Les cahiers de L’ADAPT #173 - 1er semestre 2014
Préparer l'avenir des jeunes
avec les jeunes !
L’ADAPT - Association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées
L'ADAPT
{ ÉDITORIAL
en chiffres Dans le cadre de ses activités sanitaires, sociales et médico-sociales, L’ADAPT prodigue soins et rééducation et propose orientation, formation et aide à l’insertion professionnelle à chacun de ses bénéficiaires.
12 000
personnes accueillies.
2 300
La mission qu’elle mène depuis plus de 80 ans : accompagner la personne handicapée dans son combat ordinaire, celui de sa vie quotidienne, pour que tous, nous puissions “Vivre ensemble, égaux et différents”.
salariés dont
10,73% de travailleurs handicapés.
accompagner
27
établissements ou services médico-sociaux accompagnent 1 100 personnes.
En 2013, L’ADAPT a organisé pendant la Semaine pour l’emploi des personnes handicapées, des forums emploi/handicap, des Jobdatings© et des Handicafés© permettant 66 500 rencontres entre personnes handicapées en recherche d'emploi et recruteurs.
1 600 24
scolariser
10
établissements et services accueillent 540 enfants.
soigner
insérer
établissements de soins de suite et de réadaptation rééduquent 3 900 patients.
places en ESAT dont 370 places en ESAT Hors-les-murs
9
{ Administrateur de L’ADAPT et président de la commission Innovation, Président de Ecole2demain
former
16
sites géographiques, dispensant des formations dans le cadre de nos établissements médicosociaux, accueillent 3 000 stagiaires
830
« ÉGALITÉ N’EST PAS NORMALISATION, C’EST UNE VALEUR DE CIVILISATION. ELLE DOIT ÊTRE RECHERCHÉE, DÉVELOPPÉE, INCARNÉE DE MANIÈRE TANGIBLE »
"Égaux". Égalité n’est pas normalisation, c’est une valeur de civilisation. Elle doit être recherchée, développée, incarnée de manière tangible : démarche exigeante, intense et au long cours. Pour indispensable qu’il soit, le travail sur les représentations n'est plus suffisant. Pour s’enraciner avec pérennité dans nos sociétés, être rétablie – et établie s’agissant du handicap, domaine tellement emblématique de la "marge de progrès" à réaliser - l’égalité doit impérativement se référer à l'équité. L’axe 2 du projet associatif : Préparer l’avenir des jeunes avec les jeunes s’attaque à l’une des conséquences de ce manque d’équité, à un analyseur sociétal de première importance : l’emploi des jeunes en situation de handicap. Celui-ci est le fruit de facteurs multiples et complexes. Parmi ces derniers, l’association a choisi d’agir en priorité sur la scolarisation, la construction de l’autonomie progressive,
L’ADAPT a ainsi marqué sa forte volonté d’innovation, d’échanges de bonnes pratiques et de retours d’expériences, quels que soient les domaines concernés, en faveur du développement des projets scolaires, professionnels et, plus largement, du projet de vie des jeunes en situation de handicap. Ce Cahiers de L’ADAPT, synthétise les temps forts et les thèmes abordés lors de ces conférences et constitue un outil de diffusion et de partage de bonnes pratiques existantes sur le territoire. Je remercie ici tous nos partenaires et collaborateurs qui ont œuvré de conserve à l’organisation et à la qualité des échanges lors de ces conférences. Ce Cahier en est le reflet. De plus, il pose les bases de projets pertinents, innovants et ambitieux à mener, ensemble !
{ SOMMAIRE
Le Réseau des Réussites, pour parrainer bénévolement un travailleur handicapé dans sa recherche d’emploi : Comités des Réussites,
320
parrains bénévoles,
400
personnes parrainées
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TRIBUNES DE GEORGE PAU-LANGEVIN ET PHILIPPE VAN DEN HERREWEGHE
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PRÉPARER L'AVENIR DES JEUNES AVEC LES JEUNES
1997 : Création de la Semaine pour l’emploi des personnes handicapées 2003 : Organisation des Etats généraux de la citoyenneté des personnes handicapées 2004 : Création des Jobdatings© et des Trophées handicap et citoyenneté 2007 : Création des Handicafés© 2009 : Conférence “La place du secteur associatif dans la conception des politiques sanitaires et sociales” lors des 80 ans de L'ADAPT 2011 : Lancement du projet associatif de L'ADAPT 2011-2015 : “Vivre ensemble, égaux et différents” 2011 : Colloque “Emploi et handicap : la question d'une seule semaine ?” à l’occasion de la 15e Semaine pour l’emploi des personnes handicapées 2012 - 2013 : Cycle de conférences “Préparer l'avenir des jeunes avec les jeunes !”
P30
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l’ouverture de l’enseignement supérieur, la création de nouvelles voies pour l’emploi. C’est pourquoi la commission mixte Innovation de notre conseil d’administration a souhaité qu’un travail de réflexion valorisant les actions innovantes et les échanges de bonnes pratiques soit mené, aboutissant en 2013 à un cycle de conférences en régions. Il a été soutenu par une campagne de communication autour de la thématique « Une école, des formations, un emploi pour tous, handicapés ou non » matérialisée par une affiche, un blog (www.jeunes.ladapt.net), des témoignages filmés et une exposition de portraits de jeunes.
adhérents
postes d’administrateurs
30
Jean-Marc Roosz
“Vivre ensemble, égaux et différents” porte la conviction du projet associatif 2011-2015 de L’ADAPT. Cette devise traverse et éclaire avec force chacune des préoccupations, initiatives et actions de l'association dans chacun de ses territoires. Cette formulation, brève et complète, dépasse l'aspect sectoriel, exprime l'ancrage sociétal et le caractère universel de L’ADAPT, son rayonnement et sa capacité, de fait, à alimenter le champ du politique.
P 10
Abattre les frontières
P 12
Imaginer la scolarité autrement: l'unité d'enseignement
P 14
Les dispositifs de décloisonnement : un accompagnement pluriel
P 16
Travail partenarial : un facteur de réussite
P 18
On ne fait pas pour mais avec et par les jeunes
P 20
La construction d'un projet professionnel: poser les bases
P 22
Accompagner pour qualifier
P 24
L’alternance pour tous
P 26
Les jeunes et l’entreprise : bâtir une confiance mutuelle
P 28
Le logement partagé et regroupé, une vie indépendante en appartement
GLOSSAIRE LES CAHIERS DE L'ADAPT #173
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{ TRIBUNES
PACTE POUR LA RÉUSSITE ÉDUCATIVE
UNE AVANCÉE : DES PROPOSITIONS COMMUNES Philippe van den Herreweghe { Délégué ministériel aux personnes handicapées. Ministères de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur et de la recherche
« NOUS AVONS SOUHAITÉ METTRE EN EXERGUE, COMME L'UN DES PRINCIPES DE LA RÉUSSITE ÉDUCATIVE, L’ENFANT AU CŒUR DES ACTIONS EN “S’ADAPTANT À CHAQUE ENFANT ET CHAQUE JEUNE”. »
George Pau Langevin {M inistre déléguée auprès du ministre de l'Éducation nationale, chargée de la Réussite éducative
Le ministère dont j’ai la charge est un ministère qui a placé l’inclusion scolaire dans ses principales priorités. Les avancées aujourd’hui sont réelles et se font sentir dans nos territoires, dans nos écoles et établissements scolaires. C’est une stratégie à visée qualitative que nous avons entamée avec Vincent Peillon, en inscrivant dans la loi pour la refondation de l’école de la République le principe d’école inclusive. Favoriser la qualité a été une volonté affirmée par JeanMarc Ayrault quand il a décidé de pérenniser les assistants d’éducation/auxiliaires de vie scolaire qui accompagnent les élèves en situation de handicap. La reconnaissance d’un vrai métier est aussi actée, car la pérennisation des personnels s’accompagnera d’une démarche de validation des acquis de l’expérience et permettra ainsi de valider le nouveau diplôme. Cet engagement gouvernemental était une mesure très attendue ; c’est un soulagement pour les élèves en situation de handicap, pour leur famille et pour toute la communauté éducative. Mais au-delà, c’est un signal fort pour notre société ; car quoi de plus réaliste que de faire de l’école un lieu de transformation sociale, incubateur et reflet de la société vers laquelle nous tendons. Lors de la journée nationale de la réussite éducative le 15 mai dernier, un travail de définition et d’élaboration de principes construisant ce qu’est la réussite éducative a réuni le ministère délégué chargé de la réussite éducative, celui en charge de la ville,
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les associations, les élus, les représentants des parents d’élèves. L’ensemble de ces partenaires a participé à l’élaboration de ce qui est aujourd’hui le pacte pour la réussite éducative signé au niveau national dont je souhaite qu’il connaisse un essor dans les territoires. L’élaboration de ce pacte a nécessité le travail partenarial, inhérent et indispensable à la construction d’un projet qui prenne en compte tous les temps de l’enfant. La réussite éducative s’attache à considérer l’élève dans toutes ses dimensions, c’est-àdire qu’elle s’attache à prendre en compte l’environnement de l’élève comme un des aspects déterminants de son parcours scolaire. Ainsi, l’environnement social, culturel, territorial a des impacts sur la réussite des élèves, de même sa santé ou ses besoins éducatifs particuliers. Nous avons souhaité mettre en exergue, comme l'un des principes de la réussite éducative, l’enfant au cœur des actions en « s’adaptant à chaque enfant et chaque jeune ». Ce principe rappelle que c’est aux acteurs qui entourent l’enfant de se mobiliser, de s’adapter à ses besoins. Les lieux accueillant les enfants en situation de handicap, mais aussi tous les autres enfants à besoins éducatifs particuliers, allophones nouvellement arrivés par exemple, doivent être pensés pour répondre au plus près aux besoins de tous. Ce principe s’insère dans un cadre structurant qui reconnaît l’importance de la co-éducation, de l’implication des familles. Reconnaître la
place de celles-ci est une avancée majeure pour que notre École, celle qui véhicule les valeurs de la République, puisse pleinement remplir ses fonctions. Au-delà, il s’agit bien de l’implication de tous les adultes. Ainsi, le 3 décembre dernier, à l’occasion de la journée internationale des personnes handicapées, le rôle des adultes dans le système éducatif a été clairement identifié : ils ont le devoir de sensibiliser tous les élèves aux situations de handicap que connaissent certains de leurs pairs, ils ont le devoir d’accompagner les élèves dans la compréhension du handicap afin de déconstruire les représentations et de faciliter les processus de communication. Ces actions et bien d’autres démontrent que nous avons avancé, que le chemin parcouru est notable mais force est de constater que la route est encore longue. C’est un combat gouvernemental qui s’inscrit dans la durée et garantit l’exigence de qualité sur laquelle chaque famille, chaque enfant, doit pouvoir compter à l’Ecole, dans la Cité, sur tout le territoire de la République.
La scolarisation des jeunes en situation de handicap reste la préoccupation majeure du ministère de l’éducation nationale. C’est dans cet esprit que la loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013 d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République définit les priorités de l’éducation nationale. Cette loi est le fruit de la réflexion de différents groupes de travail mis en place par le ministre de l’éducation nationale le 5 juillet 2012. Dans le groupe « Des élèves au cœur de la refondation », un atelier appelé « La réussite des élèves en situation de handicap » a fait ressortir 43 propositions fondées sur ces thématiques : les principes de la loi, la formation, le parcours, l’orientation, l’inclusion, la coopération avec le secteur médico-social, la place des parents, l’hétérogénéité territoriale, l’accompagnement humain, l’adaptation de l’école à la diversité des situations, les examens. Ces travaux ont abouti à la loi du 8 février 2013 dont les grandes orientations se présentent comme suit. Sur le plan pédagogique, l’accent est mis sur les enseignements adaptés. Il devra être mis à disposition des enseignants des outils et des ressources pédagogiques. Le recours au numérique apparaît comme un accélérateur de l’apprentissage. L’accent est également mis sur la formation initiale et continue des enseignants. Cette loi mentionne la prise en compte de la communication bilingue quant aux projets linguistiques des élèves sourds. L’accompagnement reste au cœur du suivi des élèves en situation de handicap confrontés à de grandes difficultés. Concernant l'enseignement agricole, il est proposé la création de nouveaux postes en vue d’aider les élèves en situation de handicap. L’accent est également mis sur la coopération renforcée entre l’éducation nationale et le secteur médico-social. Concrètement, en 2013-2014, des moyens très importants ont été mis sur l’accompagnement. Désormais, certains AED/ AVS bénéficient d’une CDisation, au bout de six années de mission. Aussi, les nouveaux enseignants, ainsi que d’autres personnels de l’éducation nationale, sont désormais formés à la question du handicap. Le travail effectué par les différents groupes et qui a fait ressortir 43 propositions est déterminant. C’est ce socle de propositions qui devra être sans cesse exploité, pour garantir aux élèves handicapés la réussite éducative. Espérons que les associations et les ministères concernés poursuivront leur collaboration pour une mise en place rapide de ce socle qu’ils ont désormais en commun. Aujourd’hui, plus de 225 563 élèves handicapés sont scolarisés à l’école ordinaire contre 117 834 en 2006.
