MBÔMBÔLÈ LES FONDEMENTS DES RITES
DU MEME AUTEUR MBÔMBÔLÈ, LES LÉGENDES, AVRIL 2013
À PARAÎTRE DU MEME AUTEUR [1] MBÔMBÔLÈ, LA DANSE DE RÂ [2] MBÔMBÔLÈ, LES SENTIERS DE THOT [3] MBÔMBÔLÈ, LES ÉPREUVES DE SETH [4] MBÔMBÔLÈ, UNE NOUVELLE CIVILISATION
DIEUDONNE F.M. IYODI
MBÔMBÔLÈ LES FONDEMENTS DES RITES
© DIEUDONNÉ F.M. IYODI Fondation Mbômbôlè B.P : 10042 Douala - Cameroun email: iodmbombole@gmail.com ISBN : 978-2-9813613-1-8 Dépôt légal - Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Avril 2014 Dépôt légal - Bibliothèque et Archives nationales Canada, Avril 2014 Tous droits de reproduction et de traduction réservés pour tous pays.
Photo de couverture : Une illustration de la diversité actuelle de l’Autorité traditionnelle. La photo a été prise à l’occasion de l’Assemblée générale tenue en 2010 par Sa Majesté Essombey Ndambwe de Sodiko à Douala.
TABLE DES MATIERES REMERCIEMENTS ........................................................................7 DEDICACES ....................................................................................9 MBÔMBÔLÈ ..................................................................................11 AVANT-PROPOS ..........................................................................13 INTRODUCTION .........................................................................17 CHAPITRE 1 AU COMMENCEMENT, L’ESPRIT ET LA MATIERE ..................................................23 CHAPITRE 2 LES QUATRE VISAGES DE « LA PIERRE » ................................................27 CHAPITRE 3 L’ARBRE DE VIE .................................................35 CHAPITRE 4 LES CONSTITUANTS DE L’ETRE .................41 CHAPITRE 5 LES INFLUENCES PLANETAIRES ...............57 CHAPITRE 6 L’ART DU SOUFFLE...........................................67 CHAPITRE 7 L’IMAGINATION CREATRICE ......................73 CHAPITRE 8 MATIERES, SUBSTANCES ET SUPPORTS DES RITES................................79 CHAPITRE 9 CREATION COSMIQUE ET SEXUALITE ....................................................87 CHAPITRE 10 EXISTENCES « ANTE NATUM » ET « POST MORTEM » .................................... 101 CHAPITRE 11 DHARMA ET KARMA..................................... 109 CHAPITRE 12 ACQUERIR ET CONSERVER DE L’ENERGIE AU QUOTIDIEN...................... 113
CHAPITRE 13 SIGNES, GESTES ET PAROLES DES RITES ............................... 121 CHAPITRE 14 LE PENTAGRAMME, SCHEMA UNIVERSEL DE L’HOMME .......................... 125 CHAPITRE 15 RITE QUOTIDIEN D’HARMONISATION AVEC LE LOGOS.............................................. 131 CHAPITRE 16 REGLES DE CONDUITE DES RITES COLLECTIFS ............................... 143 CHAPITRE 17 RETOUR AUX ETOILES ................................ 155 POST-SCRIPTUM ....................................................................... 159 BIBLIOGRAPHIE ...................................................................... 185
REMERCIEMENTS A BA TUU PEG A toutes celles et tous ceux qui ont assuré mon instruction, et sont désormais retournés au soleil. A toutes celles et tous ceux qui, depuis le moment de L’incarnation, et tout au long de mon chemin de croix, M’ont soutenu de leurs prières et de leurs bénédictions.
MBÔMBÔLÈ, LES LEGENDES • 7
DEDICACES A toutes celles et ceux qui ont patiemment espéré, et qui œuvrent ardemment pour le jour glorieux de MBÔMBÔLE. A toutes celles et ceux qui, bravant la bêtise et le conformisme ambiants, ont pris leur vie en mains et posé leurs pieds sur la voie étroite de l’initiation, la science de la conscience, science de toutes les sciences.
