sein de la réserve opérationnelle, un caractère exceptionnel dans le cadre des opérations extérieures (OPEX) ou des missions de courte durée telle que celles réalisées en Guyane, ou lors embarquements sur des bâtiments de la marine Nationale.

Ceux qui ne peuvent libérer du temps ou mettre directement leurs compétences au profit du Service, ont la possibilité d'épauler l'Institution et de mieux la faire connaître, en devenant réservistes citoyens du service de santé des armées. Les actions menées par ces derniers sont également fondamentales pour le Service. Elles contribuent à diffuser l’image et les valeurs du service de santé des armées tant dans leur environnement familial que professionnel, à faciliter l’ouverture du Service vers le service public de santé.

Au moment où le Service s’engage dans un projet ambitieux, les actions menées par les réserves opérationnelle et citoyenne seront majeures dans la réorganisation et le bon fonctionnement du Service. Les cultures multiples, civiles et militaires, qu'elles représentent sont nécessaires à la vie du Service et à la poursuite de son histoire. Cette diversité doit être en permanence entretenue.

Exercer au treme nt

Médecins, infirmiers, vétérinaires, mais aussi psychologues, légistes ou chirurgiens dentistes. La réserve est reconnue comme étant une composante essentielle des armées et plus particulièrement au sein du service de santé des armées du fait des compétences identiques ou complémentaires qu’elle apporte. État des lieux, par le MCS Cueff, délégué aux réserves du Service de santé des Armées.

Un rôle complémentaire

Un réserviste est « un militaire à part entière, formé et entraîné, travaillant à temps partiel ». Partie intégrante du service, la réserve est constituée de deux types de réserves : la réserve opérationnelle et la réserve citoyenne (voir l’encadré). La réserve opérationnelle a un rôle indispensable pour renforcer et soutenir le personnel d’active, apporter si besoin des compétences non détenues par le Service, et maintenir l’esprit de défense. Le recours aux réservistes permet également d’alléger les contraintes qui pèsent sur le personnel d’active, tant en métropole que sur certains théâtres. Par exemple, depuis le début de l’opération SERVAL au Mali, l’activité des réservistes en métropole a permis d’assurer la continuité de fonctionnement des centres médicaux des armées (CMA) chargés du suivi médical, de l’aptitude et de la prévention des militaires, surtout lors de la phase intense de l’opération.

Des compétences techniques transposables

Les réservistes du SSA occupent majoritairement des emplois de haute technicité, en subsidiarité ou en complément des ressources militaires d’active, par exemple en apportant des expertises non détenues par le Service, comme c’est le cas d’un addictologue dans un centre médical en Corse ou d’une arthérapeute dans un hôpital d’instruction des armées. La particularité du réserviste du SSA est le bénéfice, pour lui comme pour ses employeurs, de l’exercice de sa profession dans une structure civile (comme salarié ou en libéral) et aussi occasionnellement, dans une structure militaire. L’expérience de la pratique de sa profession dans le milieu militaire est d’ailleurs souvent considérée comme un atout par son employeur dans le civil, car celle-ci reste toujours transposable. Si l’employeur doit se passer d’un salarié pour un nombre de jours limité, celui-ci lui apporte en échange de nouvelles techniques, des capacités d’autonomie ainsi qu’une culture de la gestion de ACTIVITÉ crise.

Tous les corps de l’active sont représentés dans la réserve. Ils sont accessibles avec les mêmes diplômes et le même niveau de quali

fication. Le réserviste peut bénéficier, tout au long de sa carrière, des formations du SSA (voir notre encart, ndlr). Il est rémunéré à la civils (48%) journée : cette solde journalière correspond ex-contingent (26%) ancien d’active (26%) au 1/30 e de la solde d’un personnel d’active du même grade et du même échelon. Il peut 208 réservistes citoyens 2921 réservistes opérationnels 10% en OPEX La pratique de sa profession dans le milieu militaire est “

Soutien des forces d’ailleurs souvent considérée comme un atout par son employeur. „

Hôpitaux

obtenir les mêmes médailles et récompenses. Recherche Formation

Le personnel de réserve est géré selon son lieu de résidence par une des six directions régionales du service de santé des armées (DRSSA- voir carte) ou, pour les ultramarins, par une direction interarmées du service de

ori gine des réservis tes Répar titio n par ca tégorie et par corps

composi tio n de la

civils (48%) ex-contingent (26%) civils (48%) ancien d’active (26%) civils (48%) ex-contingent (26%) ex-contingent (26%) ancien d’active (26%) réserve du SSA ancien d’active (26%) 208 réservistes citoyens 2921 réservistes opérationnels 208 réservistes citoyens 10% en OPEX 208 réservistes citoyens 2921 réservistes opérationnels 2921 réservistes opérationnels 10% en OPEX 10% en OPEX 1790 officiers

internes cadres de santé vétérinaires pharmaciens

dentistes OCTASSA 1081 sous-officiers

médecins

“Les réservistes du SSA occupent majoritairement des emplois de haute technicité. „

ac tivi téS

Soutien des forces Hôpitaux Soutien des forces Recherche Soutien des forces Hôpitaux Formation Hôpitaux Recherche Recherche Formation Formation

autres

manip. radio IBODE IADE

IDE

50 militaires du rang

santé (DIASS). Celles-ci cherchent à optimiser au maximum leurs compétences et qualités spécifiques. Elles font preuve, à ce sujet, d’une très grande souplesse de gestion.

