OTHON FRIESZ LE FAUVE BAROQUE LE HAVRE / MUSÉE MALRAUX 20 OCTOBRE 2007 – 27 JANVIER 2008
Carnet de visite
DES CLEFS ET DES JEUX POUR COMPRENDRE L’ŒUVRE DE FRIESZ
Bienvenue au musée ! Le musée Malraux te présente aujourd’hui les peintures, dessins, gravures et céramiques réalisés par Émile-Othon Friesz au début du XXe siècle. En t’apportant un éclairage sur les œuvres de l’exposition, ce parcours va te permettre de pénétrer dans l’univers de Friesz. Il te propose des jeux que tu pourras faire chez toi ou au cours de tes déplacements dans le musée. Le carnet de route te permet de suivre Friesz dans ses voyages à travers l’Europe. Les points de repère t’aident à aller plus loin et à comprendre les techniques, les courants et les genres* picturaux. Pour dessiner ou observer, n’hésite pas à t’asseoir au sol, à revenir sur tes pas. À la fin du livret, les mots marqués d’un astérisque te seront expliqués. Un espace t’est réservé dans certaines pages ; tu peux y reproduire les détails qui t’ont particulièrement intéressé ou touché. Tes dessins te seront utiles à la fin de ton parcours… Prends ton temps, avance à ton rythme, explore comme tu en as envie, et passe un bon moment avec nous !
Production du musée Malraux, ce carnet a été réalisé sous la direction de Annette Haudiquet, conservateur en Chef Textes et conception des jeux : Bénédicte Gontran Coordination : Michèle Blanchard, Service culturel Conception graphique et mise en page : L’ATELIER de communication Impression : Imprimerie Centrale Crédits photographiques : musée Malraux, Le Havre – ADAGP Paris 2007 En couverture : Voiliers sortant du port d’Honfleur, 1907 Huile sur toile, 60 x 73 cm. Oslo, Nasjonalmuseet for kunst, arkitektur og design
Pour t’y retrouver Friesz a voyagé du Havre à Anvers, de la Creuse à Cassis, il a sillonné la France.
Chronologie
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Un étudiant aux beaux-arts Émile-Othon Friesz est né au Havre, le 6 février 1879. Son père est capitaine aux long cours, et l’enfance de Friesz se déroule près du port. Les œuvres du peintre resteront marquées par cet environnement. Sa mère l’inscrit à l’école des beaux-arts du Havre dès l’âge de 13 ans.
Autoportrait, 1899 Huile sur toile, 36,3 x 33 cm. Ville du Havre, musée Malraux
Voici un portrait réalisé par Friesz représentant son maître à l’école des beaux-arts >>>>>>>>>>>>>>>>>> Quel âge lui donnes-tu ? Lhullier, le maître de Friesz, a 45-50 ans sur le portrait, alors qu’il avait déjà 70 ans lorsque Friesz est devenu son élève. Portrait de Charles Lhullier, v. 1898 Huile sur toile, 46,5 x 30,4 cm. Ville du Havre, musée Malraux
<< À partir de 1897, Friesz continue ses études à l’école des beaux-arts de Paris. Le portrait de Lhullier est accroché au mur de l’atelier parisien de Friesz, on le voit à l’arrière-plan du portrait de son ami Raoul Dufy.
Dufy dans l’atelier, v. 1900 Huile sur panneau, 35 x 26,8 cm. Londres, collection particulière
Dessine l’atelier parisien de Friesz PAGE 2
La bande à Friesz Friesz côtoie Dufy et Braque aux expositions du Cercle de l’Art Moderne, installé au Havre.
« J’ai été tout de suite enchanté par son caractère si ferme, […] si orienté avec assurance absolue, vers son destin ». Dufy, à propos de Friesz.
Le Cercle de l’Art Moderne : En 1906, Raoul Dufy, Georges Braque et Othon Friesz ont créé, au Havre, le Cercle de l’Art Moderne. L’objectif est de faire connaître et de promouvoir l’art moderne auprès de la bourgeoisie havraise. Une première exposition d’art moderne est organisée du 16 mai au 30 juin 1906.
Raoul Dufy (1877-1953) est un artiste qui a expérimenté les techniques les plus diverses (peinture, céramique, tapisserie, gravure…). Comme Friesz, il étudie à l’école des beaux-arts du Havre, puis à l’école des beaux-arts de Paris. Avec Friesz à Falaise, avec Braque à l’Estaque, il s’initie au Fauvisme.
