Nuit
Juillet 2011 - n째 11
édito Bonne Nuit « Voilà l'été, j'aperçois le soleil / Les nuages filent et le ciel s'éclaircit / Et dans ma tête qui bourdonnent ? Les abeilles ! J'entends rugir les plaisirs de la vie / C'est le retour des amours qui nous chauffent / Les oreilles, il fait si chaud / Qu'il nous pousse des envies / C'est le bonheur rafraîchi d'un cocktail / Les filles sont belles et les dieux sont ravis. » Les Négresses Vertes, ce groupe à la fois culte et mésestimé, ont tout dit, fin des années 80, de la saison qui nous attend dans la bien nommée Voilà l'été. Mais « voilà l'été » ne signifie pas forcément « voilà le bonheur » pour ceux qui restent sur la capitale. Apéros en terrasses qui n'en finissent plus, jupes qui raccourcissent, marcels pour les garçons, sourires heureux des oisifs chanceux qui connaissent le mot « vacances », chaleur suffocante du métro, il y a ceux qui adorent Paris en été, et d'autres, qui le fuient comme la peste, le choléra ou Afida Turner. Pourtant, comme chaque année, les pique-niques dans les parcs (Buttes-Chaumont, par exemple), les fêtes et les festivals (Rock en Seine) laissent apercevoir, sous les pavés, la plage. Et je vous livre un secret d'une fan de Paris l'été : la ville devient beaucoup plus vivable que l'hiver. Parce que beaucoup la désertant pour d'exotiques contrées, se promener dans Paris fin juillet-août en jupette fleurie (ou en short), devient un peu l'équivalent d'être enfermé(e) dans un magasin de jouets seul(e), après sa fermeture : on en profite avec cette impression délicieuse que, Paris, donc le monde, est à nous. Violaine Schütz Rédactrice en chef
Régie publicitaire pubnuit@lebonbon.fr 06 33 54 65 95 Rédactrice en chef — Violaine Schütz
violaine@lebonbon.fr
| Directeur artistique — Tom Gordonovitch
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rédaction — Anne-Charlotte Anris-Vanek | Contributeurs — Denys Beaumatin, Sarah Bouakline, Arnaud Chaillou, Ghislain de La Chaise, Flora Desprats, Emmanuel Forlani, Nicolas George, Marine Goutal, Mirah Houdon, Iren Lula Cher, Xavier Magot, Hind Mahmoudi, Outlines, Michael Pecot-Kleiner, Philomène, Stéphane Semain, Manon Troppo, Thibaut Victor | Régie publicitaire — pubnuit@lebonbon.fr 06 33 54 65 95 | Contacteznous — nuit@lebonbon.fr | Siret — 510 580 301 00016 | Siège social — 31 bis, rue Victor-Massé, 75009 Paris 1—
Nuit
sommaire Le Bonbon Nuit
les bonnes brèves
Le 20h du Bonbon Nuit
p. 06
p. 07
vu, lu, entendu
la bonne étoile
Brigitte Fontaine
p. 09
le bon producteur
Arnaud Rebotini
p. 11
Beastie Boys
p. 15
Kitten on the Keys
p. 17
Nuit & Cinéma
p. 21
Outlines
p. 22
le bon culte
la bonne pin-up
le bon dossier
la playlist de
la bonne séance
p. 23
le bon look
p. 25
Jean-Louis Costes
p. 27
The Horrors
p. 29
Yuksek
p. 31
Aladdin
p. 35
le casse bonbon
Soucis d'une demoiselle
p. 37
le bon en arrière
Actuel
p. 39
la bonne starlette
Katy B
p. 41
Interdit aux -18 ans
p. 43
la bonne expérience
le bon groupe
le bon musicien
les bons choix
la bonne histoire
p. 47
trousse de secours
3—
Nuit
01/07
NAMELESS + MANU LARROUY + THIS IS NOT HOLLYWOOD 00H Soirée Bonbon 02/07 21H VICTORIA STATION & THE M.O.T.I.O.N.E.R.S + STARBOARD 08/07 21H BROKENCANDYS + CATS ON TREES 00H Soirée Bonbon 09/07 21H KARAROCKÉ + BLACK MINOU 21H
15/07
THE TAPE + ASIAN PORN STAR Soirée Bonbon 16/07 21H LATERBOX 22/07 21H LITTLE BALLROOM + LIPPIE + MARCELLA THE POST MODERN 00H Soirée Bonbon 23/07 21H KANDY + GREGGY AND THE GREGUETTES 21H
00H
le Bon Timing Les événements à ne pas manquer La Bazarette Fooding Le marché éphémère la Bazarette Fooding fera une halte au festival Days Off, le 1er juillet, à la Cité de la musique. Des producteurs régionaux y proposeront en dégustation des produits et recettes délicieuses. Joueront ce soir-là les très estimables Housse de Racket et Guillaume Fédou. Le 1er juillet à la Cité de la musique, de 18h à 21h, 15€ (bénéfices reversés au centre d’accueil Les Enfants du Congo Béthanie)
Snoop en concert Le 4 juillet, celui qu'on ne présente plus, le grand, le seul, l'unique Snoop Dogg jouera live pour sa tournée Doggystyle. Un casting qui fera saliver tous les plus grands fans de hip-hop. En effet, il sera entouré de Warren G, Tha Dogg Pound, Rbx, Lady Of Rage et Joe Cool. Réservez vite vos places, c'est au Zénith que ça se passe. Le 4 juillet au Zénith, dès 20h, 44€
Paris la Nuit Lancé il y a un mois, le site Paris La Nuit propose une sélection pointue d'événements (sorties, concerts, soirées et festivals à Paris et en région parisienne) classés par genre musical. Emmanuel Forlani, coorganisateur des soirées Free your Funk, et ex-rédacteur du webzine consacré au hip-hop 90bpm en est l'instigateur. Ce mois-ci, il réalise notre agenda. www.parislanuit.fr
Electrelane à la Plage Après une séparation en 2007, Electrelane, excellent groupe de rock féminin, ambitieux et énervé anglais originaire de Brighton, et formé en 1998 se DR / DR / DR / DR
réunit pour quelques dates estivales. Elles seront en concert à Paris pour jouer des morceaux issus de leurs quatre albums dans la salle éphémère de la Plage du Glazart le 22 juillet. Le 22 juillet à la Plage Glazart, porte de la Villette 28€, dès 19h. 5—
Nuit
les bonnes brèves Le 20h du Bonbon Nuit David Blot (organisateur notamment des soirées Été d'Amour) ressort son live sur la musique électronique, Le Chant de la machine aux éditions Manolosantis : 200 pages de bédé, plus une préface des Daft Punk, plus 10 pages inédites sur New Order, plus 220 morceaux en playlists ! Du lourd.
Le Big Festival se tiendra pour sa troisième édition toujours à Biarritz du 20 au 23 juillet avec au programme Catherine Ringer, The Bloody Beetroots, Carte Blanche, Outlines, Grandmaster Flash, Gesaffelstein, Housse de Racket, Stromae et David Bowie.
Nevermind (vendu à 30 millions d’exemplaires), le
Bob Sinclar a toujours l'air aussi con sur les pubs
deuxième album de Nirvana fête ses 20 ans et res-
d'une marque de casques placardées dans tout
sortira le 19 septembre en édition limitée remasteri-
Paris.
sée avec des bonus inédits.
Justice sortira son deuxième album en octobre. On y retrouverait le son électro puissant des débuts et des influences prog-rock.
Le nouvel album des New-Yorkais dance-punk The Rapture s'intitule In the grace of your love et sortira début septembre, chez DFA. La pochette du dernier mix de David Guetta, pour
Le duo Anteros & Thanaton fête le premier anniver-
lancer la saison à Ibiza, et les soirées Fuck me I'm
saire de sa soirée Retrograde et déménage au Social
Famous, signée La Chapelle est l'une des choses les
Club (après Chez Moune). Ils y reçoivent le 7 juillet DJ
plus "douteuses" qu'on ait vue cette année.
Harvey et Alexis Le Tan.
Après une longue absence, l'américaine Cat Power se produira à Paris le 3 juillet dans le cadre du festival Days Off à la salle Pleyel. Miaou.
David Carreta, l'un des inventeurs de l'électro clash a un nouveau projet, avec sa femme, Gigi Success. Ça s'appelle Aerobic et c'est parfait pour faire sa gym du matin.
Hondelatte, le présentateur de Faîtes entrer l'accusé
Carlsberg relooke sa bouteille. Elle a une forme
se lance dans la chanson. Et son premier single, Doc-
allongée et se nomme "Club Bottle". On la trouve
teur House, fait mal.
chez Monoprix.
Björk sera de retour avec un nouvel album intitulé Biophilia (un rapport avec Naturalia ?) avant la fin de l'année. Ce sera le septième et il a été partiellement enregistré sur iPad.
Le groupe mythique Primal Scream donnera une seule date de concert en France, ça se passera à Hyères le 24 juillet lors du festival Midi. La terrasse du Petit Bain ouvrira ses portes le 5 juillet
Ex-reporter, journaliste et DJ, Frédérick Rapilly est
sur les bords de Seine à Paris.
l’auteur de trois essais, dont le dernier en date porte sur la série télé The Mentalist. Il vient de sortir un polar aux éditions Critic intitulé Le Chant des âmes, qui concilie musique et thriller époustouflant. La veille du meurtre, la victime semble s’être rendue à une rave party.
6—
Le Panic Room lance "La Panic Summer Academy" du 1er juillet au 31 août. Durant ces deux mois de soleil, tous les résidents qui sont passés mixer cette année sont invités à parrainer de jeunes DJ / musiciens l’espace d’une soirée.
Nuit
vu, lu, entendu Entendu au bar, vu dans la presse ou lu sur Facebook / Twitter Est-ce que quelqu'un pourrait m'expliquer pourquoi les Parisiennes portent des collants noirs avec des shorts en jean ? Je suis perplexe devant la popularité de cette tenue. Dita Von Teese
Patrick Sébastien : sexe, drogue et rock’n’roll. La Montagne Si tu n'aimes pas le rap d'aujourd'hui, c'est que tu n'aimes pas aujourd'hui. Gonzales
Kirsten Dunst looked a lot sadder when I ran out of coke at an Oscar party 5 years ago than at the Von Trier press conference at Cannes…
Persuadé à tort d’être ivre au volant, il se soustrait à un contrôle. Le Dauphiné libéré
Bret Easton Ellis Le cochon a trouvé son “porc” d’attache. L’Alsace
Modern journalism justifies its own existence by the great Darwinian principle of the survival of the vulgarest. Oscar Wilde
Il a de la cuite dans les idées. Marie Pizza now, apocalypse later. Troppo
On ne peut pas toujours avoir raison, mais on peut ne jamais avoir tort. Matthew Oliver
Des jours avec et des jours sang. Julie
Je ne crois que ce que je bois. C'est-à-dire pas mal de trucs, finalement. Manon Fort
ça me touche les seins ce que tu me dis. Beths
Le Vieil Homme et ta mère. Arnaud Delord The problem with the world is that everyone is a few drinks behind. Humphrey Bogart
Too Fucked To Drink. #samedisoir. Manon
L'Amour est dans le pré, c'est finalement juste le making of de Hard, la série de Canal. Joachim
La baise c'est gratos, c'est pour les chômeurs. K Quand le mal au cœur est présent, bois ton verre dès
Décrire les passions n'est rien ; il suffit de naître
maintenant (proverbe maya). Julie-Séverine
un peu chacal, un peu vautour, un peu panthère.
