Focus l' agriculture bio 06/2011

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Juin 2011

Opportunités offertes par l’agriculture bio

Willy Gehriger: une croissance est possible L’agriculture bio et la politique agricole Le marché est demandeur La reconversion nécessite du temps Céréales bio: un défi qui en vaut la peine Régulation des ravageurs en bio Les limaces sont et restent un problème

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INTERVIEW PRODUCTION BIO

Une croissance n’est pas exclue SELON WILLY GEHRIGER, Président de la direction de fenaco, le chiffre d’affaires des denrées alimentaires bio pourrait doubler dans un horizon de 15 ans si les grands distributeurs décident d’adapter leur stratégie marketing en conséquence. Pour Willy Gehriger, près de la moitié de l’augmentation de la demande en produits en bio pourrait être couverte par la production suisse, une opportunité qu’il s’agit de saisir.

Revue UFA Quelle est selon vous Simon Marti

«La politique a eu plus d’impact sur la durabilité que le marché.»

la situation du marché bio pour les produits agricoles suisse ? Willy Gehriger Sur un chiffre d’affaires total de CHF 19.7 milliards, Coop, qui est le plus grand canal de vente pour les produits bio, a réalisé un chiffre d’affaires de plus de CHF 700 millions, soit quatre pourcent de son chiffre d’affaires total, avec les produits bio indigènes. Migros génère un chiffre d’affaires supérieur à Coop et la part du bio au sein de ce dernier y est moins importante. En Suisse, la part de marché du bio reste relativement modeste. Elle ne représente ainsi que 10 % pour les légumes, 8% pour le lait et 2 % pour la viande. En Suisse romande, on enregistre encore une progression, l’engouement pour le bio étant intervenu plus tardivement qu’en Suisse alémanique.

Actuellement, on assiste à une augmentation de la demande de viande bio, qui évolue toutefois à un faible niveau. Certaines exploitations se convertissent actuellement au bio. C’est une bonne chose même s’il faut toutefois rester Quelle est la situation au niveau des céprudent. En doublant par exemple rapiréales panifiables? dement la part de marché de la viande La majeure partie des céréales panibio qui est aujourd’hui de 1.8 %, on fiables bio sont importées. Alors que le court le danger qu’il pain bio dispose y ait tout d’un coup d’une part de mar«Les organitrop de viande de ché élevée d’envisations porc bio sur le marron 11 à 12 %, la bio ont ché. Les organisaproduction de blé tions bio ont soubio indigène reste souvent réussi vent bien réussi à très insuffisante. En à maîtriser maîtriser l’offre en Suisse romande nol’offre.» prenant des mesures tamment, les exadéquates. ploitations de grandes cultures ne pourraient pas se Où fenaco met-elle l’accent sur le marché permettre d’acheter des engrais bio du bio? pour l’ensemble de l’exploitation. Plusieurs de nos entreprises sont certifiées bio pour les fruits, les légumes, la Dans le domaine de la viande, il existe enviande et les céréales. Nous sommes core un certain potentiel de développeainsi présents depuis plus de dix ans ment de la demande. 2

dans le secteur des semences, des engrais et de la protection des plantes. En ce qui concerne les aliments pour bétail, la part de marché de fenaco représente le tiers des ventes totales d’aliments bio en Suisse, ce qui fait de nous le numéro deux du secteur. A Herzogenbuchsee, nous avons investi 2 Mio. Fr. pour la rénovation de l’usine de fabrication d’aliments de Hofmatt et avons converti l’ensemble de l’usine au bio. A travers son nouveau plan d’action, Bio Suisse cherche à sensibiliser d’avantage les consommateurs au bio. Quel potentiel recèle encore le marché bio selon vous? Il existe encore un certain potentiel de croissance pour le bio, mais ce potentiel n’est pas spectaculaire et dépend fortement de la stratégie marketing des grands distributeurs. Le comportement des consommateurs et des consommatrices dépend de la publicité qui est faite autour du bio. Reste à se demander qui est en mesure de lancer des campagnes publicitaires d’envergure pour inciter 6 2011 · REVUE UFA


INTERVIEW PRODUCTION BIO des milliers de consommateurs à consommer tout d’un coup plus de produits bio. En Suisse, seuls Migros et Coop ont la capacité de le faire. Si tel était le cas, le chiffre d’affaires du bio pourrait doubler dans les 15 années à venir. La moitié de l’augmentation de la demande en produits bio pourrait être couverte par la production suisse. Je ne veux toutefois pas conseiller à tous les producteurs de se reconvertir au bio. Les producteurs intéressés seraient bien avisés de prendre contact avec Bio Suisse et de vérifier attentivement avec les acheteurs s’il existe un marché pour leurs produits dans la région. Dans la perspective d’une ouverture des marchés, pensez-vous que le bio dispose d’un potentiel de valeur ajoutée supérieur à l’agriculture conventionnelle? Si les frontières s’ouvrent encore d’avantage, je me fais au moins autant de soucis pour l’agriculture bio que pour l’agriculture conventionnelle. Il est bien entendu possible que les pouvoirs politiques décident d’aides supplémentaires pour le bio. Mais il y a fort à parier que l’Etat n’augmentera pas ses soutiens si le marché n’est pas demandeur. Nous ne sommes par ailleurs pas prédestinés pour l’exportation: nous n’avons que des petites structures, nous avons beaucoup de montagnes et, surtout, nos clients disposent d’un fort pouvoir d’achat. Bien sûr nous pour-

cemment affirmé qu’il estimait que l’on rions décider de transformer la Suisse en avait un peu fait le tour de la question pays du bio et, une fois que le marché en ce qui concerne la durabilité et qu’il indigène serait saturé, décider d’exporfallait à nouveau ter notre producproduire plus. Dans tion bio excéden«L’impact l’UE on assiste à un taire dans l’UE. du marché retour de balancier Dans le cas d’une sur la en faveur de la proouverture accrue duction. En résumé des frontières, nous durabilité on constate qu’il serions toutefois a été plutôt existe deux points confrontés au prodécevant.» de vue. Les uns diblème qu’alors que sent ainsi «vous, les les prix des produits suisses, vous êtes sur la bonne voie». A agricoles baisseraient, les charges de l’opposé, d’autres pays comme le Danemain d’œuvre resteraient élevées, ce qui mark, la Hollande ou les anciens pays de serait particulièrement délicat pour l’Est, pratiquent une agriculture hyper l’agriculture biologique dont chacun sait intensive où seul le prix compte. L’UE qu’elle est intensive en travail. est prise entre deux feux, bref sa politique agricole est dans une impasse, Pensez-vous que le consommateur soit sans objectif clair. plus attentif à la durabilité? La durabilité est un mot à la mode. FiConsommez-vous des produits bio? nalement, ce sont les consommatrices Avec ma femme nous allons régulièet les consommateurs qui décident de rement au marché. Nous désirons surce qui est juste pour eux. En ce qui me tout savoir d’où viennent les produits concerne j’estime que l’impact du marque nous achetons. A cette occasion ché sur la durabilité a été décevant. j’aime bien acheter des produits suisses. En ce qui concerne la viande, je veille Pourquoi? toujours à ce qu’elle provienne de La politique a eu un impact plus fort Suisse. Je n’achète pas nécessairement que le marché sur la durabilité, en apdes produits bio mais je n’ai aucun prépliquant le principe: «si tu veux toucher jugé envers le bio. Ici à Berne, la Direcdes payements directs, tu dois exploiter tion et le Conseil d’administration de fede manière durable». Il faut aussi faire naco fréquentent souvent un restaurant attention de ne pas lasser les gens. Le bio. ministre français de l’agriculture a ré䡵

Personnel Willy Gehriger est président de la Direction de fenaco société coopérative. Willy Gehriger est ingénieur agronome et a travaillé à la station de recherche agricole de Changins avant d’entrer au service de fenaco, il y a 20 ans. Willy Gehriger est marié, père d’un fils et grand-père. Il habite à Pully près de Lausanne.

