Flos Stories issue number two - FR

Page 1

Deuxième parution: Changements — les gens, les lieux et les objets découvrent une nouvelle normalité. Chiara de Mario Bellini, Casa La Scala de Vittoriano Viganò, l’exposition Cambio de Formafantasma, Flauta de Patricia Urquiola, Mayday de Konstantin Grcic, et Last Order de Michael Anastassiades, tous dans un moment de transition.





PROFIL

La Chiara de Mario Bellini

En 1969, l'architecte italien Mario Bellini a conçu pour Flos Chiara, un lampadaire revêtu d’un manteau brillant plat en acier inoxydable. Cinquante ans après sa sortie, Flos réédite l'icône dans plusieurs tailles et différentes finitions. A cette occasion, Paolo Brambilla, curateur Design de Flos, parle avec le légendaire designer de ce qui lui a inspiré Chiara et de l’évolution du design depuis les années 60. Portraits d'Alessandro Furchino Capria. Vue précédente : Détails de la nouvelle lampe de table Chiara. Page précédente :

5

Mario Bellini aujourd’hui avec ka nouvelle lampe de table Chiara.


PAOLO BRAMBILLA:

Parlons de Chiara. Comment est-elle née ?

Chiara, comme beaucoup d’autres objets que vous avez créés, est devenue une icône. C'étaient les années glorieuses, où tout était prêt à être inventé. En quoi le paysage du design est-il différent aujourd’hui ?

PAOLO BRAMBILLA:

Un jour, dans mon atelier, j’ai pensé que nous pourrions utiliser la lumière telle qu'elle se manifeste autour de nous et dans nos paysages - jamais directement, mais souvent à travers les nuages ou réfléchie par des objets, des murs et des surfaces. Et donc, au lieu de dire « dessinons une lampe », j’ai dit : « concevons un appareil capable de capter la lumière à partir d’une source artificielle et de la renvoyer autour de nous avec grâce et intelligence ». Cette idée a été la partie la plus facile, mais le plus difficile est arrivé ensuite : que fait-on dans un cas comme ça ? J'ai pris des ciseaux, un gros morceau de carton, et j'ai commencé à découper quelque chose que l’on pourrait transformer en un cylindre avec un large chapeau sur le dessus et qui, une fois joint des deux côtés, ferait office de réflecteur de la lampe logée dans la base. Et voilà. MARIO BELLINI:

TAujourd'hui, le design est devenu un mot populaire. Nous disons : « vous avez une maison design », et cela me fait m’interroger. Que diable signifie « maison design » ? Si design signifie projet, avoir une maison design n'a pas de sens. En fait, je croyais que le mot design finirait par signifier non seulement la simple idée d'un projet, mais indiquerait aussi un style, comme, par exemple, l'Art Déco. Lorsque nous parlions de design à l'époque, nous pensions faire une déclaration. Aujourd’hui, on dit que l'ère des styles est révolue, que désormais la forme suit la fonction. Mais la forme a presque toujours suivi la fonction, sinon ça fait depuis des millénaires qu’on aurait réussi à concevoir une chaise sur laquelle on ne s'assoit pas. La forme suit aussi l'émotion, le sens et les valeurs. Prenez une lampe comme Chiara ; pensez à toutes les autres manières de dévier la lumière et de la renvoyer dans une certaine direction. Au lieu de cela, ce petit personnage qui est devenu une icône au fil du temps, non seulement réfléchit la lumière qui se trouve à l'intérieur de sa partie cylindrique en la diffusant avec grâce, mais a également un regard et une présence bénéfiques. Chiara remplit l'espace et interroge votre capacité émotionnelle à interpréter les choses. MARIO BELLINI:

PAOLO BRAMBILLA: La lampe s’appelle Chiara, qui signifie “claire”, mais en réalité elle fait référence à quelque chose de complètement différent. MARIO BELLINI: J'aime toujours jouer avec les mots et leurs significations. Je suis aussi un amoureux de l'étymologie. Chiara signifie quelque chose de clair, mais le mot clair est un mot que nous utilisons énormément dans notre langue (“soyons clairs '', “tirons cela au clair”), et certaines expressions du dialecte lombard utilisent le mot italien chiaro pour dire “faire la lumière”. Chiara est aussi le prénom d'une de mes filles.

Les icônes continueront-elles d’exister ? Vers où allons-nous aujourd’hui ? PAOLO BRAMBILLA:

Lorsque vous avez créé cette lampe, je suppose que vous l’avez conçue avec Sergio Gandini. Comment cette relation avec Flos a-t-elle commencé ?

PAOLO BRAMBILLA:

MARIO BELLINI: L'idée que le moment est venu où les styles sont finis est une idée idiote et sans aucun fondement ni conscience historique et philosophique. Et je suis heureux que le design soit un style. Ceux qui sont assez talentueux pour concevoir des meubles, des objets, des intérieurs et des maisons continueront à le faire. Seuls les projets conçus par ceux qui utilisent ce talent deviendront des icônes. Les choses qui représentent notre temps et son évolution et qui donnent du sens à nos maisons, à nos espaces de vie et à nos bureaux, vont progressivement changer et évoluer. Donc, quand je dis « style design », je veux dire, de façon quelque peu discutable, que si ce mot a été utilisé pour marquer la fin des styles, paradoxalement, il a fini par devenir, à juste titre, le style de notre époque. Et comme ça, on s’en souviendra dans cent ans.

À l'époque, il était possible de créer quelque chose et de demander un rendez-vous pour montrer votre projet, comme je l'ai fait avec la découpe du carton que j'ai mentionnée. On parlait avec quelqu’un qui était prêt à jeter un coup d'œil et à faire l’essai, et c'est ce qui s'est passé. De ce morceau de carton, nous sommes passés à une grande feuille d'acier inoxydable qui a été découpée de manière à s'enrouler dans un cylindre, avec trois coupes sur le bord inférieur correspondant à trois anneaux qui faisaient office de support de lampe dans lequel l'ampoule était vissée. Sur le dessus, il y avait un chapeau incliné à 45 degrés qui dépassait des bords. Ce sont les prémices de ce que nous réétudions et remettons en production aujourd’hui, en déclinant ce modèle en plusieurs tailles et performances. Il ne s’agit pas d’une simple réédition ; nous faisons quelque chose qui n’avait jamais vraiment fonctionné car le profilé décoratif de la Chiara originale n’était pas fixé et présentait donc un danger pour celui qui le touchait. Nous avons enfin réussi à réaliser une bordure qui reste fixée en permanence au métal et, pour l’occasion, nous nous sommes également amusés à construire une famille complète de Chiara : la Chiara classique avec de nouveaux détails et quelques différences, une Chiara de taille moyenne, et une petite Chiara qui peut être installée sur une table, une étagère ou un meuble bas. Si vous lisez au lit, cette Chiara éclairera votre journal ou votre livre sans vous éblouir. MARIO BELLINI:

Comment le design a-t-il changé dans les espaces privés ces dernières années ? Comment notre mode de vie a-t-il changé ?

PAOLO BRAMBILLA:

MARIO BELLINI: Si la question est de savoir comment notre mode

de vie a changé et s’il a changé, je veux immédiatement faire une distinction : la façon dont nous vivons, nos bureaux, et la façon dont nous vivons ensemble dans nos maisons a radicalement changé. A une époque, j'ai fait beaucoup de recherches sur le phénomène du travail de bureau. J'ai même écrit un livre intitulé Office Project, dans lequel j'ai dit que l'importance d'être dans un espace de travail consiste à réaliser que l'on passe huit heures dans cet espace, assis sur cette chaise à ce soit-disant 6


En haut : Photos historiques de Chiara. Dessin technique de la lampe originale.

