MusDep_Dieux32p

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198, rue Beauvoisine 76000 Rouen Tél. 02 35 98 55 10 Fax 02 32 76 31 70 musee-des-antiquites@cg76.fr ACCÈS Stationnement : place du Boulingrin, ais parking de l’Hôtel de Ville, parking du Palais Gare SNCF : 10 minutes à pied ied Métro station Beauvoisine : 2 minutes à pied

Images des dieux romains DU MUSÉE DES ANTIQUITÉS

OUVERTURE Tous les jours sauf le mardi Fermeture annuelle : 1er janvier, 1er mai, 1er et 11 novembre, 25 décembre Librairie, bibliothèque, aides à la visite, jardin accessible au public.

Après « Images de Noël au Moyen Âge » et « Images de Pâques au Moyen Âge et au début de la Renaissance », la série des petits guides du musée départemental des Antiquités se poursuit du côté de l’Antiquité romaine avec « Images des dieux romains ». Ce nouveau fascicule, en prenant appui sur les collections gallo-romaines du musée, vient apporter une aide à la lecture de toutes ces images des dieux romains, en lien avec les textes antiques qui racontent leurs aventures.

Les dieux parmi les hommes L’omniprésence des dieux romains

page 2

Place et rôle des images des dieux

page 4

Les dieux du panthéon classique et leur mythologie Les dieux olympiens majeurs

page 7

Les héros et autres dieux

page 19

Une nouvelle forme de religiosité

page 25

Glossaire Bibliographie

page 31 page 33

Les termes suivis d’un astérisque* dans le texte renvoient au glossaire en fin d’ouvrage.


Plan de situation des Ĺ“uvres dĂŠcrites 10 â–

10bis : autres reprĂŠsentations de Mercure. 11 â–

MJCSBJSJF

12 â–

-FT HBMFSJFT HBMMP SPNBJOFT C

FOUSšF C C C C C C

Statuette en bronze de Mercure debout, Rouen, place des Carmes ; Ier-IIe s. (p. 9)

NPTBÂżRVF

C C

Statuette en bronze d’Hercule au repos, Lillebonne ; Ier-IIe s. (p. 19) 12bis : autres reprÊsentations d’Hercule.

C C C C C C

CaducĂŠe en bronze, Rouen, place de la cathĂŠdrale ; IIe-IIIe s. (p. 11)

C

13 â–

Deux appliques en bronze en forme de buste de Silène, Epinay (Seine-Maritime) ; IIe-IIIe s. (p. 27)

14 â–

Statuette en bronze de Dioscure, provenance inconnue ; Ier s. ap. J.-C. (p. 22)

15 â–

Statuette en bronze d’Attis, provenance inconnue ; IIe s. (p. 29)

16 â–

Stèle en calcaire reprÊsentant Sol ou HÊlios, Lillebonne ; IIIe s. (p. 30)

17 â–

Statuette en bronze de Jupiter trĂ´nant, Rouen (fouilles du tunnel Saint-Herbland) ; Ier s. ap. J.-C. (p. 7)

18 â–

Statuette en bronze de Mars, Rouen (fouilles du tunnel Saint-Herbland) ; fin IIe - dĂŠbut IIIe s. (p. 12) 18bis : autres reprĂŠsentations de Mars.

Les galeries gallo-romaines

19 â–

Statuette en bronze de Dieu Lare, Rouen (fouilles du tunnel Saint-Herbland) ; fin Ier s. ap, J.-C. (p. 23)

20 â–

Objet en bronze de fonction inconnue (marteau de porte ?) dÊcorÊ d’une tête de MÊduse, Rouen, place de la cathÊdrale ; IIe-IIIe s. (p. 18)

1 â–

MosaĂŻque de la forĂŞt de Brotonne reprĂŠsentant OrphĂŠe ; fin IIe - dĂŠbut IIIe s. (p. 21)

21 â–

Autel en calcaire dÊcorÊ d’une reprÊsentation de VÊnus, Liffremont (Seine-Maritime) ; IIe s. (p. 4)

2 â–

Colonne ornĂŠe de symboles bachiques, Rouen, place de la Pucelle ; IIe s. (p. 5)

22 â–

Plaque en verre bleu, Bacchus et Ariane, provenance inconnue ; Ier s. ap. J.-C. (p. 6)

2bis : autres exemples d’objets dÊcorÊs de symboles bachiques.

23 â–

3 â–

MosaĂŻque de Lillebonne, Diane ; fin IIIe - dĂŠbut IVe s. (p. 3)

Statuette en bronze de Jupiter en majestĂŠ, provenance inconnue ; Ier-IIIe s. (p. 8)

4 â–

Tambour de colonne dÊcorÊ d’un masque de satyre, Lillebonne ; fin IIe - dÊbut IIIe s. (p. 28)

24 â–

Statuette en bronze de la Fortune, provenance inconnue ; Ier-IIe s. (p. 24)

5 â–

Pan, Bacchus et deux bacchantes, relief en calcaire, Lillebonne ; IIe-IIIe s. (p. 25)

24bis : autre reprĂŠsentation de la Fortune. 25 â–

5bis : autre reprĂŠsentation de Bacchus. 6 â–

7 â–

8 â–

CĂŠramique sigillĂŠe dĂŠcorĂŠe de petits Amours, Vatteville-la-Rue ; IIIe s. (p. 16)

25bis : autres reprĂŠsentations de Minerve. 26 â–

Statuette en terre cuite blanche d’une dĂŠesse-mère, Rouen ; IIe-IIIe s. (p. 6)

Statuette en bronze de VĂŠnus, provenance inconnue ; Ier-IIe s. (p. 15) 26bis : autres reprĂŠsentations de VĂŠnus.

7bis : autres reprÊsentations de dÊesses-mères.

27 â–

Tête de bronze dite  tête d’Apollon , Lillebonne ; IIe-IIIe s. (p. 5)

Intaille en agate bleue reprĂŠsentant Minerve, La Haye-Malherbe (Seine-Maritime) ; IIIe s. (p. 18).

28 â–

Intaille en agate bleue reprĂŠsentant Mars, Rouen, place de la cathĂŠdrale ; dĂŠbut IIIe s. (p. 13)

29 â–

Denier avec une reprĂŠsentation de VĂŠnus ; ĂŠpoque rĂŠpublicaine. (p. 14)

8bis : autre reprĂŠsentation d’Apollon. 9 â–

Statuette en bronze de Minerve, provenance inconnue ; IIe-IIIe s. (p. 17)

Statuette en bronze de Mercure assis, Epinay près de Neuchâtel (Seine-Maritime) ; fin du IIe s. (p. 10)

Bibliographie indicative Dictionnaires et ouvrages de rĂŠfĂŠrences : – Aghion (I.), Barbillon (C.), Lissarrague (F.), HĂŠros et dieux de l’antiquitĂŠ, guide iconographique, Paris, 1994. – Grimal (P.), Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Paris, 1994. – Howatson (M.C.) dir., Dictionnaire de l’AntiquitĂŠ, Paris, 1993. – Vernant (J.P.), L’univers, les dieux, les hommes, Paris, 2002. Sur la religion romaine : – Lehmann (Y.) dir., Religions de l’AntiquitĂŠ, Paris, 1999. – Scheid (J.), La religion des Romains, Paris, 1998. – Turcan (R.) Rome et ses dieux, Paris, 1998. – Van Andringa (W.), La religion en Gaule romaine. PiĂŠtĂŠ et politique (Ier - IIIe s. ap. J.-C.), Paris, 2002. Pour aller plus loin‌ – Sur les bronzes figurĂŠs romains en Gaule : Boucher (S.), Recherches sur les bronzes figurĂŠs de Gaule prĂŠ-romaine et romaine, École Française de Rome, 1976. – Sur l’interprĂŠtation d’images religieuses a priori obscures et sur Dionysos : Sauron (G.) La grande fresque de la Villa des Mystères Ă PompĂŠi, Paris, 1998.

Images des dieux romains du musĂŠe des AntiquitĂŠs Texte Ambroise Lassalle, Conservateur du Patrimoine Jean-Michel Poinsotte (pour les textes antiques), Professeur honoraire de latin Ă l’UniversitĂŠ de Normandie Photos Yohann Deslandes, MusĂŠes dĂŠpartementaux de la Seine-Maritime Ce fascicule a ĂŠtĂŠ publiĂŠ avec le soutien de la Direction RĂŠgionale des Affaires Culturelles de Haute-Normandie. LĂŠgendes : En couverture (de haut en bas): TĂŞte de MĂŠduse (page 18), Sol ou HĂŠlios (page 30), Mercure assis (page 10). En dernière : Intaille en agate bleue dĂŠcorĂŠe d’une reprĂŠsentation de Mars (page 13), Attis (page 29). Conception graphique et rĂŠalisation : mĂŠdianes conseil & L’ATELIER de communication Š DĂŠpartement de Seine-Maritme. MusĂŠe dĂŠpartemental des AntiquitĂŠs - Rouen, 2005 ISBN 2-902093-49-7


198, rue Beauvoisine 76000 Rouen Tél. 02 35 98 55 10 Fax 02 32 76 31 70 musee-des-antiquites@cg76.fr ACCÈS Stationnement : place du Boulingrin, ais parking de l’Hôtel de Ville, parking du Palais Gare SNCF : 10 minutes à pied ied Métro station Beauvoisine : 2 minutes à pied

Images des dieux romains DU MUSÉE DES ANTIQUITÉS

OUVERTURE Tous les jours sauf le mardi Fermeture annuelle : 1er janvier, 1er mai, 1er et 11 novembre, 25 décembre Librairie, bibliothèque, aides à la visite, jardin accessible au public.

Après « Images de Noël au Moyen Âge » et « Images de Pâques au Moyen Âge et au début de la Renaissance », la série des petits guides du musée départemental des Antiquités se poursuit du côté de l’Antiquité romaine avec « Images des dieux romains ». Ce nouveau fascicule, en prenant appui sur les collections gallo-romaines du musée, vient apporter une aide à la lecture de toutes ces images des dieux romains, en lien avec les textes antiques qui racontent leurs aventures.