Fais-moi apparaître un In & Out et tu deviendras my number one. Arthur Castillon
Lautréamont
Il s’anesthésie à la bière et s’opère au fusil de chasse. Le Figaro
Hier, j'ai vendu mes collants portés à un fétichiste pour 50 euros. La meuf de l'année
Le meilleur ami de l'homme pendant la Fête de la musique, c'est le double-vitrage. Aysam
Vin chez moi, j'habite chez une copine. Mathieu
On vient de me jeter un caillou dans le dos. La drague ici, c'est ambiance Intifada. Katia à Porto Vecchio
Jacno, le David Bowie français. VSD
Allô maman comment tu m'as faite chuis bobo. M
Reply us : facebook.com/lebonbonnuitparis
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Everyone's a V.I.P. to someone. Muru
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La bonne étoile ® Violaine Schütz Ω Yann Orhan
Brigitte Fontaine On boit toujours de son eau
Dire Brigitte Fontaine en quelques signes est impossible. 15 livres, 18 albums depuis 1966, quinze ans
gistrée et sortie. Les journalistes ont dit que son album est nul, sauf cette chanson.
de silence, des rôles au théâtre, des apparitions médiatiques caustiques, de la folie dans ses textes,
Pourquoi un disque de duos ?
et beaucoup d'intelligence dans sa poésie, une pré-
Au départ, je n'étais pas pour. Quand la maison de disques me l'a proposé, j'ai refusé. Je trouvais ça ringard. Mais après ça, ils ont insisté deux mois, comme la chèvre de monsieur Seguin, je me suis dit que finalement c'était l'occasion d'inviter quelques amis et d'imposer mes conditions. C'était l'occasion de travailler avec des gens que j'aime comme Ivor Guest, le producteur gallois qui a travaillé avec Brian Eno et Grace Jones (sur Hurricane, formidable mais passé totalement inaperçu en France) notamment et qui avait déjà bossé sur mon précédent album Prohibition, et Areski bien sûr.
sence flamboyante, voici à peu près ce dont on peut parler. À l'heure de la sortie d'un disque de duos, L'un n'empêche pas l'autre, et d'une anthologie de ses paroles, la libellule de l'île Saint-Louis se confie (un peu) à nous. Comment est né votre dernier single, le morceau Dancefloor ?
D'une impulsion, une envie folle de danser. Je n'étais pas sur une piste de danse, juste chez moi. J'ai pensé à ma copine Grace Jones car c'est la reine du dancefloor. Ce morceau est une tuerie. Tu l'écoutes, tu te lèves, tu danses.
Une anthologie de vos textes a récemment été Vous sortez un disque de duos, est-ce que tous ceux
publiée, comment viennent ces textes ?
que vous avez contactés vous ont dit oui ?
Tout naturellement. Mais le début vient comme un nuage atomique qui descend du ciel, après c'est très guidé avec la conscience mais aussi l'inconscience et très écrit.
Il devait y avoir un duo avec Ben Laden. Mais il est mort. Il a sans doute eu peur. Sinon Beth Ditto avait dit oui pour chanter God's Nightmare, mais elle a trop traîné. Tant pis pour elle. Sinon, il y aurait pu y avoir Johnny. J'avais écrit une chanson pour M. Et quand Johnny Hallyday l'a entendue, il l'a voulue. C'est Tanagra et en fait je l'avais justement écrit en pensant à Johnny. Ça dit : « Je suis fou de toi/Viens dans mon épaule/Jolie Tanagra/ Tu me fous la gaule ». Finalement Johnny l'a enre8—
Dans votre duo avec Emmanuelle Seigner, Dressing, vous parlez de chiffons, vous aimez beaucoup la mode ?
Je suis folle, malade de fringues. J'adore Issey Miyake, qui m'a fait plein de cadeaux, comme ces bottes que j'ai depuis 15 ans, c'est une Nuit
Brigitte Fontaine
masterpiece. Aujourd'hui, je porte aussi de la voile de soie japonaise, qui a fait une expo dans une galerie pour le secours populaire japonais et un peigne en écailles anciennes.
l'ai appris plus tard. J'aurais pu gagner beaucoup d'années. Je leur en ai voulu. Ils voulaient que je passe mon bac. J'ai dû passer mon bac, monter à Paris, galérer, souffrir.
Avant la musique vous vouliez être actrice, et avez joué au théâtre, vous ne vouliez pas être chanteuse ?
Brigitte Fontaine — L'un n’empêche pas l'autre Universal
Je ne voulais rien. Je savais que je ferais du théâtre et que j'écrirais. Chanter je n'avais pas prévu. Quand j'avais 12 ans à Morlaix, le directeur d'un théâtre avait proposé à mes pères que je parte avec lui et sa troupe pour jouer sur les routes de Bretagne du Cocteau et du Shakespeare que j'adorais. Mes parents ont refusé sans me le dire. Je
≥ Disponible en physique et digital
9—
— Ses adresses préférées à Paris ≥ Les jardins du Palais-Royal ≥ La place Colette, à côté de la Comédie française ≥ L’île Saint-Louis, sauf le samedi et le dimanche
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10 —
Nuit
le bon dj/producteur ® Violaine Schütz Ω DR
Arnaud Rebotini Dieu des machines
Depuis 15 ans, Arnaud Rebotini traîne sa banane corbeau gominée et son look de rock star dark dans les clubs avec ses projets Black Strobe, ou Zend Avesta. Il revient sur les scènes avec Someone Gave
peut vivre avec Internet montre qu'on est aussi déculturé que les esclaves noirs. On est obèses de culture, du coup on se sent perdu d'un point de vue identitaire.
Me Religion, un deuxième album solo qui réhabilite les instruments vintages. Entretien avec un man
Ça fait plus de 15 ans que tu es dans le milieu de la
machine très humain.
musique électronique, est-ce que tu as aussi senti
Après avoir intitulé ton premier album solo Burn
Ben justement, l'idée de faire des albums de techno est à contre-courant de ce qui se fait dans cette culture, où on sort plutôt des tracks destinés aux dancefloors. La culture techno ne se résume pas à ça. Quand tu penses à l'histoire de la house et des musiques électroniques, il s'agit au départ de prendre le rythme du disco et de mélanger ça avec de la new-wave et du krautrock. C'est ce que j'essaie de faire avec mes albums. J'ai envie, à mon niveau, de mettre du sens et de la poésie dans une musique instrumentale. Pas que des morceaux cool et qui groovent.
que ce milieu était en perte de sens ? your own church (2007), tu nommes le deuxième Someone gave me religion, tu as trouvé la foi ?
En fait, ça vient d'un morceau de Son House, un blues man folk des années 30 qui a fait des enregistrements jusque dans les années 60, 70. Il avait un titre, un de ses classiques, appelé Preachin' Blues, qui commence a priori par cette phrase : « Someone gave me a religion ». Je dis a priori car on ne comprend pas très bien. Ça m'a interpellé, que ce qui te donne une religion ne soit pas nommé. Et ça m'a d'autant plus interpellé que ceux qui ont donné une religion aux bluesmen étaient des blancs. Il y a toujours un parallèle à faire entre les bluesmen, totalement déculturés, qui ont posé les fondements de la culture populaire actuelle et ce qui s'est passé après. Le blues est une musique universelle en Occident, les Rolling Stones en ont fait, les White Stripes aussi. Et tout ce qu'on 11 —
Tu viens du rock, et non de la techno…
Oui, ado, j'écoutais tout ce qui était noise. Jesus And Mary Chain, Sonic Youth, Swans. Après, vers 20 ans, j'ai découvert le métal avec Napalm Death. Puis j'ai joué de la guitare dans des groupes de noise. Nuit
Arnaud Rebotini Avec ton look, on t'aurait d'ailleurs bien vu dans
Depuis la sortie de Music Components, beaucoup de
un groupe de rockabilly ou de métal, est ce que ton
producteurs sont aussi revenus aux machines, du
image t'a desservi dans le milieu techno ?
coup, tu as changé des choses pour Someone Gave
Je ne suis pas dans l'archétype du mec qui fait de la techno, mais c'est quoi l'archétype du mec qui fait de la techno ? Un chauve avec des lunettes ? Ça m'excite pas des tonnes ! Et black de Detroit, je ne peux pas. J'essaie d'être libre et j'aime le rock. Et puis Black Strobe, c'est un groupe.
Me Religion ?
Je voulais faire une techno très musicale, en commençant par des titres qui n'ont pas forcément de beat. C'est une dimension de la techno qu'on a un peu oublié, l'ambiant. J'ai aussi écouté beaucoup de krautrock, du Tangerine Dream, Cluster, Neu !. Ce qui m'a influencé dans le son.
Justement, que devient Black Strobe que tu as fondé avec Ivan Smagghe (et qui ne fait plus partie
Tu as été disquaire chez Rough Trade, quel regard
du groupe) ?
portes-tu sur la musique dématérialisée et sur
On travaille sur le prochain album qui est bientôt terminé. Il est très influencé par le blues et va aussi taper dans le disco. Il sera boogie dans plusieurs sens du terme.
l'évolution de la musique ?
Et qu'est-ce qui s'est passé avec Ivan, vous vous êtes disputés ?
Ca s'est fini pour des histoires d'interviews, d'égos, et moi je ne voulais plus forcément travailler avec un DJ. Et il habite à Londres. On se parle quand même de temps en temps. Pourquoi avoir voulu te lancer en solo ?
Pendant la deuxième partie de la tournée de Black Strobe j'avais retrouvé un Juno 60, dont le son m'a bluffé. J'ai retrouvé un plaisir juvénile à faire de la musique comme ça, sans ordi. De là, l'idée est venue de la volonté de faire un live avec beaucoup de machines qu'on branche entre elles sans intervention de laptop. J'ai alors contacté le label Citizen pour qu'ils me trouvent des dates de booking. Et là, Fred du label m'a dit : « Mais pourquoi tu n'en ferais pas un album ? ». C'est comme ça qu'est né le concept de Music Components : de techno mélodique, un peu mélancolique, faite avec des vieux synthés des années 70 et 80. J'ai un peu plus de synthés maintenant, et des vidéos et des strobes avec deux écrans sont prévus pour le nouveau live.