7

Bellini avec Chiara en 1969. Photo de Giuseppe Pino.



bureau, et qu’on devrait accorder beaucoup plus d'attention à ces meubles. À l'époque, nous utilisions l'expression « bureau paysagé », ce qui était vu comme une innovation extraordinaire, mais souvent cette intuition se traduisait seulement par le fait d'ajouter une autre plante verte ou un écran supplémentaire. La vraie solution n'est pas d'ajouter de la végétation, mais de faire en sorte que votre bureau soit un espace pour toute votre personne, pas seulement pour votre travail. Vous vivez, même lorsque vous êtes au bureau. Votre chaise doit être confortable. Ce que vous voyez autour de vous comme paysage ne doit pas être une abstraction fonctionnelle. Par exemple, j'imaginais que ceux qui passaient du temps dans cet espace devaient pouvoir avoir envie de voir ceux qui passaient devant. Peut-être que c’est ennuyeux, mais ils doivent sentir qu'ils font partie d'un tout. De plus, lorsque quelqu'un vient à un poste de travail pour discuter, il se trouve devant un écran qui a été inventé par un génie pour cacher les jambes de la secrétaire. Mais cet écran empêchait quiconque de s'asseoir devant vous à votre bureau. Ainsi, celui qui venait vous parler à votre bureau devait s'asseoir à l’angle avec le coin du plan de travail dans le ventre. J'ai donc inventé une pièce arrondie qui vient se fixer aux bureaux rectangulaires classiques que j'ai baptisée Planet Office. En un mois, cette pièce ronde est devenue l’accessoire incontournable de tous les systèmes de bureau alors en production. Tout le monde l'a adoptée. Je ne me suis pas mis en colère parce que j’ai pensé : “ Peut-être que j'ai inventé quelque chose d’important “, et cela signifie que lorsque vous êtes une personne importante, ceux qui viennent vous voir sont des personnes, pas des robots, et donc s'ils veulent s'asseoir et vous parler, ils utiliseront cet accessoire. Vous bougez un peu et votre attention se concentre sur eux. Tout cela était fondamental pour l'innovation des espaces de bureaux.

allées couvertes et des colonnes, un bassin d'eau, de la verdure, les maisons avaient deux étages avec des escaliers, il y avait des fenêtres à l'intérieur, des coins où ils cuisinaient et, s'ils cuisinaient, il y avait des casseroles, le feu, les poissons, etc. Et il y avait des canapés sur lesquels s'asseoir, encore plus confortablement qu’aujourd’hui, à la manière de Trimalcione. La plupart des activités et des choses qu'ils utilisaient alors étaient les mêmes qu'aujourd'hui, car en passant de l'époque romaine à aujourd'hui, nous n'avons pas changé, nous avons encore deux jambes, deux bras, deux mains, deux pieds, deux yeux, les mêmes intelligences. Notre culture est très similaire à la leur ; leurs philosophes et leurs intellectuels forment toujours la base de la culture européenne et occidentale. Nous devons donc réfléchir à ce que nous voulons dire quand nous parlons d’évolution et de changements. Il est clair aussi que tout change parce que nous volons dans des avions, nous prenons le métro, nous roulons en voiture. Mais vous savez, avant la voiture, il y avait le cheval, il y avait des calèches, c'était la même chose. Les dames prenaient leur calèche pour montrer leurs vêtements à l'heure du thé. Il y a ce roman merveilleux et vraiment intéressant de Marco Romano intitulé La Città Delle Donne (La Cité des femmes). Donc si nos styles de vie ne changent pas, quel sens y a-t-il à rééditer une lampe d’il y a 50 ans ?

PAOLO BRAMBILLA:

Sur cette échelle de valeurs dont nous parlons, cinquante ans, c'est cinq minutes. Par conséquent, une lampe, un objet, un meuble d'hier et d'aujourd'hui se ressemblent beaucoup, à moins que nous ne parlions d'éléments et de plantes ayant subi une évolution violente. Mais il y a 50 ans, les voitures existaient déjà et elles existent toujours. Peutêtre n'y a-t-il plus de calèches, mais les calèches étaient les mères des voitures ; les chevaux étaient les mères des motos. Même moi, je suis presque en train d’exagérer en considérant la grande permanence de la vie de notre civilisation. Alors observons-la lentement et considérons que, peut-être tous les 10 ou 20 ans, toutes les vannes basculent et tout change. Nous avons encore des vestes, des chemises et des cravates, etc. Ce sont des choses qui, heureusement, ont eu et continuent d'avoir une existence extrêmement longue. MARIO BELLINI:

PAOLO BRAMBILLA: Même dans nos maisons, l’arrivée de la technologie, particulièrement ces dernières années, a changé nos styles de vie, non ?

Je poserai une question légèrement controversée : sommes-nous sûrs que nous vivons d'une manière différente de celle des anciens Romains ? Je dirais que non. Allez voir ce que les fouilles révèlent : ils avaient des cours, des MARIO BELLINI:

Page précédente : Mario Bellini avec le nouveau modèle de table Chiara.

9


Réédition de l’emblématique Chiara.


Chiara, dans son emballage historique.


Photographies de Chiara des archives Flos.


FLOS STORIES

ISSUE TWO: CHANGEMENTS

Les choses changent, c’est la vie. Et au cours des six derniers mois, nous avons assisté à un tremblement de terre continu, avec les plaques tectoniques de notre vie quotidienne qui se déplaçaient sous nos pieds. Maintenant, nous portons des masques. Nous avons fait des réunions sur Zoom ou par Skype. Nous sommes restés à une certaine distance de nos voisins. Nous avons cuisiné, nous avons travaillé et nous avons étudié à la maison. Il est étonnant de voir avec quelle rapidité nous nous sommes adaptés et avons glissé dans cette nouvelle normalité. Pour Flos Stories 2, nous avons pris le temps de rassembler tous ces changements et de célébrer des histoires d’adaptabilité. Dans ce numéro, nous vous présenterons certains classiques de Flos repensés pour 2020 : l’emblématique Chiara de Mario Bellini, la lampe-outil Mayday de Konstantin Grcic, et la flexible Diabolo d’Achille Castiglioni ont été revisitées et réimaginées avec de petits changements de 13

conception. Nous vous emmènerons à Londres où l’exposition de Formafantasma, Cambio, une exploration de l’industrie du bois exposée au Pavillon Serpentine, a quelque chose de prémonitoire. Puis nous irons en vacances sur le lac de Garde en Lombardie, où la Casa La Scala, demeure brutaliste des années 50 de Vittoriano Viganò, a été remise en lumière avec une sélection de lampes Flos. Il y a bien sûr aussi de nouveaux produits. Nous présentons les élégantes lampes industrielles Flauta de Patricia Urquiola, réinterprétées par l’artiste Pablo Limón sous forme de rendus photoréalistes hyper-détaillés. Et nous vous montrerons les derniers instants surréalistes d’un dîner entre amis, où la nouvelle lampe de table de Michael Anastassiades, Last Order, diffuse sa lumière de rêve. Nous pensons que c’est cette capacité à changer, et la volonté de le faire, qui révèle vraiment la beauté d’une personne, d’un lieu ou même d’une lampe.


CONTENTS

16 Last Order ↑

58 Diabolo d'Achille Castiglioni ↑

88 Jeux par Sany

64 Into the Groove ↓

1 Chiara de Mario Bellini ↑

92 Questionnaire Nendo →


28 Casa La Scala de Vittoriano Viganò ↑

94 Contributeurs

78 Konstantin Grcic revisite Mayday ↑

74 Vivre avec Lampadina

44 Formafantasma ‘Cambio’↑

95 Nouveaux Produits A/W 2020


LAST

16


ORDER

L'artiste Laila Gohar et le photographe Zhi Wei évoquent l'un de ces moments surréalistes à la fin d’une soirée, lorsque les contours des choses commencent à s’estomper. Les amis s'attardent entre des serviettes froissées et des restes de desserts. LAST ORDER, la nouvelle lampe de MICHAEL ANASTASSIADES, diffuse sa douce et chaude lumière sur cette scène éphémère.



19




22






Pages 16-17 : Last Order Fluted, en acier inoxydable poli. Page 18 : Last Order Clear et Fluted, les deux en cuivre satiné. Pages 20-21 : Last Order Fluted, en laiton poli. Page 23 : Last Order Fluted, en acier inoxydable poli. Pages 24-25 : Last Order Fluted, en cuivre satiné. Page 26 : Last Order Clear, en laiton poli. Tous les modèles de Michael Anastassiades.