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PRÉPARER L'AVENIR DES JEUNES AVEC LES JEUNES En dépit des progrès enregistrés, de nombreux obstacles freinent encore l’insertion pleine et entière des jeunes handicapés dans la vie sociale et professionnelle. Parcours chaotiques marqués par les ruptures, réticence des institutions éducatives, méfiance du monde de l’entreprise... Pourtant, plus que jamais, les jeunes revendiquent le droit à une vie professionnelle et sociale épanouie. Comment leur donner les moyens de choisir leur avenir, sans brider leurs ambitions ? C’est à ce défi crucial que L’ADAPT répond aujourd’hui, avec volonté et pragmatisme. Lorsque l’on observe de près la trajectoire des jeunes en situation de handicap, depuis l’école jusqu’à l’insertion dans la vie active, un constat s’impose : les ruptures de parcours sont une quasi norme. Plus on avance en âge et moins nombreux sont les élèves handicapés qui poursuivent leurs études. Souvent, c’est lors du passage entre les différents niveaux d’enseignement que s’opère le décrochage, notamment à partir de la charnière collège/lycée. Alors que l’on dénombre 60 000 élèves en situation de handicap dans les collèges, ils ne sont plus que 14 000 dans les lycées : ce qui signifie que seuls 23 % des collégiens passent le cap... La déperdition est également flagrante entre le secondaire et le supérieur : parmi les élèves handicapés qui ont atteint le niveau BAC, seuls 20 % poursuivent des études supérieures, soit quatre fois moins que ceux de la population non handicapée.
UNE CULTURE D’ACCUEIL ENCORE TROP FAIBLE Plusieurs éléments expliquent ce phénomène. D’abord, la culture d’accueil des élèves en situation de handicap n’est pas développée de la même façon à tous les niveaux d’enseignement. En l’occurrence, le lycée compte nettement moins d’ULIS que l’école élémentaire ou le collège sur lesquels on a beaucoup investi depuis la loi du 11 février 2005. En résulte un manque de compréhension et de connaissance du handicap par les intervenants de l’école ordinaire, mais aussi une absence de sensibilisation des autres élèves et des parents. Quant à la jonction du secondaire et de l’université, elle souffre du « passage » d’un ministère à l’autre, sans continuité d’accompagnement : les référents scolaires handicap ne sont pas habilités à poursuivre l’accompagnement au sein des universités. Résultat : les dispositifs existent mais manquent de lisibilité, restant inaccessibles pour une majorité de bacheliers.
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TÉMOIGNAGE
“Le jeune handicapé, miroir grossissant des problématiques adolescentes” PHILIPPE JEAMMET Professeur émérite de psychiatrie, spécialiste de l’enfant et de l’adolescent.
« Le travail avec des adolescents en difficulté dite psychiatrique est un miroir grossissant de la problématique humaine. La vie est une co-construction, un échange permanent avec l’extérieur. Un être vivant n’existe que dans un contexte : quelqu’un qui est isolé va en mourir. Or, quand on se sent rejeté, impuissant, abandonné, on peut être tenté de retrouver un sentiment de pouvoir dans une forme de destructivité. Et celle-ci s’exprime de différentes façons ; ça peut aller du refus affectif aux comportements à risque (addiction, anorexie mentale) en passant par l’échec scolaire : « si j’essaie de réussir et que j’échoue, je ressens la douleur de l’humiliation. Au contraire, si je ne m’intéresse pas à l’école, je reprends une maîtrise sur ma vie ». Cette destructivité n’est pas un choix, c’est une façon de retrouver du pouvoir et d’éviter la souffrance en s’anesthésiant. Mais il est injuste que pour exister, on soit amené à s’abîmer et ainsi à se priver de ses droits essentiels : nourrir son corps, développer ses compétences et sa sociabilité. Diminuons les risques et pour cela, soyons conscients de ce fonctionnement qui nous appartient tous. Si l’on connaît cette tentation, on peut se dire « il n’est pas juste que je sois en train de m’embourber alors que je voudrais justement le contraire ». Mais attention, seule la rencontre avec les autres peut permettre de s’en convaincre. »
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{ PRÉPARER L'AVENIR DES JEUNES AVEC LES JEUNES
PROPOSER DE NOUVELLES VOIES VERS L’EMPLOI
LE FLÉAU DES RIGIDITÉS ADMINISTRATIVES S’ajoute le carcan administratif, qui gêne l’élaboration de réponses sur-mesure. Le couperet des limites d’âge, par exemple, est très pénalisant. Alors même qu’un jeune porteur de handicap a besoin de mûrir son projet, on lui confisque la possibilité de prendre son temps, de se tromper, de bifurquer. De la même manière, il demeure compliqué de ménager des périodes transitoires – des allers-retours entre le milieu ordinaire et les établissements spécialisés – qui pourraient justement permettre d’éviter les ruptures. Trop souvent, le retour en établissement après scolarisation est vécu comme un échec, alors qu’il pourrait constituer un tremplin. Ce contexte, conjugué au manque d’accessibilité (tant du bâti pour les lieux de formation et les lieux de « loisirs », que des supports pédagogiques), entraîne un phénomène d’autocensure : l’orientation est alors choisie par défaut, c’est-à-dire en éliminant tout ce qui n'est « pas possible »
Reste ensuite à « baliser » le parcours qui va de l’école à l’entreprise, en modernisant les dispositifs de professionnalisation. Si l’on veut renforcer l’employabilité des jeunes porteurs de handicap, il est par exemple plus que jamais nécessaire de développer chez eux des savoir-faire opérationnels, en phase avec les besoins des recruteurs. Pour cela, l’alternance est aujourd’hui une voie privilégiée ; il s’agit d’un cursus qui alterne les périodes en entreprise et les périodes en centres de formation professionnelle. En signant un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation, un jeune découvre progressivement le monde de l’entreprise (ses codes, ses usages), mais aussi les exigences d’un métier : il peut ainsi valider ou au contraire repenser son projet professionnel.
FAIRE DU JEUNE UN CITOYEN À PART ENTIÈRE
SCOLARISATION : CAP SUR LA QUALITÉ DE L’ACCOMPAGNEMENT
Mais la reconnaissance par l’emploi ne saurait suffire à assurer une intégration pleine et entière dans la société. C’est pourquoi, il s’agit également de s’engager sur les questions de socialisation et d’accès à la citoyenneté. La prise en compte de ces dimensions par les établissements et les structures d’accompagnement est primordiale. L’objectif est d’accompagner le jeune pour qu’il puisse exercer pleinement sa citoyenneté, accéder au sport et aux loisirs, accéder à une vie affective et sexuelle. Ainsi, des solutions souples sont proposées pour maintenir au maximum la personne dans son environnement : services mobiles, formations à distance, hospitalisation de jour... Loin de n’être qu’un patient ou un usager, chaque personne est avant tout considérée comme un être social, le membre d’une famille, un voisin, un collègue. En un mot : un citoyen. ■
Comment combattre cette résignation, et ce dès le plus jeune âge ? Certes, les chiffres montrent une augmentation notable du nombre d’enfants handicapés scolarisés en milieu ordinaire – une évolution annuelle moyenne de 6,3 % depuis la loi de 2005 – mais L’ADAPT rappelle que le quantitatif ne doit pas suppléer le qualitatif de l’accompagnement des enfants (par exemple par la professionnalisation et l’augmentation du nombre d’AVS). Aussi, de par l’éventail de ses activités, l’association soutient activement la scolarisation et l’acquisition de l’autonomie pour chaque enfant. Une autre de ses priorités consiste à conseiller et informer les familles sur leurs droits et à les aider à exprimer leurs besoins. Par ailleurs, l’association endosse un rôle d’interface entre le secteur médico-social et l’Education nationale, notamment en contribuant au développement d’innovations pédagogiques. Une coopération essentielle pour construire des réponses adaptées à la réussite de chaque enfant. TÉMOIGNAGE
“Le chômage des jeunes : un véritable gâchis collectif” FRANÇOISE DUMONT Vice-présidente de la Ligue des Droits de l'Homme
« Parler de la jeunesse c’est parler d’une jeunesse plurielle, frappée par les inégalités. Nous sommes le pays d’Europe dans lequel le poids des origines sociales détermine le plus les inégalités scolaires. Dès le CP, la proportion d’enfants en difficulté issus de milieux populaires est plus élevée que celle issue d’autres classes sociales. Et ce phénomène s’accentue au P8
fur et à mesure, le summum se situant dans les grandes écoles où certaines catégories de la population sont quasiment inexistantes. S’ajoutent ensuite d’autres inégalités – territoriales, d’accès aux services publics, de genre – et des discriminations liées par exemple aux origines ethniques. Néanmoins, il est un domaine où tous les jeunes, quels qu’ils soient, rencontrent des difficultés, c’est l’insertion dans le monde du travail. Et ce alors même qu’ils partagent une aspiration commune : l’autonomie ! En France, en 2012, 22,7 % des 15-24 ans étaient au chômage. Différentes explications sont
avancées – ils seraient mal formés, mal orientés... Ce qui est certain, c’est qu’une partie de nos élites économiques considère la précarité comme un passage obligé. Nous, nous pensons que le chômage des jeunes représente un véritable gâchis collectif, qui induit une concurrence entre les jeunes et les anciens. Aussi, face au risque de vivre dans une société de plus en plus fragmentée, faite d’inégalités intra et inter générationnelles, nous en concluons à l’urgence d’un nouveau pacte social. Il faut s’attaquer à cette dynamique inégalitaire, via une réforme de fond de l’école et une régulation du marché du travail. »
INTERVIEW
Se tromper fait partie de la construction d’un parcours”
SOPHIE ORANGE, Maître de conférences en sociologie à l’Université de Nantes
Qu’est-ce qu’un parcours atypique ? En France, l’institution scolaire considère qu’un parcours « normal » est un parcours linéaire, réalisé de A à Z dans une seule et même filière. Or, quand on observe les parcours de plus près, on s’aperçoit que la majorité d’entre eux est constituée d’arrêts, de reprises, de réorientations et de bifurcations. Ce sont ces parcours-là qui constituent la norme et ils ne sont pas forcément synonymes d’échec. C’est-à-dire ? Se tromper fait partie de la construction d’un parcours. Généralement, il y a une réussite à l’issue d’un parcours atypique,
tout simplement parce que l’année manquée a permis à l’élève de trouver la voie qui lui correspond vraiment, mais aussi d’engranger de l’expérience, de mûrir son projet. Le problème, c’est que les étudiants sont sommés de réussir rapidement... Les élèves handicapés sont-ils plus exposés que les autres ? Oui, car comme ceux issus de familles modestes, ils ont tendance à se sentir peu légitimes dans l’enseignement supérieur et sont plus prompts à intérioriser cette injonction de réussite. Ainsi, il y a urgence à dédramatiser et à réhabiliter le droit à l’erreur !