«Le producteur qui est intéressé à passer au bio devrait au préalable étudier de manière approfondie s’il existe un débouché pour ses produits»

Auteur Simon Marti est politologue et journalise indépendant à Berne. Cette interview a paru dans le magasine «bioactualité» du mois de février de cette année (1/2011)

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POLITIQUE AGRICOLE PRODUCTION BIO

Du pain et des fleurs POLITIQUE AGRICOLE 2014 – 2017 En ce qui concerne l’agriculture biologique, la future politique agricole est plutôt axée sur la consolidation que sur la croissance. Il s’agit d’un élément positif pour les exploitations bio existantes, mais cela aura de lourdes conséquences pour le marché bio en Suisse.

Mareike Jäger

Le projet de la nouvelle politique agricole 2014 – 2017 est encore en consultation jusqu’à fin juin. Les contributions pour l’agriculture biologique sont incluses dans les contributions au système de production pour la promotion des modes de production particulièrement et respectueux de l’environnement et des animaux. Il n’y a pas de grands changements – le montant des contributions reste à peu près le même et l’échelonnement existant de la contribution selon le type d’utilisation (cultures spéciales, autres terres ouvertes et SAU restante) est maintenu. La production de lait et de viande basée sur les herbages devrait être favorisée, et avec elle les exploitations qui couvrent leurs besoins fourragers principalement avec de l’herbe en vert, du foin, du regain et de l’ensilage d’herbe. De nombreuses exploitations bio devraient également en profiter.

Des signaux politiques clairs Bio Suisse salue la direction générale donnée à la politique agricole. Grâce à un mode de production durable, l’agriculture suisse (bio) peut se profiler très clairement sur des marchés de plus en plus ouverts. C’est plutôt la répartition prévue des moyens financiers qui fait l’objet d’une critique virulente de la part des milieux bio. Il est en effet prévu que seuls 20 % du total de l’enveloppe totale soient attribués aux contributions à la biodiversité, à la qualité du paysage et aux systèmes de production. La majeure partie des contributions continuera simplement à être versée pour l’exploitation des surfaces (contributions au paysage cultivé et à la sécurité de l’approvisionnement) ou à ceux qui ont déjà touché des paiements directs par le passé (contributions à l’adaptation). De plus, selon Bio Suisse, il est absolument incompréhensible que sur les env. 2.4 mia. de Fr. de

paiements directs, un seul petit pour cent continue à être prévu pour les contributions bio. C’est pourquoi l’organisation formule trois exigences envers la nouvelle orientation de la politique agricole: • Augmentation des moyens liés aux prestations. • Etablir un plan d’action bio comprenant notamment des instruments stratégiques tels que des contributions à la recherche et à la vulgarisation visant à augmenter la proportion de surfaces bio. • Augmenter les contributions au système de production.

Comment nos voisins font-ils? Au niveau de l’exploitation individuelle, avec PA 2014 – 2017, dans notre pays, le niveau des paiements directs pour la production biologique reste très élevé en comparaison avec les autres pays européens. En Allemagne par exemple,

On cherche des producteurs bio supplémentaires

Stephan Jaun est responsable du département Information et RP de Bio Suisse www.bio-offensive.ch 4

En ce qui concerne le bio, comme on l’entend dire souvent, c’est le marché qui décide. Les producteurs bourgeons produisent des denrées d’une qualité exceptionnelle, les transformateurs commercialisent chaque année 1000 nouveaux produits bourgeon et le commerce de détail augmente ses ventes de denrées alimentaires bio de 5% par an. Entretemps, le chiffre d’affaires réalisé par les produits bio se monte à plus de 1.6 milliards de francs et la tendance est à la hausse. Pour satisfaire la demande, Bio Suisse a lancé une offensive bio dont le but est de soutenir les producteurs actuels dans leurs efforts et d’inciter de nouveaux produc-

teurs à passer au bio. Malgré une situation de marché intéressante, les agriculteurs sont actuellement encore trop peu nombreux à se reconvertir au bio, ce qui fait que l’agriculture suisse perd des parts de marché. Les céréales bio, les composants protéiques bio et la viande de pâturage bio sont les produits agricoles qui jouissent actuellement du meilleur potentiel en terme d’écoulement.

faction supplémentaire dans leur métier d’agriculteur. En plus de cela, le bio permet à l’exploitation de conserver sa valeur intrinsèque, ce qui s’explique entre autres par le fait que des assolements diversifiés, l’élimination mécanique des mauvaises herbes, un cycle des nutriments naturel et une biodiversité élevée contribuent à préserver le sol et l’environnement, pour les générations à venir également.

L’analyse des coûts de production démontre qu’en grandes cultures, les agriculteurs ont tout intérêt à produire selon les directives bio bourgeon. Nombre de producteurs en reconversion affirment que produire en bio est une source de satis-

Bio Suisse informe régulièrement des opportunités offertes par le marché. En cas de besoin, l’Institut de recherche pour l’agriculture biologique (FiBL), les vulgarisateurs bio cantonaux et les organisations bio régionales se tiennent à 6 2011 · REVUE UFA


POLITIQUE AGRICOLE PRODUCTION BIO

Instruments PA 2014 – 2017 • contributions au paysage cultivé pour le maintien d'un paysage rural ouvert; • contributions à la sécurité de l'approvisionnement pour le maintien d'un approvisionnement sûr; • contributions à la biodiversité pour le maintien et la promotion de la diversité des espèces; • contributions à la qualité du paysage pour la préservation, la promotion et le développement de la diversité des paysages cultivés; • contributions au système de production pour la promotion des modes de production particulièrement respectueux de l'environnement et des animaux • contributions à l’utilisation efficiente des ressources pour une utilisation durable des ressources ainsi qu’une utilisation efficiente des agents de production • contributions à l’adaptation.

certaines régions ont supprimé les soutiens à l’agriculture biologique à partir de cette année et ce tant que le cofinancement par l’UE de la prochaine campagne n’est pas assuré. Le montant de la prime bio atteint en moyenne 160 Euro/ha de terres ouvertes et de prairies. L’agriculture bio est par ailleurs exclue des programmes d’extensification et de protection de la nature vu qu’elle en remplit de toutes façons les exigences. Prochainement, les exploitations bio ne toucheront plus les contributions Extenso. Ces égarrements dans la politique de soutien laissent planer

disposition pour des conseils. Finalement c’est bien entendu l’agriculteur qui doit décider lui-même si une reconversion fait sens pour lui. A travers son offensive bio, Bio Suisse s’implique en faveur de l’ensemble de ses membres. Bio Suisse présentera ainsi aux décideurs politiques à Berne un plan d’action dans le but d’améliorer les conditions cadres pour l’agriculture biologique. Toute la branche bénéficie en effet d’un développement harmonieux du marché. Le marché est demandeur. Profitez de l’occasion et devenez agriculteur ou agricultrice bio !