27


Casa La Scala de Vittoriano Viganò

Nichée sur la rive du lac de Garde, en sible que par une passerelle de quarante Lombardie, une structure en béton bruta- mètres, constituée d'une poutre en béton liste contraste fortement avec le paysage armé et d'une centaine de marches en tôle. verdoyant. C’est l’ancienne demeure du La passerelle part de la maison et traverse sculpteur et éditeur français André Bloc, le terrain rocheux pour se terminer par une construite dans les années 1950 par son mince jetée qui s’avance dans l'eau bleue. ami, l’architecte italien Vittoriano Viganò. Une simple maison de vacances pour trois La maison, dont les deux couches de béton personnes, conçue pour se ressourcer, pra- forment le sol et le plafond, est orientée tiquer l'art et boire avec vue sur le lac. vers le paysage environnant, avec un plan fluide qui semble anticiper la mode actuelle « Dans cette région (près de Portese), les pour les espaces ouverts et flexibles. Les bords du lac sont magnifiques et encore baies vitrées sont amovibles ou peuvent très peu habités et construits », écrivait être fermées par des stores vénitiens. Et Domus en 1959. « L’endroit où se trouve il n'y a que trois pièces séparées : la cuila maison (au-dessus de la Baia del Vento) sine, la salle de bain et la chambre d'amis est complètement isolé. C'est un terrain ac- (sous la partie résidentielle se trouve un cidenté avec de l'herbe et des oliviers, où atelier d'artiste où Bloc pouvait travailler un plateau tombe à pic dans l'eau formant tout en admirant le lac.) A part ça, l'endroit une falaise et une petite plage. était - et est encore - agréable, adaptable et, comme le démontre l'intervention lumiC’est cet aplomb qui a donné son nom à neuse de Flos, ouvert à l'interprétation. la maison, La Scala (l’escalier). En effet, le lac scintillant en contrebas n'est acces- Photographie de FEDERICO TORRA 28




31


32




35





39


40



42


Pages 30-31 : Chiara, réédition du lampadaire en stainless steel et nouvelle lampe de table, en aluminum with anthracite edge, par Mario Bellini. Page 32 : Oblique, en marron et rouille de Vincent Van Duysen. Pages 34-35 : Diabolo, réédition en cherry red (à gauche) et beaver brown (à droite), d’Achille Castiglioni. Pages 36-37 : Belt, en cuir naturel, de Ronan et Erwan Bouroullec. Page 38 : Appliques Flauta, en anodized copper, de Patricia Urquiola. Page 40 : Infra-Structure Episode 2, en noir mat, de Vincent Van Duysen. Page 43 : Applique Flauta, en anodized ruby red, de Patricia Urquiola.

43


44


FORMAFANTASMA sur le ‛Cambio’

Conversation avec Gea Politi et Cristiano Seganfreddo

45


Formafantasma n'est pas une entreprise de design ordinaire. Imaginée par deux italiens basés à Amsterdam, Andrea Trimarchi et Simone Farresin, il s’agit d’une recherche qui s’interroge sur les choses que nous pensons connaitre. Ils analysent la façon dont les humains font les choses. Ils observent le passé pour trouver de nouvelles voies à suivre. Ils proposent un changement. Ou autre chose. Et le changement - Cambio - est justement le sujet de leur exposition personnelle aux Serpentine Galleries de Londres, qui rouvrira le 29 septembre. Ils y explorent l'industrie mondiale du bois, examinant comment le bois est cultivé, exploité et utilisé dans le monde entier, et montrant aux visiteurs qu’en fait, « il y a beaucoup de choses sur lesquelles nous pouvons travailler ». Nous avons extrait une conversation entre Formafantasma, Gea Politi et Cristiano Seganfreddo du groupe d'édition italien CGPS, publié initialement dans Flash Art (sur papier certifié sans espèces d'arbres protégées).

Extrait de "L'indissolubile interconnes- espèces de la planète est fondamentale et sione tra le Specie : Formafantasma" pu- indissoluble. Par conséquent, nous ne poublié initialement dans Flash Art no. 348 vons pas penser que le design traite excluMars – Avril 2020, avec l’aimable autori- sivement du bien-être et des désirs humains. sation de Flash Art. . Si notre survie égale celle de toutes les autres espèces avec lesquelles nous partaCGPS: Commençons par une question que geons la Terre, le design ne peut plus avoir Hans Ulrich Obrist pose dans sa préface du l'homme pour seule référence. Retirer toute catalogue Cambio, à paraître à l'occasion forme d’anthropisation de l'activité hude votre projet aux Serpentine. Comment maine est évidemment une utopie, mais tenle design peut-il être durable ? Comment ter d’y parvenir est ce qui peut nous sauver pouvons-nous l'utiliser pour transformer car cela nous conduira à observer l'existant l'attitude générale qui nous a conduits à non comme une source à pénétrer et exploicette situation de changement climatique ter mais à aimer et avec laquelle coopérer. semi irréversible et qui en dessine certai- Le design peut donc intervenir à différentes nement les conséquences dévastatrices échelles. Il existe des solutions à très court pour l'avenir ? terme. Les plus évidentes, comme faire des choix de matériaux et de production plus FORMAFANTASMA: Nous supposons que le durables, réfléchir à la fin de vie des prosystème économique, financier et productif duits, à leur recyclage éventuel. Ensuite, il y actuel n'est pas durable. Nous ne sommes a les solutions à moyen terme, les solutions même pas sûrs que l'être humain l'est. Cela systémiques. Ici, le design doit fonctionner dit, il y a beaucoup de choses sur lesquelles de manière plus holistique, non pas exclunous pouvons travailler. La première qui sivement pour le design du produit en soit me vient à l'esprit est d'essayer de rendre mais pour observer et réformer la chaîne de le design moins anthropocentrique. Comme production dans son ensemble, de l'extracvous pouvez l'imaginer, c'est un paradoxe tion des matières premières à la phase de sachant que la définition même du de- distribution, de réparation et de recyclage. sign implique le désir et l'instinct humain Enfin, il existe des solutions à long terme. de sculpter l'environnement qui l'entoure Celles philosophiques et spéculatives qui pour satisfaire ses désirs et ses besoins. En nous aident à imaginer des manières de revanche, une pensée écologique ne peut vivre, de produire, de voyager, d'aimer, de se développer que si l'on comprend en ressentir de l'empathie, qui dépassent une quoi l'interconnexion entre les différentes vision purement capitaliste.

46


Page 44 : Photo de Cambio : Visual Essay, 2020. Ecran vert à Bosco del Chignolo, Montemerlo (Italie). Photo de C41, avec l’aimable autorisation de Formafantasma. Page 47 : Arbres abattus par l’ouragan Vaia, Ziano (Italie). Photos de la vidéo, 2019. Photo de C41, Courtesy Formafantasma.

47


48


Pages 48-49 : Photos de Cambio : Visual Essay, 2020. Ecran vert Ă Bosco del Chignolo, Montemerlo (Italie). Photo de C41, Courtesy Formafantasma.

49


Page 50 : Photos de Quercus, 2020, un film produit en utilisant un scanner Lidar d’une forêt de chênes en Virginie. Courtesy Formafantasma.

50


CGPS: “Je me suis donné comme règle de toujours aller du connu vers l’inconnu, et de ne faire aucune déduction qui ne découle pas directement des expériences et de l’observation”. Votre travail évolue au gré de vos expérimentations, un peu comme les scientifiques du XVIIe siècle à la recherche de nouvelles vérités à la fois cachées et évidentes dans la nature. Une manière d’apprendre en produisant des résultats qui font avancer l’idée initiale. Parlez-nous de votre méthode expérimentale et de son évolution au cours de vos dix dernières années de recherches. FORMAFANTASMA: Lorsque nous avons commencé, notre approche était plus intuitive et moins programmatique. Les premiers travaux étaient les plus introspectifs, nous avons cherché à identifier ce qui nous intéressait le plus dans le design en tant que discipline, à cerner les clichés à partir desquels nous pourrions déployer notre vision. Les sujets qui nous intéressaient étaient déjà là et nous avions en tête les dynamiques nécessaires à la conception d’un projet de façon la plus holistique possible. Récemment avec nos travaux moins commerciaux comme Ore Streams (2017– 2019) et Cambio (2020), nous essayons d’être plus radicaux. CGPS: Parlons de “Cambio” : le nom du projet est également le titre de l’exposition aux Serpentine, et il est en italien. Pourquoi

