L’INVITÉ
VIKASH DHORASOO Faire la passe : un autre discours sur le foot
OUVRIR L’HORIZON
ÉCARTER LES BARREAUX Émotions carcérales
MICHEL
979-10-92522-08-2
ART, C ULT URE & S O C I É T É E N NOR M A N DIE
PRENDRE SOIN
SE RELIER
THÉRAPIES CRÉATIVES
LES VEILLEURS
Art et déchirure Les poupons de Potigny
Une merveilleuse épopée à Évreux
NUMÉRO 3
PRINTEMPS – ÉTÉ 2019
LES MÉDIATIONS michel-larevue.fr
15 €
128 PAGES DE RENCONTRES, ET D’IMAGES, POUR S’ÉVADER EN NORMANDIE
C’EST QUOI CETTE REVUE ? La revue MICHEL est éditée par l’association Éditions Lapin Rouge
Extrait des statuts de l’association L’association « éditions Lapin rouge » a pour objet la promotion et la diffusion de la culture aux moyens de projets éditoriaux, de manifestations culturelles, d’objets de production, d’expositions, de débats autour d’une revue papier et numérique. Le projet culturel des éditions Lapin rouge est centré sur la volonté de donner la parole aux acteurs et aux créateurs qui font la culture et la société d’aujourd’hui dans une démarche de rencontres et de transversalité.
La revue Michel L’association Éditions Lapin Rouge a démarré ses activités par la création d’un numéro zéro de la revue MICHEL, dédiée à la culture en Normandie. Cette réalisation a entraîné l’adhésion d’une équipe de passionnés : journalistes en premier lieu mais aussi spectateurs, lecteurs, regardeurs, acteurs de terrain.
Rencontres et actions culturelles La médiation culturelle est un axe majeur de notre projet. L’édition est un moyen concret pour laisser des traces et initier de nouvelles rencontres. Dès la sortie du numéro un en novembre 2017, une série de rencontres publiques dans des librairies et d’autres lieux de culture a permis des rencontres entre journalistes, auteurs publiés dans la revue, porteurs du projet, structures de création ou de diffusion, et public. Ces rencontres se poursuivent. Elles permettent l’émergence de sujets pour de futures parutions et de poser des passerelles entre les territoires. MERCI À TOUS CEUX QUI ONT DÉJÀ ACCUEILLIS DES RENCONTRES ALENÇON librairie le Passage CAEN cinéma LUX — le P’tit Lieu — l’Imec — librairie Guillaume CHERBOURG le Club Dînette DIEPPE librairie la Grande Ourse ÉVREUX le Café de l’Eure LE HAVRE Le Tetris ROUEN le Club de la Presse — le Café de l’Époque — Échelle inconnue SAINT-LÔ association ARCA YVETOT l’association la Fée sonore
CONTACTER MICHEL POUR ORGANISER UNE RENCONTRE Café, lieu culturel, librairie… à la ville comme à la campagne
POUR PROPOSER UN SUJET Le numéro 4 aurait pour sujet « LES BOUTS DU MONDE »
contact@michel-larevue.fr
MICHEL A RT, C U LTURE & SO CIÉTÉ EN NORMAN DIE
Rendre visible le discret, le subtil, l’indispensable ÉDITORIAL PAR XAVIER GRANDGUILLOT DIRECTEUR DE PUBLICATION FLORENCE DEGUEN RÉDACTRICE EN CHEF GUY FOULQUIÉ PRÉSIDENT DES ÉDITIONS L APIN ROUGE
Cette thématique sur les médiations, MICHEL y réfléchit depuis… longtemps. Au gré des rencontres, des échanges, des débats – non seulement avec les acteurs de la culture mais de toute la société – nous souhaitions rendre hommage au travail invisible que pratiquent nombre de personnes pour « créer du lien ». À la ville comme à la campagne, nous avons tous besoin de « l’autre » pour nous construire, nous nourrir, avancer, discuter. Apprendre. Oui, nous parlons de médiations, au pluriel. Les médiateurs sont toutes sortes de gens : on pense souvent aux artistes et aux acteurs de la culture mais au quotidien, les médiateurs nous entourent, nous protègent parfois : juristes, médecins, infirmier·es, enseignant·es, éducateur·trices, psychologues ou footballeur•ses… Au cœur de la société, ils font de salutaires pas de côtés pour nous faire vibrer, nous rapprocher les uns des autres, nous ouvrir les yeux et l’esprit. Auprès des détenus, des malades dans les hôpitaux ou les maisons de retraite, beaucoup auprès des jeunes, ils accompagnent vers l’extérieur, vers l’art, vers l’autre en libérant la parole, les gestes, les intentions. Ils nous soignent. Quels beaux métiers. Après avoir évoqué « Les Ponts » et « Les Racines », ce troisième numéro de MICHEL poursuit sa logique en montrant ce qui se dit et se fait en Normandie. Nous évoquons des maux – qui pourront parfois bouleverser – en sachant que ce sont bien les mots qui sauvent. C’est une des raisons pour lesquelles nous nous battons pour réaliser
cette revue : ouvrir les yeux et les esprits aux initiatives humaines qui cherchent à faire le bien. MICHEL est un vecteur de paroles libres, qui s’expriment grâce à toute une équipe entièrement bénévole : journalistes, auteurs, photographes, illustrateurs, graphistes ou amateurs éclairés qui ont juste envie de participer à l’aventure. Un média. Nous n’avions que cent vingt-huit pages pour témoigner de toutes les énergies positives que chacun d’entre nous peut croiser ou déployer au quotidien, c’est un numéro dense qui a été difficile à réaliser. Le manque de ressources financières nous oblige souvent à bricoler. Sans une forte volonté collective, cette troisième édition n’aurait pas vu le jour. Que toutes les personnes qui ont participé de près ou de loin à ce numéro rêvé soient très sincèrement remerciées. Nous souhaitons aujourd’hui trouver un modèle économique stable qui permettra de poursuivre la publication. Nous prendrons le temps qu’il faut pour assurer le financement de cette revue soutenue par des lecteurs de plus en plus nombreux. MICHEL est attentif à toute initiative individuelle, institutionnelle ou privée. Qu’on se le dise ! Le numéro 4 pourrait vous emmener découvrir « les bouts du monde », ici en Normandie… Serez-vous du voyage ? « Et pourquoi pas toi ? » dit le médiateur…
MICHEL
NUMÉRO 3
PRINTEMPS – ÉTÉ 2019 michel-larevue.fr
ART, CULTURE & S O C I ÉTÉ EN NOR M A N DI E
LES MÉDIATIONS OUVERTURE 1
30
ÉDITORIAL
OPÉRATION SÉDUCTION AU MUSÉE DE DIEPPE
La courageuse et fragile aventure du musée « Hors les murs » de Dieppe.
PAR XAVIER GRANDGUILLOT, FLORENCE DEGUEN ET GUY FOULQUIÉ
PAR CÉCILE JOVANOVIC
4
LA COUV’ PAR HÉLÈNE BALCER
34
L’INVITÉ
VIKASH DHORASOO 5
FAIRE LA PASSE À L’AUTRE, C’EST LA SEULE SOLUTION SI TU VEUX JOUER !
