Bozar À la découverte du musée
MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE ROUEN
Cet ouvrage est publié par le Service des publics des musées de la Ville de Rouen Il a été conçu et réalisé sous la direction de Laurent Salomé, Directeur des musées de la Ville de Rouen Xavière Perrin, Conservateur en chef du Patrimoine responsable du Service des publics des musées de la Ville de Rouen. Textes, conception des jeux et suivi éditorial Sophie Boubert, Conférencière des musées de la Ville de Rouen Helga Briantais, Conférencière des musées de la Ville de Rouen Nous remercions Jean-Baptiste Deshays dont Le singe peintre nous a inspiré l’idée de Bozar. Chantal Greffine (s.r.), directrice de l’école Beauvoisine, qui a aimablement accepté de relire nos textes. Les enfants des ateliers du mercredi et du stage Planète Vacances qui ont posé pour la page de couverture.
Bonjour, Bienvenue au musée des Beaux-Arts de Rouen. Nous espérons que ce cahier te permettra de prendre plaisir à visiter le musée. Bozar t’accompagnera page après page. Sur chaque double page consacrée à un tableau ou à une sculpture, le texte écrit en gros caractères 1 est à lire devant l’œuvre pour mieux la comprendre. Tu peux également faire les jeux qui te sont proposés.
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Le texte écrit sur un fond de couleur 3 peut-être lu tranquillement à un autre moment.
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Bonne visite ! Bozar, le singe Helga Sophie Xavière PS : ce cahier est à toi ! Tu trouveras, à la fin, des pages pour dessiner et écrire, ainsi qu’un pantin Bozar à découper.
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LE PÉRUGIN Città della Pieve, vers 1448 – Fontignano, 1523
L’ADORATION DES MAGES, LE BAPTÊME DU CHRIST, LA RÉSURRECTION DU CHRIST Huile sur bois (Pérouse, couvent San Pietro, panneaux de prédelle du retable de l’église)
Regarde ces trois petits « tableaux ». La peinture de gauche ressemble aux crèches de Noël que tu as peut-être déjà vues. Les rois mages ont fait un long chemin pour voir l’enfant Jésus. Le Pérugin, un grand artiste italien, les a représentés accompagnés de tout un cortège de serviteurs, comme des princes. Le petit garçon qui retient le cheval est très élégant ; il a une braguette rembourrée et des chausses* : c’est très chic à l’époque du Pérugin. Derrière lui, l’homme en vert porte un chaperon*, à la mode du XVe siècle. La scène du milieu représente le baptême de Jésus-Christ par Jean-Baptiste. Remarque les quatre anges agenouillés, tu en verras souvent dans les tableaux. La peinture de droite nous montre la Résurrection* du Christ. Trois jours après sa mort, Jésus revient à la vie pour toujours. Tout autour, des soldats qui avaient été chargés de garder sa tombe sont profondément endormis et ne s’aperçoivent de rien. Regarde le tombeau ouvert : on dirait un monument romain. Au XVe siècle, les artistes italiens redécouvrent l’Antiquité et s’en inspirent : c’est la Renaissance. Le Pérugin aime les personnages bien dessinés, bien nets. Il les habille de couleurs vives et claires et les installe devant de grands paysages. Regarde attentivement ces paysages. Au premier plan*, la végétation est verte et les contours sont nets. À l’arrière-plan*, le paysage devient bleuté et les contours flous. Le Pérugin utilise ce « truc » pour nous donner une impression de profondeur : c’est une invention de la Renaissance appelée « perspective ». Pierre Puvis de Chavannes, Inter artes et naturam (Entre les arts et la nature), décor pour l’escalier d’honneur du musée des Beaux-arts de Rouen, 1890.
XIXe siècle, Pierre Puvis de Chavannes 6 Au « copie » les paysages du Pérugin !
Attention fragile !
Ces trois petits tableaux décoraient la prédelle* d’un retable* peint par le Pérugin pour l’église d’un couvent de moines entre 1496 et 1498. Ce retable séparait l’espace des moines de celui des fidèles. La mode change : en 1591, les moines démontent leur retable et les tableaux sont séparés.
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Trois de ces tableaux illustrent les mêmes scènes de la vie de Jésus-Christ que celles peintes par Le Pérugin. Lesquelles ? 2
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LES MOTS DIFFICILES Chausses : Pantalons collants de plusieurs couleurs portés par les hommes - Chaperon : Bonnet pointu et enroulé autour de la tête - Résurrection : Trois jours après sa mort sur une croix (Crucifixion), Jésus-Christ ressuscite ; il revient à la vie pour toujours. C’est ce que croient les chrétiens - Premier plan : Ce qui est le plus près de toi, c’est-à-dire ce qui est peint en bas du tableau - Arrière-plan : Ce qui est le plus loin de toi, c’est-à-dire ce qui est peint tout en haut. Prédelle : Partie basse d’un retable habituellement compartimentée en petits tableaux. - Retable : Grand décor fait de colonnes, de sculptures et de peintures et placé dans une église.
RÉPONSES : L’intrus est le n° 1 qui représente La Crucifixion du Christ par John Michael Wright. Le n° 2 (Baptême du Christ, détail d’une icône) ; le n° 3 (Résurrection du Christ de Noël Coypel) ; le n° 4 (Adoration des mages de Jean de Saint-Igny).
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Les œuvres d’art conservées dans les musées sont souvent très anciennes (ce ne sont pas des copies !). Elles sont donc extrêmement fragiles. Regarde ici : la couche de peinture s’est décollée ; on voit le bois par endroits. Et sur les côtés, tu peux observer des trous d’insectes qui ont attaqué le bois autrefois ! Certaines œuvres craignent aussi la lumière, le froid et la chaleur, la sécheresse ou l’humidité, la poussière… cela dépend de chacune d’elle. Fais très attention de ne jamais les toucher, ni les tableaux, ni les sculptures. Sur tes mains, même si elles sont bien propres, il y a toujours quelques microbes, des bactéries. Aucun danger pour toi, mais elles se précipiteraient sur les œuvres d’art pour les grignoter !
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GÉRARD DAVID Oudewater, Flandres, vers 1460 – Bruges, 1523
LA VIERGE ENTRE LES VIERGES Huile sur bois (Bruges, couvent des Carmélites de Sion)
Voilà encore un tableau d’église ! Au centre, la Vierge Marie est représentée en reine du ciel, couronnée et assise sur un trône. Sur ses genoux, l’enfant Jésus joue avec une grappe de raisin. Jésus et Marie sont encadrés par deux anges musiciens. Dix jeunes filles les entourent également ; ce sont des saintes* martyres*. L’histoire de certaines d’entre elles est bien connue. Catherine, une princesse, a été attachée sur une roue et lancée dans une pente. Barbe a été enfermée dans une tour par son père. Des bourreaux ont arraché les yeux de sainte Lucie. Cécile, qui chantait dans son cœur au moment de mourir, est devenue la protectrice des musiciens.
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Chaque sainte est accompagnée d’un symbole (un objet, un animal…) qui rappelle son histoire et permet de la reconnaître. Retrouve l’agneau (agnus en latin) de sainte Agnès, la tour de sainte Barbe, la roue de sainte Catherine et les yeux de sainte Lucie !
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Quels instruments de musique ne sont pas représentés sur ce tableau ? Entoure-les. L’orgue portatif Le rebec Le luth
La guitare
Le piano
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Deux personnages sont un peu à part dans ce tableau… Regarde bien, tout en haut à gauche, le peintre Gérard David a fait son autoportrait*. En face de lui, tout à fait à droite, il a peint le portrait de Cornélia, sa jeune femme ; elle a une coiffe blanche et joint les mains en geste de prière. Gérard David était vraiment fier de son tableau : en 1509, pour fêter son mariage, il l’offre à une communauté de religieuses. Il est sûr ainsi que personne ne l’oubliera !
LE PEINTRE Gérard David est un grand peintre. Il aime peindre les détails : vois comme les tissus, les bijoux sont bien représentés (le père de Cornélia était le chef des orfèvres* de Bruges !). Mais il sait aussi nous montrer l’essentiel : aucun paysage ne vient nous distraire. Le carrelage du sol est le seul décor. Dès que tu es arrivé devant le tableau tu as été obligé de regarder Marie ; tu as su qu’elle était le personnage le plus important ! Elle ressemble à une statue. Elle était encore plus visible autrefois car imagine que sa robe était bleue ! Mais, avec le temps, elle est devenue verte, presque noire.