avoir décidé de le garder tel quel ? Est-ce de designers. Est-ce l’un des premiers prolié à votre langue maternelle ou y a-t-il jets à être mis en place sous cette forme ? d’autres raisons derrière ce choix ? Cambio (changement) décrit une action claire. Est- FORMAFANTASMA: Lorsque nous avons disce que le changement se conçoit dans l’ins- cuté avec Hans Ulrich Obrist et Rebecca tallation présentée aux Serpentine ? Lewin sur la possibilité de faire une exposition aux Serpentine, ce qui nous a paru FORMAFANTASMA: “Cambio” a deux signi- le plus intéressant c’est qu’on ne nous defications. En italien, le “cambio” (du latin mandait pas de réfléchir à une rétrospective Cambium) c’est la couche de cellules si- mais de montrer, comme l’ont fait Kostantin tuées entre l’écorce et la partie interne des Grcic et Martino Gamper, une façon de voir arbres. Cette toute petite couche est essen- le design, une forme de manifeste. Dans ce tielle car, en plus d’autres fonctions, elle contexte, le design du produit n’est pas fonest responsable du dialogue entre l’intérieur damental. Partant de ces hypothèses, nous et l’extérieur de l’arbre. Lorsque les plantes n’avons pas conçu l’exposition comme la ont émergé de l’eau, après avoir créé l’at- phase finale d’un voyage mais comme son mosphère il y a des millions d’années, elles début. Nous avons donc cherché à nous ont subi divers stress dus aux changements concentrer sur la phase de recherche, sur climatiques et elles ont eu besoin de protec- un hyper-objet comme l’industrie du bois et tion pour survivre. Le “cambio” a facilité son extraction. En réalité, nous avons utilisé ce processus de transformation et a aidé la même structure que pour Ore Streams les plantes menacées à devenir des arbres, (qui était une commande de la National Galen produisant une véritable armure biolo- lery of Victoria à Melbourne). A la grande gique : le bois. Nous avons préféré utili- différence que nous avions alors une limite, ser le terme italien et non latin car nous ne ou plutôt, une commande plus spécifique : voulions pas suggérer de rapport immédiat on nous avait demandé de concevoir des avec le champ scientifique mais plutôt nous meubles en rapport avec l’analyse sur le orienter vers un niveau plus humaniste du recyclage de déchets électroniques. Le mot, qui évoque un moment de transition musée a mis en place une collection liée au et de changement ; c’est justement ce mo- design de meubles et voulait s’assurer que ment que nous espérons. notre travail répondait à cette exigence. Une institution comme les Serpentine, qui traCGPS: Un projet comme Cambio implique vaille plutôt comme la Kunsthalle en ce sens certainement une équipe de chercheurs et qu’elle n’a pas de collection permanente,

51


52


Pages 52-53 : Echantillons de bois provenant de l’Economic Botany Collection de Kew Gardens. Photo de Gregorio Gonella.

53


Page 54 : Analyse microscopique d’échantillon de chêne rouge par le Centre de Compétence de Thünen sur l’origine du bois à Hambourg (Allemagne). Courtesy Formafantasma.

54


nous a permis d’aller au-delà du produit. L’exposition cherche à élargir le cercle des échanges habituels autour du design, nous avons donc intégré au projet les études de différents professionnels en lien avec le sujet : la dendroclimatologie, l’étude de l’anatomie du bois, la conservation, la philosophie, l’activisme et les politiques de gouvernance. L’exposition est un voyage à travers un processus de prise de conscience de l’urgence qu’il y a aujourd’hui de changer la façon dont le système fonctionne. Quelle est l’incidence de la partie critique et l’importance de trouver une solution dans votre cheminement ? CGPS:

La composante critique est assurément présente et fondamentale. Cependant, l’exposition propose des points de réflexion de manière plus ou moins explicite, et des questions qui suggèrent des voies de transformations possibles. Par exemple, avec Cambio, nous traitons le lien complexe entre l’accélération de la production, les temps de croissance naturels des arbres et le cycle d’absorption du CO2. Ces considérations peuvent offrir des idées intéressantes mais radicales, des propositions ou des réflexions sur le cycle de vie des produits et la nécessité d’une plus grande transparence du processus d’approvisionnement et de production. FORMAFANTASMA:

CGPS: Vous

avez longuement réfléchi sur les s’ils ne sont pas retirés. Le bois de sapin aspects de la production de l’exposition : n’est pas un bois adapté pour la fabrication depuis le livre jusqu’à la réalisation de de meubles car il est très tendre et prend feu chaque salle, pour minimiser l’impact envi- facilement. Nous l’avons donc traité avec ronnemental et sensibiliser sur les dépenses un apprêt identique à celui utilisé pour les de conception des précédentes expositions. instruments de musique qui rend la surface Pensez-vous avoir réussi ? Comment êtes- plus résistante. Même si c’est à une petite vous parvenus à éviter le gaspillage inutile ? échelle, pour nous ces choix ont une valeur précise dans notre processus de travail qui FORMAFANTASMA: Oui, l’exposition fonc- s’éloigne des choix purement formels. Il tionne aussi à un niveau méta. Tout d’abord, en est de même pour le catalogue qui est nous nous sommes limités à laisser les murs évidemment réalisé avec un papier certifié de la galerie blancs et à ne pas construire de sans trace d’espèces d’arbres protégées. séparation supplémentaire qui ne soit pas indispensable; par exemple, nous avons CGPS: Vos actions semblent se dérouler dû construire un mur à l’entrée afin d’atté- avec une volonté systématique. A la manuer la luminosité pour la projection d’un nière d’un catalogue en remaniement perfilm . De même, tous les supports que nous manent qui reflète la variété d’idées et de avons conçus pour présenter les différents compétences, vous employez des sources contenus ne sont pas des présentoirs mais et des études interdisciplinaires reconnues de vrais objets tels que des tables et des éta- et inattendues pour créer ce que vous dégères. Nous ne voulions pas que le design crivez comme un « parapluie conceptuel ». évoque une idée de temporalité, comme Cambio est le début d’une nouvelle phase les éléments futiles d’une exposition. Les d’enquête. Où vous conduit ce Changement pièces sont clairement destinées à avoir une continu à présent? vie après l’exposition. Nous voulions aussi que le bois utilisé ait une certaine impor- FORMAFANTASMA: Certains des contenus de tance, donc nous avons choisi de travailler Cambio se poursuivront dans un cadre éduavec du bois d’épicéa du val di Fiemme. A catif au sein du Master que nous tiendrons à cet endroit, il y a environ un an une tempête, partir de Septembre 2020 à la Design Acadue au changement climatique, a détruit 13 demy d’Eindhoven. Si Cambio examine millions d’arbres. Le risque est que le reste pour l’instant les dynamiques macro qui de la forêt soit contaminé par les bactéries régissent l’industrie du bois, la prochaine des arbres qui vont inévitablement pourrir étape consistera à se concentrer sur des

55


études de cas plus spécifiques. Nous pas- & Albert Museum, le European Investigaserons de la macro à la micro échelle. Nous tive Agency de Londres, un spécialiste de aimerions par exemple transformer une par- l’évolution du bois et des personnes implitie des contenus développés dans un recueil quées dans la construction de la gouverpour le Master, mais aussi travailler avec nance liée aux éléments naturels comme une entreprise de meubles ou de produits les forêts. La liste est très longue. Toutes semi-finis. ces rencontres ont été fortement désirées et recherchées plus que fortuites. Cela a CGPS: Vous aimez travailler des aspects en été la partie la plus intense de l’exposition: apparence marginaux, tant par leur sujet tisser des relations. que par leur latitude. Vous voyagez dans différentes parties du monde pour ren- CGPS: Aujourd’hui, même les grands fonds contrer des communautés et des pratiques financiers parlent d’ESG (Environmental, ancestrales, souvent inconnues et oubliées. Social and Governance), pour leurs invesParlez-nous des rencontres inattendues de tissements. S’agit-il de simples tendances ce changement dans vos recherches. ou de véritables changements climatiques ? FORMAFANTASMA: A dire vrai, nous avons voyagé le moins possible. Par exemple, Simon, qui travaille avec nous, est colombien, il a géré les contacts avec la Fondazione Gaia Amazonas qui aide les peuples autochtones colombiens à tracer leurs territoires afin de fournir des données qui se traduiront en actions de justice pour s’assurer que la partie de l’Amazonie dans laquelle ils vivent ne sera pas déboisée. Simon n’est allé qu’une seule fois en Colombie, tous les autres entretiens se sont passés par Skype ou par Whatsapp – tant pour cette partie de l’exposition que pour le reste. Pour l’exposition, nous avons travaillé avec le Thunen Institute en Allemagne, avec le Kew Gardens, le Victoria

FORMAFANTASMA: Le design a un rôle politique et il est inévitable car il est souvent utilisé comme un instrument d’expansion économique. Façonner le monde c’est aussi et surtout décider de ses politiques. ‘Cambio’, l’exposition personnelle de Formafantasma, est présentée aux Serpentine Galleries de Londres du 29 septembre 2020. Gea Politi est éditeur et rédacteur en chef de Flash Art. Cristiano Seganfreddo est éditeur di Flash Art.

