« Faire venir le monde à eux, pour ensuite leur donner envie de sortir : Claire Le Breton et les artistes en général, donnent aux élèves l’opportunité de voyager et de s’ouvrir l’esprit. »
Yves Emmanuel Gaston Documentaliste au lycée Schuman-Perret
« Faire venir le monde à eux, pour ensuite leur donner envie de sortir : Claire Le Breton et les artistes en général, donnent aux élèves l’opportunité de voyager et de s’ouvrir l’esprit. »
Yves Emmanuel Gaston Documentaliste au lycée Schuman-Perret
Proviseur du lycée Schuman-Perret
Situé en ville haute, le lycée Polyvalent Schuman-Perret est un véritable « campus lycéen », associant formations professionnelles, technologiques et voie générale. Né d’une association, il a hérité de la tradition et de la culture des métiers de la construction et de l’architecture portées par l’ex-lycée Perret. Il est donc naturel qu’un partenariat se développe avec Claire Le Breton, une artiste ouverte sur l’éducation.
Le résultat est spectaculaire, dans la réalisation d’œuvres comme dans la mobilisation des élèves et étudiants grâce à des projets artistiques intégrés à la progression pédagogique. La plus belle des réussites réside dans ces rencontres. Elles permettent de réaliser ce partenariat : rencontre entre un établissement et un acteur culturel de l’écosystème havrais ; rencontre entre Claire Le Breton et les enseignants pour établir une démarche de co-formation ; et surtout rencontre entre des élèves et la création, source d’épanouissement personnel, de renforcement de confiance en soi et d’ouverture du champ des possibles.
régionale des affaires culturelles et Région Normandie
La Région et la Direction régionale des affaires culturelles de Normandie proposent et co-financent, en lien avec l’Académie de Normandie et d’autres partenaires, différents dispositifs d’Éducation Artistique et Culturelle à destination des jeunes normands. La résidence de Claire Le Breton (association l minuscule) au sein du lycée Schuman-Perret a été possible grâce au dispositif « Triptyque » initié par la Région et co-financé par la Drac de Normandie et Jumelages-résidences d’artistes de la Drac. L’ambition de ces résidences est de permettre à des jeunes de découvrir et de prendre part à la démarche de recherche, d’expérimentation et de création d’artistes désireux de partager cette approche avec eux. Outre cette dimension participative, les jeunes ont bénéficié de temps de sensibilisation, de temps conviviaux et de sorties culturelles envisagées comme des temps d’ouverture, de réflexion et d’expression pour les élèves. La Région et la Drac de Normandie sont heureuses que le fruit de ces temps de résidence puisse aujourd’hui être valorisé grâce à la Fondation BTP+ et soit restitué dans cette publication.
Depuis 2017, la plasticienne Claire Le Breton a posé ses valises au lycée SchumanPerret du Havre. La présente publication dresse le bilan de quatre années passées « en résidence » dans cet établissement scolaire. L’occasion de mettre en lumière certains des enjeux soulevés lors de la mise en place d’un tel dispositif, aujourd’hui devenu courant, mais dont il n’est jamais gagné d’avance qu’il puisse porter ses fruits.
Faire acte de résidence n’est pas une pratique nouvelle, ni récente.
Pour l’artiste, il s’agit de trouver le lieu, un lieu tout du moins, et pour un temps donné. Pour donner cours à sa création, réunir les conditions optimales pour aboutir à la production d’une œuvre. On sait l’importance du contexte, qui peut influer, plus ou moins, sur le processus en cours chez celui qui crée.
Pour celui qui héberge, il s’agit de contribuer au parcours du créateur. Les manières varient, mais l’accueil en résidence, invariablement, induit la participation de l’hôte, en tant que lui-même ou pour l’environnement qu’il organise autour de lui, à ce processus.
* Ce titre est un clin d’œil à un aspect important de la vie de l’artiste en résidence : quel que soit le lieu où il est accueilli, son travail est rythmé par des contraintes temporelles propres à ce lieu. Ici, au lycée SchumanPerret, les sonneries ont pu cadencer les interventions de Claire Le Breton. Les périodes de rentrée, de vacances, d’examen… celles de stage également. Autant d’éléments qui peuvent à la fois permettre à l’artiste de construire des repères dans l’avancée de son projet, mais aussi perturber. La situation de crise sanitaire a elle aussi apporté son lot de variations de tempo.
Il en va de même quand l’école devient ce lieu de résidence. Un établissement scolaire, quel qu’il soit, s’apparente à un monde en soi, avec ses règles de vie, ses usages, des rôles à tenir et à jouer pour ses acteurs. Tout s’oriente autour d’un axe principal, la formation, l’éducation de ceux qu’on appelle les élèves. Un monde qui pourrait tourner en vase clos, mais dont il apparaît nécessaire aujourd’hui qu’il ne fonctionne pas hors du Monde.
La présence d’un artiste participe à cette dynamique. Au-delà de la question d’un toit — à vrai dire, il s’agit moins, aujourd’hui, pour l’artiste d’accéder à un espace de vie que de travail, et la salle 108 occupée par Claire Le Breton au lycée Schuman-Perret en est le témoin silencieux — ce sont toutes les relations qui se
jouent en cet endroit qui vont se trouver modulées, et tendre vers une ouverture au-delà du champ strictement scolaire. La résidence dont il est question ici est exemplaire en ce sens.
Le projet, tel qu’il a été imaginé par l’artiste et ses interlocuteurs de l’Éducation nationale, s’appuie, notamment, sur des rencontres : pour les élèves, les enseignants, avec l’artiste, comme citoyenne, professionnelle, extérieure au champ scolaire a priori… mais aussi par les liens qu’elle est capable de créer avec d’autres, « ailleurs ». Depuis son arrivée au lycée, il faut en effet compter avec ses complices, ses stagiaires, et peut-être aussi surtout, ses partenaires. Le projet de Claire Le Breton s’inscrivant lui-même à la croisée de mondes variés, elle fait profiter l’école de ce vivier de collaborateurs multiples — entreprises, structures culturelles, associations, créateurs…
Pour l’artiste, la rencontre vaut de par les échanges nourris avec les acteurs de l’établissement, leurs compétences pratiques par exemple, ou leurs qualités humaines.