CARNET DE ROUTE
Georges Braque (1882-1963) est un peintre et un sculpteur qui fut l’un des initiateurs du Cubisme. Le cubisme est un courant artistique dans lequel le sujet est décomposé en masses puis recomposé par le peintre ; les objets sont transformés par une simplification géométrique. Comme Dufy et Friesz, Braque a suivi les cours de Lhullier à l’école des beauxarts du Havre. Dans ton livret, tu verras qu’il a collaboré avec Friesz.
SUIS FRIESZ DANS SON PÉRIPLE ! 1879 Je suis né au Havre, rue de Mexico. 1895 Je fais mon premier voyage à l’âge de 16 ans, je pars en direction de Trouville, Villers-sur-Mer, Cabourg, Falaise. 1897 Je reçois une bourse de la ville du Havre. Je peux donc m’installer à Paris pour suivre l’enseignement de Léon Bonnat à l’école nationale des beaux-arts de Paris. J’adopte le style impressionniste. 1901 Je rencontre Guillaumin, peintre impressionniste. Je passe l’été chez Guillaumin dans la Creuse, où je peins des paysages dans un style impressionniste. 1902 Je passe de nouveau l’été chez Guillaumin. Je rencontre Camille Pissarro, autre grand peintre impressionniste. Je suis influencé par le souci de Pissarro de figer l’instant présent, la lumière, le mouvement.
La Côte de Grâce à Honfleur, 1906-1907 Crayon, plume à l’encre bleue, craie rouge sur papier à carreaux. 20,1 x 23,4 cm. Copenhague, Statens Museum for Kunst.
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D’un impressionniste... En 1901, Friesz rencontre Guillaumin. Ces toiles représentent le même lieu : la vallée de la Creuse à Crozant, au sud du Bassin Parisien. Les deux peintres représentent les hivers rigoureux de la région. Friesz est directement influencé par Guillaumin, et les toiles sont toutes deux impressionnistes. La peinture de Friesz restera d’inspiration impressionniste jusqu’à l’été 1906. Comment sont les touches* des peintres ? Entoure les adjectifs qui les qualifient : LISSE
BRUTALE
SPONTANÉE
LARGE
HACHÉE
RAPIDE
ÉPAISSE
Empâtement*
Guillaumin, Paysage de neige à Crozant, Huile sur toile, vers 1895. Ville du Havre, musée Malraux, collection SENN.
Friesz, Vallée dans la Creuse, Crozant, 1901 Huile sur toile, 73,5 x 57,5 cm. Ville du Havre, musée Malraux
Pour en savoir plus Impressionnisme : Dans la seconde moitié du XIXe siècle naît le courant impressionniste, une tendance à noter sur la toile les impressions fugitives. Les peintres impressionnistes ne travaillent plus dans l’atelier mais en pleine nature ; on dit alors qu’ils peignent « sur le motif ». Ils sont attirés par tout ce qui réfléchit les rayons du soleil, et peignent dans les environs de Paris et en Normandie. Ils emploient des couleurs pures posées les unes à côté des autres en touches rapides, et ils décomposent la lumière en couleurs. PAGE 4
... à l’autre L’année suivante, Friesz rencontre Pissarro. Le Pont Neuf à Paris, l’Anse des Pilotes au Havre : deux paysages bien distincts. Et pourtant, regarde bien : Même palette, mêmes nuances bleutées Compare la touche* des peintres
Comment les deux artistes rendent-ils le mouvement de la foule et l’activité du port, de la Seine ?
Le Pont-Neuf, Paris, vers 1903 Huile sur toile, 43,6 x 55,6 cm. Genève, Association des Amis du Petit Palais.
Pissarro, L’anse des pilotes au Havre. Haute mer. Huile sur toile, 1903. Ville du Havre, musée Malraux
Les 2 éléments stables de la composition* (vespasienne et lampadaire) >>>>>>>>>>>>>>>>>>
<<<<<<<<<<<<<<<<<<< Les deux artistes rendent le mouvement en figeant les gestes de la foule PAGE 5
Le port d’Anvers : de l’Impressionnisme En 1906, à Anvers, Friesz amorce sa démarche vers le fauvisme en peignant une série de vues depuis la terrasse de l’ancien casino Le Kursaal, aménagé en atelier. Les couleurs arbitraires* sont les couleurs choisies par le peintre. Friesz emploie beaucoup de couleurs arbitraires. Les formes sont solides et lourdes. Même les nuages et l’ombre de la balustrade sont entourés de cernes foncés ! La perspective* est une technique de dessin permettant de donner une impression de profondeur. Ici, la perspective est aérienne : la vue est frontale, c’est-à-dire de face, et la taille des éléments diminue en fonction de la distance avec l’œil du spectateur. Ces pavois colorés ne te rappellent-ils rien dans le musée ?
