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La ZFE de Reims n'exclura pas les Crit'air 3
Sur fond d'amélioration de la qualité de l'air, la collectivité rémoise a décidé de renoncer à exclure les véhicules classés Crit'air 3, une mesure qui devait initialement entrée en vigueur en janvier 2024.
Depuis septembre 2021, le Grand Reims s'est engagé à améliorer la qualité de l'air de son territoire via la mise en place d'une Zone à faible émission mobilité (ZFEm). Un choix initialement motivé par la Commission européenne qui, en mai 2018, poursuivait la France en justice en raison « du dépassement des valeurs-limites de qualité de l’air fixées et manquements à l’obligation de prendre des mesures appropriées pour écourter le plus possible les périodes de dépassement ». La cité des sacres, comme de nombreuses autres agglomérations françaises, était alors pointée du doigt et sommée d'agir. Cependant, bien que finalement sortie des radars du ministère de l'Écologie, suite à la publication d'un décret stipulant que l'instauration d'une ZFE n'est obligatoire que lorsque 95 % de la population du territoire sont exposés régulièrement à des pollutions dépassant les valeurs réglementaires, ce qui n'est pas le cas du Grand Reims, la collectivité a joué les bons élèves et a fait partie des premières à mettre en place une ZFE. Pour rappel, une ZFE est un territoire au sein duquel est instaurée une interdiction de circuler pour certaines catégories de véhicules polluants qui ne répondent pas aux normes d’émissions et qui ont donc un impact nocif sur la santé des résidents de l’ensemble du territoire. A Reims, cette zone concerne le centre-ville et l'autoroute urbaine, entre Cormontreuil et Tinqueux.
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Des aides renouvelées et création
A l'époque, Arnaud Robinet justifiait ce choix en expliquant, « que si les chiffres à Reims sont en deçà des seuils obligeant à prendre des mesures, nous avons souhaité être proactifs sur cette question de santé majeure. » Selon différentes études, la pollution de l'air serait ainsi responsable chaque année en France d'environ 50 000 décès prématurés et coûterait environ 100 milliards à la société. A l'échelle mondiale, selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), cela représenterait entre 6 et 9 millions de décès prématurés et 1 % du PIB d’ici 2060. C'est ainsi que la ZFE de Reims est entrée en vigueur en septembre 2021, d'abord à titre pédagogique lors des quatre premiers mois. Dans un premier temps, à partir de janvier 2022, les véhicules non classés et les véhicules classés Crit’Air 5 se sont vus interdire d'y circuler, puis
d'un « pass ZFE »
Reims et le Grand Reims poursuivent l’incitation au changement de véhicule. Le plafond d'aide au changement de véhicules est ainsi relevé de 13 000 à 21 000 € de revenu fiscal pour l’achat d’un véhicule neuf ou d’occasion électrique ou Crit'air 1 et 2. Cela concerne les Rémois domiciliés dans la ZFE ou qui y travaillent, propriétaires de véhicules Crit'air 3, 4, 5 et non classés, mais aussi les habitants du Grand Reims travaillant dans la ZFE, en CDI ou en CDD d’au moins six mois. La collectivité crée également un « pass ZFE », comme à Strasbourg et Lyon. « Conscient que certaines personnes peuvent être exclues malgré les aides, ce pass va faciliter l'accès à la ZFE pour ceux qui viennent de manière occasionnelle », a indiqué Catherine Vautrin, présidente du Grand Reims. Ce pass permet aux usagers propriétaires d'un véhicule Crit'air 4, 5 et non classés de venir 52 fois par an maximum, durant 24 heures consécutives, au sein de la ZFE de Reims.
ce fut au tour des Crit'Air 4, en janvier 2023. Les Crit'Air 3 auraient dû être les prochains en janvier 2024, mais ce ne sera finalement pas le cas, comme l'a annoncé officiellement le maire de Reims, lundi 13 mars. « Les chiffres sont bons et montrent une nette amélioration de la qualité de l'air, a ainsi assuré Arnaud Robinet. Ils sont même meilleurs qu'attendu, en dessous des limites réglementaires. » S'appuyant sur les données fournies par Atmo Grand Est, l'association agréée par le ministère de l'Ecologie pour la surveillance réglementaire de la qualité de l'air dans la région, les concentrations moyennes de polluants enregistrées à la station Paul-Doumer, celles affichant les plus fortes pollutions dans le Grand Reims, sont toutes aujourd'hui en dessous des valeurs autorisées : 31 mg/m3 pour le NO2 (limite maximum autorisée de 40 mg/m3), 24 mg/m3 pour les particules PM 10 (40 mg/m3) et 10 mg/m3 pour les PM 2,5 (25 mg/m3). Si Reims a toujours été en deçà des valeurs autorisées pour les PM 10 et les PM 2,5, ce n'était pas le cas pour le NO2, avec des concentrations moyennes entre 2014 et 2019 supérieures à 40 mg/m3. « Ces bons résultats nous conduisent à mettre en place un moratoire de cinq ans, effectif au 1er janvier 2024, pour les véhicules classés Crit’Air 3 », a donc annoncé Arnaud Robinet. En clair, les Crit'Air 3 qui devaient initialement être bannis de
Une qualité de l'air à Reims éloignée des recommandations de l'OMS la ZFE de Reims en janvier 2024, pourront continuer d'y circuler jusqu'en 2029. « Comme tout moratoire, il est évidemment conditionné au respect des valeurs réglementaires à ne pas dépasser », a pris soin de préciser le maire de Reims. Selon Atmo Grand Est, le risque que les émissions polluantes repartent à la hausse dans les prochaines années est « extrêmement faible ». Si cette décision, « pragmatique et non politique », dixit Arnaud Robinet, devrait être très bien accueillie par une large majorité des usagers de la route, elle pose cependant question sur la poursuite de l'amélioration de la qualité de l'air rémoise dans les prochaines années. En effet, les recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) préconisent des émissions de polluants bien inférieures aux valeurs-limites actuellement autorisées. En 2021, l'OMS a publié de nouvelles lignes directrices pour la qualité de l'air ambiant bien plus basses et plus exigeantes, avec des concentrations qui, dans l'idéal, ne devraient pas dépasser, en moyenne annuelle, 10 mg/m3 pour le NO2, 15 mg/m3 pour les PM 10 et 5 mg/m3 pour les PM 2,5. Des seuils de référence qui visent à la fois, selon l'OMS, « à mieux protéger la santé des populations et à l'atténuation du changement climatique ».
Julien Debant