Comment est fait un ttableau bl ? Avant de peindre son tableau, le peintre choisit et prépare un support fait de bois (ici du chêne) ou de toile, généralement une pièce de tissu en lin tendue sur des baguettes de bois (le châssis). Ce support est recouvert d’une couche de préparation blanche ou colorée, une espèce de colle, qui lisse la surface et permet à la peinture de bien tenir. Le peintre peut alors entamer son véritable travail. Il commence le plus souvent par un dessin appelé esquisse avant de peindre vraiment. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, il prépare lui-même sa peinture en mélangeant de l’huile (le liant) à des poudres colorées (les pigments) obtenues en écrasant des plantes, des fleurs, des pierres et même de petits animaux ! Quand la peinture est terminée, le peintre la recouvre le plus souvent d’une couche de vernis pour la faire sécher plus vite et la protéger ; c’est ce qui rend certains tableaux brillants. Une fois sec, le tableau est enfin encadré.
En 1506, une statue de
6 Michel-Ange, un très
grand artiste italien, arrive à Bruges, la ville où vivait Gérard David. Peut-être s’en est il inspiré pour peindre Marie…
LES MOTS DIFFICILES Saint(e) : Ami(e) de Dieu - Martyre : Il y a très longtemps, il était interdit d’être chrétien. Ceux qui croyaient en Jésus-Christ étaient torturés et mis à mort. - Autoportrait : Portrait d’un peintre, réalisé par lui même - Orfèvre : Artisan travaillant l’or, bijoutier
à gauche : Jean-Baptiste Deshays, Le singe peintre à droite : Antoine Vollon, Le singe du peintre RÉPONSES : Sainte Agnès et son agneau (à ses pieds) sont à gauche de la Vierge. Sainte Barbe est dans la partie droite du tableau ; elle tient un livre ouvert sur ses genoux et sa tour est sur sa coiffure. Catherine, à gauche, porte une robe à traîne et une couronne faite de roues. Tout à droite, sainte Lucie tient ses yeux dans ses mains ! Les intrus sont la guitare et le piano.
Michel-Ange, Vierge à l’enfant dite Madone de Bruges. Bruges, cathédrale Notre-Dame.
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VÉRONÈSE Vérone, 1528 – Venise, 1588
SAINT BARNABÉ GUÉRISSANT LES MALADES Huile sur toile (Vérone, église San Giorgio in Braida)
Ce tableau a été peint pour l’église d’un couvent de moines appelés barnabites. Ils étaient aussi médecins et tenaient un hôpital. Leur nom honore saint Barnabé, un compagnon de l’apôtre* Paul qui après la mort de Jésus-Christ fit de nombreux voyages pour le faire connaître. Le tableau de Véronèse illustre un épisode de la vie de saint Barnabé. On raconte que Barnabé, originaire de Chypre (une île grecque à l’époque), quitta saint Paul pour retourner chez lui. Là, il posait l’évangile* écrit par saint Matthieu sur la tête des malades, priait, et les guérissait. Le tableau te montre la guérison d’un homme handicapé. Ses béquilles sont posées par terre près de lui. Un autre malade attend son tour. La foule se presse pour constater les miracles. Regarde ces hommes coiffés de turbans*, l’enfant noir au premier plan, en bas à gauche. Ils évoquent des pays lointains. Au XVIe siècle, Chypre c’est déjà l’Orient* ! Et puis Venise est un grand port sur la mer Adriatique, où arrivent hommes et marchandises de tout le monde connu ; Véronèse y a sûrement vu des noirs d’Afrique, des Turcs ottomans…
LE PEINTRE Fils d’un tailleur de pierre, Véronèse porte le nom de sa ville natale. Pour apprendre son métier de peintre, il part à Venise. Jeune, intelligent, poli, aimable, il devient l’ami des plus grands personnages de la cité. Il est doué aussi ! Pour tout : les portraits, la peinture d’histoire, la peinture religieuse… En 1566, il a 38 ans et revient chez lui pour se marier. Comme Gérard David l’avait fait cinquante-sept ans plus tôt, il offre l’un de ses tableaux à une église pour fêter l’événement !
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Pour Véronèse, les couleurs sont très importantes. Elles se parlent les unes aux autres, se répondent. L’orange du manteau de saint Barnabé, le bleu de sa tunique, le rose du vêtement du malade se retrouvent en plusieurs endroits. De retour chez toi, avec des crayons, note l’emplacement de ces couleurs.
Bramante, Tempietto. Rome, 1502-1503.
Il y a aussi de grands architectes en
6 Italie. Au tout début du XVIe siècle,
LES MOTS DIFFICILES Apôtre : Les apôtres étaient les premiers compagnons de Jésus-Christ ; ceux qui ont le plus parlé de lui après sa mort pour le faire connaître. - Évangile : L’un des quatre livres du Nouveau Testament qui racontent la vie de Jésus. - Turban : Longue écharpe de tissu enroulée autour de la tête, portée par les hommes en Orient. - Orient : Pays à l’est de l’Europe : Arabie, Inde, Turquie…
RÉPONSES : L’orange du manteau de saint Barnabé se retrouve, à gauche, sur le vêtement d’un homme caché derrière l’homme au turban jaune, et, à droite, dans le vêtement de l’homme soutenant le deuxième malade. On retrouve le bleu de sa tunique dans le vêtement de l’homme soutenant le paralytique du premier plan. Le rose est présent dans le vêtement de l’homme au turban blanc et dans le décolleté de la jeune femme à droite.
Bramante construit à Rome un tempietto (« petit temple » en italien) qui devient vite très célèbre. C’est sans doute ce monument que Véronèse a peint ici. Avec sa forme ronde et ses colonnes, il joue un rôle très important dans le tableau. Les personnages semblent faire une ronde tout autour de lui et saint Barnabé ressemble lui même à une grande colonne.
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PIERRE-PAUL RUBENS Siegen, 1577 – Anvers, 1640
L’ADORATION DES BERGERS Huile sur toile (Aix-la-Chapelle, couvent des Capucins)
Rappelle-toi la première peinture que tu as regardée en arrivant au musée, l’un des trois petits « tableaux » du Pérugin… Ce tableau de Pierre-Paul Rubens nous raconte presque la même histoire. Mais ici, pas de rois mages venus d’Orient : ce sont les bergers qui rendent visite à l’enfant Jésus. La peinture de Rubens est pourtant très différente de celle du Pérugin. Les couleurs sont plus foncées, mais plus chaudes aussi. Il y a beaucoup de rouges, de marrons (une couleur proche de l’orange) alors que les bleus et les verts dominent dans le tableau du Pérugin. Celui de Rubens est aussi beaucoup plus animé. Il est traversé par une grande diagonale qui le coupe en deux ; elle suit de droite à gauche le rayon de lumière sur lequel jouent des angelots*. Le tableau est donc séparé en deux groupes : il y a d’un côté les bergers, et de l’autre Jésus, Marie et Joseph. Seul le geste de la bergère qui offre les œufs dessine comme un pont entre les deux groupes.
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Rubens a peint une véritable ferme du début du XVIIe siècle. Entoure les objets que tu peux voir sur le tableau. Une roue de charrette
Un arrosoir en plastique
Un bidon de lait Un crible
Un panier
(tamis en osier pour séparer les grains de blé de l’écorce)
Une cruche
Un volant de tracteur
Depuis quand existe notre musée ?
LE PEINTRE NTRE Pour Rubens, la peinture ressemble à du théâtre. C’est un grand spectacle coloré ! Ça bouge ! D’ailleurs, Rubens lui aussi bouge beaucoup ! Il vit dans les Flandres*, aujourd’hui en Belgique, mais voyage en Italie, en France, en Espagne et en Angleterre. Il voyage pour son métier de peintre. En Italie, il étudie les tableaux de Véronèse par exemple ; en France, il travaille pour la reine Marie de Médicis. Mais il voyage aussi pour servir la politique du roi d’Espagne ! À la fin de sa vie, il est très célèbre… et très riche !