En 2010, 5521 exploitations étaient affiliées à Bio Suisse alors que 400 exploitations s’en tenaient à l’Ordonnance sur l’agriculture biologique de la Confédération.

beaucoup d’incertitudes dans l’organisation des exploitations, ce qui explique en grande partie qu’en Allemagne, le taux de reconversion reste nettement inférieur à la croissance du chiffre d’affaires de la filière bio. L’impact de la manne étatique se manifeste aussi en Autriche, mais avec d’autres conséquences. Avec une proportion de surfaces bio de 19.5 %, ce pays occupe le haut du classement. La vague de reconversion a en effet été dopée par le fait que les contributions du programme autrichien ÖPUL (soutien à l’écologie agricole) n’étaient disponibles que jusqu’à fin 2009 pour la campagne actuelle qui s’achève en 2013. Cette situation, associée aux prix catastrophiques pour les produits conventionnels, a ainsi conduit à un boom des reconversions en Autriche en 2008 et 2009.

Résumé PA 2014 – 2017 permettra aux exploitations biologiques de conti-

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nuer à bénéficier d’un soutien financier correct de la part de l’Etat. Les exploitations bio étant des systèmes durables, elles disposeront par ailleurs d’une plus grande marge de manœuvre pour bénéficier des nouveaux instruments d’encouragement. Cependant, pour que l’agriculture biologique suisse puisse devenir compétitive sur un marché riche en opportunités, il faut un coup de pouce de la part de l’Etat, par exemple en créant de meilleures conditions cadres pour la commercialisation des produits en reconversion. Le problème principal du marché bio en Suisse sont les difficultés d’approvisionnement: en effet, la demande est là mais la marchandise fait défaut. En production végétale, certaines denrées risquent d’être carrément supplantées par les produits étrangers. Les conditions cadre de PA 2014 – 2017 n’incitent pas assez à la reconversion permettant une extension de la surface bio totale, la seule à même d’assurer des parts de marché pour la production indigène. 䡵

Auteur Mareike Jäger, Secteur Agriculture biologique, Agridea, Eschikon 28, 8315 Lindau

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ANALYSE DU MARCHÉ PRODUCTION BIO

Le marché bio offre des chances LES VENTES BIO SONT EN HAUSSE Le marché suisse est toujours plus demandeur de produits bio de qualité Bourgeon, surtout en ce qui concerne les céréales, le colza, les baies, les fruits à noyau, les poires, la viande de poulet et les œufs. Une mise au point détaillée sur le marché avec les futurs acheteurs est l’une des étapes les plus importantes pour une reconversion réussie.

En 2010, dans le commerce de détail en Suisse, les ventes de produits bio ont augmenté de 6.1 % à plus de 1.6 mia. Fr. Migros (+14 % à 416 mio. CHF) et Coop (+ 4.7 % à 800 mio. CHF) ont connu des progressions massives. La vente directe progresse également. Afin de couvrir la demande en hausse, on recherche des producteurs Bourgeon indigènes. Mais la situation varie selon les différents secteurs bio. Les producteurs intéressés par une reconversion Bourgeon ont avantage à analyser préalablement avec leurs acheteurs les aspects liés à la logisitque, aux variétés, à la qualité et aux quantités.

Reto Bergmann

Graph. 1: Evolution des tonnages de fruits bio à pépins en t

Source: Swisscofel

5000 4000 3000 2000 1000 0

2000

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Graphique 2: Prix à la production pour les œufs bio 50

en Rp.

Source: OFAG, Rapport sur le marché

40 30 20 10 0

2001

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Bio 53 – 63 g Détention plein air 53 – 63 g Ponte au sol 53 – 63 g 6

2007

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Oeufs de consommation importés Oeufs de transformation importés

Potentiel pour les fruits à noyau Les fruits bio, avec une part de marché de 7%, sont mieux représentés que la moyenne et affichent de bons taux de croissance. Le marché des fruits à noyau se développe également bien. En faisant abstraction des variations naturelles annuelles de la production bio, il est en croissance continue depuis plusieurs années. Ce sont les poires qui disposent du plus important potentiel de croissance. La demande pour les fruits à noyau et les baies ne peut de loin pas être couverte. Aujourd’hui, le marché pourrait absorber sans problème la production de plusieurs hectares de vergers professionnels de cerises et de pruneaux. Durant la saison des fruits à noyau en Suisse, il n’y a guère de crainte à avoir quant à une concurrence des produits importés. Les abricots et les baies bio offrent également de bonnes perspective de croissance. Ce sont surtout les fraises et les framboises d’été qui manquent et qui doivent être importées à large échelle. Les fruits bio permettent de réaliser de bons prix. A moyen terme, les possibilités d’écoulement restent bonnes à très bonnes.

Extension des surfaces En ce qui concerne les grandes cultures, les besoins en produits bio indigènes ne peuvent pas être couverts depuis des années. Certes, la production augmente légèrement chaque année mais on importe encore toujours des milliers de tonnes de produits bio. Les importations de céréales panifiables dépassent les 50 %. Si l’on considère les surfaces, il manque 5000ha de blé, 500ha de seigle et env. 200ha d’épeautre. Quant aux céréales fourragères, l’offre est encore plus étiolée. Depuis quelques années, les cultures

de pommes de terre bio atteignent environ 400ha, ce qui permet de couvrir les besoins les bonnes années. Ce n’est de loin pas le cas pour le colza indigène. Le tournesol, le millet, le lin et le soja quant à eux ne sont cultivés que sur de petites surfaces. Les marchés évoluent de manière positive alors que les opportunités de développement sont estimées en collaboration avec les acheteurs.

Le marché des œufs bio affiche une croissance continue depuis plusieurs années. Pour couvrir la demande, la production est constamment élargie. De 2007 à 2010, la quantité d’œufs bio suisses s’est accrue de près de 40 % pour atteindre 97 millions de pièces. Environ un œuf sur trois est vendu directement à la ferme. Pour la transformation industrielle, on estime la proportion d’œufs bio importés à 15 %. Les prix des œufs bio sont couplés à ceux des poulettes et des aliments et affichent une stabilité relativement élevée. Le prix versé au producteur pour un œuf bio dépasse de près de 70 % celui d’un œuf conventionnel de détention en plein air. La situation actuelle du marché offre de bonnes possibilités de commercialisation.

Lait bio: augmentation du volume transformé Le marché du lait bio suisse évolue positivement, avec une part de 5% du volume transformé. En 2010, malgré des baisses de prix, le commerce de détail a réalisé un chiffre d’affaires de 167 mio. Fr. avec les produits laitiers frais et de plus de 73 mio. avec le fromage bio. Le bilan des quantités pluriannuel est également très réjouissant: depuis 2005, la part de lait transformé en bio a augmenté de 30% alors que la pro6 2011 · REVUE UFA


ANALYSE DU MARCHÉ PRODUCTION BIO duction s’est accrue de seulement 4%. La part de lait bio déclassé en conventionnel a ainsi diminué de 50%. Depuis l’été 2010, il n’y a plus eu de lait bio déclassé, ce qui permet à ce marché de trouver son équilibre. Si la croissance se poursuit, à long terme, il faudra étendre la production. La progression est notamment soutenue par les mesures de marketing de la Table ronde du lait bio, qui organise depuis 2005 des promotions et des dégustations effectuées par les producteurs. Le prix du lait bio dépend fortement du marché conventionnel. En 2009, le prix à la production a été mis sous pression mais il se rétablit légèrement depuis l’été 2010.