Festival Off courts de Trouville TEXTE ET PHOTOS ANNA FOUQUÉ
38
PAR JULIEN LEGALLE
Écrire le sport : revisser la tête sur les jambes
PORTFOLIO GUILLAUME LAURENT
41
PAR FRÉDÉRIC GAI ET JULIEN LEGALLE
CHAPITRE 1
GRAINES DE CINÉASTES
Du grain à démoudre
PAR ANNA FOUQUÉ — PHOTOS MÉLANIE DINOIR
PAR FLORENCE DEGUEN
Tatane : pour un foot durable et joyeux
QUAND FAIRE UN FILM EST À PORTÉE DE MAIN
Ce surgissement du noir PAR ANNA FOUQUÉ
CHAPITRE 2
OUVRIR L’HORIZON
PRENDRE SOIN
16
50
LE DISPOSITIF « CULTURE-JUSTICE » PAR GUY FOULQUIÉ
17
UNE DOUCE RENCONTRE, MALGRÉ LE CLAQUEMENT DES VERROUS JONGLER SANS MENOTTES
53
Des détenus en visite à la Brêche à Cherbourg
LE PREMIER TANGO EN PRISON
57
PAR PHILIPPE RIPOLL
24
UNE ÉCOLE AU SQUAT
L’École nomade
PAR MARYLÈNE CARRE — PHOTOS EMMANUEL BLIVET
28
L’INSTIT GADJO VOYAGE EN CAMPING-CAR
L’école du voyage
TEXTE MARYLÈNE CARRE — PHOTOS EMMANUEL BLIVET
SOYONS FOUS !
Art et Déchirure, un musée singulier PAR LAURE VOSLION — AVEC CATHERINE PORTIER
PAR MARYLÈNE CARRE — PHOTOS EMMANUEL BLIVET
22
Rencontre avec Priscille Gerardin, responsable de l’unité de soins pour les adolescents au CHU de Rouen PAR CHRISTINE TERNAT — PHOTOS ISABELLE LEBON
PAR ISABELLE LETELIÉ
19
CULTURE À L’HÔPITAL
EN SOUVENIR DU PRÉSENT Récolter les paroles PAR JÉRÔME BOYER
58
QUESTIONNER LE MONDE, S’EXPRIMER ET INFORMER L’aventure « Globules » PAR CHRISTINE TERNAT
60
63
LE PONEY QUI MURMURAIT À L’OREILLE DES ENFANTS
CHAPITRE 4
Médiation animale et équithérapie
SE RELIER
TEXTE LÉA DALL’ AGLIO — PHOTOS LUCIE MACH
95
ROCK’N’ROLL THÉRAPIE
Estime de soi au CEM au Havre
Médiation pour l’habitat nomade
MON PETIT PÉPÈRE
Les poupons de Potigny PAR SOPHIE BENTOT — PHOTOS EMMANUEL BLIVET
PAR GUY FOULQUIÉ
100
67 CONTREPOINT
PAR ISABELLE LETELIÉ ILLUSTRATIONS ALEXX BONIKI & TOM COCHIEN
103
CHAPITRE 3
LE DROIT NORMAND, PIONNIER DE LA MÉDIATION
Le droit coutumier normand a toujours fait la part belle à la médiation plutôt qu’au conflit…
PAR CHRISTINE RAOUT — PHOTOS VIRGINIE MEIGNE
Science action à Rouen : la science infuse PAR LAURE VOSLION
106
PAR OLIVIER BOUZARD — PHOTOS OLIVIER MERIEL
74
PETIT À PETIT, L’ENFANT RETROUVE SON NID
Les Nids anime des lieux de « maintien des liens » parents-enfants
« JE VOULAIS QUE LA VILLE SACHE, REGARDE ET ENTENDE CE PEUPLE DE LA MER »
LA DISCRÈTE, SILENCIEUSE ET MERVEILLEUSE ÉPOPÉE DES « VEILLEURS » D’ÉVREUX
Médiation entre une ville et ses habitants PAR LAETITIA BRÉMONT
114
PAR ANNÏG PIERRE — ILLUSTRATIONS VALÉRIE MICHEL
77
SCIENTIFIQUES ET GRAND PUBLIC, MAIN DANS LA MAIN Le dôme à Caen
PACIFIER 70
L’AGENCE DE RENCONTRES EST DE RETOUR
La nique à Meetic
« Public empêché » : ce terme déroutant est aussi une réalité PAR GUY FOULQUIÉ — PHOTOS MARIE-HÉLÈNE LABAT
À Flamanville, Échelle inconnue filme l’urbanité invisible PAR MARYLÈNE CARRE — PHOTOS ÉCHELLE INCONNUE
PAR FLORENCE DEGUEN — PHOTO RONAN LEGENDRE
65
HABITER LA ROUTE
LA FABRIQUE À SOUVENIRS
Pour mieux se tourner vers l’avenir TEXTE ET PHOTOGRAPHIE OLIVIER BOUZARD
116
NOS ANNÉES SAUVAGES La mémoire vive PAR GUY FOULQUIÉ
PAR GUY FOULQUIÉ ET FLORENCE DEGUEN PHOTOS RACHEL DOUMERC
80
« J’AIDE LES PERSONNES À CONCILIER LEUR DOUBLE-CULTURE »
Eva, coach ethnique PAR LAËTITIA BRÉMONT
S’ÉVADER 118
CLÔTURE
PORTFOLIO ALEXANDRA FLEURANTIN
124
92 CONTREPOINT
128
83
Photosensible
Artiste et médiateur : un donnant-donnant pas si naturel PAR CHRISTINE RAOUT
DES LIEUX, DES LIVRES, DES EXPOS, DES SPECTACLES, DE LA MUSIQUE…
LES CONTRIBUTEURS
Elles et ils ont fait MICHEL… Où trouver MICHEL
MICHEL EST MON AMI PAR ANNA FOUQUÉ
LA COUV’
HÉLÈNE BALCER
« La médiation, c’est par définition très abstrait et difficile à rendre lisible visuellement. J’ai choisi de représenter un ensemble de personnes dans un espace vide qui évoque une place publique comme une métaphore de la société. J’ai voulu rendre visible ce qui ne l’est pas : les liens et les connexions ou au contraire les rapports de distance qui s’établissent entre des individus ou des groupes sociaux. ».
Après des études de design à l’école Boulle et à l’École Normale Supérieure de Cachan, Hélène Balcer s’est installée à Caen… un peu par hasard, il faut le dire ! Professeure de design mais aussi « Illustr-autrice », elle fabrique des images et raconte des histoires. Elle aime explorer des techniques graphiques et des territoires différents, son travail peut prendre des formes variées, au fil des rencontres et des collaborations : un plan géant à colorier pour Le Pavillon-Presqu’île de Caen (Caen en Grand, 2014), les pochettes des disques du label caennais de musiques jazz et improvisées Petit Label (www.petitlabel.com), un reportage graphique sur un chantier de construction à Alençon avec l’architecte Jean-François Chavois (carnet de chantier / 2015). Membre active du collectif de sérigraphie l’Encrage depuis 2009 elle participe à de nombreuses manifestations artistiques et projets d’édition. Dans le domaine du livre, Hélène a illustré La fille Kangourou aux éditions du Chameau en 2016 et le roman noir American Requiem aux éditions La Renverse en 2017. Le carnet de voyage nourrit depuis toujours sa pratique du croquis et ses expérimentations narratives, elle a réalisé quelques carnets qui associent dessins in-situ et captures d’ambiances sonores en Chine, Italie et Sardaigne avec Nicolas Talbot. Elle vient de publier un roman graphique : Le Ksar, un album qui se situe entre le carnet de voyage et la bande dessinée qui raconte la vie d’un navigateur aventurier au parcours exceptionnel (éditions Warum, 2018). lecriducrayon.blogspot.com
L’ I N V I T É
VIKASH DHORASOO FAIRE LA PASSE À L’AUTRE, C’EST LA SEULE SOLUTION SI TU VEUX
JOUER !