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MBÔMBÔLÈ MBÔMBÔLE, tel est le nom en langue Bati de ce lieu géographique d’où partirent les migrations historiques contemporaines des clans du peuple Bassa-Mpoo-Bati, vers les régions actuellement occupées par eux dans divers départements et provinces du Cameroun. Ce lieu est matérialisé par une montagne grotte nommée en Bassa « NGOG LITUBA » ce qui veut dire « la roche percée ». Etymologiquement, MBOMBOLE désigne l’endroit du sol d’où jaillit la source d’eau et, dans un sens plus large, l’origine de la Vie et de toutes choses. D’un point de vue traditionnel et initiatique, NGOG LITUBA est le lieu de référence et de fondement de la transmission contemporaine du MBOG, telle qu’elle est déployée par ses gardiens. En choisissant de désigner par le vocable MBÔMBÔLE, l’œuvre de dévoilement et de réhabilitation de ce lieu et de la tradition qui s’y rattache, nous marquons délibérément la volonté de nous situer, par-delà la matérialité du site, au cœur même de l’Essence et par là même, au centre de notre Humanité, afin d’aider à mieux nous connaître et comme disait Socrate, connaître l’Univers et les Dieux. MBÔMBÔLE désigne également la série des écrits qui sont consacrés à l’œuvre de réhabilitation de la Tradition Universelle, en s’étendant au-delà de la formulation particulière faite par les BASSA MPOO BATI, pour s’adresser à toutes les expressions de cette Tradition éparpillées en terre africaine et sur la surface de notre monde. MBÔMBÔLE sera enfin cette fondation, en tant qu’institution à caractère culturel, qui aura pour objet, non seulement de réunir et faire travailler ensemble les personnes désirant se consacrer à cet œuvre, mais aussi de rassembler les moyens nécessaires et d’assurer la promotion des publications et des évènements y relatifs. MBÔMBÔLÈ, LES FONDEMENTS DES RITES • 11
AVANT-PROPOS Les BASSA, une tribu du Sud du Cameroun, au cœur de l’Afrique Centrale, affirment dans leur histoire et leur Cosmogonie qu’ils viennent d’Egypte où leurs ancêtres ont vécu. Ceux-ci auraient quitté ce pays au moment de l’Exode des Hébreux, en choisissant non pas de rejoindre le Mont SINAI comme Moïse de mémoire biblique, mais de remonter le cours du Nil à la recherche de la patrie ancienne et oubliée de leurs premiers pères. Il s’agirait d’un territoire autrefois situé dans la forêt tropicale-équatoriale d’Afrique Centrale, aux Sources du Nil. Tout au long de leurs migrations, ces êtres partis d’Egypte et leurs descendants ont séjourné tour à tour dans le Sud de l’actuel Soudan, puis sur le plateau de l’ADAMAOUA. Ils ont ensuite descendu le fleuve qu’ils appelaient le Serpent de Vie : la SANAGA, pour rejoindre finalement NGOG LITUBA, la Roche percée ou la Montagne-Grotte. Ce point qu’ils appellent secrètement MBOMBOLE, origine première ou Source première de Vie, est le lieu d’où ils ont essaimé pour occuper de vastes territoires du CAMEROUN dans les départements de la SANAGA MARITIME, du NYONG et KELLE, de l’OCÉAN, du NKAM, du MBAM, du MOUNGO et du WOURI. Les recherches menées par différents spécialistes de l’Anthropologie des BASSA-MPOO-BATI ne permettent ni de confirmer, ni d’infirmer le contenu de ces légendes. Mais une autre lecture de celles-ci, conduite à partir des données relevant de la tradition initiatique des BASSA qu’est MBOG, mais également des traditions initiatiques établies de par le monde, mène le chercheur de Vérité aux portes de la connaissance essentielle et de sa transmission ininterrompue, voilées par les légendes des BASSA sur leurs origines. MBÔMBÔLÈ, LES FONDEMENTS DES RITES • 13
Dans l’Egypte antique et avant elle, tout comme à partir de NGOG LITUBA, la Vie et l’organisation de la Société des BASSA ont été guidées par un Vecteur Essentiel : MBOG. Ce mot littéralement signifie tout à la fois : les hommes, le Village, le clan, la Terre, le Cosmos et l’Initiation. Ceux qui se consacrent à MBOG et reçoivent l’ultime onction initiatique de MBOG sont appelés MBOMBOG : celui qui porte MBOG sur le front, et qui en est aussi la tête. Les Prophètes véritables et les guides des peuples sont fondamentalement MBOMBOG. Bien loin du désir nostalgique de remonter à un passé supposé glorieux de l’Egypte antique qui devrait redonner une certaine fierté aux BASSA ou aux Africains, la démarche qui sous-tend cet œuvre obéit à l’impératif de redécouvrir la sagesse cachée dans les traditions, en bousculant les concepts erronés qui ont été trop vite admis ou imposés, et qui se sont substitués à la connaissance véritable sur la Matière et l’Esprit. Ce qui est écrit sur le thème MBOMBOLE constitue un effort pour rendre intelligible la tradition initiatique véritable : MBOG. En comprenant qu’elle puise ses origines dans la nuit du Cosmos, qu’elle a été présente dans les grandes civilisations qui se sont succédées sur la surface du globe terrestre et qu’on la retrouve éparpillée dans toutes les traditions et religions de tous les peuples, ainsi que dans leurs folklores, l’on restitue à l’humanité toute entière et à chacun d’entre nous sans exclusive, notre héritage commun. Au moment où notre monde est mis en péril par l’homme et que les civilisations s’affrontent avec une issue qui pourrait nous être fatale à tous, regarder la vie du point de vue de MBOG permet de redimensionner les différents concepts qui façonnent nos sociétés, en les débarrassant de leur gangue pour en dégager les joyaux. C’est aussi rassembler ce qui est épars, pour rétablir la Paix et l’Harmonie. L’auteur de la Série MBOMBOLE, Dieudonné IYODI, descend par la naissance de légataires du MBOG. Le père de son père : MBANG BOPÉG MI ÑEÑA MI IYODI ; et le père de sa mère : NDJÉ MASOLOP MA MBAA NDEK étaient tous deux MBOMBOG. Il a reçu à sa naissance le 14 • DIEUDONNE F.M. IYODI
baptême chrétien catholique, puis l’éducation des premiers prêtres camerounais dont Simon MPECKE, affectueusement appelé BABA Simon, avant de faire ses études secondaires chez les Jésuites du collège LIBERMANN à Douala sous l’autorité de Meinrad HEBGA, et des études supérieures d’Ingénieur à l’Ecole Polytechnique de Yaoundé. Par ailleurs, il a reçu des initiations traditionnelles de l’Orient et de l’Occident, mais il est demeuré attaché à la tradition que lui ont léguée ses aïeux. C’est donc guidé par le double principe de l’UNITE et de l’UNICITE de l’INITIATION, qu’il entreprend aujourd’hui de communiquer sur l’héritage commun à notre humanité tout en le rectifiant, afin progressivement de restituer ce qu’il a luimême reçu : CONNAISSANCE et VIE. C’est-à-dire, l’essence double de cet arbre dont toutes les légendes disent qu’il se trouvait au centre de la terre dans le jardin d’EDEN, au commencement du monde, à l’endroit d’où partaient les quatre fleuves arrosant toute la terre… à MBOMBOLE. S’il plaît à BA TUU PEG !