La viande a la cote Le marché de la viande évolue positivement. La Migros a considérablement augmenté ses ventes de Bio-Weide-Beef et est à la recherche de certains nouveaux producteurs. Le Natura-Beef bio connaît également une évolution positive grâce à l’engagement de Coop. Dans la transformation, ce sont principalement les vaches de boucherie de bonne qualité et les porcs qui sont demandés. Depuis mars 2010, Migros n’achète plus de veaux bio. Les variations saisonnières de l’offre et des prix restreignent en outre l’attractivité de ce marché. Pour une offre de plus de 50 000 agneaux Bourgeon, la demande ne porte que sur 10 000 unités. La tendance est positive pour la viande de poulet bio. Les blancs se vendent très bien, contrairement aux

cuisses et aux ailes. De 2007 à 2009, Coop a triplé ses ventes de viande de poulet bio, alors qu’elles évoluent également de manière positive chez Migros. Le poisson bio jouit lui aussi d’une excellente demande. Depuis trois ans, les porcs bios sont très demandés! L’engagement accru de Migros dans le bio renforce cette évolution. En 2011, les éleveurs actuels vont toutefois s’agrandir et de nouveaux vont se reconvertir au Bourgeon, si bien que l’approvisionnement des acheteurs sera meilleur. Les prix de la viande de porc Bourgeon évoluent depuis plusieurs années de manière relativement indépendante du secteur conventionnel et demeurent à un niveau constamment élevé. Les prix des veaux Bourgeon, des animaux d’étal et de transformation varient en fonction de l’offre et seront notamment influencés par la situation sur le marché AQ.

Graphique 3: Mise en valeur du lait bio 250 000

Source: SMP, TSM Treuhand

200 000 150 000 100 000 50 000 0

2005

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Production de lait bio Lait bio mis en valeur

Graphique 4: Prix à la production viande de porc bio 8.00

en Fr./kg PM

Source: Proviande

6.00 4.00 2.00 0 2007

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2009

2010

IP Suisse AQ

Bio-Bourgeon Coop Naturaplan M7

Légumes bio appréciés Les légumes bio ont une part de marché élevée de 11 % et connaissent une progression constante. La situation de l’approvisionnement en légumes frais et de garde est saine. Les bonnes années, l’offre dépasse la demande. Certains produits comme la chicorée ou les asperges sont très recherchés. Les légumes bio bénéficient d’un supplément de prix de 15-35 %. A l’instar des légumes, le vin bio est attractif en vente directe. Depuis deux ans, la surface de vignoble est en augmentation. Les vins bio-dynamiques sont très tendance. 䡵

en t

Graphique 5: Prix production céréales panifiables bio 140 120 100 80 60 40 20 0

en Fr./100 kg

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Source: Bio Suisse Pool Brotgetreide, Swissgranum

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2005

épeautre Bourgeon blé Bourgeon seigle Bourgeon

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2009

épeautre blé seigle

Chances et risques de la production bio Fruits, baies

Oeufs bio

Lait bio

Viande bio

Céréales

+ potentiel de développement – coûts investissement nouvelles installations

+ exploitations plein air faciles à reconvertir – commercialisation oeufs reconversion

+ faibles coûts pour la reconversion – pas de marché pour le lait reconversion

+ souvent faibles investissements bâtiments – coûts de production élevés

+ producteurs recherchés + bien mécanisable – commercialisation durant reconversion

Auteur Reto Bergmann, Product Management viande, Bio Suisse. Margarethenstr. 87 4053 Bâle www.bio-suisse.ch

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PRODUCTION ANIMALE PRODUCTION BIO

La conversion prend du temps JÖRG MESSERLI ET ANDREAS RAMSER produisent en bio depuis dix ans. Durant ce temps, ils n’ont cessé d’optimiser les branches de production principales (lait, élevage porcin et engraissement de poulets) tout comme la production végétale. Des changements sont intervenus notamment dans la génétique des animaux, l’alimentation et le traitement des maladies.

Daniel Schmied

Patrick Meier

Michael Minnig

Jörg Messerli et Andreas Ramser n’ont jamais regretté d’avoir passé au bio. Mais ce mode de production est une science en soi et il faut du temps jusqu’à ce qu’une exploitation tourne parfaitement. Jörg Messerli s’est converti à l’agriculture bio en 1998 et Andreas Ramser deux ans plus tard. Pour des motifs écologiques, mais également économiques. Tous deux exploitent sur le Belpberg (800 m d’altitude) une exploitation de 14 ha. Jörg dispose d’un droit de livraison annuel de 75 000 kg de lait, Andreas de 90 000 kg. En plus de cela, Jörg Messerli s’est spécialisé dans l’élevage porcin: 30 truies et deux verrats. L’exploitation Ramser quant à elle s’est diversifiée dans l’engraissement de poulets avec 4 poulaillers mobiles de 425 places chacun.

De bonnes conditions pour la céréaliculture Les deux exploitations ont pour ainsi dire toujours été écologiques, si bien que la reconversion s’est faite naturellement. Elles se sont inspirées notamment d’exploitations bio de la région, tout en prenant conscience

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que le Belpberg offrait des conditions idéales pour les grandes cultures biologiques. Grâce à une situation exposée au vent et des sols légers, les champs ressuient rapidement. Cela permet de passer la herse étrille au bon moment tout en diminuant la pression des maladies cryptogamiques. Il y a aussi eu des pertes de récolte totales, mais rarement. Aujourd’hui, les deux agriculteurs atteignent des rendements aussi élevés dans les céréales de sélection qu’auparavant avec des méthodes culturales conventionnelles. Ainsi, il n’est pas rare que les rendements atteignent 60 kg/a pour le blé et 50 kg/a pour l’épeautre. En plus des céréales de sélection, des semenceaux de pommes de terre sont également produits avec succès. En ce qui concerne le maïs, par contre, le résultat est plus mitigé. «Pour moi, le sarclage est trop pénible», explique Andreas Ramser, si bien qu’il a renoncé à cette culture cette année.

Surface de porcherie doublée, travail doublé En ce qui concerne la production animale, le bio comporte certes de nombreux avantages comme de meilleurs prix et une détention respectueuse des animaux. «Mais dans l’élevage porcin, cela donne deux fois plus de travail», témoigne Jörg Messerli, en évoquant notamment la surface prescrite de 7 m2 par truie dans les boxes. Il opte pour un rythme sur trois semaines avec son troupeau d’élevage, qui compte sept groupes de quatre truies et 100 % de monte naturelle. Au niveau de l’alimentation, il adopte une stratégie en deux phases – avec UFA 450 durant le tarissement et UFA 450-2 durant l’allaitement. Les porcelets sont quant à eux nourris avec de l’UFA 456.

Une question de race Andreas Ramser a pensé à se lancer dans l’engraissement de poulets car ces derniers étaient recherchés et les in-

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PRODUCTION ANIMALE PRODUCTION BIO vestissements pour les poulaillers mobiles restaient dans les limites de l’acceptable. Il n’aurait toutefois pas été possible d’aménager une courette biocompatible dans la porcherie d’engrais existante. C’est pourquoi cette dernière a été transformée pour le pré-engraissement des poulets. Andreas Ramser est satisfait de la race de ses poulets, une sélection obtenue à partir des robustes poules cou-nu. Les problèmes de maladies sont plutôt rares. Seuls les renards ou les oiseaux de proie causent des pertes importantes. A. Ramser utilise de l’aliment volaille bio d’UFA.

Méthodes curatives naturelles A l’instar de la volaille, le choix d’une génétique appropriée est également un important facteur de succès en production laitière. Seule une mamelle saine permet d’obtenir une bonne numération cellulaire. Jörg Messerli et Andreas Ramser ont éliminé de manière ciblée les vaches qui avaient un trop gros débit. «Les vaches qui se traient lentement sont moins sensibles aux mammites», confirment les deux agriculteurs sur la base de leurs expériences. S’il arrive toutefois qu’une vache soit atteinte par une mammite aiguë, Jörg Messerli mélange 2 – 3 dl de vinaigre avec deux cuillers à soupe de sel et un œuf dans un pot à yogourt et étale le tout sur le quartier malade, à quatre reprises et à un intervalle d’un demi-jour.

