MUSÉE MALRAUX - LE HAVRE PARCOURS DANS LES COLLECTIONS
Dans l’atelier de Degas livret de visite
DES CLEFS ET DES JEUX POUR COMPRENDRE
Qui est Edgar Degas ? EDGAR DEGAS NAÎT À PARIS EN 1834 d’un père né à Naples et d’une mère issue de La Nouvelle Orléans. Sur les conseils de ses professeurs et comme tout artiste débutant, Degas copie la peinture des maîtres anciens des XVe - XVIe siècles et s’intéresse à l’antiquité. Il suit les conseils d’Ingres qui lui transmet l’amour du dessin. Lors d’un séjour de trois ans en Italie*, il fréquente les cours du soir de l’Académie de France à Rome et, aux côtés de Gustave Moreau, réalise de nombreuses études d’après le modèle vivant. Ce peintre renommé l’oriente alors vers la peinture d’histoire. En 1861, Degas rencontre Manet puis, au café Guerbois, ses amis impressionnistes, Monet et Renoir. Il partage avec eux la même admiration pour le peintre Delacroix. À partir de 1865, Degas dépeint l’univers des champs de courses et le monde de la danse et de l’opéra. Atteint de graves troubles de la vue, Degas délaisse ses crayons et ses pinceaux et se tourne vers le pastel puis vers la sculpture. En 1893 a lieu à la galerie Durand-Ruel, sa première exposition personnelle.
Degas est-il un peintre impressionniste ?
Artiste aux talents multiples, il a marqué son siècle par la modernité de son regard. Ce n’est qu’après sa mort en 1917, que l’on découvrira l’ensemble des facettes de son œuvre.
Degas saluant, vers 1862 Huile sur toile. National Gallery, Londres
* De son voyage en Italie, Degas conserve le souvenir de sa famille dans son tableau, La Famille Bellelli, 1858-1867. Huile sur toile. Paris, Musée d’Orsay
DEGAS EST LE COMPAGNON DES IMPRESSIONNISTES mais reste réfractaire à leur esthétique et à leur technique. Contrairement aux impressionnistes, Degas ne peint pas en plein air mais c’est la pratique du dessin, dans l’atelier, qui lui permet de saisir l’immédiateté de la réalité. Degas appartient avant tout au camp des modernes et reste solidaire du groupe. Il participe à sept des huit expositions impressionnistes de 1874 à 1886.
Edgar Degas, Sémiramis construisant Babylone, 1861, huile sur papier marouflé. (C) RMN (Musée d’Orsay) © Hervé Lewandowski
Edgar Degas, Étude pour Sémiramis construisant Babylone, vers 1860-1862, crayon noir et rehauts de gouache. Collection SENN. Musée Malraux, Ville du Havre © Florian Kleinefenn
Sémiramis construisant Babylone LORS DE SON VOYAGE EN ITALIE, Edgar Degas rencontre le peintre français Gustave Moreau. Une grande amitié et une admiration mutuelle naissent entre les deux artistes. Degas est au début de sa carrière. Nettement influencé par Gustave Moreau, il s’intéresse à la peinture d’histoire : il veut renouveler ce genre classique. Degas travaille comme un peintre académique : il fait de nombreuses études des silhouettes humaines. Il les dessine d’abord nues, pour bien saisir l’exacte posture de leur corps, puis il les représente habillées. Enfin l’artiste les introduit dans sa peinture. Sémiramis est une reine assyrienne, Pour son œuvre Sémiramis construisant Babylone, Degas a exécuté qui aurait vécu au XIIIe siècle avant près de cinquante études préparatoires, dont ce dessin et cette petite J.-C. Grande guerrière, elle aurait fait de nombreuses conquêtes et fondé Babylone. peinture. Celui-ci représente la première servante de Sémiramis. Le Dans le tableau de Degas, Sémiramis est représentée surveillant les travaux peintre a accentué la lumière sur son dessin au crayon par des rehauts de construction de la ville. de gouache blanche. Le trait est extrêmement fin et délicat. Tous ces détails ne sont pas visibles dans l’œuvre finale car cette servante est en partie cachée par Sémiramis…
Le savais-tu ?
Le coin des curieux
Pour certains détails de la peinture, comme le char à droite ou la coiffure de la reine Sémiramis, Degas s’est inspiré d’œuvres de la civilisation assyrienne tout juste entrées dans les collections du Louvre.
Gustave Moreau. L’amour et les Muses. Aquarelle Musée du Louvre, département des arts graphiques, fonds du musée d’Orsay.
Les danseuses Dès 1871, l’opéra s’apparente à un véritable laboratoire pour Degas. Les sujets y abondent : chanteurs, musiciens, danseuses, public… Sa préférence va nettement aux danseuses : elles sont représentées plus de deux cents fois. Les danseuses sont pour lui l’occasion d’exploiter les lumières artificielles du spectacle et de choisir des angles de vue qui se rapprochent des cadrages photographiques. D’ailleurs, Degas se découvre une passion pour la photographie en 1895. Mais au-delà du décor, le peintre porte aussi un regard lucide sur les difficiles conditions de travail des danseuses, danseuse et leur souffrance. souff La Petite Danseuse Dan de 14 ans en est un émouvant émouvan témoin. Petite danseuse danseus de quatorze aans, 1879-1881, statue en bronze aavec techniques patine et te mixtes musée d’Orsay © photo RMN, P. Schmi Schmidt
Madame Camus au piano Dans cette étude, Edgar Degas réalise le portrait d’une de ses proches amies. Il s’agit de Mme Camus qui était une grande pianiste.