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INTRODUCTION Dans MBÔMBÔLE – les légendes – nous avons fait la connaissance de MBOG, la tradition cosmique antique et éternelle dont les BASSA furent héritiers, et qui trouve ses origines dans le commencement du monde, impulsée par BA TUU PĒG, à la fois Penseur Premier et Energie Universelle, qui fit l’homme à son image et ressemblance. Cette Tradition porte en elle l’Initiation créatrice qui permet à l’homme qui la réalise, de devenir véritablement MUT PĒG. A cette fin, MBOG est balisée par la connaissance de vérités abstraites et de pratiques rituelles permettant à l’apprenant de se construire lui-même en ses différents constituants, qui sont les véhicules de l’incarnation de la Monade qu’il est en vérité, et cela, sous la conduite d’instructeurs éprouvés. Les rites individuels, conformes à la Tradition Universelle, sont des exercices de déconstruction et de reconstruction qui permettent aux constituants de l’Etre d’atteindre leur performance optimale, et amènent l’initié à vivre en conformité avec la Loi Cosmique, selon la prescription rappelée par JésusChrist : « Tu aimeras le Seigneur Dieu de toute ta pensée, de toute ton âme, de toute ta volonté, de toutes tes forces, et tu aimeras ton prochain qui est un autre toi-même ». Au moyen de ses véhicules restaurés, l’initié vit et œuvre en harmonie avec les énergies du Cosmos, dont particulièrement celles de notre planète et celles de notre système solaire. Les rites du MBOG concernant autant l’individu que la communauté, ils assurent donc conséquemment pour celle-ci, la cohésion de ses énergies internes et son harmonisation avec le champ énergétique extérieur immédiat, ou encore avec les champs plus vastes planétaire et systémique. Selon MBOG, toutes ces énergies se révèlent à l’homme comme une combinaison de l’espace et du temps, ceux-ci ayant été MBÔMBÔLÈ, LES FONDEMENTS DES RITES • 17
organisés par BA TUU PĒG selon des rythmes de 3, 5, 7, 9, 12 etc… La mondialisation observée jusque-là dans certains domaines, et programmée par BA TUU PÉG pour s’étendre à tous les domaines, y compris celui de la Spiritualité, doit achever d’abattre les barrières artificielles érigées par différents systèmes religieux, traditionnels et initiatiques. Si ces barrières se sont avérées utiles par le passé, elles ne peuvent plus se justifier de nos jours, particulièrement en ce 21ème siècle dont Malraux disait qu’il sera religieux ou ne sera pas. Si dans toutes les Formes Traditionnelles, il est recommandé au débutant de s’en tenir aux prescriptions de celle à laquelle il est rattaché, l’on ne doit pas perdre de vue le fait que la cristallisation des énergies de l’étudiant, sur le champ de l’égrégore de cette forme, peut devenir un obstacle sur le chemin de sa libération, mais également devenir un piège plus important pour la race humaine. Celle-ci se retrouve ainsi otage d’égrégores se nourrissant de ses énergies, tout en l’abrutissant, et en se livrant des guerres par peuples interposés pouvant hypothéquer la survie du genre humain de notre planète. Le très doué et jeune prophète DANIEL de biblique mémoire, rapporte les enseignements qui lui furent souvent donnés par des Etres Divins, en ce qui concerne les Anges protecteurs des nations, comme ceux des Grecs, des Perses, des Mèdes, d’Israël, etc..., et les guerres qu’ils se livraient entre eux, avec de multiples alliances et contre-alliances. En effet, la plupart des organisations humaines que sont les religions, les associations philosophiques ou politiques, les clans et les états, forment naturellement des entités vivantes, traditionnellement désignées par le mot « égrégore », et qui se composent des constituants de même nature que ceux des êtres humains qui y appartiennent. L’état de ces égrégores, leur croissance ou leur survie dépendent de la qualité des énergies assimilées et émises par les individus qui y adhèrent, mais aussi et surtout par celles construites collectivement en tant que communautés.