12 —
Je télécharge pour des DJ sets, mais quand j'adore, j'achète les disques en physiques. Et beaucoup de vinyles. Après, plus globalement, la technologie a toujours fait évoluer la musique : l'arrivée de la guitare électrique a créé le rock. D'autres genres meurent avec des technologies aussi. Le reggae est quasiment mort quand ils sont passés des delays analogiques au digital. Après 78, ça sonne moins bien. La grosse révolution, c'est l'abaissement des coups de production : tu peux produire un disque, faire un clip et le mettre sur Internet puis devenir une star pour un coût minime. Après, tout le monde n'a pas grand-chose à dire, il suffit d'aller sur beatport ou soundcloud pour s'en rendre compte. Arnaud Rebotini Someone Gave Me Religion Blackstrobe Records En live à la Gaîté Lyrique le 30 septembre www.myspace.com/arnaudrebotini — Ses clubs préférés à Paris ≥ Chez Moune, même si le son est pourri. Guido est cool, il fait chaud, c'est à côté de chez moi et ça me rappelle le Pulp. Le Social Club en semaine. Le Rex, pour les soirées techno.
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Le bon culte ® Nicolas George Ω Phil Andelman
Beastie Boys Back in The Game
30 ans de carrière, quelques cheveux blancs et la
Pas tout compris, j’avoue. Un peu comme la signifi-
fougue des premières heures ! Les Rolling Stones du
cation du très mystérieux titre de l’album Hot Sauce
hip-hop font jumper la planète rap avec Hot Sauce
Committee Part Two…
Committee Part Two, album initialement prévu en
Ah ! Le titre, nous ne pouvons pas vraiment vous dire ce que cela signifie. C’est un code pour plusieurs opérations différentes que nous avons vécues jusqu’à présent !
2009. Et on a bien fait d’attendre car Mike D, MCA et Ad-Rock nous offrent, une fois de plus, une valeur sûre pour nos platines. Propos rapportés, dans la bonne humeur…
Oui, on n’est pas plus avancé, effectivement ! Vous Les Beastie Boys version 2011, ça donne quoi ?
avez invité Nas, sur la chanson Too Many Rappers,
Ils sont honnêtes, braves, érotiques, sexy… enfin à nos yeux (rires). Car bon, ce qui est sexy pour nous ne l’est peut-être pas pour vous !
c’était pour lui passer un message ?
Un mot sur votre album. Quel principal souvenir gardez-vous de l’enregistrement ?
Une sorte d'aventure, une excursion. Ou plutôt des montagnes russes. Ou voir un zoo ! Vous savez une sorte de visite à l’une de ces attractions où vous pouvez voir tous les animaux et vous dites « Oh merde ! C'est un lion là-bas ». Alors que moi, je vois un éléphant. Quelque chose comme ça peut-être, je ne sais pas ! Vous comprenez ? (rires)
Non, pas du tout. Nous sommes fans de Nas depuis son premier album, depuis Illmatic. Je pense qu'il a fabuleusement contribué à l’essor du hip-hop dans son ensemble en tant que MC. Nous avions effectivement parlé avec lui il y a un certain nombre d'années avec l'idée de faire quelque chose mais on n’avait jamais réussi à se réunir. Et là, on a pu et on est vraiment fiers de la collaboration et du morceau. 30 ans derrière un micro à revendiquer vos opinions… Vous considérez-vous toujours comme des "reporters de la vie de la rue" ?
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Beastie Boys
La rue est notre essence et nous sommes un peu les journalistes de terrain ! On écrit, on se documente sur ce que nous voyons et vivons. Puis, nous en faisons des chansons. Rien d’autre. Mais il n’y a pas que nous dans ce rôle : la plupart des artistes hip-hop et MCs le sont.
Mais vous vous sentez adultes ?
Je suis un adulte. Regardez, je porte une cravate et un blazer et tout ! (rires) Enfin, quels sont vos trois albums préférés de tous les temps ?
The Clash de The Clash, It Takes a Nation of millions to hold us back de Public Enemy et Arkology de Lee « Scratch » Perry.
Le mot qui vous définit le mieux ?
On est hip-hop ! (rires) Pas trop difficile d’être des adultes au sein de cette culture plutôt jeune ?
C'est une question intéressante mais on a toujours grandi dans cet univers et quoi que l’on peut dire, le hip-hop est en constance évolution, et donc nous avec. Il y a toujours beaucoup d’excitation à en faire, quelque soit notre âge, mec ! 15 —
Beastie Boys — Hot Sauce Committee Part Two ≥ Disponible en physique et digital
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La bonne performeuse ® + Ω Denys Beaumatin
Kitten On The Keys Miaou
Suzanne Ramsey alias Kitten on the Keys, est une chanteuse, musicienne, et actrice américaine de cabaret new burlesque. Née en 1963 à Walnut Creek près d'Oakland, elle a grandi en Californie et appris à jouer de tous les instruments (piano, batterie, guitare) avant de devenir danseuse / performeuse /
Un vrai souffle d’air frais dans ce monde de dupes. C’est après l’annonce de l’Alcazar, restaurant chic du 6e, de sa collaboration pour la sortie de son album avec l’une des actrices Kitten on the Keys, "Chat sur les touches d’un piano" que je me suis empressé de l’interviewer.
strip-teaseuse. Elle a fait partie du mouvement punk en 1986 au sein du groupe Sugar Babydoll avec
Qui es-tu chaton ?
Courtney Love. En 2007, on l'a vue dans le Tournée de
Je suis une fille de San Francisco qui habite à la mer et qui a un chat. J’aime la musique des années 20 et le pop rock. J’aime aussi mélanger l’histoire et mon amour de l’amusement, de la musique, des dessins animés, c’est comme ça que j’ai créé le personnage Kitten on the Keys. L’une de mes chansons préférées est Kitten On The Keys écrit en 1922 par ZeZ Confrey, un pianiste important du courant musical novelty ragtime.
Mathieu Amalric.
En 1990, je faisais sûrement partie de ces quelques personnes, boutonneux à lunettes, qui à l’âge de 11 ans n’avait pas d’amis. Facebook n’existant pas, je passais mon temps à mater 30 millions d’amis pour combler le vide. À cela s’ajoutait les collectors VHS piratés durs à trouver sur les chats noirs boiteux, ou autres chats timbrés d’Égypte achetés aux puces. Fasciné par les chats et les femmes dodues du fait de ma puberté naissante excentrique, je me suis évidemment laissée séduire par le film Tournée d’Amalric. Notamment par le culot de ses actrices et effeuilleuses extraordinaires du new burlesque, mouvement artistique et féministe né aux États-Unis : drôles, décomplexées, brisant les pires clichés dégoulinants d’anorexie de la mode ou autres pubs ringardes sur la femme. 17 —
Pourquoi cet album de chat à l’Alcazar ?
L’histoire de ce lieu, ancien night-club de travestis, c’était parfait. Je suis vraiment heureuse d’être dans le CD de l’Alcazar. J’ai écrit cette chanson sur l’idée de passer une très mauvaise journée, certaines personnes ont pensé que j’étais en dépression. Avec ma perruque, plus de chaussures, mes dents, mes faux cils. La chanson tourne aussi autour de l’image du corps et de l’acceptation. Nuit
Kitten on the Keys
“amalric C’est un super nice guy. Il me laissait rester derrière sa fenêtre, je pouvais voir son bébé manger des cigarettes.”
De quoi parle ton show de chat ?
Je raconte énormément d’histoires qui s’intitulent : Est-ce que ce piano me fait un gros cul ?, sur ma famille bizarre avec une mère religieuse et un père, batteur fou, jazzman. Qui est Mathieu Amalric ? Ton lover cat ?
Non. C’est un super nice guy. Il me laissait rester derrière sa fenêtre, je pouvais voir son bébé manger des cigarettes. Au départ je me méfiais beaucoup, on savait qu’il écrivait un scénario, j’avais aucune idée de qui il était. Je l’ai rencontré à San Francisco, là on s’est rendu compte que c’était un Français qui voulait faire un film d’après des textes de Colette sur des filles du burlesque et qu’il voulait en faire jouer. Quand il m’a appelée, j’ai su que ma vie allait changer. Est-ce que tu aimes le cinéchat ?
J’adore John Waters, David Lynch, Tim Burton. Les vieilles comédies musicales des années 30, Footlight Parade chorégraphiée par Busby Berkeley. C’est magique. Russ Meyer, c’est comme être chien et chat ?
Oui c’est fantastique. J’ai rencontré plusieurs filles extraordinaires de ses films, certaines n’ont pas la poitrine refaite, certaines oui. Celles qui se sont faites refaire les seins ont des problèmes de santé. C’est triste. Peux-tu me conseiller une adresse pour chat ?
Rue Saint-Severin. Les chapeaux sont magnifiques, quand tu les mets sur la tête on a l’impression que d’avoir une jolie tête de chat, mais de dessin animé, un magnifique travail artisanal. Est-ce que tu aimes les bonbons chat ?
Oh my god ! J’adore les Haribo, les crocodiles. Je peux pas les avoir aux États-Unis, il n’y a que des petites grenouilles, c’est pas la même chose. La première chose que je fais quand je me réveille 18 —
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Kitten on the Keys
le matin ? Je me demande où est mon alligator. J’adore les bonbons. Musique entre chats ?
The Tiger Lillies. Trio musical londonien très dirty, osé, c’est comme un énorme vagin dans le ciel. Tu donnes souvent ta langue au chat ?
Comment dit-on… rouler une pelle ? Yes I do !
Une histoire avec un chat dans la gorge ?
C’est trop dur j’en ai trop, je vais te raconter une histoire de sexe très étrange. Je sortais avec un mec qui voulait un sexe plus grand. Il a pris des œufs durs chauds sans coquille qu’il a mis au fond du préservatif. Forcément ça a rendu son sexe beaucoup plus grand. Mais le plus drôle c’est quand on a fait l’amour, au fond du préservatif ça a fini par faire de la salade d’œufs.
Est-ce que tu préfères les chats ou les chattes ?
Tes projets de chat ?
J’aime regarder les femmes, j’ai toujours aimé les corps de femme mais je pense qu’à partir du moment où c’est du sexe je préfère les bites.
Je vais bientôt jouer du ukulélé aux Eurockéennes à Belfort avec Philippe Katerine.
Secret de chat ?
Kitten on the Keys apparaît sur Alcazar Pschent
Oh my godness ! J’ai des tonnes de secrets, j’étais dans un groupe avec Courtney Love et elle ne m’a pas tuée, c’est un secret mais je te l’ai dit.
