Projet 2018 • atelier bois & jardinage

2018 ateliers bois & jardinages rĂŠsidence des Moulins

Jane Pannier 339 boulevard national 13003 marseille

"Faire infuser dans un récipient couvert d’un tissu fin les inflorescences dans de l’eau, du citron et du sucre.

Mettre alors en bouteille après quelques jours.

Bonne dégustation!

"

RÉCIT DE CHANTIER

la limonade de Sureau des Moulins Récolte des fleurs de l’arbre du jardin

1 • Le point de départ

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2 • L'ouverture du mur

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3 • Des jardinières surélevées

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4 • Un vrai extérieur "hors les murs"

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5 • Accéder à la "bonne terre"

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6 • Des jardinières belles

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7 • Marcher au jardin...

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8 • De l'ombre! De l'ombre!

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9 • Un processus participatif

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Juillet 2018

La demande d'Olivier, Directeur de l'association Jane Pannier :

" il ne faut pas que ça

ressemble à un hôpital. ça ne doit pas rester figé, stérile.

On peut rêver!

"

Réunion au sommet " C'était en 2016 ...

On est des gens du dehors qui venons habiter les lieux le temps d’une journée de jardinage, de bricolage. Faire, regarder, juste être à côté : Il y a toujours une place pour se joindre à nous et participer

"

Raphaël

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d'avril à octobre

RÉCIT DE CHANTIER Deux années, déjà, se sont écoulées depuis l'ouverture de la Résidence Accueil du Moulin*. Notre collectif d'architectes et de jardiniers poètes retrouve avec grande joie la petite équipe du 339 boulevard National, pour prendre à nouveau soin de ce lieu de vie et de ses habitantes.

2016 : une belle rencontre, avec les lieux et les personnes Nous sommes arrivés en même temps que les premières résidentes dans un cadre flambant neuf, et pour tout dire un peu froid. Comment y mettre un peu d'âme, et commencer à s'y sentir non pas comme à l'hôpital, mais plutôt comme à la maison ? En recyclant des éléments de décor de spectacle fournis par l'association Artstock, nous avons commencé à bricoler et jardiner sur place, avec les résidentes. Pour vivre avec elle cette expérience d'appropriation active des lieux. Et le début d'une VIE ICI. Dans des baignoires reconverties, des bacs soigneusement confectionnés, là où la terre était présente, chèvre-feuilles, lauriers fleuris, tournesols, et pieds de tomates avaient fini par trouver place et prendre racine ! Le lieu pouvait être porteur !

2018 : une envie de jardin et de poésie !

Les usages se sont installés, mais la terrasse aux dalles bien minérales demeure peu usitée. Madeleine, résidente enthousiaste, a cependant trouvé les moyens de nous faire revenir grâce à un partenariat avec la fondation Abbé Pierre ! Avec l'envie cette année d'apporter un souffle nouveau au "jardinage" : une touche de poésie ! Vues l'imagination et la sensibilité des résidentes et de l'équipe, nous savions possible la collecte de jolies paroles et évocations exprimées au fil des journées jardinières passées ensemble. Mais en tant que créateurs de lieux (poésie vient du grec ancien poïen qui signifie créer), nous avons assumé un défi : que la terrasse s'efface, et qu'advienne un jardin ! Une ambition qui nous a valu de traverser un chantier d'envergure !

En voici le récit.

* La résidence est destinée à l’accueil de femmes à faible niveau de ressources,

dans une situation d’isolement ou d’exclusion lourde, et dont la situation sociale et psychologique, voire psychiatrique, rend impossible à échéance prévisible leur accès à un logement ordinaire. La particularité du Moulin est que les studios proposés peuvent être habités par les résidentes à vie si elles le souhaitent. D'où l'idée qu'on s'y sente "à la maison".

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04 JUILLET

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28 MARS

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04 JUILLET

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04 JUILLET

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1 • LE POINT DE DÉPART Notre objectif initial : que la terrasse devienne moins « terrasse » et plus « jardin ».

La commande incluait la possibilité de jardiner en pleine terre dans ce que nous appelions alors la grande jardinière devant le salon.

Pour ce faire, nous avions convenu que le mur de cette jardinière devait être en partie ouverte.