56


Page 57 : Analyse microscopique d’échantillons de papier par le Centre de Compétence de Thünen sur l’origine du bois, à Hambourg (Allemagne). Courtesy Formafantasma

57


Diabolo par Achille Castiglioni Extrait d’une conversation avec GIOVANNA CASTIGLIONI

‘Mon père est vraiment un très bon joueur de Diabolo’, dit Giovanna Castiglioni, la fille du légendaire designer italien Achille Castiglioni. Elle parle de l’un des passe-temps favoris de son père, le jeu de jonglerie dérivé du yo-yo Chinois, dans lequel une pièce en forme de sablier va d’avant en arrière sur une ficelle entre deux baguettes. En 1998, ce jeu d’équilibre ancestral a inspiré la dernière collaboration d’Achille avec Flos : la suspension Diabolo. ‘Elle a un design très simple’ explique Giovanna au sujet du luminaire, créé tout d’abord sous forme de maquette en papier, puis en carton avant d’être finalement fabriqué en aluminium peint par poudrage blanc. ‘Une suspension composée de deux cônes, l’un contient la source lumineuse, l’autre, fixé au plafond, cache un mécanisme de tambour’. Tout comme le jeu qui lui a donné son nom, Achille a imaginé une lampe pouvant monter et descendre grâce à un système de poulie, pour pouvoir en régler la hauteur selon son souhait, en agrandissant ou en diminuant la distance entre les deux cônes. Des exemplaires originaux sont encore accrochés aujourd’hui dans l’agence Castiglioni. Achille n’a jamais réellement expliqué son inspiration, mais les idées contenues dans Diabolo font partie du vocabulaire de Castiglioni puis des décennies. Lorsqu’Achille et son frère Pier Giacomo ont commencé à faire du design ensemble dans les années 1950, une lampe de travail anonyme en forme de cône utilisée pour la scénographie était déjà accrochée dans leur salle de travail. (En 1962, ils l’ont déplacée dans la salle de réunion de ce qui est aujourd’hui la Fondation Achille Castiglioni). Pour Giovanna, les traces des formes coniques de Diabolo remontent à cette inspiration et expliquent l’intérêt des frères pour des designs aussi fonctionnels et anonymes. 58


Castiglioni, photographiĂŠ dans son agence en 1998 par Hugh Findletar.

59


60


En haut : Photo de Santi Caleca. Page prĂŠcĂŠdente : Photo de la vitrine. Photo du bas par Ramak Fazel.

61


La poulie est aussi quelque chose qu’Achille et Pier Giacomo ont étudié pendant des années, dans l’espoir de créer des systèmes de poulie pour d’autres suspensions comme la RELEMME conçue en 1962 et la Splügen Brau conçue en 1961. Toutes deux sont dessinées aux côtés de Diabolo avec des poulies, comme on peut le voir sur le croquis. ‘Ils aimaient regrouper beaucoup de lampes ensemble et trouver d’autres lignes, d’autres niveaux’, explique Giovanna. ‘Achille voulait cacher la poulie mais inviter l’utilisateur à faire monter et descendre la lampe, pour choisir la hauteur désirée’.

Photo de Hugh Findletar.

62


Au début de 1998, la réponse du public a été positive : ‘Comme d’habitude, on est surpris par la légèreté de la touche ‘Castiglioni’’ écrivait Domus cette année-là. ‘D’une main assurée, il démontre méthodiquement les ressources inépuisables de ce que nous avons tous juste sous notre nez’. Mais après seulement cinq ans sur le marché, des problèmes techniques sur le système de poulie en ont interrompu la production.

Mais aujourd’hui, plus de vingt ans après son lancement, Diabolo revient, sans plus aucun problème mécanique et avec deux nouveaux coloris, cherry red et beaver brown, des teintes utilisées par Achille pour certaines de ses céramiques. Le design a été très légèrement modifié (toutes les retouches sont internes), tout en conservant totalement intacte cette ‘‘légèreté de la touche ‘Castiglioni’’ 63



INTO THE GROOVE Les appliques Flauta de Patricia Urquiola, inspirées des tuyaux d’orgues et de détails architecturaux cannelés, sont une étude de la texture et de la simplicité. L’artiste Pablo Limón a saisi leur beauté industrielle dans une série de renderings haute définition. 65









Pages 64-65 : Flauta Riga indoor, en anodized blue steel. Pages 66-67 : Flauta Riga indoor, en anodized copper. Pages 68-69 : Flauta Spiga indoor, en anodized ruby red. Pages 70-71: Flauta Riga outdoor, en forest green. Pages 72-73 : Flauta Spiga indoor, en anodized blue steel. Tous les modèles de Patricia Urquiola.


Vivre avec LAMPADINA Illustrations de SARA VIVAN

74


Giovanna Castiglioni, fille de la légende italienne Achille Castiglioni, a trouvé un nouveau moyen amusant pour partager les histoires sur les populaires créations de design industriel de son père : un flip-book. Dans Castiglioni in 2 sec vous trouverez les charmantes illustrations par Sara Vivan (deux, extraites ici) de Lampadina, une lampe conviviale créée par Achille pour Flos en 1971 et relancée cette année dans une nouvelle gamme de couleurs.


Dans ces pages, nous découvrons Lampadina en lampe murale, en lampe de table et en torche ‘On m’a souvent demandé d’écrire un livre d’histoires sur mon père, les créations d’Achille, avec des anecdotes et des épisodes liés à ma famille’, explique Giovanna. « Dans ce premier projet, je voulais offrir une histoire de design industriel en deux secondes. »

Découvrez les nouvelles couleurs de Lampadina page 99.




PROFILE

KONSTANTIN GRCIC revisite MAYDAY, pour le 20e anniversaire de la lampe aux possibilitĂŠs d'adaptation infinies

Interview de Hannah Martin. Photographie de Bastian Achard. 79


Mayday est la lampe de travail par excellence. Créée par le designer allemand Konstantin Grcic en 1999, elle possède un réflecteur en forme de cône fixé à une poignée, un crochet et un cordon à enrouler, et peut être suspendue à une tête de lit, suspendue au-dessus d'une table de cuisine ou être utilisée en guise de torche pour trouver quelque chose qui a fini sous le canapé. Dans le studio berlinois de Grcic, on peut voir cette sympathique lampe accrochée à un tuyau de radiateur, perchée sur une bibliothèque ou accrochée au-dessus du bureau du designer pour l’éclairer pendant qu'il dessine. Pour marquer plus de vingt ans de succès commercial, Flos présente une édition anniversaire de la lampe dans une élégante version en aluminium moulé sous pression. Et la structure simple et intemporelle de la lampe iconique ? Elle est restée exactement la même. 80



Alors racontez-moi l'histoire de Mayday. Qu'est-ce qui a inspiré cet objet ? HANNAH MARTIN:

Sur votre site internet, on voit un gars qui l'utilise pour réparer sa voiture.