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TERRITOIRE CENTRE
vendredi 14 juin 2013 | Bourges
ABATTRE LES FRONTIÈRES La scolarisation pour tous est un droit qui s’applique également aux enfants handicapés depuis la loi de 2005. Mais au quotidien, la route est parfois jonchée d’obstacles et exige l’implication de chacun (enseignants, enfants valides, enfants porteurs d’un handicap). Changer les regards et les mentalités, s’enrichir mutuellement, bref remettre en question nos idées préconçues est un pari de tous les instants.
Témoignages croisés
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COMMUNIQUER POUR SENSIBILISER
DE LA THÉORIE À LA PRATIQUE
Augmenter le nombre de jeunes en inclusion nécessite de mettre en place un certain nombre de dispositifs pour briser la méconnaissance du handicap. « Abattre les frontières, nous explique Jacques Godfroy, directeur territorial de L’ADAPT/Centre, c’est communiquer sur ce que l’on fait, comment on le fait, pourquoi, et avec quels résultats. Cela passe par l’organisation de diverses manifestations (portes ouvertes, fêtes, conférences) ou de tables rondes avec nos différents partenaires : éducation nationale, MDPH, secteur médico-social, GRETA, AFPA, ARS, Conseil général. » Les freins, reconnaît Jacques Godfroy, peuvent être dus aux phobies de certains directeurs d’établissements ou de quelques enseignants : « Certains ne sont pas intéressés par l’accueil de jeunes en difficulté, ils préfèrent ne pas être ennuyés. Lorsqu’on arrive à entrer dans un établissement c’est grâce à la personnalité de son directeur. » Parfois les effectifs chargés des classes permettent aussi moins de souplesse comme le souligne Frédéric Delanoue, professeur de technologie : « Dans une classe à 25 voire 28 élèves, il n’est pas toujours facile de rajouter 1, 2 ou 6 élèves en situation de handicap, même s’ils ont une AVSi. Si les classes comptaient 20/22 élèves, les enseignants seraient plus attirés par ce dispositif d’inclusion. » Mais parfois les blocages sont plus conjoncturels, liés à la mise en place de transports des enfants handicapés vers les écoles, qui demeurent coûteux.
Intégrer un enfant handicapé en classe ordinaire, c’est le confronter au regard des autres. Comme le confie Alain Payen, principal du collège Jean-Renoir à Bourges, qui accueille dans une classe de 6e, six élèves handicapés de l'IEM de Trouy : « Cela permet aux enfants valides de travailler sur leur propre représentation des autres. On a par exemple vu des enfants timides reprendre confiance en eux, comme on a observé des enfants handicapés, communiquant peu, qui s’ouvraient aux autres au contact d’enfants valides. » Même sentiment chez Frédéric Delanoue. « En classe entière cela ne change en rien ma manière d’enseigner. Les enfants de l’IEM ont essentiellement des difficultés pour écrire mais ils sont aidés par une AVSi et une professeure des écoles spécialisée. En TP, je les fais travailler en binôme (un jeune du collège, un jeune de l’IEM) et c’est enrichissant pour tout le monde. Nous étudions les transports, en ce moment, c’est le roller et un enfant de L’ADAPT nous a dit : « Moi je n’ai jamais fait de roller »... Ça fait réfléchir les autres ! », explique ce professeur (voir l’encadré « Témoignages croisés »). « Même si la route semble longue, confie Serge Dubreule, de l'IEM de Trouy, les élèves s’apprivoisent les uns les autres. L’expérience est toute récente, c’est le début de l’histoire... »
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Six jeunes de L’ADAPT/Cher à Trouy (banlieue de Bourges) suivent, une demijournée par semaine, les cours en 6e au collège Jean-Renoir de Bourges. Tous les 15 jours, la moitié de la classe se retrouve pour des TP (travaux pratiques) de technologie, qui se déroulent en binôme (un jeune du collège, un jeune de l’IEM). Parallèlement, tous les lundis, 7 jeunes de 4e et 3e du collège se rendent à L’ADAPT de Trouy pour des ateliers culturels et scientifiques. Voici leurs témoignages. Que vous ont apporté l’échange et le travail avec d’autres élèves en situation de handicap de votre âge ? BB : J’ai déjà été en contact avec des enfants handicapés au primaire, j’ai participé à des voyages ou des activités avec eux, je ne me pose même pas la question. MJ : C’est comme s’ils avaient toujours été dans la classe. A la récréation ils restent un peu entre eux mais on arrive quand même à créer des liens.
GE : J’ai un frère handicapé donc je suis plus empathique envers les enfants handicapés. En allant à l’IEM le lundi, j’ai pu en apprendre un peu plus sur les différentes maladies dont ils souffrent. Au début on était tous timides, on avait peur de ne pas arriver à communiquer, mais les personnes handicapées manifestaient plus d’envie de nous connaître et les échanges se sont faits naturellement. Je me sens bien dans ce groupe.
Chloé, que peux-tu dire sur cette journée que tu passes au collège JeanRenoir tous les mardis ? CS : Les premières fois j’étais intimidée mais les autres sont venus vers moi pour me poser des questions. Une fois un élève m’a dit : « Tiens y’a une handicapée ». Ça m’a fait de la peine mais maintenant je me sens bien dans cette classe, et la technologie est ma matière préférée.
1 | BENJAMIN BOUTHORS, 11 ans, en 6e au collège Jean-Renoir. 2 | MATTEW JACQ, 12 ans, en 6e au collège Jean-Renoir. 3 | CHLOÉ SERVES, 15 ans, de L’ADAPT/IEM de Trouy, en 6e tous les mardis au collège Jean-Renoir. 4 | GILLIAN ESPINASSY, 15 ans, en 3e au collège Jean-Renoir, participe aux ateliers à L’ADAPT tous les lundis.
INTERVIEW
Je cherche à créer une dynamique de groupe”
JEAN-MARC ARMANSIN, AMP (Aide médico-psychologique) à L’ADAPT/Cher
“Une fois par semaine nous accueillons 6 élèves de 4e et de 3e du collège Jean-Renoir à Bourges, en situation de décrochage scolaire et 6 jeunes de L’ADAPT en situation de handicap. Ils participent à un atelier de 3 heures durant lesquelles, par demi-groupes, et pendant une heure et demie, j’anime pour eux un atelier d’écriture
baptisé Slam tandis qu’une collègue, enseignante spécialisée, les fait travailler sur un concours d’affiches en partenariat avec l’association FRANCAS. Ensuite nous intervertissons les groupes pendant l’heure et demie suivante. L’atelier Slam sert à libérer la parole. Le texte écrit peut prendre la forme d’un texte poétique, d’un texte mis
en chanson. Les collégiens et les jeunes de l'IEM se sont ouverts mutuellement, ils laissent s’exprimer leur personnalité et leur créativité avec plus d'aisance. Ils partagent ensemble, au-delà de leurs différences, les mêmes intérêts (musique, conversation...). Ils "se reconnaissent".
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TERRITOIRE NORD/PICARDIE
lundi 18 novembre 2013 | Lille
IMAGINER LA SCOLARITÉ AUTREMENT L’UNITÉ D’ENSEIGNEMENT
Le devenir scolaire d’un enfant handicapé mobilise autour de lui tous les acteurs qui luttent pour lui assurer les meilleures chances de réussite et éviter les ruptures. Pour cela, l’unité d’enseignement de Cambrai accueille des enfants et des étudiants de 0 à 20 ans. Fondée sur le principe de l’inclusion à tous les niveaux de la scolarité, elle est le premier dispositif de ce type en France et propose des passerelles entre l’Education nationale et L’ADAPT. Depuis la loi du 11 février 2005, la scolarisation des enfants handicapés en milieu ordinaire a fortement augmenté, avec la création de 1 500 postes d'auxiliaires de vie scolaire individuels (AVSi) à la rentrée 2012 et 8 000 à la rentrée 2013. Malgré tout, les besoins réels sont loin d’être comblés, mais surtout, les professionnels du handicap attirent l’attention sur la qualité de l'accompagnement et les ruptures de parcours, encore fréquentes.
QU’EST-CE QU’UNE RUPTURE DE PARCOURS ? Les ruptures peuvent être liées à la santé (évolution d’une maladie, douleur due à la station assise prolongée, fatigue récurrente, intervention chirurgicale), qui ne permet pas de répit dans le rythme de l’enfant, au mal-être psychologique, aux difficultés sociales, à l’inadaptation des lieux de scolarité (passage d’un établissement adapté à un autre pensé uniquement pour des valides), voire à la malveillance des autres enfants : « Moqueries, brimades, les enfants handicapés sont parfois confrontés à la bêtise humaine et ils se découragent », explique Thierry Awner, chef du service de kinésithérapie au centre de rééducation fonctionnelle de Cambrai. Pour Michel Trollé, directeur territorial de L’ADAPT/Nord-Picardie, « il y a deux étapes délicates : la fin du primaire, et la fin du collège. Lors d’une rupture de parcours, il faut environ un an pour se repositionner, mais ce n’est pas un an perdu, puisqu’on repart sur des bases pertinentes ».
RÉPONDRE AVEC UN PARCOURS PERSONNALISÉ Un programme d’accompagnement doit se mettre en place, adapté à chaque enfant/adolescent. « On intervient sur le plan
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TÉMOIGNAGE
“J’ai trouvé ma voie malgré mon handicap” ALEXANDRE BRICOUT « J’ai 18 ans et je suis interne à l'IEM de Cambrai depuis novembre 2009. Auparavant, j’ai suivi une scolarité en milieu ordinaire jusqu'en 2005, année de mon CM1. Cette année-là, de graves soucis de santé m’ont obligé à prendre un traitement qui a affecté ma mémoire, ce qui perturbe mon expression orale. Je suis alors entré en milieu spécialisé pour poursuivre ma scolarité avec l’aide d’une accompagnatrice scolaire. Malheureusement en 3e, j’ai mesuré les difficultés que j’avais dans les apprentissages théoriques et décidé d’arrêter ma scolarité. Après plusieurs stages en entreprises ordinaires et adaptées (ESAT), tour à tour dans une blanchisserie, une maison de retraite, en cuisine, en service en salle, ou encore pour un service de sous-traitance chez Renault, j’ai réalisé mon rêve lors d’un stage de 15 jours à l’hôpital de Cambrai au service des personnes âgées touchées, entre autres, par la maladie d’Alzheimer. J’ai alors découvert le BPJEPS (brevet professionnel de la jeunesse, de l'éducation populaire et du sport), passé les tests de sélection avec succès avant d’être admis en formation avec l'option animation sociale en septembre 2013. »
INTERVIEWS CROISÉES
scolaire mais également sur la gestion de la vie quotidienne, informe Thierry Awner. Comment un enfant peut-il manger à la cantine par exemple alors qu’il est en fauteuil roulant et que les tables ne sont pas à la bonne hauteur ? Comment peut-il aller aux toilettes seul ? Avec quelle intimité ? Comment dispenser des soins à un enfant dans un établissement peu ou pas équipé ? Bref, toutes ces situations nous amènent sans cesse à repenser l’environnement de l’enfant en fonction des contraintes et des aides à apporter. » Les difficultés rencontrées ou la prise de confiance d’un jeune peuvent amener à modifier son parcours. L’élève peut passer de la scolarisation en établissement à une inclusion partielle ou totale dans une école, ou vice versa : « Aucune décision n’est définitive, des adaptations dans le parcours scolaire sont fréquentes », indique Michel Trollé.