L'accès par des escaliers installés en 2016, s'est avéré peu pratique et pratiqué.

Mais avant le démarrage des ateliers, il avait été difficile pour la résidence de faire réaliser l'auverture du mur de façon autonome par une entreprise.

En dialoguant avec les résidentes et l’équipe, nous avons vu qu’il était possible de faire un travail de jardinage à l’intérieur de la salle commune, afin de préparer des semis à planter dès que la terre extérieure serait accessible.

Nous avons repris le fil des désirs de jardin de chacune et chacun.

L’équipe s’est saisie de cette envie pour réaliser des semis.

Nous avons accédé à une parole poétique que nous avons commencé à collecter.

Nous avons su qu’il fallait passer à l’action pour rendre ces rêves d’accès à la terre possibles.

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15 FÉVRIER

" Regardez j’ai pris des photos du jardin avant que vous veniez !

Toutes les jardinières, et puis de ce point de vue là…

"

Je suis même allée dans le jardin du fond .

Séverine

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Moi j’arrose " les pois chiches pour

le couscous. Je les fais tremper. comme ça, c’est bon le lendemain. ça boit, le pois chiche ! on trempe et le lendemain, il n’y a plus d’eau c’est un peu pareil avec la terre Zineb

"

"C’est tous les

combien? La semaine prochaine vous serez là?

"

Sophie

Zineb est près des semis de la petite pépinière qui a pris place près de la fenêtre dans la salle commune juste à côté de la grande table.

Zineb est « avec les plantes » elle leur parle à voix haute pour me faire entendre tout ce qu’elle leur dit dans son coeur je m’approche d’elle

"— le soir je leur dis bonsoir, le matin bonjour — comment allez-vous ?

— mais vous êtes bien adorables c’est merveilleux vous êtes les chéries du monde entier vous avez bien poussé ! ça se voit que vous avez passé une belle nuit

"

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" Toute mon enfance, on avait des jardins comme ça, dans la maison je me rappelle comme ça, à l’âge de 10-11 ans il y avait du basilic on n’avait jamais de problèmes de moustique il y en avait une rangée au milieu de la cour de notre maison c’était la mode à l’époque on adorait les plantes les voisins avaient un figuier nous on avait un oranger derrière nous, je crois qu’il y avait un pamplemousse on adorait tellement les plantes ! à chaque saison, par exemple à la période des figues avant qu’elles tombent on se faisait goûter on s’échangeait comme ça les fruits si on savait que quelqu’un allait venir entre voisins on n’avait pas besoin d’acheter et on avait un rosier et mon père il travaillait tard et ça faisait du bruit quand il ouvrait la porte en rentrant et ça nous réveillait alors avec le rosier on coinçait une branche comme ça dans la porte pour l’empêcher de se fermer et quand il arrivait il pouvait pousser la porte comme ça mon père faisait doucement pour ouvrir mais nous on l’entendait quand même ! j’ai un bon souvenir de tout ça ! c’était au Maroc à Marrakech.

"

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2 • L'ouverture du mur Les timings et contenus de notre intervention changent d’emblée avec la nécessaire ouverture du mur.

Nous nous sommes employés à réaliser l’ouverture par nous-mêmes.

Mieux qu'avec une entreprise, nous avons pu "ouvrir le mur sur mesure", de plus en plus large, oblique, adaptée à la restanque réalisée en 2016 En calant la nouvelle ouverture à cet "ancien ouvrage", nous avons eu plaisir à valoriser ce souvenir d'une première strate d'intervention, réalisé par Séverine et Blasco, plaisir à relier les époques entre elles : celle de la réalisation du bâtiment conçu par les architectes avec ce mur, de la restanque en bois de 2016, jusqu'à notre présente intervention.

Et commencé à sentir l'épaisseur des lieux se constituer dans l'épaisseur du temps mise en évidence.

La conviction d'avoir vu juste en ouvrant le mur est arrivée d'une sensation d'espace profondément changée. Nous avons senti que l'espace devenait un.

Qu'il se déployait généreusement pour nous accueillir à la sortie du salon, en offrant au regard de nouvelles accroches, de nouvelles profondeurs.

C'est seulement une fois le mur parti que les résidentes et l'équipe ont réalisé à quel point il avait nui jusqu'alors.

