Les Sixième et Neuvième Commandments

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LA SÈRIE LUKE E HART

Comment les catholiques vivent

Section 8:

Les Sixième et Neuvième Commandments: La Morale Sexuelle


Les Chevaliers de Colomb présentent La série Luke E. Hart Éléments de base de la Foi Catholique

LE SIXIÈME ET NEUVIÈME COMMANDEMENTS: LA MORALE SEXUELLE PA R T I E T R O I S • S E C T I O N H U I T D E L A C H R É T I E N T É C AT H O L I Q U E

Quelles sont les croyances d’un Catholique? Comment un Catholique prie-t-il? Comment un Catholique vit-il? Selon le Catéchisme de l’Église Catholique

par Peter Kreeft Collection dirigée par la père Juan-Diego Brunetta, O.P. Directeur du Service d’information catholique Conseil Suprême des Chevaliers de Colomb


Nihil obstat: La père Alfred McBride, O.Praem. Imprimatur: Le Cardinal Bernard Law 19 décembre 2000 Le Nihil Obstat et l’Imprimatur sont des déclarations officielles qu’un livre ou un dépliant est libre d’erreurs doctrinales ou morales. Ces déclarations ne sous-entendent pas que les personnes qui ont accordé le Nihil Obstat et l’Imprimatur sont en accord avec le contenu, les opinions ou les déclarations exprimés. Copyright © 2009 par le Conseil Suprême des Chevaliers de Colomb. Tous droits réservés. Extraits du Catéchisme de l’Église Catholique, édition définitive, © Texte typique latin, Libreria Editrice Vaticana, Citta del Vaticano, 1997. Pour utilisation au Canada, copyright © Concacan Inc., 1998. Tous droits réservés. Reproduit avec la permission de la Conférence des évêques catholiques du Canada. Pour obtenir le texte complet, visitez : www.editionscecc.ca Les citations de l’Écriture sainte sont extraites de la version La Bible, traduction officielle de la liturgie, tel que présentée sur le site Internet Bible de la Liturgie, Copyright AELF - Paris 1980 - Tous droits réservés. Les extraits en langue latine et en langue anglaise du Droit Canon sont utilisés ici avec l'accord de l'éditeur © 1983 Société de droit canon d’Amérique, Washington D.C. Des citations tirées de documents officiels de l’Église, de Neuner, Josef, SJ et Dupuis, Jacques, SJ., éditeurs : The Christian Faith : Doctrinal Documents of the Catholic Church, 5e édition (New York : Alba House, 1993) Utilisation autorisée. Avec l’autorisation de l’éditeur, tous droits réservés, nous avons utilisé des extraits du Vatican Council II : The Conciliar and Post-Conciliar Document Revised Edition, édité par Austin Flannery OP, copyright © 1992, Costello Publishing Company, Inc., Northport, NY. Ces extraits, en tout ou en partie, ne sauraient être reproduits, ni stockés dans un système de gestion d'information, ni retransmis sous quelque forme ni par quelque moyen que ce soit, électronique, mécanique, photographique, magnétique, numérique ou tout autre, sans l'autorisation explicite de la Costello Publishing Company. Couverture : Sir John Everett Millais (1829-1896). Retribution, Britsh Museum, London, Great Britain. © Heritage Image Partnership/Art Resource, New York. Toute représentation, transmission ou reproduction intégrale ou partielle de ce livre, sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, électronique, mécanique, photographique, magnétique, numérique ou tout autre, sans l’autorisation écrite de l’éditeur, est strictement interdite. Communiquer par écrit avec : Knights of Columbus Supreme Council Catholic Information Service PO Box 1971 New Haven, CT 06521-1971 USA www.kofc.org/informationcatholique cis@kofc.org Téléphone : 203-752-4267 Télécopieur : 203-752-4018 Imprimé aux États-Unis d’Amérique


UN MOT SUR CETTE SÉRIE Ce livret en est un d’une série de 30 livrets qui offrent une expression familière des principaux éléments du Catéchisme de l’Église Catholique. Le pape Jean-Paul II, sous l’autorité duquel le Catéchisme fut d’abord publié en 1992, exprima le désir que de telles versions soient publiées afin que chaque peuple et chaque culture puissent s’approprier son contenu comme le leur. Ces livrets ne remplacent pas le Catéchisme, mais sont offerts seulement dans l’esprit de rendre son contenu plus accessible. La série est à certains moments poétique, familière, enjouée et imaginative; en tout temps, elle s’efforce d’être fidèle à la foi. Le Service d’information catholique recommande de lire chaque mois au moins un livret de la série Hart afin d’obtenir une compréhension plus profonde, plus mature de la Foi.

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T R O I S I È M E PA R T I E : C O M M E N T L E S C AT H O L I Q U E S V I V E N T ( M O R A L I T É )

S ECTION 8: M ORALE

SEXUELLE

Le sixième commandement : Tu ne commettras pas d’adultère Le neuvième commandement : Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain 1. La situation à notre époque Ce que notre époque, de son propre aveu, trouve le plus inacceptable dans la sagesse éternelle de l’Église, c’est sa morale sexuelle. Presque toutes les questions controversées qui séparent aujourd’hui les « dissidents », dans l’Église autant qu’en dehors, de la doctrine traditionnelle de l’Église concernent la morale sexuelle : la fornication (relations sexuelles hors du mariage), la contraception, l’homosexualité, le divorce et enfin, le plus radical de tous les écarts : l’avortement. Ce dernier aussi est une question sexuelle, car on le réclame comme moyen d’urgence de contrôle des naissances, et le contrôle des naissances est le moyen d’avoir des relations sexuelles sans bébés. L’Église a toujours participé à la sainte impopularité de son Maître, mais avant la « révolution sexuelle », il n’est jamais arrivé que l’une et l’autre soient impopulaires presque exclusivement à cause de la sexualité. *CÉC = Catéchisme de l’Église Catholique -5-