LES PISTES D'AMÉLIORATION POSSIBLES Pour arriver à une scolarité de qualité, L'ADAPT propose toute une série de recommandations, comme l'allégement des procédures administratives, le renforcement de la coopération entre l'Éducation nationale et le secteur médico-social, essentiel pour construire des réponses sur-mesure, la remise à plat du projet personnalisé de scolarisation (PPS), rendu obligatoire par la loi de 2005, mais peu appliqué, un plan de formation « handicap » pour tous les professeurs du 1er et du 2nd cycles, et le renforcement des ULIS, très peu présentes au lycée : « Sur notre secteur, explique Michel Trollé, seuls deux lycées en sont pourvus. Il y a peu de jeunes handicapés au lycée, ce qui explique le peu de passage dans le supérieur. Nous travaillons aussi sur l’inclusion scolaire à vocation sociale : même si un élève ne peut pas passer un diplôme complet il validera certaines matières et fréquentera d’autres jeunes de son âge, ce qui lui permettra de vivre des expériences sociales essentielles à son bien-être. » ■
Créer du lien entre le milieu enseignant et le personnel médicosocial”
BRUNO LEDRU, chef des services socio-éducatifs et SASSPro DENIS DUQUESNOY, coordinateur de l’éducation nationale de l’unité d’enseignement de L'ADAPT/Nord (Cambrai et Maubeuge)
Qu’est-ce qu’une unité d’enseignement ? DD : Ce sont les offres scolaires proposées en établissement par l’Éducation nationale pour accueillir des élèves handicapés : CLIS, ULIS, plateformes d’observation, inclusions modulables en milieu ordinaire... Quel est votre rôle ? DD : Les deux mots qui résument notre action sont adaptabilité et réactivité. On ouvre des portes et on crée des passerelles entre le parcours de vie et le parcours scolaire afin d’éviter les ruptures. BL : Ca peut être, au cas par cas, la mise en place d’aides techniques, l’apport d’un ordinateur, d’un système de commandes vocales,
la prévoyance d’une AVSi, mais le plus important c’est le lien qu’on va réussir à créer entre le milieu enseignant et le personnel médico-social. Quels freins rencontrezvous ? DD : L’inclusion scolaire est synonyme d’inconfort pour le corps enseignant. Les lois sont là mais les freins humains sont terribles. On explique à un professeur qu’il n’a pas 24 élèves + 1 élève handicapé mais 25 élèves. On passe notre temps à dédramatiser. BL : L’inclusion est un processus en marche que l’on doit accompagner avec l’aide de nos partenaires. On est là pour la guider. C’est une autre manière d’imaginer la scolarité.
LES CAHIERS DE L'ADAPT #173
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TERRITOIRE ÎLE-DE-FRANCE
mercredi 29 mai 2013 | Paris
LES DISPOSITIFS DE DÉCLOISONNEMENT UN ACCOMPAGNEMENT PLURIEL
Un accompagnement suivi est nécessaire pour éviter toutes les ruptures dans le parcours des jeunes jusqu’à l’insertion sociale et professionnelle. Ils pourront ainsi co-construire leur projet individualisé, en s’appuyant sur les acteurs du réseau associatif, institutionnel, de l’Éducation nationale...
« L'accompagnement des jeunes est pluriel et doit prendre en compte leur projet professionnel et leur projet de vie, précise Jocelyn Méli, directeur territorial de L’ADAPT/Ile-de-France. Les équipes qui accompagnent un jeune doivent être extrêmement attentives à toutes les problématiques qu’il rencontre pour l’aider à identifier les causes des échecs successifs et traiter les différentes composantes de son projet individualisé. Il s’agit de l’aider à devenir le plus autonome possible dans ses démarches et à trouver sa place dans la société. Un travail de longue haleine, étape par étape, qui nécessite de donner du temps au jeune pour qu’il s’approprie son projet en portant un regard bienveillant sur lui-même afin de retrouver confiance en lui. »
TRAVAILLER EN RÉSEAU Souvent il y a plusieurs problématiques à gérer simultanément : logement, famille, santé, transports, reprise d’un parcours de professionnalisation, recherche d’emploi... « Les solutions sont un peu cousues main, elles passent nécessairement par la mobilisation des acteurs de l’insertion en fonction de leur expertise. La confrontation des différents regards enrichit l’accompagnement. L’ADAPT a un rôle de déclencheur » remarque Jocelyn Méli. Ces situations complexes demandent aux équipes de travailler en réseau interdisciplinaire en nouant des partenariats pour pouvoir accompagner le jeune. « On joue la carte inclusive, c’est un axe fort du projet associatif avec nos partenaires : l’Éducation nationale, le milieu associatif, les services sociaux... parallèlement à un travail de sensibilisation autour de la citoyenneté, de la scolarité, du travail, de la vie affective et sexuelle... » A Paris, par exemple, un Service d’accompagnement à la vie sociale (SAVS), qui s’adresse prioritairement à des jeunes, travaille en lien avec l’ALJT (Association pour le logement des jeunes travailleurs) pour leur permettre d’obtenir une chambre dans une résidence de jeunes travailleurs. Avoir un logement dans un cadre de vie sécurisé leur permet de se stabiliser et P14
TÉMOIGNAGE
“Si on nous donne les moyens, on peut réussir là où tout le monde pensait que l’on échouerait.” LAURELINE LODYGENSKY, 20 ans
« J’ai été suivie depuis ma petite enfance par un SESSAD de L’ADAPT tout en étant dans des CLIS et ULIS où on nous surprotège. Alors au moment du lycée, j’ai eu envie d’aller en internat, une école normale avec une AVS où j’étais la seule à être différente - j’ai une hémiplégie de naissance. Je pouvais aussi faire de l’équitation, ma passion : si je ne peux pas courir, sur un cheval je suis comme tout le monde. En rentrant à Paris, j’ai fait de nouveau appel à L’ADAPT pour m’aider à repasser le BAC ES et m'aiguiller dans mon orientation. J’aurais voulu travailler avec les chevaux mais toutes les portes se sont fermées, alors j’ai commencé par une année de CAP Photo où je me suis découragée. Par chance j’ai pu intégrer une deuxième année de BTS Photo, là il y a de l’entraide et on est tous motivés. L’éducateur, le même depuis le début, m’a accompagnée d’une étape à l’autre, pour m’aider à prendre mon indépendance, apprendre à me débrouiller dans la vie quotidienne, faire valoir mes droits... ainsi que dans toutes les démarches : dossiers pour les écoles ou stages, CV, lettre de motivation... mais c’est moi qui les faisais. Je pense que toute seule j’aurais abandonné. Si on nous donne les moyens, on peut réussir là où tout le monde pensait que l’on échouerait. A l’avenir, je voudrais être photographe notamment dans l’événementiel équestre. »
de rechercher un emploi ou une formation qualifiante dans de bonnes conditions. L’ADAPT espère pouvoir étendre le partenariat à d’autres départements franciliens.
ACCÉDER AU MILIEU ORDINAIRE DE TRAVAIL Autre initiative dans l’Essonne, pour des jeunes scolarisés dans l’éducation spécialisée en situation d’échec et qui ne pouvaient pas intégrer l'apprentissage : « Nous avons sollicité la Chambre des métiers pour voir comment ils pouvaient ouvrir leurs formations, avec l’objectif de permettre aux jeunes de s’inscrire dans un dispositif de droit commun : passer un CAP et trouver du travail ensuite. Progressivement ils arrivent à remettre le pied à l’étrier avec des formations qualifiantes : cuisinier, mécanicien... On arrive à susciter l’envie » développe le directeur territorial. Les jeunes qui ont besoin d’être soutenus, sont accompagnés un certain temps, par des équipes de L’ADAPT dans ce parcours. L’ESAT Hors-les-murs d’Evry a créé une section Jeunes (voir interview) pour leur permettre de construire un projet professionnel, d’identifier leurs aptitudes, leurs compétences et de se qualifier. Ils peuvent ainsi tester et découvrir, à travers des mises à disposition en entreprise, un certain nombre de métiers jusqu’à ce qu’ils trouvent celui qui leur convient, et décrocher un CDI. Les jeunes sont accompagnés sur leur lieu de travail par un jobcoach, qui sensibilise les équipes de travail et « explique le mode d’emploi du jeune » précise Manuèle Masset. Ainsi, Karty, entré en septembre 2011, qui a témoigné lors de la conférence de mai 2013, a été embauché en septembre 2012 par une grande enseigne de bricolage, après différentes mises à disposition. ■
INTERVIEW
Ouvrir des possibles ”
MANUÈLE MASSET, directrice adjointe en charge de deux ESAT Hors-les-murs à Chatillon et Evry
Que proposez-vous aux jeunes ? Beaucoup de jeunes ayant des troubles cognitifs sont sans solution, n’ayant ni formation, ni diplômes pour accéder à l’emploi. A Evry nous avons créé une section jeunes de 16 à 25 ans. Ils suivent un module de remobilisation, prennent le temps de définir leur projet, avec expériences en entreprise. Petit à petit ces 25 jeunes vont monter en compétences. Ils pourront être mis à disposition en entreprise avant d’être embauchés, certains choisiront de s’orienter vers une formation ou d’aller en ESAT. Qu’est-ce que la Passerelle bleue ? C’est une année de préapprentissage accompagnée par l’Éducation nationale que suivent 15 jeunes issus d’ULIS.
Remises à niveau et stages de découverte métiers, leur permettent ensuite d’accéder à l’apprentissage dans un CFA. Quels en sont les objectifs ? Ces dispositifs d’accompagnement ouvrent des possibles pour chaque jeune, en lui permettant de retrouver sa capacité à agir en accumulant des expériences positives, de participer à la co-construction de son parcours vers une formation ou un travail. On part de ce qu’il sait faire et il va gagner en autonomie, compléter les savoirs de base... Dans son projet, il y aura toujours quelque chose qui va pouvoir se concrétiser.
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TERRITOIRE SUD RHÔNE-ALPES/MÉDITERRANÉE
mercredi 26 juin 2013 | Toulon
TRAVAIL PARTENARIAL UN FACTEUR DE RÉUSSITE
Afin de répondre aux besoins des jeunes à chaque étape de leurs parcours, les acteurs du handicap et de l’emploi conjuguent leurs efforts et leurs savoir-faire. Qu’ils soient associatifs ou institutionnels, leur coopération garantit un accompagnement pertinent. Visite dans les coulisses de ce travail en réseau.
Profiter de l’expertise particulière de chacun et mutualiser les compétences : tel est le mot d’ordre qui s’impose aujourd’hui parmi ceux qui accompagnent les jeunes porteurs de handicap. En Avignon, l’ITEP dirigé par Sylvain Favereau accueille des jeunes porteurs de troubles psychologiques âgés de 12 à 18 ans. L’établissement ne disposant pas d’enseignant en interne, la majorité des jeunes sont inscrits à temps partiel au collège, en milieu ordinaire ou en milieu adapté (Segpa). Or, cette scolarisation s’appuie sur une collaboration étroite entre les professionnels de l’ITEP et les enseignants : « Ces jeunes connaissent des difficultés psychologiques, notamment un rapport difficile avec l’autorité, explique le directeur. Aussi, les enseignants ont besoin d’être soutenus pour décrypter leur comportement ou intervenir le cas échéant.» Même chose avec les CFA que certains jeunes intègrent à l’âge de 16 ans pour suivre un apprentissage.
MIEUX CONNAÎTRE SES CAPACITÉS La direction de l’ITEP s’adresse ensuite à la Mission locale, qui accompagne les 16-25 ans vers l’emploi, en proposant tout d’abord un diagnostic de situation. Puis, là encore, le réseau entre en action. Ainsi, lorsqu’il est nécessaire de mieux cerner la problématique du jeune (et à condition que celui-ci possède une RQTH), elle se tourne généralement vers L’ADAPT pour mobiliser une PPS (prestation ponctuelle spécifique). Exemple en DrômeArdèche, où ce dispositif s’adresse au handicap intellectuel ou psychique. « Le problème numéro un de ce public est l’absence de repères quant à ses capacités réelles sur un poste de travail, » explique Julie Achaume, responsable du service insertion professionnelle de L’ADAPT/Drôme-Ardèche. L’objectif de la PPS est de les évaluer : degré d’autonomie, minutie, vitesse de travail, capacités d’organisation et de raisonnement. Cela passe par un bilan neuro-psychologique (qui jauge les troubles cognitifs et leurs incidences) et/ou des mises en situation en entreprise. Pour beaucoup, la PPS est un moyen de mieux se connaître, éventuellement de sortir du déni ou au contraire, de gagner en confiance.
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TÉMOIGNAGE
“J’ai retrouvé un peu de confiance en moi ” CASSANDRA BUISSON, 23 ans, bénéficiaire d’une PPS.