Les dieux parmi les hommes L’omniprésence des dieux romains

page 2

Place et rôle des images des dieux

page 4

Les dieux du panthéon classique et leur mythologie Les dieux olympiens majeurs

page 7

Les héros et autres dieux

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Une nouvelle forme de religiosité

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Glossaire Bibliographie

page 31 page 33

Les termes suivis d’un astérisque* dans le texte renvoient au glossaire en fin d’ouvrage.


Les dieux parmi les hommes L’omniprésence des dieux romains Afin de mieux appréhender la place que tenaient les dieux dans le monde romain, il est important de bien comprendre comment les Anciens concevaient leurs relations avec eux. Pour évoquer ce qui touche au religieux, les Romains utilisaient, parmi de nombreux mots, le terme religio, difficile à traduire en français. Il évoque d’une part la communauté des hommes avec les dieux, de l’autre le système d’obligations induit par cette communauté. Ce mot ne désigne pas un lien sentimental, direct et personnel de l’individu avec une divinité, mais un ensemble de règles formelles et objectives, léguées par la tradition. C’est dans le cadre de ces règles que l’homme entre en relation avec les dieux. Et c’est avant tout au sein de la cité, structure politique essentielle dans le monde romain, que sont définies ces règles. En effet, les dieux aident les individus d’abord en tant que membres d’une communauté, et ensuite comme individus et en marge des affaires communautaires. « Tout acte communautaire comporte donc un aspect religieux et tout acte religieux possède un aspect communautaire » (J. Scheid, La religion des Romains, p. 22). Cette idée permet de mieux comprendre l’omniprésence des dieux dans la vie quotidienne. En effet, ces derniers sont appelés comme protecteurs de tous les actes des hommes, et notamment des actes publics. Pour s’assurer cette protection, chaque homme membre de la cité doit « cultiver » de manière correcte les relations « sociales » avec les dieux, c’est-à-dire célébrer les rites qu’impliquent 2


Fig. 1 : Détail de la mosaïque de Lillebonne découverte en 1870 ; scène de cérémonie religieuse autour d’une statue en bronze de Diane ; fin IIIe-début IVe s. Inv. R.90.59. Voir plan n°3.

les liens entre les hommes et les dieux. Ces rites majeurs sont : les sacrifices d’animaux (bœufs, moutons, cochons, etc.), les offrandes et libations*, les prières et vœux, et la divination*. Celui qui réalise tous ces rites selon les règles entretient ainsi la « paix avec les dieux » (pax deorum). La mosaïque de Lillebonne (fig. 1) nous offre un bel exemple de rituel religieux : à gauche de la statue de Diane, le prêtre en tunique jaune prépare sur l’autel devant lui un petit bûcher où sera brûlé de l’encens ; il est assisté par deux aides, celui de droite tient une oenochoé* et une patère* pour faire une libation*. À côté de ces rites et formes de croyances très officiels, chaque individu pouvait entretenir une relation privilégiée avec telle ou telle divinité, manifestée par des signes de dévotion personnelle plus marqués. Une telle dévotion n’était pas gênante pour la religion officielle de la cité, tant qu’elle ne tournait pas à la superstitio. Au sens traditionnel, ce mot désigne le comportement de celui qui craint les dieux de manière excessive parce qu’il les croit mauvais, jaloux et tyranniques. Cette crainte le pousse à de « mauvais » comportements, et notamment à une servilité destinée à s’attirer la bienveillance des dieux. Le juste comportement consiste au contraire à considérer que les dieux sont 3


bons et qu’ils respectent les règles religieuses de la cité. Ainsi, tant qu’ils ne sont pas gravement offensés, ils ne sont pas censés se venger sur les mortels. Ils honorent ainsi ce pacte mutuel de respect et d’assistance que, d’après l’opinion commune, ils ont conclu avec Rome.

Place et role des images des dieux ■

Fig. 2 : Vénus, autel en calcaire décoré d’une représentation de dieu sur chacune de ses faces, découvert à Liffremont (Seine-Maritime) ; IIe s. Inv. 1105. Voir plan n° 21.

4

Les dieux romains sont donc fréquemment invoqués et honorés au cours de la vie quotidienne. La foule de ces dieux est matériellement présente aux yeux des Romains dans un certain nombre de lieux, publics et privés, qui leur sont consacrés. Les artistes et artisans romains ont ainsi produit différents types d’images adaptées à leur fonction et au lieu où elles étaient présentées. Les images les plus monumentales sont celles qui sont exposées dans les espaces publics (temples, forums*, basiliques*). Dans les temples et sanctuaires, la statue du dieu joue un rôle essentiel dans le sens où elle manifeste sa présence en ce lieu, elle fait de ce sanctuaire la maison du dieu. Mais en Gaule romaine, ces représentations ont rarement survécu directement jusqu’à nous. Les sanctuaires étaient également peuplés de nombreuses représentations de dieux, de taille plus ou moins imposante, données en offrande par des particuliers désireux de manifester leur piété. De même, dans les espaces publics civils (forum*, basiliques*), il y avait toujours un espace consacré aux dieux protecteurs où figuraient une ou plusieurs de leurs représentations. Quelques œuvres du musée des Antiquités se rapprochent de ce


Fig. 3 : Tête de bronze dite « tête d’Apollon », découverte à Lillebonne en 1846 ; IIe-IIIe s. Inv. 621. Voir plan n° 9.

Fig. 4 : Colonne en calcaire ornée de symboles bachiques (masques, flûtes de pan), découverte à Rouen, place de la pucelle ; IIe s. Inv. R.91.191. Voir plan n° 2.

type d’image : le relief représentant Vénus sur l’autel aux quatre dieux (fig. 2) ; la tête en bronze dite d’Apollon (fig. 3) (il s’agissait peut-être de la tête d’une statue d’un dieu, mais l’identification avec Apollon reste très hypothétique étant donné le caractère lacunaire de la pièce). On a également retrouvé en Seine-Maritime une statue exceptionnelle qui relève de ce type d’image : l’Apollon de Lillebonne ; cette statue en bronze doré aujourd’hui conservée au Louvre était probablement une statue de culte ou une offrande. S’il est vrai que très peu de ces images ont survécu jusqu’à nous, on en a des représentations transposées, indirectes : les statuettes en bronze. Ces statuettes étaient généralement utilisées dans le domaine privé, pour la dévotion personnelle. Elles étaient souvent le résultat d’une transposition à plus petite échelle des grandes statues des dieux, notamment des modèles créés par les artistes grecs et admirés par les Romains. Les représentations de dieux antiques nous sont également parvenues sous une autre forme : à travers le répertoire décoratif*. Dès l’Antiquité, les images des dieux et de leurs épisodes mythologiques ont été utilisées pour orner le cadre de vie, sous forme de mosaïques et de peintures murales, d’appliques métalliques ou de décors architecturaux (fig. 4). Mais il ne faut pas séparer trop fortement les images de dévotion des images de dieux appartenant au répertoire décoratif*, étant donné la forte imprégnation du religieux dans la vie quotidienne : si ces images de dieux ont une forte valeur décorative, elles gardent une valeur religieuse certaine aux yeux de leurs utilisateurs. 5


Les dieux du panthéon classique et leur mythologie Le panthéon* des dieux romains est bien connu. Il rassemble une quinzaine de divinités considérées comme les dieux essentiels de la religion romaine. Pour leurs fonctions principales et leur mythologie, ils sont issus en grande majorité du panthéon grec, bien qu’ils aient des noms spécifiquement romains. Ce phénomène d’assimilation et d’identification des dieux romains aux dieux grecs est une question complexe qui prend ses racines dans les périodes reculées de l’histoire romaine, notamment par le biais de la civilisation étrusque. Cette influence n’a pas empêché le peuple romain de se construire une mythologie propre, étroitement liée à l’histoire de sa cité. Au final, les divinités romaines apparaissent comme le résultat original d’un mélange de différentes influences. D’autre part, il est intéressant de constater que ce panthéon romain a été adopté assez rapidement par la majorité des peuples qui ont été soumis par Rome. Ceci s’explique surtout grâce au phénomène de l’« interprétation » ou interpretatio romana : pour les Anciens, chaque divinité existait indépendamment du nom et de la forme que chaque peuple lui donnait ; on pouvait donc établir facilement des équivalences entre les dieux de tel peuple et ceux de tel autre. C’est pourquoi on retrouve globalement les mêmes divinités dans l’ensemble de l’empire romain, représentées avec les mêmes attributs. D’autres enfin conservent leur spécificité indigène (par exemple Epona ou Cernunnos, divinités gauloises), mais le musée des Antiquités ne possède aucune représentation de ce type, excepté les déesses-mères (fig. 5). On remarque aussi que certaines divinités sont ■ plus en faveur dans certaines régions que Fig. 5 : Déesse-mère, statuette en terre cuite dans d’autres. A ce sujet, la popularité de blanche, découverte à Mercure en Gaule est bien connue. C’est ce e e Rouen ; II -III s. que montre le fameux passage de la Guerre Inv. R.91.10. Voir plan n° 7. des Gaules de César :

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« Le dieu qu’ils honorent le plus est Mercure : ses statues sont les plus nombreuses, ils le considèrent comme l’inventeur de tous les arts, il est pour eux le dieu qui indique la route à suivre, qui guide le voyageur, il est celui qui est le plus capable de faire gagner de l’argent et de protéger le commerce. » La Guerre des Gaules, livre VI, § 17 (traduction L.-A. Constans).

Les dieux olympiens majeurs

Fig. 6 : Jupiter trônant, statuette en bronze découverte à Rouen, dans le laraire des fouilles du tunnel Saint-Herbland ; Ier s. ap. J.-C. Inv. D.92.8.4 a. Voir plan n° 17.

Jupiter Jupiter (Zeus pour les Grecs), roi de l’Olympe*, représente l’autorité suprême parmi tous les dieux olympiens. Il est devenu roi parce qu’il a osé s’opposer à son père Cronos (ou Saturne pour les Romains). En effet, celui-ci craignait d’être détrôné par ses enfants et les dévorait dès leur naissance. Jupiter et ses frères et sœurs ont donc combattu et vaincu Cronos et les Titans, ils ont ainsi formé la première génération des dieux olympiens. Jupiter est une puissance céleste, le maître de la foudre, de la pluie et des orages. C’est lui qui fait régner l’ordre et la justice sur l’Olympe* et sur terre.