À toutes les époques et dans toutes les cultures, l’homme déchu n’a jamais très bien obéi à aucun des commandements de Dieu. L’homme n’a jamais bien pratiqué ce qu’il prêche, mais aujourd’hui, il nie l’enseignement, l’idéal lui-même. Mais seulement quand il s’agit de la sexualité. Un échantillonnage des films et des émissions de télévision populaires révélerait que la plupart des autres aspects de la morale traditionnelle sont encore considérés comme des idéaux justes et atteignables, mais la morale sexuelle traditionnelle est presque toujours considérée malsaine et inatteignable, et on décrit habituellement l’Église comme obsédée par la morale sexuelle. Ce n’est pas l’Église qui est obsédée par la sexualité; c’est le monde, mais le monde projette souvent son obsession sur l’Église, son critique. La morale sexuelle de l’Église est bien plus large qu’un ensemble d’interdictions, la morale de l’Église est bien plus vaste que la morale sexuelle, et la doctrine de l’Église est bien plus large que la morale. La présente série se divise en 30 sections, et la présente section sur la morale sexuelle n’est qu’une section parmi 30. Chaque époque a une perspective différente. Il semble incroyable pour la plupart des esprits modernes que l’Église universelle, au IVe siècle, a presque connu un schisme mondial au sujet de la date appropriée de célébration de la fête de Pâques, a effectivement subi un schisme au XIe siècle sur la question de savoir si l’Esprit Saint procède du Père seulement ou du Père et du Fils et en a vécu un autre, au XVIe siècle, au sujet de la relation entre la foi et les œuvres. Tous nos ancêtres catholiques, du IVe, du XIe ou du XVIe siècle, seraient tout aussi stupéfaits par notre préoccupation pour la morale sexuelle que nous le sommes par leurs priorités très différentes. Nous ne devrions pas nous attendre à ce que les enseignements de l’Église concordent avec « la sagesse du monde) (1 Corinthiens 1, 20) à n’importe quelle époque ou dans n’importe quelle culture, car sa doctrine ne vient pas du monde mais du Ciel; elle ne vient pas de l’homme mais de Dieu. L’homme s’est écarté de la voie que Dieu lui a tracée (péché veut dire séparation de Dieu); alors, la voie de Dieu a -6-


toujours semblé être pour l’homme déchu « une pierre sur laquelle on bute, un rocher qui fait tomber » (1 Pierre 2, 8), comme le Christ Lui-même l’a été. Nous devrions nous y attendre. G.K. Chesterton a dit : « Je n’ai pas besoin d’une Église pour me dire que j’ai tort là où je sais déjà que j’ai tort; j’ai besoin d’une Église pour me dire que j’ai tort là où je pense avoir raison. » 2. Besoin d’une morale sexuelle Nous avons besoin de trois choses, la sainteté, le bonheur et la santé, parce que nous avons trois niveaux d’existence : l’esprit, l’âme et le corps; notre relation avec Dieu, avec nous-mêmes et notre prochain, et avec le monde matériel Une vie conforme aux lois de Dieu nous rend saints, heureux et en santé; la violation de ses lois nous rend impies, malheureux et malades. Cela est aussi vrai pour la sexualité que pour n’importe quoi d’autre. En premier lieu, les péchés sexuels sont des péchés et nous séparent de Dieu. Deuxièmement, puisque Dieu nous aime et veut notre bonheur, la désobéissance au plan qu’Il a pour nous nous rendra nécessairement malheureux. Les statistiques mondiales confirment cette logique céleste : chacun des péchés qui dénaturent l’amour sexuel entraîne une kyrielle de misères. Prenons le divorce, qui est un suicide de l’unique chair créée par le mariage : il entraîne la destruction du fondement le plus indispensable de la société, qui est la famille, et sème inévitablement dans l’ensemble de la société les mêmes fléaux destructeurs que chez ses victimes immédiates, des millions d’enfants : un esprit dur et cynique, la perte de la sécurité, de la confiance dans les personnes, dans les promesses et dans l’aventure de l’amour désintéressé. Troisièmement, les péchés sexuels ont des effets évidents et radicaux sur la santé : l’épidémie de maladies transmissibles sexuellement qui touche maintenant plus de la moitié des gens sexuellement actifs, la crainte du SIDA et le taux d’infertilité croissant. Mais la conséquence physique la plus frappante de la -7-


« révolution sexuelle », c’est la mort. Le nombre des victimes humaines de l’holocauste de l’avortement en une seule génération, dans la plupart des pays occidentaux, dépasse déjà largement celui de toutes les guerres de leur histoire. Il est grand temps de nous tourner vers la solution offerte par Dieu. 3. Le besoin d’élargir nos perspectives : quelques principes de base Les controverses ont le don de rétrécir notre vision. On ne peut généralement les résoudre qu’en prenant du recul et en élargissant notre perspective, particulièrement en examinant les fondements. Voici les fondements de la morale sexuelle catholique : — Dieu comme Créateur et inventeur de la sexualité; — la place centrale de l’amour (la nature même de Dieu) et le besoin de bien la comprendre par-dessus tout; — le caractère sacré de la matière, du corps, de la procréation et de l’amour sexuel en tant qu’image de l’amour divin; — la primauté de la famille; — l’Église comme prolongement du Christ, et son autorité doctrinale comme prolongement de celle du Christ; — la raison d’être, intrinsèque et voulue par Dieu, de la sexualité, soit la procréation de nouvelles personnes éternelles dans la famille de Dieu; — par-dessus tout, la sexualité comme signe de la bonté de la vie. Chaque bébé conçu est un signe que Dieu ne désespère pas de l’homme. Il n’est pas le simple produit automatique de la nature, mais un acte délibéré de Dieu. Dieu crée une âme quand nous faisons un corps. Il n’y est pas forcé; Il choisit de le faire. 4. La sexualité n’est pas seulement physique « La sexualité affecte tous les aspects de la personne humaine, dans l’unité de son corps et de son âme. » (CÉC 2332). Elle n’est pas seulement biologique comme chez les animaux, pas plus que le boire et le manger ne sont seulement biologiques comme chez les -8-