HANNAH MARTIN:

Revenons à 1999 lorsque vous avez créé cet objet design. A quoi ressemblait le monde ? Quelles questions vous posiez-vous et comment y répondiez-vous à travers votre travail ? HANNAH MARTIN:

KONSTANTIN GRCIC: Un de mes amis a pris KONSTANTIN GRCIC: Mayday a vraiment été une création autonome. C’était la lampe cette photo dans un quartier de New York. que je voulais pour moi, une lampe qui se- Bien que je revendique probablement que KONSTANTIN GRCIC: J'avais 20 ans de moins lon moi, devait être une sorte d’outil. Un Mayday a créé sa propre typologie de pro- qu’aujourd’hui. Ma vie avait 20 ans de outil est un objet qui remplit une fonction, duit, j’ai évidemment fait références à des moins. Rien n'était définitif. La vie était une fonction bien précise, et normalement lampes qui me plaisaient et qui m'ont ins- simplement basée sur les besoins. Mais elle sa forme explique sa fonction. C’est ce piré. Les mécaniciens soulèvent la voiture était belle aussi. Cela créait un sens d’indéqui rend un outil si beau. Vous le voyez et y accrochent une lampe dessous pour pendance, de liberté. La lampe, tout comme et vous comprenez aussitôt ce que c’est travailler. D’autres partent en expédition. d'autres choses conçues à cette époque, a et comment l’utiliser. Je voulais aussi une J’observais les lampes très particulières été créée dans cet esprit. Mayday est celle lampe qui n’ait pas d’emplacement fixe. Ce qui sont utilisées pour ces campements et qui a eu le plus de succès car c'est un pron’est ni une suspension, ni une lampe de j'aimais leur esthétique, leur langage ou duit très accessible. Les gens la voient, chevet, ni une lampe de garage. Ce n’est leur expression, ayant été conçues dans pensent qu’elle est intéressante, qu’elle est rien de tout cela, mais c’est aussi tout cela des buts bien précis. Cela implique que ce belle, puis ils regardent le prix et pensent en même temps. C’est une lampe très po- sont comme des outils, là pour être utilisés. "Oui, je peux me le permettre et c'est un lyvalente. Au bureau, j’ai le premier proto- Même s’ils tombent, ils ne se cassent pas. prix correct". Ce résultat est en effet assez type réalisé à l’époque. Il a un aspect très Même s’il tombe, il ne se casse pas. C’est difficile à obtenir. Nous essayons toujours différent du produit final, mais il a déjà pour cela que nous avons pris cette photo de rendre les choses abordables mais très certaines caractéristiques : le crochet, le dans le garage. souvent les choses simples se révèlent plus support pour enrouler le câble. La longueur compliquées et plus chères. Avec Mayday, du câble était quelque chose de très clair HANNAH MARTIN: Et pourquoi vous avez le résultat a été vraiment parfait : la technopour moi. Aujourd’hui, on le supprime- choisi ce nom, Mayday ? logie utilisée, la simplicité qui, il y a 20 ans, rait simplement pour le remplacer par une était une sorte de norme. Aujourd’hui, on batterie rechargeable, mais il y a vingt ans, KONSTANTIN GRCIC: En 1999, en Europe, la définirait plutôt comme une lampe assez c’était impensable. nous avions de la musique rave et il y avait primitive. C’est un réflecteur, avec une pece célèbre festival, le Mayday Festival, qui tite poignée et une douille à l’intérieur avec HANNAH MARTIN: Comment avez-vous ima- se tenait le 1er mai. J’avais probablement un culot à vis pour visser l’ampoule. Elle giné qu’il serait utilisé? cela en tête. Mais ça fait aussi référence est assez low-tech. Et c’est ce qui a contrià l'appel d'urgence “Mayday ! Mayday !”, bué à la rendre économique. Je pense que KONSTANTIN GRCIC: J'avais fait un dessin qui qui vient apparemment du français c’est ce qui continue à rendre la lampe inmontrait un sol, deux murs et un plafond. «m’aider». Même s’il s’agit d’une de- téressante encore aujourd'hui. Aujourd'hui, On peut utiliser la lampe en l’orientant dans mande d’aide, Mayday a aussi un joli son. nous avons les LED et l'électronique et n’importe quel sens. On peut l'accrocher au Ça signifie aussi « jour de mai ». Une jour- même les lampes simples sont devenues plafond, au mur, ou la poser par terre. Et née ensoleillée, quelque chose de positif beaucoup plus sophistiquées. Mais une dans chacun de ces modes d’utilisation, il y et de léger. Ça sonnait bien. Trouver des lampe comme Mayday a toujours sa place. a plusieurs manières de l'utiliser. En équi- noms est toujours si difficile. Les gens ont On peut même la réparer si elle se casse. La pant la lampe d’une sorte de poignée, je la très vite commencé à utiliser le nom, ce qui lampe provient d’un ancien système, d’un voyais aussi comme une torche. Même si n’arrive pas toujours. vieux monde, mais elle a toujours sa place elle était accrochée à un câble, celui-ci était dans le monde moderne. Sa simplicité, sa suffisamment long pour pouvoir l'utiliser cohérence, sa transparence…on la comcomme ça. Au fil des années j’ai commenprend bien. cé à voir que les gens l'utilisaient sur les réseaux sociaux ; j'allais chez quelqu'un et je voyais une lampe Mayday. Les gens me parlaient de celle qu’ils avaient achetée et de la manière dont ils l’utilisaient. Chacun avait sa propre histoire avec. C’est ce qui a fait son succès. C’est une lampe qui, bien qu’assez particulière, ressemble plus à une proposition. Elle offre des possibilités et les personnes l'utilisent à leur manière.

82


83


84


HANNAH MARTIN:

C’est tout à fait ça.

Il y a quelque chose de positif dans tout ça. Pendant 10 ans, nous avons pensé créer une mise à jour, en l’adaptant à la technologie LED, etc. Nous avons essayé mais nous n’avons jamais été convaincus, alors nous l'avons laissée telle quelle. KONSTANTIN GRCIC:

J'aime cette idée de l'objet design comme outil. Et il semble que beaucoup de vos premiers travaux aient adopté cette approche. Vous avez réinventé ces objets hyper-pratiques (un panier à linge, un égouttoir, un seau) ; qu'est-ce qui rend ces objets utilitaires si intrigants ? HANNAH MARTIN:

Eh bien, pour moi, c'étaient les objets design que j'aimais. Les HANNAH MARTIN: Quels sont les modifi- références de ces choses sont, la plupart du cations qui ont été apportées à l'édition temps, des produits anonymes. Des produits anniversaire ? qui ont été conçus par quelqu'un non pas comme l’expression d’un design, mais juste KONSTANTIN GRCIC: Nous avons changé le pour créer un bon produit, pour concevoir matériau. L'édition anniversaire n'est pas quelque chose avec soin en utilisant le maun développement de la lampe Mayday, tériau approprié. A l’époque, j’ai très fortec'est juste sa célébration. Nous l'avons ment ressenti que le design des années 90 habillée avec une robe un peu plus chère. était exagéré. C’était trop. Trop d'expresHabituellement, la partie supérieure de la sion. Trop de matière. Il y avait tellement lampe est en plastique moulé par injection d’éléments qu’on pouvait réduire. Voilà et pour l'édition anniversaire, elle est en pourquoi j’étais à la recherche des choses aluminium moulé sous pression. Elle est essentielles : d’objets pratiques de la vie plus robuste, plus lourde. Elle renvoit à quotidienne. Mais du point de vue de mon l'ustensile d’origine et donc, ça en fait une processus de conception personnel, le fait variante ou une édition intéressante, mais que ces objets soient si utilitaires m'a aidé. cela ne remplace pas l'original. Le processus est devenu moins indulgent et plus objectif. Il m’a aidé à garder mes distances par rapport aux objets. Mayday, comme je l'ai dit, c’était un projet très personnel. Mais ma référence était une lampe très utilitaire. KONSTANTIN GRCIC:

Vos travaux sont souvent décrits comme simples. Je pense que c’est une bonne définition, mais je crois aussi qu’il est intéressant de voir comment vous pouvez créer quelque chose de simple, mais sous une forme très inattendue. Par exemple votre bibliothèque Es : ce n'est pas un objet fait de lignes droites mais son design en fait est extrêmement simple. HANNAH MARTIN:

C'est quelque chose auquel je pense beaucoup. La simplicité est ce que je m’efforce d’obtenir tout en sachant qu’elle n'est jamais simple. Elle est en fait assez compliquée. Je n’ai jamais aimé le chemin formaliste de la simplicité selon lequel ce qui est simple doit forcément être fait de lignes exclusivement droites. Je n’y crois pas. Pour en revenir à notre outil, un outil est parfaitement simple mais il est assez intriguant par sa forme et ses détails. Une référence simple n'est pas quelque chose que je copierais sans me poser des questions. J'essaierais toujours de trouver une version encore plus simple ou bien de changer entièrement l'idée de simplicité. Jasper Morrison par exemple, un designer que j'admire et un excellent mentor, a une approche différente de la simplicité. Il prend des choses qui existent déjà et les retravaille en tous points. Il les change légèrement, en leur ajoutant sa touche magique. J'aime bouleverser les choses et découvrir que, ce que nous considérons comme simple, peut aussi être fait d’une manière complètement différente. KONSTANTIN GRCIC:

C'est ce que fait votre tabouret Miura d’une certaine manière.