8 l’ invité — V I K A S H D H O R A S O O
PORTER UN AUTRE DISCOURS SUR LE FOOT, SORTIR DU DEGRÉ ZÉRO, OUVRIR…
politiques devraient promouvoir davantage le sport, et singulièrement le foot, pour faire du lien au moins entre la tête et les jambes ! On nous dit qu’il faut faire des études et on nous demande de choisir. La mère de mes filles a un petit garçon de 6 ans, il veut courir, taper dans un ballon, il est à fond… Et on lui dit tu vas t’asseoir dans une classe et tu ne vas plus bouger… Au bout d’un moment, bah il ne bouge plus. Il me semble qu’on a besoin d’équilibrer tout ça. Couper l’homme de l’activité physique, c’est le couper d’une partie de ses besoins fondamentaux d’humain, de son besoin de médiation entre la tête et le corps ! Avant on était des chasseurs-cueilleurs ! Tu as créé Tatane, c’est typiquement une association de médiation… On fait des choses, oui. Mais surtout, on joue vraiment au foot ! L’association n’a pas d’autre but que de jouer au foot et c’est comme ça que des gens qui n’avaient pas vocation à se rencontrer se découvrent, ou découvrent le foot. Ça crée du lien social, du vivre ensemble même si le terme est un peu galvaudé. Donc oui, on fait de la médiation de pleins de façons. Y compris des débats très
VIKASH DHORASOO EN 7 DATES 10 octobre 1973 Naissance à Harfleur. 1983 Entre au Havre Athlétic Club. Août 1993 Débuts professionnels au Havre 1999 Première sélection en équipe de France. 29 avril 2006 Il marque le but de la victoire lors de la finale de la coupe de France, le PSG bat l’OM. 11 janvier 2008 Fin de sa carrière de footballeur professionnel. Avril 2011 Création du collectif Tatane pour un football festif et durable. MICHEL NUMÉRO TROIS — LES MÉDIATIONS
sérieux. Ou des tournois intergénérationnels de baby-foot dans les maisons de retraite, des tournois de « Papy-foot » comme on les appelle. Tatane organise joyeusement tout ça et fait se rencontrer des seniors et des jeunes… Les uns retrouvent des sensations, les autres découvrent autre chose que la PS4 et tout le monde se marre. Encore que la PS4 doit créer du lien aussi, je ne dis pas, je suis dépassé par tout ça, quand je vois mes enfants avec leur téléphone portable… Je flippe, mais bon, ce sont des médiateurs aussi, ces nouvelles technologies. La médiation consiste généralement à attirer des publics pas trop bien lotis socialement ou culturellement vers des univers plus subtils, plus intellos… Tatane prend un peu le contre-pied en luttant pour ouvrir le foot aux filles, aux homos, aux bretteurs… Le manifeste de l’association brasse hyper large, chaque fois que je le relis je le trouve super, super complet et toujours d’actualité. On est allés vers ça parce qu’on avait la conviction qu’il fallait porter un autre discours sur le foot, sortir du degré zéro, ouvrir… Et le mettre en pratique. D’ailleurs depuis le manifeste, beaucoup de personnes viennent à nous pour créer du lien social, relancer la confiance des gamins, lutter contre l’échec scolaire, l’obésité… On essaye de relayer leurs combats en jouant au foot… Quitte à en changer les règles ! On a sorti
9
et il écarte. Messi, qu’il soit noir ou arabe, peut-être qu’il deviendra Messi, même sans entraînement. Bon, je ne suis pas sûr de ça… En tout cas, à qualité égale, j’ai le sentiment – j’en suis sûr même puisque ça a été prouvé – qu’on peut sélectionner sur des critères racistes. Pourquoi n’y aurait-il pas de quotas dans le foot ? Y compris pour les entraîneurs. On sait bien qu’en France aujourd’hui quand tu es arabe ou que tu es noir, c’est plus difficile. Tu te définis comme noir ? Bah oui, je suis un noir. De toute façon, ma vie elle a été celle de mes potes de Caucri, des fils d’immigrés dont les pères ont été recrutés par les chantiers navals du Havre. Mon père, ma mère et mes frère et sœurs sont arrivés directement en Normandie de l’île Maurice. Je suis le seul de ma famille à être né ici.
deux livres et on fait régulièrement des ateliers hyper intéressants avec des règles de football réinventées. La règle, c’est bien ce qui fait la médiation, non ? On a par exemple instauré une règle qui impose la présence d’un joueur supplémentaire sur le terrain. Ce joueur ne joue qu’avec l’équipe qui a la balle, on a d’ailleurs baptisé cette règle « Éric Besson » parce qu’il change d’équipe à chaque fois que le ballon change de pied (rires). Ce joueur n’a pas de camps, et pour pouvoir marquer, on est obligé de passer par lui. Donc si c’est une fille, on est obligé de lui faire la passe ! De toute façon, moi je suis pour les quotas partout. Au cinéma, partout. Pour qu’il y ait des quotas de noirs, d’arabes, y a que ça qui marche, pour qu’on soit obligé de leur faire la passe. Même dans le foot ? Même dans le foot. Il y a du racisme, je ne vois pas pourquoi le foot serait épargné, que ce soit sur le terrain, en dehors… Moi aussi j’ai cru que c’était irréprochable comme univers… En réalité, il y a de la discrimination dès la formation. Il y en a certes qui sont plus talentueux que d’autres mais on a tous des capacités, du talent et à l’arrivée, si on apprend le footMerci à Vikash et à Madame Dhorasoo ball, on y arrive. Donc l’entraîd’avoir accepté la neur peut décider d’apprendre à publication de ces untel et pas à l’autre. Il choisit, photos personnelles.
Tu es celui qui fait le lien avec la France… le médiateur… Ça me fait toujours marrer quand je pense à ça. Mes frères et sœurs en fait, eux, ils ont vécu là-bas… Ils n’en ont peutêtre pas beaucoup de souvenirs, mais en tout cas ils sont nés sur un autre continent et ont vécu le déracinement. Moi pas. Et mes deux filles sont métisses, leur mère est Havraise et blanche. Oui, ça me met dans une position d’entre-deux. Ou plutôt de quelqu’un qui ne veut pas être ça ou ça, mais ça et ça.
JE CROIS EN LA POLITIQUE, ÇA ME DISTINGUE PROBABLEMENT DE PAS MAL DE MES CONFRÈRES !