animaux. Notre identité sexuelle englobe notre âme, notre personnalité, notre esprit. Il existe vraiment un « esprit féminin » et un « esprit masculin » aussi bien qu’un corps féminin ou masculin, car nous sommes une unité psychosomatique (unité comprenant l’âme et le corps). Si on considère l’âme et l’esprit de quelqu’un comme n’étant ni masculins ni féminins, on sépare artificiellement l’âme et le corps, comme le faisaient les anciens gnostiques; il en va de même si on envisage l’âme comme un fantôme asexué dans une mécanique plutôt que comme la vie et la forme du corps et si on voit la masculinité et la féminité comme une réalité simplement biologique et animale. 5. La complémentarité Ce n’est pas par accident que les contraires s’attirent, sexuellement comme en électromagnétique. « La différence et la complémentarité » (CÉC 2333) règnent entre les sexes. L’homme et la femme sont différents par nature et par vouloir divin, pas seulement par convention sociale. Leurs différences existent en vue de l’union : chacun est pour l’autre. Dieu a estimé qu’« [i]l n’est pas bon que l’homme soit seul » (Genèse 2, 18), car Lui-même n’est pas seul, mais une société trinitaire. « Chacun des deux sexes est, avec une égale dignité, quoique de façon différente, image de la puissance et de la tendresse de Dieu. » (CÉC 2335) La puissance est naturellement plus évidente chez l’homme, la tendresse l’est davantage chez la femme, mais un homme complet est également tendre et une femme complète est également puissante. 6. La sexualité, image de Dieu Aussitôt que l’Écriture mentionne l’« image de Dieu », elle mentionne la sexualité : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. » (Genèse 1, 27) La sexualité est une image de Dieu du fait qu’elle reflète la Trinité : comme Dieu est à la fois un et trois, les époux sont deux tout en étant un. La relation remonte jusqu’au sommet, jusqu’à la divinité. -9-


Plus précisément, les relations familiales remontent jusqu’au sommet. À partir d’un niveau du mystère (la complémentarité biologique et psychologique), nous remontons à un autre, la famille humaine en tant qu’« église domestique »2 (CÉC 2204), puis à un autre encore, l’Église en tant que « la famille de Dieu », pour atteindre enfin le plus élevé et le plus saint de tous les mystères, la nature de la Réalité ultime, la nature de Dieu; nous découvrons alors que celle-ci est également une famille, la « famille divine » de la Trinité. C’est partout le même mystère aux divers paliers. L’Église voit le mystère de la sexualité dans ce contexte plus large; souvent nous ne l’y voyons pas. C’est la plus grande raison pour laquelle sa sagesse contredit souvent la nôtre. 7. Le mariage personnalise la sexualité « La sexualité, en laquelle s’exprime l’appartenance de l’homme au monde corporel et biologique, devient personnelle et vraiment humaine lorsqu’elle est intégrée dans la relation de personne à personne, dans le don mutuel entier et temporellement illimité de l’homme et de la femme » (CÉC 2337) (voilà les cinq ingrédients essentiels du mariage). Le mariage est un don de soi total, qui englobe le corps physique et la volonté spirituelle. Les amants trouvent leur joie la plus profonde dans la découverte de cette intimité, dans le fait de se donner vraiment l’un à l’autre leur personne même et pas seulement leur temps, leurs biens matériels, leur travail, leur bienveillance et leurs plaisirs. Les relations sexuelles accomplissent ce don de soi de la manière la plus intime et la plus complète. Elles sont en effet un échange entre des personnes complètes et non seulement entre des corps animaux. « “La sexualité, par laquelle l’homme et la femme se donnent l’un à l’autre par les actes propres et exclusifs des époux, n’est pas quelque chose de purement biologique, mais concerne la personne humaine dans ce qu’elle a de plus intime.” »1 (CÉC 2361) C’est pourquoi « “[l]es actes qui réalisent l’union intime […] des époux sont des actes honnêtes et dignes. Vécus d’une manière vraiment humaine, ils signifient et favorisent le don réciproque” »2 (CÉC 2362). Remarquons la ressemblance surprenante de ce propos -10-


avec la définition d’un sacrement donnée par l’Église : signe qui réalise ou favorise effectivement ce qu’il signifie. 8. Relation entre sexualité et mariage La doctrine de l’Église sur la relation entre sexualité et mariage est très simple et très claire. C’est la même que celle du judaïsme orthodoxe et de l’islam, et cette doctrine n’a jamais changé : « l’acte sexuel doit prendre place exclusivement dans le mariage; en dehors de celui-ci, il constitue toujours un péché grave et exclut de la communion sacramentelle » (CÉC 2390) tant qu’il n’est pas regretté et pardonné dans la confession sacramentelle. 9. La chasteté Le mot unique qui désigne toutes les vertus sexuelles par opposition à tous les vices sexuels est « chasteté ». La chasteté n’est pas la même chose que l’abstinence (absence de rapports sexuels), car elle inclut les bons rapports sexuels entre époux. Elle signifie la pureté : sexualité pure, sans flétrissure, droite, non déviée. Puisque nous sommes tous tentés par la sexualité déviée, la chasteté exige le contrôle et la maîtrise de soi. Elle n’est pas un « refoulement » ou un « esclavage »; en fait, elle est le seul chemin de la liberté. « La chasteté comporte un apprentissage de la maîtrise de soi, qui est une pédagogie de la liberté humaine. L’alternative est claire : ou l’homme commande à ses passions et obtient la paix, ou il se laisse asservir par elles et devient malheureux.1 “La dignité de l’homme exige de lui qu’il agisse selon un choix conscient et libre, mû et déterminé par une conviction personnelle et non sous le seul effet de poussées instinctives ou d’une contrainte extérieure.” »2 (CÉC 2339) La chasteté est aussi une forme de charité. « La charité est la forme [l’essence] de toutes les vertus. Sous son influence, la chasteté apparaît comme [un …] don de la personne » (CÉC 2346), ou un don de soi, au cœur même de la charité. -11-


10. La chasteté nécessite l’aide de la société « La chasteté représente une tâche éminemment personnelle, [mais] elle implique aussi un effort culturel, car il existe une “interdépendance entre l’essor de la personne et le développement de la société elle-même”. »6 (CÉC 2344) Une bonne société ne peut avoir d’autre source que de bonnes personnes, et inversement, l’un des plus puissants facteurs qui aident à faire de bonnes personnes est une bonne société. Si une bonne société est « une société qui rend facile d’être bon » [traduction] (Peter Maurin), la société occidentale moderne n’est pas une bonne société, surtout pour ce qui concerne la chasteté. 11. Les péchés contre la chasteté Le Catéchisme énumère six péchés spécifiques contre la chasteté : 1) la luxure, 2) la masturbation, 3) la fornication, 4) la pornographie, 5) la prostitution et 6) le viol. 1) « La luxure est un désir désordonné […] du plaisir vénérien. [… Il] est moralement désordonné, quand il est recherché pour lui-même, isolé des finalités de procréation et d’union. » (CÉC 2351; cf. CÉC 2528) La luxure n’est pas le plaisir sexuel comme tel, ni la joie qu’on y trouve, ni le désir de l’avoir dans son juste contexte. Contrairement à ce que le monde pense, l’Église enseigne que le plaisir sexuel est bon et non mauvais, car c’est Dieu qui a inventé la sexualité et son plaisir. « “Le Créateur luimême (…) a établi que dans cette fonction [de génération] les époux éprouvent un plaisir et une satisfaction du corps et de l’esprit.” »3 (CÉC 2362) Il est naturel et juste qu’un grand plaisir accompagne de grandes choses, et l’acte sexuel humain est une grande chose du fait de ses deux grands buts essentiels : 1) l’union de l’homme et de la femme en une seule chair, corps et âme, dans le don réciproque de soi; 2) la procréation de nouvelles personnes qui portent l’image même de Dieu et qui existeront pour toujours. Il -12-