La conséquence de ce qui précède est que le devenir de notre humanité dépend donc maintenant de notre 18 • DIEUDONNE F.M. IYODI
capacité collective à élaborer consciemment un égrégore planétaire cohérent, harmonieux et puissant. Désormais, il est indispensable que des déchirures, voire des ruptures, s’opèrent dans les différents systèmes politiques, économiques, culturels, philosophiques et religieux qui ont structuré jusque-là nos sociétés humaines. Ce qui apparaît pour certains comme une confrontation annoncée des civilisations, doit en fait déboucher sur une meilleure connaissance de la Vérité éternelle, sur laquelle va nécessairement reposer la construction incontournable de notre village planétaire. Et cette certitude est contenue dans l’aphorisme antique transmis par nos pères : « MBOG KÔBA NI KWAÑ, ANE I MALIGA NI TELEP SĒP ». Une démarche déjà ancienne, mais remisée par ces temps nouveaux, consiste pour ceux qui savent, et qui ont le devoir de veiller sur la race humaine, à ouvrir et à permettre l’utilisation de canaux d’énergie pure non assujettis à ces égrégores, ce qu’une certaine tradition nomme « la lumière sans ombre », afin de faciliter en quelque sorte la restauration du genre humain. Souvenons-nous de cette antique proclamation osirienne du Prophète Isaïe, reprise dans la liturgie catholique : « Rorate cæli desuper, et
nubes pluant justum : aperiatur terra, et germinet Salvatorem ! » Alors, tout en participant à l’égrégore de la
forme traditionnelle à laquelle il adhère, tout être humain a aujourd’hui la possibilité d’accéder directement à cette source intarissable de Lumière, d’Amour et de Paix que les Cieux déversent à profusion sur la terre. Ces énergies sont de nature Christique, c’est-à-dire qu’elles sont structurées et irradiées par le LOGOS SOLAIRE. En effet, la tradition d’Égypte désignait l’irradiation et l’adombrement ultimes de ce Logos par l’expression KHI-RÊ, qui qualifiait ainsi en même temps, celui qui recevait l’onction suprême par le KA de RÂ, et qui l’incarnait par conséquent. Les initiés grecs, héritiers de l’Égypte initiatique, en firent le KYRIE, le KRISTE et le KRISTOS. A leur suite, les initiés latins en firent le CHRISTUS. Ce fut d’ailleurs bien le symbole combiné des lettres grecques MBÔMBÔLÈ, LES FONDEMENTS DES RITES • 19
KHI et RO, dont les formes majuscules respectives sont X et P, que l’Empereur Constantin déclara avoir vu dans le soleil, tandis qu’il pratiquait en réalité un rite solaire. Ce symbole, déclara-t-on, lui conféra la victoire à la guerre, devenant ainsi ce signe de la nouvelle religion chrétienne, connu sous le nom de « chrisme ». Aujourd’hui, avec l’entrée dans cette ère du Verseau dont il est tant question depuis Février 1962, cet adombrement christique est accessible à tous, et sans les habituels intermédiaires qui assujettissent plutôt qu’ils ne libèrent. A cette fin, ce qui est attendu de l’étudiant est une attitude d’ouverture confiante envers la MONADE DIVINE dont il est l’incarnation, monade que le MBOG KÔBA NI KWAÑ désigne par le vocable PĒG. C’est de cette ouverture confiante et attentive qu’il s’agit dans le commandement même du Christ Jésus, régulièrement adressé à ses disciples : « EPHPHETA ! », qui signifie « Ouvre-toi ! ». Suivant cette ouverture, les roues d’énergies en nous, tels des Graal, ou des Fleurs Sacrées, offrent leurs calices à l’action bienfaisante et rédemptrice de la Rosée Céleste, selon le psaume du Roi David : « comme la Rosée de l’Hermon qui descend sur la Montagne de Sion ». C’est aussi cette indispensable ouverture qui débute tout travail rituel, et surtout tout travail théurgique véritable, selon l’ordre édicté par les anciens : « APERTUM ESTO ! » C’est cet abandon confiant et lucide qui est demandé au néophyte qui aborde l’initiation, et c’est également dans cette attitude d’ouverture pleine d’amour qu’il est recommandé d’aborder les lignes qui vont suivre, et qui sont destinées à bien nous faire comprendre les fondamentaux universels des rites, afin de vivre ceux-ci pleinement, pour arriver à nous construire véritablement comme incarnation du PĒG de BA TUU PĒG. Une reconstruction qui nécessite la remise en question des concepts anciens sur lesquels nous avons fonctionné jusqu’ici. Alors, nous pourrons enfin bâtir, tous ensemble, la Civilisation Universelle tant de fois annoncée. Paroles du Seigneur KRISHNA, s’adressant à son disciple bienaimé ARJUNA, dans la BAGHAVAD GITA, le Chant du Bienheureux, Chant IV.
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- Strophes 7 à 10 : « Chaque fois que le Bien perd ses forces et que le Mal en
gagne, je viens en incarnation. A chaque cycle, je m’incarne dans le Monde pour rétablir l’Ordre, protégeant les hommes de bien et détruisant les malfaisants. Ma naissance est divine. Mes actes sont divins. Celui qui s’imprègne de cette vérité quitte son corps pour ne plus renaître. Il vient à moi, Ô Arjuna. Nombreux sont ceux qui se sont affranchis de la passion, de la crainte et de la colère. Je suis leur substance, je suis leur refuge. Ils se sont purifiés au feu de la Connaissance. Ils se sont fondus dans ma nature. » - Strophes 21 à 24 : « Rien ne préoccupe celui qui se contrôle autant qu’il
contrôle ses pensées, et que toute convoitise a quitté. S’il ne consent plus qu’aux actes de son corps, il n’en subit aucune souillure. Il se satisfait de ce que le hasard lui offre. Il a dépassé le couple des contraires et cessé de tout rapporter au moi. Le succès comme l’échec sont d’égale valeur à ses yeux. Ce qu’il fait ne l’enchaîne pas. Sans plus d’attachement, libéré, l’esprit appliqué à connaître, quand il célèbre un sacrifice, son acte se résorbe jusqu’à disparaître. L’offrande elle-même, l’instrument pour la faire, le feu où la verser, celui qui l’accomplit, eux tous sont le sacré. Placer l’acte rituel dans le sacré, c’est avoir la certitude d’atteindre le sacré. » Ayant été et étant toujours moi-même confronté à la remise en question qui mène au sacré, grâce et à travers chacune de mes rencontres avec une formulation différente de la Tradition, il m’a paru utile à la fin du présent ouvrage de faire accéder le lecteur à quelques aspects de mon propre cheminement initiatique au cœur de la vie quotidienne. Ceci peut aider chacune et chacun à comprendre que les éléments de réalisation portés par la Tradition sont certes éparpillés sur la surface du globe, mais qu’ils sont disponibles un peu partout, et assez MBÔMBÔLÈ, LES FONDEMENTS DES RITES • 21
souvent plus près de nous que nous le croyons. Dans le récit de cette aventure, se révèlent ces clefs qui ne m’appartiennent pas, mais qui sont offertes à tous, sans aucune discrimination de quelque nature que ce soit, et sans aucune prétention. Ce partage de type franciscain aidera surtout à comprendre que l’ascension est possible pour tous. N’a-t-il pas été dit « Aides-toi et le Ciel t’aidera » ? Puisse chaque lecteur accéder à la porte du Royaume de Lumière, l’ouvrir, entrer, et être désormais libre et heureux.