« Après mon parcours en IME, j’ai passé un CAP de restauration dans un CFA. Mon premier contrat a duré six mois puis je me suis retrouvée au chômage. J’ai alors sollicité la mission locale et L’ADAPT m’a proposé une PPS. Ce dispositif m’a fait évoluer : d’abord dans ma capacité à voir ce qui est fait pour moi. Ensuite, L’ADAPT m’a orientée vers de nouveaux secteurs d’activité : j’ai passé récemment un entretien pour devenir agent d’entretien à l’hôpital de Valence. Ça n’a pas abouti mais ça a été une bonne expérience. Puis j’ai retrouvé un peu confiance en moi. J’ai passé une évaluation qui consistait à fabriquer une boîte à bijoux en bois : je me suis très bien débrouillée, j’ai constaté que j’avais des capacités. Je suis aussi accompagnée par un SAVS, qui m’aide notamment pour tout ce qui est gestion administrative. C’est rassurant de savoir que je peux les solliciter. Ça me permet de ne pas me stresser dès qu’il y a quelque chose de nouveau dans mon quotidien. »
FAIRE LE BON CHOIX D’ORIENTATION
RÉUSSIR L’ENTRÉE DANS L’ENTREPRISE
Cette PPS, comme les autres bilans et/ou évaluations proposés par les associations, représente alors une aide précieuse, notamment pour les équipes techniques des MDPH. « Chaque fois que nous devons définir une orientation, nous nous appuyons sur le travail mené par les associations spécialisées, explique Michel Maingon, référent insertion professionnelle au sein de la MDPH du Var. Quel que soit le handicap, cela nous permet de savoir si le jeune a bâti un projet professionnel clair et réaliste, s’il possède les qualifications nécessaires, etc. ». Ensuite alors, l’orientation se décide ; soit vers le milieu protégé (ESAT), soit vers le milieu ordinaire, soit encore vers une formation complémentaire pour étayer ses compétences. Pour Evelyne Perrin, chargée de mission au sein de Pôle emploi, qui pilote le partenariat travailleur handicapé, l’objectif est clair : accompagner ces jeunes vers la réussite « Car comment assurer une insertion professionnelle en ignorant les besoins liés au handicap ? » s’interroge-t-elle.
Ainsi, toujours dans cet esprit partenarial, Pôle emploi multiplie les occasions de présenter son « offre de services » aux acteurs du handicap (associations, établissements) afin qu’ils s’en saisissent dès qu’un besoin se présente pour un candidat à l’emploi. « Par exemple, nous pouvons organiser une évaluation en milieu de travail ou financer une formation courte d’adaptation au poste pour un jeune travailleur handicapé », rappelle Evelyne Perrin. Dresser des passerelles avec le milieu professionnel ordinaire, c’est aussi le rôle que remplit l’ITEP. Car comme l’école précédemment, l’entreprise a besoin du soutien d’experts pour comprendre le handicap et cesser d’en avoir peur. « Souvent les employeurs sont craintifs à l’idée d’embaucher un jeune travailleur handicapé, indique Sylvain Favereau. Là encore, un partenariat étroit et suivi peut garantir le succès. »
INTERVIEW
Coordonner pour garantir un accompagnement adapté ”
PHILIPPE BROUSSE, directeur au sein de Viv’act
Qu’est-ce que Viv’act ? Un dispositif d’appui au service des acteurs de l’insertion professionnelle des jeunes handicapés drômois, âgés de 16 à 26 ans, dans le milieu ordinaire de travail. Son objectif : leur garantir un accompagnement socioprofessionnel adapté, dans des délais rapides. Vos missions ? L’information sur les dispositifs jeunes handicapés. Ensuite, un appui ponctuel par rapport à des situations données :
exemple, si la mission locale nous sollicite pour un jeune qui a besoin d’une adaptation dans un centre de formation, nous faisons le lien avec un expert. Enfin, nous pilotons un groupe appui ressources, qui réunit tous les deux mois les acteurs de l’emploi : la mission locale, la chambre des métiers, Cap emploi, la MDPH, L’ADAPT, etc.
évoquant des cas particuliers. C’est l’occasion de faire un point sur le besoin en SAVS. En effet, le Conseil général nous confie une enveloppe de dix-sept SAVS, mobilisables en moins d’un mois : une véritable plus-value pour gagner en souplesse et en réactivité.
A quoi sert le GAR ? C’est une instance d’échanges au sein de laquelle nous informons les acteurs, tout en LES CAHIERS DE L'ADAPT #173
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TERRITOIRE RHÔNE-ALPES/AUVERGNE/LIMOUSIN
mercredi 28 mai 2013 | Lyon
“Leur donner envie d’avoir envie”
ON NE FAIT PAS POUR MAIS
Dans le cadre d’Initiative 500 de Danone, L’ADAPT/Haute-Savoie accompagne des jeunes en pré-qualification : quatre mois pour une remise à niveau, développer autonomie, savoir-être et savoir-faire.
“Préparer l’avenir des jeunes avec les jeunes” est le deuxième axe du projet associatif de L’ADAPT. Une priorité : « On ne fait pas pour mais avec et par les jeunes » souligne Thierry Delerce, directeur territorial Rhône-Alpes/Auvergne/Limousin. Tout un travail de fond a été mené dans la région pour impliquer et faire participer les jeunes. Certaines actions, où ils ont pu déployer leur créativité, ont été présentées lors des Interactives à Lyon.
Permettre à une vingtaine de jeunes de se qualifier, « leur donner envie d'avoir envie, les responsabiliser, travailler l'estime de soi… » sont, selon un formateur, les objectifs de la pré-qualification assurée par L’ADAPT depuis 2010 en Haute-Savoie, dans le cadre d’Initiative 500 de Danone. Ce dispositif doit permettre, sur plusieurs années, à 500 jeunes de se former en alternance et d’intégrer le marché du travail. Un projet de territoire qui associe la Société des eaux minérales d’Évian (Danone) et d’autres entreprises, dans le cadre d’un partenariat avec Pôle emploi, le Conseil régional…
AVEC ET PAR LES JEUNES
« Il faut intégrer les jeunes, les mettre dans la boucle. Il y a une cohérence entre ce que l’on fait au long court et les événements, explique Thierry Delerce. C’est pourquoi nous avons appelé la conférence de Lyon « les Interactives de L’ADAPT », un point d’orgue de tout ce qui a été fait avec eux en amont sous différentes formes plutôt festives. Une occasion d’aller plus loin que le travail d’accompagnement quotidien pour aider chaque jeune à progresser vers ce qu’il veut et peut faire, en lui redonnant une chance. Il nous faut laisser les jeunes s’exprimer et même si une de leurs idées ne nous paraît pas bonne, l’essayer en ne se limitant pas a priori. » Il s’agit d’aider le jeune à puiser en lui la capacité à agir, de trouver les ressources qui lui permettront de continuer son chemin quand il aura quitté L’ADAPT.
UNE CONFÉRENCE « INTERACTIVE » Flashmob, interventions dans les écoles, Cafés des Réussites dans des lycées, saynète de théâtre, slam, Handicafé©, fête du Printemps, mises en situation (parcours en fauteuil roulant, lunettes déformantes)... une vingtaine d’initiatives très variées ont été montées tout au long de l’année, sur l’ensemble du territoire, dans des écoles ou en ville. L’occasion de créer des rencontres et de sensibiliser un large public... « C’est important pour les jeunes d’irradier à l’extérieur et parfois de témoigner de ce qu’est leur particularité, précise Thierry Delerce, cela permet de vrais échanges. C’est bien aussi qu’ils puissent confier leurs galères, leurs inquiétudes et leurs espoirs comme dans le slam. » Les Interactives du 28 mai 2013 ont mis la lumière sur certaines des actions développées et donné toute leur place aux jeunes en un lieu prestigieux et symbolique, l’École Normale Supérieure de Lyon. Le directeur territorial a animé la journée avec une jeune étudiante « pour être cohérent ». Entre les différentes interventions sur l’emploi ou la scolarisation, des séquences étaient animées par les jeunes sous différentes formes : saynète de théâtre, films, dont le Flashmob, musique et slam. Plusieurs jeunes ont aussi témoigné de leurs parcours.
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3615 CODE FACEBOOK « Au lieu de nous soûler parce qu’on passe notre temps sur Facebook, essayez pour une fois de comprendre pourquoi on le fait. Qu’est ce qu’on veut ? Une vie normale, un boulot, une femme/un mec, des enfants, une maison, des copains. Mais pour nous, aujourd’hui, tout cela c’est du virtuel. Alors, on s’invente une vie meilleure. Mais préparez-nous une société où on aura notre place et on pourra alors se parler et pas par SMS » lance un jeune dans la saynète de théâtre écrite par Jean-Luc Dhédin, directeur de L'ADAPT/Ain. Un questionnaire a été élaboré pour aller à la rencontre des jeunes, leur demander ce qu’ils aiment ou pas, comment ils se projettent dans l’avenir, mieux connaître leurs modes de communication, leurs attentes... Les réponses étaient simples : un conjoint, un travail... comme les autres. Deux ou trois seulement veulent être champions de foot ou star TV ! Cela a servi de matière à la pièce 3615 code Facebook, jouée et mise en scène par des encadrants et des jeunes. Avant les répétitions ils déjeunaient ensemble, l’occasion d’échanger librement. « Nous accueillons des jeunes de 16 à 20 ans qui ont des grosses difficultés d’apprentissages pour construire un projet professionnel et leur permettre d’entrer dans la vie active », développe Jean-Luc Dhédin. « En préparant la conférence nous nous sommes dit que souvent, nous, adultes, nous pensons et faisons pour eux. Nous nous sommes demandé ce qu’un jeune veut, comment il voit sa vie. Ce fut intéressant au niveau de la structure, quelques jeunes ont parlé très librement nous disant “Vous imaginez des choses pour nous, mais ce n’est pas ce que nous voulons”. Il faut que nous arrêtions de penser tout pour eux mais travaillions avec eux en utilisant les outils avec lesquels ils sont bons, en valorisant leurs capacités, en reconnaissant ce qu’ils savent faire... Il nous faut changer certains modèles. »
Au programme de la formation de quatre mois, dont six semaines en entreprise : remise à niveau des savoirs de base (maths, français), savoir-faire et savoirêtre notamment les codes de l’entreprise, autonomie, techniques de recherche d’emploi… par « une approche ludique des apprentissages » en petit groupe. Les stagiaires pourront confirmer leur choix de métier : logistique, secrétariat, restauration… « La formation est gérée comme une formation d’adultes, en s’adaptant à leurs besoins, explique Elodie Bouzon, chargée des Actions Conventionnées. Chaque jeune est accompagné par un référent pour maintenir la motivation, lui apprendre à se prendre en main, à se projeter dans l’avenir, en le laissant faire par lui-même. Il s’agit de le rendre acteur de sa vie en sachant qu’on est là si nécessaire. »
TROUVER EN SOI L’ESPOIR D’Y CROIRE
Quelques séances d’atelier slam ont été proposées aux jeunes de l’Ain. Des textes forts découverts sur la scène des Interactives. Extraits. Un sort m’est jeté par rapport à mon corps # PAR FLORIAN LACOURIEUX, 20 ans
Toute mon aventure est à reconstruire Pour en finir avec les blessures Avec cette atmosphère Ces horaires lourds Cette terre sans amour# Je voudrais de la volonté de la stabilité pour voyager et m’orienter. Je voudrais bâtir découvrir devenir star
PAR AYOUB BZILI, 18 ans Avec mon handicap On m’a demandé t’es cap ?! Je viens stopper vos larmes Arrêter le vacarme Je veux juste faire du slam ! Vous passer le salam !