Phase de démarrage Jörg Messerli et Andras Ramser recourent tous les deux à un apport limité d’aliment

Tendances dans l’affourragement bio Dans l’UE, à l’avenir, il n’y a pas que les ruminants qui devront être nourris à 100 %. Reste à savoir si l’affouragement bio intégral des non-ruminants sera introduit en Suisse. Méthionine et lysine Jusqu’à présent, les non-ruminants devaient être affouragés à 95 % avec des fourrages bio. Dans la pratique, on utilise beaucoup de tourteaux de soja bio car ils présentent une bonne composition en acides aminés. Mais ces tourteaux de soja n’ont pas assez de lysine pour les porcs et pas assez de méthionine pour la volaille; ils pourraient être remplacés par du gluten de maïs et de la protéine de pommes de terre. Cependant, sur les marchés internationaux, ces deux composantes ne sont pas disponibles en qualité bio. C’est la raison pour laquelle on parle d’autoriser encore certains produits conventionnels pour les non-ruminants durant des phases précises. Avec un affouragement 100 % bio, la concentration en nutriments dans les rations des porcs et des volailles devrait être réduite. Sinon, des excédents de certains nutriments auraient des effets négatifs sur la santé ou la qualité d’abattage des animaux. Recherche bio à UFA-Bühl La recherche se penche sur de nouvelles connaissances permettant d’optimiser l’alimentation et la détention des animaux bio. Sur le domaine expérimental d’UFA Bühl à Hendschiken (AG), la détention des animaux en bio fait également l’objet de recherches, dont les résultats sont utilisés régulièrement dans le conseil et pour l’élaboration de nouveaux aliments bio UFA. Actuellement un essai avec des poulettes et de pondeuses affouragées à 100 % bio se déroule à UFA-Bühl. Chez les bovins, les moutons et les chèvres ce n’est pas l’affouragement 100 % bio en vigueur depuis 2009 qui constitue le plus grand défi à relever, mais bel et bien la conversion au bio. Car la proportion maximale de 10 % d’aliments concentrés par rapport à la matière sèche est un facteur limitant. Il est important que la génétique des vaches soit adaptée à l’exploitation et d’opérer une complémentation alimentaire ciblée. En fonction du système d’affouragement De nos jours, il n’est plus suffisant d’équilibrer l’énergie et la protéine selon le système NEL/PAI et d’analyser les fourrages avec la méthode Weender. Avec le système d’affouragement UFA W-FOS, on tient compte en outre des composantes des fourrages qui peuvent être mis en valeur dans la panse ainsi que des proportions et des vitesses d’assimilation. Il en résulte de plus faibles pertes en nutriments (ammoniac), une meilleure efficacité des aliments utilisés ainsi que des performances plus élevées et un meilleur état de santé. Poudre de lait bio En ce qui concerne les ruminants, c’est l’engraissement de veaux qui posait le plus de problèmes jusqu’à maintenant. Jusqu’en 2010, plus de la moitié des veaux Bourgeon affichaient un degré de finition insuffisant (classe de couverture 1 à 2). Depuis début 2011, il est désormais possible d’utiliser de la poudre de lait bio UFA 213. Les expériences faites dans la pratique démontrent que ce complément au lait entier permet d’améliorer considérablement les résultats d’abattage.

concentré (UFA 174F), principalement durant la phase de démarrage. Ainsi, les vaches atteignent une moyenne de 6000 kg par lactation. 䡵

Les exploitations Messerli (droite) et Ramser bénéficient de bonnes conditions pour l’agriculture biologique.

Auteurs Daniel Schmied, spécialiste des porcs et chef de ressort; Patrick Meier, spécialiste des porcs; Michael Minning, spécialiste des vaches laitières; Service technique UFA, 3052 Zollikofen.. www.ufa.ch

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PRODUCTION VÉGÉTALE PRODUCTION BIO

Un engagement rentable L'AGRICULTURE BIOLOGIQUE La demande en produits bio issus de grandes cultures se maintient à un niveau élevé. Dans les conditions actuelles, la question d'une reconversion de l'exploitation mérite réflexion. Les exploitations biologiques ou en reconversion sont toujours plus nombreuses à opter pour une commercialisation via le groupe fenaco-LANDI.

Andreas Rohner

Depuis la suppression de la régulation du marché des céréales par la Confédération, le groupe fenacoLANDI (GfL) a pris le leaderschip de la commercialisation des céréales et des oléagineux en Suisse, avec un succès remarquable. La prise en charge des cultures à graines bio augmente régulièrement elle aussi.

Les centres collecteurs jouent un rôle clé Dans le cadre du système

Les producteurs bio ont tout lieu de se réjouir du développement du réseau des centres collecteurs bio de Suisse romande avec la certification à venir de CARO Oronla-Ville et LANDI Nord vaudois Venoge SA (site d'Orbe) Photo: Gaël Monnerat

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Maxi, le secteur Céréales, Oléagineux et Fourrages (GOF) de fenaco peut compter, depuis plus de dix ans, sur un réseau efficace d'une centaine de centres collecteurs couvrant l'ensemble du pays. La répartition des rôles entre fenaco GOF et les centres collecteurs est clairement définie. Les centres collecteurs se concentrent sur la prise en charge des récoltes et leur stockage dans le souci du maintien d’une meilleure qualité possible alors que fenaco GOF met ses compétences au profit de la commercialisation. Les centres collecteurs appliquant le système Maxi jouent le rôle d’interface en centralisant à l'intention de fenaco GOF les informations sur les quantités prises en charge et leur qualité et en rediffusant aux agriculteurs les informations destinées à l'orientation de la production.

Une trentaine de partenaires Maxi assurent la prise en charge séparée des cultures à graines bio dans quelque 40 sites de stockage, en vue de leur commercialisation par fenaco GOF (graphique). De nombreux exemples démontrent que la prise en charge des cultures à graines bio peut être une branche d'activité prometteuse pour un certain nombre de centres collecteurs. A titre d'exemple, on peut notamment citer la Getreide Mittelthurgau AG à Märstetten. L'intense activité déployée par les responsables de ce centre collecteur, situé dans la région du lac de Constance où les exploitations biologiques sont très nombreuses, permettra de prendre en charge quelque 2000 t de céréales et d'oléagineux bio lors de la récolte 2011. Max Ulrich, le gérant du centre collecteur, explique que les produits bio représentent désormais 10 % des volumes pris en charge.