L’ouverture est multiple, multi-directionnelle, et doit aboutir, a minima, à l’enrichissement de chacun. Elle peut faire « monter en compétences » les acteurs du projet. D’autres bénéfices moins attendus peuvent être identifiés : comme en témoigne l’équipe pédagogique dans notre exemple, la présence d’un artiste peut aussi permettre de transformer, plus ou moins, l’« ambiance scolaire », le climat d’apprentissage. Dont on considère qu’il peut être détendu, et devenir ainsi davantage favorable à une évolution vertueuse de la scolarité des élèves. La découverte des autres, la rencontre avec l’artiste, peuvent donc aussi, et ce n’est pas le moindre, créer le contexte d’un meilleur « vivre ensemble ».
Il ne faudrait cependant pas considérer que l’artiste serait comme un gentil animateur, tenu pour maintenir un certain niveau de bien être pour les élèves. Ou bien un super médiateur qui aurait pour mission d’apaiser le climat social à l’intérieur de l’école — tant mieux s’il y contribue.
Car l’artiste peut aussi perturber. Sa présence, au long cours, détonne. Il est question de rythme, il est question d’habitudes, il est question de posture vis-àvis des personnes en présence… Ne faisant pas partie « des murs », quand bien même il les occupe, il peut déroger à certaines règles. Alors, non, il ne peut pas entraver le bon déroulement de la scolarité des élèves. Mais dans le respect de ce parcours d’apprentissage, parce qu’il n’est pas directement concerné, l’artiste peut adopter une tierce posture. Autorisant par là même à ce que les choses puissent se faire autrement, et de bien des façons.
Le défi est de taille, il s’agit de s’entendre alors qu’on ne parle pas nécessairement le même langage, alors qu’on n’a pas forcément les mêmes objectifs, alors même qu’on ne fait pas de la même manière. À une époque, aussi, où chacun fonctionne à flux tendu : les enseignants peinent à boucler leurs programmes, les personnels administratifs ne manquent pas de travail non plus, et parvenir à boucler l’année scolaire relève du marathon. La présence de l’autre pourrait être vécue comme un caillou dans la chaussure. Pourtant, le grain de sable n’empêche pas d’avancer vers l’objectif premier : il questionne, il permet de sortir de la routine… et l’équipe pédagogique en a ici largement témoigné. Une réussite dont il faut dire qu’elle tient aux qualités humaines des uns et des autres — car d’autres expériences à l’opposé se sont montrées catastrophiques, du fait d’une incapacité à faire ensemble. Il faut savoir « accueillir » ces perturbations.
Produire
Nous l’avons dit, l’école peut attendre de la présence d’un artiste en ses murs différents bénéfices. Le créateur lui, pour que l’expérience soit réussie complètement, espère de ce temps de présence au sein de l’établissement des retombées non moins essentielles. Pour Claire Le Breton, il s’agissait par exemple, de disposer d’un espace de travail, d’outils de production des œuvres inaccessibles à elle seule…
Osons le terme, il s’agit aussi de trouver quelque « main-d’œuvre » nécessaire à la production de ses projets. Loin d’une quelconque instrumentalisation
— que l’on observe par ailleurs et qui signe alors, quel que soit le sens dans lequel elle s’opère, l’échec de l’expérience —, la participation des « autres » est au cœur de sa démarche artistique. Il y a la part monumentale de ses projets qui « oblige » à sortir de l’atelier. Mais il y a aussi le goût des autres. Ce qui intéresse Claire Le Breton, en général, c’est de trouver en dehors d’un atelier où elle travaillerait seule, des ressources humaines (au sens plein du terme) pour venir nourrir des œuvres-dispositifs qui ne pourraient pas exister sans interrelations. Et ce qui l’intéresse ici, en particulier, c’est de montrer que ces élèves de lycée professionnel en ont, de la ressource.
Révéler
Malheureusement stigmatisé, sous-estimé, mal perçu, pour tout un ensemble de raisons qu’on ne pourra pas, ici, donner, le lycée professionnel renvoie une image à l’opposé de l’esprit des lieux. C’est dire qu’on ne soupçonne pas toujours le potentiel en termes de ressources que représente un tel établissement scolaire. Il y a bien sûr les ateliers, les machines, mais aussi les compétences techniques des enseignants… Il y a enfin les énergies, les belles énergies de ces jeunes en devenir. À qui la confiance manque, souvent, pour qui les parcours de vie sont difficiles, régulièrement, mais qui ne demandent qu’à se révéler. Qu’à être révélés.
Cet « à-côté » proposé par l’artiste rassemble parfois les conditions à l’émergence, à la mise en lumière ou à la stimulation du désir d’avancer, de progresser, de faire ensemble. Les paroles des élèves recueillies ici sont éclairantes, souvent maladroites, mais tellement justes. Elles ont un point commun, une forme d’envie, sur laquelle il conviendrait de pouvoir s’attarder.
De son côté, l’artiste aussi porte le poids d’une image incertaine. Son rôle social ne devrait plus être à démontrer. Et pourtant. Il est encore loin avant qu’on ne considère la personne « artiste » à sa juste valeur. Du point de vue du travail, du point de vue de sa contribution à la société. Si en effet sa présence au lycée permet de moduler les rapports sociaux, pariant que la culture soit une donnée essentielle du vivre ensemble, il conviendrait d’interroger la posture de chacun visà-vis de la figure de l’artiste. Et de se demander si, au
sortir de ces quelques années de compagnonnage, il est possible de considérer que certains savent un peu mieux, quand bien même cela serait difficile à exprimer ou à formuler. Alors le jeu en vaudrait la chandelle.
On l’a vu, la présence d’un artiste dans une école, d’autant plus quand le temps est long — et plus il est long, plus cela semble bénéfique — est riche d’enseignements. Mais, pour conclure, il convient de rappeler à quel point il est complexe de dire comment, et combien. Car qui peut dire aujourd’hui, à part notre intuition et notre intime conviction, que les Aminata et autres Julien en auront « retenu » quelque chose pour ainsi dire. Car il ne s’agit pas d’un apprentissage au sens scolaire du terme, rien que l’on ne peut évaluer par une interrogation ou une épreuve quelconque. Et parce que tous les acteurs sont concernés, adultes et élèves. La présente édition est une pierre posée sur ce chemin compliqué de l’évaluation. Qui elle aussi, mériterait un temps long, à l’instar de ce qui commence à être mis en place autour de l’Inseac de Guingamp* .