« Les Géants prétendirent à la conquête du royaume céleste, entassant montagnes sur montagnes jusqu’à la hauteur des astres. Alors le maître tout-puissant, lançant la foudre, fracassa l’Olympe et renversa Pélion du sommet d’Ossa qui lui servait de piédestal. » Ovide, Les Métamorphoses (I, 152) 7


« Quand le maître des dieux, fils de Saturne, vit du haut de sa demeure ce spectacle, il en gémit et (…) il en conçoit une violente colère, et convoque l’assemblée des dieux. Tous sans retard se rendent à son appel. (…) Dès que les dieux eurent pris place à l’écart dans leur salle de marbre, Jupiter qui les dominait de sa place, appuyé sur son sceptre d’ivoire, secoua à trois et quatre reprises cette chevelure qui répand l’effroi, et dont les mouvements ébranlèrent la terre, la mer et les astres. » Métamorphoses (I, 177) (traduction J. Chamonard)

Fig. 7 : Jupiter en majesté, statuette en bronze de provenance inconnue ; Ier-IIIe s. Inv. 193.16. Voir plan n° 23.

8

La statuette en bronze de Jupiter assis (fig. 6), unnel retrouvée à Rouen lors des fouilles du tunnel actéSaint-Herbland présente toutes les caractére et ristiques du dieu : avec sa large carrure sa forte musculature, mise en valeur par le outedrapé qui entoure sa poitrine, c’est la toutevant. puissance du dieu qui est mise en avant. Son visage présente des traits d’une blesse grande finesse qui illustrent la noblesse de ce dieu souverain, tandis que sa chenie lui velure abondante et sa barbe fournie confèrent une forte autorité. Jupiter est ici figuré assis sur un trône massif à large dossier et au décor assez sobre. Cette représentation du roi des dieux nous renvoie directement à un type iconographique fameux dans l’Antiquité qui tire son origine de la statue chryséléphantine* de Zeus réalisée par le sculpteur Phidias pour le temple d’Olympie vers 430 av. J.C. Ce type s’est ensuite transmis à Rome sous les traits de la statue de culte du temple de Jupiter Capitolin. Alors que cette statuette a été découverte avec une série d’autres statuettes (de Mars, Mercure, un dieu Lare et une Victoire) qui pouvaient constituer un laraire, Jupiter est le seul dieu à être représenté assis : c’est une autre manière de faire apparaître son statut de souverain. Le détail du tabouret où le dieu repose ses pieds vient renforcer l’idée qu’il s’agit plus que d’un simple siège mais d’un véritable trône royal. Jupiter est également accompagné d’un aigle qui le symbolise traditionnellement. Il réunit en effet deux dimensions qui définissent parfaitement ce dieu : le ciel et la souveraineté. L’aigle, roi des cieux, est l’image même de Jupiter. Le trône et l’aigle ne sont pas les seuls attri-


Fig. 8 : Mercure debout, statuette en bronze découverte à Rouen, place des Carmes ; Ier-IIe s. Inv. 788. Voir plan n° 10.

buts de Jupiter. La statuette en bronze de Jupiter en majesté (fig. 7) le représente debout, le bras droit le lo long du corps, la main tenant le foudre, tandis que le bras gauche replié est couvert par u une chlamyde* qui descend de l’épaule. Ce ty type semble être imité d’une œuvre du Ve sièc siècle grec, et attribuable peutêtre à Myron (o (on connaît quelques copies de l’original perd perdu, conservées à Palerme et fou Cherchel). Le foudre, l’attribut le plus courant de Jupiter, symbol symbolise le contrôle que ce dernier exerce sur les élé éléments célestes : il manifeste clairement que le roi des dieux peut à tout moment faire tom tomber la foudre sur celui ou celle qui l’aura of offensé. Il est également coiffé d’une couronne de feuilles. Cet attribut renvoie directement aux souverains de l’époque hellénistique*, ssuccesseurs d’Alexandre le Grand, qui ont lles premiers adopté cet objet comme symbol symbole de leur pouvoir royal. À l’époque romaine romaine, la couronne de laurier était portée principalem principalement par les chefs militaires qui rentraient à Rome en triomphateurs. Il s’agit donc d’un symbole royal ou d’un signe de victoire qui correspond tout à fait à l’image que véhicule Jupiter.

Mercure Mercure (Hermès pour les Grecs) est le messager des dieux et notamment le messager de Jupiter. Par extension, il est devenu le dieu de la circulation et de l’échange. Il protège particulièrement les commerçants et les voyageurs, et apparaît comme celui qui distribue les richesses. Son rôle de passeur s’applique aussi au monde des morts : il est celui qui accompagne les morts vers l’au-delà. Il est réputé pour son habileté, son inventivité et sa ruse. Tout jeune déjà, il réusCommodien, évêque chrétien du IIIe siècle, dénigre Mercure sit à dérober les troupeaux d’Apollon. en ces termes : « Votre Mercure est dépeint avec son boursicaut, Des ailes au casque et aux pieds, et tout le reste nu : soit ! Je vois là un miracle : un dieu qui vole avec son escarcelle ! Courez, les traîne-misère, le giron tendu, là où vole ce grand dieu, Pour qu’il y répande son gousset : et vous, dès ce moment-là, tenez-vous prêts ! Levez les yeux vers le dieu peint, puisqu’il va sur vous de là-haut Faire pleuvoir ses sous ; et vous, dansez alors d’un cœur léger ! (…) » Commodien I, 9 (traduction J.-M. Poinsotte) 9


Fig. 9 : Mercure assis, statuette découverte à Epinay près de Neuchâtel (Seine-Maritime) en 1842 ; fin du IIe s. Inv. 589.3. Voir plan n° 9.

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C’est sous les traits d’un tout jeune homme qu’est représenté le Mercure retrouvé sur la place des Carmes à Rouen (fig. 8). Comparé à Jupiter, sa stature est plus proche de celle d’un enfant : ses jambes semblent plus courtes, son corps plus menu. C’est bien à un simple messager auquel nous avons affaire ici, un jeune homme capable de se déplacer rapidement. Le vêtement court qu’il porte, une chlamyde* qui descend jusqu’au genou, est tout à fait adapté à l’activité du dieu car il le laisse libre de ses mouvements. On remarquera avec quelle habileté l’artiste qui a réalisé cette statuette a su évoquer le volume du corps du dieu sous son vêtement. Le ventre et la poitrine qui transparaissent ainsi sont loin d’être aussi musclés que ceux de Jupiter. Il est en outre doté d’un attribut qui lui est tout à fait caractéristique : les deux petites ailes qui lui sortent des cheveux. Qu’elles soient fixées sur son pétase*, sur ses sandales, ou directement dans sa chevelure, ces ailes sont le meilleur moyen d’exprimer visuellement la rapidité du dieu. Ce type de figuration des ailes (fixées directement dans les cheveux) apparaît surtout en Gaule et jamais sur les figurines qui ont été retrouvées en Italie. Le dieu tient dans sa main droite un petit sac dont on distingue trois points de couture : il s’agit d’une bourse remplie de pièces de monnaies. Elle symbolise les gains que procure le commerce, et en même temps la fortune que peut apporter Mercure si on l’honore correctement. On ne connaît pas de type statuaire grec qui pourrait être à l’origine de cette représentation, mais la finesse du modelé et du traitement du drapé nous incitent à croire que cette image se rattache à un type grec. Le musée des BeauxArts de Lyon possède d’ailleurs une statuette provenant de Grèce (inv. E 408.9)


Fig. 10 : Caducée en bronze découvert à Rouen, place de la cathédrale, en 1980. Inv. D.91.5.10. Voir plan n° 11.

proche du Mercure de la place des Carmes par sa posture et ses attributs (elle ne possède cependant pas d’ailes dans les cheveux). C’est à Epinay (commune de Sainte-Beuveen-Rivière, près de Neufchâtel-en-Bray) qu’a été découverte en 1842 la statuette du Mercure assis (fig. 9). D’après le témoignage de l’inventeur, elle se trouvait « près d’une muraille antique où étaient pratiquées des niches laraires » (Cochet, La Seine-Inférieure historique et archéologique, époque gauloise, romaine et franque, 1866, p. 517). Si le dieu a ici une carrure nettement plus large que dans l’image précédente, il est encore figuré sous les traits d’un homme jeune (il ne porte pas de barbe). La tradition d’une telle figuration de Mercure au repos, assis sur un rocher, remonte sans doute à l’œuvre que réalisa Lysippe au IVe s. av. J.-C., un Hermès assis déjà fameux dans l’antiquité (on en a retrouvé une copie probable dans la Villa des Papyri à Herculanum). Mercure est ici bien reconnaissable avec son pétase* ailé, et la bourse qu’il tient dans sa main gauche posée sur le rocher. Mais on distingue également entre ses pieds un petit animal qui l’accompagne souvent : une tortue. Elle renvoie directement à un épisode mythologique : Mercure trouva un jour une tortue ; il eut l’idée de la vider, de tendre sur la cavité de la coquille des cordes fabriquées avec des intestins de bœufs, et il fabriqua ainsi la première lyre. Cette tortue rappelle donc l’inventivité de Mercure. Enfin, le messager des dieux est souvent doté d’un attribut qui est encore représenté aujourd’hui mais avec un sens différent : le caducée (fig. 10). Il est constitué d’un bâton autour duquel s’enlacent deux serpents. Il renvoie à la dimension pastorale de ce dieu. En effet, Mercure l’aurait reçu d’Apollon qui s’en servait pour garder ses troupeaux, en échange d’un autre instrument de musique inventé par Mercure, la syrinx ou flûte de Pan. Les serpents, qui appartiennent au monde souterrain des Enfers, renvoient probablement au rôle de passeur des morts vers l’au-delà qui est aussi celui de Mercure.