Le musée des Beaux-Arts de Rouen a eu deux-cent ans en 2001 ! Au XVIIIe siècle ; les artistes veulent admirer les tableaux et les sculptures gardés dans les châteaux. Dès 1774, le roi Louis XVI décide de transformer une partie de son palais du Louvre en musée, mais il n’ouvrira qu’en 1793. En 1789, la Révolution française éclate ; les œuvres d’art conservées dans les églises ou appartenant à des nobles en fuite deviennent biens de la Nation, c’est à dire de tous les Français. À partir de 1794, la France se lance dans des conquêtes. Dans les Flandres (Belgique, Hollande), en Italie, les plus beaux tableaux et les plus belles statues sont enlevés par les armées françaises et envoyés en France. C’est ainsi que le Rubens du musée est arrivé à Rouen. Mais aujourd’hui plus question de profiter d’une guerre pour prendre des tableaux chez les voisins ; c’est interdit ! En 1801, pour accueillir toutes ces œuvres d’art, Bonaparte décide la création de quinze grands musées de province. Le musée de Rouen ouvre ses portes en 1809. En 1880, il déménage dans le bâtiment que tu peux encore admirer aujourd’hui, construit alors tout spécialement à cet effet.
Domenico Piola, Anamorphose d’après La Descente de croix de Rubens.
Rubens est si célèbre qu’il est copié
6 dès le XVIIe siècle. Regarde juste
à côté, tu peux voir une anamorphose… Quel drôle de nom ! Une anamorphose est une image déformée suivant des règles géométriques et qui se reconstitue quand on la regarde dans un miroir. Celle-ci est une copie d’un tableau très célèbre de Rubens, La Descente de croix de la cathédrale d’Anvers.
RÉPONSE : Les objets représentés sur le tableau sont : la roue de charrette, le crible, le panier et la cruche.
LES MOTS DIFFICILES Angelot : Petit ange, enfant joufflu et potelé. - Flandres : Région comprenant la Belgique et le Nord de la France. À l’époque de Rubens, les Flandres appartenaient à l’Espagne !
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DIEGO VELÁZQUEZ Séville, 1599 – Madrid, 1660
DÉMOCRITE Huile sur toile
Voici un tableau peint par le plus grand peintre espagnol du XVIIe siècle. Pendant trente-sept ans, Diego Velázquez a été le peintre préféré du roi Philippe IV d’Espagne. Il l’a représenté plusieurs fois et a fait le portrait de tous ses enfants. L’homme peint ici par Velázquez n’est ni un prince, ni un roi. Observe-le bien : il nous montre des livres et un globe terrestre posés sur une table. Velázquez s’intéressait beaucoup aux sciences ; dans sa bibliothèque, il y avait des livres de mathématiques et d’astronomie expliquant les mouvements du ciel et des planètes. Cet homme au beau col de dentelle est-il un savant ? Peut-être est ce Galilée qui vient de découvrir le mouvement de la terre autour du soleil ? Velázquez l’a peut-être rencontré en Italie. Peut-être est-ce un savant grec, le philosophe antique Démocrite, qui se moque des connaissances de l’homme ? Le peintre a brouillé les pistes : un tableau peut en cacher un autre… Cet homme qui te regarde en riant tenait autrefois un verre de vin rouge, dans sa main droite ! On peut encore le constater à l’aide d’une radiographie. Qui était-il vraiment ? Peutêtre un bouffon* ; Velázquez a fait son portrait et, plus tard, a transformé son tableau.
Sphère terrestre. Fabrique Le Coq de Villeray, 1725. Pierre Chapelle, peintre.
Tu peux aller voir un
6 autre globe terrestre au musée de la Céramique ; il est en faïence et date lui du XVIIIe siècle.
Le globe terrestre est souvent représenté dans la peinture ancienne. Comme dans le tableau de Velázquez, il s’agit parfois d’un instrument scientifique qui symbolise les connaissances humaines. Mais le plus souvent, dans les tableaux religieux, le globe terrestre représente l’univers matériel, le pouvoir de Dieu sur le monde. Parmi tous ces globes, entoure celui ou ceux qui font partie de la première famille … et essaie de retrouver les autres dans le musée !
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LES MOTS DIFFICILES Bouffon : Clown chargé d’amuser le roi. - Restaurations : Les restaurations permettent de nettoyer les œuvres d’art, et même de les soigner lorsqu’elles sont malades. C’est aussi l’occasion de les étudier pour comprendre le travail de l’artiste. Ainsi, les peintures sont souvent radiographiées. Cela permet de voir l’esquisse par exemple. - Repeint : Couche de peinture rajoutée, après que le tableau ait été terminé, pour réparer un accident, changer une couleur, cacher un détail…
Hendrick van Minderhout , Paysage avec l’enlèvement d’Europe François Clouet, Le Bain de Diane
La vie cachée des tableaux Comme le Démocrite de Velázquez qui fut d’abord un bouffon tenant un verre de vin, d’autres tableaux réservent parfois bien des surprises. C’est souvent lors des restaurations* que l’on découvre leurs secrets… Le beau paysage d’Hendrick van Minderhout te raconte l’enlèvement de la princesse Europe. Jupiter, le roi des dieux, était tombé amoureux d’elle. Pour l’approcher et se faire aimer, il se transforma en taureau blanc. La jeune fille, curieuse, s’approcha du bel animal pour le caresser… C’est alors que Jupiter l’emporta sur son dos. Et bien, imagine qu’autrefois cette scène était cachée sous une couche de peinture ! Peut-être un ancien propriétaire avaitil voulu transformer son tableau ? Nous n’en savons rien. Le mystère est parfois encore plus grand… Ainsi, dans la grande peinture de François Clouet représentant Le Bain de Diane, déesse de la lune et de la chasse, une radio a révélé, sous le jeune cavalier, la présence d’un empereur plus âgé. Qui représentait-il ? Enfin, regarde bien, sous les jambes du cheval, tu peux voir un drôle d’animal. Singe, sanglier ? Mystère ! Lui aussi, comme Europe et Jupiter, était dissimulé sous un repeint*. RÉPONSES : Les œuvres de la première famille sont les n° 2 (Jan Davidsz de Heem, Vanité du Savoir. XVIIe s.) et n°3 (Velázquez, Démocrite. XVIIe s.). Les autres sont : 1- Véronèse, Le Christ arrêtant la peste. XVIe s. 4- Philippe de Champaigne, Dieu le Père créant l’univers matériel. XVIIe s. 5- Pierre Mignard, Sainte Famille avec une allégorie de la Rédemption. XVIIe s. 6- Charles de la Fosse, Le Couronnement de la Vierge. XVIIe s.
Que de globes ! Å
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LAURENT DE LA HYRE Paris, 1606 – Paris, 1656
LA DESCENTE DE CROIX Huile sur toile (Rouen, couvent des Capucins) S.D.b.g. : L. de la Hire in. et f. 1655
Prends le temps de regarder attentivement les magnifiques couleurs de ce tableau : rouge, rose, bleu, jaune, orangé, vert… On y trouve les trois couleurs primaires : le bleu de la tunique de l’homme en train de mouiller une éponge à droite, le jaune du manteau de la femme en pleurs à gauche, le rouge du manteau de l’homme coiffé d’un turban oriental au centre. C’est ce rouge vif que tu as vu en arrivant ; le peintre Laurent de La Hyre l’a choisi pour attirer ton attention sur le personnage le plus important du tableau. Ce personnage, peut-être l’as-tu déjà deviné, c’est Jésus. Il est mort cloué sur une croix. Ses amis sont en train de le descendre : ils vont laver son corps et le mettre dans un tombeau. La Hyre nous fait bien comprendre que Jésus est vraiment mort. Regarde la couleur de sa peau. Regarde comme il a l’air lourd ; l’homme sur l’échelle de droite grimace sous l’effort. C’est un moment bien triste, tout semble fini, arrêté, et pourtant… La croix, les échelles qui forment un triangle tirent ton regard vers le haut ; elles te montrent le ciel. Tout espoir n’est pas perdu... Rappelle-toi le dernier petit tableau du Pérugin : Jésus reviendra à la vie trois jours plus tard. Laurent de La Hyre en était certainement persuadé.
C’est quoi un cartel ?