18 C H A P I T R E 1 — O U V R I R L’ H O R I Z O N
La première phase pour moi a été celle de la préparation, surtout psychologique ! J’avais en mémoire un souvenir remontant à plus de vingt ans : un copain qui m’avait raconté être allé avec son groupe de musique jouer en milieu carcéral et avoir été profondément éprouvé par toutes les portes qui se fermaient derrière lui au fur et à mesure qu’il pénétrait dans le bâtiment. Claire et la coordonnatrice culturelle ont pris grand soin de cette étape initiale. Claire m’a d’abord communiqué son expérience et tout ce qu’elle en avait retiré, surtout sur le plan humain : le lien particulier et intense créé avec les détenus a résonné avec ma motivation. Et j’ai fait une visite des lieux avant le premier atelier. Le fait est que je me suis sentie… à l’aise. Oui, il y a six portes grillagées et verrouillées à franchir avant d’arriver au quartier socioculturel, il faut passer au détecteur de métaux et ne rien apporter qui ne soit signalé et validé plusieurs semaines avant, il faut laisser sa carte d’identité à l’entrée pour ne la reprendre qu’à la sortie, il faut porter un badge bien en vue, mais aussi une alarme en cas de problème avec un détenu pour que les gardes accourent grâce à une localisation GPS. On signe un document de quatre pages qui précise entre autres « les comportements à avoir à l’égard des détenus » comme « d’entretenir avec [eux] des relations personnelles », de répondre à des sollicitations ou de les « aider à s’évader ». On ne sait pas qui sera présent, qui sera absent, on n’a pas de téléphone et pas d’ordinateur. On peut attendre entre deux portes un temps indéterminé à l’aller comme au retour pour des raisons inconnues. Il est très difficile de faire entrer ou sortir quoi que ce soit, ce qui a été compliqué pour mettre en place la correspondance ! Bref. J’ai sans doute été très bien préparée car j’ai abordé mon premier atelier très sereinement, avec seulement le trac que j’ai toujours face à un nouveau public. En tout, une quinzaine de séances ont eu lieu, avec des groupes allant de un à huit. Que dire de ces hommes en respectant leur anonymat ? Ils ont tous été aimables, respectueux et investis. Il y en a un, venu quelques fois, avec manifestement un problème psychologique qui se traduisait par une grande excitation et une certaine logorrhée mais je ne me suis jamais sentie en insécurité pour autant. Les ateliers se déroulaient dans la bonne humeur, on a souvent ri, ils m’ont aussi appris des choses. Je ne savais pas ce qu’ils avaient commis pour se retrouver en prison et c’était très bien ainsi, même si je l’ai su pour certains. Ils parlaient de temps en temps de leurs conditions de vie en cellule ou, au gré des jeux d’écriture et des courriers, MICHEL NUMÉRO TROIS — LES MÉDIATIONS
de leurs vies d’avant, à l’extérieur. Ils avaient souvent eu des expériences incroyables : danseur à la télévision pour l’un, voyages au bout du monde pour l’autre… Les moments d’écriture, d’une durée de deux heures et demie à chaque fois, étaient souvent conviviaux. Ce que je leur demandais – un questionnaire type proustien, un portrait d’animal fantastique, un acrostiche, etc. – était souvent l’occasion de discussions et d’échanges. J’étais attentive à leur laisser la parole, à ne rien imposer, à mettre en valeur tout ce qu’ils étaient prêts à donner, à leur permettre de trouver leur place même si pour certains écrire était problématique. Les conversations dérivaient parfois, souvent même, mais au final ils s’y mettaient tous et produisaient quelque chose, qui était souvent émouvant. Impossible de raconter le détail de ces séances et de ces personnalités, mais quelques souvenirs précis me resteront en mémoire. Par exemple, une expression entendue plusieurs fois a retenu mon attention : « tomber en prison », comme on tombe malade ou amoureux… Autre chose : je n’ai pas le tutoiement facile mais ne voulant pas que les ateliers ressemblent à des cours, dès la première séance je leur avais demandé si nous pouvions nous tutoyer. Ils avaient dit oui, mais au final ils sont rarement parvenus à me tutoyer, même si certains avaient le même âge que moi ou étaient plus âgés. Un moment fort que j’ai aimé c’est la poignée de main systématique, en début et en fin d’atelier. Je ne suis pas attachée à cette pratique, mais elle s’est faite spontanément et sans que je puisse l’expliquer, elle m’a paru importante. Sans doute que j’étais très attentive à leur montrer que j’étais comme eux. En effet, je n’ai jamais eu l’impression d’être devant des individus à part. Je ne l’ai jamais cru, ceci dit : pour moi, nous sommes tous des êtres complexes, ni tout à fait noirs ni tout à fait blancs. Rien n’est plus commode et dangereux que le manichéisme et je suis – encore plus maintenant que j’ai vécu cette expérience – convaincue qu’il y a des gens bien en prison comme des salauds dans la rue et que personne n’est réductible à un acte. J’ai conçu mon rôle auprès de ces hommes comme celui de créer une passerelle avec l’extérieur, de ne pas stigmatiser et d’ouvrir une porte, pas pour qu’ils s’évadent, mais pour qu’ils s’intègrent. J’espère de tout cœur y être un peu parvenue. Et si tout va bien, je remets ça l’année prochaine ! M
L’article d’Isabelle Letelié devait être illustré par les travaux de détenus réalisés avec Claire Lebreton. L’administration judiciaire n’a pas prononcé son autorisation à l’heure du bouclage.
JONGLER sans menottes Une bulle de quelques heures à l’air libre et des petites étoiles dans les yeux, c’est ce que permet parfois la médiation artistique à ceux qui n’ont plus « longtemps à tirer ». En novembre, une poignée de détenus de la maison d’arrêt de Cherbourg a ainsi pu se rendre à la Brèche, le pôle national des arts du cirque, pour y rencontrer des artistes en résidence. PAR MARYLÈNE CARRE — PHOTOS EMMANUEL BLIVET
Guillaume Martinet présente son spectacle Croute aux détenus.
« AUJOURD’HUI, VOUS ÊTES NOS INVITÉS. On va vous montrer comment on crée un spectacle. Ça va être super de travailler avec vous, même si ça fout pas mal la pression. » Guillaume Martinet, jongleur de la compagnie Defracto (Hauts-de-Seine), désigne les gros canapés rouges du hall de la Brèche. Les « invités » hésitent à s’asseoir. « D’habitude, les canapés, c’est pour les journalistes et les directeurs. Pour nous, c’est les chaises », explique « Cahouette », l’un des cinq détenus de la Maison d’arrêt de Cherbourg à avoir bénéficié pour l’après-midi d’une autorisation
de sortie, accordée par le juge d’application des peines, pour participer à une activité culturelle. « Dix détenus ont demandé à participer ; la moitié a reçu l’autorisation », explique Cécile Garin, coordinatrice culturelle en milieu pénitentiaire. Elle fait partie de l’équipe du Trident : la Scène nationale de Cherbourg est la seule structure culturelle en France à intégrer ce poste. En partenariat avec le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP) de la Manche et les maisons d’arrêt de Cherbourg et Coutances, elle met en œuvre la
40 C H A P I T R E 1 — O U V R I R L’ H O R I Z O N
de travailler la rhétorique. De la travailler, entre eux. Pour Éva, ces débats « aident à être concis, à trouver les bons arguments, à respecter la parole de l’autre, à rebondir. Chacun peut s’exprimer, c’est important. Dès qu’on a une idée, on la dit, on sait qu’elle sera écoutée, entendue ». Un atelier d’éloquence et de gestuelle a été animé par Manon Pinsky, coach d’enfants pour le cinéma : « Avoir des ateliers de prise de parole, présenter des programmes, participer à la soirée d’ouverture et de clôture, sont des exercices qui nous permettent de sortir de notre zone de confort. Ça va bien plus loin que juste organiser un festival », ajoute-t-elle. Pour Éloïse Oger, ce travail collectif « va même bien au-delà de l’éducation à l’image, c’est aussi l’éducation à la vie. On apprend à vivre ensemble, à s’écouter, à convaincre l’autre sans l’écraser. Les jeunes partagent leurs idées, débattent. Cela crée chez eux une certaine ouverture d’esprit ».