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Fig. 11 : Mars vêtu d’un armement de parade, statuette en bronze découverte à Rouen (laraire du tunnel Saint-Herbland) ; fin IIe-début IIIe s. Inv. D.92.8.4 b. Voir plan n° 18.

Mars Mars (Arès pour les Grecs) est le dieu de la guerre dans sa dimension violente et cruelle (la furie guerrière), contrairement à Minerve qui représente la guerre sous sa forme positive. Selon la mythologie grecque, il est surtout actif pendant les épisodes de la guerre de Troie à laquelle il prend part du côté des Troyens. Il ne renonce à porter les armes que lorsqu’il est amoureux, en particulier de Vénus. Le mari de cette dernière, Vulcain, les surprend un jour ensemble et les enferme dans un vaste filet pour les livrer au rire des autres dieux olympiens. Les Romains ont un attachement tout particulier pour Mars car il est le père des héros fondateurs de la cité de Rome, Romulus et Remus. Les premiers empereurs romains, et en particulier Auguste, se voulaient les héritiers directs de ces héros fondateurs et offraient des honneurs particuliers à leur père Mars. Parmi les cinq statuettes de laraire du tunnel Saint-Herbland (Rouen) dont nous avons parlé ci-dessus, l’une représente Mars sous des traits typiquement romains (fig. 11). Il est revêtu d’un armement de parade complet, constitué d’un casque corinthien* relevé sur l’arrière du crâne, d’une cuirasse anatomique avec épaulettes et lambrequins*

« Le premier, ce dieu [le Soleil] vit l’adultère de Vénus avec Mars. Il en fut indigné et dénonça au mari, fils de Junon, l’affront clandestin fait à sa couche et le lieu où il se perpétrait. Vulcain en sentit lui échapper à la fois sa raison et l’objet que tenait sa main sur l’enclume. Sans tarder, à la lime il façonne de minces chaînes de bronze, un filet, des lacets tels qu’ils fussent invisibles à l’œil. (…) Il les dispose habilement tout autour du lit. Lorsque se rencontrèrent sur la même couche l’épouse et le dieu adultère, grâce à l’art du mari et retenus par ces liens d’un dispositif tout nouveau, tous deux au milieu de leurs embrassements se trouvent immobilisés, prisonniers. L’habitant de Lemnos, aussitôt ouvrit tout grand les battants d’ivoire et fit entrer les dieux. Les Olympiens se mirent à rire, et l’aventure fut longtemps la fable des habitants du ciel. » Ovide, Les Métamorphoses, IV, 169-189 (traduction J. Chamonard) 12


Fig. 12 : Intaille en agate bleue décorée d’une représentation de Mars, découverte à Rouen, place de la cathédrale, dans ce qui semble avoir été un atelier d’orfèvre ; début IIIe s. Inv. D.91.5.6. Voir plan n° 28.

portée au-dessus d’une tunique plissée, de deux cnémides* décorées, d’un bouclier à ses pieds ; ses bras supportent les pans d’un manteau qui s’incurve dans le dos ; le dieu devait s’appuyer sur une lance aujourd’hui disparue. La richesse de cet attirail ne laisse aucun doute sur le caractère guerrier du dieu représenté. Mais M contrairement aux nombreux modèles grecs qui en font un homme jeune, il est ici figuré dans la fleur u de l’âge, avec une barbe fournie et la carrure d’un ho homme puissant. équ Tout son équipement militaire est dé couvert de décors qui ont été rendus rem avec une remarquable précision. On ef pense en effet que cette statuette copi de la statue de culte est une copie q du temple que le premier empereur Auguste avait fait construire à Rome, à la fin du Ier siècle avant J.C. Il l’avait dédi dédié à Mars Ultor, « Mars Vengeur », le dieu qui l’aiderait à venger son père adoptif Jul Jules César, assassiné en 44 avant J.-C. Sur sa cuirasse, on retrouve ainsi le même décor constitué de deux griffons encadrant un candélabre, au-dessus d’une palmette d’où partent des rinceaux. Avec cette statue, Auguste a su renouveler l’image de Mars, la rapprocher de celle de Jupiter (il en a la barbe et la large carrure), et en faire non pas le dieu de la guerre tel que le voyaient les Grecs mais le « père puissant et bienveillant du peuple romain » (Pierre Gros, Aurea templa. Recherches sur l’architecture religieuse de Rome à l’époque d’Auguste, 1976, p. 166). Sur une intaille en agate bleue découverte à Rouen (fig. 12), nous retrouvons Mars avec cette fois l’ensemble de son équipement militaire. Le travail du graveur est assez fin pour qu’on distingue le détail de toutes les armes du dieu. Figuré debout, il tient sa lance dans une main et son bouclier est posé à ses pieds. Ces pierres semi-précieuses, qui étaient portées en bague ou en broche, pouvaient être le signe de l’attachement plus particulier d’une personne pour telle ou telle divinité.

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Fig. 13 : Denier de l’époque républicaine avec une représentation de Vénus qui s’appuie sur une colonnette Voir plan n° 29.

Vénus Vénus (Aphrodite pour les Grecs), déesse de l’amour et de la beauté féminine, est aussi la protectrice pro du mariage et de la fécondité. Les auteurs a antiques distinguent plusieurs Vénu Vénus ou Aphrodite : Platon oppose l’Aphrodit rodite céleste, déesse de l’amour chaste et pur, à l’Aphrodite populaire qui est lla protectrice des amours incarnées ou physiques. À côté de cette attribution principale, Vénus en a de nombreuses autres secondaires, avec à chaque fois une é épithète particulière : née de l’écume, e elle était protectrice de la mer et de la nav navigation ; elle était alors appelée « Marine »». Elle était parfois caractérisée comme « Vict Victorieuse » (ou Victrix en latin) et était alors invoquée dans les combats. Aux yeux des Romains du Ier siècle avant J.-C., Vénus joue un rôle tout particulier : Jules César affirmait que sa famille, celle des Iulii, descendait de cette déesse, par l’intermédiaire d’Enée. Vénus était donc considérée comme la protectrice attitrée de cette illustre famille, et elle fut honorée de manière particulièrement brillante par César et ses successeurs (ce dernier consacra à Vénus Genetrix le temple érigé sur son forum).

« O Mère d’Enée et de sa race, plaisir des hommes et des dieux, bienfaisante Vénus, toi qui, sous les signes errants du ciel, peuples la mer porteuse de vaisseaux et les terres aux riches moissons ! C’est par toi que toutes les espèces vivantes sont conçues et, arrivant à l’existence, voient la lumière du soleil (…). Cédant à ton charme, à tes doux attraits, toute la nature animée brûle de te suivre dans la voie où tu veux l’entraîner. Dans les mers, sur les montagnes, au sein des fleuves impétueux, sous les feuillages qu’habitent les oiseaux, parmi les herbes des prairies, jetant dans tous les cœurs les doux traits de l’amour, tu inspires à tous les êtres l’ardeur de perpétuer leur espèce. » Lucrèce, De la nature I, 1-39 (traduction H. Clouard).

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Fig. 14 : Vénus, statuette en bronze de provenance inconnue ; Ier-IIe s. ? Inv. 350.4 (A). Voir plan n° 26.

Afin de mettre en valeur sa grande beauté, Vénus est toujours représentée dans une nudité partielle ou totale. Ainsi, sur l’autel aux quatre dieux de Liffremont (fig. 2), la nudité de Vénus est soulignée par un manteau qui passe dans son dos et recouvre sa jambe gauche. La nudité est une des caractéristiques majeures de cette déesse et c’est souvent le seul élément qui nous permet de l’identifier. En effet, dans le monde romain, la nudité féminine était très rare dans la vie quotidienne, elle ne concernait que quelques catégories de personnes (les prostituées par exemple). Dans l’art grec, Aphrodite était représentée vêtue jusqu’a jusqu’au IVe siècle avant J.-C. C’est le sculpteur Praxitèle P qui osa le premier représenter une femme nue pour figurer cette déesse. aute se regarde dans Vénus, sur cet autel, un petit miroir (une plaque ronde en argen poli) qu’elle tient bronze ou en argent vis levé devant son visage. Ce geste, de s coiffer, apparaît même que celui de se dan les représentafréquemment dans ca il reflète parfaitetions de Vénus, car attribut ment ses attributions : en se regarmir dant dans le miroir, elle admire et célèbre sa propre beauté, et par là l’am même l’amour qu’elle symbolise. sta La statuette de Vénus à pom la pomme (fig. 14) nous offre une image similaire de cette déesse (sa nudité, ses cheveux longs) ; mais elle porte en outre o un diadème épais qui lui confère un statut presque royal, et illustre la plac place primordiale que l’am tenait la déesse de l’amour aux yeux des mai droite, elle tient Romains. Dans sa main f une petite pomme. Ce fruit rappelle l’épiPâ : ce mortel fut sode du jugement de Pâris c chargé par les dieux de choisir la plus belle des déesses. Entre Minerv Minerve, Junon et Vénus, e lui attribuant la il choisit cette dernière en récompe pomme comme récompense. Ce fruit symbolise ainsi la victoire qu’a remportée d Vénus sur les autres déesses grâce à sa suprême beauté. 15


Fig. 15 : Céramique sigillée découverte à Vatteville-la-Rue, décorée de petits Amours et de rinceaux ; IIIe s.

Vénus est souvent accompagnée du petit Amour (ou Cupidon). Fils de Vénus, il est représenté sous les traits d’un jeune enfant aux jambes et bras potelés. C’est lui qui fait naître l’amour dans le cœur des hommes et des dieux, grâce à son arc et ses flèches. Souvent doté d’une paire d’ailes, comme on peut le voir sur cette céramique sigillée (fig. 15), il apparaît généralement comme un enfant joueur aux côtés de Vénus, puni, blessé par des roses, ou bien cajolé par sa mère. Sur ce vase, il est représenté debout avec un grand flambeau appuyé sur son épaule gauche. Cette représentation se rattache à la longue série d’images montrant Amour qui reproduit des activités humaines sur le mode du jeu (les fresques de Pompéi en recèlent de nombreux exemples).