Nous avons pris le temps nous avons dialogué, sur le mur, sur « les murs qui nous protègent, nous enferment, les murs que l’on abat, les blessures, les cicatrices, - notamment celle ouverte par le chantier - l’ordre, le désordre, le temps nécessaire, la possibilité de se défouler, s’exprimer, casser, faire du bruit ». ...

Et une question a surgi face à tous ces gravats, conséquence de la disparition du mur... qu'allons-nous en faire?

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28 MARS

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28 MARS

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06 JUIN

03 MAI

04 JUILLET

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" je suis restée

" un début

devant le mur nouvellement ouvert et… continuité de l’ouverture pour profiter de la verdure matinale Merci.

un peu rude, mais toujours dans la bonne humeur. La joie de retrouver toute l’équipe.

Le plaisir de replanter.

Super groupe. Très contente

"

Zineb

"

« Ah oui c’est bien! » dis Séverine assise de l’autre côté de la terrasse. Madeleine qui s’était remise à poncer, s’approche. « Je peux tester ? » « oui oui mais fais attention, ne t’adosse pas, il n’y a pas de dossier… » « Oui en plus j’ai pris du poids, il faut que je *fesse* attention »

Salhia vient me voir à l’ouvrage.

Elle caresse le mur que je ponce

"

ah, vous avez lissé, là ! il est où, le marteau que j’ai utilisé hier ? pas ce gros-là ; l’autre ! ah, il est là (satisfaction très manifeste)

"

Saliha

" moi je veux bien,

des fois j’ai envie de tout cassé chez moi, mais je le fait pas Elle s’empare du marteau et attaque le mur à son tour, en criant des injures

"

" En tout cas,

le marteau piqueur ça défoule vous devriez essayer

"

Alex

« Vous pouvez me montrer la photo de moi en train de taper sur le mur? » je lui tends l'appareil photo « Ah oui elle est bien! » s'exlame Saliha avec un grand sourire.

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"Alors Madeleine! ça va

le bruit ?

- ça m’a permis de me réveiller - et puis comme ça, vous avez le son en stéréo, avec les élagueurs dans la rue. tu disais que jeune tu étais baba cool mais moi je te trouve rock and roll - en tout cas, j’ai toujours aimé les musiciens... Je suis presque toujours sortie avec des musiciens pour ce que ça m’a valu ! si, ma fille ! Quand même !

"

" C’est

marrant, c’est un peu la philosophie d’ici : on cache ce qu’on veut montrer, on montre ce qu’on veut cacher

"

Patricia

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3 • Des jardinières surélevées Une fois le mur et l'espace soudain ouverts, on a commencé à "défricher" afin d'y voir un peu plus clair.

En prenant soin de ne pas arracher certaines plantes installées en 2016, et que l'on a "déplantées". Certaines, comme le senécio, ont pu être divisées et bouturées. Et pour la première fois, ces "produits de l'espace commun" ont trouvé place sur le balcon de certaines résidentes. C'est une vraie nouveauté que le désir de jardin cultivé en commun, se soit ainsi diffusé vers les "espaces plus privés".

Après ce défrichage, il a été plus facile pour chacun-e de se projeter dans le « futur jardin ».

Nous avons « accédé à des souvenirs d’enfance liés au contact avec la terre et l’univers du jardin ». Une pratique d’écriture poétique a commencé à investir les pages d’un carnet de bord. Des photos de nos jardinages d’intérieur et de nos travaux d’extérieur ont commencé à s’afficher sur les murs, pour mettre en évidence les changements réalisés. Et la façon dont chacune et chacun à son échelle contribue au commun.

L’ intérêt de jardinières à hauteur « d’homme ou de femme » a émergé : pour des personnes aux capacités physiques parfois très diminuées, l’activité de jardinage ne serait-elle pas plus facile « sans avoir à se baisser », ou en étant « à hauteur d’assise, à hauteur de fauteuil roulant » ?

C'est à ce moment que nous avons su quoi faire des gravats du mur détruit.