La Suisse romande rattrape son retard Bio Suisse a communiqué récemment que le nombre des exploitations bio s'était stabilisé après avoir reculé ces dernières années. De nombreuses exploitations en reconversion se

Une commercialisation efficace fenaco calcule au plus près les coûts de commercialisation pour les récoltes de cultures à graines bio. Ces dernières années, les producteurs de céréales panifiables bio ont bénéficié d'un supplément de 2.- Frs par décitonne par rapport au prix indicatif. fenaco GOF cherche à conclure des contrats avec des producteurs de céréales et d'oléagineux bio, ainsi que pour le colza de reconversion.

trouvent dans les régions de grandes cultures de Suisse romande et du NordOuest du pays. Parallèlement à cela, deux nouveaux centres collecteurs, qui sont déjà des partenaires Maxi de fenaco dans le secteur conventionnel, élargissent leur palette de prestations en proposant de réceptionner les céréales bio. Le réseau de centres collecteurs bio de Suisse romande est ainsi complété de manière optimale. Des discussions ont eu lieu entre fenaco GOF et Progana, l'organisation des producteurs bio de Suisse romande, afin de définir quels seraient les centres collecteurs les mieux placés par rapport aux régions de production bio et en matière de logistique de transports. Aux centres collecteurs qui réceptionnent déjà des céréales bio, comme le partenaire Maxi LANDI Chablais-Lavaux SA à Collombey (VS) et le Moulin Chevalier à Cuarnens (VD), s'ajouteront vraisemblablement la LANDI Nord vaudois Venoge SA (Silo d'Orbe, VD) ainsi que la CARO Oron à Oron-la-Ville (VD). Ces derniers devraient proposer leurs services aux producteurs bio dès la récolte 2011. Daniel Develey, gérant du Silo 6 2011 · REVUE UFA


PRODUCTION VÉGÉTALE PRODUCTION BIO Tableau 1:Marge brute Colza Bio Bourgeon complet (MB/ha) Grains (18 dt/ha) Semences bio – Engrais – Assurance grêle 5,6 % – Séchage – Prise en charge/Triage – Semis par tiers – Location herse-étrille – Location sarcleuse – Battage par tiers – MB/ha sans contributions Paiements directs Contribution oléagineux Contribution extenso MB/ha contributions incluses

en Fr. 3600.00 206.80 400.00 201.60 57.00 128.00 180.00 27.00 88.00 500.00 1811.60 2630.00 1000.00 400.00

Base Fr. 200.00/dt (1.1 dt/ha)

1 passage 2 passages

PER, Terres ouvertes, Bio

5841.60

Tableau 3: Marge brute Tournesol Bio (MB/ha) Grains (25 dt/ha) Semences bio – Engrais – Assurance grêle 5,6 % – Séchage – Prise en charge/Triage – Location semoir – Location herse-étrille – Location sarcleuse – Battage par tiers – MB/ha sans contributions Paiements directs Contribution oléagineux Contribution extenso MB/ha contributions incluses Source: Agridea

en Fr. 3375.00 196.00 200.00 84.40 118.00 124.00 50.00 27.00 88.00 420.00 2067.60 2630.00 1000.00 400.00 6097.60

d'Orbe, explique que dans le cadre des travaux d'assainissement des installations, il a été décidé d'intégrer les récoltes bio. Ainsi, 66 cellules de stockage et deux séchoirs permettront de prendre en charge, de conditionner et de stocker de petits lots de spécialités régionales. Le Silo d'Orbe est par ailleurs très bien situé par rapport à la vaste zone de production qui s'y rattache. La CARO Oron va tenter une nouvelle expérience en matière de réception de céréales bio. Selon son gérant, Roland Cherpillod, le but est d'épargner de longs et coûteux transports aux producteurs bio de la région. Les producteurs bio du Jura pourront aussi compter sur des prestations accrues de la part de la LANDI ArcJura. Ses capacités de prise en charge et ses services s'ajoutent à ceux des deux sites bio existants de Delémont et Alle.

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Base Fr. 135.00/dt (1.0 dt/ha)

1 passage 2 passages

PER, Terres ouvertes, Bio

Tableau 2: Marge brute Colza reconversion (MB/ha) en Fr. Grains (18 dt/ha) 2520.00 Semences – 206.80 Engrais – 400.00 Assurance grêle 5,6 % – 141.10 Séchage – 57.00 Prise en charge/Triage – 128.00 Semis par tier – 180.00 Location herse-étrille – 27.00 Location sarcleuse – 88.00 Battage par tiers – 500.00 MB/ha sans contributions 792.10 Paiements directs 2630.00 Contribution oléagineux 1000.00 Contribution extenso 400.00 MB/ha contributions incluses 4822.10

Base Fr. 140.00/dt (1.1 dt/ha)

1 passage 2 passages

PER, Terres ouvertes, Bio

Tableau 4: Marge brute Blé d’automne bio classe TOP (MB/ha) en Fr. Base Grains (45 dt/ha) 4680.00 Fr. 104.00/dt Semences bio – 368.00 (1.0 dt/ha) Engrais – 200.00 Assurance grêle 5.6 % – 117.00 Séchage – 49.00 Prise en charge/Triage – 184.00 Location semoir – 50.00 Location herse-étrille – 54.00 2 passages Battage par tiers – 420.00 Pressage de la paille par tiers – 209.00 DB/ha sans contributions 3029.00 Paiements directs 2630.00 PER, Terres ouvertes, Bio Contribution extenso 400.00 MB/ha contributions incluses 6059.00 Les risques (pertes de rendement ou germination) ne sont pas pris en compte dans les variantes.

Marges brutes intéressantes La demande en produits bourgeon concerne toutes les cultures à graines, donc aussi bien les céréales panifiables que les céréales fourragères, mais aussi les oléagineux et les légumineuses. Ces dernières conviennent bien pour diversifier des rotations plutôt chargées en céréales. Il faut néanmoins considérer que la production biologique est plus exigeante en main-d'œuvre que la production classique. Les marges brutes plus élevées compensent toutefois ces charges supplémentaires. Avec un rendement escompté de 45 dt/ha de blé panifiable et un prix à la production de 104 Frs/dt, on peut estimer la marge brute à 6000 Frs/ha en prenant en compte les paiements directs (sources: Agridea Lindau / Service de vulgarisation bio de Thurgovie). Le colza bio offre aussi des perspectives intéressantes: avec un rendement de 18 dt/ha et un

prix de 200 Frs/dt auquel s’ajoutent les paiements directs, la marge brute atteint 5800 Frs/ha. Les risques culturaux spécifiques au colza, qui peuvent être importants, ne sont bien sûr pas pris en compte dans le calcul.

Etre bien informé La reconversion dure deux ans. Durant les deux années de reconversion les céréales disposent déjà du supplément de prix dont bénéficient les céréales fourragères. Le colza bénéficie aussi d'un supplément de prix durant la phase de reconversion. Pour de plus amples informations les candidats à la reconversion peuvent contacter leur service de vulgarisation bio (liste des adresses sur www.bio-suisse.ch), suivre un cours de reconversion ou se renseigner auprès d'un collègue bio. Les producteurs qui souhaitent se reconvertir dès 2012 doivent s'annoncer auprès de Bio Suisse jusqu'à fin août.

Auteur Andreas Rohner, Responsable du secteur Matières premières bio, céréales, oléagineux et fourrages (GOF), 8401 Winterthur, 058 433 64 91, andreas.rohner @fenaco.com Pour toute question concernant les cultures et la coordination avec un centre collecteur régional bio, s'adresser à Ueli Zürcher, 058 434 06 66

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PROTECTION DES PLANTES PRODUCTION BIO

Régulation des ravageurs en bio LA RÉGULATION DES RAVAGEURS en culture biologique s’appuie sur le principe «mieux vaut prévenir que guérir»: elle est basée sur l’adaptation des mesures culturales et le soutien aux auxiliaires. Lorsque ces mesures préventives ne suffisent pas à contenir le développement des ravageurs, plusieurs moyens de lutte efficaces sont à disposition.