CARNET DE ROUTE 1905 Je m’installe à Anvers pour l’été, et je peins des motifs portuaires. 1906 Je passe l’été à Anvers avec Braque. Ce sont mes premiers pas vers le fauvisme. PAGE 6
Plan 2
Plan 1
Croiseur pavoisé à Anvers, été 1906 Huile sur toile, 60 x 73 cm. Paris, collection Larock-Granoff
Dufy, Le Yacht pavoisé au Havre, 1904 Huile sur toile. Ville du Havre, musée Malraux
« Peindre c’est voir pour les autres », Raoul Dufy
au Fauvisme
« Les couleurs devenaient des cartouches de dynamite. Elles devaient décharger de la lumière. » André Derain
Ici, Friesz a davantage avancé dans sa démarche : Les couleurs sont plus claires, sont-elles arbitraires* ? Les formes sont-elles plus légères que dans l’œuvre précédente ? (le dessin est simplifié, les détails inutiles sont écartés) Le Port d’Anvers, 1906 Huile sur toile, 54 x 65 cm. Liège, musée d’Art moderne et d’Art contemporain
La perspective est écrasée : tout se place dans un plan unique, les éléments sont tous représentés à la même échelle. Mais l’espace est encore illusionniste. Comme dans les toiles impressionnistes, il est encore défini par la perspective, alors que dans un tableau fauve, il l’est par la couleur.
Bassin des yachts à Sainte-Anne, Anvers, été 1906 Huile sur toile, 50,5 x 62 cm. Ville du Havre, musée Malraux
Pour en savoir plus
Matisse, La Femme au chapeau Huile sur toile, 1905, San Francisco, museum of Modern Art
Le Fauvisme : À la fin du XIXe siècle, de jeunes artistes, influencés par Gauguin et par Van Gogh, peignent des tableaux avec des couleurs très violentes. Les deux chefs de file de ce groupe, dont font partie Marquet et Vlaminck, sont Henri Matisse (1869-1954) et André Derain (1880-1954). Les paysages et les portraits deviennent les thèmes favoris de ces peintres. Ils n’utilisent que des couleurs très pures, c’est-à-dire non mélangées, et très contrastées. Ils rejettent la perspective*. Les artistes ne veulent pas donner l’illusion de la réalité et de l’espace. Au Salon d’automne de Paris en 1905, le critique Vauxcelles, en entrant dans la salle où sont exposées les toiles de ce courant, et face à ce jaillissement de couleurs, s’exclame : « On se croirait dans la cage aux fauves ! » Le Fauvisme est baptisé. PAGE 7
Une côte de Grâce en arabesques Sur la côte de Grâce, Friesz devient de plus en plus fauve. Dans sa peinture, il décrit moins les paysages. À Honfleur, il continue d’éclaircir sa palette, et il s’appuie sur le dessin, l’arabesque et les formes simplifiées.
<<<<<<<<< L’automne Selon toi, d’où vient la lumière ? Réponse en dernière page
Automne à Honfleur, automne 1906 Huile sur toile, 64 x 80 cm. Paris, musée d’Art moderne de la Ville de Paris
>>>>>>>>>>> L’hiver Quel est le seul élément que tu distingues avec netteté dans cette toile ? Paysage sous la neige, Honfleur, hiver 1906-1907 Huile sur toile, 50 x 61 cm. Paris, collection Larock-Granoff
Dessine-le.
CARNET DE ROUTE Automne et hiver 1906 : après avoir passé l’été à Anvers, je m’installe sur la côte de Grâce, près d’Honfleur. PAGE 8
Aux couleurs du Midi -Granoff
Pendant ce séjour dans le midi, le Fauvisme de Friesz atteint son apogée.