n’existe aucun acte dans lequel l’homme reçoit une aussi grande part de la puissance créatrice de Dieu. L’essence de la sexualité, comme celle de toute chose conçue par une intelligence, réside dans sa fin. La luxure, comme tout autre péché, doit être considérée dans ce contexte. Elle dissocie les deux choses que le dessein de Dieu a unies : elle recherche le plaisir sans la fin. Les pensées et les sentiments spontanés ne sont pas des péchés tant que la volonté ne les accepte pas et n’y consent pas. Les pensées et les sensations d’excitation sexuelle ne sont pas de la luxure; celle-ci consiste à vouloir ces pensées et ces sensations rien que pour le plaisir, sans les fins de l’union matrimoniale (don de sa personne et procréation). 2) « Par la masturbation, il faut entendre l’excitation volontaire des organes génitaux, afin d’en retirer un plaisir vénérien. “Dans la ligne d’une tradition constante, tant le Magistère [l’autorité enseignante] de l’Église que le sens moral des fidèles ont affirmé sans hésitation que la masturbation est un acte intrinsèquement et gravement désordonné.” “Quel qu’en soit le motif, l’usage délibéré de la faculté sexuelle en dehors des rapports conjugaux normaux en contredit la finalité.” »1 (CÉC 2352) La masturbation est un mal pour la même raison que la luxure est un mal, avec un acte physique qui s’ajoute ici à l’acte mental : « La jouissance sexuelle y est recherchée en dehors de “la relation sexuelle […] qui réalise […] la donation mutuelle et […] la procréation humaine”. »1 (CÉC 2352) Toutefois, « [p]our former un jugement équitable sur la responsabilité morale des sujets […], on tiendra compte de l’immaturité affective [émotionnelle], de la force des habitudes contractées, de l’état d’angoisse ou des autres facteurs psychologiques ou sociaux » (CÉC 2352). Ce péché, comme la luxure, est très courant; en ce sens, il est « naturel ». Mais cela ne le rend pas juste ou innocent, -13-


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pas plus que l’égoïsme n’est innocent parce qu’il est courant. La loi naturelle n’est pas tirée de l’observation du comportement habituel des gens, mais de la manière dont leur nature humaine est accomplie et respectée. « La fornication est l’union charnelle en dehors du mariage entre un homme et une femme libres. Elle est gravement contraire à la dignité des personnes et de la sexualité humaine naturellement ordonnée au bien des époux ainsi qu’à la génération et à l’éducation des enfants. » (CÉC 2353) L’adultère est un mal encore plus grave parce qu’au moins une des parties est mariée à quelqu’un d’autre (voir le paragraphe 16). (En passant, les mots « grave » et « dignité » ne signifient pas une attitude pompeuse et sans humour. De bons rapports sexuels peuvent comporter un humour très sain. Le sens de « dignité » est plutôt « noblesse, grand honneur », et celui de « grave » est « considérable, énorme ». « La pornographie consiste à retirer les actes sexuels, réels ou simulés, de l’intimité des partenaires pour les exhiber à de tierces personnes de manière délibérée. […] [E]lle dénature l’acte conjugal, don intime des époux l’un à l’autre. […] Elle est une faute grave. Les autorités civiles doivent empêcher la production et la distribution de matériaux pornographiques. » (CÉC 2354) « La prostitution porte atteinte à la dignité de la personne qui se prostitue, réduite au plaisir vénérien que l’on tire d’elle. […] La prostitution constitue un fléau social. Il touche habituellement des femmes, mais aussi des hommes, des enfants ou des adolescents (dans ces deux derniers cas, le péché se double d’un scandale). S’il est toujours gravement peccamineux de se livrer à la prostitution, la misère, le chantage et la pression sociale peuvent atténuer l’imputabilité de la faute. » (CÉC 2355) « Le viol désigne l’entrée par effraction, avec violence, dans l’intimité sexuelle d’une personne. […] Le viol blesse


profondément le droit de chacun au respect, à la liberté, à l’intégrité physique et morale. Il crée un préjudice grave, qui peut marquer la victime sa vie durant. Il est toujours un acte intrinsèquement mauvais. Plus grave encore est le viol commis de la part des parents (cf. inceste) ou d’éducateurs envers les enfants qui leur sont confiés. » (CÉC 2356) 12. Homosexualité « L’homosexualité désigne les relations [sexuelles] entre des hommes ou des femmes qui éprouvent une attirance sexuelle […] envers des personnes du même sexe. Elle revêt des formes très variables à travers les siècles et les cultures. Sa genèse psychique reste largement inexpliquée. S’appuyant sur la Sainte Écriture, qui les présente comme des dépravations graves,1 la Tradition a toujours déclaré que “les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés”. 2 Ils sont contraires à la loi naturelle. Ils ferment l’acte sexuel au don de la vie. Ils ne procèdent pas d’une complémentarité affective et sexuelle véritable [c’est-à-dire qu’ils refusent l’altérité inscrite dans la sexualité par le dessein divin]. Ils ne sauraient recevoir d’approbation en aucun cas. » (CÉC 2357) La doctrine de l’Église ne laisse aucune place au doute, à l’imprécision et au changement quant au fait que les actes homosexuels sont objectivement des péchés. Toutefois, de meilleures connaissances psychologiques et biologiques nous imposent de juger beaucoup moins sévèrement la culpabilité subjective des personnes homosexuelles. « Cette propension, objectivement désordonnée, constitue pour la plupart d’entre eux une épreuve. […] Ils doivent être accueillis avec respect, compassion et délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste. » (CÉC 2358) Il s’impose également de faire une nette distinction entre les désirs homosexuels, ou l’orientation sexuelle, et les actes homosexuels. Nous sommes responsables des actes que nous choisissons d’accomplir, mais pas des désirs que nous éprouvons (à moins que -15-