Finalement, on pourra dire que la résidence de Claire Le Breton au lycée Schuman-Perret se situe au carrefour d’enjeux multiples pour les acteurs qui l’ont pratiquée et la pratiquent encore. Enjeux qui dépassent le simple cadre pédagogique, incluant de véritables questions de société, comme celle de la perception collective de la filière des lycées professionnalisants, ou de celle de la place de l’artiste, et débordant sur des parcours de vie singuliers. L’expérience ici décrite aura permis un point de fusion intéressant. Par l’installation de la relation dans la durée. Créant des opportunités qui n’avaient pas été imaginées. Pour ou par l’artiste, pour ou par l’équipe pédagogique, pour ou par les élèves.
* Institut national supérieur de l’éducation artistique et culturelle, dont l’un des objectifs de recherche est de trouver la manière d’amplifier les effets positifs des dispositifs en milieu scolaire, et de mieux les mesurer, à long terme.
— Les origines
— Au lycée Schuman-Perret
— Au lycée des Métiers du bois d’Envermeu
— Monoxyle
— Une exposition mixant deux lycées
1 — Alphabet
HappyFont©
2 — Détails, valise typographique
HappyFont©
3 — Ponctuations, monstres et autres formes graphiques
HappyFont©
4 — Traces formes en médium
5 — Ancrage des formes de la valise typographique
HappyFont©
HappyFont © est une police de caractères créée à partir de cartons d’emballage alimentaires (boîtes de gâteaux, céréales…) que j’utilise régulièrement dans des créations graphiques ou en volume. Je souhaite questionner cette matière d’apparence pauvre, pour en extraire un potentiel technique et plastique.
Avec Franck Marry (typographiste), nous avons ainsi imaginé cette typographie et plusieurs déclinaisons. Par exemple une valise-tampon, ou encore des objets ludiques et outils graphiques, tels que les traces-formes de petites et grandes tailles. En prélevant des formes dans un matériau à la fois si présent du quotidien, et si rapidement mis au rebut, est né, petit à petit, une palette de forme, un alphabet singulier. Il est enrichi perpétuellement et inspire tour à tour, des envies de les faire apparaître en volume ou de les combiner visuellement.
Ces caractères, à la limite du pictogramme, m’ont inspiré les sculptures typographiques dont vous allez pouvoir découvrir dans les pages à venir les coulisses de leur réalisation.
www.happyfont.fr
Franck Marry : https://cargocollective.com/projekteburo
Installation extérieure
Centre reconstruit
Îlot V40
Octobre 2017 - septembre 2018
Seconde
Fenêtres sur cœurs est une installation éphémère imaginée pour l’îlot V40, emblématique de la reconstruction du Havre, en partenariat avec le « Pays d’art et d’histoire Le Havre Seine Métropole », notre partenaire culturel. L’implantation de l’œuvre, entre la Maison du patrimoine et l’Appartement témoin Perret, concordait avec la volonté des copropriétaires, à savoir protéger et valoriser le patrimoine de la Reconstruction en proposant des lectures contemporaines de cet ensemble exceptionnel.
La forme des cœurs provient également de la typographie HappyFont©. J’ai souhaité que ces pictogrammes géants de 3,12 m et 2,08 m de long, en béton, posés au centre de l’îlot, entrent en harmonie avec le bâti. J’ai joué avec les dimensions fixées par Auguste Perret pour rythmer le centre reconstruit — sa trame de 6,24 m —, mais aussi avec les courbes souples des cœurs pour créer du contraste avec l’orthogonalité de l’architecture. Le titre de l’œuvre, quant à lui, est un clin d’œil au célèbre film d’Alfred Hitchcock, Fenêtre sur cour, les cœurs faisant face ici à plus de trois cents fenêtres.
Copropriété www.v40v41.fr
« Les élèves étaient vraiment fiers que leur projet soit montré (en centre-ville) et ça les motive énormément. »
« Ce qui m’intéresse, c’est l’ouverture d’esprit. C’est-à-dire permettre à des élèves et des personnels (…) de pouvoir découvrir d’autres formes de création auxquelles ils n’ont pas forcément accès, auxquelles ils ne pensent pas. »
Quand l’ingénierie se met au service de la création artistique
Le mécénat de compétences mis en place avec Claire Le Breton en 2019 a été une belle opportunité d’impliquer Artelia* dans une action sociétale originale, en cohérence avec nos valeurs fondées notamment sur la passion, le partage et l’excellence technique. Amélie Mourneau, ingénieure et responsable adjointe du département Structures au sein d’Artelia Bâtiments régions et équipements, a œuvré au service de ce projet marqué par une identité havraise forte. Les liens entre le monde de l’ingénierie et l’univers de la création artistique existent bel et bien ! Preuve en est ce concept de cœur en béton né de l’imaginaire de l’artiste et mis en œuvre au travers de la mise en commun de compétences. L’objectif a été atteint : traduire le projet artistique en élaborant une solution technique, afin de susciter l’émotion du public et des différents acteurs du projet face au résultat obtenu !
Artelia est un groupe international multidisciplinaire de conseil, d’ingénierie et de management de projet (mobilité, eau, énergie, bâtiment et industrie) détenu à 100 % par ses managers et salariés (effectif : 6 100 personnes).
Fenêtres sur cœurs Installation exposée de juin à décembre 2022, Îlot V40 (situé entre la maison du patrimoine et l’appartement témoin).
Cœur #1 : long. 3,12 m, 1,7 tonne — Cœur #2 : long. 2,80 m, 980 kg.
Salle de classe, au niveau de la section TEB transformée en atelier, en lieu d’expérimentation, de rencontre et de curiosité.
Traçage Équarrissage
Tronçonnage
L’étape du travail à la scierie a été un moment fort et intense, à cause du bruit — plusieurs tronçonneuses fonctionnant en même temps, ça fait une sacrée symphonie. Cela nous a obligés, Bertrand Lacourt et moi, à donner de nombreuses consignes de réalisation et de sécurité en amont. Nous avons dû énormément préparer le terrain. Une douzaine d’heures passée avec les élèves, c’est court. Mais malgré cela, nous souhaitions vraiment leur permettre de vivre cette expérience de sculpture — faire apparaître une forme prédéterminée dans une bille de bois.