≥ Disponible à l'Alcazar 62, rue Mazarine, Paris 6 e
19 —
Tél. : 01 53 10 19 99
Nuit
le bon dossier ® Thibaut Victor Ω Les Proies du Vampire © Courtesy of Alameda Films
nuit & cinéma ou la contre-culture à la française
« La nuit est un vide dans lequel je peux créer. » Lorsqu'elle a lancé cette formule, Grace Jones ne pensait sans doute pas au cinéma. Pourtant, plus que pour toute autre création, elle semble lui convenir. La nuit et le cinéma ont beaucoup en commun. Retour sur leur attraction avec Noël Herpe, maître de conférence à l'université Paris VIII et réalisateur de C'est l'homme (2009) – bientôt disponible en DVD.
La nuit s'impose comme la condition du cinéma. Condition d'apparition dans les salles obscures. Condition pour abandonner la réalité et accéder à l'imaginaire. Aux rêves et aux cauchemars. Un temps à la fois arrêté et fuyant comme ces 24 images figées sur pellicule qui forment pourtant un mouvement. Un espace oscillant entre le visible et l'invisible comme ce jeu perpétuel entre ce qui est dans le champ et ce qui est hors-champ. Ce qui apparaît et ce qui disparaît. À l'écran. Rien d'étonnant à ce que les cinéastes s'emparent de la nuit comme d'un motif essentiel. Et fassent du cinéma la plus grande des boîtes de nuit. On se permet d'y piocher au hasard quelques étoiles pour la toile, sélectionnées en compagnie de Noël Herpe, qui nous éclaire sur le sujet.
forte. On retrouve ça dans certains films de Murnau, ou chez Sternberg avec Les Nuits de Chicago (1927) même si cela se passe sur plusieurs nuits. Quand Marcel Carné fait Les Portes de la nuit (1946), il se souvient de cette grande tradition. En fin de journée, Yves Montand prend le métro pour vivre des évènements de plus en plus dramatiques jusqu'au petit matin. On retrouve cette idée un peu plus tard chez un cinéaste très marqué par Carné : Jacques Demy. C'est le thème d'Une Chambre en ville (1982). » Une nuit diluée…
« Je pense à Louis Malle avec Ascenseur pour l'échafaud (1957) et l'errance de Jeanne Moreau dans les rues de Paris. Il y a de nombreux exemples avec la Nouvelle Vague qui échappe à la construction dramatique pour voir la nuit dans sa durée, son ennui et dans sa dimension de néant et d'errance. Le Père Noël a les yeux bleus (1966) de Jean Eustache se passe la nuit en province. Il y a les filles, les bistrots, une trivialité de la nuit admirablement filmée qui renvoie encore à une certaine poésie. Si tout se passait de jour, ça ne se serait pas pareil. Il y a une facilité à tourner la nuit parce que ça donne une beauté aux choses. »
Une nuit dramatique…
« La nuit permet de concentrer l'action en peu de temps. Elle permet alors de concentrer les passions et de leur donner une structure tragique très 20 —
Une nuit interlope…
« C'est l'espace du film policier par excellence. Scarface (1983), Les Forbans de la nuit (1950) de Nuit
Nuit & Cinéma
Jules Dassin ou la même année Quand la ville dort de John Huston. Sans doute le plus beau film nocturne avec ce sentiment d'un monde interlope qui ne se lève que la nuit, peuplé de fantômes et de vampires qui en ont besoin pour exister. C'est le monde des tripots, de la prostitution, du marché noir. Une poésie surgit. Une poésie de l'inconscient. Une poésie du mal, de la marginalité et des minorités qu'on retrouve un peu chez Cassavetes avec Shadows (1958). Je pense également à JeanPierre Melville, magnifique cinéaste de la nuit avec des films comme Bob le Flambeur (1955) ou Deux Hommes dans Manhattan (1959). » Une nuit cliché…
« Amityville, la maison du diable (1979). Il se passe la nuit des choses de plus en plus horribles et, pourtant, le matin, tous font comme si rien ne s'était passé. C'est un cliché absolu et on a l'impression que ce sont deux mondes qui ne communiquent pas vraiment. Comme deux espaces séparés. Nuit et jour. Le film d'horreur conventionnel joue là-dessus, sur le fait que ce qui se passe la nuit n'a finalement rien à voir avec la réalité. Georges Franju, grand cinéaste d'un fantastique à la fran21 —
çaise, a réussi à dépasser le stéréotype en arrivant à exprimer l'horreur dans la journée. Il n'attend pas la nuit pour révéler les monstres. Il est toujours plus intéressant de faire surgir la nuit en plein jour. » Et pour une nuit partagée…
Rendez-vous dès le 2 juillet pour la Nuit du cinéma au Forum des images pour les adeptes du cinéma bis mexicain ou du porno japonais… Le festival Paris Cinéma continue quant à lui jusqu'au 13 juillet. Parmi les séances à ne pas rater : l'avant-première des Contes de la nuit par le réalisateur de Kirikou, la performance conçue pour le film Les Proies du vampire ou le ciné-karaoké en clôture au 104, de 22h à 3h. Enfin, le parc de la Villette perpétue du 19 juillet au 21 août ses habituelles projections en plein air – et gratuites dès la nuit tombée. Un petit passage à la Cinémathèque s'impose également. Le cycle Perles noires vous propose jusqu'au 31 juillet le meilleur des films noirs US jamais montrés – ou presque. Un conseil : les films du scénariste William Bowers, mentor de Coppola père dont les dialogues n'ont rien à envier à ceux de Tarantino. Nuit
la playlist de Ω Sean Hart
Outlines
1
Stevie Wonder — Summer Soft
Une perle souvent oubliée sur un des meilleurs albums de l'empire Motown. 2
Nicole Croisille — Where Did Our Summers Go
Chanson épique du Français Francis Lai sur sa B.O. de La Leçon particulière. Gros arrangements au rendez-vous. 3
Love Club — Hot Summer Nights
Un beat comme on aime. Une basse synthé comme on aime. Des riffs comme on aime. Une voix qu'on oublie tellement on aime le reste. Si vous ne connaîssez pas encore
4
Outlines, vous avez déjà sans
La voix de M. Neville, instrument venu d'une autre planète, qui plane sur une orchestration qui coule. Et qui a coulé jusqu'à Berlin. .
doute la voix du duo composé de Jérôme et Irfane. Ce dernier
Aaron Neville — Summertime
chantait en effet sur le tube de
5
l'été dernier, le Baby I’m Yours de
Une chanson qui nous rappellerait presque des chants de la Noël que l'on retrouve sur l'expérimental album McCartney II.
Breakbot. Alors qu'ils sortent un
Paul McCartney — Summer's Day Song
nouveau EP, le groovy I Cannot Think (chez Universal), ils nous
6
livrent une savoureuse playlist
On est en 1982. Et c'est l'été. Et c'est tellement bon.
spéciale “summer”.
McCrarys (feat. Wayne Henderson) — Love On A Summer Night
— www.outlines.fr
7
Quincy Jones — Summer In The City
Du grand art, et un tube offert aux Californiens de The Pharcyde au passage. 8
DJ Jazzy Jeff & The Fresh Prince — Summertime
On est en 1991. Et c'est l'été. Et ça fera un Grammy Award s'il vous plaît. 9
Isley Brothers — Summer Breeze
Un gimmick enivrant, un riff de guitare à la Brian May, et une envolée lyrique comme seuls ces frères savent le faire. 10
Halgan — Summerize
Un track qui sent la chaleur de l'été, créé sur son ordinateur par ce très talentueux et sexy Parisien moustachu. À retrouver ici : soundcloud.com/halgan
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Nuit
la bonne séance ® Xavier Magot Ω DR J’ai rencontré le diable de Kim Jee-Woon 9/10
Il aura fallu le prix de la critique et celui du public au dernier festival de Gérardmer pour qu’enfin un film de Kim Jee-Woon soit distribué en France. Digne représentant de la nouvelle vague sud-coréenne, le cinéaste est, aux côtés de Bong Joon-Ho et Park Chan-wook, un de ces plus brillants éléments. Découvert il y a déjà quatre ans grâce à son thriller hard boiled A Bittersweet Life, resté inédit en salles ici, il gagne aujourd’hui ses galons de maître du polar asiatique avec J’ai rencontré le diable, nouvel essai une fois de plus transformé. Avec comme toujours la vengeance pour toile de fond, le film, d’une noirceur totale et à la violence parfois insoutenable, se savoure haletant, la main crispée sur l’accoudoir. Un "feel bad movie" à l’ambiance délétère qui place définitivement la Corée en leader du marché. ≥ en salle le 6 juillet I’m still here de Casey Affleck avec Joaquin Phoenix 4/10
Le genre n’est pas nouveau et les tentatives de faire s’entrecroiser réel et fiction sont devenues depuis quelques années le nouveau mètre étalon du cinéma indépendant. À croire que le Mockumentary (documenteur) serait finalement aujourd’hui synonyme de liberté artistique absolue. Dans I’m still here, Casey Affleck filme la fausse crise existentielle de Joaquin Phoenix, bien décidé à raccrocher les gants de la comédie pour endosser ceux de rappeur. Un film de famille donc, conçu comme un chemin de croix à l’intérieur de l’industrie hollywoodienne, sur le papier, ça faisait rêver. Mais à trop vouloir cultiver son décalage systématique, le film se perd en pause et finit par lasser. Ce rise and fall imaginaire et un tantinet laborieux fait-il réellement plus sens qu’un épisode de Punk’d d’Ashton Kutcher ? Rien de moins sûr… ≥ en salle le 6 juillet Cadavres à la pelle de John Landis avec Simon Pegg 8/10
John Landis fait partie des seconds couteaux de l’entertainement US qui ont su créer au début des 80’s l’autre alternative du nouvel Hollywood. Ces vrais génies de la comédie et de l’horreur ont su à leur manière apporter au cinéma populaire une vision fun et décomplexée du divertissement. Landis revient avec son vingtième longmétrage qui continue d’explorer la dimension pop d’un style qu’il a lui-même créé. Un pari largement réussi avec cette fable fantasticogothique de détrousseurs de tombes qui, en plus de fournir un divertissement de haut vol, fait subtilement la lumière sur les avancées technologiques du XIXe s. et, par là même, remet en perspective les balbutiements du cinéma. Un conte généreux, drôle et intelligent. ≥ en salle le 27 juillet 23 —
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le bon look Ω Hind Mahmoudi 7 Sarah Bouakline
Cyprien 20 ans Fixie Rider Pantalon en canevas T-shirt blanc à large col en coton Lunettes de soleil American Apparel
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Le Bon Look
Charlotte 23 ans Danseuse T-shirt blanc en coton Jean brut taille haute Mocassins en velours American Apparel
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La bonne expérience ® Michael Pecot-Kleiner Ω Géraldine Eelbode
JEAN-LOUIS COSTES Une soirée dans son bunker
J'attends et me pose quelques questions. C'est que mon “client” n'est pas tout à fait comme les autres. Vénéré par l'über underground pour ses performances hardcore, écrivain génial, chanteur provoc, Jean-Louis Costes n'apparaît pas être au premier abord un modèle de stabilité mentale. Mais déjà au loin, sa silhouette émaciée à l'approche abrège mes tergiversations…
21h00, métro Saint-Denis.