Voir plan n° 6.

Voici comment Cupidon a fait naître l’amour d’Apollon pour Daphné : « cet amour ne naquit pas de l’aveugle hasard mais de l’implacable colère de Cupidon. Le dieu de Délos [Apollon], enorgueilli de sa victoire sur le serpent, l’avait aperçu occupé à courber les extrémités de son arc en y ajustant la corde : « Qu’as-tu donc à faire, espiègle enfant, avec des armes de héros ? » avait-il dit. « Celle que tu portes, c’est à mes épaules qu’elle convient. (…) Mais toi, contentetoi donc avec ta torche de suivre à la piste je ne sais quelles amours, et n’aspire pas à des louanges qui nous reviennent. » Alors le fils de Vénus : « Que ton arc atteigne tous ses buts, soit, Phœbus ; le mien, c’est toi qu’il atteindra (…).» Il dit, et battant l’air à coups d’ailes redoublés, intrépide, il alla se poser sur la cime ombreuse du Parnasse ; puis du carquois contenant ses flèches, il tira deux traits destinés à deux besognes tout opposées : l’un met en fuite, l’autre fait naître l’amour. » Ovide, Les Métamorphoses, I, 460-473 (traduction J. Chamonard). 16


Fig. 16 : Minerve, statuette en bronze de provenance inconnue ; IIe-IIIe s. Inv. 659.1. Voir plan n° 25.

Minerve Minerve (Athéna pour les Grecs) une déesse guerrière mais qui représente la guerre sous sa forme positive, et en cela elle est souvent associée à la Victoire. Elle apporte sa protection à de nombreuses cités grecques, et notamment à la plus fameuse, Athènes, qui lui doit son nom et dont elle est la déesse principale. Elle participe à de nombreux épisodes mythologiques (par exemple le jugement de Pâris) et protège de nombreux héros dans leurs aventures (Ulysse, Jason, Hercule). Déesse de la Raison, elle incarne la sagesse et la prudence. Selon la tradition, elle est aussi la déesse de l’activité intelligente et donc la protectrice des artisans (notamment des fileuses, tisserands et brodeuses). Cette statuette en bronze de Minerve (fig. 16) présente plusieurs des attributs typiques de la déesse. Elle est vêtue à la mode grecque, avec une tunique légère (chiton en grec) que recouvre un manteau en toile plus épaisse (ou himation). Mais en tant que déesse guerrière, elle dispose aussi d’un équipement militaire. On distingue sur sa poitrine une sorte de mascaron figurant un visage : il s’agit sans doute du gorgonéion ou tête de la Gorgone Méduse. Selon le mythe grec, la déesse aurait aidé le héros Persée à tuer ce monstre, de sorte que Persée, pour la remercier, lui aurait offert la tête de la Gorgone dont le regard pouvait changer en pierre. Ce thème du gorgonéion eut ensuite une grande popularité dans le monde romain ; on le retrouve par exemple sur un objet en bronze qui servait peut-être de marteau de porte (fig. 17). Minerve porte également un cas17


Fig. 17 : Tête de Méduse, objet en bronze dont la fonction reste mal connue (marteau de porte ?), découvert à Rouen, place de la cathédrale ; IIe-IIIe s. Inv. D.91.5.11. Voir plan n° 20.

que mais qui ne correspond pas ici au casque corinthien* dont elle est habituellement coiffée. Peut-être s’agit-il d’une réinterprétation gallo-romaine ou d’une maladresse de l’artiste. La position de sa main droite nous indique qu’elle s’appuyait sur une lance qui a aujourd’hui disparu, tandis que sa main gauche devait être tendue vers l’avant. Peutêtre que cette main soutenait une petite Victoire, comme le faisait la fameuse statue chryséléphantine d’Athéna Parthénos sur l’Acropole d’Athènes, réalisée par Phidias au milieu du Ve s. av. J.-C.

Pausanias, géographe et historien grec du IIe siècle après J.-C., décrit ainsi la fameuse statue de culte d’Athéna Parthénos : « La statue d’Athéna la représente debout avec une robe qui tombe jusqu’aux pieds ; sur la poitrine on a enchâssé la tête de Méduse, elle aussi en ivoire ; Athéna tient une Victoire de quatre coudées environ, et dans l’autre main une lance ; un bouclier est posé contre ses jambes et près de la lance, il y a un serpent. » Description de la Grèce, I, 24, 7 (traduction J. Pouilloux)

Fig. 17b : Minerve (ou Roma ?), intaille en agate bleu, chaton d’une bague en or, La Haye Malherbe ; IIIe s. Inv. 4827 bis.a. Voir plan n°27.

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Fig. 18 : Hercule au repos, statuette en bronze découverte à Lillebonne ; Ier-IIe s. Inv. 378 (A). Voir plan n° 12.

Les héros et autres dieux

Hercule Hercule (Héraclès pour les Grecs) est le plus célèbre des héros antiques. Fils de Jupiter et d’Alcmène, une mortelle, il souffre dès sa naissance de la jalousie de Junon, l’épouse légitime de Jupiter. Elle veut tuer l’enfant et envoie deux serpents dans son berceau, mais le jeune Hercule les étrangle de ses mains. Alors que le héros a grandi et reçu une solide éducation, Junon continue à s’acharner sur lui ; elle le frappe d’une folie furieuse de sorte qu’il va massacrer ses propres enfants. Pour se racheter de son crime, Hercule doit se mettre au service de son cousin Eurysthée, le roi de Tirynthe. Ce dernier lui impose alors les fameux douze travaux qu’Hercule va accomplir avec courage (tuer le lion de Némée et l’hydre de Lerne, ou encore capturer la biche de Cérynie et les chevaux de Diomède). Mais la liste de ces travaux n’est pas fixe et les aventures attribuées à Hercule sont très nombreuses. 19


Dans le monde grec puis romain, Hercule est un personnage très populaire. C’est l’image même du mortel qui, grâce à sa vertu, a pu rejoindre les dieux de l’Olympe* et acquérir un statut divin. Il était considéré par les philosophes antiques comme un héros d’endurance, un modèle de vertu ; mais il était également connu pour ses appétits et sa gloutonnerie. Hercule raconte son combat contre l’hydre de Lerne en ces termes : « pour combien comptes-tu, toi Achelous, serpent au corps unique, à côté de l’hydre de Lerne ? Elle renaissait de ses propres blessures et pas une de ses cent têtes n’était coupée impunément, sans que le cou, sur lequel deux autres lui succédaient, en reçût une force nouvelle. Et moi, cette hydre où, comme des rameaux sur un tronc, le meurtre faisait pousser des serpents, qui gagnait des forces à ses malheurs, je la vainquis, et, une fois vaincue, je l’achevai par le feu. » Ovide, les Métamorphoses, IX, 60-68 (traduction J. Chamonard). La statuette d’Hercule en bronze de Lillebonne (fig. 18) est une magnifique représentation d’Hercule au repos. Figuré sous les traits d’un homme d’âge mûr barbu et à la carrure massive, il apparaît dans une nudité typique des personnages héroïques. Il soutient sur son bras gauche son arme favorite, la massue, ainsi que la dépouille du lion de Némée, l’animal qu’il a tué lors de sa première épreuve. Sa posture est celle d’un homme au repos : sa massue est simplement déposée sur son bras gauche, et son bras droit est étendu vers l’avant dans un geste apaisant. Les traits de son visage expriment une profonde tranquillité : il fait déjà partie des dieux. Cette image d’Hercule est donc typique de ce qu’il représente : grâce à sa puissance, son courage et sa vertu, il a obtenu le droit de rejoindre le monde des dieux et de devenir comme eux un Bienheureux.

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Fig. 19 : Orphée, détail de la mosaïque découverte dans la forêt de Brotonne en 1838 ; fin IIe-début IIIe s. Inv. R.90.60. Voir plan n° 1.

Orphée Originaire de Thrace (région située à la périphérie du monde grec), Orphée est avant tout un héros musicien : grâce à ses chants, il arrive à enchanter les bêtes féroces et apaiser les hommes sauvages. Il épousa Eurydice mais celle-ci mourut peu de temps après de la morsure d’un serpent. Orphée descendit aux Enfers pour la retrouver, et grâce à sa musique, il persuada la déesse Perséphone de laisser Eurydice regagner le monde des vivants. Perséphone émit pour seule condition qu’Orphée ne devrait pas se retourner pour regarder Eurydice avant d’être revenu dans le monde des vivants. Mais le héros ne résiste pas, se retourne et perd définitivement Eurydice. Le héros Orphée est à l’origine de pratiques et croyances religieuses désignées sous le terme d’« orphisme » : il s’agit d’un culte à mystères* fondé sur des poèmes attribués à Orphée. Mais il est difficile de savoir aujourd’hui dans quelle mesure l’orphisme, particulièrement populaire à partir de l’époque hellénistique*, fut un mouvement spirituel cohérent. La mosaïque de la forêt de Brotonne (Seine-Maritime), présente en son centre une image d’Orphée (fig. 19). Le dieu apparaît ici, comme très souvent, vêtu d’un costume oriental : il porte une tunique ajustée aux manches, recouverte d’un manteau, et surtout un bonnet phrygien. Ce type de costume, s’il n’est pas caractéristique de la Thrace, est néanmoins fréquemment porté par Orphée car il marque son origine non grecque. Le héros musicien tient une lyre sur 21


ses genoux, instrument qui symbolise son talent et qui rappelle le caractère enchanteur de sa musique. Cette image d’Orphée assis, jouant de la lyre, fut très populaire dans le monde romain jusqu’à la fin de l’Antiquité, et le héros était souvent représenté entouré de nombreux animaux subjugués par la musique qu’il produisait.

Fig. 20 : Dioscure, statuette en bronze de provenance inconnue ; Ier s. Inv. 2017. Voir plan n° 14.