Dans la scierie, il nous a fallu communiquer avec des gestes. Les mots n’avaient plus leur place, et c’était nouveau pour moi. L’information devait être transmise par des gestes très clairs et calmes, ce qui n’est pas évident quand le bruit est envahissant tout autour, même avec des casques. Tous les élèves ont eu conscience que c’était du sérieux. Ils n’ont raté aucune forme. Ils se sont tous énormément investis et nous avons senti qu’ils étaient en accord avec ce que nous leur avions proposé.
« En plus, avec la classe, on s’entraidait. Et vu qu’on avait déjà une bonne entente entre élèves, ça passait bien. Et j’aimais bien ce qu’on faisait. »
« Dans la classe, il y a différents niveaux de technique de tronçonnage. Il y a du top niveau et euh, du moins bon niveau. Mais en fin de compte, tout le monde a réussi à sortir une belle pièce. Ça, c’est important aussi. C’est à ça qu’on voit que tout le monde était impliqué. Tout le monde est capable de le faire, bah oui, il faut juste de la volonté. »
Sacha — élève filière forêt-bois au lycée des métiers du bois et de l’éco-construction
3 — Apparition des formes, recherche constante de l’installation du volume dans l’espace pour trouver la bonne posture et le bon geste de coupe
4 — Traçage, alignement sur les deux faces
11 — La tronçonneuse commence à épouser les formes souhaitées
12 — Calage de la forme en bois
13 — Pause devant la horde de tronçonneuses
Le lycée des Métiers du bois et de l’éco-construction offre l’opportunité de découvrir les différents métiers de cette filière, de la plantation à la deuxième transformation bois. Il est le seul lycée en France qui forme sur les trois grandes filières : forêt, scierie, construction bois. La matière bois est donc au cœur des formations et des passions des jeunes formés à Envermeu. Cette identité forte est marquée par la volonté de l’équipe à soutenir des projets variés, engagés, ancrés dans le territoire et ouverts sur le monde. Les résidences d’artistes, menées dans le cadre des cours d’éducation socioculturelle de l’enseignement agricole, font partie de cette ouverture, riches, exigeantes et différentes chaque année. L’arrivée des artistes est attendue chaque début d’année par les élèves.
L’aboutissement du projet artistique avec Claire Le Breton fut la réalisation de sculptures monoxyles avec l’ébéniste bûcheron Bertrand Lacourt. Nos élèves bûcherons de la filière « Forêt » ont découvert sa technique de sculpture à la tronçonneuse. Propulsés dans la peau de sculpteurs, ils ont découvert une autre manière d’utiliser leur outil, ont improvisé des gestes, de nouvelles postures. Les enseignants techniques ont adapté leurs progressions en intégrant le projet.
S’observent alors des échanges : les jeunes en formation avec leurs envies, leurs questionnements sur l’avenir qui les attend, et les artistes, leur univers, leurs démarches qu’ils sont venus partager. La richesse du projet artistique réside dans cette rencontre. Les univers se mêlent, l’ouverture est l’intention ultime, la réalisation quelle qu’elle soit, reste finalement secondaire mais trace précieuse du chemin parcouru ensemble et objet de discussions entre élèves. Le A géant HappyFont© en béton réalisé au lycée Schuman-Perret, et les monoxyles HappyFont© réalisés en chêne ont laissé des traces au lycée : ils font désormais partie intégrante du paysage. Les élèves des années suivantes ont été déçus d’apprendre qu’ils ne participent à un chantier « monoxyle » comme il est devenu courant de les appeler au lycée.
https://educationsocioculturelle.ensfea.fr/ aujourdhui/
www.lyceedubois.fr
Du 14 mai au 22 septembre 2019 Élèves du lycée des Métiers du bois, première année PARE et de nombreuses classes du lycée Schuman-Perret
« Ça change de ce qu’on fait
Julien — élève filière TEB au lycée Schuman-Perret
Pendant un an, j’ai donc navigué entre deux lycées professionnels. Au lycée des Métiers du bois, j’ai découvert le monde forestier, celui de la scierie, et de la construction bois. Au lycée Schuman-Perret, celui du bâti, du BTP et de l’ingénierie. Les deux établissements sont dotés de grands ateliers d’apprentissage et d’outils spécifiques, ce qui m’a amenée à imaginer faire travailler les deux lycées en parallèle. Je souhaitais faire dialoguer ces deux univers, tout en gardant comme point commun la déclinaison de la typographie HappyFont© sur différents supports. Ainsi s’est peu à peu esquissée l’idée d’un travail basé sur les mêmes motifs, et a émergé, aussi avec Anne-Sophie Bertrand et l’équipe du Pays d’art et d’histoire Le Havre Seine Métropole, l’idée d’une exposition au sein de la Maison du patrimoine. Cette réflexion a permis de faire une sorte d’inventaire de tous les volumes conçus avec les élèves de Dieppe et du Havre, et d’imaginer une exposition qui ne consisterait pas seulement à montrer les créations réalisées, mais qui témoignerait des différentes techniques utilisées, qui retracerait les expériences menées avec les élèves, les équipes pédagogiques et les créateurs. L’exposition a pu également intégrer Une saison graphique 2019.
1 — Peinture des gabarits ayant servi à la réalisation des monoxyles par la section PARE-Peinture du lycée SchumanPerret, pour servir de support de scénographie
2-3 — Dépôt des monoxyle par le proviseur et les élèves du lycée des Métiers du bois, après une exposition des volumes à la DGER (Direction générale de l’enseignement et de la recherche du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation), du 12 mars au 26 avril 2019
En plus : dans le cadre d’un atelier vidéo et les élèves du lycée des Métiers du bois d’Envermeu, un film retraçant cet échange a été réalisé par Simon Leroux.
tous les jours (…) et puis en plus, ce qu’on allait faire, ça allait être exposé au centre-ville. »
4-5 — Vues de l’exposition à la Maison du Patrimoine
6 — Cœur en papier, cœur en chêne, H.95 × L.47 × P.40 cm
7 — Étoile HappyFont© en monoxyle, H.95 × L.95 × P.40 cm
8 — Dépose des cœurs, avec des élèves de terminale Orgo venus assister à la manœuvre. Îlot V40, décembre 2019
« J’ai pu participer aux expos, j’ai pu poser des questions… C’est presque comme dans un forum. Tu étudies, ça reste dans ta tête longtemps, tu gagnes en rencontrant d’autres gens, tu présentes ce que tu as fait, tu proposes tes solutions… »
Laurielle — élève filière TEB au lycée Schuman-Perret
Chargé de valoriser le patrimoine local auprès du plus grand nombre, le Pays d’art et d’histoire Le Havre Seine Métropole propose toute l’année des actions de médiation à destination des publics, en individuel comme en groupe. Dans ce cadre, il accueille de nombreux scolaires pour des activités ponctuelles ou des projets pédagogiques au long cours comme celui conçu, entre 2017 et 2019, par Claire Le Breton avec les élèves du lycée Schuman-Perret.