HANNAH MARTIN:

KONSTANTIN GRCIC: C'est un très bon exemple

: maintenant, c'est un tabouret parfaitement simple. Le processus ne l’était pas autant : la façon dont je l’ai conçu, sa géométrie, la façon dont il est moulé. Mais quand on le voit, on pense qu’il est simple. Il y a une fonction claire et une raison pour laquelle il est fait comme ça.

85


On sait où mettre les pieds. On sait comment interagir avec. Mais si on dit à quelqu'un d’imaginer un simple tabouret de bar, ce n'est probablement pas ce qui lui viendra à l'esprit.

KONSTANTIN GRCIC:

Parlez-moi de votre confinement. Je m'intéresse à la façon dont le fait de rester à la maison, parfois dans un espace petit et confiné, a affecté les designers. Est-ce que cela a changé vos rapports avec les objets avec lesquels vous vivez ?

HANNAH MARTIN: J'ai lu que vous modélisez toujours tout en papier avant de le fabriquer. Est-ce que cela fait partie de ce qui vous conduit à ces formes inhabituelles?

KONSTANTIN GRCIC: Nous étions confinés à Berlin mais à tout moment nous pouvions bouger, contrairement à d’autres pays où les gens ont eu interdiction de quitter la maison pendant deux ou trois mois. Ce n’était pas le cas ici.

HANNAH MARTIN:

Exactement, on pensera plutôt à un tabouret avec une assise ronde et trois pieds droits.

HANNAH MARTIN:

Combien de personnes travaillent avec vous ? HANNAH MARTIN:

KONSTANTIN GRCIC:

cinq.

Nous sommes seulement

Je pensais à Mayday par rapport à l'époque que nous vivons. C’est un très bon objet en ce moment car il peut avoir tant d’utilisations différentes. Tout ce que nous utilisons doit être plus flexible de nos jours. HANNAH MARTIN:

KONSTANTIN GRCIC: Bien sûr. Je pense que la vie en général, change à un rythme de plus KONSTANTIN GRCIC: Ce n’est plus tout à fait HANNAH MARTIN: Alors peut-être que ça n’a en plus rapide et que nous devons suivre vrai. Mais il y a vraiment eu un moment pas eu beaucoup d’effet sur vous ? les changements, qu’il s’agisse de travail ou dans ma carrière où la création du modèle de situation familiale, d’appartement ou de était très importante pour développer le KONSTANTIN GRCIC: Eh bien, l'un des effets de pays. Et j'aime ça. Cela nécessite des objets produit. J'utilisais du papier, des ciseaux, ce confinement était que mon bureau était adaptables, polyvalents et flexibles, dans un du scotch, un morceau de fil métallique… fermé et en mode distanciel. Mes assistants certain sens le contraire de conservateurs, Des matériaux très simples. Je n’ai jamais étaient chez eux. Nous ne pouvions pas pas- statiques ou définitifs. Le mot meuble a sa cherché à ce que ces simples modèles en ser la journée ensemble au bureau. Cela m'a racine dans le mot allemand (möbel), ce qui carton ressemblent au produit final. J'avais beaucoup manqué. Je suis content que cette implique une certaine mobilité. juste besoin de ces modèles basiques pour phase soit terminée pour le moment et que comprendre les caractéristiques physiques mes assistants soient de retour et que nous de l'objet. Puis, à plusieurs reprises, je me puissions travailler ensemble à nouveau. Le suis rendu compte que ce modèle avait processus de conception est très dynamique, en fait une valeur esthétique : parce que très interactif. Pendant le confinement, nous j’avais dû simplifier la forme géométrique avons fait des sessions Zoom le matin pour parce que le carton ou le fil peuvent faire discuter de ce que chaque designer devait seulement certaines choses. Ces modèles faire et le soir ils m'envoyaient les résulde base avaient un caractère immédiat, tats, mais j'ai trouvé cela très frustrant. Pas quelque chose de frais, de simple… Main- parce qu’ils n’ont pas fait du bon travail, tenant j’utilise un peu trop ce mot, ah ! Au mais parce que le processus me manquait. cours de la dernière décennie, les logiciels Je pensais toujours que si nous avions pu se sont développés si rapidement que nous travailler ensemble cet après-midi-là, nous utilisons désormais des outils de modélisa- aurions pu faire les choses autrement. J'aution sophistiqués sur ordinateur. On peut rais pu intervenir plus rapidement. Je ne imprimer un modèle en 3D directement de trouve pas que mon processus puisse se l’ordinateur, ce qui était impossible il y a 20 pratiquer à distance. ans. Mon processus, et par conséquent les résultats, ont un peu changé avec la technologie. Je ne suis pas nostalgique de l'ancien processus, mais je m’en souviens et je l'aimais. Dans certains cas, il s’agissait de décider consciemment de suivre cette esthétique d'un modèle primitif plutôt que de le rendre très sophistiqué.

86



88 IC de Michael Anastassiades

ComplĂŠtez la sĂŠrie avec la version manquante.

Illustrations de Sany

Pour illuminer la journee

JEUX


89 Chiara de Mario Bellini

Aidez Henricus Ă conduire Chiara vers sa chambre!


90

Combien y a-t-il de Last Orders sur le bar? Last Order de Michael Anastassiades

Reliez les numĂŠros entre eux!

Arco de Achille & Pier Giacomo Castiglioni


91 Belt by Ronan & Erwan Bouroullec

Günter a faim. Pouvez-vous l’aider à trouver son plat favori?


QUESTIONNAIRE

Nendo

Le mot japonais Nendo signifie « argile ». Et c’est un nom approprié pour l’entreprise en mouvement fondée par le designer industriel Oki Sato, dont les bureaux sont situés à Tokyo et Milan, et qui réinvente sans cesse les objets du quotidien. Un nichoir. Une boîte à mouchoirs. Un bateau de pêche. Un stylo. Et, bien sûr, une poignée de lampes pour Flos. Nous avons demandé au designer prolifique et au collaborateur accompli de remplir ce court questionnaire. Tout comme ses créations, ses réponses sont simples, amusantes et résultent apparemment d’une grande quantité de café absorbé. Photographies de DSL Studio. 92


Qu’aimeriez-vous pouvoir changer?

Décrivez votre “monde d’après” en trois mots.

Le temps qui passe

1. Boire 2. Plus 3. De café

Quelle est la chose que vous n’avez encore jamais faite?

Qu’y a-t-il sur votre table de chevet?

La plupart des choses autres que le design

Quel est votre outil préféré.

Est-ce que vous collectionnez quelque chose?

Quelque chose qui a changé votre vie.

Dessinez votre objet design préféré.

L’Italie

Qu’avez-vous pris au petit-déjeuner?

Décrivez la dernière chose que vous avez faite.

Du café

Prendre un café

93


Contributeurs Bastian Achard est un photographe qui travaille entre Berlin et New York. Pour Flos Stories 2 il a immortalisé l’agence Berlinoise (et la tant appréciée) du designer industriel allemand Konstantin Grcic (p. 78).

Direction créative Apartamento Studios

Paolo Brambilla est curateur design pour Flos et moitié de l’agence d’architecture milanaise Calvi Brambilla, qu’il dirige avec Fabio Calvi. Pour ce numéro, il a interviewé la légende du design italien, Mario Bellini, au sujet de sa lampe iconique Chiara, qui célèbre son 50ème anniversaire (p. 1).

Équipe Flos Barbara Corti Rosaria Bernardi Elisa Bodei Silvia Delaini Donatella Matteoni Francesco Funari

Rédactrice en chef Hannah Martin Design graphique Apartamento Studios

Traductions Team Agiliz@ tu gestion

Impression Pour cette histoire, le photo- Gea Politi et Cristiano Graficart, Treviso graphe Alessandro Furchino Seganfreddo sont les fon- Septembre 2020 Capria—qui travaille entre dateurs du groupe d’édiLondres et Milan, a tourné tion milanais CGPS. Leur son objectif sur Bellini et sa conversation avec l’agence lampe bien-aimée (p. 1). de design Formafantasma, initialement publiée dans A New York, Laila Gohar crée Flash Art, est reprise dans des évènements, des expé- ce numéro (p. 44). riences, et des œuvres d’art avec des aliments. Pour ‘Last L’illustrateur et artiste Sany, Order’ (p. 16) avec le photo- (alias Samuel Nyholm) vit à graphe Zhi Wei, elle a mis en Stockholm. Pour Flos Stories scène une table dressée qui 2, nous lui avons demandé semble avoir été le théâtre de créer des jeux et des d’un dîner de rêve, éclairé vignettes autour des derpar les dernières lampes de nières lampes Flos (p. 88). Michael Anastassiades. Pour Flos Stories 2, l’artiste et designer de meubles Pablo Limón a recréé les lampes Flauta de Patricia Urquiola sous la forme de rendus photoréalistes hyper détaillés (p. 64).