LE PEINTRE TRE Quand il a peint ce tableau pour une église de Rouen, La Hyre était très malade ; il est mort un an plus tard. Alors, pas question pour lui de voyager ! Il a donc réalisé cette grande toile de cinq mètres de haut à Paris, dans son atelier. La peinture a ensuite été transportée jusqu’à Rouen par la Seine, sur une péniche. Laurent de La Hyre, qui avait travaillé pour le roi Louis XIV, était alors l’un des peintres les plus célèbres de France et tout cela a dû coûter très cher ! Tu peux voir, en bas à gauche, le blason* de la noble et riche famille normande qui lui avait commandé ce tableau.
Près de chaque peinture, sculpture ou objet d’art exposé dans le musée, se trouve une étiquette appelée « cartel ». C’est un peu comme une carte d’identité. On y trouve : – le nom de l’artiste (Laurent de La Hyre) – ses dates et lieux de naissance et de mort (Paris, 1606 - id., 1656) – le titre de l’œuvre (La Descente de croix) – la matière (huile sur toile) – la signature de l’artiste, souvent en latin, avec parfois une date (S[igné] D[os] b[as] g[auche] : L. de la Hire in. [a inventé] et f. [a fait ce tableau] 1655 – l’origine de l’œuvre (Rouen, couvent des Capucins) – le numéro d’inventaire (Inv. S.R.30.) Chaque œuvre d’art reçoit un numéro lors de son arrivée au musée. Elle est ensuite inscrite sur un livre appelé cahier d’inventaire. Le numéro d’inventaire donne la date d’arrivée de l’œuvre au musée. Ici, S.R. nous indique que ce tableau faisait partie des tout premiers tableaux choisis par Paris pour le musée des Beaux-Arts de Rouen après sa création. Mais sur le cartel de l’autre tableau de Laurent de La Hyre, Inv. 803.15. signifie qu’il s’agit du quinzième tableau entré au musée en 1803.
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À ton avis parmi ces tableaux, lequel a été peint par Laurent de La Hyre ? 2
LES MOTS DIFFICILES Blason : Image permettant de reconnaître une famille.
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RÉPONSES : Le tableau de La Hyre est le n° 3 ; c’est une Adoration des bergers exposée dans cette même salle. Le premier est L’Orage de Nicolas Poussin, juste à côté ; le second La Visitation du Guerchin, et le quatrième La Caravane de Castiglione.
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PIERRE PUGET Marseille, 1620 – Marseille, 1694
HERCULE TERRASSANT L’HYDRE DE LERNE Pierre (Château du Vaudreuil, Eure)
Enfin une statue ! Admire cet homme, fort et musclé… Il est sur le point d’achever un dragon à plusieurs têtes : quel héros ! Mais oui, bien sûr, voilà Hercule en train de tuer l’Hydre de Lerne. Vois comment Pierre Puget, le sculpteur, a bien su rendre le mouvement d’Hercule en train de prendre son élan. C’est une statue qui bouge ; on a envie de tourner autour. C’est normal, Puget l’a imaginé vers 1660 pour décorer l’entrée du parc d’un château en Normandie. On pouvait donc, en se promenant, la voir de tous les côtés.
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Hercule a perdu ses attributs ; redonne les lui. Mais attention, choisis bien…
Il n’y a que des peintures dans un musée ? Bien sûr que non ! Au musée des Beaux-Arts de Rouen, on trouve aussi : Des meubles anciens
Anicet-Charles-Gabriel Lemonnier, Louis XIV assistant, dans le parc de Versailles, à l’inauguration du Milon de Crotone de Puget, 1819.
Pierre Puget était encore un jeune artiste quand il a sculpté cet Hercule mais sa statue (un vrai chef-d’œuvre !) est vite devenue très célèbre. Et pourtant, elle a disparu pendant près d’un siècle ! Après 1787, plus de nouvelles ! En 1882, on retrouve dans le parc d’un autre château, trente kilomètres plus loin, le corps de notre Hercule cassé en trois morceaux. La tête est cachée, à part, dans un bassin. La statue avait été brisée durant la Révolution française. Une partie de l’Hydre de Lerne, ainsi que les bras et l’épée n’ont jamais été retrouvés.
Une crèche italienne du XVIIIe siècle Des pendules
Des dessins
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Des sculptures, en pierre, en bois ou en bronze
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Regarde bien ces trois statues antiques, Puget s’est inspiré de l’une d’elle pour représenter Hercule. Laquelle ? Voici un indice supplémentaire : le Caravage avait lui aussi « copié » cette statue pour peindre le Christ du tableau que tu peux admirer dans la salle précédente.
Des bijoux
Des instruments de musiques
et la plus ancienne maquette conservée en France
1. Torse d’athlète
Des tapisseries
musée du Louvre
2. Omphale Rouen, musée des Beaux-Arts musée du Louvre
RÉPONSES : Les bons attributs d’Hercule sont la peau de lion, la massue et l’épée qu’il utilise ici pour couper la dernière tête de l’hydre. Puget et Le Caravage se sont inspirés de statues antiques représentant des athlètes, comme le torse du musée du Louvre (n°1).
3. Apollon, dit sauroctone
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HUBERT ROBERT Paris, 1733 – Paris, 1808
VUE DU CHÂTEAU DE LA ROCHE-GUYON Huile sur toile (Rouen, archevêché)
Et voici un paysage ! Peut-être connais-tu cet endroit… Le château de la Roche-Guyon n’est pas loin de Rouen, au bord de la Seine en allant vers Paris. Autrefois ce tableau décorait le grand escalier de l’archevêché* de Rouen. Vers 1774, le cardinal* Dominique de La Rochefoucauld est archevêque* de Rouen. Il demande à Hubert Robert, un peintre très à la mode, de réaliser des tableaux pour décorer son palais. Quatre de ces tableaux sont toujours en place dans la grande salle de réception. Ils représentent des vues de Normandie : Rouen, Le Havre, Dieppe et le château de Gaillon (la « maison de campagne » des archevêques de Rouen !). Ces tableaux étaient comme de grands posters sur les murs ; leurs couleurs claires donnaient l’impression de fenêtres ouvertes vers l’extérieur. Le château de La Roche-Guyon appartenait à la famille du cardinal. Sur le tableau, la vieille dame en train de dessiner est sa cousine, Louise-Elisabeth de La Rochefoucauld, duchesse d’Enville. Près d’elle, c’est le peintre Hubert Robert lui-même qui surveille son travail ! Tu assistes à l’une des séances de « l’Académie sur l’eau de la duchesse », c’est-àdire son cours de dessin en plein air !
Le château de la Roche-Guyon aujourd’hui
« Peindre la nature sur le vif »
L’archevêché de Rouen aujourd’hui François-Hubert Drouais, Portrait du Cardinal de La Rochefoucauld, archevêque de Rouen
LE PEINTRE Comme tous les peintres de son temps, Hubert Robert peignait ses paysages à l’intérieur, dans son atelier ! Mais lui commençait son travail par de nombreuses études d’après nature. Ses paysages rendent ainsi beaucoup mieux les couleurs et les mouvements du ciel et de l’eau que ceux des autres peintres de son époque. Avec un siècle d’avance, il annonce le travail des Impressionnistes !
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Fais comme la duchesse d’Enville ! Toi aussi, dessine en plein air. Dans un jardin, installe-toi devant un bassin et « peints » les reflets dans l’eau. Le ciel, les feuillages lui donnent sa couleur… Tu peux utiliser les pages blanches à la fin du guide
LES MOTS DIFFICILES Archevêché : Maison et lieu de travail de l’archevêque (on parle d’évêché pour un évêque). - Cardinal : Titre donné à certains évêques ou archevêques. Aujourd’hui, les cardinaux élisent le pape. - Archevêque : L’archevêque, ou l’évêque, est responsable des chrétiens d’un territoire géographique appelé « diocèse ». Il siège à la cathédrale, l’église commune à tous. - Sanguine : La sanguine est fabriquée à partir d’une terre très riche en oxyde de fer (la rouille). Elle a donc une couleur rouge-orangé. On l’utilise sous forme de petits bâtons. - Encre : L’encre de Chine est la plus connue. Mais les peintres utilisent aussi la sépia, de l’encre de seiche. - Gouache : C’est la peinture à l’eau que tu utilises à la maison !