Depuis les visites guidées du centre reconstruit du Havre pour recontextualiser le travail du béton armé jusqu’à l’accueil de l’exposition dans les locaux de la Maison du patrimoine en passant par l’installation des cœurs monumentaux dans la cour de l’îlot V40, le Pays d’art et d’histoire a accompagné l’ensemble du processus et contribué au financement du projet. Inscrit au sein du dispositif Triptyques 2018-2021, porté par la direction régionale des Affaires culturelles et la Région Normandie, Fenêtres sur cœurs avait l’ambition de permettre à de jeunes lycéens de découvrir et de prendre part, dans la durée, à la démarche créative d’un artiste en vue d’ouvrir leur horizon culturel et de nourrir leur pratique professionnelle.
Le partenariat du Pays d’art et d’histoire a permis au projet de dépasser ce strict cadre pédagogique pour s’adresser au grand public. Ainsi, l’implantation des sculptures au cœur de l’îlot de l’Appartement témoin Perret, la présentation de l’exposition à la Maison du patrimoine de mai à septembre 2019 et son inscription dans la programmation du Pays d’art et d’histoire, d’Une Saison graphique et d’Un Été au Havre ont fortement accru la visibilité du travail mené par Claire Le Breton et les lycéens, lui accordant un large rayonnement auprès de publics diversifiés. Répondant au double objectif d’impliquer des élèves éloignés des pratiques culturelles et d’inciter visiteurs et habitants du centre reconstruit à porter un nouveau regard sur le patrimoine, Fenêtres sur cœurs a pleinement répondu aux missions dévolues au Pays d’art et d’histoire.
Depuis mai 2019, Le Havre Seine Métropole a rejoint le réseau national des 203 Villes et Pays d’art et d’histoire. Le label Pays d’art et d’histoire, attribué sur dossier par le ministère de la Culture, vient récompenser la qualité du patrimoine du territoire de la pointe de Caux qui s’étend de l’estuaire de la Seine jusqu’aux falaises d’Étretat ainsi que les perspectives de développement proposées par la Communauté urbaine.
L’équipe du montage de l’exposition : Claire Le Breton, Bertrand Lacourt, Franck Marry, Anne-Sophie Bertrand et Simon Leroux
(projet à géométrie variable)
— Un parallélépipède emblématique
— Au lycée Schuman-Perret
(Déviation céleste : « vers la sphère »)
— Cloud conteneur
— Vers la réalisation d’un conteneur en papier à l’échelle 1
1 — À 40 m de hauteur, visite menée par Jérémie Julien, secrétaire général adjoint des ouvriers dockers du Port du Havre (à droite) avec deux stagiaires du LH Port Center, le 14 février 2020, Terminal de France
2 — Conteneur suspendu au pied du portique, Terminal de France
3-4 — Vues du Port 2000 au Havre en haut d’un portique, Terminal de France, lors d’une visite mise en place par LH Port Center, le 14 février 2020
5 — À l’intérieur de la cabine d’un portique, déchargement de cinq conteneurs
6 — Valise Voyager léger, départ pour l’Italie dans le cadre de la Bande des Havrais ayant pour axe de recherche le « Papier et le conteneur »
7 — Coffrages et moules en silicone des mini-conteneurs, H.11 × L.25 × P.11 cm au labo béton
8 — Cahier de recherches, chez les menuisiers
9 — Estampe-conteneurs, quatre variations à l’encre de Chine (format A4)
Fascinée par le papier, les boîtes, et tout ce qui gravite autour de l’emballage (carton, cagette, paquetage, adhésif…), j’ai décidé de poser mon attention sur le contenant le plus imposant qui soit, le conteneur, avec une utopie en tête, celle de réaliser un conteneur en papier à taille réelle. Devenu en moins de soixante ans un symbole de l’échange mondial, le conteneur m’intrigue par son ingéniosité froide, son côté standardisé, pratique, empilable, encastrable, multimodal et démesuré une fois accumulé. Le conteneur est une boîte géante opaque, mondialement utilisée, en perpétuel déplacement.
Le projet Voyager léger, né de ces observations et de ces envies, consiste à examiner cet objet afin d’en extraire un potentiel poétique et plastique. En l’analysant et le manipulant, mon intention est de révéler son omniprésence, son impact tant sur le paysage que sur ses usages, nos usages.
Je réalise des mini-conteneurs avec différents matériaux, par des jeux de pliages ou d’empreintes en béton, en plâtre, en résine et en papier. Par ces actions — alourdir ou alléger — je sonde cette boîte mystère, dont on sait rarement où elle va, ni ce qu’elle transporte.
Stand conteneur
Volumes/ expériences
Usage multiple
11 juillet - 6 septembre 2020
Juste après le premier confinement, mi-mai 2020, nous avons pu finir le « stand-conteneur » avec les quelques élèves en menuiserie qui venaient au lycée. Cette installation a pu être mise en place au LH Port Center grâce à l’aide de plusieurs enseignants. Le « stand-conteneur » a été conçu à partir de plaques de cartons alvéolées que je stockais. Il ne ressemble pas à un conteneur dans ses détails, mais il reprend cependant ses dimensions, très exactement celles d’un modèle de vingt pieds (L. 6 × l. 2,45 × H. 2,60 m). Je l’ai imaginé ouvert et chaleureux, comme un espace hors de l’atelier, un espace de prise de recul sur ce qui avait été produit, et aussi comme un espace d’exploration permettant de rêver à des œuvres ou projets futurs.
Installé dans le hall du LH Port Center pendant l’été 2020, il a permis au public venu visiter le centre de découvrir les différentes maquettes et « volumes/expériences » réalisées avec les élèves. Y étaient également présentées des photos issues d’un voyage en Italie que j’ai pu réaliser dans le cadre de « La bande des Havrais », un voyage à vocation artistique qui avait justement comme fil conducteur le conteneur, et le papier. Le démontage a été réalisé par l’une des classes de MI à la rentrée scolaire suivante, ce qui a permis aux élèves, par la même occasion, de découvrir le LH Port Center.