Première surprise, Costes m'accueille avec son gosse dans les bras. Costes, papa ? « Vous ne m'avez pas attendu trop longtemps ? Venez, suivez-moi, je n'habite pas très loin », me dit-il presque timidement. Cinq minutes de marche plus tard, je franchis le portail rouillé d'un petit pavillon de banlieue. Il me fait faire le tour du propriétaire. La baraque est un peu délabrée, je me dis que Costes ne doit pas être une fée du logis. Il me présente à sa femme et dépose tendrement son gamin. « Papa va travailler », lui lâche-t-il, puis se tourne vers moi : « Vous vouliez m'interviewer dans mon bunker, c'est bien ça ? Et bien allonsy… » Dans une pièce au rez-de-chaussée, Costes soulève une trappe et m'invite à descendre une échelle casse-gueule. Les bouteilles de pif que j'ai amenées avec moi dans mon sac pour délier les 26 —
Nuit
Jean-Louis Costes langues font bling bling. « On dirait un abri antiatomique suisse, hein ? » Ouais, on se croirait plutôt dans une mini ligne Maginot, une ligne Maginot qui conduit tout droit vers son studio où s'entassent Macintosh antédiluvien, claviers poussiéreux et feuilles nerveusement écrites. Nous voilà dans les entrailles de la Terre, nous sommes proches du magma, il fait chaud. Je m'installe et mets en marche mon magnétophone : « Monsieur Costes, je peux vous tutoyer ? » Seul contre tous, tout contre
Je fais mon job. Je retrace avec lui sa bio. Fils de bonne famille, architecte de formation, musicien et artiste par passion. Scandales ici, scatophilie là, je gratte ce que je peux gratter. Lui me donne ce qu'il veut bien donner et s'amuse de mes questions. L'atmosphère est détendue. Mais j'en veux plus. J'aimerais essayer de cerner le personnage et comprendre ce qu'il a dans le ventre. Bonne idée ou pas, je passe par la sempiternelle et freudienne question : « Dis Jean-Louis, tu étais comment quand tu étais môme ? » Pas de volte-face : « Enfant, j'étais seul malgré moi. Je dessinais en cours des têtes de mort et des revolvers, les gens me prenaient pour un barge, mais pour moi c'était un style ! Et puis la solitude est devenue quelque chose que j'ai aimée, je ne peux pas travailler quand il y a du monde autour de moi. » Il me raconte ensuite qu'il a toujours voulu se socialiser, mais qu'en fait, il était à côté de la plaque : « En 78, je voulais faire hippie mais j'étais en retard de 10 ans. En revenant d'Inde avec toute la panoplie des babos, je me suis dit que j'aurais vachement la classe, le problème c'est que la mode était alors au punk. Je me suis fait mal recevoir. Ça m'a permis de ne suivre aucun mouvement après… » Involontairement décalé, Jean-Louis Costes, un Calimero apocalyptique ? « Ado, j'étais une espèce de gaffeur mondial, un mec en blazer bleu, qui veut faire tout bien, qui veut vraiment être ami avec les autres, mais qui foire tout. Finalement, je suis resté comme ça. »
27 —
Pyromane “innocent”
Qu'en est-il de sa légendaire provoc ? De ses carottes dans l'anus, de son goût pour la merde, de sa sexualité trash et polymorphe ? Comment raccorder cette apparente candeur à la violence de ses opéras porno-sociaux, de ses bouquins, de ses chansons ? Au propre comme au figuré, Costes est un pyromane “innocent” : « En 97, j'avais une cabane en Guyane. J'ai voulu faire un feu pour brûler un tas de feuilles mortes. Manque de bol, c'était une grande période de sécheresse,et j'ai fait cramer une partie de la jungle… » Les valeurs morales qu'il subvertit n'ont pas plus de gravité que ce tas de feuilles mortes, et les incendies qu'il active dans la sécheresse de l'opinion publique reste pour lui des événements incompréhensibles. Cette étrange candeur devient dès lors une pureté nonsouillée par la conventionnalité crasse, une infantilité nietzschéenne qui conduit Costes à être un artiste brut, dans tous les sens du terme. Derrière le bunker, un autre bunker, l'animal spéléologue clôt notre conversation en m'avouant : «Je veux m'enfoncer en moi jusqu'à ce que j'en trouve la sortie. Ça peut être un gros piège, mais je sens qu'il y a un truc au fond du couloir. » Minuit. Je rentre chez moi, mes bouteilles de vin n'ont pas été ouvertes. Costes boit peu et ne se drogue pas. Il est juste un grand vivant suicidé par la société, c'est tout. Jean-Louis Costes n'est pas mondain, il n'aime pas les bars ni les night-clubs. Jean-Louis Costes préfère rester chez lui travailler. « Il faut chaque jour que j'ai produit quelque chose, sinon je me sens mal. Je déprime. C'est pareil pour n'importe quel maçon. » En parlant de maçonnerie, il retape une grange en Mayenne pour s'y installer.
Jean-Louis Costes sera en concert à la rentrée. ≥ www.jeanlouiscostes.free.fr ≥ www.myspace.com/jeanlouiscostes
Nuit
Le bon groupe ® Violaine Schütz Ω Neil Krug
The Horrors De belles horreurs
Le quintette anglais The Horrors est sans doute l'un des meilleurs groupes de rock actuel. Ils sortiront
sieurs significations. Ça pourrait avoir un rapport avec la drogue, par exemple (rires).
fin août leur nouveau disque, le troisième, Skying, décrit par leur chanteur, Faris, comme « Joy Division
Quand on écoute les nouvelles chansons du disque,
et Gary Numan ayant eu un enfant illégitime. Lâché
on sent quelque chose de moins dark que sur le pré-
dans la nature il a développé une obsession un peu
cédent, ce qui se confirme à la vue de vos looks, plus
malsaine, mais bonne aussi, pour The Cure ». On a
jean-T-shirts que total look noir, vous êtes devenus
rencontré Rhys "Spider" Webb (bassiste et joueur
heureux ?
d'orgue) et Joshua Third (guitariste), pour nous par-
Joshua : Je suis incroyablement heureux en ce moment. Rhys : (rires) Non, en fait, je trouve qu'on n'a jamais été dark. Il y avait quelque chose de lumineux et vivifiant, une vraie euphorie un peu épique sur Primary Colours. On était excités en le faisant, pas du tout déprimés. Mais dans les mélodies, les couleurs et les textures, c'est moins fuzzy et psychédélique qu'avant. On part moins dans tous les sens. On a essayé de plus se concentrer en écrivant quelque chose de plus délicat et en laissant de l'espace, des respirations. Joshua : Je dirais que cet album est moins apeuré. Et plus pop.
ler du monstre. Votre précédent album était produit par Geoff Barow de Portishead, pourquoi avoir choisi de produire celui-ci seuls ?
Rhys : Quand on a enregistré Primary Colours avec Geoff, à la fin des sessions, il n'arrêtait pas de dire : « Mais en fait vous n'avez pas besoin de moi, vous devriez vous débrouiller tous seuls, vous savez ce que vous voulez les mecs ! ». Il nous a donné la confiance de faire les choses nousmêmes. On a enregistré le disque dans un studio qu'on a construit nous-mêmes dans le quartier de Dalston, dans l'East London. Joshua : Une destination top-secret. Beaucoup d'amis ont fait la fête dedans. Que signifie le titre de l'album, Skying (qui peut se traduire par « s'élever dans le ciel » ou « planer ») ?
Joshua : En écoutant l'album, on peut trouver plu28 —
Il y a quelque chose de très romantique dans ce disque, qu'est-ce qui l'a nourri ?
Joshua : J'ai été beaucoup influencé par Nikola Tesla, c'est mon scientifique préféré. Il a découvert l'électricité et l'ancêtre de la radio. Il a aussi écrit une théorie sur les armes à énergie au début Nuit
The Horrors
du XXe siècle, intitulée Rayon de la mort. Un type génial. Rhys : Joshua ressemble à une sorte de savant fou quand on le regarde évoluer dans le studio. Et il répare tout. Sinon pour revenir à nos influences, ce qui nous nourrit le plus, c'est l'idée d'avoir du bon temps. Passer du bon temps dans les bars entre amis à écouter de la musique électronique ou n'importe quelle musique qui te fait te sentir transpercé et transcendé par elle.
60's. Mais on aime aussi Frankie Knuckles, la house de Chicago, du cosmic-disco, de la techno. Il y a toutes sortes de musiques de fête. Londres est encore une bonne ville pour se retourner la tête. C'est la meilleure ville pour profiter de la musique. Malgré la mauvaise image renvoyée par l'East London et ses hipsters, c'est encore un endroit où tu peux aller dans n'importe quelque pub et écouter de l'excellente musique passée par un DJ, ou écouter un groupe en train de jouer, n'importe quel soir de la semaine. C'est très inspirant.
D'ailleurs Rhys, tu as un club à Londres, je crois ?
Oui, je dirige un club à Londres depuis 4 ans, le Cave Club, c'est un club psychédélique à la base mais qui passe de la soul, Funkadelic, les Rolling Stones, du Curtis Mayfield, et du vieux garage
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The Horrors — Skying
XL Recordings/Beggars
≥ En concert à Rock en Seine le 28 août
Nuit
30 —
Nuit
le bon musicien ® Flora Desprats Ω Quentin de Briey
Yuksek VirÉE pop
Après le succès d'Away from the sea, Yuksek, Pierre-
Tu as tout fait tout seul sur Living on the Edge of
Alexandre Busson de son vrai nom, revient avec un
Time ?
deuxième album, Living on the Edge of Time : une
Oui l’idée, c’est que je suis le seul chanteur sur cet album. On s’y perd toujours un peu avec une multitude de featurings. Au début, je voulais collaborer avec un producteur. J’avais pensé à James de Simian Mobile Disco que je connais depuis longtemps mais qui bossait sur le dernier disque des Arctic Monkeys et qui n’avait aucune dispo avant six mois. Je me suis dit qu'étant moi-même producteur, j’allais tout faire seul. Seulement à la fin, Guillaume de The Shoes est venu me donner un coup de main.
réussite pop et mélodique qui prouve que l’électro peut être solaire et synonyme de fraîcheur. Interview. Ton deuxième album est une déclaration d’amour à la pop avec des sonorités électroniques. Comment expliques-tu ce virage pop ?