Bien évidemment, les peintres ont toujours observé la nature attentivement. Mais jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, ils se contentent généralement de dessiner en plein air. Ils travaillent au crayon, à la sanguine*, à l’encre*. Comme Rubens au début du XVIIe siècle, de nombreux peintres continuent d’aller étudier l’art en Italie. Ils veulent connaître les monuments et les sculptures de l’Antiquité romaine… Mais, à leur arrivée, ils découvrent des paysages tout ensoleillés : c’est l’émerveillement ! Ils veulent « peindre la nature sur le vif». En 1754, Hubert Robert part pour l’Italie. Il y restera dix ans ! Il devient pensionnaire (élève) de l’Académie de France à Rome. Le peintre Charles-Joseph Natoire, qui en est le directeur, s’intéresse beaucoup au paysage. À la belle saison, ses jeunes élèves partent donc en excursion dans la campagne romaine. Hubert Robert, son ami Fragonard, et tous leurs camarades, installent leur atelier en plein air. Ils ne veulent plus seulement dessiner mais peindre ! Ils utilisent de l’aquarelle, une peinture à l’eau très transparente qui rend bien la lumière. Cette habitude se généralise chez les Français et les Anglais à partir des années 1780. Les peintres travaillent aussi à la gouache*, et réalisent également des esquisses à l’huile sur papier. Il faut travailler très rapidement avant que la lumière ne change. Mais ces travaux de plein air ne sont considérés que comme des exercices. Seuls les touristes les achètent parfois ; ce sont des souvenirs de voyage, comme des cartes postales aujourd’hui. De retour en France, les peintres se servent de leurs travaux de plein air comme de modèles pour faire de grands tableaux. Ils les utilisent également pour illustrer des livres racontant leur voyage en Italie. Mais dans ce cas, ils recopient soigneusement leurs esquisses ! C’est seulement à partir des années 1830 que quelques artistes utilisent une toile pour peindre en plein air. Le travail exécuté directement d’après nature devient une vraie création. Le peintre n’aura bientôt plus besoin de recomposer le paysage dans son atelier. Mais, ceci est une autre histoire…
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J. AUGUSTE-DOMINIQUE INGRES Montauban, 1780 – Paris, 1867
PORTRAIT DE MADAME AYMON, DITE « LA BELLE ZÉLIE » Huile sur toile, 1806
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Qui est Madame Aymon ? Nous ne savons rien sur son identité si ce n’est qu’elle porte un surnom « La Belle Zélie » en souvenir peutêtre d’une chanson à la mode, à l’époque. Parmi ces yeux, trouve ceux qui appartiennent à la « Belle Zélie» 1 2 3
En peinture comme en sculpture, le portrait est la représentation d’une personne réelle. Tu en as vu un autre exemple avec le tableau de Gérard David. Madame Aymon est ici représentée à mi-corps*. Son buste est tourné de troisquarts*. Son visage de face s’inscrit dans un ovale parfait et ses yeux écartés nous fixent du regard. Les lignes courbes construisent le portrait de Madame Aymon jusque dans sa coiffure : son front est orné d’accroche-cœurs. Son châle rouge qui couvre ses épaules contraste avec le bleu du ciel et met en valeur ses cheveux et ses yeux noirs. Les couleurs posées par touches sont liées à la surface de la toile et donnent à la peinture un aspect de « porcelaine ». Selon les règles suivies à cette époque, on ne doit pas voir la trace du pinceau pour mieux apprécier l’ensemble du tableau. Le relief des formes, le volume des joues, du nez, des arcades sourcilières, du cou, des seins sont rendus par les couleurs. C’est ce que l’on appelle un modelé*. Ne trouves-tu pas que ce portrait ressemble à une photographie ? Mais observe le mouvement du cou, celui-ci est volontairement exagéré pour mettre en valeur le visage de cette jeune femme. Cette liberté encore discrète dans le traitement du sujet ouvre la voie à de nouvelles recherches.
LE PEINTRE Enfant, Jean-Auguste-Dominique Ingres reçoit ses premières leçons de dessin et de violon de son père qui souhaite le voir devenir musicien. C’est pourtant en tant que peintre qu’il se fait connaître. Comme la plupart des peintres français de son époque, Ingres suit des études classiques. À dix-sept ans, il entre dans l’atelier du célèbre peintre Jacques-Louis David à Paris, avant de rejoindre la classe de son maître à l’école des Beaux-Arts. Quelques années plus tard, il réalise son rêve et obtient le premier grand prix de Rome* de peinture. Mais avant de quitter la France pour l’Italie, il peint plusieurs portraits dont celui de Madame Aymon, dite la Belle Zélie. Jean-Auguste-Dominique Ingres a vingt-six ans.
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Essaie de placer les yeux, le nez, la bouche, les oreilles et les cheveux dans cet ovale proche de la forme choisie par Ingres pour représenter la tête de Madame Aymon. Que remarques-tu ? Les yeux sont-ils placés dans la partie supérieure de l’ovale ou au milieu ? Places les oreilles par rapport aux yeux et au nez.
LES MOTS DIFFICILES À mi-corps : Jusqu’à la taille. - De trois-quart : Entre face et profil. - Modelé : Rendu du volume par le posé des couleurs. - Grand Prix de Rome : Élève de l’École des Beaux-Arts de Paris qui a obtenu le premier grand prix. Il est envoyé à Rome pour copier les nombreux témoignages de l’Antiquité et de la Renaissance. Il doit aussi envoyer à Paris des peintures destinées à prouver l’importance de ses progrès.
Néoclassicisme À la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, JacquesLouis David est le représentant le plus célèbre d’une tendance artistique inspirée de l’antiquité classique que l’on a appelée le néo-classicisme. Ce grand peintre d’histoire transmet à Ingres comme à l’ensemble de ses élèves sa science du dessin, de la composition, son sens de la beauté des formes et du modelé*. Jacques-Louis David rêvait de devenir peintre. Après plusieurs essais, il obtient le premier Prix de Rome* et part pour l’Italie. Sur place, il découvre les merveilles de la Rome antique et les peintres de la Renaissance. De retour en France cinq ans plus tard, toute sa carrière sera liée aux événements de l’histoire. Peintre de la Révolution (Le serment du jeu de Paume 1790-1791, Marat assassiné 1793). Il devient ensuite celui de l’empereur Napoléon Ier (Le sacre 1805-1807). Resté fidèle à l’empereur malgré sa chute, il s’exile en Belgique. Il ouvre un atelier à Bruxelles où il meurt quelques années plus tard, à l’âge de soixantedix-sept ans.
RÉPONSES : 1. Jean-Auguste-Dominique Ingres Portrait de Madame Aymon, dite « la Belle Zélie » 2. François de Troy Anne-Marie de Bosmelet, Duchesse de la Force 3. ClaudeMarie Dubufe Portrait de Madame Rampal, comtesse de Grigneuseville. Les yeux sont placés au milieu de l’ovale de la tête.
Avoir un violon d’Ingres est une expression employée encore aujourd’hui lorsqu’on a une occupation différente, en complément de son activité principale, comme ce fut le cas pour le peintre JeanAuguste-Dominique Ingres.
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EUGÈNE DELACROIX Charenton-Saint-Maurice, 1798 – Paris, 1863
LA JUSTICE DE TRAJAN Huile sur toile, 1840
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La composition s’organise autour des deux principaux personnages situés sur une oblique qui traverse l’ensemble du tableau. Relie les personnages et trouve ainsi la diagonale à partir de laquelle se répartissent ombre, lumière, couleurs et mouvement. Remarque comme l’armée romaine semble bruyante et agitée autour de son chef. Derrière lui, l’un d’eux sonne du cor. Regarde cet instrument à vent dont les pavillons se terminent par deux têtes monstrueuses.
Tu es ici dans la salle où sont exposés les plus grands tableaux du musée. Parmi ces tableaux se trouve une peinture d’Eugène Delacroix qui ne manque pas d’allure et de mouvement ! En bas, à gauche, une femme se précipite pour réclamer justice : son enfant vient d’être tué au passage de l’armée. L’empereur romain Trajan retient son cheval et promet de réparer les torts causés par son propre fils. Si tu t’approches du tableau, tu peux remarquer que l’intensité du mouvement d’ensemble est obtenue grâce à des coups de pinceaux énergiques. On a souvent opposé le style de Delacroix à celui d’Ingres (rappelle-toi La Belle Zélie). Ces deux peintres sont contemporains*. Ils ont deux manières différentes mais tout aussi importantes de traiter la couleur. Regarde plus en détail la robe du cheval de l’empereur Trajan : Delacroix fabrique ses couleurs en mêlant les touches sur la toile, ce qu’il appelait le « flochetage ». Ingres, lui, prépare sur la palette les teintes exactes qu’il va poser sur la toile. Par sa technique, Eugène Delacroix échappe aux règles rigoureuses de la peinture classique. Il est l’un des principaux représentants du romantisme.