nous ne les voulions librement ou n’y consentions). Les désirs homosexuels sont désordonnés, mais ils ne sont pas des péchés. « Les personnes homosexuelles sont appelées à la chasteté » (CÉC 2359), tout comme les hétérosexuels. Elles ont besoin de la vertu de maîtrise de soi, tout comme les hétérosexuels, pour surmonter l’attrait puissant du désir de plaisirs illicites. Elles peuvent aussi être des chrétiens sérieux, et même des saints, tout comme les hétérosexuels. Toutefois, nous devons faire la distinction entre les personnes qui éprouvent des désirs homosexuels et celles qui choisissent d’embrasser le style de vie homosexuel (des « gais et lesbiennes »). « Dignité » est une organisation de « catholiques homosexuels » qui justifient leurs actes homosexuels et cherchent à changer l’enseignement immuable de l’Église qui condamne ces actes. « Courage » est une organisation de catholiques homosexuels qui s’appuient mutuellement dans un effort sincère pour mener une vie chaste en étant fidèles au Christ et à son Église. La différence entre les deux illustre la différence fondamentale entre deux genres de morale (sur n’importe quel sujet et non seulement sur l’homosexualité) : le premier genre cherche à plier l’enseignement de l’Église du Christ aux désirs humains déchus et aux styles de vie de péché; le deuxième cherche à soumettre la vie humaine aux enseignements de l’Église du Christ. Le premier groupe traite l’Église comme son élève; le deuxième la traite comme son maître. 13. Le contrôle des naissances Ce qu’on appelle généralement le « contrôle des naissances » est en fait la prévention des naissances, à laquelle l’Église s’oppose. L’enseignement de l’Église est essentiellement le suivant : 1) la naissance est une merveille; 2) le contrôle des naissances peut être légitime; 3) mais la prévention des naissances (la contraception) ne l’est pas. Il faut comprendre chaque point à la lumière du précédent. 1) « La fécondité est un don, une fin du mariage, car l’amour conjugal tend naturellement à être fécond. L’enfant ne vient pas de l’extérieur s’ajouter à l’amour -16-


mutuel des époux [et il n’est pas un « accident »!]; il surgit au cœur même de ce don mutuel, dont il est un fruit et un accomplissement. » (CÉC 2366) 2) Le contrôle des naissances est légitime si deux critères sont respectés : une intention subjectivement bonne, et des moyens, une manière ou une méthode de régulation des naissances objectivement bons. « Pour de justes raisons,7 les époux peuvent vouloir espacer les naissances de leurs enfants. Il leur revient de vérifier que leur désir ne relève pas de l’égoïsme mais est conforme à la juste générosité d’une paternité responsable. En outre ils régleront leur comportement suivant les critères objectifs de la moralité […] “[En effet,] la moralité du comportement ne dépend pas de la seule sincérité de l’intention et de la seule appréciation des motifs; mais elle doit être déterminée selon des critères objectifs, tirés de la nature même de la personne et de ses actes” » 1 (CÉC 2368). « [L]es méthodes de régulation des naissances fondées sur l’auto-observation et le recours aux périodes infécondes 3 sont conformes aux critères objectifs de la moralité. Ces méthodes respectent le corps des époux » (CÉC 2370). La planification familiale naturelle (PFN) est une telle méthode. Elle est beaucoup plus fiable que l’ancienne « abstinence périodique », son taux de succès est égal à celui de « la pilule », et elle favorise une intimité et une communication si grande chez ceux qui l’utilisent qu’ils ont un taux de divorce de 1 p. cent comparativement à 50 p. cent dans la société en général. 3) « [L]’Église, qui “prend parti pour la vie”,2 enseigne […] que “tout acte matrimonial doit rester par soi ouvert à la transmission de la vie”. »3 (CÉC 2366; Humanae Vitae) L’homme peut profiter des périodes infertiles inscrites dans la nature par Dieu, mais il ne peut pas essayer de réaménager lui-même la fertilité et -17-


de frustrer sa fertilité pour empêcher la venue de Dieu. La contraception est une « protection » contre Dieu. Chaque conception, en effet, est un acte de Dieu et non seulement celui d’un homme et d’une femme. Nous ne faisons que procréer; Dieu crée une nouvelle âme immortelle à chaque conception. « “[Q]ue tous sachent bien que la vie humaine et la charge de la transmettre ne se limitent pas aux horizons de ce monde et n’y trouvent ni leur pleine dimension, ni leur plein sens, mais qu’elles sont toujours à mettre en référence avec la destinée éternelle des hommes” »6 (CÉC 2371). L’acte sexuel est comme la consécration de l’Eucharistie, et pratiquer la contraception, c’est comme prononcer les paroles de la consécration tout en l’empêchant délibérément d’avoir lieu (par exemple en n’ayant pas de pain). Ce que la contraception empêche délibérément n’est pas un « accident », mais un acte de Dieu. « “Cette doctrine, plusieurs fois exposée par le Magistère, est fondée sur le lien indissoluble que Dieu a voulu et que l’homme ne peut rompre de son initiative entre les deux significations de l’acte conjugal : union et procréation.” »4 (CÉC 2366) L’acte veut dire : « Je te donne tout mon être, sans rien en retenir », et aussi : « Nous procréons par cet acte ». Le « langage du corps » dit dans l’acte sexuel une parole qui exprime, par son essence même, l’union dans un don réciproque et l’ouverture à la procréation. La contraception est un mensonge : on dit une chose avec son corps et le contraire avec le moyen contraceptif. Le corps dit : « Que vienne une nouvelle vie », alors que le moyen contraceptif dit : « Que la vie soit empêchée ». « “Au langage qui exprime naturellement la donation réciproque et totale des époux, la contraception oppose un langage objectivement contradictoire selon lequel il ne s’agit plus de se donner totalement l’un à l’autre. Il en découle non seulement le refus positif de l’ouverture à la vie, mais aussi une falsification de la vérité interne de l’amour conjugal, appelé à être un don de la personne tout entière.” »5 (CÉC 2370) -18-