J’avais envie de faire quelque chose de différent du premier album, de me mettre un peu en danger. Je n’ai pas cherché à révolutionner quoique ce soit. J’ai simplement construit cet album comme ceux que j’écoute et que j’aime.
Tu habites à Reims, tu sors peu, c’est assez iconoJustement c’est quoi la musique que tu écoutes ?
claste pour un producteur et un DJ ?
C’est vaste. Je n’ai jamais été geek d’un style particulier. J’aime la diversité. De sept à dix-sept ans, j’ai fait le conservatoire de piano. Après, à l’adolescence, c’était Nirvana, Nwa, The Doors, The Beatles, Lou Reed. Après, je me suis mis à des trucs plus durs comme la techno de Détroit. Puis je me suis mis à l’électro quand j’ai découvert les raves. Aujourd’hui, l’électro pure m’intéresse moins . J’adore Metronomy, L.C.D Soundsystem, Soulwax. Ce qui me touche, ce sont les musiciens qui ont intégré la musique électronique et qui la mettent au service des chansons.
Je ne suis pas dans un truc "sexe, drogue et rock'n'roll". Quand je ne voyage pas, j’ai une vie super normale. Je suis très proche de ma femme, de ma fille et de mes vieux potes. J’aime l’espace et vivre dans une grande maison avec un grand studio à côté. C’est compliqué d’avoir cette vie-là à Paris. De plus, je ne suis pas noctambule, je n’ai pas de réseaux dans la nuit parisienne. Cela ne m’intéresse pas. Je ne sais pas me faire des amis pour me faire des amis. Paris pour moi, c’est une sorte de microcosme, de gens qui se voient, qui sortent et qui couchent tous un peu entre eux.
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Nuit
Yuksek
“Paris pour moi c’est une sorte de microcosme, de gens qui se voient, qui sortent et qui couchent tous un peu entre eux.”
Mais c’est vrai que la capitale demeure géniale pour sa multitude de propositions culturelles. Qu’est-ce que tu fais alors quand tu es à Paris ?
Je marche beaucoup, comme je le fais dans toutes les villes. Car je n’aime pas trop faire du shopping. Avec la mondialisation, tu trouves un peu partout la même chose. À Paris, je fais des expos de photos, je vais voir des concerts au Point éphémère ou à la Gaîté lyrique. Tu as tout un crew à Reims. Y a-t-il un son particulier ?
C’est pas une école. C’est plutôt une bande de copains qui sont tous musiciens. Il y a les Bewitched Hands, The Shoes, Alb, Brodinsky. Après c’est vrai qu’on a tous des projets ensemble qui seront à découvrir dans les mois à venir.
Yuksek — Living on the Edge of Time Universal À Rock en Seine le 26 août — Ses adresses fétiches ≥ Les fallafels de la rue des Rosiers. C’est mon péché mignon. Plus chic, le Châteaubriand (129, avenue Parmentier) ≥ L’hôtel Arvor qui est calme et familial à deux pas de la place Saint-Georges (8, rue Laferrière 75009) ≥ Je suis méga fan de French Trotters (116, rue Vieille-du-Temple) et de Bérengère Claire (berangereclaire.com)
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Nuit
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Nuit
les bons choix ® Mirah Houdon Ω Sol Sanchez
Aladdin La formule magique
Gilb'r, le DJ et boss du label Versatile, et son ami
Un disque
Nicolas Ker, la voix de Poni Hoax et Paris, s'associent
dévoiler leur univers. Et leur nuit idéale.
N. : Pingu, la B. O. du fameux pingouin. G. : Charles Mingus. Mingus Ah Um. 1959 mais tellement moderne. Aussi pour son amour des putes, de la téquila et de la bonne chère.
Pouvez-vous nous conseiller un film ?
Un acteur
Nicolas Ker : La Dolce Vita, l'inferno de Dante arpenté par un chroniqueur mondain. Gilb'r : Le dernier en date, The Swimmer de Franck Perry avec Burt Lancaster en contreemploi absolu (et en maillot de bain du début à la fin). L'histoire d'un type qui remonte le fil de sa vie en plongeant dans les piscines de tous ses voisins… étonnant !
N. : Gilbert Cohen, il tirerait des larmes à une pierre: « Tu ôtes le pain de la bouche de mes enfants ». G. : Maurice Ronnet. L'élégance, le spleen et une touche de cynisme.
et sortent un premier album électro-psyché-rock épatant. On leur a demandé pour l'occasion de nous
Un DVD
N. : Un film de cul mais je ne suis plus sûr que cela existe encore en DVD. G. : Pink Floyd, live at Pompéi. Des types avec des dégaines de chercheurs versus de gros freakos chevelus, le tout filmé sans public dans les arènes de Pompéi. Une chanson
N. : Try some buy some de George Harrison. G. : Orelsan, Saint Valentin. Une lueur d'espoir dans un océan de beaufitude politiquement correct. 34 —
Une actrice
N. : Non merci. G. : Liv Ullman, actrice fétiche de Bergman et ancienne femme de Max Von Sydow. Quand on les regarde jouer en sachant qu'ils étaient ensemble dans la vie, c'est proprement sidérant ! Un réalisateur
N. : Bah, moi. Les autres font n'importe quoi. G. : Judd Appatow (et toute la clique). Non pas pour la qualité de ses plans, mais pour mélanger avec autant de justesse le pipi-caca et les tourments de l'âme. Une pièce de théâtre, un spectacle
N. : Quoi ? Nuit
Aladdin
G. : Dans un club, à 4 heures du matin, regarder les gens qui s'abandonnent. Un spectacle que j'ai vu des centaines de fois mais dont je ne me lasse pas. Une expo, un musée
N. : Hein ? G. : Moma de NY, parce qu'on peut y voir les œuvres de Boris Mikhilov, côtoyer les plus grands maîtres de l'art moderne. Un livre, un auteur
N. : Beckett G. : Edmond Jabès. Le Livre des questions. Un poète égyptien mais francophile dont j'ai toute la bibliographie. Assez proche des haikus japonais, mais version biblique. Tellement minimal mais si éloquent : chaque lettre est un monde. 35 —
Un lieu, une bonne adresse à Paris
N. : Le rayon écrous du BHV. Et chez Gilb'r. G. : Chez René et Gabin à Belleville. Snack juif tunisien, sorte de Jurassic Park sépharade avec des visages d'un autre âge, malheureusement en voie d'extinction. Et le 152, rue de la Roquette… Votre nuit idéale
N. : Un plan baise merveilleux bien sûr. G. : Agitée et bien chargée avec mes sauces ou agitée et bien chargée avec mon amoureuse.
Aladdin — We Were Strong So We Got Lost Versatile/Module ≥ Disponible en physique et digital
Nuit
le casse bonbon ® Manon Troppo
soucis d’une demoiselle L’été, sa moiteur et son indolence ambiante donnent des ailes aux Parisiens et quelques sueurs froides aux Parisiennes. Les garçons transpirent et leurs cheveux collent à leur front tandis que leurs yeux scotchent sur nos fesses. Ils pourraient consacrer chaque heure de chaque jour de toute la saison à chevaucher la chosette, à chatouiller le bijou, à bricoler la cliquette, bref, à nous gâter le matou. C’est ce qu’on se disait, un ami et moi, sur le chemin du bar à tacos à la new-yorkaise qu’il voulait me faire découvrir, ce soir-là. – Non mais sérieux. L’hiver aussi, c’est bien, les mecs. Faut répartir vos hormones sur douze mois. Sinon, c’est un peu lourdaud à la fin. – L’hiver, tu portes pas de robes comme celle-là. – Et puis, vous êtes prêts à tout, mais vous n’avez jamais de capotes sur vous. – L’hiver, tu portes pas de robes comme celle-là. – Ok, bref. On y est ? Au 52, 3, 4 peu importe, de la rue de Saintonge, nous trouvons à la porte un néon rose qui nous invite à pénétrer la Candelaria, où, après une première petite pièce cosy, une 2e salle plus spacieuse déborde de bougies et d’Américains euphoriques. C’est pas les Chandelles, mais c’est la festa candelarum et ça sent l’amour quand même. Il faut dire que les cocktails ont cet avantage de combiner les 3 étoiles qu’on exige d’un bar, nous, les fâcheux de la ville : dosage un tout petit peu plus qu’honnête, prix abordable et service rapide. 36 —
Après mon 3e Love by the Moon, je commence à voir des étoiles, à communiquer avec même, et je réponds, si je les entends, aux remarques, questions et compliments des voisins avec un peu de retard. C’est que je suis toute occupée ; j’aime regarder les verres qui glissent sur le zinc, et leurs bulles gonflées par le désir d’être bues. – This is a …twé, very, belle, dress. On dit souvent des Parisiens qu’ils sont froids, inabordables, snobs et j’en passe. C’est faux. Les Parisiens sont froids, inabordables, snobs et j’en passe, le jour ; rapport au fait qu’ils bossent, ou qu’ils courent de Pôle emploi en Pôle emploi. La nuit, ils ne sont qu’amour et paix sur Terre. C’est vraiment vrai. Je parle en connaissance de jour et de nuit. Pour preuve, là, j’ai été sympa avec un Américain même pas bilingue à même pas minuit. – Would you like something to drink, I’d love to… – I always want to drink something. Après mon 4e Love by the Moon, je sens la terre défaillir sous mes escarpins. Ça s’ouvre comme pour m’inviter en enfer, j’ai chaud et envie de marcher pieds nus dans les rues de Paris. The Barefoot Gitana. Dans l’idée, c’est mignon et champêtre, de marcher pieds nus, mais à pratiquer, c’est moins romantique. Il faut sautiller entre les pisses, les débris de verre, les crottes et les vomis. Il faut voler, en fait. Et c’est ce que mon Américain décide de m’offrir. Il me porte comme on porte une princesse, ou une fille qu’on vient d’épouser pour pasNuit