Tout est question de point de vue. Ils auraient été coûteux à évacuer en déchetterie, mais pouvaient sûrement être une richesse. Pourquoi pas en opus insertum pour faire un seuil entre les dalles et la terre ? Afin de "rendre un hommage poétique" à ces gravats, et pour les stocker joliment, nous avons commencé à les disposer en fresque sur les dalles de la terrasse, lors du rangement de fin de séance. Voyant cela, Agnès, Nejma, Madeleine et Alex, se sont mises à parler d'art contemporain. C'est fou tout ce qui se joue et se dit au moment du remballage de fin de journée, quand on contemple, fourbu, le travail accompli. À la séance suivante, comme les gravats gênaient, nous les avons déplacés. Et comme nous manquions de terre, nous avons finalement eu l'idée de les disposer dans le fond des futures jardinières afin de les rehausser !

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03 MAI

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4 • un vrai extérieur "hors les murs" A force d'être quelque part, il y a des choses qu'on ne voit plus.

On s'habitue à tout. Même à l'omniprésence de murs !

En s'occupant et discutant de notre mur ouvert, nous avons été plus sensibles à la question des murs en général. Plus attentifs aussi à certaines remarques.

Comme celle d'un camarade venu nous rendre visite au chantier.

Entrant sur la terrasse, sa première réaction avait été : "Et ben dis donc, c'est à vous, ce grand mur au fond ?"en parlant du mur du talus.

Et Patricia d'enchaîner : "c'est vrai, à l'origine, l'idée du projet de la résidence était de profiter des arbres et de l'ambiance de campagne. Et à la fin, ce qu'on voulait mettre en avant, le point fort du projet, son côté paysage, se retrouve derrière des murs" En deux ans, même nous qui "avons l'oeil" avions entériné une situation de "plein air enfermé entre quatre murs" : mur jardinière, mur parapet, mur en pierre et mur du talus Entre nous et ces "murs enfermants", il manquait une transition : une "architecture de jardin" installant • des volumes intermédiaires • le bois comme matière intermédiaire • un vocabulaire formel capable de nous accueillir dans un "petit univers" Nous avons alors décidé d'un plan d’ensemble structuré par d'imposantes jardinières • tout le long du grand mur latéral en pierre, pour le couvrir de plantes grimpantes • pour habiller le parapet de la terrasse côté parking, afin d’y installer des plantes hautes, des arbres • ces plantes hautes servant de premier plan pour mettre à distance le grand mur « buttoir » au pied du talus, Ainsi, au lieu de simplement « ouvrir un mur », nous en avons traité quatre.

Sans quoi, même avec toutes les plantes du monde, l’on se serait toujours senti « entre quatre murs » et pas dans un jardin !

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MUR en pierre

MUR parapet

MUR du talus talus MUR du talus MUR parapet

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MUR du talus

parking

MUR parapet

terrasse

bâtiment

MUR en pierre

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5 • Accéder à la "bonne terre"

Pour réhausser les niveaux de terre et remplir les jardinières, nous avons commencé à décompacter la terre.

Elle était incroyablement argileuse, lourde.

Dans le dialogue avec tout le monde, cette terre apparaissait comme désagréable.

Ultra-dure quand elle est sèche.

Ultra gadoueuse dès qu’il pleut, salissante.

Une terre ingrate. Pas porteuse d’avenir. Sans aucun ver de terre. « une terre de remblais sans qualité » Et nous, en la manipulant, l’avons trouvée sentant le pourri dans ses couches basses par excès de rétention d’eau.

Nous avons décidé de remédier à cette « malfaçon d’origine » pour qu’elle n'handicape pas la suite du jardin.

Nous avons donc procédé à un apport de 62 sacs de 40 litres de terreau, soit 2480 litres de terreau, ou encore environ 1200 kg soit 1,2 tonnes!

Dans les dialogues avec les résidentes et l’équipe, il a été question du « travail physique, de la force, du mal de dos, de faire attention, de comment on mélange, brasse, pellette, charrie de la terre, de jusqu’où aller pour travailler en profondeur ».

Et comme c’était trop physique pour les résidentes, on a organisé pour la première fois des mini-jardinières en bouteilles, avec des boutures de plantes qui devaient être déplacées, pour que les résidentes végétalisent leur balcon et leur intérieur.

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6 • Des jardinières belles ...et qui durent longtemps.!

C’est en faisant les terrassements que chacun a pu commencer à réaliser concrètement ce que signifie « faire un tas de terre », ce qui est différent de « retenir de la terre » à l’intérieur d’une jardinière, d’une restanque.