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CHAPITRE 1 AU COMMENCEMENT, L’ESPRIT ET LA MATIERE A dessein nous avons voulu dès ce chapitre, nous placer au commencement de la Matière et de l’Esprit. Afin de marquer la nécessité pour chacun de nous de se débarrasser d’un tas d’aprioris avant d’aborder la question essentielle permettant de comprendre et de conduire les rites de l’Initiation. En effet, il faut absolument faire table rase de nombreux pseudo-concepts, qui sont en vérité des formes-pensées cristallisées dans notre mental collectif à travers le temps, et qui empêchent notre humanité de saisir les vérités éternelles au milieu desquelles nous circulons sans les voir, et contre lesquelles quelques fois, et de plus en plus souvent, nous nous heurtons pour notre plus grand malheur. Nous commencerons donc par le commencement, non pas celui de l’Univers, mais celui de l’homme. Qui sommes-nous ? Chacun a appris, ou est arrivé par sa recherche propre, à admettre qu’il est fait de matière et d’esprit. Athée ou croyant, chacun admet qu’il a un corps et clame souvent avec grand bruit qu’il a une âme, ou alors une intelligence, ou simplement une pensée – composante non matérielle bien entendu, et qu’il réclame de faire entendre, surtout par ces temps de démocratie planétaire. La pensée rationaliste uniformisante a si bien creusé ses sillons dans le cerveau humain actuel, que plus personne ne se pose de questions sur le contenu et la signification exacte des mots d’usage courant, et en particulier le sens des mots Matière et MBÔMBÔLÈ, LES FONDEMENTS DES RITES • 23
Esprit, évoqués dans le titre de ce chapitre. Il est patent que chacun en use et même en abuse à souhait, et avec tellement d’autorité, que l’on suppose que tous savent de quoi il s’agit. Et chacun de nous semble admettre comme une évidence scientifique que l’un est l’opposé ou le contraire de l’autre. Pourtant, il est dit que les faits scientifiques n’ont pas à être des évidences, mais seulement à être prouvés, voire éprouvés par le temps. La matière, quand nous en parlons, est tout ce que nos sens ordinaires nous permettent de saisir, encore que ce qui est saisi par l’ouïe, la vue ou l’odorat ne soit pas nécessairement matière selon ce que nous voulons bien mettre dans ce terme. Mais admettons donc que ce soit bien cela. De même, nous admettons aussi que cette matière est composée de particules élémentaires, que l’on croyait autrefois indivisibles, et que les scientifiques grecs anciens appelèrent « atomos », ce qui donna en français pour la science moderne « atomes ». Comme le mot grec dans l’entendement courant de ce peuple signifiait « poussières », on obtint donc cette traduction retentissante d’un passage biblique : « Souviens-toi, Ô homme, que tu es poussière, et que poussière, tu retourneras ». Et si d’aventure l’on entendait plutôt : « Souviens-toi, Ô homme, que tu es fait d’Atomes et qu’Atomes tu retourneras » ? Qu’est-ce que ça change que l’on soit « atomes » plutôt que « poussières », direz-vous ? Pas grand-chose peut-être. Mais regardons quand même cette petite chose. L’atome, comme la science moderne nous a permis de l’observer, est un noyau composé de particules électriquement chargées, certaines positives et d’autres neutres, autour duquel tournent sans arrêt – sans que l’on se demande d’ailleurs où ils puisent cette force pour ne jamais s’arrêter – des électrons qui sont des particules électriquement chargées négativement. Première conclusion, il y a du mouvement sans cesse à l’intérieur de la matière, même apparemment la plus inerte. Et le savant Brown s’étonna qu’une telle agitation, baptisée à l’occasion « mouvement brownien », ne donne pas lieu à des chocs permanents entre particules engendrant un échauffement naturel de la matière. 24 • DIEUDONNE F.M. IYODI
Un beau jour, la science regarda, tripota, bombarda entre eux les électrons, les protons, les positons, les neutrons, etc... Et elle découvrit qu’ils étaient composés de particules plus petites, des grains d’énergie. Mais c’est quoi alors l’Energie ? La Science ne voulut ou ne put répondre à cette question, mais elle tira une deuxième conclusion que nous semblons tous comprendre et accepter: l’Univers est rempli d’atomes, et tout est énergie. Les anciens du MBOG KÔBA NI KWAÑ l’avaient déjà dit : « BA TUU PEG A YE HIKIKI HOMA », tout simplement parce que BA TUU PEG est aussi l’ENERGIE UNIVERSELLE. Et la Tradition Cosmique Antique et Eternelle est formelle : Cette Energie est Matière et est Esprit. Elle est Matière dans l’état de condensation qui permet à nos sens ordinaires de l’appréhender, et elle est Esprit au-delà de ce que ces sens permettent de saisir. Troisième conclusion : à force de regarder la Matière de plus près, on finit par y découvrir l’Esprit. Cela ressemble à un proverbe bien populaire : « à regarder le lait blanc de très près.. ». Et l’on saisit alors que le but de l’exercice pour les anciens était de comprendre comment BA TUU PEG accomplit sa propre transformation, passant de l’Esprit à la Matière et de la Matière à l’Esprit. C’est ce double Grand Œuvre que les hermétistes du passé appelèrent : La Quadrature du cercle et la Circulature du Carré. Ainsi, la Matière, loin de susciter ce rejet qu’expriment si bruyamment les pseudo-spiritualistes qui n’ont pas compris grand-chose à l’Esprit, devient pour l’Initié, mais aussi pour l’étudiant sur la voie initiatique, le lieu de rencontre et de connaissance, en vérité, de « Re-connaissance » de l’homme avec l’Energie Universelle, avec BA TUU PEG. C’est pour cela que la Tradition Cosmique Antique et Eternelle montre la Pierre à l’étudiant, dès ses premiers pas sur la Voie. La Pierre est en effet la personnification de la condensation la plus forte de l’Energie en tant que Matière. Les Bassa nomment la Pierre : NGOG ou NGOK.