Soucis d'une demoiselle ser le pas de la porte, ou une paraplégique dont le fauteuil serait tombé en panne ; il me porte bien, et longtemps. On a vraiment de la marge pour faire connaissance et on a même assez de marge pour que la connaissance devienne attirance. Les Américains sont habituellement effrayés par les petites femmes de Paris peu farouches, mais lui a les épaules pour, on dirait bien, et il s’avère être un bon compagnon de jeu. Le jour se lève tôt, on s’arrête sur le canal pour regarder les canards et les sacs plastique, en promenade sur l’eau souillée et caca d’oie. L’Américain me raconte qu’il a vu Amélie Poulain et me demande si c’est bien là qu’elle vient jeter ses cailloux, pour faire des ricochets. Je dis « oui » sans broncher : me lancer dans une critique de film est à peu près la dernière chose dont j’ai envie à ce moment-là. Mais il rajoute que l’endroit ne ressemble pas au film. Et je réponds, presque énervée, que c’est le film qui ne ressemble pas à l’endroit. Maintenant qu’on a vécu à peu près toutes les émotions que des ivrognes peuvent vivre la nuit, on sait qu’il nous en manque une. Après la timidité, le rapprochement, l’intimité et l’agacement vient le cul. Mais voilà, qu’est-ce que je disais ! Monsieur n’a pas de capotes. Mettons les choses au clair tout de suite, je n’ai pas de capotes parce que je trouve normal que les garçons en achètent, et je trouve normal que les garçons en achètent parce qu’il n’y a qu’eux qui puissent savoir lesquelles leur correspondent. Je ne vais quand même pas me lancer dans une collection de tailles et de marques pour que ces messieurs y trouvent leur bonheur. J’en parlais avec le créateur du site letagparfait.com. Lui, il a trouvé la capote qui lui convenait et il l’a avec lui, toujours, ça lui paraît naturel et, même, plus que naturel, évident, s’il veut pouvoir s’envoyer en l’air correctement. Comment se fait-il que tous les hommes ne pensent pas de la même façon ? Je vais donc devoir partir à la chasse au trésor. Je suis bien obligée, il n’y connaît rien, lui, le pauvre, il se perdrait ou se ferait dépouiller en 3 secondes 37 —
à Belleville. Alors je me lance. Mais le souci, c’est que je ne sais absolument pas où trouver un distributeur de préservatifs à cette heure tardive. L’autre souci, c’est qu’à cette heure tardive, une fille qui a l’air de chercher quelque chose sans assurance est la proie rêvée des prédateurs alentour. – Mademoiselle, je peux t’aider ? – Si tu vends une boîte fermée de capotes, ouais. – Ah ouais, cash quoi ! – Bon, et tu sais où je pourrais en trouver ? – Suis-moi, bébé. Bien que l'appellation « bébé » dans la bouche d’un inconnu me fasse frissonner d’effroi, je me rends à l’évidence : il est mon sauveur, et, oui, je vais le suivre. Sur le chemin, le type trouve normal de me parler de ma vie sexuelle, de me demander pourquoi c’est à moi de trouver une capote, de me dire que lui, s’il avait été avec moi, il aurait déplacé des montagnes sans que je bouge le petit doigt et de me demander ce qui fait que je me laisse marcher sur les pieds comme ça. – Son très très très gros sexe. Le distributeur de la pharmacie du 132 rue Lafayette montre enfin le bout de son nez, et, alors que je vais pour en acheter, l'énergumène me devance, paie et me tend l’objet tant convoité. – Je te l’offre, ça me fait plaisir. Et tiens, ma carte aussi, appelle-moi pour qu’on aille boire un café un de ces jours. Ah et, si t’as un iPhone, installe l’appli Icondom, ça t’aidera, à l’avenir. Sur le chemin du retour, je peine à croire à l’étrangeté de cette dernière heure et j’ai hâte de le raconter en rentrant, mais je découvre l’Américano en pleine 2e phase de sommeil profond. Je ne suis même pas déçue, n’importe quelle envie de mon corps s’est transformée depuis longtemps en grosse dalle de plâtrée de pâtes. Nous ne baiserons pas les fenêtres ouvertes, ce soir. Et il semblerait que l’été se transforme bientôt en automne frisquet. Ça calmera peut-être quelques hardeurs, c’est déjà ça. Mais le vrai problème de la nuit à Paris, c’est qu’elle est toujours trop courte. Nuit
le bon en arrière ® Marine Goutal
Actuel ou la contre-culture à la française
Décidément, depuis 2007, date de la mort de JeanFrançois Bizot, fondateur de la revue Actuel, il ne se passe pas une année sans que paraisse un ouvrage sur la revue mythique. La récente parution d'Actuel, les belles histoires (Éditions La Martinière) nous donne l’occasion de faire le point sur l’héritage de la première revue française dédiée à la contre-culture.
Rares sont les médias dédiés à l’actualité culturelle à ne pas avoir revendiqué l’héritage d’Actuel, ne serait-ce qu’au nom de sa liberté de ton. Associé à la figure de Jean-François Bizot, c’est sous ses commandes que le mensuel aux topiques sociétales et musique, créé par Claude Delcloo, sur les cendres de Mai 1968, devient l’organe officieux de la diffusion des contre-cultures en France. L’équipe du journal, qui compte dans les années 1960, le jeune Kouchner et Patrick Rambaud, pour ne citer que les plus célèbres, fait alors feu de tout bois, du moment qu’un sujet lui permet de mettre en cause les instances de domination. Drogue, féminisme, rock et écologie : tout y passe. Écrits dans un style presque gonzo, les papiers déclinent les actualités « branchées », pour reprendre le terme qu’invente Alain Dister en 1970, en s’intéressant aux expressions des souscultures. Mais si Actuel a tant marqué, c’est encore à travers le rôle de passeur que joue la revue. Véritable adopteur des cultures beat et hippie américaines, Actuel, c’est la revue qui ouvre des 38 —
horizons nouveaux à un lectorat français curieux, mais qui jusqu’à présent avait souffert d’un climat protectionniste diffus, mais néanmoins généralisé, de la politique post-gaulliste. La culture hippie trouve ainsi un sol favorable dans les pages, très nombreuses, que la revue consacre durant les années 1970 à la musique psychédélique. Les illustrations de ces reports de concert s’apparentent à des fantasmagories graphiques - volutes jaune, violet, orange -, dont nombre sont réalisées par Gotlieb et les auteurs de bande dessinée, alors underground, que sont Robert Crumb et Gilbert Shelton, démontrant, toujours dans le registre de l’héritage d’Actuel, son apport à notre culture visuelle contemporaine. La revue, loin de subir les lois de la « coca-colonisation », développe ses propres mythes. Au-delà de la transposition de phénomènes culturels américains, Bizot et sa bande, en hommes de réseaux et de terrain sillonnent le Paris psyché, côtoient ses artistes, comme la bande de la Closerie des Lilas par exemple, qui compte Malaval, Pommeureulle, Clementi, Dani, etc. et se montrent particulièrement intéressés par la scène locale, ce qui traduit la recherche d’un idiome local, esquissant dans Actuel les grandes lignes d’un psychédélisme à la française. Si la parution du journal s’est échelonnée sur plus de trois décennies, contrairement à la plupart de Nuit
Actuel
ses coreligionnaires gauchistes, qui sombrent à la fin des années 1970, c’est aussi parce qu’Actuel a décloisonné culture et politique. Ses rivaux font en effet le choix de se cantonner à des papiers politiques, se montrant méprisants envers les formes de la culture underground telles que le rock et la bande dessinée, qui contiennent pourtant une dimension subversive, qui s’affirme comme une captation des aspirations de la jeunesse. Le mensuel évolue, et soixante-huitard à la page, propose des dossiers qui documentent les bouleversements que connaît la musique par exemple, du punk aux prémices de la techno. À travers 39 —
Nova, la structure mise en place par Bizot, qui abrite la revue et la radio éponymes, l’esprit Actuel s’est prolongé au-delà de l’arrêt définitif de la revue en 1994. À se fier à la consécration du prince de l’underground, Richard Prince, un artiste que la traditionaliste BNF met à l’honneur, la contre-culture s’institutionnalise, n’en déplaise aux esprits chagrins. Richard Prince à la BNF ? Assurément un scénario de S. F., sans l’infatigable travail de Jean-François Bizot et ses amis agitateurs aux valeurs contre-culturelles, mais néanmoins actuelles.
Nuit
la bonne starlette ® Mirah Houdon Ω DR
Katy B Princesse dubstep
L'Anglaise Katy B pourrait devenir "the next big
Tu as eu des nouvelles de tes profs ?
thing" dans un monde parfait. À 21 ans, elle sort un
Non aucune. Peut-être un jour, j'espère, ils me diront qu'ils sont fiers de moi (rires).
album réussi (prévu pour septembre en France, et déjà sorti en Grande-Bretagne) bourré de singles qui se sont tous hissés en haut des charts UK et
Ton premier album sonne très club, tu as passé ton
capables d'enflammer n'importe quel dancefloor
adolescence dans les boites de nuit ?
mondial. Plus underground que Jessy J, qui était
Oui, tout à fait. J'ai enregistré mon premier hit "dancefloor" à 17 ans. Quand j'avais 18 ans, que je sortais beaucoup, mes paroles parlent de ces sorties, notamment On a Mission, qui est justement l'histoire d'une virée en club et de ce qu'on ressent en écoutant le beat très fort.
dans la même école de musique qu'elle, la jolie rousse y mélange dubstep, drum'n'bass grime et r'n'b pour notre plus grand plaisir. Rencontre. Tu as étudié à la Brit School (une sorte de Fame des années 2000), d'où sort aussi Adele, Leona Lewis, Jessy J et beaucoup de popstars mondiales, que
Peux-tu nous conseiller un club en Angleterre ?
retiens-tu de cette expérience ?
Le Plastic People à Shoreditch, époustouflant.
J'ai tout appris dans cette école, c'était une grande inspiration de se trouver avec des gens qui fondent des groupes tous les jours. Tu vas en cours, et là tu aperçois quelqu'un assis sur les marches en train de jouer de la guitare. Ça motive. J'ai appris la musique, en général, et l'enregistrement de démos, mais d'autres choisissent la batterie, le stage design, l'art, ou la radio. C'est une bonne école en tout cas, c'est là que j'ai compris que je voulais être chanteuse et que c'était possible. Avant ça, à 12 ans, j'ai commencé à chanter toute seule, puis dans des chorales, mais tout le monde chante à cet âge-là ! 40 —
Comment décrirais-tu ta musique ?
Ma musique est un mélange, il y a du grime, du dubstep, de la pop, de l'électro, drum'n'bass, hardcore, je n'ai pas de style prédéfini. Et je me sens plus interprète que productrice. La couleur du son est plus due à la présence de Benga, Geeneus, Zync et Magnetic Man, sur certains morceaux. Est-ce que tu as l'impression d'appartenir à la scène dubstep qui cartonne avec des gens atypiques comme James Blake ou Jamie Woon ?
Pas vraiment. Aujourd'hui le dubstep s'infiltre Nuit
Katy B
partout. Même Britney Spears a utilisé un pont dubstep sur son dernier single. La scène UK underground a infiltré le mainstream.
En commentaires de tes vidéos YouTube, beaucoup d'internautes commentent ton physique (en faisant pas mal de compliments), et parlent parfois plus de ça que de ta musique, ça te gêne ?
Qui t'a le plus influencée ?