On a d’abord réfléchi à la possibilité d’utiliser des grilles récupérées sur place comme « murs », et à comment les faire tenir avec des piquets de fer à béton récupérés lors de la démolition du mur en béton ferraillé dans lequel nous avions creusé l’ouverture.

Puis sont arrivées les questions d’aspect et de durabilité de ce dispositif.

De séance en séance, la nécessité de construire de solides ancrages, d’avoir une esthétique plus soignée que des grilles rouillées ou des palettes, est apparue et a fait son chemin.

Nous avons acheté du bois traité pour réaliser des menuiseries d’extérieur de qualité, véritablement architecturées et designées. Couplées à des volets récupérés de l'immeuble Pouillon de la Canebière, celles-ci « font corps » avec les lieux et n'apparaissent pas comme des bricolages précaires.

Nous avons ainsi répondu à la sensibilité positive au « beau » apparue lors de tant d’échanges avec les résidentes et l’équipe, depuis le début du processus.

Nous avions affirmé notre conviction que le beau faisait du bien.

Que le beau était un soin à l’espace qui faisait du bien aux gens.

Souvent, il s’est dit : « que c’est beau ! Que c’est beau ! » Une fois, il s’est dit : « c’est trop beau pour ici ! ».

De quoi réflêchir à la place et la valeur du beau dans la vie.

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Sophie nous rejoint

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04 JUILLET

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« J'ai bien envie de poncer un peu ».

Elle semble assez à l’aise dès le début... « Tu t’en es déjà servi? » « Non c’est la première fois que je ponce…pourquoi tu tiens la ponceuse?

Je peux essayer toute seule? » Et petit à petit, voilà une nouvelle ponceuse autonome!

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03 MAI

06 JUIN

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7 • Marcher au jardin... ...sans se salir les pieds.

Les dialogues ont fait apparaître que ramener de la terre sous ses semelles après avoir été au jardin était un problème à plusieurs niveaux : - chaussures salies - dalles de la terrasse salies - carrelage de la salle commune sali Le souci que le jardin ne gêne pas le bon ordre des lieux nous a paru bien légitime.

Le sol en terre était un véritable obstacle rédhibitoire pour l’accès aux jardinières.

Au niveau esthétique, ça faisait encore trop chantier.

Alors nous avons remédié.

Pour cela, nous avons utilisé seulement de la matière locale : nous avons défriché le pied du talus, où personne n’allait plus.

Ce faisant, nous avons répondu à une question tant de fois posée : « que devient le cerisier qui y avait été planté ? » « pourquoi là-haut ?

On ne peut pas l’arroser, puisque personne n’y va jamais ».

Nous avons broyé les végétaux défrichés pour en faire un paillage et l’étendre sur la terre. Et on nous a dit : « c’est beau ! » Et tout le monde est allé voir le jardin naturel apparu « là-haut » en y défrichant des allées.

Et on nous a dit : « c’est ici, près du figuier, qu’on pourrait mettre la chaise longue », « qu’on est bien ici, il fait frais ».

Et nous avons pensé que régulièrement, on aurait plaisir à y retourner, ne serait-ce que pour refaire le « paillage nécessaire du jardin de la terrasse » C’est comme si un nouveau mur avait sauté entre le haut et le bas.

Et que tout pouvait « fonctionner ensemble ».

Et ce faisant, l’on pensait à des paroles dites sur l’origine du projet, la proximité voulue avec la nature à portée de main.

Et à laquelle il est possible et sensé de se relier en jardinant les lieux.

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28 JUIN

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Aujourd’hui, c’est séance douce, on jardine, on discute… le mot d’ordre, pas de bruit avec des outils.

Et ça fait du bien!

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8 • De l'ombre! De l'ombre!

Pour finir, nous avons voulu lever le dernier obstacle majeur à l’utilisation de la terrasse, à savoir le problème de l’ombre.

Accéder à la terrasse pour y jardiner ou autre, pendant toute la belle saison ?

Oui, MAIS !

Dans nos dialogues avec les résidentes et l’équipe, et nous l’avons tant de fois éprouvé, la terrasse est intenable dès qu’elle est ensoleillée.