« Quand les élèves travaillent sur des choses qui sont plus concrètes. ils sont un peu plus motivés (…) Là, ils savent que c’est pour quelqu’un. Ils sont un peu plus minutieux et ils prennent aussi du plaisir. Pas tous mais… »
4 — Stand Conteneur, montable démontable — Plaques de cartons alvéolés (réemploi), trois pli épicéa et contreplaqué tout bouleau à plis minces, filmé lisse noir
5 — Vue de l’exposition. Au premier plan : lampe conteneurs inspiré de la Lampe RIO de Charlotte Perriand et Noguchi
6 — Vue de l’exposition. Au premier plan : empilement de conteneur en béton blanc et gris
7 — Vue de l’exposition. Au premier plan : Les Échoués
« Quand on faisait les ateliers avec Claire Le Breton, c’était cool, ça nous détendait (…) on pense à autre chose. Une sorte de relaxation, ouais, c’est ça, pour s’aérer l’esprit. »
Guillaume — élève filière TEB au lycée Schuman-Perret
8 — Vue de l’exposition. Maquettes réalisées par les premières ERA
9 — Vue de l’exposition. Au premier plan : lampe conteneur béton/carton ×3
10 — Vases conteneur en terre cuite
11 — Lampe conteneur béton/carton et vaseconteneur en terre cuite
12 — Vue de l’exposition. Au premier plan : sac conteneur en papier, divers conteneurs en plâtre, béton. Au mur : estampe Monticule
« Ça donne un point de vue extérieur aux profs. »
Quand l’art rencontre le port
LH Port Center est un lieu d’éducation, d’interprétation et de rencontres permettant de découvrir le milieu industrialo-portuaire dans toute sa diversité. Expositions, conférences, visites et ateliers, sont au cœur de l’acculturation proposée. Les formats sont adaptés aux différents visiteurs : scolaires et étudiants, professionnels, citoyens. Les sujets sont vulgarisés et intègrent un mix culturel dans lequel chercheurs, acteurs du territoire et artistes exposent leur vision du port et de ses activités. Dans cette logique, LH Port Center collabore, depuis sa création, avec divers artistes. Qu’ils soient plasticiens, photographes, sculpteurs ou vidéastes, ils offrent une multitude d’approches. Elles enrichissent les thématiques, apportent de l’esthétisme et démontrent, s’il le fallait, qu’une zone industrialo-portuaire est une source d’inspiration artistique. LH Port Center, voisin des grands musées havrais, se plaît à exposer les artistes qui s’emparent de ce sujet.
Le projet « Voyager léger » de Claire Le Breton a suscité l’intérêt du LH Port Center. Sa conception et sa réalisation mènent à des collaborations, des co-constructions et des ateliers créatifs. En présentant le conteneur sous toutes ses formes et avec de nombreuses matières, ce projet invite à un questionnement partagé. Le conteneur, n’est pas seulement une boîte permettant le transport et le stockage de la marchandise. Il est aussi un indicateur de nos modes de consommation et des échanges commerciaux internationaux. Il montre les besoins d’un pays d’importer et d’exporter sa marchandise. Claire Le Breton s’est saisi de cet indicateur et l’évoque en plaçant le conteneur à différents niveaux, de l’œuvre d’art à l’objet du quotidien. Ce projet s’intègre, par son invitation à la réflexion, son esthétisme et ses collaborations, aux thèmes du LH Port Center. Cette coopération a initié des projets ayant pour objectif de créer des animations ludiques facilitant la compréhension du territoire portuaire.
Réalisation de l’œuvre « La Lune s’est posée au Havre » de Arthur Gosse, étudiant de 5e année à l’ESADHaR
Au sortir du deuxième confinement, en mars 2021, une déviation inattendue m’a été proposée par Arthur Gosse, alors encore étudiant à l’École Supérieure d’Art et de Design Le Havre-Rouen (ESADHaR). Son projet d’œuvre monumentale — une lune — venait d’être sélectionné par Un Été Au Havre, dans le cadre d’un partenariat entre la manifestation et le parcours Art Media et Environnement (AME) de l’ESADHaR, et le jeune artiste me demandait de l’aider. Après réflexion, je lui ai proposé de m’associer, pour la réalisation de la lune, avec Bertrand Lacourt qui a été un acteur
Mise à disposition d’espace dans les ateliers
Génies civils du lycée Schuman-Perret
essentiel sur le plan de la partie technique. Et dans un deuxième temps, après avoir évalué la faisabilité technique, m’est venue l’idée de concrétiser tout cela au lycée. La direction de l’établissement a accueilli favorablement cette proposition.
Ainsi, dès mi-mars, les premières visites se sont faites au lycée pour préparer la réalisation. Un seul élève a pu suivre l’intégralité de l’exécution, grâce à un stage. De nombreux enseignants et leurs classes sont cependant régulièrement passés pour suivre l’évolution de ce mini-chantier aux allures lunaires.
12 avril - 25 juin 2021
Un Été Au Havre est un événement estival d’art contemporain dans l’espace public qui invite, chaque année, des artistes du monde entier à interpréter la ville du Havre à leur manière. Des œuvres s’ajoutent dans la ville, changent notre regard sur celle-ci, la bousculent parfois, le temps d’un été ou de manière permanente. La direction artistique de cet événement est assurée par Jean Blaise, tandis que son organisation est dirigée par le GIP Un Été Au Havre, réunissant plusieurs membres : la Ville du Havre, la Communauté Urbaine Le Havre Seine Métropole, Haropa - Port du Havre, la Chambre de Commerce et d’Industrie Seine Estuaire, la Région Normandie, le Département Seine Maritime et l’Université du Havre Normandie. Dans le cadre d’un partenariat avec l’École Supérieure d’Art et Design Le Havre - Rouen, Un Été Au Havre accompagne les artistes émergents en permettant chaque année à un ou une étudiante de l’école, de voir son projet artistique intégré dans la programmation estivale.
En 2021, c’est La Lune s’est posée au Havre, un projet artistique d’Arthur Gosse, qui a été sélectionné.