, donation Pier
re et Denise Lévy
Paris, collection Larock
Souvenirs du Midi
d’Art moderne
2
Troyes, musée
Bords de mer, La Ciotat, été 1907
2. Bord de mer, La Ciotat, été 1907. Des arabesques encore plus fluides. 3. Paysage de la Ciotat, été 1907. Un dessin plus du tout descriptif, des couleurs totalement arbitraires*.
Nancy,
musée
des Beau x-
Arts, dé
pôt du
Mnam
1
1. Paysage à La Ciotat (La Pointe du Capucin), été 1907. Un espace pictural complètement plat, des formes comme posées les unes sur les autres.
3
CARNET DE ROUTE De fin Juin à fin septembre 1907 : je séjourne avec Braque à la Ciotat 9 juillet 1907 : Braque et moi sommes à Cassis 30 septembre 1907 : je suis à l’Estaque Octobre 1907 : je rentre à Paris PAGE 9
Des demoiselles au bain La même année, Friesz peint Les Baigneuses, parfois intitulé en référence aux de Picasso, peintes également en 1907. On pourrait aussi rapprocher la toile de Friesz du de Matisse ou des de Cézanne.
B. Friesz, Les Baigneuses (ou Les Demoiselles de Marseille), été 1907 Huile sur toile, 115 x 122 cm. Genève, Association des amis du Petit Palais
A. Cézanne, Les Grandes Baigneuses, c. 1906 Huile sur toile, Philadelphie, The Museum of Art.
Attribue chaque phrase à son tableau !
C. Picasso, Les Demoiselles d’Avignon, 1907
1. Le caractère primitif de la femme accroupie, en bas à gauche, a dû influencer Friesz pour ses Baigneuses.
Huile sur toile, New York, The Museum of Modern Art
2. J’ai cherché un rythme au niveau du dessin, dans l’enchaînement des corps. La composition* pyramidale de mon tableau est empruntée à Cézanne. Et mes demoiselles à moi ne sont pas d’Avignon !
D. Matisse, Nu bleu II, 1952 Gouache découpée, Paris, musée national d’Art moderne, Centre Georges Pompidou.
3. J’ai peint plus de 200 toiles et aquarelles sur le thème des baigneurs et baigneuses. Cette œuvre monumentale, peinte entre 1898 et 1905, constitue l’aboutissement. Picasso s’inspirera de l’organisation des corps dans l’espace pour peindre ses Demoiselles d’Avignon. 4. Pour cette toile, j’ai découpé et j’ai collé du papier peint à la gouache. 5. Ces femmes nues aux corps déformés, avec des têtes comme des masques africains, ont énormément choqué mon entourage. PAGE 10
Et maintenant, cap sur Cézanne ! Les fauves ont beaucoup travaillé sur la simplification des formes et le rehaussement des couleurs ; mais ils ne tardent pas à tempérer leurs excès. Ils tentent de renouer avec la peinture traditionnelle. Certains d’entre eux se tournent vers le peintre Cézanne. Après la mort de Cézanne, le 23 octobre 1906, les artistes s’intéressent de plus en plus à son œuvre.
>>>>>>>>>>> Au Salon des Indépendants de 1908, Friesz expose Le Travail à l’Automne. Dans cette œuvre, Friesz s’inspire directement de Cézanne. Un groupe de personnages y est occupé à des travaux divers associés à l’automne.
Le Travail à l’automne, 1907-1908 Huile sur toile, 200,5 x 250 cm. Oslo, Nasjonalmuseet for kunst, arkitektur og design
Compare d’abord ce tableau aux Grandes Baigneuses de Cézanne (page de gauche). La composition* pyramidale du Travail à l’Automne est empruntée à ce tableau.
« Cézanne s’efforce de donner de la solidité aux choses. » Othon Friesz
Mais dans la toile de Friesz, bleu et violet sont réservés aux figures du premier plan, rouge et ocre aux figures du second plan. Dans les Grandes Baigneuses, ce sont les couleurs chaudes* qui sont au premier plan, pour créer une impression de volume et de profondeur. Compare-le ensuite aux paysages de la Ciotat. Est-ce toujours un tableau fauve ? Pourquoi ? Réponse en dernière page PAGE 11
Et le spectacle continue ! À présent, Friesz t’emmène au cirque ! Il s’est glissé sous le chapiteau du cirque Médrano, et, en 1908, a pu réaliser ce tableau :
Cette structure* triangulaire adoptée par les personnages ne te rappelle-t-elle rien ? Tu connais certainement le cirque Médrano. Mais sais-tu qu’il s’appelait à l’origine le cirque Fernando, qu’il s’est appelé Médrano à la fin du XIXe siècle, et qu’il était situé au pied de Montmartre ? Picasso s’est également inspiré du cirque Médrano pour les portraits de saltimbanques et d’arlequins de sa célèbre « période rose » (période marquée par l’utilisation de couleurs douces et de tonalités roses).