PAR MAGALI TRUANT, 18 ans Avancer, ne pas reculer Ne pas se tourner vers le passé Parler, discuter Transmettre à nos aînés Trouver en soi l’espoir d’y croire Bosser, travailler pour manger Accumuler sans se brûler Bâtir, construire pour essayer de s’en sortir S’entourer pour être aimée Élever, éduquer sans s’imaginer le pire
Voyager… PAR CHARLÈNE LAITI, 20 ans Je voudrais voyager pour découvrir Transmettre et partager Travailler pour bâtir mon avenir Voyager pour m’évader et rêver Revenir et affronter l’avenir Pour trouver : stabilité et réussite
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TERRITOIRE NORMANDIE
mercredi 28 mai 2013 | Hérouville-Saint-Clair
LA CONSTRUCTION D’UN PROJET PROFESSIONNEL POSER LES BASES
Avant même d’envisager son insertion professionnelle, un jeune porteur de handicap doit bien souvent mener un travail pour se projeter dans l’emploi, autrement dit : se donner le droit de réussir. Seul un accompagnement pluridisciplinaire peut l’y aider. Décryptage. Si une insertion durable dans le monde du travail s’appuie sur des savoir-faire, elle dépend aussi de la confiance en soi et de l’aptitude sociale : le respect des règles, la capacité à communiquer, le comportement. C’est pourquoi toutes ces dimensions sont intégrées dans l’accompagnement proposé aux jeunes handicapés, et ce dès le plus jeune âge. « Bien sûr notre travail porte sur l’éveil, les soins et les apprentissages scolaires, précise Claire Guilhen-Wetton, directrice adjointe du pôle Enfants de L’ADAPT/Basse-Normandie. Mais ce n’est pas tout : nous travaillons aussi sur la construction d’une image valorisante de la personnalité. Plus celle-ci sera bâtie sur des bases solides, plus le jeune sera à même, plus tard, de s’approprier un sentiment de compétences. » Après 14 ans, ce travail se poursuit avec, cette fois, la construction du projet professionnel en ligne de mire. Au travers de mises en situations très progressives, les habiletés sociales et comportementales sont évaluées, c’est-à-dire la capacité à se présenter ou à faire face au regard d’autrui...
ACQUÉRIR UNE AUTONOMIE
S’INSCRIRE DANS UNE DYNAMIQUE
Pourtant, tous les jeunes en situation de handicap ne suivent pas un parcours linéaire en établissement. Exemple avec les jeunes porteurs d’une déficience cognitive dont beaucoup connaissent des périodes de déscolarisation, parfois en raison de problèmes médicaux ou familiaux, parfois aussi parce qu’ils sont en attente d’une place en établissement après un parcours scolaire chaotique. Résultat, à l’approche des 18 ans, certains sont en rupture totale avec l’institution. « Lorsqu’ils nous arrivent, ces jeunes ont parfois été inactifs pendant un, deux ou trois ans, note Annie Desleux, responsable du dispositif de « Préprofessionnalisation jeunes » de L’ADAPT/Basse-Normandie. « Bien sûr notre objectif final est de les aider à bâtir un projet professionnel. Mais pour y arriver, nous leur proposons de travailler sur tous les autres domaines de leur vie : l’autonomie, la gestion du quotidien, l’envie de s’engager. »
Le dispositif dure quarante-huit semaines, durant lesquelles le jeune bénéficie du suivi d’une équipe pluridisciplinaire : médecin, psychologue, infirmière, ergothérapeute, éducateur spécialisé, formateurs et chargé d’insertion. Après un « diagnostic » pour identifier ses difficultés, des ateliers lui sont proposés remédiation cognitive, atelier créatif, découverte des activités sportives, vie quotidienne - qui vont permettre au jeune de retrouver des repères, un cadre et une image valorisante de luimême. En Haute-Normandie, le CRP de L’ADAPT propose aussi plusieurs modules pour aider les jeunes à se « redynamiser ». « Pour ceux qui sont le plus en rupture, l’idée est, avant de remettre en route les apprentissages de base, de réapprendre les codes de la vie en groupe (respecter des horaires, travailler collectivement le groupe, etc.) », explique Claire Truffaut, formatrice. « Quant aux autres, un module de pré-orientation les invite à se concentrer sur le projet professionnel, pour en dessiner les contours (vers quel secteur ou quel métier je souhaite me tourner ? Quelle qualification viser ? etc.). »
TÉMOIGNAGE
“Je m’apprête à créer ma micro-entreprise” CÉDRIC CHANTREUIL, 20 ans, interne au sein de l’IEM de L’ADAPT de Saint-Lô. « Après l’obtention d’un CFG en 2010, l’IEM m’a aidé à faire émerger des pistes d’orientation et mon intérêt pour le graphisme est apparu. J’ai suivi une première formation en bureautique avec le Greta puis réalisé deux stages en imprimerie, qui ont validé mon projet, mes tuteurs professionnels ayant donné un avis favorable. J’ai alors enchaîné avec une formation professionnalisante pour maîtriser
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les logiciels de PAO : Photoshop, Illustrator, InDesign, à raison de quatre heures par semaine pendant six mois. Un nouveau stage au sein du service communication de L’ADAPT/Basse-Normandie m’a ensuite permis de mettre en œuvre mes connaissances. Maintenant je me sens prêt à monter ma micro-entreprise. Je vais créer un site Internet pour proposer mes services : création
d’affiches, de dépliants, de cartes de visite, etc. Pourquoi ce choix ? Pour travailler à mon rythme et parce que c’est difficile de trouver du travail. Ça sera aussi le moyen de régler beaucoup de problèmes logistiques : je vais pouvoir travailler chez moi, sans dépendre de personne. »
INTERVIEW
Nous avons besoin d’un regard expert sur le handicap”
NATHALIE DURÉCHOU, Référente handicap au sein de la Mission Locale du Sud Pays d’Auge.
OUVRIR L’HORIZON DES POSSIBLES
Quel est le profil des jeunes que vous orientez vers L’ADAPT ? Des jeunes de 16 à 25 ans, pas ou peu qualifiés, chez lesquels nous avons repéré des freins importants et pour lesquels on sait que les dispositifs du milieu ordinaire seront inadaptés. Souvent ces jeunes n’ont pas de RQTH. Nous les aidons alors à monter un dossier.
« Souvent les premiers souhaits professionnels relèvent d’un idéal, rappelle Claire Guilhen-Wetton. Notre rôle est de respecter ce souhait tout en amenant le jeune vers un projet réalisable et réaliste. » En Basse-Normandie, les jeunes effectuent pour cela des enquêtes métiers. Elles consistent à interroger des professionnels sur les exigences de leur poste de travail, les diplômes à décrocher, les compétences techniques à acquérir. Vient, enfin, la prise de contact progressive avec le monde du travail : d’abord des mises en situation, puis des stages qui vont permettre de valider (ou invalider) une orientation. Une étape cruciale où les intervenants du milieu ordinaire (chefs d’entreprise, formateurs) permettent d’ajuster un projet, et parfois, d’en garantir la réussite. ■
Quel est l’intérêt de la préprofessionnalisation de votre point de vue ? Elle apporte un regard expert sur le handicap, dont nous avons besoin. Les problématiques spécifiques de chacun sont identifiées : un manque de maturité, un problème comportemental, une propension à se mettre en danger, etc. L’ADAPT nous transmet ces éléments, ce
qui nous permet de mieux connaître les jeunes, et d’ajuster notre suivi à l’issue du dispositif. Votre rôle à l’issue du dispositif ? Poursuivre l’accompagnement, selon les préconisations de L’ADAPT, pour que le projet d’insertion professionnelle se concrétise. C’est-à-dire que nous mettons en place les relais nécessaires - assistante sociale, éducateur, ESAT, entreprise du milieu ordinaire - en fonction du profil de chacun.
LES CAHIERS DE L'ADAPT #173
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TERRITOIRE BRETAGNE
jeudi 13 juin 2013 | Rennes
Le service civique
ACCOMPAGNER POUR QUALIFIER Accéder à l’entreprise, ne serait-ce que pour y faire un stage, reste un exercice difficile qui relève parfois du parcours du combattant, pour les jeunes en général, et encore plus pour ceux qui sont en situation de handicap. D’où l’importance pour eux de prendre en main leur parcours, d’expérimenter les possibles, de tester leurs limites.
Lancé en juin 2010, ce dispositif est ouvert à tous les jeunes de 16 à 25 ans qui souhaitent s'engager dans une mission d'intérêt général pour une durée de 6 à 12 mois. Aucun diplôme, aucune expérience professionnelle ne sont exigés. Les candidats doivent s'adresser aux organismes proposant des missions ou à certaines structures relais locales de l'Agence du service
civique (missions locales notamment). La mission proposée concerne les domaines suivants : solidarité, éducation pour tous, culture et loisirs, environnement, développement international et action humanitaire, mémoire et citoyenneté, sport et santé... Les jeunes perçoivent une indemnité mensuelle nette de 573 euros, cumulable avec l'AAH. Le service civique est un outil
pertinent pour des jeunes en situation de handicap, notamment lorsque celui-ci impose un aménagement du parcours de formation (durée plus longue et formation à temps partiel) : le service civique sur l'autre partie du temps partiel est une façon de combiner une activité concrète et opérationnelle avec des études (notamment universitaires).
TÉMOIGNAGE
GRAFIC BRETAGNE : INSÉRER POUR FORMER Contrairement au système scolaire traditionnel qui forme pour insérer ensuite, Grafic Bretagne est une association qui a pour but inverse d’insérer pour former. Depuis sa création en 1992, elle développe l’accès à la qualification des jeunes en situation de handicap ou d’inadaptation. « Nous sommes sur le champ du handicap mental et de la déficience intellectuelle chez des sujets plutôt jeunes, qui viennent essentiellement d’IME, de SEGPA et des ULIS lycées et préparent des diplômes de niveau V », explique Daniel Bredoux, le responsable de Grafic. Grafic accompagne des jeunes pendant leur contrat d’apprentissage sous la forme de trois dispositifs : le renforcement pédagogique, les visites d’entreprises et le côté éducatif et social. « Nous nous inscrivons dans le temps, tout au long de l’apprentissage pour pouvoir insérer, élaborer et valider un projet », affirme Daniel Bredoux. Le renforcement pédagogique se déroule sur une journée par semaine prise sur le temps de l’entreprise et permet de reprendre ce qui a été fait en CFA, de débriefer et de maintenir le jeune dans son projet. Une visite par mois en entreprise est organisée afin de rencontrer le maître d’apprentissage et de fixer les objectifs à atteindre pour le jeune. Enfin, Grafic garantit un accompagnement éducatif et social pour que le jeune passe lentement du statut d’élève à celui d’adulte P22
salarié. Cette méthode porte ses fruits puisque, selon Daniel Bredoux, « 62 à 63 % obtiennent leur CAP, et malgré la crise, plus des deux tiers sont en emploi ».