En 2016, pour parer à l’urgence, avaient été achetés des pare-soleils qui n’ont pas tenu à l’épreuve du temps et des éléments, et dont l’usage était compliqué.

Dès 2016, nous avons commencé à réfléchir à la meilleure option possible.

On ne pouvait pas partir en laissant ce sujet sans réponse.

Ou en acceptant que de nouveau, un investissement temporaire pallie l’urgence sans pérennité, sans praticité, sans beauté.

Nous avons trouvé comment tendre des vélums à moindre frais, intégrés au jardin et à son architecture ainsi qu'imaginé des "jardinières-ombrières" s'élevant à trois mètres de haut, pour se protéger.

Il n’y a plus qu’à les réaliser !

Et il le faut !

Parce que la résidence fête ses deux ans cette année.

Et qu’on ne peut pas accepter que cet atout majeur de la terrasse et du jardin à portée de main, soient sous-utilisés.

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04 JUILLET

" excusez moi, je voulais vous voir, par rapport aux plans que vous avez fait C’est bien une toile en triangle qui est dessinée?

Parce que j’en ai une!

"

Laetitia

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" enfin de l'ombre ! "

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9 • Un processus participatif ...ou plutôt une habitance, une manière de coller au réel, en étant à l’écoute des lieux et de leurs occupants, résidents, habitants, hôtes.

Pour que chacune et chacun aient accès à des lieux de vie de qualité.

Nassera je viens vous aider, qu’est-ce que je peux faire?

Allé viens on va planter!

"

"

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MERCI ! à la Fondation Abbé Pierre, sans qui, cette belle aventure n'aurait pas pu exister,

à toutes les résidentes, Fathia Daikha, Fatima Kandsi, Zineb Ait Benaddi, Madeleine Janer, Nejma Halisse, Sandy Soldani, Amal Ouzal, Laetitia Gaillard, Nacéra Ben-Haddi, Kathy Denis, Wanna Roiboit, Salya Bekkai, Céline Sanchez, Fatiha Chahir, Lemya Hamrani, Andréa Mendy, Severine Micheli, Morgane lavagna, Lynda Kandil, Sophie Decloitre, Souhila Nemeur, qui ont participé de près ou de loin au projet, par leurs envies, leurs actions, leurs gestes, leurs bonnes idées ou leur simple présence parmi nous. à la belle équipe de la résidence des Moulins et de Jane Pannier, Agnès Benmeddour, Patricia Chalm, Rosaly Gomis, Karima Kouadri, Naima Azaroual, Florence Lardillon, Christelle Verdu, Christine Saurel, Anaëlle Caboche, Saliha Kerrouche, Laurent Masson, pour leur accueil, leur bonne humeur, leur confiance et leur énergie pour le chantier. à nos collaborateurs Agnès Calu, Shan Guillard, & Gwenaëlle Le Gal, pour leur motivation et leur aide précieuse pour cette aventure! aux amis de passage

Vincent & Isia, Sarah, Sébastien, Julia, Henri, Valériane, Guillaume & Noé.

là

BO +

Alexandre Lucas architecte Elise Fargetton

architecte

Raphaël Caillens jardinier poète

DaZein

làBO Laboratoire associatif : là [ici] + B.O. [bande-originale] faire d’ici la bande-originale du lieu. [se prononce là-B.O. tout aussi bien que làBO] Architectes de formation, glaneurs et explorateurs sur le terrain, làBO est une mise en commun des envies et compétences de chaque membre de l’équipe pour une approche plus juste et plus humaine. Convaincus de l’intérêt de placer notre profession au carrefour de différentes disciplines, nous explorons la dimension sociale, pédagogique et environnementale dans nos pratiques. www.la-b-o.com ° contact @ la-b-o.com

DaZein Jardinier poète. Pratiquer in situ, avec le vivant au sens large, s’applique à de multiples situations. Mais la base est toujours la même : partir de ce qui est là.

La ressource des lieux, des personnes, des situations, permet d’inventer sur mesure de l’urbanisme végétal participatif, de la pédagogie active, du chantier expérimental, de l’art de rue et de paysage. Avec l’idée que l’intervention locale illustre, enrichit, renouvelle la pensée du rapport global de l’homme avec son jardin planétaire.

Publication © làbo -

octobre

2018