Les Acrobates, 1908 Huile sur toile, 134 x 115 cm. Paris, collection Larock-Granoff
Ces funambules disloqués permettent à Friesz d’analyser la forme humaine. Le violet (qui cerne les corps) et le jaune sont des couleurs complémentaires PAGE 12
Avant de peindre ses Acrobates, Friesz a réalisé des études*. Inspire-toi de ces études pour t’entraîner à ton tour ! Les études de Friesz
Pour t’entraîner
Trois études d’acrobates, 1908
La Trapéziste, cirque Médrano, 1908
Crayon, plume à l’encre bleue sur papier. 29,5 x 20,1 cm. Copenhague, Statens Museum for Kunst
Crayon sur papier. 31,1 x 23,4 cm. Copenhague, Statens Museum for Kunst
Pour t’entraîner
<<<<<< Dessine tes acrobates sur la piste du cirque Médrano !
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La vaisselle d’un peintre
Vase, Été, 1908-9 Faïence stannifère, H. 17 cm. Paris, collection Laetitia Malingue
De nombreux artistes fauves ont travaillé avec le maître-céramiste André Metthey. La collaboration de Friesz et de Metthey a dû commencer après le Salon d’Automne de 1907. Friesz peint surtout des nus féminins sur les céramiques préparées par Metthey, des nus parfois tirés des compositions* à figures peintes en 1908. Il place parfois les nus dans des paysages, et les entoure parfois d’éléments végétaux plus ou moins stylisés. Il représente également des animaux.
En haut : Assiette au nu bleu allongé, 1908-1909 Faïence stannifère, Ø 23 cm. Paris, collection Larock-Granoff
Ci-contre Croquis pour des céramiques, 1908-1909 Crayon et aquarelle sur papier, 34 x 32 cm. Paris, collection Larock-Granoff
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Vase, Printemps, 1908-9 Faïence stannifère, H. 17,4 cm. Paris, collection Jérôme Le Blay
Décoration pour une villa à Sainte-Adresse, 1909 Céramique polychrome, éléments de tailles variables. Ville du Havre, musée Malraux
Friesz n’a pas décoré que des vases et des assiettes ; il s’est aussi attaqué à la décoration d’une villa à Sainte-Adresse, près du Havre. Ses céramiques soulignaient le rythme de la façade de la maison. Elles recouvraient les jardinières devant les fenêtres et les balcons. Les motifs décoratifs de ces ornements évoquent l’art antique et ses baigneuses rappellent Les Baigneuses de Cézanne.
Sarcophage Friesz a emprunté à ce sarcophage crétois du XIVe siècle av. J.-C. ses motifs de poissons, d’oiseaux aquatiques et ses éléments végétaux stylisés
<<<<<< Décorations de la villa à Sainte Adresse Décore la villa à Sainte Adresse avec l’œuvre de Friesz et Metthey ! La villa des baigneuses, Sainte-Adresse, vers 1910
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Un petit somme au bord de l’eau Cassis est proche de trois calanques. Voici l’une d’elles :
À toi maintenant de voyager deux ans en arrière ! Reporte-toi à la page 9 de ton livret. Voici Friesz revenu en 1907, dans le midi, pour son premier voyage à La Ciotat. Qu’est-ce qui a changé dans la manière de l’artiste ? Réponse en dernière page
La Calanque d’En Vau, 1912 Huile sur toile. 72,5 x 92 cm. Paris, collection Larock-Granoff
Restitue ces détails dans le tableau !
CARNET DE ROUTE À partir de l’été 1909 : je fais de longs séjours à Cassis, le petit port où j’ai déjà séjourné avec Derain en 1907, situé entre la Ciotat et Marseille. PAGE 16
Tout support est bon à prendre ! Comme presque tous les artistes qui ont participé au fauvisme, Friesz est tenté par la technique de la gravure sur bois. L’artiste grave notamment des œuvres déjà réalisées sur toile. C’est le cas de ce vieux Pêcheur de Cassis. Friesz avait présenté cette toile au salon d’Automne de 1910. La toile n’a pas été retrouvée, mais la version gravée sur bois est certainement bien plus expressive !