Même si on ne comprend pas pleinement toute cette doctrine par la raison, on doit y croire par la foi, car le fait d’être catholique suppose nécessairement l’adhésion à certaines croyances en raison de l’autorité divine et non de la nôtre. C’est l’un des aspects de la foi. Même si les sondages montrent qu’un pourcentage élevé des catholiques sont en désaccord avec la doctrine de l’Église, par leur croyance et par leur pratique, sur cette question ou sur toute autre, Dieu ne change pas d’idée et de volonté pour se soumettre aux sondages d’opinion. Nous ne L’avons pas élu comme Dieu et nous ne pouvons pas voter pour Le démettre de cette charge. 14. Les familles nombreuses La décision concernant la taille de la famille appartient de droit aux parents, et la régulation responsable des naissances par des méthodes naturelles est une bonne chose. Ce n’est pas tout le monde qui peut ou qui devrait avoir beaucoup d’enfants. Toutefois, « [l]a Sainte Écriture et la tradition de l’Église voient dans les familles nombreuses un signe de la bénédiction divine et de la générosité des parents »8 (CÉC 2373). Les familles nombreuses sont un autre signe de la différence radicale entre la vision du Dieu de vie et la « culture de mort ». 15. Les péchés contre la procréation « Les techniques qui provoquent une dissociation des parentés, par l’intervention d’une personne étrangère au couple (don de sperme ou d’ovocyte, prêt d’utérus) sont gravement déshonnêtes. Ces techniques (insémination et fécondation artificielles hétérologues) lèsent le droit de l’enfant à naître d’un père et d’une mère connus de lui et liés entre eux par le mariage. » (CÉC 2376) « Pratiquées au sein du couple, ces techniques (insémination et fertilisation artificielles homologues) sont peut-être moins préjudiciables, mais elles restent moralement irrecevables. Elles dissocient l’acte sexuel de l’acte procréateur. L’acte fondateur de l’existence de l’enfant n’est plus un acte par lequel deux personnes se donnent l’une à l’autre, il “remet la vie et l’identité de l’embryon au pouvoir des médecins et des biologistes, et instaure une -19-


domination de la technique sur l’origine et la destinée de la personne humaine. Une telle relation de domination est de soi contraire à la dignité et à l’égalité qui doivent être communes aux parents et aux enfants”. » 3 (CÉC 2377) La procréation devient ainsi fabrication, et les personnes (les enfants) sont réduites au rang d’objets. 16. L’adultère L’adultère est gravement immoral pour au moins trois raisons. 1) « L’adultère est une injustice. Celui qui le commet manque à ses engagements. Il […] lèse le droit de l’autre conjoint » (CÉC 2381). 2) Il blesse le lien matrimonial et porte atteinte à l’institution du mariage. 3) « Il compromet le bien […] des enfants qui ont besoin de l’union stable des parents. » (CÉC 2381) Celui qui commet l’adultère pèche contre son conjoint, sa société et ses enfants, et aussi contre son corps et son âme. 17. Le divorce L’Église ne peut pas permettre le divorce, comme le font presque toutes les églises protestantes, parce qu’elle n’a pas l’autorité de contredire le Christ son Maître (voir Matthieu 5, 31-32; 19, 3-9; Marc 10, 9; Luc 16, 18.) « Le Seigneur Jésus a insisté sur l’intention originelle du Créateur qui voulait un mariage indissoluble.4 Il abroge les tolérances [en faveur du divorce] qui s’étaient glissées dans la Loi ancienne [juive]. »5 (CÉC 2382) Par fidélité à son Maître, l’Église enseigne que « “le mariage conclu et consommé [entre deux chrétiens baptisés] ne peut être dissous par aucune puissance humaine ni pour aucune cause, sauf par la mort”. » 6 (CÉC 2382) Le fait que l’Église interdit le divorce ne peut se comprendre qu’à la lumière de sa doctrine du mariage. L’aspect le plus important de cette doctrine, et l’un plus difficiles à comprendre et à accepter pour beaucoup de gens aujourd’hui, est que le mariage n’est pas une -20-


invention humaine. Son essence interne propre est immuable, comme tout autre fait naturel, parce qu’elle a été conçue par Dieu. Un aspect de son essence est l’indissolubilité. Une fois que deux personnes contractent librement un mariage et deviennent une seule chair, cette chair ne peut être décomposée ou dissoute pour « aucune cause, sauf par la mort ». Elle est comme un enfant : la réalité objective ne nous offre carrément pas le choix de la supprimer avant la mort. Autrement dit, le divorce n’est pas seulement un mal, mais il est aussi une illusion, une chimère. La seule chair a une réalité aussi objective et pas plus négociable qu’un rhinocéros. Elle peut être bonne ou mauvaise, heureuse ou triste, mais elle est réelle. Nous pouvons la maquiller ou ne pas en tenir compte, mais elle continue d’exister même si nous la déclarons morte par un divorce. Sa perpétuité ne dépend pas de notre volonté ou de notre amour. « Le divorce est une offense grave à la loi naturelle. Il prétend briser le contrat librement consenti par les époux de vivre l’un avec l’autre jusqu’à la mort. » (CÉC 2384) Il est le premier exemple de promesse brisée, comme le mariage est le premier exemple de promesse tenue et la première image humaine de l’alliance de Dieu avec nous. Nous sommes le peuple d’un Dieu fidèle, non d’un Dieu qui trahit la confiance. « Le fait de contracter une nouvelle union, fût-elle reconnue par la loi civile, ajoute à la gravité de la rupture : le conjoint remarié se trouve alors en situation d’adultère public et permanent » (CÉC 2384). L’Église ne serait pas compatissante si elle permettait le divorce. Elle interdit le divorce précisément parce qu’elle est compatissante : elle sait que le divorce « entraîne des préjudices graves : pour le conjoint, qui se trouve abandonné; pour les enfants, traumatisés par la séparation des parents, et souvent tiraillés entre eux; pour son effet de contagion, qui en fait une véritable plaie sociale » (CÉC 2385). Les enfants du divorce trouvent beaucoup plus difficile d’avoir un mariage stable. Le « non » de l’Église au divorce donne aux catholiques qui se marient (et à leurs enfants) un formidable sentiment de sécurité. Dans une société où la moitié des mariages -21-