Federico Torra, photographe d’architecture et de décoration intérieure basé à Milan, a photographié la Casa La Scala, demeure des années 50 de Vittoriano Viganò, sous un nouveau jour (p. 28). Sara Vivan basée à Milan, a illustré les nombreuses ambiances de Lampadina, la lampe polyvalente conçue par Achille Castiglioni en 1971, pour le nouveau flipbook, Castiglioni in 2 sec, extrait (p. 74). 94

Remerciements Michael Anastassiades Mario Bellini Giovanna Castiglioni Corraini Edizioni Formafantasma Konstantin Grcic Nendo Patricia Urquiola Maryam Nassir Zadeh


NOUVEAUX PRODUITS Automne Hiver 2020 95


INDEX DES PRODUITS

Collection DĂŠcorative Chiara. . .............................. Mario Bellini....................... Diabolo Re Edition. . ............. Achille Castiglioni............... Flauta................................ Patricia Urquiola................. Last Order.......................... Michael Anastassiades. . ....... Lampadina.. ........................ Achille Castiglioni............... Mayday Anniversary.. ........... Konstantin Grcic.................

1969..........................page........ 1998/2020.................page........ 2020..........................page........ 2020..........................page........ 1972..........................page........ 2000/2020.................page........

97 97 98 98 99 99

Collection d'extĂŠrieur Flauta Outdoor................... Patricia Urquiola................. 2020..........................page........ 100 Collection Architecturale Infra Structure Episode .. ...... Vincent Van Duysen............ 2020..........................page........ 101 Oblique.............................. Vincent Van Duysen............ 2020..........................page........ 101 Belt.................................... Ronan & Erwan Bouroullec... 2019..........................page........ 102 96


Chiara Mario Bellini, 1969/2020 Matériaux: Aluminium , caoutchouc pour la version table, acier inoxydable pour le lampadaire Tension: 220 - 240V Source d’éclairage (lampadaire): LED 15W E27 2000lm 2700K dimmable Source d’éclairage (lampe de table): LED 10W E14 800lm 2700K dimmable / LED 8W E14 700lm 2700-3000K Finition: stainless steel with black edge

1450 mm

720 mm 500 mm

ø 320 mm

F1590056

Nouveau Modèle: Chiara T Nouvelles Finitions: aluminum with anthracite edge, dark grey with olive green edge, pink gold with oxide red edge

410 mm

280 mm 215 mm

ø 88 mm

F1595004

F1595023

F1595034

Diabolo Achille Castiglioni, 1998/2020 Matériaux: Aluminium Puissance: 70W, 21W LED Tension: 220-240V Sources d’éclairage non comprises: LED 70W E27 2452lm 2700K CRI80

Nouvelles Finitions: beaver brown, cherry red Disponible en: blanc

380 mm

560 mm

ø 160 mm

ø 390 mm

F2121035A

F2121026A

F2121009A

97

Collection Décorative - Nouvelles Products Automne Hiver 2020

Chiara F


Flauta Patricia Urquiola, 2020

500 mm

225 mm ø 45 mm

ø 45 mm

ø 45 mm

Riga 225

Spiga 225

Riga 500

Spiga 500

Riga 1000

Spiga 1000

Exemple Finitions

anodized blue steel

anodized copper

blanc

anodized ruby red

noir

Last Order Michael Anastassiades, 2020

100 mm 40 mm

Matériaux: Verre, Laiton, polycarbonate Tension: IN 5V Sources d'éclairage: LED intégréès 2,5W 200lm 2700K CRI90 Finitions: cuivre satiné, laiton, vert mat, acier poli ø 100 mm

ø 70 mm

Last Order CLEAR INDOOR F3693015

100 mm 40 mm

Collection Décorative - Nouvelles Products Automne Hiver 2020

1000 mm

Matériaux: Aluminium Puissance: 12W Tension: 220-240V Sources d'éclairage intégréès: 2 LED 12W 600lm 2700K CRI95 Finitions: anodized blue steel , anodized copper, anodized ruby red, noir, blanc

Last Order CLEAR OUTDOOR/INDOOR

F3693059

F3693039

F3693056

ø 100 mm

ø 70 mm

Last Order FLUTED INDOOR F3694015

Last Order FLUTED OUTDOOR/INDOOR

F3694059

F3694039

98

F3694056


Mayday Anniversary Konstantin Grcic, 2000/2020 Matériaux: Polypropylène, aluminium Tension: 220-250V Sources d'éclairage: 1xLED E27 8,5W 965lm 2000-2700K

dimmable

530 mm

Nouvelle Finition: aluminium gris clair

ø 220 mm

Lampadina Achille Castiglioni, 1972

240 mm

Matériaux: Aluminium Tension: 230V Sources d'éclairage intégréès: LED 2W E27 200lm 2700K Finitions: noir, orange, blanc, vert, turquoise, lilas

ø 125 mm

F3300000

F3300075

F3299009

F3299039

99

F3299074

F3299042

Collection Décorative - Nouvelles Products Automne Hiver 2020

F3779054


Flauta Outdoor Patricia Urquiola, 2020

Collection d'extérieur - Nouvelles Products Automne Hiver 2020

225 mm

500 mm

1000 mm

Matériaux: Aluminium Puissance: 12W Tension: 220-240V Sources d'éclairage intégréès: LED 12W 2x555lm 2700K / LED 12W 2x597lm 3000K / LED 12W 2x638lm 4000K CRI80 Finitions: gris, anthracite, forest green, noir, blanc, deep brown

ø 45 mm

Riga 225

ø 45 mm

ø 45 mm

Spiga 225

Riga 500

Spiga 500

Riga 1000

Spiga 1000

Exemple Finitions

gris

anthracite

forest green

100

blanc

noir

deep brown


Infra-Structure Episode 2 Vincent Van Duysen, 2020

1519 mm

1519 mm

Matériaux: Aluminium extrudé tourné en plaque, polycarbonate opale Tension: 48V Sources d'éclairage intégréès: Top LED 2700K CRI90 / gradateur compris Finitions: noir mat, blanc mat

ø 300 mm

900 m m

ø 300 mm

1519 mm

03.8465.14

1200

ø 300 mm

Infra Structure Episode 2 -C6 Top LED 22W 2324lm + 30W 2366lm

03.8465.40

03.8466.14

03.8466.40

Collection Architecturale - Nouvelles Products Automne Hiver 2020

Infra Structure Episode 2 -C5 Top LED 22W 2324lm

mm

Infra Structure Episode 2 -C7 Top LED 2x 22W 2324lm + 30W 2366lm

03.8467.14

03.8467.40

Oblique Vincent Van Duysen, 2020 Matériaux: Aluminium extrudé, méthacrylate Tension: 24V Sources d'éclairage intégrées: Power LED 8W 750lm 2700K - 800lm 300K - 850lm 4000K CRI90 USB-C connexion intégrée Finitions: anthracite, brun, gris, rouille, vert sauge, blanc

350 mm

ø 120 mm

ø 155 mm

DR anthracite

DW brun

AH gris

DX rouille

101

DW vert sauge

DY blanc


Belt Ronan & Erwan Bouroullec, 2020

3000 / 2500 / 2000 / 1500 / 1000 mm

Matériaux: Cuir, Aluminium Tension: 48V Sources d'éclairage: Top LED 29W 1010 lm UP - 2350 lm DOWN 2700K CRI 95 / 29W 1050 lm UP - 2450 lm DOWN 3000K CRI 95 Finitions: cuir naturel, noir, vert

3000 / 2000mm

14 noir

Collection Architecturale - Nouvelles Products Automne Hiver 2020

18 cuir naturel

102

GN vert


Pour plus d'informations, veuillez visiter notre site flos.com



Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.