Ce pêcheur rappelle certaines figures des tableaux naïfs du peintre Henri Rousseau, que Friesz admire et dont il possède un tableau.
Point de repère
Le Pêcheur de Cassis, vers 1910 Gravure sur bois sur papier. 20,5 x 15,5 cm. Paris, collection David Butcher
Rousseau, Moi-même, Portraitpaysage, 1890, Huile sur toile, Prague, Národni Galerie.
La gravure sur bois : au XVIe siècle, la gravure sur bois devient, avec l’artiste allemand Dürer, un art véritable. Les étapes : 1. Détourer le dessin tracé sur le bois avec un canif. Il apparaît peu à peu en relief. 2. Encrer la surface du bois et humidifier légèrement le papier, pour qu’il retienne mieux l’encre. 3. Presser le bois et le papier. On obtient ainsi une épreuve : l’image, inversée sur le bois, va apparaître à l’endroit sur le papier ! PAGE 17
Mélancolie sur lac gelé Nous voici arrivés à la période de maturité de Friesz, qui ne fait alors plus partie de l’avantgarde*.
Pas chassé, triple saut, petit glissé et double vrille ! Friesz réalise ces Grands patineurs en 1919. Les œuvres qu’il exécute durant ce séjour dans le Jura sont toutes marquées de mélancolie. Les courbes de ces figures en mouvement sont répétées dans les arbres sans feuilles
Les Grands patineurs, 1919 Huile sur toile, 93 x 126. Paris, collection Larock-Granoff
La palette se limite à l’ocre, au gris, au blanc et au bleu >>>>>>>>> Cette femme pourrait représenter l’épouse de l’artiste, en convalescence Reporte-toi à la page 10 de ton livret ; dans Les Baigneuses de Friesz, tu trouvais déjà une figure humaine accroupie dans un angle.
CARNET DE ROUTE 1919-1920 : j’ai accompagné mon épouse, à la santé fragile, dans le Jura, où elle suit un traitement. J’y passe l’hiver en famille. PAGE 18
Et maintenant, à toi de trouver les 7 erreurs qui se sont glissées dans la copie de l’œuvre de Friesz !
A la table d’un artiste Dorés, veloutés, palpables… Ne sont-ils pas appétissants, ces fruits plus vrais que nature ?
Cézanne, Pommes et oranges, entre 1895 et 1900 Huile sur toile, Paris, musée d’Orsay
Point de repère La nature morte : la nature morte est l’un des grands genres* de la peinture de chevalet. Une nature morte est une peinture composée essentiellement d’objets immobiles et inanimés, comme la vaisselle, les fleurs ou les fruits. Les premières natures mortes datent du IIIe-IIe siècle av. J.-C. Au Moyen Âge, les objets figurent dans les œuvres pour leur signification religieuse ; mais ils ne sont plus les seuls sujets d’une peinture, et on ne peut plus parler de « nature morte ». La Table après le dîner, vers 1910-1912 Huile sur toile. 60 x 73 cm. Collection particulière
Friesz sait que ce genre*, qui plaît aux collectionneurs, lui assure une importante activité commerciale. Quels fruits identifies-tu ? Et de quelles couleurs sont-ils ? Et toujours l’influence de Cézanne !… Reconnais-tu cette céramique ? >>>>>>>>>>> Friesz a intégré une de ses œuvres dans le tableau !