aboutissent au divorce, l’Église bloque miséricordieusement la voie vers cette tragédie. Comme sa doctrine sur la contraception, la doctrine de l’Église sur le divorce est rejetée par bien des gens aujourd’hui, en principe et en pratique, et constitue une épreuve pour la foi, car la foi croit que la parole de Dieu pour nous est vraie et bonne pour nous parce qu’elle est conçue par l’amour et la sagesse de Dieu, même quand nous ne la comprenons pas. La foi autorise la révélation de Dieu à corriger et à instruire notre esprit humain faillible et notre volonté humaine déchue, car elle comprend que la sagesse de Dieu contredit nécessairement celle de l’homme, à moins que l’homme et sa culture ne soient pas déchus. Le christianisme catholique va toujours contre la culture de quelque façon. Par exemple, l’interdiction de la polygamie par l’Église est tout aussi contraire à la culture africaine que son interdiction du divorce en Amérique du Nord. Chaque culture humaine, comme chaque être humain, est aveugle à certaines réalités. Dieu nous a donné son Église, entre autres raisons, pour nous corriger et nous instruire. Toutefois, l’Église autorise trois choses qui sont souvent considérées à tort comme des divorces. Une séparation n’est pas un divorce et est justifiée dans des cas extrêmes comme la violence familiale. Une annulation n’est pas un divorce, mais la constatation du fait qu’il n’y a jamais eu de mariage valide pour commencer, parce que l’un des éléments essentiels qui constituent un mariage valide faisait défaut au départ. Même si les annulations ont pu être trop nombreuses et avoir fait l’objet d’abus en pratique, surtout en Amérique du Nord, elles demeurent valables en principe, comme les indulgences (voir la partie II, section 5, paragraphe 19). Un divorce civil n’est pas non plus un divorce reconnu par l’Église. C’est pourquoi, « [s]i le divorce civil reste la seule manière possible d’assurer certains droits légitimes, le soin des enfants ou la défense du patrimoine, il peut être toléré sans constituer une faute morale » (CÉC 2383). Ce que l’État entend par mariage est très différent de ce qu’entend l’Église. -22-


18. Le neuvième commandement Le neuvième commandement (Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain) ajoute une dimension intérieure au sixième (Tu ne commettras pas d’adultère), tout comme le dixième commandement (Tu ne convoiteras pas les biens de ton prochain) ajoute une dimension intérieure au septième (Tu ne commettras pas de vol). Dès l’Ancien Testament, Dieu a révélé qu’Il ne veut pas seulement des actions moralement bonnes, mais aussi des cœurs moralement bons, car l’Amour n’est pas satisfait par les seules actions extérieures. 19. Qu’est-ce que le « cœur »? Le neuvième commandement interdit un acte du cœur (convoiter le conjoint de son prochain). Le coeur est le terme employé dans l’Écriture pour désigner le centre même de l’âme, comme le cœur physique est le centre et la source du sang qui donne la vie au corps. Le cœur est plus profond que les sensations, les émotions ou les sentiments. Il est aussi plus profond que la pensée, car il est la source des pensées aussi bien que des sentiments. Salomon nous conseille : « Garde ton cœur en toute vigilance car de lui dépendent les limites de la vie. » (Proverbes 4, 23) « Le cœur est le siège de la personnalité morale : “C’est du cœur que viennent intentions mauvaises, meurtres, adultères et inconduites” (Matthieu 15, 19) [aussi bien que les bonnes pensées, la charité, la pureté et l’honneur]. La lutte contre la convoitise charnelle passe par la purification du cœur » (CÉC 2517). Nous devons remonter plus haut que les actes; nous devons « captur[er] toute pensée pour la conduire à l’obéissance selon le Christ » (2 Corinthiens 10, 5). 20. La « concupiscence » Le fait de convoiter la femme ou le mari de son prochain ressemble au fait de les désirer de façon impure. Nous en sommes responsables parce que nous choisissons de le faire ou non. Il n’y a pas de péché sans libre choix. Il faut distinguer la convoitise de la concupiscence, qui n’est pas notre libre choix mais notre condition (comme le péché originel est notre condition et chaque péché actuel est notre choix). La -23-


concupiscence est le « mouvement de l’appétit sensible qui contrarie l’œuvre de la raison humaine » (CÉC 2515). Ce que la raison rejette, la concupiscence l’embrasse. La concupiscence « vient de la désobéissance du premier péché.4 Elle dérègle les facultés morales de l’homme et, sans être une faute en elle-même, incline ce dernier à commettre des péchés »5 (CÉC 2515). Nul ne peut éviter la concupiscence, mais nous pouvons éviter d’y obéir et d’être dominés par elle. Elle est une sorte de carcan autour du cou, mais elle n’est pas forcément notre maître. 21. Le corps et la chair « “[I]l ne s’agit pas de mépriser et de condamner le corps” » (CÉC 2516); l’Écriture condamne « la chair » (sarx, sakra) et non le corps (soma). Le corps est création de Dieu; la « chair » vient de la chute de l’homme. Les « œuvres de la chair » énumérées en Galates 5, 19-21 comprennent des péchés non corporels comme l’idolâtrie, la jalousie et l’envie. Les idéaux élevés de la morale sexuelle catholique proviennent précisément d’une vision noble, et non vile, du corps comme « temple de l’Esprit Saint » (1 Corinthiens 6, 19). 22. La pudeur La chasteté et la pureté sont essentiellement invariables en tout temps et en tout lieu. On doit les distinguer de la pudeur (le fait d’éviter les actes, les paroles et l’habillement sexuellement provocants), qui varie selon les cultures. « Les formes revêtues par la pudeur varient d’une culture à l’autre. Partout, cependant, elle reste le pressentiment d’une dignité spirituelle propre à l’homme [et à la sexualité humaine] » (CÉC 2524). La pudeur aide grandement à la chasteté. 23. Récompenses accordées à la chasteté « La sixième béatitude proclame : “Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu” (Matthieu 5, 8). Les “cœurs purs” désignent ceux qui ont accordé leur intelligence et leur volonté aux exigences de la sainteté de Dieu, principalement en trois domaines : la charité,3 la chasteté ou rectitude sexuelle,4 l’orthodoxie -24-