C’est quoi le romantisme ?
Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple (1830)
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Parmi les œuvres célèbres d’Eugène Delacroix, tu peux voir au musée du Louvre La Mort de Sardanapale, Le Massacre de Scio ou encore La Liberté guidant le peuple.
Delacroix trouve le sujet de son tableau dans un long poème nommé La Divine Comédie composé il y a sept cents ans environ par un écrivain italien du nom de Dante Alighieri.
Il y a deux cents ans, un mouvement artistique, littéraire et musical appelé le romantisme apparaît en Angleterre, en Allemagne et en France. Eugène Delacroix en peinture, Victor Hugo en littérature, en sont les représentants français les plus célèbres. En peinture, les sujets pris dans la littérature voisinent avec les événements les plus contemporains : Eugène Delacroix La Liberté guidant le Peuple (1830), Théodore Géricault Le Radeau de la Méduse (1819). Les peintres romantiques choisissent des sujets émouvants où les sentiments, les passions(la douleur, la folie, le courage) sont exprimés par la recherche du mouvement, les traces laissées par le pinceau, le jeu des ombres et des lumières et la richesse des couleurs. Le tableau La Justice de Trajan n’est-il pas l’exemple parfait d’une peinture romantique ?
Théodore Géricault, Officier des Chasseurs de la Garde impériale chargeant (1812).
LES MOTS DIFFICILES Contemporain : Vivant à la même époque.
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CLAUDE MONET Paris, 1840 – Giverny, 1926
PORTAIL DE LA CATHÉDRALE DE ROUEN, TEMPS GRIS Huile sur toile, 1894
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Le musée de Rouen possède plusieurs tableaux de Claude Monet qui montrent une préférence pour les thèmes de plein air, que ce soit la campagne, le bord de l’eau ou la ville. Avant de commencer sa série des « cathédrales », le peintre s’installe sur la colline Sainte-Catherine pour réaliser un panorama de la ville de Rouen. Dans ces salles, peux-tu retrouver ce tableau ?
Quel drôle de temps pour peindre ! Le ciel est gris et une légère brume enveloppe la cathédrale atténuant son imposante présence. C’est pourtant ce moment précis que choisit Claude Monet pour prendre ses pinceaux et travailler. Installé au-dessus d’un magasin au 81 de la rue Grand Pont, il choisit son angle de vue. Il peint la façade principale de la Cathédrale de Rouen, une partie de la Tour SaintRomain, à gauche et quelques immeubles aujourd’hui disparus. Mais au fait, quelle est la couleur dominante dans ce tableau ? Si tu observes de près cette peinture, tu remarqueras les traces du pinceau visibles sur la toile. Les formes semblent se dissoudre dans une pâte épaisse et rugueuse. Lorsque tu te recules, les taches colorées s’organisent pour redonner forme et volume à la cathédrale. Et comme par enchantement, le sujet du tableau apparaît plus nettement.
Claude Monet peint la cathédrale et ne se lasse pas de la représenter au point d’en faire une série de trente tableaux dont vingt-huit sont consacrées à la façade. Si aujourd’hui le travail de la série ne nous surprend plus, à l’époque du peintre, c’était une idée tout à fait nouvelle. Pourquoi reprendre autant de fois le même sujet ? As-tu remarqué lorsque tu te promènes à quel point la lumière change tout au long de la journée, un matin de brouillard ou une après-midi ensoleillée. Ces impressions, Claude Monet a voulu les traduire par la couleur, tous ces moments de la journée où la cathédrale change d’aspect par le simple jeu de la lumière.
LE PEINTRE Pourquoi Rouen ? Pourquoi la Normandie ? Claude Monet aime la région pour son climat si changeant. Il a passé son enfance et son adolescence au Havre. Une dizaine d’années avant de peindre sa série des « cathédrales », il s’installe aux portes de la Normandie, à Giverny, dans une maison qu’il restaure et dont il aménage le jardin avec son célèbre bassin aux nymphéas (nénuphars). C’est enfin à Rouen qu’il retrouve régulièrement son frère Léon Monet et son ami mécène François Depeaux.
LES MOTS DIFFICILES Couleur dominante : couleur principale d’un tableau
C’est quoi l’impressionnisme ? Claude Monet a trente-quatre ans lorsqu’il expose en 1874 un tableau Impression, soleil levant qui donne, sous la plume d’un journaliste présent à cette première exposition, son nom au groupe des « impressionnistes ». Grâce à l’invention de la peinture en tube, les peintres exécutent leurs tableaux « sur le motif ». Ils sont fascinés par le jeu changeant de la lumière et nous font partager leurs impressions par la couleur.
RÉPONSE : Il s’agit du tableau Vue générale de Rouen dans les tons rose et orange.
Claude Monet, Impression, soleil levant, 1873, Paris, musée Marmottan
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ALFRED SISLEY Paris, 1839 – Moret-sur-Loing, 1899
LE SENTIER AU BORD DE L’EAU À SAHURS, LE SOIR Huile sur toile, 1894
En 1894, alors que Claude Monet termine et date l’ensemble des cathédrales, Alfred Sisley s’installe durant l’été dans la propriété du célèbre collectionneur François Depeaux au Mesnil-Esnard, près de Rouen. Peintre de paysages, Alfred Sisley ramène de son séjour ce tableau réalisé sur les bords de la Seine, à Sahurs. Dans cette œuvre, l’organisation des formes et des couleurs que l’on appelle la composition, est simple et bien équilibrée. Elle est fermée à droite par la présence verticale des arbres et ouverte, à gauche, sur le fleuve et ses rives dont on pourrait tracer les lignes au-delà de la toile. La peinture est épaisse et forme par endroits d’importants reliefs qu’on appelle des empâtements. C’est le cas par exemple lorsque Sisley utilise du blanc pour indiquer les jeux de reflets sur la Seine. Remarque comme la facture* change selon les différentes parties du tableau : les touches sont en virgule lorsqu’elles représentent le feuillage des arbres et les buissons agités par le vent, elles sont horizontales pour évoquer la surface de l’eau ou bien arrondies pour indiquer la présence des nuages.
Les bords de Seine à Sahurs, aujourd’hui
LE PEINTRE Sais-tu qu’Alfred Sisley et Claude Monet se sont rencontrés à Paris et sont devenus de bons amis ? Ils ont même fondé ensemble le groupe des « impressionnistes » avec d’autres peintres tout aussi célèbres, comme Auguste Renoir, Paul Cézanne ou Camille Pissarro. Sept autres tableaux d’Alfred Sisley qui appartenaient à la collection de son ami, mécène* et protecteur, François Depeaux sont exposés au musée. Pourrais-tu les retrouver ?
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Peux-tu retrouver et tracer les principales lignes de construction du tableau ? Ces lignes délimitent les différentes formes qui composent le paysage. Pour t’aider, une ligne a déjà été tracée.
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Regarde à présent le feuillage des arbres de droite, les couleurs sont variées. Il y a surtout du vert foncé, du vert clair, quelques taches de rouge, un peu de rose et le bleu du ciel qui semble apparaître de temps à autre. Les deux couleurs chaudes, le rouge et le rose, sont présentes pour aviver et donner un effet « papillonnant » au feuillage. Voici les trois couleurs primaires : bleu, jaune, rouge. Mais au fait, sais-tu quelle est la couleur complémentaire du vert ? Entoure les deux couleurs qui, mélangées, donnent du vert. La couleur qui reste seule est la complémentaire du vert.
Qui est François Depeaux ? François Depeaux est un industriel rouennais qui a constitué une importante collection de peintures impressionnistes dont ce tableau faisait partie. À cette époque, ses choix sont particulièrement audacieux. En 1909, il y a près d’un siècle, François Depeaux a décidé de faire don de ses tableaux au musée des Beaux-Arts de Rouen. Les peintures exposées dans ces quatre salles font parties, pour la plupart, de sa collection.
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LES MOTS DIFFICILES Facture : manière dont le peintre pose sa peinture sur le support. – Mécène : personne généreuse qui aide les artistes.