La nature morte réapparaît au XVIe siècle, et se développe au XVIIe siècle dans les écoles du Nord (Flandres et Hollande). Elle se propage ensuite en Europe. Le message religieux est toujours présent, mais l’aspect esthétique de la peinture prend beaucoup d’importance. Au XVIIIe siècle, on peint des objets de l’Antiquité romaine et grecque. Au XIXe siècle, la nature morte, qui était un peu méprisée, éveille un nouvel intérêt. Et, au début du XXe siècle, elle permet aux peintres d’expérimenter de nouvelles techniques picturales ; ce sont comme des laboratoires d’expérience. On représente alors des objets simples de la vie courante, sans messages religieux. PAGE 19
Il y en a pour tous les goûts ! Le nu est fréquemment traité par Friesz pendant l’entre deux guerres. L’artiste joue sur les larges effets de matière, travaille sur les carnations. Agrandissements tirés de :
Le grand nu, 1924
Miarka la mulâtresse, 1924
Miarka, nu allongé sur un lit devant un paravent, 1924
Nu sur un canapé noir, 1925
Point de repère Le nu : comme la nature morte, le nu fait partie des genres* picturaux. Les artistes de l’Antiquité voyaient le corps humain nu comme l’image d’une perfection absolue. L’idéal du beau est alors illustré dans la statuaire ; il est resté très important au cours des siècles. Au Moyen Âge, l’influence du christianisme grandit, et l’érotisme du corps nu est alors considéré comme un péché. Des nus ont été représentés quand le sujet biblique choisi pour illustrer des manuscrits ou décorer des églises l’imposait (comme la représentation d’Adam et Ève). La fin du Moyen Âge est marquée par un retour à l’idéal antique. Le corps humain devient alors un modèle pour les artistes. Au XIXe siècle, alors que l’on découvre l’exactitude de la photographie, le corps humain est représenté fidèlement. Au XXe siècle, les artistes ne se sentent plus obligés de représenter la perfection idéale de la nature. En 1907, Picasso marque un tournant en peignant Les Demoiselles d’Avignon : jamais plus le nu ne sera ce qu’il était. PAGE 20
Nu sur un canapé noir, 1925 Huile sur toile. 54 x 65 cm. Paris collection Larock-Granoff
Les genres en folie Observe cette nature morte dans le musée… Les Pommes, 1915 Huile sur toile. 54,5 x 73,5 cm. Copenhague, Statens Museum for Kunst
<<<<<<<<<<<<<<<< 63 64
62
1
61 2 60
3
59
4
57
56
5
58
6
55
… Et une fois chez toi, redonne à ces fruits les couleurs chatoyantes que tu choisiras. Ces couleurs que tu auras choisies seront donc arbitraires* !
7 8
54 9 53
10
52
11
12
51 50
13 49 14 48 15 47 46
45 17
44
>>>>>>>>>>>>>>>> Maintenant, à toi de relier les points de 1 à 64 pour découvrir ce nu académique peint par Friesz en 1924 !
18
43
19
29 42 41 40
Le Grand Nu, 1924 Huile sur toile. 195 x 130 cm. Le Havre, Galerie Éric Baudet
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30
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28 21
31
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38 33
37 36
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Le portrait d’une galeriste : entre tradition et modernité Le portrait est important dans la production de maturité de Friesz. Les impressionnistes prenaient déjà pour modèles leurs familles et amis et peignaient de petits groupes ou des individus seuls, en plein air ou en atelier. Les modèles de Friesz sont également ses proches, comme son épouse, mais aussi des personnalités du monde culturel ou des relations professionnelles. La galeriste Katia Granoff présentera plusieurs expositions Friesz entre 1926 et 1934. S’il veut pouvoir se consacrer à la peinture et vivre de son œuvre, l’artiste a besoin d’être soutenu par un marchand (Druet), d’écrivains (Fleuret) et de critiques (Vauxcelles). Il accepte de signer un contrat avec Katia Granoff, mais il lui refuse l’exclusivité. Portrait de Katia Granoff, 1928 Huile sur toile. 61 x 50 cm. Paris collection Larock-Granoff
À toi d’apporter ta contribution à cette galerie de portraits ! Dans le portrait réalisé par Friesz, le modèle est grave. On dirait un portrait du peintre Velasquez, 300 ans plus tôt : la palette est tout aussi sobre et les traits sont expressifs et renforcés. Mais observe la touche* ! Elle est dynamique, elle rend la facture* de la toile très moderne. Le portrait se rapproche par là de portraits plus modernes, comme l’autoportrait de Jaques Villon, qui se trouve dans les collections du musée Malraux, peint la même année. Alors, Friesz, nostalgique du XVIIe siècle, ou bien ancré dans la modernité ? PAGE 22
Vélasquez, Portrait de l’Infante Marie-Marguerite, fille de Philippe IV, roi d’Espagne (1661-1673)
Villon, Autoportrait, 1928
Huile sur toile, Paris, musée du Louvre.
Huile sur bois. Ville du Havre, musée Malraux.