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Les Dioscures (Castor et Pollux) Castor et Pollux sont deux frères jumeaux, fils de Jupiter et de Léda, une mortelle. L’un, Castor, est mortel, tandis que l’autre, Pollux, est divin. Ce sont deux personnages inséparables qui sont honorés ensemble. Selon la mythologie, ils prennent part à plusieurs expéditions : celle des Argonautes menée par Jason, ou encore l’enlèvement des filles de leur oncle Leucippe, promises à d’autres cousins. Dans le combat qui suivit cet enlèvement, Castor fut tué. C’est alors que Pollux demanda à son père Jupiter de partager son immortalité avec son frère. Jupiter accepta, de sorte que les deux frères passent la moitié de leur temps aux Enfers, et l’autre moitié sur l’Olympe* parmi les dieux. Souvent appelés les « cavaliers aux blanches montures », ce sont deux héros jeunes, des lutteurs et des cavaliers remarquables, et donc les patrons des athlètes et des compétitions. Les Dioscures apparaissent très souvent ensemble, formant un couple (c’est d’ailleurs un des indices qui nous permettent de les reconnaître). La statuette du Dioscure (fig. 20) représente pourtant un homme seul, mais elle était certainement complétée par une autre figurine identique : il s’agit d’un jeune homme nu, qui ne porte qu’un manteau reposant sur son épaule droite. Sa nudité évoque les athlètes dont les Dioscures sont les protecteurs ; mais elle est relativement inhabituelle car dans le monde romain, les Dieux Jumeaux portent le plus souvent des vêtements de cavaliers et de chasseurs. Nous avons probablement affaire ici à un type iconographique d’origine purement grecque.


L’étoile qui apparaît au-dessus de sa tête est le seul attribut qui nous permet d’identifier ce dieu avec certitude. En effet, Castor et Pollux sont souvent identifiés à la constellation des Gémeaux, et cette étoile vient symboliser l’immortalité qu’ils ont obtenue en partage de Jupiter. Mais ils sont aussi très souvent représentés accompagnés de chevaux (montés sur des chevaux ou les tenant par la bride).

Fig. 21 : Dieu Lare, statuette en bronze découverte à Rouen (laraire du tunnel Saint-Herbland) ; Ier s. ap. J.-C. Inv. D.92.8.4 e. Voir plan n° 19.

Le dieu Lare Contrairement aux nombreux autres dieux du panthéon romain, les Lares sont des divinités exclusivement latines qui n’ont pas d’équivalent dans le monde grec. Sans doute d’origine étrusque, ce sont des esprits protecteurs chargés de veiller sur les carrefours (les Lares compitales) et surtout sur la maison et ses habitants (les Lares familiares). Selon Ovide, ce sont les fils de Mercure, ce qui signifie simplement que les Lares ont des fonctions similaires à celles de Mercure. Mais, mis à part cette filiation, ils ne possèdent pas de mythologie proprement dite. Chaque famille les honorait sur le foyer domestique à date régulière, et chaque maison avait son lararium ou laraire, souvent une niche dans un mur de l’atrium*, autel domestique qui contenait de petites images des Lares parfois accompagnées d’autres dieux. Le laraire du tunnel Saint-Herbland de Rouen possède un magnifique exemplaire de dieu Lare (fig. 21). Le dieu apparaît sous les traits d’un adolescent debout qui est vêtu d’une tunique courte, dont les pans inférieurs s’écartent comme s’ils étaient soulevés par un souffle. Cette disposition du vêtement, typique des dieux Lares, évoque la manière dont sont perçus ces dieux protecteurs : jeunes, agiles, toujours en mouvement. Sa posture donne la même impression : il est sur la pointe des pieds, comme interrompu dans son mouvement vers l’avant. Il présente de la main droite une patère, alors que sa main gauche devait tenir une corne d’abondance, aujourd’hui disparue. Cette statuette a été réalisée avec un grand soin : les plis de son 23


vêtement sont représentés avec précision et harmonie, et l’utilisation de métal argenté a permis d’évoquer avec réalisme les yeux du dieu. La qualité de cette œuvre et son style « classique » laissent penser qu’elle remonte au règne d’Auguste (fin du Ier s. av., début du Ier s. ap. J.-C.), époque où le culte des Lares connut un fort développement sous l’impulsion de l’empereur.

Fig. 22 : La Fortune, statuette en bronze de provenance inconnue ; Ier-IIe s. Inv. 193.17. Voir plan n° 24.

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La Fortune A côté des dieux d’origine grecque, les Romains honoraient également de nombreuses divinités qui étaient les personnifications de valeurs et de vertus qui leur paraissaient fondamentales (Concordia - la Concorde, Felicitas - la Félicité, Liberalitas - l’Abondance). Leur nombre et la définition précise de chacune reste assez fluctuant d’une région à l’autre de l’empire romain (ainsi Copia, Liberalitas et Annona sont trois divinités très similaires). Le musée des Antiquités possède une statuette en bronze de la Fortune (fig. 22), personnification de l’imprévu, qu’il soit funeste ou favorable, qui se manifeste dans toute existence humaine. Elle est figurée sous les traits d’une femme vêtue d’une longue tunique et coiffée d’un modius, récipient servant de mesure à céréales qui évoque l’abondance (mais cet attribut ne lui est pas spécifique, il coiffe souvent Liberalitas - l’Abondance). En revanche, le gouvernail qu’elle tient dans sa main droite lui est bien spécifique : il évoque le monde de la navigation maritime, dans lequel les hommes ressentent plus fortement l’imprévu et les caprices du sort. La déesse devait tenir dans sa main gauche une corne d’abondance (dont il ne reste plus qu’un fragment) qui évoque le sort heureux que peut réserver cette déesse. L’allégorie de la Fortune existait déjà dans le monde grec sous le nom de Tyché et la Fortune romaine en a tiré certains de ses traits (comme la corne d’abondance), mais le gouvernail en fait ici une représentation typiquement romaine.


Une nouvelle forme de religiosité À côté des dieux et héros olympiens et des dieux d’origine latine, le panthéon romain comptait également un certain nombre de divinités qui avaient suscité un nouveau type de relation au divin. Alors que la religion traditionnelle de Rome, rigide et à fort caractère institutionnel, répondait mal aux aspirations spirituelles des individus, certaines divinités, comme Bacchus ou Mithra, permettaient une relation plus personnelle au divin et offraient plus de perspectives sur le sort des âmes dans l’au-delà. Si Mithra n’est pas du tout documenté au musée des Antiquités, Bacchus est en revanche bien représenté, de même que plusieurs divinités d’origine orientale (Attis, Sol). ■

Fig. 23 : Pan, Bacchus et deux bacchantes, relief en calcaire découvert à Lillebonne avant 1854 ; IIe-IIIe s. Inv. R.91.176. Voir plan n° 5.

Bacchus et le monde bachique Bacchus est identifié au Dionysos grec et en reprend donc les principales caractéristiques. Il est né de la cuisse de Zeus-Jupiter qui l’y avait placé après que Sémélé, son amante mortelle qui portait l’enfant, eut été foudroyée pour avoir vu le roi des dieux en pleine majesté. Né deux fois, Dionysos possède des qualités humaines et divines. Il est fondamentalement un dieu « étranger et étrange » (M. Détienne, Dionysos à ciel ouvert, 1986, p. 21). Poursuivi par la haine de Junon, l’épouse légitime mais jalouse du roi des dieux, il erre dans différentes régions, fait irruption dans la vie des cités, accordant félicité, joie et plénitude à tous ceux qui l’acceptent, et précipitant ses opposants dans la rage meurtrière et la folie aveugle. Il mène ensuite une expédition guerrière en Inde, et en revient victorieux, célébré par un grand cortège. D’autres épisodes sont rapportés à son sujet, notamment sa rencontre avec Ariane sur l’île de Naxos, où elle avait été abandonnée par Thésée. Dionysos l’épouse 25


Fig. 24 : Bacchus et Ariane, plaque en verre bleu de provenance inconnue ; Ier s. ap. J.-C. Inv. 451.3. Voir plan n° 22.

avant de l’emmener sur l’Olympe*, où il trouve enfin sa place parmi les autres dieux. Dieu du vin, de la folie et de l’extase, il brouille les frontières entre les sexes, entre les âges, entre la culture et la sauvagerie. C’est lui qui préside aux fêtes et banquets où le vin joue un grand rôle. Il est également le dieu protecteur du théâtre, qui est dans l’Antiquité une activité étroitement liée aux pratiques religieuses. Sa grande popularité vient peut-être du développement d’un culte à mystères* en l’honneur de Dionysos. En effet, l’existence de mystères dionysiaques plus ou moins privés, avec une initiation graduée et organisée autour d’une révélation, est attestée à partir de l’époque hellénistique* et jusqu’à la fin de l’empire romain. Cette popularité s’illustre également par la forte présence du monde bachique dans le répertoire décoratif*.

« Tu possèdes l’immarcescible jeunesse, tu es l’enfant éternel, le plus beau que l’on puisse voir du haut du ciel. (…) L’Orient t’est assujetti jusqu’au point extrême où le Gange baigne l’Inde et son peuple au teint mat. C’est toi, ô dieu, à qui nous devons hommage, qui immoles Penthée et Lycurgue, armé de la bipenne, deux sacrilèges ; toi qui précipites à la mer les Tyrrhéniens ; toi qui courbes le cou de ton attelage de lynx, orné de rennes aux couleurs éclatantes. Les Bacchantes et les Satyres forment ta suite, avec le vieillard qui soutient d’un bâton ses membres titubants et a peine à rester assis sur l’échine courbée de son âne. Partout où tu passes, les clameurs des jeunes hommes accompagnées des voix des femmes, des tambourins vibrant sous les paumes et des cymbales de bronze, retentissent, et chante le long tuyau de la flûte de buis. » Ovide, les Métamorphoses IV, 20. 26


Fig. 25 : Applique en bronze en forme de buste de Silène, découvert avec le Mercure assis à Epinay (Seine-Maritime) ; IIe-IIIe s. Inv. 589.1 et 2. Voir plan n° 13.