RÉPONSES : Les deux personnages se trouvent à la rencontre des principales lignes du tableau, sur le chemin de halage. La couleur complémentaire du vert est le rouge. Le titre du tableau de Sisley presque symétrique, s’appelle La Seine à la Bouille, coup de vent. Les touches sont obliques.
Un autre tableau de Sisley dont la composition est très proche, mais inversée, est exposé dans cette salle. Peint sur la rive d’en face, les arbres sont à gauche, la Seine à droite. Quel est son titre ? Vois-tu d’autres différences ? Le temps est-il le même ? Regarde attentivement le ciel. Les touches de bleu sont posées très régulièrement : à la verticale, à l’horizontale ou à l’oblique ?
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AMEDEO MODIGLIANI Livourne, 1884 – Paris, 1920
PORTRAIT DE PAUL ALEXANDRE Huile sur toile, 1913
Un homme dans son costume noir, cravate noire et faux col blanc est peint au centre de la toile. Il est représenté à mi-corps, de face, la main droite au niveau du cœur. C’est Paul Alexandre, un ami du peintre. Modigliani ne copie pas la réalité, il joue avec elle. Il choisit ses formes, ses couleurs, les organise sur la toile. Ce style* est nourri d’expériences, ce qu’il a observé autour de lui, chez d’autres artistes (Paul Cézanne, Pablo Picasso, Brancusi), ce qu’il a vu dans différents musées. C’est ainsi que Modigliani, comme de nombreux artistes à cette époque, s’intéresse aux formes simples et géométriques de l’art africain et de la sculpture grecque de l’Antiquité.
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Dans son tableau, deux fois plus haut que large, la tête allongée devient une forme simple, les traits du visage sont des signes géométriques : les oreilles sont en demi-cercle, la barbe est un triangle. Retrouve d’autres formes triangulaires dans ce portrait. Les nombreuses lignes courbes qui construisent ce personnage silencieux s’opposent aux lignes droites de la verrière qui se trouvent derrière lui : cette différence s’appelle un contraste. Il existe des contrastes de formes (un rond, un carré), de lignes (une courbe, une droite), de couleurs (bleu, rouge). As-tu remarqué ce qu’il tient entre ses doigts signifiés par deux petits traits bleus ?
Masque à l’oiseau, Yaouré, début du XXe siècle, musée du Louvre, exposition d’art premier.
Tête de figure féminine, art grec des Cyclades, entre 2500 et 2000 av. JC. musée du Louvre.
LE PEINTRE À vingt-deux ans, Amedeo Modigliani quitte l’Italie, son pays natal et s’installe à Paris. Un an plus tard, en 1907, l’année où Pablo Picasso peint Les demoiselles d’Avignon, il fait la connaissance de Paul Alexandre. Ce jeune médecin accueille ses amis artistes dans sa maison, leur offre de quoi se loger et travailler, organise des soirées poétiques oétiques et musicales. Fasciné par son talent, t, Paul Alexandre achète à Amedeo Modigliani liani des dessins et des tableaux. Il devient son on ami et son premier commanditaire*. Aussii comment ne pas faire, en retour, son portrait ! Le tableau terminé, Modigliani l’offre re à Paul Alexandre. Quel portrait étonnant ant !
La donation Alexandre Blaise et Philippe, les deux fils aînés de Paul Alexandre ont donné au musée des BeauxArts de Rouen, en 1989, deux peintures : le portrait de leur père Paul Alexandre devant un vitrage de 1913 et le portrait de leur grand-père peint quatre ans plus tôt : Jean-Baptiste Alexandre au crucifix. En 2001, Blaise et Noël Alexandre, le frère cadet, ont complété ce don par la donation d’un important ensemble de dessins. Quel bel hommage à Paul Alexandre, qui aimait beaucoup le musée de Rouen.
Dans cette salle consacrée à Amedeo Modigliani, tu peux voir les deux tableaux et un choix de dessins qui appartenaient à la famille Alexandre.
RÉPONSE : une cigarette
LES MOTS DIFFICILES Commanditaire : une personne qui commande une œuvre et qui paie un artiste pour un travail demandé. - Style : manière de s’exprimer avec des lignes, des formes et des couleurs.
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MARCEL DUCHAMP Blainville, 1887 – New York, 1968
BOÎTE Série F (1966), une édition de la Boîte-en-valise
L’année 1913 est une date très importante pour Marcel Duchamp. Il abandonne crayons et pinceaux pour remettre en question ce qu’on appelle l’art. Il réalise ainsi son premier ready-made* pour lequel il choisit d’associer deux objets « tout faits» : une roue de bicyclette fixée sur un tabouret de cuisine. Il nomme l’œuvre tout simplement Roue de bicyclette. Marcel Duchamp choisit des objets à usage quotidien, fabriqués en série, qui, présentés dans un musée, deviennent œuvre d’art. Cette décision aura d’importantes conséquences pour l’art de notre époque. À partir de 1914, il décide de conserver dans une boîte la reproduction de ses œuvres préférées. L’idée fait son chemin et des années plus tard il réalise le projet d’une Boîte-en-valise, véritable musée en réduction. En pleine seconde guerre mondiale, il propose à la vente les premiers exemplaires. Dans cette période difficile, alors que la France est occupée par l’armée allemande, Marcel Duchamp obtient un laissez-passer de « marchand de fromages » pour faire passer en zone libre ses boîtes en pièces détachées. En 1942, lorsqu’il part aux États-Unis, il reprend la construction des Boîtes-en-valise. La première série terminée, de nouvelles éditions vont suivre sous le nom de Boîte comme celle du musée des Beaux-Arts de Rouen.
LE PEINTRE C’est à Blainville-Crevon, près de Rouen que grandissent les six enfants de la famille Duchamp. Quatre d’entre-eux vont être attirés par l’art. Tu as pu voir dans les dernières salles des tableaux de Jacques Villon et des sculptures de Raymond Duchamp-Villon, ses frères aînés. Dès son adolescence, Marcel Duchamp dessine et peint en s’inspirant des différentes tendances artistiques au tournant du XXe siècle. D’abord impressionniste, influencé par Claude Monet qu’il admire beaucoup, il devient fauve*, cubiste* et futuriste* !
Portrait du Docteur Ferdinand Tribout (1910) : Marcel Duchamp peint le portrait de son ami Ferdinand Tribout, jeune étudiant en médecine. La peinture d’Henri Matisse et sa façon très libre d’utiliser la couleur l’intéressent. Il s’en inspire. Nu descendant l’escalier (1912) : Marcel Duchamp peint comme les images d’un dessin animé, les différents mouvements de ce personnage descendant un escalier. Marcel Duchamp a vingt-cinq ans. Il quitte la peinture pour une autre aventure.
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Parmi cette liste de Ready-made, replace au bon endroit par des flèches, ceux exposés dans la Boîte.
6 In advance of the broken arm (En prévision du bras cassé), (1915) : une pelle à neige. ___________________ 6 Fountain (Fontaine), (1917) : urinoir. ______________ 6 …Pliant… de voyage (1917) : un étui de machine à écrire. __________________________________________ 6 Roue de bicyclette (1913). _______________________ 6 Porte-bouteilles (1914). _________________________ 6 50cl air de Paris (1919), ampoule-récipient en verre. __ 6 Trébuchet (1917), portemanteau en bois et métal fixé au sol. _______________________________________ 6 À bruit secret (1916), pelote de ficelle entre deux plaques de laiton noir. _____________________________ 6 Peigne ou « 3 ou 4 gouttes de hauteur n’ont rien à faire avec la sauvagerie » (1916), peigne pour chien. ___
LES MOTS DIFFICILES Ready-made : Objet tout fait. - Fauve : Mouvement pictural utilisant des à plats de couleurs pures. Cubiste : Mouvement pictural essayant de montrer plusieurs facettes d’un même objet à la fois. Futuriste : Étude du mouvement, comme celui d’une machine.