Bienvenue sous les tropiques ! Aimerais-tu voir les murs de ta chambre couverts d’oiseaux multicolores folâtrant sous d’épais feuillages ? C’est pourtant à peu près ce qu’on a dû demander à Friesz en 1920 ! Comme Friesz, les peintres du début du XXe siècle furent souvent tentés par la peinture décorative. Après avoir collaboré avec le céramiste Metthey, Friesz réalise un ensemble pour l’appartement parisien du vicomte Amédée de Flers. Retrouve la petite souris du musée Malraux cachée dans cette abondante végétation !
Commande du vicomte Amédée de Flers pour la décoration de son appartement, 1920 Huile sur toile. 230 x 950 cm. Paris collection Larock-Granoff
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A tes crayons ! Et pour finir notre voyage, voici ce qui a dû être une commande passée à l’artiste : un paravent orné d’une scène champêtre.
À toi maintenant de créer ton propre paravent avec tous les éléments que tu as pu collecter et reproduire dans ton carnet au cours de ton voyage !
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Paravent, vers 1940 Huile sur toile. 152 x 190 cm. Collection particulière
Glossaire Avant-garde : ce qui est en avance sur son époque et annonce ce qui vient. Composition : la composition est l’organisation des différents éléments qui forment une œuvre. Couleurs arbitraires : ce sont les couleurs choisies par le peintre. Couleur chaude : couleur ou ton à dominante jaune ou orange, qui dégage une impression de chaleur. Couleur froide : teinte à base de bleu et de vert. Ce sont des couleurs qui nous laissent au contraire une sensation de froideur. Empâtement : Couche épaisse de peinture. Il permet d’introduire de la matière dans le tableau et de jouer avec la lumière. Étude : Dessin ou tableau d’essai. Exercice, entraînement de l’artiste. Facture : la facture est l’ensemble des procédés utilisés par l’artiste dans la réalisation d’une œuvre. Genre : un genre est une catégorie de tableaux. Parmi les genres, tu trouves la peinture d’histoire, le portrait, la peinture de genre, la nature morte, le paysage, le nu. Perspective : la perspective est une technique de dessin permettant de donner une impression de profondeur. Structure : organisation des éléments. Touche : chaque coup de pinceau est une touche.
Paysage à l’Automne, La Côte de Grâce, 1906 Huile sur Toile, 105,5 x 116 cm. Norfolk (Virginie), Chrysler Museum of Art, don de Walter P. Chrysler Jr
RÉPONSES AUX QUESTIONS PAGE 8 L’automne : tu n’es pas parvenu à déterminer d’où vient la lumière ? C’est normal : elle n’est plus un élément naturaliste dans le tableau (c’est-à-dire que ce que tu vois n’est pas la lumière naturelle), alors qu’elle l’était dans les œuvres impressionnistes. Elle semble maintenant émaner de chacun des éléments du tableau. L’hiver : Friesz a glissé dans son tableau cette charrette comme unique objet naturaliste, comme par crainte de trop glisser vers l’abstraction ! PAGE 11 Non, car les préoccupations du peintre ne sont plus les arabesques et la couleur, mais la structure* et la forme. La lumière naturelle et les ombres ont refait leur apparition. PAGE 16 En 1909, il a déjà délaissé les arabesques et les tons heurtés, et il cerne ses figures de noir.
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Titre
Carnet de visite jeune public DES CLEFS ET DES JEUX POUR COMPRENDRE L’ŒUVRE DE FRIESZ Ce petit guide à l’usage des jeunes visiteurs peut être utilisé d’une œuvre à l’autre, dans l’ordre ou le désordre, seul ou avec l’aide des adultes. Comme un souvenir de voyage, on pourra le feuilleter de nouveau après la visite, s’attarder, compléter les jeux, dessiner où bon nous semble et réaliser une composition de notre choix.
Othon Friesz, le fauve baroque a été réalisée en collaboration avec La Piscine - musée d’Art et d’Industrie André Diligent à Roubaix et le musée d’Art moderne à Céret. Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et de la Communication / Direction des musées de France. À ce titre elle bénéficie d’un soutien financier exceptionnel de l’État. Exposition organisée par la Ville du Havre avec le concours de la Direction régionale des affaires culturelles de Haute-Normandie, du Conseil régional de Haute-Normandie, du Conseil général de la Seine-Maritime et le soutien exceptionnel du CIC Banque BSD-CIN.
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