Claudia Daniel

La stratégie de protection des plantes en cultures biologiques peut être représentée sous la forme d’une pyramide (voir illustration). La base de la pyramide est constituée des mesures culturales. De nombreux dégâts dus aux ravageurs sont déjà évitables par le choix de sites adaptés: Les paysages ouverts aux vents permettent par exemple de maintenir le vol des mouches de la carotte à un faible niveau. La propagation d’autres ravageurs (vers fil de fer, chrysomèle du maïs) peut être limitée par l’adaptation des rotations. Le choix de la variété est en outre décisif. Ceci est valable par exemple pour le colza: bien qu’il n’y ait pas de résistance directe à certains ravageurs comme le font certaines salades face aux pucerons, la vitesse de développement au printemps des différentes variétés joue un rôle décisif. La formation de bourgeons à floraison précoce permet au colza d’atteindre un stade avancé au moment du vol des ravageurs, ce qui réduit les dégâts. L’adaptation de la fumure est également une mesure de régulation indirecte des ravageurs. Elle permet notamment de prévenir les fortes infestations de pucerons. En plus d’arracher les adventices, le passage de la bineuse dans le colza arrache aussi les anciennes feuilles du colza et détruit ainsi une partie des larves de la grosse altise.

Le soutien aux auxiliaires Le soutien aux auxiliaires constitue le deuxième niveau de la pyramide. Le maintien ciblé d’habitats (gestion des habitats) favorise la diversité biologique 12

Jachère florale à proximité d’une parcelle de choux pour favoriser les auxiliaires. Photo: Eric Wyss, FiBL

Biocontrôle sous serre: utilisation de guêpes parasites contre les mouches blanches de la tomate. Photo: Claudia Daniel, FiBL

et permet de maintenir les auxiliaires à proximité des ravageurs (biodiversité fonctionnelle). Les liens qui unissent les ravageurs, les auxiliaires, la biodiversité et les éléments paysagers sont dans la majorité des cas complexes. Dans ce domaine, les lacunes sont encore importantes. Le FiBL conduit actuellement deux projets en culture. Le premier concerne la culture des choux. Il porte sur les ravageurs des choux (noctuelle, la teigne, la piéride du chou) et leurs antagonistes. Ces auxiliaires sont souvent présents dans les jachères, mais ne migrent pas dans les cultures. Le projet teste actuellement l’implantation de plantes accompagnatrices qui pourraient attirer les guêpes parasites dans les cultures de choux. Le choix de la plante accompagnatrice est décisif dans ce cas.

Elle doit être attractive pour les guêpes parasites afin de les attirer et avoir un nectar apprécié par les guêpes et accessible. Il est de plus primordial que l’offre en nectar ne favorise pas les ravageurs. Selon les premiers résultats, le bleuet des champs serait une plante accompagnatrice idéale. La production de pommes sans pesticides est un autre projet en cours. Depuis 2006, un verger modèle est installé à Frick. Dans ce verger, des mesures indirectes favorisant les auxiliaires sont prises dans le but de rendre l’utilisation des pesticides superflue. Le verger contient des haies diversifiées alors que les passages et les lignes d’arbres abritent de nombreuses variétés de plantes à fleurs dans le but d’offrir un habitat diversifié aux auxiliaires. Les relations dans le domaine arboricole sont aussi 6 2011 · REVUE UFA


PROTECTION DES PLANTES PRODUCTION BIO complexes: les plantes à fleurs fixent une grande diversité de mouches et de moustiques dans le verger. Grâce à ces petits insectes, les araignées ont assez à manger et se développent mieux. Le soutien aux araignées au printemps et en été produit ses résultats en automne: au moment où les pucerons volent vers les arbres pour la ponte hivernale, ils finissent dans les toiles des araignées. Suite à cela, il y a moins de pucerons en automne et au printemps.

Graphique: La pyramide de la protection biologique des plantes Echelonnement des stratégies de protection des plantes en agriculture biologique. Les ampoules affichent le savoir-faire nécessaire à ces techniques. Les bourgeons donnent le degré de compatibilité de ces méthodes avec les principes de base de l’agriculture biologique.

Insecticides biocompatibles

Lâchers d’auxiliaires, biocontrôle

Favorisation des auxiliaires, gestion de l’habitat, biodiversité fonctionnelle Mesures culturales comme la rotation, la qualité des sols, variétés résistantes

Lâchers d’auxiliaires Si les mesures préventives contre les ravageurs ne suffisent pas, on passe à l’étage suivant de la pyramide de protection biologique des plantes: le lâcher ciblé d’auxiliaires et d’antagonistes (biocontrôle). Les antagonistes sont généralement des microorganismes comme le Bacillus thuringiensis (BT) pour la régulation des doryphores et d’autres ravageurs en cultures maraîchères ou les granulovirus pour la lutte contre les carpocapses en arboriculture. Les champignons parasites peuvent servir dans la lutte contre les mouches de la cerise. Les nématodes agissent bien contre les gros charançons. L’utilisation d’auxiliaires est bien établie dans les serres: on utilise beaucoup d’acariens prédateurs, de punaises prédatrices et guêpes parasites pour la régulation des acariens parasites, pucerons, cochenilles et autres ravageurs. A l’exception des trichogrammes pour la lutte contre la pyrale du maïs, les auxi-

La noctuelle du choux et son ennemi, une guêpe parasitoïde. Photo: T. Alföldi, FiBL

Source: Eric Wyss, Daniel Gorba (FiBL)

liaires ne sont pas utilisés dans les grandes cultures.

Insecticides biocompatibles En culture biologique, les insecticides ne devraient être utilisés que lorsque toutes les autres mesures ont atteint leurs limites. Tous les produits autorisés en agriculture biologique sont inscrits dans la liste des intrants du FiBL. Dans la plupart des cas, les insecticides sont des extraits de plantes: le pyrèthre naturel est extrait des variétés de chrysanthèmes, l’huile de neem pour la régulation des pucerons est issue du pressage des graines de margousier indien. Dans ce domaine, les huiles (de colza, minérales et de paraffine) ainsi que des savons végétaux sont utilisés contre les

Bleuets des champs dans des choux blancs pour favoriser les auxiliaires. Photo: Marius Born, FiBL

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pucerons, les cochenilles ou les pucerons tisserands. Les poudres d’argiles (kaolin contre les psylles du poirier) et le soufre (contre les acariens) ont également une efficacité reconnue. Le Spinosad, un produit de la fermentation d’un champignon du sol, est une autre matière active qui présente un bon effet contre de nombreux ravageurs. Les phéromones peuvent être utilisées pour la confusion dans les vergers. Comme les insecticides biologiques n’ont pas d’effet systémique, les ravageurs vivant dans le sol (mouche du chou, mouche de la carotte, vers fil de fer, noctuelle de la vigne) ainsi que les insectes difficilement atteignables (mouche de la cerise) représentent un défi important. Pour ces ravageurs, la mise en place ciblée des mesures préventives s’avère être particulièrement importante. Contrairement aux cultures spéciales, en grandes cultures, l’utilisation d’insecticides est généralement interdite. Ces interdictions d’insecticides sont plus larges que les exigences extenso qui interdisent l’utilisation d’insecticides dans les colzas et céréales. Elles s’appliquent également à toutes les autres cultures. La régulation des pucerons dans les légumineuses par exemple ne peut se faire que par les mesures de lutte indirectes. L’utilisation d’organisme de biocontrôle est tout de même autorisée par l’ordonnance bio. Les bactéries Bt peuvent par exemple être utilisées contre les doryphores. 䡵

Auteur Dr. Claudia Daniel, Protection des plantes et Biodiversité, Institut de recherche de l’agricuture biologique (FiBL), 5070 Frick

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PROTECTION DES PLANTES PRODUCTION BIO

Régulation des limaces en bio MALGRÉ LA SÉCHERESSE exceptionnelle de l’année 2011, les limaces restent un thème important en cultures biologiques. Les agriculteurs bio soulèvent les questions suivantes: Quelles sont les espèces les plus dangereuses? Quelles sont les cultures les plus menacées? Que puis-je faire?