Alicia Keys, Mary J Blige, Erykah Badu, Gil Scott-Heron, D'Angelo, j'aime la musique soul, car elle part droit du cœur, et va direct où elle doit aller, l'émotion, sans s'encombrer de beaucoup de choses. C'est pour ça que je raconte beaucoup mes histoires d'amour, à cause de mon attrait pour tout ce qui est "soulful" et authentique.
41 —
Oui en fait, c'est relatif ces compliments. Il y en a autant qui disent que je suis une bombe que d'autres qui clament que je ressemble à leur chienne. Alors bon, qu'y croire ? (rires)
Katy B— On a Mission Sony ≥ Disponible en physique et digital
Nuit
la bonne histoire Concours SAS / J'ai Lu / We Love Words ® Iren Lula Cher
interdit aux -18 ans « Depuis 1965, ils sont nombreux les garçons que la lecture des aventures de l’espion Malko Linge, macho malin fort et sexy, a stimulés. Cachés dans les bibliothèques bourgeoises, acquis par leur père, les SAS (chez J'ai Lu) finissaient toujours par montrer le bout d’une fesse et d’une arme avec leur couverture zébrée des trois lettres magiques. Mais, en 2011, le monde de Malko Linge a changé… de position. Les femmes ont gagné le pouvoir qu’avait pleinement le héros de SAS. Alors, bien que l’agent secret soit inoxydable, disons que la CIA l’a viré. Pour le remplacer par une femme. » Voici le pitch du concours organisé par le site We Love Words (welovewords.com), dont le Bonbon Nuit était partenaire. Le lauréat sera publié par J’ai Lu. Nous publions une de ses participations. Il s'agit d'un texte érotique.
Des aigrettes entre les cyprès emplis de mousse espagnole et de pestilence boueuse. Mouvements reptiliens, tapis dans la mangrove. Un vent tiède monte du Golfe, chargé de sel. Il s’engouffre le long des rives du Mississipi, balaye les levées sombres des marais, file à travers les eaux du port, et vient rafraîchir la fine pellicule de sueur sur les épaules de Sol. La Nouvelle-Orléans. Vautrée 42 —
dans l’alcool et la misère. Elle descend au croisement de Canal Street. Avec la nuit, des parfums de bougainvilliers émanent des balcons. L’air se charge d’électricité. Bourbon Street frémit. Le bas de la rue est envahi par les boîtes de strip. Photos. Films. Bande-son furieuse. Le cul sous toutes ses formes. Sur tous les supports. Râle. Supplique. Soupirs. Une blonde sur une balançoire jaillit d’une fenêtre, dévoilant des fesses d’adolescente. Une black élancée, un unique ruban de satin mauve autour de ses muscles charnus, se tord à son passage. Elle ondule. Explosive. Des filles l’alpaguent, sexy, pressantes, obscènes. Elles portent des plateaux hérissés d’éprouvettes fluo. Jaune vert rouge bleu noir. De l’alcool pur. Des étincelles. – One for one chérie. Un shot, un dollar. Une petite brune bien en chair la défie du regard. Lascive. Les tétons à la lisière d’un bustier blanc. Sol lui tend un billet plié en deux. – Tu bois, je bois, réplique l’autre. Choisis ta couleur. Stratagème astucieux. Elle allonge. – Rouge. La serveuse glisse le tube entre ses seins, luisants des tournées précédentes. Elle se penche en avant, Nuit
Interdit aux -18 ans
provocante. Sol, bouche entrouverte, effleure le verre. La peau douce. Chaude. Elle s’agenouille lentement, ses mains le long des hanches de la fille qui se hisse sur la pointe des pieds pour la faire boire. La vodka coule dans sa gorge. Une décharge lui parcourt la colonne vertébrale. – Noir, dit l’autre. Solita l’attire contre elle, sans la quitter des yeux. Elle plaque ses fesses contre son ventre, se blottit, comme une chatte tendre, au creux de ses reins. Elle renverse la tête sur son épaule, leurs cheveux se mêlent, se répandent sur leurs décolletés. Sol lève le shot au-dessus de la brune, sa main à la racine de ses cuisses. Brûlante. Elle sent les vibrations pleines de désir. Elle imagine son doigt mouillé en elle. La chaleur. La vie. Les contractions de son corps. – Ouvre la bouche, susurre-t-elle. Elle verse doucement la dose. Le Jäger dégouline sur les lèvres, le menton parfait, la gorge offerte. Jusqu’à la ligne délicate des seins. Sol passe sa langue le long de sa nuque, sur la peau tendre et frémissante. L’autre ferme les yeux. Elle retient son souffle. Se laisse emporter. Elle fait volteface. Un mouvement brusque. Passionné. Animal. 43 —
L’éprouvette éclate sur la chaussée. Paillettes fines et silencieuses. Elle la plaque contre une vitrine. Elles s’embrassent. Enfin. L’alcool se mélange. Leurs langues s’effleurent. Deux ados s’arrêtent pour les regarder, fascinés. Sol a immédiatement envie de se glisser en elle, encore et encore. Être ailleurs. Avec eux. Et cette fille. C’est dangereux. Trop dangereux pour ce soir. Elle doit se concentrer. Ne pas perdre de vue sa mission. Et les siens. Elle saisit la fille par les épaules et la dévisage un instant. Intensément. – Tu n’es pas mon genre, dit-elle soudain avant de s’éloigner, mutine, un clin d’œil aux garçons. Plus loin, un prêtre appuyé sur une croix gigantesque hurle des imprécations dans un mégaphone. Yeux exorbités. Il promet l’apocalypse pour tous. La fange. Pauvres pêcheurs.
Nuit
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Tous les vendredis au Bus Palladium â„Ś Arnaud Chaillou & StĂŠphane Semain
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84, av. des Champs-Élysées 8e
6, boulevard Raspail 7e
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≥ 08 92 70 12 38
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≥ 01 46 06 63 97
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≥ tlj de 11h à 1h, jeudi, vendredi,
Paris Autolavage 7/7 — 24/24
≥ 0800 23 13 13 / 01 70 23 13 13
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v≥l jusqu'à 00h, m≥j jusqu'à 23h
≥ 7/7 — jusqu'à 6h
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Faim de Nuit 01 43 44 04 88
22, boulevard de Clichy 18e
Kiosques à journaux 24/24
≥ 7/7 — jusqu'à 7h
≥ Vendredi et samedi jusqu'à 5h
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Allô Hector 01 43 07 70 70
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≥ 7/7 — jusqu'à 6h
Poste de nuit
2, boulevard Montmartre 9 e
Apéritissimo 01 48 74 34 66
52, rue du Louvre 1er M° Louvre-
Place de Clichy 18e
≥ 7/7 — jusqu'à 4h
Rivoli / Étienne-Marcel
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01 46 75 05 05 ≥ 7/7 — 24/24
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≥ 01 44 07 38 89
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20, rue du Fg-Saint-Antoine 12e
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L'Épicerie de nuit
Boulangerie pâtisserie
Internet 24/24
35, rue Claude-Bernard 5e
99, avenue de Clichy 17e
Envoyez-nous vos bons plans
≥ Vendredi et samedi jusqu'à 3h30
≥ 7/7 — 24/24
ouverts la nuit : nuit@lebonbon.fr
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Nuit
le bon agenda La sélection de Parislanuit.fr Samedi 2/07 19h Café de la Danse 22€
Jeudi 14/07 20h La Gaîté lyrique 10€
≥ Ladyfest avec Terry Poison, Tender Forever, The
≥ Bastille Day / Local Heroes avec Jupiter (Kitsuné),
Big Crunch Theory
MMMMM (Boom Boom Tchak)
20h
Cabaret Sauvage 25€
≥ Soirée de clôture festival ME 002 avec Agoria, Infiné, Floating Points, Pantha Du Prince
Vendredi 15/07 23h55 Bus Palladium Gratuit ≥ Bonbon party all night long 23h55
Rex Club 15€
Dimanche 3/07 15h Jardins du musée Branly Gratuit
≥ Get The Curse Residency avec Clément Meyer,
≥ Siestes Électroniques avec Pilooski (Discodeine)
Ryan Crosson, Luke Abbott (Live)
Jeudi 8/07 23h Social Club 12€
Mardi 19/07 22h Social Club Entrée libre
≥ Retrograde avec DJ Harvey, Alexis le Tan, Anteros
≥ Petit Social avec The Lucky Boy aka… et The
& Thanaton.
Boogie Man aka…
Vendredi 8/07 22h Bateau Concorde Atlantique 16€
Jeudi 21/07 19h30 Le Nouveau Casino 18€
≥ Dam Funk & Cut Chemist
≥ Architecture In Helsinki + Plugs
23h
La Gaîté lyrique 14€
23h
≥ Toxic avec Solo Uncle O & Brodinski 23h
Rex Club Entrée libre
≥ Eskmo (Ninja Tune), Luke Vibert (Warp / Planet Mu
Grande Halle de La Villette 23€
≥ Fool's Gold avec A-Trak, Chromeo (live), DJ Craze,
Vendredi 22/07 23h Social Club 13€
Breakbot, Kavinsky, Nick Catchdubs, Roger 72
≥ Snap avec Moodyman, Heavyfeet, Guestrach… 22h
Samedi 9/07
23h
La Gaîté lyrique 18€
≥ Boys Noize, Housemeister, DJ Feadz
Le Showcase 20€
≥ Crookers présente Dr Gonzo avec Crookers,
22h
Savage Skulls (Mad Decent, Sound Pellegrino),
≥ Gilles Peterson all night long
Bateau Concorde Atlantique 16€
Neoteric, Wax Motif 23h55
Jeudi 28/07 19h La Plage du Glazart 30€
Rex Club 15€
≥ Dowee avec Daniel Bell, Dan Andrei, Yakine
≥ Quantic & Su Combo Barbaro 20h
Dimanche 10/07 15h Jardins du musée Branly Gratuit
La Gaîté lyrique 20€
≥ Anti-Pop Consortium
≥ Siestes Électroniques avec Awesome Tapes From Mercredi 3/08 19h La Plage du Glazart 30€
Africa
≥ Sly & Robbie, Junior Reid Mercredi 13/07 23h La Bellevilloise 12€ Jeudi 25/08 23h Social Club 20€
≥ Le Bal Soul de Free Your Funk 23h
≥ Diplo, Canblaster & Sam Tiba, Myd & Panteros 666
La Halle du Jardin Floral 30€
≥ We Love Art présente We Love Fantasy avec Samedi 27/08 23h Social Club 15€
James Murphy, Superpitcher, Mount Kimbi… 23h30
≥ James Blake, Lorn, The Chain & Guests
Rex Club 10€
≥ Soul Clap (Wolf + Lamb), Benoit & Sergio, Tanner Envoyez votre prog à emmanuel@parislanuit.fr
Ross (K7 !)
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Nuit