ou rectitude de la foi.5 Il existe un lien entre la pureté du cœur, du corps et de la foi : “en purifiant leur cœur, [les fidèles] comprennent ce qu’ils croient” »6 (CÉC 2518). « Aux “cœurs purs” est promis de voir Dieu face à face et de Lui être semblables.7 La pureté du cœur est le préalable à la vision. Dès aujourd’hui, elle nous donne de voir selon Dieu » (CÉC 2519). « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point » (Pascal); c’est l’amant qui comprend le mieux le bien-aimé, humain ou divin. C’est pourquoi les saints sont plus sages que les simples théologiens; l’amour pur permet la connaissance pure. 24. Quelques conseils pratiques Aujourd’hui, comme jamais auparavant, beaucoup pensent que ces deux commandements, contrairement à tous les autres, sont irréalistes, trop difficiles ou même impossibles à observer. Ils sont effectivement difficiles, mais non impossibles. Nous ne devrions pas être surpris que l’obéissance nous soit difficile, puisque chaque âme humaine est un champ de bataille entre le bien et le mal, entre l’amour et ses falsifications. Mais Dieu ne demande pas l’impossible. Les saints offrent des instructions pratiques, des armes spirituelles pour triompher de tout péché, et spécialement des péchés sexuels, contre lesquels l’homme moderne semble avoir le plus besoin d’aide : 1. La première exigence est l’humilité. Nous devons admettre que nous ne pouvons pas réussir par nousmêmes. Nous devons avouer, avec saint Paul : « Je sais que le bien n’habite pas en moi, je veux dire dans l’être de chair que je suis » (Romains 7, 18), mais nous devons aussi confesser que « [j]e peux tout en Celui qui me rend fort » (Philippiens 4, 13). Saint Thomas d’Aquin dit que souvent Dieu nous retire sa grâce et nous laisse tomber dans des péchés évidents afin de prévenir notre chute, plus ruineuse, dans le péché plus subtil et plus grave de l’orgueil et de la suffisance. -25-


2. Nous devons aussi adhérer à la vérité sans compromis et exiger de nous-mêmes une honnêteté totale, sans cacher ni fuir la lumière, si incommode soit-elle (voir la partie III, section 10). 3. Le sacrement de la Réconciliation est notre arme la plus puissante contre tout péché. Satan le déteste et le craint, de même que l’Eucharistie, plus que tout au monde. 4. Nous devons faire quelque chose, et pas seulement attendre que les tentations surgissent. Nous pouvons mener une guerre spirituelle offensive, et non seulement défensive, et aller de l’avant au lieu de simplement réagir, en faisant des pénitences volontaires choisies de bon cœur par souci de l’honneur de Dieu. 5. Nous devons prendre la résolution de tout donner à Dieu, y compris nos toutes premières pensées (2 Corinthiens 10, 5). « En effet, « semez une pensée, vous récolterez une action; semez une action, vous récolterez une habitude; semez une habitude, vous récolterez un caractère; semez un caractère, vous récolterez une destinée » [traduction]. 6. Saint Thomas d’Aquin dit que « la seule chose assez puissante pour surmonter un mauvais désir est un bon désir plus fort » [traduction]. C’est l’amour, et non la crainte et la répulsion, qui peut triompher de la luxure. C’est l’amour du ciel, et non le dégoût de la terre, qui triomphe de l’amour terrestre désordonné. 7. Le Christ, du haut de la croix, nous a donné sa Mère, la Bienheureuse Vierge Marie (Jean 19, 26-27), comme mère et comme modèle. Les images d’une sainte maternité sont des armes contre l’impureté. 8. Souvenons-nous qu’il n’y a pas de crimes sans victimes et que, chaque fois que nous affaiblissons notre âme, nous blessons le Corps du Christ et chacun de ses membres, y compris ceux que nous aimons le plus. -26-


9. Comme dans toute lutte longue et difficile, il faut prendre « une journée à la fois » et une étape à la fois. Le seul problème réel est celui du moment présent; laissons demain et hier prendre soin d’eux-mêmes. 10. Souvenons-nous qui nous sommes : des enfants de Dieu, payés par le Sang du Christ et destinés au ciel. Nous agissons selon notre sentiment d’identité : « Ne le savez-vous pas? Vos corps sont les membres du Christ. Vais-je donc prendre les membres du Christ pour en faire les membres d’une femme de débauche? » (1 Corinthiens 6, 15) 11. Souvenons-nous où nous allons : « Considérez la fin. » Rares sont les péchés que l’homme veut commettre sur son lit de mort; mais nous sommes sur notre lit de mort dès notre naissance. 12. Souvenons-nous où nous sommes : sur un champ de bataille, pas dans un fauteuil. Si je suis chrétien, je suis un guerrier spirituel. 13. Souvenons-nous que le combat est particulièrement urgent aujourd’hui, pendant que l’Église du Christ affronte une culture de mort. 14. N’oublions pas qui est l’ennemi : « Ce n’est pas à l’homme que nous sommes affrontés, mais aux Autorités, aux Pouvoirs, aux Dominateurs de ce monde de ténèbres, aux esprits du mal qui sont dans les cieux. » (Éphésiens 6, 12) 15. Souvenons-nous que le Bien est infiniment plus fort que le Mal. Souvenons-nous que Satan a été vaincu définitivement et pour toujours par l’œuvre du Christ, accomplie pour nous sur la croix. Cherchons dans la croix notre refuge. Le point le plus important de toute la morale sexuelle est Jésus-Christ. Il est la Parole (la Pensée) de Dieu, qui a inventé la sexualité; c’est Lui qui, par amour, a donné son Sang comme prix de notre pardon pour avoir abusé de ses desseins; c’est Lui qui -27-


nous assure, dans ses derniers mots prononcés sur la terre : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Matthieu 28, 20) ________________________ Notes dans les citations du catéchisme 2 1 2 1 2 6 3 1 1 1 2 7 1 3 2 3 6 4 5 8 3 4 5 6 4 5 3 4 5 6 7

FC 21; cf. LG 11 FC 11. GS 49, § 2. Cf. Si 1, 22. GS 17. GS 25, § 1. Pie XII, discours 29 octobre 1951. CDF, décl. « Persona humana » 9. CDF, décl. « Persona humana » 9. Cf. Gn 19, 1-29; Rm 1, 24-27; 1 Co 6, 9-10; 1 Tm 1, 10. CDF, décl. « Persona humana » 8. Cf. GS 50. GS 51, § 3. Cf. HV 16. FC 30. HV 11. GS 51, § 4. HV 12; cf. Pie XI, enc. « Casti connubii ». FC 32. Cf. GS 50, § 2. Cf. CDF, instr. « Donum vitae » 2, 5. Cf. Mt 5, 31-32; 19, 3-9; Mc 10, 9; Lc 16, 18; 1 Co 7, 10-11. Cf. Mt 19, 7-9. CIC, can. 1141. Cf. Gn 3, 11. Cf. Cc. Trente : DS 1515. Cf. 1 Th 4, 3-9; 2 Tm 2, 22. Cf. 1 Th 4, 7; Col 3, 5; Ep 4, 19. Cf. Tt 1, 15; 1 Tm 1, 3-4; 2 Tm 2, 23-26. S. Augustin, fid. et symb. 10, 25. Cf. 1 Co 13, 12; 1 Jn 3, 2.

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