Une aventure extra muros Cette aventure, c’est enfin celle d’une passion, qui les ferre entre eux, les anime, les porte vers des projets artistiques à l’extérieur. Ils le disent à l’unanimité : « L’association, c’est une famille ». Et même plus, une révélation : « Ça fait cinq ans que je suis dans cette association. Ça a changé
ma vie : ça m’a offert une ouverture aux autres, à moi-même, à la culture en général, à l’art. On a mille et une choses à partager avec le groupe ». Et Éva de se joindre aux propos de François : « C’est une chance de pouvoir y participer. Ça apporte quelque chose d’énorme, on grandit avec ça. On apprend tout le temps et c’est différent tous les ans. C’est génial, on a une totale liberté ». Et, s’ils passent le seuil de l’association, c’est rarement pour n’y rester qu’un an : « Le groupe se renouvelle, mais les jeunes restent souvent plusieurs années », sourit Éloïse Oger. Des liens forts se tissent. Et surtout des compétences s’épanouissent et s’agrègent pour former des projets artistiques : « Salim a créé
Une belle cohésion de groupe avec, sur la photo du bas, de dos, François Thieulen…, un « ancien » du festival
sa société de production. On fait des films à l’extérieur ensemble. Beaucoup d’entre nous ont développé des compétences techniques » souligne François, enjoué. Lui, veut être auteur. « On a beaucoup de jeunes qui font des études de cinéma ensuite ou qui bossent dans ce domaine, confirme Éloïse Oger. Et au minimum, ils deviennent tous cinéphiles ! » M Le site : dugrainademoudre.net 20e édition du festival international de cinéma du Grain à Démoudre : 16-24 novembre 2019 à l’Espace Culturel de la Pointe de Caux – Gonfreville l’Orcher (76).
PALMARÈS 2018 Prix du Grand Jury — Meilleur court-métrage : Fool Time Job de Gilles Cuvelier — Meilleur long-métrage : Los Silencios de Beatriz Seigner — Prix spécial mise en scène : La Charge de Ognjen Glavonic Prix du jury Lycée Jean-Prévost — Meilleur court-métrage La nuit des sacs plastiques de Gabriel Harel — Meilleur long-métrage Les Moissonneurs d’Étienne Kallos Prix du jury « Jeunes Cinéphiles » — Meilleur court-métrage : All These Creatures de Charles Williams — Meilleur long-métrage : La Charge de Ognjen Glavonic MICHEL NUMÉRO TROIS — LES MÉDIATIONS
PORTFOLIO GUILL AUME L AURENT
Ce surgissement du noir
MICHEL NUMÉRO TROIS — LES MÉDIATIONS
CHAPITRE 2 PRENDRE SOIN
52 C hapitre 2 — P R E N D R E S O I N
La présence d’artistes et les pratiques qu’ils initient ont-elles un effet bénéfique sur les adolescent·e·s ? Oui… effets que l’on a pu mesurer d’autant plus avec le temps. On a d’abord vu la richesse de ces rencontres, notamment pour les artistes. Et constaté comme les ados se laissaient surprendre. Au travers du travail artistique, par la présence de l’artiste, son engagement, ses émotions, les techniques et le partage qu’il apporte, ils pouvaient se montrer autrement… Sa « neutralité » face à la pathologie du jeune permet une rencontre sans « présupposé » et une mise en valeur des compétences nouvelles de l’adolescent engagé dans le processus aux côtés de l’artiste. Les soignants sont présents et sécurisent ce travail artistique. En quoi ces expériences ont-elles été marquantes ? Avec le service culture et des artistes comme la photographe Isabelle Lebon (cf. encadré), nous avons souhaité faire une exposition à laquelle ont été invités parents, familles, amis, soignants, et le public tout-venant.
MICHEL NUMÉRO TROIS — LES MÉDIATIONS
Ce sont des moments forts dont on est tous fiers, comme un prolongement de notre travail thérapeutique, qui est de nourrir l’estime de soi de ces jeunes… mais aussi de leur famille ! Imaginez ces ados qui venaient à l’hôpital avec leurs parents pour autre chose que le soin, ils venaient montrer une œuvre qu’ils avaient produite, ils étaient là pour être reconnus par les autres et par la société ! Une réflexion personnelle, une pensée essentielle pour vous ? Cette expérience avec les artistes à l’hôpital est un enrichissement mutuel. Les artistes viennent nous nourrir : ados, parents et soignants. Leur travail participe à la vitalité de nos liens et à donner de l’âme aux soins qui doivent rester au plus près des composantes émotionnelles et créatrices des patients et des soignants. Le soin culturel a un rôle central et doit le garder, dans ce moment de restriction budgétaire où certains peuvent être tentés de le considérer comme secondaire. M
ART ET DÉCHIRURE
Soyons fous ! Pousser des portes, ouvrir des fenêtres, faire tomber quelques barrières ! Depuis 1989, la biennale Art et Déchirure sort l’art asilaire des enceintes des hôpitaux psychiatriques pour donner à voir et à entendre des expressions artistiques bouleversantes, étonnantes et salvatrices. PAR LAURE VOSLION
Le père, la mère et l’enfant. Dessin de Roger Lemire COLLECTION PARTICULIÈRE
PHOTO CHRISTIAN VOSLION
68 C hapitre 2 — P R E N D R E S O I N
CN De notre point de vue, la présence de Marie-Hélène MHL Moi j’ai le sentiment frustrant, ou la sensation, de ne cette année-là nous a tous permis de vivre les maraudes pas avoir réussi ce que j’avais imaginé. Les raisons sont d’une autre manière. Cela permet de faire autre chose. multiples. Le temps des maraudes est trop court. Mais Par exemple, on aborde la question de l’identité, on parle aussi la violence subie par ces femmes est perceptible, différemment de la santé et le et je ne voulais pas risquer de sujet de la violence apparaît. l’augmenter. Le public lui-même MHL Moi j’aurais aimé sortir de L’écart est trop grand entre a reçu de façon inégale nos proce que j’apporte, et le fait ce cadre, même si se déplacer positions, de même que les bénéque les travailleuses du sexe en équipe c’est sécurisant. D’ailvoles. J’ai l’impression que je n’ai sont en fait en danger de leurs le danger était vraiment pas servi à grand-chose. Qu’une mort permanent. présent au coin de la rue. Le action de médiation comme sujet de la prostitution est dancelle-ci peut être intéressante, gereux. Mais c’est vrai qu’on a mais sur le long terme. L’écart pu faire des images et que les femmes aussi ont pu en est trop grand entre ce que j’apporte, et le fait que les faire. Je leur ai aussi souvent donné des tirages. travailleuses du sexe sont en fait en danger de mort perCN Depuis cette action de médiation, nous avons recentré manent. Ce décalage m’a pesé. notre action sur le cœur de métier et c’est la seule raison Après avoir réalisé beaucoup d’actions de médiation, pour laquelle elle a pris fin : nous portons désormais nos j’ai envie de passer à autre chose. De déployer ma efforts sur le Centre d’Accueil de Soin et d’Orientation. créativité, de montrer le caractère artistique de mon Mais nous gardons une très bonne impression de cette travail, et d’avoir finalement plus de liberté dans ma action, et avons vraiment apprécié la très grande motidémarche de photographe. Le terme de public empêché vation de Marie-Hélène pour cette série de films. Éviest assez déroutant. Les artistes ne sont-ils pas eux demment, il y aura toujours un décalage avec les besoins aussi « empêchés » tout simplement pour des raisons immédiats des femmes… économiques ? M