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Figure 1 - Isis Hathor
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CHAPITRE 2 LES QUATRE VISAGES DE « LA PIERRE » Les ancêtres NSA ont affirmé que NGOK ou NGOG est le fils unique engendré de MBOK ou MBOG, car c’est en NGOG que la Tradition Cosmique antique et éternelle a pris corps, de même que l’Esprit prend corps dans la Matière. Sur le plan spatial et temporel actuel, la reformulation contemporaine du MBOG KÔBA NI KWAÑ s’opère et s’enracine en NGOG LITUBA, le support et le lieu qui, pour ce cycle de manifestation, assume à nouveau la fonction de MBÔMBÔLE, le pôle initiatique. NGOG est la « Pierre » par laquelle et en laquelle s’accomplissent le mystère de l’incarnation et celui de l’initiation. Il découle de cette loi, une vérité essentielle que celui qui veut parcourir la voie initiatique doit garder permanemment en mémoire : l’Initiation est la formation qui permet de « Matérialiser » les réalités de l’Esprit, et de « Spiritualiser » les créations dans la Matière. Il s’agit de l’accomplissement du double Grand Œuvre : LA QUADRATURE DU CERCLE et LA CIRCULATURE DU CARRE. A cette fin, comme l’ont prescrit les anciens, « le travail spéculatif », puis le « travail méditatif », doivent être confirmés par le « travail opératif ». La mise en œuvre consciente et harmonieuse des rites, avonsnous dit et répétons-nous à souhait, est destinée à rendre l’individu totalement accessible au PĒG de BA TUU PĒG en lui, et par là même, à permettre à sa communauté, et de manière plus large à la famille humaine de notre planète, de réaliser sa réintégration dans le sein du Père/Mère éternel : BA TUU MBÔMBÔLÈ, LES FONDEMENTS DES RITES • 27
PEG. Ce Père/Mère éternel auquel l’homme est arrimé en ses deux constituants extrêmes : SA-HU et KHAT, pour utiliser une terminologie de l’ancienne Egypte. C’est par SA-HU que l’Esprit commence sa matérialisation qui s’achève en KHAT. C’est en KHAT que la Matière entame sa sublimation qui s’accomplira en SA-HU. Nous référant à une construction demeurée le symbole éternel de l’Egypte, nous dirons que l’homme – et par conséquent la famille humaine – doit être une Pyramide dont la base est KHAT et le sommet SA-HU. Il s’agit donc pour l’initié de s’accomplir en redevenant une Pierre Vivante à quatre faces, un Cube surmonté d’une Pyramide : une Pierre cubique à pointe. La Tradition affirme qu’en des temps futurs, lorsque notre Humanité accomplira sa réintégration, la Pyramide de KHEOPS rénovée sera le symbole et le support de cet accomplissement : la Pierre à quatre faces éternellement illuminée. La Tradition sacrée d’Egypte préservée dans le temple solaire d’Héliopolis-Iounou (nom qui signifie ‘’le Pilier, l’axe ou le nombril du monde’’, en somme MBÔMBÔLE), nous parle de l’oiseau BENNOU qui se perche sur la pierre BENBEN, le pyramidion cristallin où le soleil se leva pour la première fois. Or ce pyramidion destiné à être à nouveau placé au sommet de la Grande Pyramide, rappelle le symbole de l’obélisque qui lui est équivalent, et dont l’érection dans l’Egypte ancienne se disait « Faire lever Rê ». Le nom BENNOU, que les Grecs ont déformé en Phénix, rappelle un nom chez les Bassa MBENOUN, dont le sens se comprend selon l’expression ‘’MBÊ INOUNI’’, semblable à celle des Ewondo ‘’MBÊ ONON’’ et qui signifie l’Oiseau Véritable, ou encore l’Oiseau de Vérité. Cette vérité est aussi ‘’Horo’’ en Bassa, à rapprocher de HORUS, l’oiseau solaire par excellence. Parlant de cet oiseau véritable, les textes égyptiens disent : « Je me suis élevé et je me suis reconstitué comme le beau faucon qui a la tête de l’oiseau BENNOU ». Et encore : « Je suis le Phénix, viens à moi, toi qui t’élèves des quatre vents, toi qui insuffla à l’homme le BA afin qu’il vive. Je suis le Maître de toutes les beautés du monde, écoutes, toi qui possède le nom 28 • DIEUDONNE F.M. IYODI
sacré et ineffable ». Ou encore : « Je suis ce Phénix d’Héliopolis qui tient en compte tout ce qui existe. Je suis l’âme de Rê qui conduit les bienheureux vers la Douat, qui fait qu’OSIRIS remonte de terre. Tout m’appartient, tout m’a été donné. Je suis pur, ma pureté est celle du grand BENNOU qui est à Hérakléopolis. Je suis le successeur de Rê, je suis le Phénix mystérieux » Un vieux texte alchimique, le Theatrum Chimicum, dit de la Pyramide : « Ce monument n’est ni une pyramide, ni un sépulcre, mais les deux. C’est ici un tombeau qui ne renferme pas de cadavre. C’est un cadavre qui n’est pas enfermé dans un sépulcre. Ce cadavre et ce sépulcre ne font qu’un ». La re-construction de l’être humain, en une pyramide qui relie consciemment l’Esprit et la Matière, correspond très exactement au schéma projeté de ce volume sur le plan vertical, et qui nous