Sur une plaque en verre bleu d’époque romaine (fig. 24), Bacchus apparaît à gauche sous les traits d’un homme d’âge mur, portant la barbe et vêtu d’une longue robe. Il est figuré ici comme un banqueteur qui vient de sortir d’un banquet prolongé : encore coiffé de la couronne de feuillage et tenant un canthare* dans sa main droite, il semble ivre et a du mal à marcher tout seul ; il s’appuie sur sa compagne Ariane en passant son bras derrière ses épaules. Ce type iconographique du Dionysos barbu et vêtu d’une longue robe, remonte à l’art grec archaïque (voir les céramiques attiques des VIe-Ve s. av. J.C.), mais il est beaucoup moins fréquent dans l’art romain (il y apparaît plus souvent comme un homme jeune à demi-nu, mais avec les mêmes attributs). Cette image de belle qualité, qu’on peut dater du Ier s. ap. J.-C., est certainement une re-création archaïsante* du type du Dionysos ivre. Mais au final, la fonction exacte de cette plaquette en verre reste difficile à déterminer (décor de meuble ou coffret ?). Le thème du cortège bachique (thiase en grec), qui occupe une place importante dans la mythologie du dieu, est fréquemment représenté dans l’art romain. Un des bas-reliefs trouvés à Lillebonne (fig. 23) en est un bel exemple. Bien que le haut de la frise soit assez abîmé, on reconnaît facilement le dieu Pan assis à l’extrême gauche. C’est une divinité secondaire habitant les bois et les montagnes qui est fréquemment associée à Bacchus. De forme mi-humaine, mi-animale (ses jambes et ses oreilles sont celles d’un bouc), il joue ici de son instrument de musique favori, la flûte de Pan. Le deuxième personnage de la frise est Bacchus lui-même, figuré en jeune homme nu, portant une corbeille de fruits et un autre de ses attributs caractéristiques, le thyrse (grande tige ornée de lierre et de rubans et terminée par une pomme de pin). Quant aux deux derniers personnages, ce sont sans doute des bacchantes ou ménades, ces compagnes de Bacchus qui, sous l’effet de la possession dionysiaque (mania en grec), 27


Fig. 26 : Fragment de tambour de colonne décoré d’un masque de satyre, découvert à Lillebonne avant 1827 ; fin IIe-début IIIe s. Inv. R.91.175. Voir plan n° 4.

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effectuent des mouvements de danse effrénée dans le thiase. Leur posture beaucoup plus calme ici ne nous permet pas de les identifier avec certitude. Dans son thiase, Bacchus est également accompagné par des satyres, divinités qui présentent comme Pan une part d’animalité (ils ont des oreilles, une queue et des sabots de bouc). Connus pour leur laideur et leur ivrognerie, ils sont souvent figurés dans le thiase en train de porter les instruments du banquet (amphores, vases à boire), sous la conduite de Silène, le plus âgé d’entre eux. C’est d’ailleurs Silène que l’on reconnaît dans les deux bustes en bronze (fig. 25) qui ont été retrouvés avec le Mercure assis. Couronnés de lierre, la plante de Bacchus, leur visage est représenté sous les traits conventionnels de la laideur (barbe, crâne dégarni, nez en trompette). Mais ces deux bustes sont en réalité des éléments d’applique, utilisés pour décorer un autre objet (sûrement du mobilier). En effet, Bacchus et tout son univers ont connu une grande popularité dès l’époque de la Grèce classique, à tel point qu’ils ont ensuite été utilisés très couramment dans le répertoire décoratif*. Ainsi les Grecs, puis les Romains ont été très friands de l’image de Bacchus et de ses compagnons pour orner leur quotidien : sur les objets de la vie quotidienne comme ici, ou sur des éléments d’architecture, par exemple sur un fragment de tambour de colonne du musée (fig. 26). On reconnaît sur ce relief un masque de satyre qui renvoie à Bacchus en même temps qu’au monde du théâtre.


Fig. 27 : Attis, statuette en bronze de provenance inconnue ; IIe s. Inv. 2019. Voir plan n° 15.

Attis et Cybèle Attis est un dieu originaire de Phrygie (une région du centre de l’Asie Mineure) dont la légende a évolué avec la diffusion du culte dans le monde grec, puis à Rome. Selon le poète romain Ovide, Attis était si beau qu’il avait mérité d’être aimé par la déesse Cybèle, la Mère des dieux, d’une passion chaste. La déesse en fit le gardien de son temple à condition qu’il garderait sa virginité. Attis tomba néanmoins amoureux de la nymphe Sagaritis. Cybèle pour se venger, frappa Attis de folie, si bien que celui-ci, au cours d’une crise violente, s’émascula. Mais après sa mutilation, il semble qu’Attis ait été accueilli de nouveau par la déesse à son service. Le culte d’Attis, étroitement lié à celui de la grande déesse phrygienne Cybèle, a certainement été introduit à Rome en même temps que celui de cette dernière, en 205 avant J.-C., au cours de la deuxième guerre punique. Attis tenait sa grande popularité du fait que, de mortel qu’il était à l’origine, il a réussi à acquérir un statut divin en s’attirant les faveurs d’une divinité. Le musée des Antiquités possède une belle statuette d’Attis dont le type est assez rarement représenté (fig. 27). Il est figuré sous les traits d’un enfant à la silhouette corpulente et au visage rond, vêtu à la mode orientale : il porte un bonnet phrygien, un pantalon et une tunique ajustés à l’aide d’agrafes le long des jambes et des bras. Mais cette tunique est largement ouverte sur son basventre et son sexe. Cette image, qui est typique d’Attis dans le monde hellénistique* et romain, fonctionne certainement comme un rappel de l’épisode du mythe où Attis, pris de folie, s’apprête à s’émasculer, se consacrant ainsi totalement à la déesse Cybèle. La posture du personnage semble confirmer cette hypothèse : Attis a les jambes écartées et un bras levé, dans une position de danse, ou en transe sous l’effet de la folie. Il est souvent représenté tenant une torche, une syrinx ou un tambourin ; la position de sa main gauche nous laisse croire qu’elle tenait effectivement un tambourin. 29


Fig. 28 : Sol ou Hélios, stèle en calcaire découverte à Lillebonne en 1864 ; IIIe s. Inv. R.91.173. Voir plan n° 16.

30

Sol Très proche de son équivalent grec Hélios, Sol (le Soleil) est une divinité à la personnalité propre qui se distingue des autres divinités solaires comme Apollon. Selon les conceptions anciennes, Sol parcourt tout le jour le ciel sur un char de feu traîné par des chevaux très rapides, et le soir il parvient pa à l’Océan où se baignent ses chevaux fatigués. Lui-même se repose dans un palais d’où il repart le lendemain matin mat pour recommencer le même trajet. traj Avec l’évolution des connaissances connaissance en matière d’astronomie dans le monde hellénique, les conceptions entourant ce dieu furent abandonnées abandon et lui-même perdit de son importance. imp Il regagna en popularité au IIIe siècle après J.C., sous l’impulsion l’impuls de la dynastie des Sévère et pl plus particulièrement de l’empereur Elagabal. E Se développe alors l’idée d’un dieu unique incarné dans la figure de Sol, dont la force est multiple mu et dont les autres figures so sont les expressions. Le Soleil a ainsi ains été le grand dieu bénéficiaire du vaste mouvement syncrétiste* du IIIIe siècle. Le musée des Antiquités possède ca une stèle en calcaire qui pourrait représenter le dieu Sol (fig. 28). b Elle figure le buste d’un homme nu revêtu d’un pan de manteau ga sur l’épaule gauche. Son visage est encadré de grosses boucles de nettem cheveux nettement sculptées. Ses guré avec des pupilles yeux sont figurés en creux, dans un style typique de l’art romain du IIIe s. La couronne radiée dont il es est coiffé ne suffit pas pour identifier Sol S car elle était portée par d’autres d’autre divinités comme Apollon ou Mithra. Mith Certains empei d reurs romains du IIIe siècle se sont faits eux-mêmes représentés coiffés de ce type de couronne (surtout sur des monnaies) pour manifester leur attachement personnel à Sol.


Glossaire

archaïsant : dans l’art antique, désigne une œuvre à laquelle on a volontairement donné un style propre à l’époque archaïque grecque (VIIe-VIe s. av. J.-C.). atrium : pièce principale de la maison romaine, qui prend la forme d’une cour intérieure entourée d’un portique couvert, autour de laquelle s’organise l’ensemble du plan de la maison. basilique : désigne dans le monde romain un édifice public civil constitué d’une grande salle à colonnade, où se dérouleraient des activités judiciaires (procès) autant que commerciales. canthare : coupe à boire dotée de deux grandes anses. casque corinthien : casque d’origine grecque dont la face antérieure représente un visage. chlamyde : manteau court d’origine grecque, agrafé sur l’épaule. chryséléphantine : désigne les statues qui sont faites en or et en ivoire. C’était dans l’Antiquité les matériaux les plus précieux qu’on pouvait utiliser pour réaliser des sculptures. cnémides : plaques en bronze qui protègent les tibias ; elles font partie de l’équipement du soldat. cratère : récipient dans lequel, au cours du banquet, on mélangeait le vin à l’eau avant de le servir. cultes à mystères : formes secrètes de cultes, par opposition à la nature essentiellement publique des pratiques religieuses romaines, qui sont uniquement accessibles à des individus spécialement initiés. Ils ont en commun d’offrir à l’initié la garantie d’une vie heureuse dans un autre monde après la mort ; mais si on laisse passer la chance d’être initié dans cette vie, on ne peut la rattraper dans l’au-delà. Ces cultes ne sont pas pour autant des « religions » à part qui seraient totalement étrangères aux cadres habituels de la religion romaine. divination : pratique religieuse qui consiste à lire la volonté des dieux dans les signes de la nature (dans le vol des oiseaux, dans les entrailles d’animaux sacrifiés). forum : place publique où sont rassemblées les activités politiques, économiques et religieuses de la cité romaine. 31


hellénistique : l’époque hellénistique va de la mort d’Alexandre le Grand (323 av. J.-C.) à la conquête romaine. Le monde grec comprend alors toute la moitié orientale du bassin méditerranéen, et il est divisé entre les royaumes que se sont partagés les successeurs d’Alexandre. lambrequins : bandes d’étoffes disposées au bas d’une cuirasse. libation : pratique religieuse qui consiste à verser un peu de liquide (vin, lait, miel) sur le sol, en offrande aux dieux. œnochoé : cruche utilisée pour servir le vin (œnos en grec). Olympe : montagne du nord de la Grèce qui est considérée comme le séjour habituel des dieux grecs. Ils y vivent assemblés sous l’autorité de Jupiter, se nourrissant de nectar et d’ambroisie. panthéon : désigne l’ensemble des dieux vénérés par une société ou un peuple (pan = tous, theos = dieux). patère : récipient en forme de casserole souvent en bronze, utilisé lors des cérémonies religieuses, notamment pour effectuer des libations. pétase : chapeau à larges bords. répertoire décoratif : désigne l’ensemble des images et motifs qui sont utilisés pour décorer objets, lieux et monuments. syncrétisme : combinaison de différents systèmes de croyances religieuses en un seul. Il peut s’agir d’une simple juxtaposition de dieux issus de différentes cultures, ou bien d’un amalgame de multiples dieux en un dieu unique, dont ils sont des formes particulières ou locales.