Le partenariat qui a été initié entre Un Été Au Havre et Claire Le Breton a permis la réalisation technique de l’œuvre, un véritable défi puisqu’elle consistait en la représentation d’une lune de 3,50 m de diamètre, exposée dans le square Saint Roch durant trois mois. Le savoir-faire de Claire Le Breton était donc précieux pour accompagner cette création de grande ampleur avec Arthur Gosse. La fabrication d’une œuvre est bien souvent mystérieuse et fascinante aux yeux du public. Celle de La Lune s’est posée au Havre a permis d’associer des élèves du lycée Schuman-Perret. Cette expérience leur montre qu’une œuvre est bien souvent le résultat de plusieurs compétences, qui s’unissent pour résoudre les problèmes se posant à la construction d’un objet si particulier. Les œuvres, et a fortiori les œuvres dans l’espace public, réclament savoir-faire et inventivité pour exister ; le partenariat a été une nouvelle occasion de le montrer dans le cadre de cette résidence de Claire Le Breton. Nous espérons que celui-ci a pu éveiller la curiosité des élèves envers Un Été Au Havre.
Structure
Box Léger
Avec Voyager léger, l’objectif est maintenant de réaliser un conteneur en papier, voire plusieurs, avec l’intention d’y créer une installation mêlant son et lumière. Le projet final s’oriente également vers une recherche sur « la vie des conteneurs » et ce qui transite à l’intérieur. Ainsi en parallèle à la réalisation — qui se fera hors cadre scolaire — il est prévu de mener une enquête auprès de personnes qui travaillent sur le port (docker, capitaine de navire, logisticien, habitant du Havre ou d’ailleurs…) pour qu’elles nous rapportent des anecdotes « de conteneur » et nous en apprennent un peu plus sur cette boîte bien utile, mais mystérieuse. Il en résulterait une installation qui viendrait évoquer (avec l’apport du son et l’apparition d’images) des histoires rapportées, drôles, cocasses, techniques. Une installation qui nous transporterait dans des réalités, des rêveries et des réflexions liées à cette boîte et au transport des marchandises.
La partie « volume » est conçue avec les premières de BTS ERA et sera réalisée au lycée. Le reste de la création est encore en cours de réflexion et de structuration. Le dispositif pourra voir le jour plus tard, mais rien n’empêchera une installation des conteneurs en papier dans le lycée et/ou hors du lycée.
papier
« Ça nous pousse un peu dans nos retranchements. (…) il n’y a pas de routine en tout cas, avec un artiste ! »
géniecivil au lycée Schuman-Perret
« Il y a des matériaux différents. Ils ne résistent pas de la même façon. Ils n’ont pas les mêmes effets. »Laurielle — élève filière TEB au lycée Schuman-Perret
4 — Prises de notes et réflexion pour la création d’un conteneur en papier
5 — Début d’une des recherches sur Sketchup
6 — Dessin Sketchup, une des propositions retenue
7 — Réalisation de la structure du conteneur en bois
8-9 — Installation dans le showroom des Procédés Chénel®
« Faire en sorte que les élèves soient impliqués et finalement qu’ils deviennent demandeurs, c’est ce que je retiens. »
BenjaminGiraud — enseignant PLP Génie Civil-Construction et Économie au lycée Schuman-Perret
Procédés Chénel® International est une équipe jeune, aux racines professionnelles profondes car plus que centenaires. Elle est spécialisée dans la création, le développement et la distribution de matériels et techniques destinés aux concepteurs d’expositions, de l’événementiel et de l’architecture intérieure.
Notre entreprise est sollicitée par ses clients architectes et designers pour développer des solutions innovantes répondant à des besoins immédiats et pragmatiques (stands, salons, évènements, installations pérennes…).
Procédés Chénel® est engagée, tant au niveau écologique que sur des questions sociales. Certes, nos matières, dites « papier », peuvent vite être considérées comme jetables, mais le grand avantage est que les matériaux sont très légers. Ainsi à service rendu équivalent, nous garantissons des impacts environnementaux réduits. Nous collaborons avec des ateliers de réinsertion pour certaines fabrications et avons entamé un grand chantier sur la question du recyclage du Drop Paper ® en fin de vie, dont est issu le matériau Drop Cake® L’appréhension des artistes de nos matériaux est extrêmement enrichissante, car totalement déconnectée de toute exploitation commerciale. Les artistes plasticiens expriment librement leurs émotions, expression de leur inconscient. Ils ont le courage de créer à tout prix comme ils respirent, malgré tout, sans commanditaire, sans compromis… Choc culturel annoncé ! Nous sommes poussés dans nos retranchements, chatouillés dans nos process, révélés par nos faiblesses, rassurés par nos spécificités… Ce courage de création sans a priori est forcément une promesse d’un accouchement d’une œuvre. Comment ne pas être enthousiaste à l’idée d’ouvrir nos portes à une artiste telle que Claire Le Breton pour développer un concept autour du papier et ses multiples usages. Sortir du cadre pour mieux voir ! N’est-ce pas finalement un commerce de première nécessité ou bien mieux encore : essentiel !
chenel.com
Démonstration de confection d’une feuille de papier à la forme avec une partie de l’équipe ChénelLYCÉE SCHUMAN-PERRET
Seconde TEB Technicien d’études du bâtiment
Première et terminale ORGO Organisation et réalisation du gros œuvre
Seconde et première TMA Technicien menuisier agenceur
Seconde et première MI Menuisier installateur
Première CAP PAR Peinture Application Revêtement
Première ELEC Préparation et réalisation d’ouvrages électriques
Première CAP ELEC Préparation et réalisation d’ouvrages électriques
Seconde ERA Étude et réalisation d’agencement
Première année BTS EEC Étude économie de la construction
Première année BTS ERA Étude réalisation d’agencement
Une classe de troisième du collège des Acacias du Havre
LYCÉE DES MÉTIERS DU BOIS D’ENVERMEU
Quatrième et troisième Découverte professionnelle
Seconde Nature, jardins, paysage, forêt
Terminale Forêt
mobilisées
LYCÉE SCHUMAN-PERRET
Benjamin Giraud Référent du projet, enseignant PLP Génie CivilConstruction et Économie
Laurent Huppe Enseignant PLP Génie Civil - Construction et Économie
Quentin Croizé Enseignant menuiserie
Yann Louvel Enseignant menuiserie
Loïc Fronty Enseignant menuiserie
Nicolas Hue Enseignant menuiserie
Antoine Dubuc Enseignant menuiserie
David Bellin Enseignant menuiserie
Sylvain Mercier Enseignant électricité
Yvon Lucas Enseignant gros œuvre
Jérémie Moroy Enseignant gros œuvre
Thierry Martin Enseignant architecture intérieur
Cécile Lemoing Enseignante arts appliqués
M.-C. Boillon Enseignante français
Sophie Delamare Enseignante français
Antoine Saudrais Enseignant français
M. Bellanger Enseignant mathématique
Fabrice Cardot Enseignant mathématique
Yves-Emmanuel Gaston Documentaliste
Éric Ruault Proviseur
Ludovic Lainé Directeur délégué aux Formations professionnelles et technologiques
Anne-Marie Lebras Assistante DDFPT
Marie Line Kériou Gestionnaire matériels
LYCÉE DES MÉTIERS DU BOIS D’ENVERMEU
Stéphane Renaux Proviseur
Marion Quibel Enseignante ESC éducation socio-culturelle
Jonathan Bidault Enseignant construction bois
Olivier Pennamen Enseignant, responsable Erasmus + Alice Garcia Enseignante techniques forestières
Thomas Bertault Enseignant technique construction bois
Jean-Christophe Antor et Julien Houzard Enseignants techniques forestières
UN MONUMENTAL MERCI
Aux élèves qui se sont sentis investis à leur manière et à leur échelle dans les projets.