HANDISUP BRETAGNE : DU LYCÉEN AU JEUNE ADULTE Handisup Bretagne accompagne les étudiants (parfois les lycéens) en situation de handicap, intégrés en milieu ordinaire, dans leur insertion sociale et professionnelle et ce quel que soit leur handicap (moteur, sensoriel, psychique ou cognitif) et la filière d’études choisie. « L’objectif, explique Adeline Delacroix, coordinatrice d’HANDISUP Bretagne, est de faire un bilan global de sa situation et de l’accompagner tout au long du parcours y compris dans des problématiques plus globales d’accès au logement, de transport, d’autonomie, de confiance en soi, etc.» L’étudiant a alors la possibilité d’être reçu par l’un des deux services d’HANDISUP : le SAVS ou le SAVP en fonction de ses demandes. Ces jeunes sont accompagnés jusqu’à un an après l’obtention de leur diplôme pendant cette étape de changement de statut étudiant/demandeur d’emploi. « En 2012, souligne Adeline Delacroix, 78 % des étudiants ont pu bénéficier d’une opportunité professionnelle correspondant à leur demande. Cela peut aussi bien concerner un stage, un job étudiant, un emploi en alternance, un premier emploi mais aussi un entretien conseil
auprès d’un professionnel, une journée découverte d’un métier dans une entreprise, etc. »
“J’ai trouvé ma voie grâce à HANDISUP”
METTRE EN SITUATION POUR SÉCURISER
« Après 10 ans dans un centre de rééducation de L’ADAPT, j’ai intégré une classe de 3e ordinaire au collège tout en étant interne à L’ADAPT. J’ai passé un bac L (littéraire) et me suis inscrite en fac de droit. C’est à cette époque que j’ai connu HANDISUP Bretagne. En 2011, ils m’ont invitée à participer à un forum-entreprises. J’ai pris ça comme un exercice et j’ai décroché deux emplois saisonniers l’été suivant dont l’un au service social de DCNS Brest, société de construction navale. J’ai redoublé ma première année de droit mais je n’ai pas obtenu le succès attendu. J’ai fait un nouveau stage de deux semaines chez DCNS Brest puis je me suis inscrite à l’IPAG de Brest pour préparer le concours d’entrée en école d’assistant social. Tout en étant bénévole chez HANDISUP, j’ai pu effectuer un autre stage d’observation de 15 jours au service social de Thales. J’ai réussi le concours d’entrée à l’ITES de Brest en avril 2013 et j’y suis maintenant inscrite en formation assistante de service social. Si HANDISUP n’avait pas été là je n’aurais jamais songé à devenir assistante sociale. »
De manière complémentaire, les ESAT ciblent davantage leur action en direction des jeunes handicapés issus de milieux protégés dont les capacités ne permettent ni de travailler en entreprise ordinaire ni en entreprise adaptée. Pour les confronter à la réalité, trois étapes ont été mises en place : la visite, l’expérimentation et la mise en situation. La visite permet au jeune d’aller voir une entreprise et de se confronter (douloureusement parfois) au décalage entre son handicap et la réalité. L’expérimentation sert à appréhender les contraintes (horaires – tôt le matin, tard le soir – trajets plus ou moins longs, etc.). Enfin, la mise en situation « permet au jeune de s’essayer. Elle peut avoir lieu sous forme de stage, avec moins de contraintes horaires, moins de tâches à accomplir. Elle sécurise le jeune et lui permet de se situer par rapport à ses propres limites », explique Jean François Dando, responsable de service d’un ESAT Hors-les-murs. ■
ERIKA YVEN
LES CAHIERS DE L'ADAPT #173
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TERRITOIRE GRAND-EST
mardi 25 juin 2013 | Troyes
L’ALTERNANCE POUR TOUS Le système de l’alternance représente une expérience nouvelle. Il est parfois difficile de décoder les règles et les exigences du monde du travail, de se situer comme salarié débutant apprenant un métier, de se confronter à ses limites. Et lorsque ces difficultés croisent celles liées au handicap, faire la part de ce qui relève du handicap et de l'expérience de l'alternance est complexe. D’où l’intérêt d’anticiper et de se préparer. TÉMOIGNAGE
“L’alternance m’a permis de rebondir ” JÉRÉMIE MAGNIETTE, 20 ans
*JARD : Le JARD se définit comme un service d’accompagnement et de préparation à la vie active. Il accompagne autant dans la prise d’autonomie au quotidien que dans l’insertion dans le monde du travail. Sa compétence s’étend sur toute la Marne.
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« Par le biais de l’ESAT où j’étais, j’ai eu la possibilité de faire plusieurs stages dans le secteur des espaces verts avant d’être embauché en CDI chez Edivert. Mais au bout de 4 ans j’ai été licencié économique. J’ai recommencé ma recherche d’emploi seul, jusqu’à ce que la permanence du JARD* me propose une formation en alternance de 2 ans pour passer le CAPA travaux paysagers. Le JARD m’a accompagné tout au long de la construction de mon projet et m’a aidé à trouver une entreprise d’accueil (la mairie de Cormicy), à remplir les dossiers. J’ai passé l’examen, que j’ai réussi, en juillet 2013. Ce diplôme m’a permis de trouver un emploi au sein de l’association APF entreprise 51, à Reims, où je travaille depuis septembre 2013 en tant qu’ouvrier qualifié espaces verts. L’alternance est un bon moyen de travailler tout en apprenant. J’étais rémunéré, l’ambiance était bon enfant et j’ai surtout acquis de nouvelles compétences techniques par rapport à un secteur que je croyais déjà connaître. »
LE RAPPROCHEMENT AVEC LES CFA
De nombreux CFA se sont montrés intéressés parce qu’ « Alternance pour tous » apporte une réponse à des publics de l'emploi : « Pourtant, reconnaît Laurence Dal Cin, directrice adjointe de L’ADAPT/Aube à Troyes, il n’est pas toujours facile pour un CFA d’accueillir un jeune handicapé. Tous les CFA ne sont pas à l’aise avec ce projet. Il faut faire des aménagements en fonction du handicap du jeune (temps de travail, supports de cours, etc.), et accepter de modifier un peu ses pratiques. » Les CFA qui se positionnent le mieux sont ceux des secteurs de l’agriculture et du bâtiment. ■
L’ALTERNANCE : UN BON MOYEN D’ARRIVER À L’EMPLOI Le système de l’alternance comme intermédiaire pour accéder à une formation puis à l’emploi a fait ses preuves. La faculté des métiers d’Evry et L’ADAPT, par exemple, en convention avec la DSDEN, accueille chaque année 8 à 10 jeunes handicapés de 16 ans minimum, en vue de les préparer à une formation par l’apprentissage. Cette initiative, appelée « La passerelle bleue » permet un parcours en quatre ans : un an de stage de découverte, un an de passerelle préparatoire à l’apprentissage, suivis des deux ans classiques d’apprentissage. Cette initiative a fait des petits puisqu’un nouveau dispositif baptisé « Alternance pour tous » vient d’être mis en place en août 2013 dans l’ensemble des quatre départements de la ChampagneArdenne (Marne, Haute-Marne, Ardennes, Aube). Il s’adresse à des jeunes présentant un handicap mental, psychique et/ou cognitif d'apprentissage et ayant des besoins spécifiques d’accompagnement pour accéder à la qualification et à l’emploi. L’effectif visé concerne 36 personnes sur les quatre départements, provenant d’origines diverses : 15 personnes issues d’établissement médico-sociaux (ESAT, IMPRO ou IME), 14 de structures d’insertion (Cap Emploi, missions locales, Pôle emploi) et 7 d'ULIS (lycées).
Les trois phases d’ « Alternance pour tous » : Positionnement, pré-alternance, alternance Une première phase de positionnement a pour objectif de valider la faisabilité de l’alternance et les conditions d’accompagnement nécessaires pour le jeune. En effet, ce dernier doit pouvoir se projeter dans le système de l’alternance, s’approprier ses atouts, ses manques. Cette phase peut durer au maximum 3 mois. Il est nécessaire que le projet professionnel soit validé en amont car le positionnement sert à mesurer la « distance » à parcourir entre le jeune et le futur apprenti : « en général, assure Laurence Dal Cin, le projet professionnel est connu, le projet d’alternance, moins, et le projet d’accompagnement, encore moins ». L’objectif de cette première période est d’identifier les pré-requis pour
que le parcours d'alternance ait les meilleures chances de succès. La phase de pré-alternance permet l'acquisition de connaissances théoriques, complétées par des mises en situations professionnelles de trois semaines à un mois qui permettent de préparer à l'alternance et de rechercher une entreprise d'accueil. Il est prévu un temps de renforcement des acquis (soutien assuré par le CFA ou l'organisme de formation). Cette phase est complétée par un accompagnement socio-professionnel pour préparer l'autonomisation du jeune, assurer un appui dans la recherche d'entreprise et préparer l'entrée dans le contrat.
La troisième et dernière phase est celle de l’alternance proprement dite, qui débute avec la signature du contrat de professionnalisation ou d'apprentissage. Le renforcement des acquis se poursuit pour consolider les connaissances dans les matières générales, mais de manière plus légère qu'en phase de pré-alternance. L’accompagnement socioprofessionnel dont continue à bénéficier le jeune est ciblé sur la pérennisation du contrat de travail afin d’éviter les ruptures en cours de contrat et à l'issue de ce dernier, favoriser la transformation du contrat en CDI et l’obtention du diplôme.
LES CAHIERS DE L'ADAPT #173
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TERRITOIRE LOIRE/CHARENTES
lundi 3 juin 2013 | Nantes
LES JEUNES ET L’ENTREPRISE :
BÂTIR UNE CONFIANCE MUTUELLE Comment les jeunes titulaires d’une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé abordent-ils l’entreprise ? Souvent fragilisés par un parcours chaotique et confrontés à un univers professionnel peu sensibilisé, les jeunes candidats à l’emploi peinent à se sentir légitimes.
Craintes et appréhensions, ce sont les sentiments qui semblent dominer dans l’esprit des jeunes handicapés à l’aube de leur vie professionnelle. Et pour cause : avant d’entrer dans le monde du travail, ils ont pour la plupart connu des désillusions et éprouvé de grandes difficultés pour faire respecter leurs droits (par exemple vis-à-vis de l’institution scolaire pour obtenir des aménagements). Ainsi « échaudés » par des années de bataille, ils adoptent la plupart du temps une attitude méfiante vis-àvis de ce nouvel interlocuteur qu’est le monde de l’entreprise. L’autre difficulté réside dans le fameux « savoir-être ». Comment, là encore, s’afficher en un clin d’œil comme une personnalité sûre d’elle-même alors que l’estime de soi est la plupart du temps altérée par des années d’incompréhensions, voire de discriminations ? Du point de vue des recruteurs, ce double constat est pourtant dommageable : les jeunes titulaires d’une RQTH donneraient, selon eux, trop d’importance à leur handicap, au lieu de se concentrer sur la valorisation de leurs compétences, comme n’importe quel autre candidat...
UNE VISION DÉFORMÉE Autre élément pénalisant : les jeunes handicapés, plus encore que les autres, connaissent mal le monde de l’entreprise, ce qui génère une vision partielle ou déformée de la réalité. Souvent dispensés du stage professionnel de troisième, ils rencontrent aussi plus de difficultés que les autres pour décrocher des stages professionnels dans leur cursus universitaire. Si bien qu’ils arrivent souvent à leur premier entretien avec déjà une carence en matière d’expérience... Et le problème monte encore d’un cran pour les jeunes qui n’ont connu que le milieu protégé : certains arrivent en âge de travailler en ignorant quasiment tout de ce qui les attend. « Nous constatons le décalage lorsque les jeunes d’IME viennent visiter l’ESAT, indique Didier Dereux, directeur territorial Loire-Charentes de L’ADAPT. Leurs préoccupations sont liées au salaire, aux vacances, à la possibilité de changer de poste. Ils s’interrogent très peu sur les exigences de rentabilité P26
INTERVIEW
Nos actions gagnent en force et en visibilité”
ERIC CRISPIN, directeur de L’ADAPT/Sarthe
TÉMOIGNAGE
“Je ne focalise plus sur mon handicap ” DAMIEN HÉRAULT, 25 ans, demandeur d’emploi. « Ma scolarité a été compliquée du fait de ma dysgraphie. En seconde, mon lycée a refusé que j’utilise un ordinateur et j’ai dû partir à l’autre bout de la France pour raccrocher en classe de première. J’ai finalement poursuivi mes études jusqu’à un Master 2 de droit social et management des ressources humaines, que j’ai obtenu avec une mention bien. Deux premières expériences en entreprise m’ont permis de me familiariser avec le monde du travail, puis j’ai intégré le groupe Airbus pour un stage de six mois. Là, j’ai réalisé différentes missions : veille et conseil juridique, recrutement, etc. Au début j’étais peu à l’aise, puis j’ai repris confiance. Cette double casquette de travailleur handicapé/recruteur m’a ouvert les yeux. Aujourd’hui, je ne focalise plus sur mon handicap : je fais mention de ma RQTH en haut à droite sur mon CV mais je m’en tiens là. Je n’en parle pas du tout dans ma lettre de motivation. Je sais qu’une entreprise cherche avant tout des compétences et un profil précis correspondant à un poste. Certes les entreprises ont fait du chemin dans l’acceptation du handicap, mais elles n’ont pas de vocation sociale. Un travailleur handicapé doit savoir valoriser ses compétences, comme les autres candidats. »
ou l’organisation du travail. Beaucoup ont par ailleurs une vision exclusivement artisanale de l’entreprise : ils pensent qu’ils vont réaliser un produit de A à Z. Quand ils s’aperçoivent que le travail est morcelé, compartimenté, ils sont très déçus et leur motivation s’en ressent. »
COACHING ET TUTORAT Il y a donc urgence, selon les professionnels, à multiplier les occasions de se confronter à la réalité via des immersions terrain. Avec des journées de découverte de l’entreprise pour les plus jeunes, puis des stages obligatoires, d’au moins deux ou trois semaines, voire de plusieurs mois dans le cursus universitaire. Mais attention, le bénéfice de telles expériences repose sur une solide préparation. Cela peut passer par un coaching en termes de savoir-être (pour apprendre à se positionner au sein d’un groupe, savoir valoriser ses compétences, etc.) ou la désignation d’un tuteur de stage au sein de l’entreprise. Cet accompagnement doit aussi inclure la façon de se présenter et de parler de son handicap (et une sensibilisation de l’entreprise accueillante !).