MICHEL NUMÉRO TROIS — LES MÉDIATIONS
CHAPITRE 3 PA C I F I E R
76 chapitre 3 — PA C I F I E R
ger un regard. « Pour les vacances ou les week-ends par exemple, le parent peut aller chercher son enfant à l’école le vendredi soir et le ramener dans nos locaux à 19 heures, le dimanche soir. Comme ça le parent hébergeur ne le croise pas. » Mais le gros de l’activité se concentre bel et bien sur le samedi après-midi. Au point, assure la coordinatrice, que « la liste d’attente est conséquente ! ». En 2017, ici, pas moins de trentequatre rencontres régulières ont été menées à leur terme. « Un chiffre en dessous des besoins des magistrats, assure la directrice Marie-Pierre Petit. Il y a une importante demande sur la circonscription dieppoise ». Et si les besoins des juges sont si importants, c’est parce qu’ils se basent sur les rapports des éducateurs pour prendre des décisions et notamment accorder des droits de visite. « Nous leur indiquons ce que nous avons perçu », précise la coordinatrice. Parfois, les huit rencontres prévues par le dispositif ne sont pas nécessaires si un accord a été trouvé entre les parents. Ou elles sont
annulées quand le parent visiteur ne se présente pas : « Il faut que le parent soit investi sinon ça ne marche pas. On n’aboutit à rien. »
L’effet des deux escaliers Mais souvent la rencontre a lieu et de bons moments sont échangés. Des jeux, un goûter, une discussion… « Petit à petit, un dialogue s’instaure, remarque Rachel Berley. L’enfant et le parent se découvrent ou se redécouvrent. Parfois, nous n’avons pas besoin d’être à côté d’eux, les choses repartent naturellement ». Elle sent
même un peu de tristesse poindre chez l’enfant après les deux heures passées avec le parent qu’il a retrouvé. « Mais il ne peut surtout pas montrer ses émotions, par peur de blesser l’autre parent qui l’attend, au rez-de-chaussée ». L’éducatrice parle de « l’effet des deux escaliers » où l’enfant change de visage au fil des marches gravies ou descendues : « C’est spectaculaire, nous l’avons constaté de nombreuses fois. » À la différence des mesures juridiques relevant de la protection de l’enfance, où les milieux défavorisés sont surreprésentés, ces visites en « lieu-rencontre » concernent tous les milieux sociaux. « Des gens qui touchent le RSA à ceux qui travaillent dans l’enseignement ou sont chefs d’entreprise », note Rachel Berley. Elle a même remarqué qu’une certaine solidarité se met en place entre les parents visiteurs. Ils partagent parfois un temps de discussion, se donnent des conseils… Et surtout s’encouragent : « Ah tu vois, ça se passe mieux aujourd’hui ! ». M
RIEN À VOIR #2 (ICI ON PEUT TOUT SE PERMETTRE)
UNE LOGE POUR PIPELETTES MUETTES Décidément, à Rouen, la rue Victor Hugo à Rouen devient incontournable. Parallèle à la place Saint Marc dans le quartier Martainville on peut y trouver dans la même soirée tout un village bruissant de rencontres. Tout d’abord deux lieux où on peut trouver MICHEL : la Maison de l’Architecture, et juste en face les éditions Point de Vue, où notre camarade Stéphane Rioland publie inlassablement des ouvrages d’art ou d’histoire (voir Michel 1 « sur les Ponts »). Un peu plus bas en allant vers le fleuve c’est l’ancienne école Victor Hugo que la ville a réussi à préserver de l’appétit des promoteurs. Un temps promise à la démolition, elle est devenue depuis quelques années (et officiellement inaugurée il y a un an) le rendez-vous des compagnies théâtrales, de plasticiens et de manifestations pleines d’inventions comme Victor dans le Ville ou le salon de la microédition Microphasmes. Et puis deux portes plus loin, on découvre ce nouveau lieu pensé par des artistes photographes pour des artistes photographes, La Loge, parce que c’est en effet l’ancienne loge du concierge d’un ensemble architectural des années trente, dans ce quartier dont quelques ensembles ont échappé aux bombardements. Dans cette façade de briques, une grande baie vitrée rythmée par d’étroites ferrures verticales dévoile ses murs fraîchement blanchis. Sur les murs une expo de Colombe Clier. La loge est pleine de gens, le porche de l’immeuble aussi, ce soir c’est vernissage. Marie-Hélène Labat et ses amis photographes ont investi les lieux fin MICHEL NUMÉRO TROIS — LES MÉDIATIONS
2018 avec une première expo qui réunissait la petite bande : Florence Brochoire, Colombe Clier, Isabelle Lebon, Robin Letellier, Julie Pradier, Anya Tikhomirova et Dominique Cordier. Ils exprimaient ainsi leur désir de donner à voir la dimension artistique de leur travail, tout en créant un lieu où l’art puisse être proposé à la vente. « Je connais le sujet de la vente d’œuvres d’art. Mes parents étaient artistes peintres et vendaient leurs œuvres, sinon nous n’aurions pas mangé ». Pour les photos on sait bien que c’est un sujet particulier. Acheter une photo n’est pas si courant et pourtant cela peut être facile. Un coup de cœur bien sûr, mais aussi une certaine liberté de choisir un format, d’accéder à des prix accessibles. En photographie, l’artiste décide du nombre de reproductions et signe son œuvre. L’objectif du lieu n’est pas de dégager des profits mais de rendre possible la rencontre avec le public. Les ventes doivent permettre de payer le loyer de la Loge. Et ça plaît, le projet attire de nombreuses demandes, ce qui prouve qu’il était nécessaire. Le printemps verra se succéder « Belle ficelle », un projet de Julien Lelièvre et Paatrice Marchand, puis « Rouen 60-70 », une rétrospective de Dominique Cordier. — GF La Loge des Auteurs Photographes 23, rue Victor Hugo – 76000 Rouen Pour ne pas manquer les expos, laissez vos coordonnées à : laloge.ap@gmail.com.