Aux enseignants* qui m’ont confié leurs classes avec enthousiasme et curiosité, et qui m’ont souvent apporté l’aide technique indispensable au bon déroulement des réalisations.
Aux établissements scolaires
Le lycée des métiers de l’habitat, des sciences et de l’industrie Schuman-Perret, Le Havre. Le lycée des Métiers du bois et de l’éco-construction, Envermeu. La Faironnerie abc, fablab de l’Université du Havre et le fablab de l’ESADHaR.
Aux financeurs
La Région Normandie, La Drac Normandie, pour la confiance accordée pour mener à bien ces réalisations et ces aventures constructives et créatives.
Aux partenaires culturels
Le Pays d’art et d’histoire Le Havre
Seine Métropole, La Ville du Havre, Une saison Graphique, La copropriété des îlots V40 et V41, Un Été Au Havre, LH Port Center, pour leurs implications dans cette aventure.
Aux entreprises, partenaires techniques Artelia, Les Procédés Chénel®, pour les temps d’étude et leur partage de savoir-faire pour faire avancer les créations.
Ainsi qu’aux fondations
La fondation SNCF, La fondation Berger Levrault, La fondation BTP+ qui soutient en particulier cette publication.
Aux stagiaires
Caroline Sineau, Alina Milkina, Anaïs Picard, Laurielle Dukunde, Sunhye Kim, Jeanne Megnassan, Enzo Lainé, Marie Lalis, Valentine Vauchel, qui ont vécu des fragments de ces expériences, et qui ont amené leur pierre précieuse à l’édifice.
Aux créateurs Franck Marry (typographiste), pour la fructueuse collaboration « carton », pour la co-création de HappyFont© et ses variantes. Arthur Gosse (artiste), pour l’invitation à matérialiser son projet d’installation surnaturel « la lune, s’est posée au Havre ». Xavier Grandguillot (graphiste), pour avoir accepté le défi du tri et de la sélection de mes milliers de photographies prisent sur le vif des actions.
UN MERCI TITANESQUE ET DÉBORDANT
à Bertrand Lacourt, Simon Leroux, Marie Bazire, ainsi qu’à toute l’équipe de l minuscule et de l’atelier Bettinger Desplanques architectes, pour leur indispensable et indéfectible soutien.
JE TIENS À REMERCIER PARTICULIÈREMENT Éric Ruault (proviseur du lycée Schuman-Perret), Stéphane Renaux (proviseur du lycée des Métiers du bois) et leurs équipes administratives, Benjamin Giraud (enseignant et coordinateur de la résidence au lycée Schuman-Perret), Marion Quibel (enseignante ESC et coordinatrice de la résidence au lycée des Métiers du bois d’Envermeu), Hélène Du Mazaubrun, Maïté Ducornetz, Anne-Sophie Bertrand, Sophie Brindeau, Anne Coste de Champeron, Pascal Denécheau, Frédéric Hervé, Jean-Elie Dandjinou, Amélie Mourneau, Aline Dieppedalle, Hélène Durand, Stéphane Ducatteau, Greta Delsalle-Marini, Séverine RibalLesterlin, toute l’équipe du LH Port Center, d’Un Été Au Havre et des lycées, sans qui, toutes ces réalisations n’auraient pu apparaître.
PUBLICATION RÉALISÉE DANS LE CADRE DE LA RÉSIDENCE
« FAIRE CHANTIER AU LYCÉE »
Séjour au long cours de l’artiste Claire Le Breton au lycée Schuman-Perret du Havre — 2017-2022
Ce cahier a été financé par la fondation BTP+.
Juin 2022. Ne peut être vendu.
Directrice de publication : Claire Le Breton
Interviews des élèves et de l’équipe pédagogique : Jeanne Megnassan (au lycée Schuman-Perret) et Simon Leroux (au lycée des Métiers du bois)
Retranscription : Jeanne Megnassan et Maëlys Le Breton
Relecture : Marie Bazire, Clara Bertrand
Photographies : Claire Le Breton, Simon Leroux, Franck Marry
Photo de couverture : Simon Leroux
Graphisme et mise en page : Xavier Grandguillot
Imprimé en 500 exemplaires par Corlet imprimeur (14) en août 2022
l minuscule à pour but de soutenir, accompagner et promouvoir des projets culturels par le biais de créations et d’actions de sensibilisation
Contact : lminuscule1@gmail.com
www.lminuscule.com
www.claire-lebreton.com
et Technologiques au lycée Schuman-Perret« Est-ce que ça a eu une résonance pour les élèves ?
Il restera quelque chose, c’est sûr. »
Anne-Marie Lebras
Assistante Directeur Délégué aux Formations Professionnelles
Depuis 2017, la plasticienne Claire Le Breton a posé ses valises au lycée Schuman-Perret du Havre. La présente publication dresse le bilan de cinq années passées « en résidence » dans cet établissement scolaire. L’occasion de mettre en lumière certains des enjeux soulevés lors de la mise en place d’un tel dispositif, aujourd’hui devenu courant, mais dont il n’est jamais gagné d’avance qu’il puisse porter ses fruits.