La passion des chevaux En 1861, Edgar Degas séjourne en Normandie chez les Valpinçon, amis de son père. Ils possèdent une propriété, près du Haras du Pin, où Degas découvre l’univers des courses et des chevaux. À Paris, Degas continue de fréquenter le monde équestre. Lieux de loisirs très à la mode, les champs de courses offrent à Degas un cadre moderne et un terrain d’études idéal. D’un trait virtuose, il saisit la force, l’expression et la bestialité des chevaux en plein effort. Ses nombreuses études évoquent avec fougue et intensité la puissance de l’animal. On peut presque parler de « sculptures impressionnistes » tant ses chevaux sculptés semblent être pris sur le vif. Jockey à cheval, étude pour Avant la course, vers 1872-1873, pierre noire sur calque. Collection SENN. Musée Malraux, Ville du Havre © Florian Kleinefenn
Regarde bien : Degas à d’abord quadrillé son dessin pour se créer des points de repère. Il reproduit ensuite ce dessin petit carreau par petit carreau mais à une échelle plus grande. Madame Camus se retrouvera ainsi agrandie mais avec les bonnes proportions et sans être déformée ! On appelle ce procédé la technique de la mise au carreau. Étude pour Madame Camus au piano, 1869, pierre noire. Collection SENN. Musée Malraux, Ville du Havre © Florian Kleinefenn
À toi de jouer !!! Essaie toi aussi de reproduire Madame Camus grâce au quadrillage de Degas et de la technique de la mise au carreau. Bonne chance !!
La Fille de Jephté
(vers 1859-1861)
De haut en bas : Cavalier étude pour La Fille de Jephté, vers 18591861, sanguine.
La Fille de Jephté, vers 1859-1861. Huile sur toile. 195,5 x 293,5 cm. Smith College Museum à Northampton, Massachusetts (États-Unis)
LA FILLE DE JEPHTÉ, A ÉTÉ PEINTE, APRÈS UN SÉJOUR DE TROIS ANS EN ITALIE. Ce sujet historique s’inspire du livre des Juges de l’Ancien Testament. Le commandant Jephté, doit défendre Israël contre les Ammonites. Il fait le vœu, en cas de victoire, de sacrifier la première personne qui sortira de sa maison et viendra vers lui. Hélas, ce sera sa fille unique, et Jephté devra respecter son serment. Avant de peindre son tableau, l’artiste a réalisé de nombreux dessins préparatoires, des esquisses, et des études de détails. Il montre ici, le moment dramatique de la rencontre. Jephté et ses soldats occupent le devant de la scène, tandis que sa fille apparaît à l’arrière-plan du tableau. L’animation et la force brutale de l’œuvre, ainsi que les couleurs Edgar Degas n’a pas seulement peint des vives, s’inspirent d’un peintre courses de chevaux, ou de jeunes danseuses. a aussi réalisé, entre 1859 et 1865, des dont Edgar Degas admirait le Ilgrands tableaux académiques inspirés comme ici de la Bible ou de l’Antiquité. travail : Eugène Delacroix.
Le sais-tu ?
À toi de jouer Observe bien cette scène, il y a de très nombreux personnages. Concentre-toi et retrouve la Fille de Jephté.
Étude d’ensemble pour La fille de Jephté, vers 18591861, crayon noir. Jeune homme nu tête tournée, étude pour La Fille de Jephté, vers 18591861, pierre noire. Collection SENN. Musée Malraux, Ville du Havre © Florian Kleinefenn
Le savais-tu ? En 2004, Hélène Senn-Foulds a offert la collection de son grand-père Olivier Senn au musée. La collection se composait de 70 peintures, 5 sculptures et 15 1 dessins, dont 47 de Degas. Cette exposition s’est faite en grande partie grâce à sa générosité.
Degas et les nus Tu as découvert comment Degas prépare ses compositions historiques en esquissant les personnages comme dans cette étude préparatoire à la peinture Petites filles spartiates provoquant les garçons. Regarde maintenant d’autres œuvres… Femme nue s’essuyant la nuque, 1884, pastel. Collection SENN. Musée Malraux, Ville du Havre © Florian Kleinefenn
Homme nu de dos. Étude pour Petites Filles spartiates provoquant les garçons, 1860-1862, crayon noir et rehauts de craie blanche. Collection SENN. Musée Malraux, Ville du Havre © Florian Kleinefenn
REPRÉSENTER DES FEMMES AU BAIN est un sujet classique que Degas renouvelle totalement dans les thèmes des « nus » et des « baigneuses ». Les femmes à leur toilette, absorbées dans leurs gestes quotidiens, semblent saisies à leur insu. Elles ne posent pas. Ce sont leurs mouvements et la courbe de leur corps qui intéressent le peintre. Souvent, le cadrage de la scène surprend : Degas n’hésite pas à couper le sujet comme s’il s’échappait du cadre. Degas expérimente toutes les techniques, la photographie, la gravure… et le pastel. La Toilette, 1888, pastel.
Découvre le pastel avec Degas
Collection SENN. Musée Malraux, Ville du Havre © Florian Kleinefenn
L’artiste joue avec la matière et la travaille avec une grande virtuosité. Il laisse transparaître le papier en « réserve » et dessine par hachures… Quelle audace dans les couleurs ! Les nus de Degas scandalisent les visiteurs de l’époque, mais impressionnent les critiques et les jeunes artistes. Ce dépliant a été réalisé par l’équipe du musée Malraux, Ville du Havre. Coordination : Michèle Blanchard, responsable du service des publics. Conception : Michèle Blanchard, Jeanne Busato, Gaëlle Cornec / Conception graphique et mise en page : L’ATELIER de communication / Impression : Ville du Havre / Crédits photographiques : Le Havre musée Malraux, Florian Kleinefenn./ En couverture : La Toilette (détail), 1888, pastel.