Souplesse d’emploi

Cette flexibilité permet aux réservistes de personnaliser leur engagement en fonction de leurs compétences, de leurs besoins, de leurs souhaits et de leur emploi du temps, tout en répondant au besoin du Service. Le caractère interarmées du SSA leur permet de s’acculturer et de se spécialiser dans divers milieux (Terre, Air, Marine, Gendarmerie), selon leur sensibilité personnelle. D’autre part, ils peuvent également choisir de travailler au sein d’une ou plusieurs branches du SSA : médecine hospitalière dans l’un des 9 hôpitaux d’instruction, médecine des forces, dans un centre médical des armées, formation dans l’une des 3 écoles, recherche, ravitaillement. Enfin, ils peuvent décider de pratiquer leur métier uniquement en métropole ou se porter volontaires pour participer aux opérations extérieures en MCD (Missions de Courte Durée) ou en embarquements.

La haute technicité des métiers du Service, place la réserve face à un univers civil extrêmement concurrentiel, entre autres dans le cadre de la rémunération. Être réserviste du SSA représente donc un acte citoyen : les apports professionnels et humains sont la principale motivation d’engagement du réserviste.

Certaines compétences sont particulièrement recherchées telles que les chirurgiens, les médecins et infirmiers anesthésistes, les infirmiers de bloc opératoire qui représentent, pour le Service de santé des armées, des maillons indispensables de la chaine santé opérationnelle.

 Propos recueillis par

SLT (R) Alexandra Caussard, BCISSA Réserve opéra tio nnelle (RO)

La réserve opérationnelle de niveau 1 (RO1) est constituée de réservistes volontaires sous contrat effectuant des activités au profit du SSA. Ils sont issus du civil, du contingent ou sont d’anciens militaires. La limite d’âge d’activité est celle de l’active additionnée de 5 ans. La réserve opérationnelle de niveau 2 (RO2) dite réserve « de disponibilité » comprend tout le personnel d’active radié des cadres qui a une obligation de disponibilité pour une période de 5 ans. Il ne peut être convoqué que par le premier Ministre, et pour une durée maximale de 30 jours renouvelable, dans le cadre de la loi sur la sécurité nationale. Le réserviste RO2, peut s’il le souhaite, souscrire à un contrat pour RO1.

La forma tio n des réservis tes du LA FORMATION DES RÉSERVISTES DU SSA SSA

Formation initiale obligatoire

pour les réservistes issus du civil (sans passé militaire)

Module 1

ou Module 1 bis Module 2

volontaires - 30 ans sans contrat

5 jours

réservistes sous contrat

et/ou spécialité hospitalière pure et/ou + 30 ans

5 jours

préparation militaire initiale

Tous

sauf : spécialité hospitalière pure et/ou + 50 ans (sur volontariat)

formation militaire à orientation santé

découverte du milieu militaire Secourisme de combat de 1 er niveau (SC1)

Départ OPEX possible Réserve ci toyenne

Le réserviste citoyen est un volontaire agréé agissant en tant que collaborateur bénévole du service public. Il n’a pas de limite d’âge. La réserve citoyenne n’est pas contingentée et ne donne pas le statut de militaire lors de ses activités (mais le réserviste dispose d’un grade honorifique). Ses missions : participer au rayonnement du Service, entretenir l’esprit de défense, consolider le lien Armée-Nation et renforcer les réseaux d’expertise.

Formation complémentaire

Formation milieu

Tous

médecine d’armée, embarquée chirurgie OPEX techniques de réanimation de l’avant

adaptation des compétences civiles au milieu militaire

Formation continue

Technique Médicale

ex : FRAOS*

Tous Tous Formation générale

Tous

variable 7 jours plusieurs jours/an

catalogue EVDG mises en situation ateliers théoriques + pratiques Conférences

perfectionnement actualiser les connaissances sur la Défense et le contexte géopolitique

Gé néralis te "touche à tou t"

La médecin (R) Gavet a intégré la réserve en février 2005, durant sa 3 e année de médecine à Grenoble. Ses premiers contacts avec l’armée, très superficiels, remontent à son enfance, lors de stages de ski ou d’escalade, encadrés par des hommes de l’Ecole Militaire de Haute Montagne (EMHM). « Cela a peutêtre joué sur mon attirance pour la médecine militaire. J’étais particulièrement intéressée par la brigade d’infanterie de montagne ».

La médecine de montagne est quelque chose de très spécifique. « Quand je suis en cabinet, mon travail consiste à faire des plâtres, des radios, etc… Je suis plus autonome qu’en médecine générale ». En parallèle, elle mène également des recherches portant sur les pathologies liées au froid et sur leur prévention.

Son expérience de réserviste l’a notamment aidée en tant qu’étudiante. « J’ai appris à faire un vrai examen clinique. Ça été mon premier contact avec la médecine générale – en tant qu’externe, dans le civil, on fait plus de tâches très spécialisées ».

À partir de sa 4 e année de médecine, elle participe à plusieurs stages de terrain, de montagne ou dans l’artillerie. C’est d’ailleurs une de ses principales motivations de réserviste : « j’ai fait beaucoup de formation, beaucoup de terrain. J’ai bénéficié de plusieurs formations, j’ai un diplôme de montagne, de tir… La réserve me permet de rester à jour sur les dernières techniques et de toucher à tout. Et puis, il y a aussi la perspective de partir en OPEX ! » Alice Gavet

La médecin des armées (R) Alice Gavet est généraliste dans le civil et médecin de montagne au CMA GrenobleAlpes-Chambéry. Membre actif de l’Institut de formation et de recherche en médecine de montagne (Ifremmont), elle pense toujours garder une place pour la réserve.

“Je suis plus autonome qu'en médecine générale. „

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