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En Suisse, les espèces suivantes sont celles qui causent le plus de dégâts : Bernhard Speiser

Martin Koller

Arion vulgaris Il s’agit de la plus grande espèce de limaces indigènes. Depuis le milieu du 20ème siècle, elle s’est propagée en Europe centrale depuis l’Espagne et le Portugal par le transport de plantes. Elle supplante maintenant souvent la grande limace rouge. Cette limace vit et se reproduit dans les terrains peu travaillés comme les prairies, les bordures de parcelles et de serre. De là, elle se déplace dans les cultures. La ponte des œufs intervient principalement en août. Une partie des jeunes limaces éclot déjà en automne, le reste au printemps suivant. La plupart des adultes meurent en fin d’été, après la ponte, mais quelques-uns parviennent à passer l’hiver. Les jeunes individus arborent différentes couleurs et sont rayés dans le sens de la longueur. Les adultes sont uniformément bruns. Dégâts: Arion vulgaris cause de gros dégâts aux parties aériennes des plantes, allant parfois jusqu’à la consommation totale; les dégâts aux parties souterraines de la plante sont inexistants. Les dégâts apparaissent

Protection contre les limaces Les espèces de limaces décrites ici sont des ravageurs des cultures agricoles. Par souci de transparence, nous ajoutons que la plupart des espèces de limaces (tant les escargots que les limaces nues) ne sont pas des ravageurs et que nombres d’entre-eux appartiennent même à la liste des espèces menacées.

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avant tout en bordure de parcelle et de couche. Généralement, des traces de mucus sont visibles sur le sol et les parties de plantes non consommées.

La limace des jardins Les limaces des jardins sont plus foncées dans leur partie supérieure et leur face inférieure est jaune à orange. Elles mesurent environ 4 cm de long. Au sens strict, cette dénomination regroupe deux espèces différentes, visuellement presque identiques et dont les dégâts et les méthodes de lutte sont identiques. Les limaces des jardins vivent principalement dans le sol. Dégâts: Petites morsures, souvent souterraines. Les dégâts peuvent apparaître sur toute la surface de la parcelle et pas uniquement en bordure. Limaces des champs Les limaces des champs sont de petites limaces de couleur beige claire à brun. On les reconnaît à leur corps menu et à leur mucus glissant. Il s’agit de l’espèce la plus répandue et elle est présente dans toutes les cultures. Les limaces des champs et des jardins éclosent normalement au printemps et grandissent pendant l’été jusqu’à atteindre la taille définitive de 3-4 cm. Dégâts: identiques à ceux des limaces des jardins.

Cultures à risque Grandes cultures: Les plantes de colza, tournesol, betteraves sucrières et fourragères fraîchement levées sont les plus menacées par les limaces. Plus tard, ces plantes ne sont pratiquement plus sensibles. Les limaces peuvent aussi causer d’importants dégâts aux pommes de terre. Dans

ce cas, les principaux dégâts surviennent juste avant la récolte. Cultures spéciales: De nombreuses espèces de légumes et de plantes ornementales ainsi que les fraises sont sensibles aux morsures de limaces. Dans certains cas, les plants sont tellement endommagés que la croissance s’en trouve retardée. Dans de nombreux cas, les limaces ne font que de petites morsures qui empêchent la commercialisation de la récolte (par exemple des radis). Parfois, c’est la présence même des limaces qui pose problème comme par exemple les petites limaces des champs cachées dans les têtes de salades. De manière générale, les plantes fraîchement levées ou plantées sont les plus sensibles aux attaques de limaces. Jardins domestiques: Les limaces causent aussi d’importants problèmes dans les jardins domestiques. Les fleurs et légumes sensibles croissent dans un espace restreint comportant de nombreux abris pour les limaces comme les haies et les tas de compost. Les arion vulgaris s’y multiplient particulièrement bien. Elles 6 2011 · REVUE UFA


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du sol, il est donc important que les lits de semences des cultures sensibles (salades, carottes) soient suffisamment fins. À proximité de l’exploitation, les jachères florales, les bordures entourant les parcelles et entre les cultures peuvent être pâturées par des oies. Les cultures sensibles aux limaces peuvent être protégées par des barrières anti-limaces installées avant l’assaut des ravageurs. Elles n’offrent toutefois pas de protection complète contre les limaces. Un arrosage matinal est avantageux dans ces cultures. Le sol est ainsi plus sec pendant la nuit et donc moins favorable aux déplacements des limaces qu’un sol arrosé pendant la nuit.

Lutte Depuis quelques années, des

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sortent de leurs repaires pendant la nuit et causent d’importants dégâts.

Situations à risque La pression des limaces varie fortement non seulement d’une parcelle à l’autre, mais aussi à l’intérieur de la parcelle. Les endroits suivant présentent un risque plus élevé: • Les stations humides et ombragées • Les parcelles avec des sols lourds • La proximité immédiate de prairies naturelles, de friches, de jachères et d’ourlets. • Après les hivers doux et humides ainsi que suite à des cultures avec une couverture du sol importante (par exemple comme le colza et le tournesol), le risque est aussi plus élevé. REVUE UFA · 6 2011

Mesures préventives Les limaces profitent malheureusement des mesures qui favorisent une biodiversité plus importante ainsi qu’une meilleure protection des sols. Elles sont à l’aise dans les bandes herbeuses extensives et les jachères florales qui lui permettent de se cacher de leurs ennemis. Par contre, les haies et jachères favorisent aussi les hérissons, les musaraignes et les carabes. Il est important que pendant les stades sensibles de la culture, les bordures de la parcelle soient broyées régulièrement et maintenues à une faible hauteur. Si des engrais verts sont semés avant une culture sensible, il est nécessaire de l’incorporer suffisamment tôt. Les limaces se réfugient volontiers dans les fissures

produits à base de phosphate de fer sont autorisés (p.ex. Ferramol, Sluxx), ce qui a facilité la régulation des limaces. Pour les exploitations Bio Suisse, les exigences sont plus strictes. En grandes cultures, ces produits ne sont autorisés que pour les colzas, tournesols, betteraves sucrières et fourragères. En grandes cultures et en cultures maraîchères, les traitements ne sont autorisés que pendant les deux premières semaines qui suivent la levée de la culture, resp. la plantation. Ces produits agissent rapidement et empêchent les limaces de se nourrir; en fait les limaces ne meurent donc pas immédiatement. Pour Sluxx, le dosage est plus bas que pour les produits usuels, ce qui rend leur utilisation moins onéreuse. Les nématodes des limaces, disponibles dans le commerce, constituent une autre possibilité de lutte. Toutefois, l’utilisation des nématodes est comparativement plus coûteuse et plus délicate. Les nématodes doivent être stockés au frais et rapidement utilisés. Ils doivent encore être protégés du rayonnement solaire direct. S’il ne pleut pas rapidement après l’application, il est nécessaire de les rincer avec beaucoup d’eau pour les introduire dans le sol. L’action des nématodes contre les limaces des champs est bonne, mais nettement moins efficace contre arion vulgaris. L’utilisation de nématodes n’a donc de sens qu’en présence de population de limaces des champs. 䡵

1 · Arion Vulgaris est l’espèce de limace indigène la plus grande. Photo: B. Speiser

2 · Deux jeunes arions vulgaris de couleurs différentes. Les bandes longitudinales brunes sont bien visibles. Photo: B. Speiser

3 · Les limaces des jardins se reconnaissent à leur face inférieure jaune à orange. Photo: D. Röthlisberger

4 · Les limaces des champs sont les plus répandues. Photo: B. Speiser

Auteurs Dr. Bernhard Speiser, Protection des plantes et biodiversité, Martin Koller, Techniques culuturales et cultures, Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL), 5070 Frick

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