32


Plan de situation des Ĺ“uvres dĂŠcrites 10 â–

10bis : autres reprĂŠsentations de Mercure. 11 â–

MJCSBJSJF

12 â–

-FT HBMFSJFT HBMMP SPNBJOFT C

FOUSšF C C C C C C

Statuette en bronze de Mercure debout, Rouen, place des Carmes ; Ier-IIe s. (p. 9)

NPTBÂżRVF

C C

Statuette en bronze d’Hercule au repos, Lillebonne ; Ier-IIe s. (p. 19) 12bis : autres reprÊsentations d’Hercule.

C C C C C C

CaducĂŠe en bronze, Rouen, place de la cathĂŠdrale ; IIe-IIIe s. (p. 11)

C

13 â–

Deux appliques en bronze en forme de buste de Silène, Epinay (Seine-Maritime) ; IIe-IIIe s. (p. 27)

14 â–

Statuette en bronze de Dioscure, provenance inconnue ; Ier s. ap. J.-C. (p. 22)

15 â–

Statuette en bronze d’Attis, provenance inconnue ; IIe s. (p. 29)

16 â–

Stèle en calcaire reprÊsentant Sol ou HÊlios, Lillebonne ; IIIe s. (p. 30)

17 â–

Statuette en bronze de Jupiter trĂ´nant, Rouen (fouilles du tunnel Saint-Herbland) ; Ier s. ap. J.-C. (p. 7)

18 â–

Statuette en bronze de Mars, Rouen (fouilles du tunnel Saint-Herbland) ; fin IIe - dĂŠbut IIIe s. (p. 12) 18bis : autres reprĂŠsentations de Mars.

Les galeries gallo-romaines

19 â–

Statuette en bronze de Dieu Lare, Rouen (fouilles du tunnel Saint-Herbland) ; fin Ier s. ap, J.-C. (p. 23)

20 â–

Objet en bronze de fonction inconnue (marteau de porte ?) dÊcorÊ d’une tête de MÊduse, Rouen, place de la cathÊdrale ; IIe-IIIe s. (p. 18)

1 â–

MosaĂŻque de la forĂŞt de Brotonne reprĂŠsentant OrphĂŠe ; fin IIe - dĂŠbut IIIe s. (p. 21)

21 â–

Autel en calcaire dÊcorÊ d’une reprÊsentation de VÊnus, Liffremont (Seine-Maritime) ; IIe s. (p. 4)

2 â–

Colonne ornĂŠe de symboles bachiques, Rouen, place de la Pucelle ; IIe s. (p. 5)

22 â–

Plaque en verre bleu, Bacchus et Ariane, provenance inconnue ; Ier s. ap. J.-C. (p. 6)

2bis : autres exemples d’objets dÊcorÊs de symboles bachiques.

23 â–

3 â–

MosaĂŻque de Lillebonne, Diane ; fin IIIe - dĂŠbut IVe s. (p. 3)

Statuette en bronze de Jupiter en majestĂŠ, provenance inconnue ; Ier-IIIe s. (p. 8)

4 â–

Tambour de colonne dÊcorÊ d’un masque de satyre, Lillebonne ; fin IIe - dÊbut IIIe s. (p. 28)

24 â–

Statuette en bronze de la Fortune, provenance inconnue ; Ier-IIe s. (p. 24)

5 â–

Pan, Bacchus et deux bacchantes, relief en calcaire, Lillebonne ; IIe-IIIe s. (p. 25)

24bis : autre reprĂŠsentation de la Fortune. 25 â–

5bis : autre reprĂŠsentation de Bacchus. 6 â–

7 â–

8 â–

CĂŠramique sigillĂŠe dĂŠcorĂŠe de petits Amours, Vatteville-la-Rue ; IIIe s. (p. 16)

25bis : autres reprĂŠsentations de Minerve. 26 â–

Statuette en terre cuite blanche d’une dĂŠesse-mère, Rouen ; IIe-IIIe s. (p. 6)

Statuette en bronze de VĂŠnus, provenance inconnue ; Ier-IIe s. (p. 15) 26bis : autres reprĂŠsentations de VĂŠnus.

7bis : autres reprÊsentations de dÊesses-mères.

27 â–

Tête de bronze dite  tête d’Apollon , Lillebonne ; IIe-IIIe s. (p. 5)

Intaille en agate bleue reprĂŠsentant Minerve, La Haye-Malherbe (Seine-Maritime) ; IIIe s. (p. 18).

28 â–

Intaille en agate bleue reprĂŠsentant Mars, Rouen, place de la cathĂŠdrale ; dĂŠbut IIIe s. (p. 13)

29 â–

Denier avec une reprĂŠsentation de VĂŠnus ; ĂŠpoque rĂŠpublicaine. (p. 14)

8bis : autre reprĂŠsentation d’Apollon. 9 â–

Statuette en bronze de Minerve, provenance inconnue ; IIe-IIIe s. (p. 17)

Statuette en bronze de Mercure assis, Epinay près de Neuchâtel (Seine-Maritime) ; fin du IIe s. (p. 10)

Bibliographie indicative Dictionnaires et ouvrages de rĂŠfĂŠrences : – Aghion (I.), Barbillon (C.), Lissarrague (F.), HĂŠros et dieux de l’antiquitĂŠ, guide iconographique, Paris, 1994. – Grimal (P.), Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine, Paris, 1994. – Howatson (M.C.) dir., Dictionnaire de l’AntiquitĂŠ, Paris, 1993. – Vernant (J.P.), L’univers, les dieux, les hommes, Paris, 2002. Sur la religion romaine : – Lehmann (Y.) dir., Religions de l’AntiquitĂŠ, Paris, 1999. – Scheid (J.), La religion des Romains, Paris, 1998. – Turcan (R.) Rome et ses dieux, Paris, 1998. – Van Andringa (W.), La religion en Gaule romaine. PiĂŠtĂŠ et politique (Ier - IIIe s. ap. J.-C.), Paris, 2002. Pour aller plus loin‌ – Sur les bronzes figurĂŠs romains en Gaule : Boucher (S.), Recherches sur les bronzes figurĂŠs de Gaule prĂŠ-romaine et romaine, École Française de Rome, 1976. – Sur l’interprĂŠtation d’images religieuses a priori obscures et sur Dionysos : Sauron (G.) La grande fresque de la Villa des Mystères Ă PompĂŠi, Paris, 1998.

Images des dieux romains du musĂŠe des AntiquitĂŠs Texte Ambroise Lassalle, Conservateur du Patrimoine Jean-Michel Poinsotte (pour les textes antiques), Professeur honoraire de latin Ă l’UniversitĂŠ de Normandie Photos Yohann Deslandes, MusĂŠes dĂŠpartementaux de la Seine-Maritime Ce fascicule a ĂŠtĂŠ publiĂŠ avec le soutien de la Direction RĂŠgionale des Affaires Culturelles de Haute-Normandie. LĂŠgendes : En couverture (de haut en bas): TĂŞte de MĂŠduse (page 18), Sol ou HĂŠlios (page 30), Mercure assis (page 10). En dernière : Intaille en agate bleue dĂŠcorĂŠe d’une reprĂŠsentation de Mars (page 13), Attis (page 29). Conception graphique et rĂŠalisation : mĂŠdianes conseil & L’ATELIER de communication Š DĂŠpartement de Seine-Maritme. MusĂŠe dĂŠpartemental des AntiquitĂŠs - Rouen, 2005 ISBN 2-902093-49-7


198, rue Beauvoisine 76000 Rouen Tél. 02 35 98 55 10 Fax 02 32 76 31 70 musee-des-antiquites@cg76.fr ACCÈS Stationnement : place du Boulingrin, ais parking de l’Hôtel de Ville, parking du Palais Gare SNCF : 10 minutes à pied ied Métro station Beauvoisine : 2 minutes à pied

Images des dieux romains DU MUSÉE DES ANTIQUITÉS

OUVERTURE Tous les jours sauf le mardi Fermeture annuelle : 1er janvier, 1er mai, 1er et 11 novembre, 25 décembre Librairie, bibliothèque, aides à la visite, jardin accessible au public.

Après « Images de Noël au Moyen Âge » et « Images de Pâques au Moyen Âge et au début de la Renaissance », la série des petits guides du musée départemental des Antiquités se poursuit du côté de l’Antiquité romaine avec « Images des dieux romains ». Ce nouveau fascicule, en prenant appui sur les collections gallo-romaines du musée, vient apporter une aide à la lecture de toutes ces images des dieux romains, en lien avec les textes antiques qui racontent leurs aventures.

Les dieux parmi les hommes L’omniprésence des dieux romains

page 2

Place et rôle des images des dieux

page 4

Les dieux du panthéon classique et leur mythologie Les dieux olympiens majeurs

page 7

Les héros et autres dieux

page 19

Une nouvelle forme de religiosité

page 25

Glossaire Bibliographie

page 31 page 33

Les termes suivis d’un astérisque* dans le texte renvoient au glossaire en fin d’ouvrage.


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