« Je voulais que la ville sache, regarde et entende ce peuple de la mer » Elle habite au Havre, et depuis un an voulait monter à bord d’un bateau de pêche. Entre amitié, expérience ethnologique et performance artistique, Rachel Doumerc s’est embarquée dans une mission de médiation entre la terre ferme et le petit monde de la pêche côtière. TEXTE GUY FOULQUIÉ ET FLORENCE DEGUEN CITATIONS ET PHOTOS RACHEL DOUMERC
82 chapitre 3 — PA C I F I E R
s’était très bien passé jusqu’aux 14 ans de l’enfant, puis la relation s’est dégradée. Le père pensait à une simple crise d’adolescence mais la mère s’inquiétait. « J’ai vite compris que son fils se sentait perdu entre la culture française que lui avaient transmise sa famille adoptive et sa couleur de peau qui le renvoyait à sa naissance en Afrique. C’était difficile pour lui de se regarder dans la glace. Les enfants dans cette situation se posent souvent beaucoup de questions, pourquoi ils ont été choisis. » Eva a proposé à la famille plusieurs out ils pour que le jeune homme trouve sa place : constitution d’un arbre généalogique à trois branches, un voyage en Côte d’Ivoire pour retrouver sa culture d’origine… « En parallèle, j’ai aussi accompagné la maman qui avait consacré énormément de temps à son fils en arrêtant
de travailler. Puisqu’il grandissait et devenait autonome, il était temps pour elle de trouver un nouvel équilibre. » Les outils d’Eva Bara sont les outils habituels du coaching : écoute, reformulation, PNL (programmation neuro-linguistique), hypnose… Elle y ajoute juste « les connaissances acquises lorsque j’étais éducatrice » et sa souplesse de médiatrice entre deux rives. Qua nd el le ne se sent pas en mesure d’accompagner quelqu’un, en raison par exemple d’un traumatisme profond, elle l’oriente vers des professionnels, qu’ils soient psychiatres ou pratiquant l’art-thérapie, dont elle s’assure qu’ils vont prendre en compte la dimension culturelle de la réaction au trauma. Mais il lui arrive d’accompagner des personnes confrontées, comme elle l’a été elle-même, à la maladie
grave, au système de soins occidental et à l’angoisse de la mort. « Je les aide à trouver un sens à ce qu’elles traversent ». Selon la culture, la maladie n’est pas perçue et vécue de la même façon. « J’ai accompagné une femme africaine qui luttait contre un cancer. Elle n’arrivait pas à l’annoncer à son entourage et leur dissimulait ses traitements. D’une certaine façon, cela lui évitait d’inquiéter ses proches et de devoir les rassurer. Mais elle perdait une énergie incroyable à le cacher. » Eva s’interrompt, émue. « Elle est malheureusement décédée et son mari est tombé des nues en découvrant la réalité. Mais cela l’a consolé de se dire que sa femme n’avait pas été seule pour traverser cette épreuve. C’est une histoire incroyable, mais de telles réactions sont très communes dans les cultures africaines. » M facebook.com/evabaracoach/
RIEN À VOIR #3 (ICI ON PEUT TOUT SE PERMETTRE)
VOUS IRIEZ AU THÉÂTRE VOIR UNE PIÈCE JOUÉE PAR DES HANDICAPÉS ? « Ils ne sont pas vraiment fous hein maman ? » s’inquiète la petite fille à la fin des Ribouldingues. Non pas vraiment. Juste un peu dérangés, exubérants, drôles et sans doute un peu inquiétants. Les comédiens de cette pièce pour le moins déjantée présentée au Havre l’année dernière et qui sera jouée dans le cadre du Curieux Printemps de Rouen font partie de la compagnie de théâtre créée il y a cinq ans au sein de l’Esat (Établis-
MICHEL NUMÉRO TROIS — LES MÉDIATIONS
sement et service d’aide par le travail) du Cailly, à Bapeaumelès-Rouen. Aux activités quotidiennes que sont la blanchisserie, le jardinage et le recyclage, s’est ajouté un atelier de théâtre professionnel, le premier du genre en Normandie. Les volontaires sont encadrés et formés par la troupe de l’Escouade, dirigée par le comédien et metteur en scène Emmanuel Billy. Sur environ 1 250 Esat en France, moins d’une dizaine consacrent une partie de leur activité à un projet artistique. D’autres compagnies se sont développées sur ce modèle. Elles intègrent des personnes en situation de handicap. Au Québec on les nomme « compagnies inclusives ». La très vaste programma-
tion du « Curieux printemps » de Rouen a laissé la place cette année à trois représentations de la troupe, mais aussi à une journée d’étude sur le thème Culture et Handicap, portée par l’Association Théâtre et Différences. Réparties en plusieurs séquences à l’Esat du Cailly et à la Maison de l’Université à MontSaint-Aignan, les présentations d’expériences, les rencontres et les débats seront ponctués par des interventions des artistes et la représentation de Bizarre, vous avez dit bizarre, une des dernières créations de la troupe des Ateliers du Cailly. Cette journée, ouverte à tous permettra de rencontrer des représentants de plusieurs projets théâtraux menés avec des Esat : l’Oiseau Mouche à Rou-
baix, la Bulle Bleue à Montpellier, le Théâtre Eurydice à Plaisir dans les Yvelines, et bien sûr les comédiens de la troupe « les ateliers du Cailly » et ceux de l’Escouade. Les débats seront menés par José S’agit, fondateur du festival Art et Déchirure (voir page 55) et porteront sur le regard des professionnels de la culture sur les productions de ces compagnies. Et l’accueil fait à ces créations par le public. CULTURE ET HANDICAP Journée d’étude le 14 mai 2019 « Pour croiser les regards, échanger les expériences et rire. » Entrée libre et gratuite. Réservation et info : 02 32 08 13 90 culture@rouen.fr www.theatreetdifferences.fr
PORTFOLIO ALEXANDRA FLEURANTIN
P H OTO SEN SI B L E
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Le collectif Échelle inconnue explore l’habitat nomade contemporain. Basé à Rouen, il sillonne la Normandie et la région de Moscou et coproduit cartes, images, textes et films avec les personnes rencontrées. Son dernier projet l’a conduit sur les « bases de vie » du chantier de l’EPR à Flamanville. TEXTE MARYLÈNE CARRE PHOTOS ÉCHELLE INCONNUE
MICHEL NUMÉRO TROIS — LES MÉDIATIONS
À FLAMANVILLE, ÉCHELLE INCONNUE FILME L’URBANITÉ INVISIBLE
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MICHEL NUMÉRO TROIS — LES MÉDIATIONS
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LE DÔME
Scientifiques et grand public, main dans la main Au « Dôme », centre de science de Caen Normandie, l’association Relais d’sciences permet à tous les passionnés de co-construire des solutions pour changer le monde… ou améliorer les objets du quotidien. Et fait chercher, tester, bidouiller ensemble ceux qui ont un gros CV comme ceux qui juste ont de bonnes idées. TEXTE CHRISTINE RAOUT PHOTOS VIRGINIE MEIGNE
L’architecture du Dôme, imaginée par l’agence Bruther, assure espace et lumière à ceux qui viennent inventer les outils de demain. À droite : Bruno Dosseur, directeur de Relais d’Sciences.
DEPUIS TROIS ANS, ICI, PERSONNE N’IMPOSE SA SCIENCE. « Au Dôme, Il y a peu de conférences ou d’expositions. » sourit Bruno Dosseur, le directeur de Relais d’Sciences, le Centre régional de culture scientifique, technique et industrielle normand. Dans cet édifice repérable de loin à sa coupole blanche futuriste, à Caen, on ne vient pas davantage pour assister à des cours ou des démonstrations. « La quasi-totalité de l’activité se fait au travers d’ateliers ouverts. Pour nous, la médiation scientifique consiste à co-construire : des ingénieurs, des scientifiques, des agents de collectivités publiques, des jeunes, des moins jeunes se retrouvent autour d’un sujet pour répondre à une question. » Derrière chaque question, chaque thématique qui active l’imagination et l’ingénierie collective, il y a un enjeu de société. Et la volonté d’impliquer le plus grand nombre,
le plus en amont possible, dans la recherche de solutions innovantes. « L’idée est de penser directement avec le public pour éviter les erreurs, résume Bruno Dosseur. « En tant que Centre de Sciences et technique, notre rôle est d’accompagner les changements de société, faire en sorte que la population ait son mot à dire, rapprocher les sciences et techniques des usages. »
106 C hapitre 4 — S E R E L I E R
MÉDIATION ENTRE UNE VILLE ET SES HABITANTS
La discrète, silencieuse et merveilleuse épopée des « veilleurs » d’Évreux
À Évreux, un objet-abri situé sur le toit du parking aérien de la place du Marché est un poste d’observation unique sur le cœur de la ville.