donne un triangle équilatéral, enveloppe du suprême symbole que révéla le Sage Pythagore à ces disciples et qu’il nomma « la Sainte TETRAKTYS ». Cette figure énonce l’interaction entre les quatre premiers nombres exprimés et disposés sous forme de points du haut vers le bas, tout autant que l’interaction entre les quatre lettres du Tétragramme Hébraïque connu comme le nom divin. De cette interaction constante nait et se transforme sans cesse le Cosmos. Mais en reprenant une autre symbolique de MBOG KÔBA NI KWAÑ, nous dirons que l’homme – et par conséquent la famille humaine – doit redevenir MBÔMBÔLE. En effet, la Tradition affirme que NGOG LITUBA vint du ciel, et par cette origine, demeure liée aux Cieux. NGOG LITUBA par ailleurs est enfoncée profondément dans la Terre, et devient donc la porte de la mort vers la résurrection et l’éternité, ce dernier état s’exprimant dans le terme KWAÑ, c’est-à-dire : sans âge. Le nom par lequel les hébreux désignent la pierre est SHIMOUN. C’était le nom que portèrent quelques personnages aussi bien importants qu’énigmatiques que l’on trouve dans les récits de la vie publique de Jésus-Christ et de ses premiers disciples, des personnages dont nous proposons la MBÔMBÔLÈ, LES FONDEMENTS DES RITES • 29
face ésotérique à l’examen de ceux qui aspirent à une pratique saine et édifiante des rites et de l’action théurgique. Il s’agit de Simon le pêcheur, Simon le zélote, Simon le cyrénaïque, et Simon le mage Le premier est celui que l’histoire née des évangiles a retenu comme l’Apôtre s’appelant également Simon Pierre, ou Céphas… Des répétitions du même mot. Ce qui est intéressant, c’est le choix porté par son Frère, Maître et Seigneur sur lui, pour le devenir de sa communauté : « Tu es Pierre, et sur
cette pierre, je fonde mon Eglise. Et les portes de l’Enfer ne pourront rien contre elle. » Une certaine tradition a voulu faire passer cet initié pour un lourdaud de l’esprit, et un incrédule notoire. En y regardant de plus près, nous découvrons un opératif véritable : - il retourne avec obstination, jeter le filet pour la nième fois, parce que le Maître l’a ordonné, et réalise ainsi la pêche miraculeuse ; - il voit son Maître marcher sur l’eau, et tente l’expérience. Du demi échec qu’il essuie, il apprend à bannir le doute ; - il dégaine son épée pour défendre la vie de son Maître ; - il comprend après le triple reniement, comment demeurer vigilant et lucide en ces heures capitales de la nuit qui enregistrent les premiers chants du coq ; - il se précipite au tombeau, au jour indiqué, pour constater la résurrection du Seigneur ; - il met sa foi et son énergie interne pour guérir le paralytique à la porte du temple ; - il reçoit Saül, le spéculatif, et lui confère l’initiation opérative ; - il demeure confiant alors qu’il est emprisonné, jusqu’à ce que l’ange le délivre ; Le deuxième Simon est plus énigmatique. Les zélotes formaient 30 • DIEUDONNE F.M. IYODI
un ordre initiatique chevaleresque, dit de « la voie du guerrier ». Ils portaient sur eux des épées particulières : les SKARIOTH, qui rappelaient par leur forme le croissant lunaire; et ils prônaient la Guerre Sainte. Certains exégètes ont pensé que le Simon qui dégaina l’épée était bien le zélote. Le Troisième Simon dit de Cyrène, ville africaine du territoire de l’actuelle Libye, n’apparaît que pour aider son Maître à porter sa croix. Quelques jaloux ont tenu à préciser qu’il ne fit cela que parce que contraint et forcé par les soldats romains. Le Quatrième Simon, dit le magicien, apparaît encore sous un plus mauvais jour. Selon le récit des Actes des Apôtres, il tente d’acheter les pouvoirs divins à ces derniers, et est finalement mis en échec par Pierre, le premier des Simon que nous avons cité. Nous devons nous situer au-dessus des histoires profanes, et comprendre le message initiatique de SHIMOUN la Pierre, à travers les quatre « Simon » qui personnifient les faces de la Pierre Pyramidale de l’Initiation. Pour cela, nous devons, en ce qui concerne par exemple le 4ème « Simon », nous souvenir que ce furent les Rois-Mages Chaldéens qui connurent par anticipation l’arrivée du Christ, grâce à leur Science sacrée de la lecture des Signes et des Mystères du Ciel. En fait, et d’un point de vue strictement initiatique, ces Quatre SIMON, débarrassés de la fantasmagorie et des récits incomplets et partisans, sont les quatre visages que doit assimiler et réaliser l’Initié, dans sa progression sur la Voie de la Christification, le chemin qui mène à l’état de KHI-RÊ. On comprendra alors que chacun des « SIMON » correspond à l’un des 4 éléments de la manifestation et de la création, suivant les supports symboliques souvent utilisés par les Hermétistes : - Simon le Pêcheur dans les eaux, à l’élément EAU - Simon le zélote qui porte l’épée, à l’élément AIR - Simon de Cyrène qui porte la Croix de bois, à l’élément FEU - Simon le magicien qui négocie les pouvoirs avec des deniers, à l’élément TERRE MBÔMBÔLÈ, LES FONDEMENTS DES RITES • 31