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RAYMOND DUCHAMP-VILLON Damville, 1876 – Cannes, 1918
LE CHEVAL MAJEUR Plâtre, modèle d’atelier, 1,50 m, 1914
Avant de quitter le musée, arrête-toi devant cette sculpture tout à fait étonnante. Elle est l’œuvre de Raymond Duchamp-Villon, le frère de Marcel Duchamp dont tu as pu voir dans la pièce précédente une édition de la Boîte-en-valise. Le cheval est une des œuvres les plus importantes de Duchamp-Villon qu’il réalise quelques mois avant de partir à la guerre, en 1914. Il meurt en 1918 des suites d’une grave maladie attrapée sur les champs de bataille ; trop tôt pour voir son œuvre achevée, lui qui souhaitait voir son cheval devenir une sculpture monumentale, exposée en plein air. Ce sont ses frères, Jacques Villon et Marcel Duchamp qui réaliseront ce qui était resté à l’état de projet : l’agrandissement et la fonte en bronze ou en acier de sa sculpture en plâtre de 1914. Te voici devant l’agrandissement du cheval en plâtre*, réalisé en 1966, et nommé Cheval Majeur par Marcel Duchamp. Cette sculpture servira de modèle pour la fonte de plusieurs versions. Un exemplaire en bronze se trouve à la Préfecture de Rouen (ancien Hôtel Dieu).
LE SCULPTEUR Étudiant en médecine avant vant de devenir sculpteur, il est également bon cavalier. Amateur de polo (un sport dans lequel des cavaliers poussent ussent une boule en bois avec un maillet dans le camp p adverse) Raymond DuchamphampVillon réalise des croquis is pris sur le vif* du chevall et son cavalier en mouvement. ement.
Animal ou machine ? Après les premières recherches et un travail de simplification, Le Cheval se « mécanise » : ses jambes avant deviennent deux bielles, les formes aux lignes droites et aux arêtes vives vers le bas, s’arrondissent vers le haut. Cet animal-machine qui s’élance représente pour Duchamp Villon le mouvement et le rythme de la vie moderne.
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Retrouve ces quelques détails de la sculpture qui permettent de reconnaître le cheval.
La nnaissance d’une œuvre d’un 1. Cheval et cavalier premier état dit Le Cavalier penché, 1914, bronze, 22,1 x 16,8 x11,2 cm Rouen, musée des Beaux-Arts
2. Le Cheval « Modello » 1914, plâtre, 6,7 x 3,5 x 8 cm Rouen, musée des Beaux-Arts
Une sculpture en plâtre...
3. Le Cheval 1914, plâtre, 44 x 42 x 24 cm Grenoble, musée de Grenoble
Le plâtre est une pierre calcaire chauffée et réduite en poudre à laquelle on ajoute de l’eau pour former un liquide. Versé dans un moule, il prend la forme et se solidifie en séchant. Les sculptures de plâtre sont souvent fragiles, une armature métallique cachée à l’intérieur du plâtre renforce le matériau. La sculpture en plâtre peut servir pour fabriquer des modèles de moules en creux et permettre la fonte de 4. Le Grand Cheval sculptures en métal (bronze, acier). 1914, plâtre 1954, 101 x 55 x 95 cm Paris, musée national d’Art moderne
5. Le Cheval majeur 1917, bronze à patine noire Susse fondeur, 1976 150 x 97 x 153 cm Paris, musée national d’Art moderne
RÉPONSE PONSE Le sabot, abot, la tête et la crinière
LES MOTS DIFFICILES Une sculpture en plâtre… Le plâtre est une pierre calcaire chauffée et réduite en poudre à laquelle on ajoute de l’eau pour former un liquide. Versé dans un moule, il prend la forme et se solidifie en séchant. Les sculptures de plâtre sont souvent fragiles, une armature métallique cachée à l’intérieur du plâtre renforce le matériau. La sculpture en plâtre peut servir pour fabriquer des modèles de moules en creux et permettre la fonte de sculptures en métal (bronze, acier). - Croquis pris sur le vif : dessin rapide réalisé devant le sujet.
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C'était quand ? 1492 : Christophe Colomb découvre l’Amérique. C’est la fin du Moyen-Age… vive la Renaissance !
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1509 : Gérard David
1566 : Véronèse
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1497 : Le Pérugin 1
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1715 : mort du roi Louis XIV
1789 : Révolution française. En route vers la révolution ìndustrielle
1770 : Hubert Robert
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1914-1918 : première guerre mondiale
1939-1945 seconde guerre mondiale
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1966 : Marcel Duchamp
1913 : Modigliani 1900
1914 : Raymond Duchamp-Villon 14
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Toi, aujourd'hui ! Colle ta photo ou dessine ton portrait.
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1610 : À la mort du roi Henri IV, son fils Louis XIII devient roi († 1643). Début des temps modernes.
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1630 : Vélàzquez
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1619 : Pierre-Paul Rubens
1660 : Pierre Puget
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1806 : Ingres
1840 : Delacroix
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1894 : Monet
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1894 : Sisley
C'était où ?
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15 < USA
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Toi aussi , tu peux dessinerâ&#x20AC;Ś comme la duchesse dâ&#x20AC;&#x2122;Enville (voir page 19)
ou prendre des notes… Fais ton musée portatif, comme Marcel Duchamp (voir page 30) et rassemble des reproductions de ce que tu as vu dans le musée.
Conception graphique et mise en page Xavier Grandguillot (L’ATELIER de communication) Illustrations Fabrice Houdry et Olivier Bouquet (Y’a rien à la télé) Photographie des œuvres des musées de la Ville de Rouen Catherine Lancien Carole Loisel Commandes photographiques Catherine Régnault, Assistante de conservation Photogravure 4 images Impression PPS imprimerie Crédit photographique Les œuvres des musées de la Ville de Rouen ont été photographiées par Catherine Lancien et Carole Loisel. Elisabeth Bernard (p. 9 : Bramante, Tempietto. Rome) / Henri et Christiane Decaëns (p. 18 : Château de la Roche-Guyon. p. 19 : Archevêché de Rouen). / Giraudon-Bridgeman (p. 7 : Michel Ange, Madone de Bruges. Bruges, cathédrale Notre-Dame). / Xavier Grandguillot (couverture, p. 26 : Bord de la Seine à Sahurs). / François Lasgi, directeur de l’École régionale des Beaux-Arts de Rouen (p. 25 : Frise des cathédrales de Monet). / Musée des Beaux-Arts de Grenoble (p. 33 : Raymond Duchamp-Villon, Cheval. 1914. Grenoble, musée des Beaux- Arts). / RMN (p. 17 : Apollon Sauroctone. Musée du Louvre. Torse du type du Diadumène. IIe s. apr. JC. Musée du Louvre. p. 23 : Eugène Delacroix, La Liberté guidant le peuple. Musée du Louvre. p. 25 : Hervé Lewandowski, Claude Monet. Paris, musée d’Orsay. p. 29 : Tête de figure féminine. Cycladique ancien II. Musée du Louvre. Masque à l’oiseau. Yaouré, début du XXe s. Musée du Louvre, exposition d’arts premiers. p.33 : Raymond Duchamp-Villon, Grand cheval. 1914. Paris, Musée national d’art moderne. Raymond Duchamp-Villon, Cheval Majeur. 1914. Paris, Musée national d’art moderne. Raymond DuchampVillon, Étude pour le cheval. 1913-1914. Paris, Musée national d’art moderne).
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Toi aussi découpe et monte ton pantin «Bozar» Avant de le découper, tu peux le coller sur un carton. Tu auras besoin de 9 «attaches parisiennes» pour l’animer.
Le musée est encore un lieu intimidant. Ce guide à l’usage des jeunes visiteurs et des adultes qui les accompagnent, voudrait leur faciliter l’approche des œuvres et leur permettre de partager ce plaisir. Ce sont les questions pertinentes que les jeunes visiteurs posent souvent aux conférenciers lors d’une visite organisée dans le cadre scolaire qui, soigneusement notées, ont formé la trame de ce parcours-découverte. Le temps n’est pas compté : on peut venir et revenir, choisir une œuvre et puis une autre, faire enfin ses propres découvertes. Quinze œuvres ont été choisies. C’est peu au regard de l’importance de la collection du musée des Beaux-Arts de Rouen. Mais c’est une première invitation à regarder, à observer, à contempler librement peintures et sculptures. Explications et jeux renforcent la priorité donnée à l’image. Ce guide souhaite être utilisé devant l’œuvre, mais certains textes peuvent également être lus après la visite. Bienvenue dans cette grande aventure qu’est la découverte d’un musée.
PRIX : 7¤ ISBN 2-901431-32-1 9782901431329