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Pendant un an, chaque jour au lever et au coucher du soleil, les habitants d’Évreux se sont relayés pour « veiller » leur ville. L’humer, l’observer, la ressentir, la redécouvrir aussi, depuis un abri en bois perché en haut d’un parking… Une expérience individuelle inoubliable devenue œuvre collective.
DR
PAR LAETITIA BRÉMONT EILLE LE 30 SEPTEMBRE 2017, 18 H 35 V
ÉVREUX, AVEC SES CINQUANTE MILLE HABITANTS, coincé entre Paris, Caen et Rouen, évoque souvent, pour le meilleur et pour le pire, les clichés de la petite ville de province. Et pourtant la préfecture de l’Eure révèle bien des surprises à qui prend la peine de la découvrir… L’une des plus belles, dans le domaine culturel, aura été la création artistique de Joanne Leigthon, Les veilleurs. Une performance collective singulière qui s’est déroulée de septembre 2017 à septembre 2018 en plein centre-ville, et a tissé comme jamais un lien entre les habitants et leur ville. Les veilleurs, c’est une œuvre hors norme, même si le terme d’œuvre peut surprendre. Une œuvre sur le thème de la présence, qui repose sur la participation de la population. Durant 365 jours, deux personnes ont veillé quotidiennement la ville pendant une heure, au moment du lever et du coucher du soleil. Le lieu de cette performance artistique : un objet-abri en bois, perché au dernier étage d’un parking aérien donnant sur la place Clemenceau. Au total, 730 veilleurs, offrant une diversité d’expériences, se sont ainsi succédés en une chaîne ininterrompue. Un projet où l’expérience individuelle édifie une expérience collective.
126 C hapitre 4 — S ’ É VA D E R
GUILLAUME LAURENT
photojournaliste
photographe
caen
musicien
– rouen
Saxophoniste & photographe, Guillaume a régulièrement travaillé en interaction avec les arts visuels En 2013 il rejoint le collectif de photographes rouennais « On Ne Se Disait Plus rien » et crée avec le photographe Guillaume Painchault la galerie « Point Limite ». Aujourd’hui, comme avec la musique, il continue de travailler avec d’autres artistes visuels.
JULIEN LEGALLE auteur
LUCIE MACH
– caen
Bibliothécaire à l’Université Caen Normandie, Julien Legalle a co-fondé « Écrire le sport » en 2014, rendezvous de réflexion sur les manières de raconter le sport. Il est membre des jurys du Prix littéraire de la Ville de Caen et de l’Association des écrivains sportifs. Il a coordonné l’ouvrage collectif Décalages, périple à travers le foot (Salto, 2016), et écrit des articles mêlant sport et culture pour les revues Les sportives magazine, Sport & vie et Zatopek.
ISABELLE LETELIÉ auteure journaliste le havre
Arrivée au Havre en 2000, elle s’est prise de passion pour cette ville. Elle a publié plusieurs ouvrages sur l’histoire et la beauté de sa ville d’adoption (Le Havre insolite et secret, éd. des Falaises ; An Havr de Bretons, Histoire des Bretons du Havre, éd. Libellule…). La plupart de ses romans ont également Le Havre en toile de fond : Le Rêve américain, éd. Christophe Chomant ; Complot tentaculaire, éd. Wartberg ; Humeurs du Havre, éd. Libellule… Elle est également journaliste indépendante.
MICHEL NUMÉRO TROIS — LES MÉDIATIONS
Lucie est une photographe spécialisée en portraits, reportages et projets documentaires multimédias en Normandie et autour du monde. Passionnée par le monde du travail, elle met en lumière l’humain dans son environnement, témoigne d’un quotidien et révèle un état d’esprit. Elle travaille régulièrement pour la presse (L’Obs, La vie, Jdd, Les Jours…), avec des entreprises, institutions, associations, artistes et anime des workshops autour de la photographie. Membre du studio Hans Lucas.
VIRGINIE MEIGNE photographe indépendante
Installée dans la région Caennaise depuis douze ans, Virginie affectionne et travaille particulièrement dans le spectacle vivant. Elle collabore avec différentes compagnies et salles de spectacle. Elle est également photographe au sein de l’agence LIGHTMOTIV, basée à Lille.
ANNÏG PIERRE journaliste
OLIVIER MÉRIEL photographe
Intimement lié au territoire qui l’a vu naître en 1955, la Normandie, Olivier Mériel n’a cessé, depuis plus de quarante ans, de le photographier. La photographie est pour lui un engagement artistique profond : l’art est la métaphysique de l’homme. Son travail repose depuis toujours sur le dialogue entre l’ombre et la lumière.
VALÉRIE MICHEL illustratrice dieppe
Valérie a travaillé comme designer textile et en a profité pour beaucoup voyager, pour finalement s’apercevoir que c’était le dessin qui comptait le plus à ses yeux. Vit et travaille à Dieppe depuis 2014, heureuse d’incarner en image des idées et des mots et des choses. S’intéresse principalement à tout ce qui lui attire l’œil, l’architecture, les villes, les constructions aléatoires mais aussi la nature.
dieppe
Annïg Pierre n’aurait jamais imaginé pouvoir passer le Couesnon. Une Bretonne en Normandie, ça reste toujours une histoire de beurre, d’air iodé et de prairies verdoyantes. Depuis cinq ans, elle couvre l’actualité quotidienne avec un faible pour les sujets de société. Arpenter, enquêter, faire causer sans chavirer, l’aventure est bien embarquée.
PHILIPPE RIPOLL auteur et médiateur culturel
– rouen
La relation concrète à l’autre – l’immersion sociale – est au cœur de la démarche littéraire de P.R. depuis plus d’une dizaine d’années, à travers la publication de neuf livres, qui prennent leur source dans des relations intenses à l’intérieur des cadres institutionnels qui l’accueillent. Il explore l’énigme, le suspense, la créativité du rapport à l’autre dans l’écriture – documentaire et fictionnelle.
CHRISTINE TERNAT journaliste atypique
– rouen
Créatrice de l’association « Globules éditions » qui édite la revue titre et autres publications participatives (livres, expos…)
LAURE VOSLION journaliste rouen
Est tombée amoureuse de la littérature avant même de savoir lire, vers l’âge de 9 mois. Après des études de Lettres Modernes, un DEA de littérature comparée en poche, Laure se tourne vers le journalisme et la presse écrite, domaine où elle exerce, en Normandie principalement, depuis plus d’un quart de siècle.
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MICHEL A RT, C U LT U R E & S O C IÉ T É E N NOR M A NDIE
La revue MICHEL est conçue et réalisée par l’association éditions Lapin rouge. Le contenu est décidé par le comité de rédaction, auquel s’adjoint le conseil d’administration de l’association.
MERCI AUX CONTRIBUTEURS qui ont développé les contenus de ce numéro et ont tous accepté de travailler bénévolement. NUMÉRO TROIS PRINTEMPS - ÉTÉ 2019
MERCI
ISSN 2492-8372
aux lecteurs impliqués,
ISBN 979-10-92522-08-02
aux bénévoles,
Dépôt légal : mai 2019
aux amis, aux copains,
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Xavier Grandguillot
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Rédactrice en chef :
et soutenus.
Florence Deguen MICHEL Comité de rédaction :
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