L’illustration du très célèbre manuscrit du XVe siècle, bien connu des Alchimistes, et désigné « Le Très Précieux Don de Dieu », contient fort à propos la phrase explicite suivante : « La Pierre est composée des quatre éléments ». Ces quatre éléments sont Feu, Air, Eau et Terre, et ils furent souvent figurés par de talentueux maîtres de l’Art, comme ce fut le cas, sous les traits des Dieux APOLLON et MERCURE, et des Déesses JUNON et MINERVE, en la façade de l’hôtel de Pierre ou hôtel de Clary de la Ville Rose des Troubadours : TOULOUSE, sur les bords de la GARONNE. Tout être humain porte en lui tous les 4 « SIMON », et l’Initié ne fait donc pas exception. Mais pour réaliser effectivement son initiation, il doit en permanence et en toute conscience s’harmoniser avec ces éléments en lui, et autour de lui. Et pardelà les éléments, c’est avec les règnes de la nature qu’il doit vivre en harmonie, ce qui est rappelé dans les quatre temps forts de l’initiation du MBOMBOG postulant : - Le règne minéral, représenté par la Terre, incarnant la Fixité - Le règne végétal, représenté par l’Eau, incarnant la Fluidité - Le règne animal, représenté par l’Air, incarnant la Volatilité - Le règne angélique ou divin, représenté par le Feu, incarnant la Subtilité L’initié doit travailler par ailleurs en accord avec les orientations énergétiques fondamentales, liées à la forme et au mouvement rotatif de notre planète sur elle-même face au soleil. Ceci nous donne les Quatre directions cardinales qui sont : - l’Est - l’Ouest - le Nord - le Sud 32 • DIEUDONNE F.M. IYODI
Mais cela nous donne aussi les quatre saisons ou en réalité les quatre périodes qui découlent du basculement de l’axe de la planète par rapport à son plan de rotation autour du Soleil, entre les positions limites d’inclinaison. Pour l’hémisphère Nord, et inversement pour le Sud : - l’équinoxe du Printemps - le Solstice d’Eté - l’équinoxe d’Automne - le Solstice d’Hiver Et en définitive, cela nous donne les quatre climats ou humeurs, pour utiliser une ancienne terminologie hermétiste: - le Chaud - le Froid - l’Humide - le Sec On comprend alors que toute la Science sacrée que nous ont léguée nos anciens consiste à reconnaître la nature et les principes d’action des éléments, et à les mettre à profit dans le vécu quotidien, car « on ne commande à la Nature qu’en lui obéissant ». Comprendre et exprimer ce message, c’est affirmer que l’art de l’Initié doit être traduit dans sa vie de tous les jours, « ICI et MAINTENANT », afin qu’il puisse agir en Homme de Pensée et penser en Homme d’Action. Et ceci est obtenu grâce à un entraînement constant à travers une pratique régulière et consacrée des Rites. Et cette harmonisation doit être maintenue en dehors des moments des rites, dans le vécu quotidien.
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CHAPITRE 3 L’ARBRE DE VIE « L’homme est un Arbre », dit un proverbe bantou. Tant qu’il a des racines enfoncées dans la terre, il saura trouver de l’eau et des aliments pour se nourrir. Coupez-lui les branches, il repoussera. Mais si vous lui coupez toutes ses racines et particulièrement sa racine pivotante, alors il sera condamné à une mort certaine. Les podologues nous enseignent que du pied dépend principalement notre équilibre physique, tandis que l’acupuncture chinoise nous apprend que la plante du pied est comme un clavier d’ordinateur permettant d’agir sur n’importe quel organe interne ou externe du corps humain. Cette plante du pied est le plan de contact du bipède qu’est l’homme avec la Terre. C’est la porte pour le passage des énergies du sol et du sous-sol vers l’homme, et inversement. Souvenons-nous du sublime sacrement institué par XRISTOS lors de la Sainte Cène : le lavement des pieds ; et de sa recommandation : « Si donc moi, le Seigneur et Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres !» Nous devons donc porter une attention particulière à notre lien avec la Terre, avec la Nature, et une attention toute particulière à nos pieds ! C’est par l’arbre que la Planète toute entière respire. C’est lui qui, par la synthèse de la lumière du jour au niveau des feuilles, va fixer le Carbone dans le sein de la Terre, libérant en même temps l’Oxygène si vital aux espèces. Et c’est encore lui qui, dans l’obscurité et le silence de la nuit, extrait de la Terre, les nutriments nécessaires à sa vie et sa croissance, ainsi qu’à la MBÔMBÔLÈ, LES FONDEMENTS DES RITES • 35
BIBLIOGRAPHIE [1]
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