Comment est né ce partenariat entre le CNAM et L’ADAPT ? Le CNAM* forme et accompagne tous les publics qui visent une insertion professionnelle réussie, dont les personnes handicapées. C’est un organisme très actif et porteur de valeurs humanistes en lien avec celles de L’ADAPT. Aussi, nous avons pensé qu’il serait pertinent de travailler main dans la main et nous les avons sollicités dans ce sens. En quoi consiste-t-il ? La toute première action a commencé il y a deux ans. Elle vise à répondre ensemble à des appels à projets initiés par le Conseil régional ou l’Agefiph pour l’élaboration de projets professionnels portés par des personnes handicapées. Le deuxième volet est la coorganisation de conférences
sur le thème du handicap, en direction des étudiants du CNAM en ressources humaines et la conférence « Préparer l’avenir des jeunes avec les jeunes » du 3 juin 2013 à Nantes. Enfin, L’ADAPT a participé à la réalisation et au lancement d’un serious game de sensibilisation au handicap qui s’adresse aux entreprises, conçu par le CNAM. Quels en sont les bénéfices ? Nous sommes complémentaires : le CNAM apporte sa compétence logistique et son savoir-faire en termes de formation, et L’ADAPT, sa connaissance du handicap. Ainsi, nos actions gagnent en force et en visibilité.
*Conservatoire national des arts et métiers
LES CAHIERS DE L'ADAPT #173
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TERRITOIRE SUD-OUEST
mercredi 27 novembre 2013 | Bordeaux
LE LOGEMENT PARTAGÉ ET REGROUPÉ
UNE VIE INDÉPENDANTE EN APPARTEMENT Dans le Sud-Ouest, les maisons familiales accueillant trois ou quatre jeunes adultes handicapés moteur, et d’autres formes de logement partagé, sont le fruit d’un partenariat entre des associations, le SAMSAH de L'ADAPT/Gironde et des prestataires d’aides humaines. Explications avec Yannick Vignaud, chargé de développement territorial pour L’ADAPT/Sud-Ouest.
Pouvoir habiter un appartement, de manière autonome mais sécurisée par la présence d’aides humaines, mutualisées en fonction des besoins, en allant à son travail ou à des activités socio-culturelles... Un rêve devenu réalité depuis 1998 pour des jeunes lourdement handicapés moteur ou cérébro-lésés qui ne voulaient pas vivre dans un foyer ou dans leur famille. Une offre variée se développe, en partenariat avec des associations comme l’AFTC ou l’APF.
TENIR COMPTE DU PROJET INDIVIDUEL « Certaines personnes ont un handicap moteur très important mais des compétences sur le plan cognitif et des capacités d’autonomie ; d’autres ont davantage de capacités motrices mais des troubles cognitifs et parfois des troubles du comportement. C’est pour cela que différentes formules ont été développées, pour répondre au désir de vie en milieu ordinaire de personnes qui ne sont pas capables de vivre seules » explique Yannick Vignaud, ancien directeur du SAMSAH de L'ADAPT/Gironde. Le SAMSAH, créé en 2008, intervient dans la formulation du projet individuel,l’évaluation des besoins,avec une prise en charge de trois à cinq ans. Proximité des transports, de l’ESAT, du GEM ou du CAJ... : « Quand on entend le désir de vivre en appartement, on se met en recherche d’un lieu qui corresponde au projet des personnes et aux problématiques de handicap, en s’assurant qu’il y ait un équilibre et une dynamique de groupe. Ensuite, on se tourne vers l’association chargée des aspects financiers » poursuit-il (voir encadré).
TÉMOIGNAGE
“Les Coucous ont fait leur nid” « Aller en foyer médicalisé ou rester chez nos parents étaient les seuls choix que nous avions à 20 ans en quittant l'IEM de l’APAJH à Eysines, confie Homar Badji. Mais nous voulions devenir autonomes, avoir une vie indépendante en appartement. Le directeur, les éducateurs, les aidesoignants... nous ont soutenus. » Après des mois d’essai concluants dans des appartements thérapeutiques totalement adaptés pour des personnes ayant un handicap moteur lourd, le projet met deux ans à se monter avec le bailleur social Gironde Habitat, le GIHP, la mairie de Bordeaux... Homar emménage avec Olivier et deux jeunes filles dans un second appartement en 2007. Les auxiliaires de vie sont mutualisés. Depuis Olivier a pris son indépendance dans un T2, Homar espère faire de même bientôt et d’autres projets d’appartement sont en cours. Ils ont créé l’association Les Coucous, dont le jeune homme est président, « pour aider les personnes handicapées à trouver un appartement, les conseiller. On voit que les jeunes de l’IEM veulent faire comme nous, des parents s’y intéressent. Nous avons aussi créé un système d’autopartage avec la location d’un véhicule adapté et avons le projet d’un point rencontre dans une Maison des associations ».
DES PETITES UNITÉS AU CŒUR DE LA CITÉ Différentes formes de logement partagé existent pour répondre au mieux aux besoins. Les maisons familiales, les plus nombreuses, sont des appartements ou maisons pour trois ou quatre personnes : chacun a sa chambre meublée par lui, avec des parties communes (cuisine, salon, sanitaires), les repas sont pris ensemble, des activités sont organisées ainsi que le partage des tâches (et des dépenses) avec l’aide des auxiliaires de vie dont le temps de présence est mutualisé... Il y a un règlement de vie. Le loyer est divisé entre les habitants qui sont en sous-location. Des appartements partagés en colocation (voir encadré Les Coucous) où chacun est plus indépendant. Des appartements individuels regroupés dans un même immeuble pour ceux qui aspirent à une vie autonome, certaines aides humaines pouvant être mutualisées comme la surveillance de nuit. Il peut y avoir des espaces communs. Les personnes les plus autonomes peuvent bénéficier de logements satellites éloignés les uns des autres, avec un accompagnement individuel.
TOUT UN TRAVAIL D’ACCOMPAGNEMENT « Aujourd’hui notre équipe accompagne 72 personnes dans 18 maisons familiales de deux à quatre personnes et une de cinq, et une dizaine en sous-location individuelle, explique Aurélie Touy-Rimbaud, chef de service du SAMSAH/UEROS de L’ADAPT/Gironde. Nous nous adaptons en fonction du projet de chacun. Les projets sont validés avec l'UEROS Aquitaine qui évalue les capacités de la personne à vivre en appartement, le mode de déplacement, l’insertion socio-culturelle et professionnelle. Ensuite, nous construisons le projet de manière individuelle : la maison sera peut-être une étape vers un appartement indépendant et on verra plus rarement le désir de revenir vers le collectif. Soit une chambre se libère dans une des maisons soit, quand trois ou quatre personnes ont le même projet, nous recherchons un logement qui leur convient, évaluons la part d’aides humaines qui peut être mutualisée en fonction des besoins de chacun et de la sécurité de tous. Ensuite, nous assurons le suivi, la médiation entre les sous-locataires, les auxiliaires de vie, les familles. Il y a un ergothérapeute référent par maison. » « Avec l’AFTC, l’APF et les Coucous, nous travaillons pour faire évoluer le modèle, conclut Yannick Vignaud. Nous travaillons aussi avec les bailleurs sociaux pour les sensibiliser aux besoins des personnes handicapées et pour qu’ils prévoient des logements vraiment adaptés.» ■
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Un partenariat à trois Le SAMSAH n’a pas de lien financier avec les usagers et les auxiliaires de vie. Après des entretiens, le projet de la personne orientée par la MDPH peut prendre forme en fonction de ses besoins (aide humaine, transports, mise en place d’activités, vie sociale). Le SAMSAH accompagne, le temps nécessaire, la mise en œuvre du projet de vie du locataire, coordonne les actions des différents intervenants et l’organisation.
L’AFTC est locataire des appartements dont les habitants signent un bail de sous-location. L’association s’occupe de tout l’aspect financier, la répartition des charges (eau, électricité, entretien courant) et du compte « alimentaire » (alimentation, produits d’entretien, vaisselle). Des associations prestataires d’aide humaine font intervenir des auxiliaires de vie qui peuvent être mutualisées notamment pour l’organisation quotidienne (repas, entretien, activités communes, veille de nuit).
LES CAHIERS DE L'ADAPT #173
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{ GLOSSAIRE
AED AFPA AFTC AGEFIPH ALJT APF ARS AVS AVSI
Assistant d’éducation Association pour la formation professionnelle des adultes Association de familles de traumatisés crâniens et de cérébro-lésés Association de gestion du fonds pour l'insertion des personnes handicapées Association pour le logement des jeunes travailleurs Association des paralysés de France Agence régionale de santé Auxiliaire de vie scolaire Auxiliaire de vie scolaire individuel
BPJEPS
Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport
CAJ CAP CFA CFG CLIS CNAM CRP
Centre d’accueil de jour Certificat d’aptitude professionnelle Centre de formation d’apprentis Certificat de formation générale Classe localisée pour l’inclusion scolaire Conservatoire national des arts et métiers Centre de réadaptation professionnelle
DSDEN
Direction des services départementaux de l’éducation nationale
ESAT
Établissement et service d’aide par le travail
GAR GEM GIHP GRETA
Groupe appui ressources Groupe d’entraide mutuelle Groupement pour l’insertion des personnes handicapées physiques Groupement d’établissements
IEM IME ITEP
Institut d’éducation motrice Institut médico-éducatif Institut thérapeutique, éducatif et pédagogique
LPC
Langage parlé complété
MDPH
Maison départementale des personnes handicapées
ONISEP
Office national d'information sur les enseignements et les professions
PAO PPS PPS
Publication assistée par ordinateur Projet personnalisé de scolarisation Prestation ponctuelle spécifique
RQTH
Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé
SAMSAH SAVP SAVS SEGPA
Service d’accompagnement médico-social pour adultes handicapés Service d’accompagnement à la vie professionnelle Service d’accompagnement à la vie sociale Section d’accompagnement général et professionnel adapté
TH
Travailleur handicapé
UEROS ULIS
Unité d’évaluation, de réentraînement et d’orientation sociale et/ou professionnelle des traumatisés crâniens Unité localisée pour l’inclusion scolaire
Les cahiers de L’ADAPT N° 173 - 1 semestre 2014 er
L'ADAPT Siège Tour Essor - 14 rue Scandicci 93508 Pantin Cedex
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Directeur de la publication : Emmanuel Constans Rédacteur en chef : Éric Blanchet Coordination éditoriale : Cyrielle Claverie Comité éditorial : Cyrielle Claverie, Nicole Frêné, Valérie Paparelle Rédaction : Marie-Claire Brown, Émilie Gilmer, Séverine Maestri Conception, réalisation : Impression : Chauveau imprimerie
Commission paritaire : n°52-562 Parution trimestrielle : ISSN 0182-5437 Dépôt légal : 1er semestre 2014 Crédits photos : L’ADAPT, Jean-Jacques Bernard, Philippe Devernay – MEN, Tristan Paviot
L’ADAPT Siège social Tour Essor, 14 rue Scandicci, 93508 Pantin Cedex Tél. : 01 48 10 12 45 / Fax : 01 48 10 12 44 contact@ladapt.net