Le Bonbon - Paris Ouest - Février 2019

Page 1

ELLE EST PAS BELLE LA VIE ?!

PARIS OUEST

Février 2019 - n° 106 - www.lebonbon.fr



EDITO

Confiseur

Jacques de la Chaise

Directeur Associé

Antoine Viger

Directeur de Création

Tom Gordon

Rédacteurs en Chef

Eva Yoro Coline de Silans Zoé Stène Hélène Chi Chao Wei Rachel Thomas Sarah Sirel Lucas Javelle

Graphistes

Clément Tremblot Juliane Goustard Augustin Serres

Secrétaire de Rédaction

Louis Haeffner

Rédacteurs

Manon Merrien-Joly Juliette Darmon Inès Agblo Morgane Espagnet Lisa Belkebla Marie-Carline Chardonnet

Social Media Manager

Gaëtan Gabriele

Photographe

Naïs Bessaih

Directeur Commercial

Benjamin Alazard

Directeur Évenementiel

Nicolas Delmatto

Directeurs de Clientèle

Fallon Hassaïni

Chef de Projets

Farah Bardissy Juliette Bise Corentin Durrieu Chloé Decombes

Concepteur Rédacteur

Timothée Malbrunot

Chefs de Publicité

Benjamin Haddad Élodie Gendron Thomas Reka Christopher Holubenny

Chefs de Projets Digital

Dulien Serriere Florian Yebga

Développeur

Maxime Laigre

Vidéo

William Baudouin Fiona Garfagnini Nicolas Grellier

Culture et Partenariats

Fanny Lebizay Antoine Kodio

Stagiaires

Jeanne Gourdon Emilie Malle Théo Conigliano Marianne Mosad Alvarez

Contact

SAS Le Bonbon 15, rue du Delta - 9e Élodie Gendron elodie.g@lebonbon.fr 06 34 22 28 34

Cette année, elle a mis le paquet. Elle a choisi un resto au design épuré, bientôt étoilé. Parce qu’elle s’y est prise un peu au dernier moment, on lui a proposé le dernier service, la seule place qui restait. Elle arrive bien habillée, juste à l’heure en ce 14 février. Son jeu est bien rôdé. On l’accueille avec un sourire, on l’invite à s’asseoir en attendant son ami. Les minutes passent. Elles se délecte du cadre, de tout ces couples qui ont l’air de s’ennuyer ferme. Elle connaît la suite sur le bout des doigts : au bout d’une heure, on s’inquiétera du fait que son ami n’est toujours pas arrivé. Les larmes dans les yeux, elle répondra qu’elle ne comprend pas, qu’il aurait dû être là. Encore un peu plus tard, elle annoncera avec des trémolos dans la voix que son ami ne viendra pas. Pris de pitié, le serveur lui offrira alors le menu Saint-Valentin qu’elle avait réservé, et qu’elle savourera en riant intérieurement. Gagné. Ce jour- là, elle en est à savourer son cœur en chocolat, quand le serveur s’approche d’elle. Il est désolé pour elle, celui qui a fait ça ne la mérite sûrement pas. Elle sourit, entame la conversation, lui explique que la SaintValentin elle n’y croit pas, et, comme il a l’air sympa, finit par lui révéler son secret. Il reste un moment interdit puis éclate de rire. Celle-là, on ne lui avait encore jamais fait. Quelques heures plus tard, ils se quittent devant le restaurant, en riant bruyamment. Sur le chemin du retour, elle se dit que décidément, elle ne doit pas être douée en amour : elle n’a même pas le nom du garçon. Alors qu’elle s’apprête a rentrer, les mains dans les poches, elle s’arrête subitement : dans la poche de son manteau, entre deux stylos, un bout de papier froissé avec un numéro. Coline de Silans

3



FÉVRIER 2019

6

LA BONNE EXPO

Le roux dans tous ses éclats

8

LE BON ARTISAN

L’amour du bois au bout des doigts

10

LA BONNE INITIATIVE

12

LA BONNE TOILE

14

LE BON FILM

La nouvelle vie de la caserne Exelmans Et si on se faisait une toile ? Celle que vous croyez

16 LA BONNE ÉTOILE

Le plus sympa des voyous

20 LA BONNE ENQUÊTE

Ces nouvelles façons d’aimer

26

LE BON SHOPPING

La vie en rose

28

LE BONS SNAPSHOTS

Par Naïs Bessaih

5


DIAPHANA FILMS PRÉSENTE

JULIETTE BINOCHE

Celle que vous croyez UN FILM DE

SAFY NEBBOU FRANÇOIS CIVIL NICOLE GARCIA D’APRÈS LE ROMAN DE

CAMILLE LAURENS

le 27 février au cinéma


BON TIMING On s’évade à Radio France Le temps d’un week-end, Radio France fera danser les notes envoûtantes et oniriques du célèbre compositeur de cinéma Nino Rota, connu notamment pour ses partitions pour les films de Fellini, d’Amarcord à La Strada. Un concert symphonique porté par l’Orchestre National de France qui touchera en plein cœur les amoureux du 7e art et de la musique classique, mais aussi les plus curieux. Maison de la Radio – Studio 104 116, avenue du Président-Kennedy – 16e Samedi 23 février 2019 à 20h Réservations maisondelaradio.fr On en prend plein les yeux à la Fondation Louis Vuitton Après la folie Basquiat, la Fondation Louis Vuitton se plonge dans la riche collection de Samuel Courtauld, un grand fabricant de textile et collectionneur d’art qui s’est passionné pour l’art moderne français. Au programme, plus de 110 œuvres impressionnistes, dont le célèbre Autoportrait à l’oreille bandée de Van Gogh. À ne pas manquer ! Fondation Louis Vuitton 8, avenue du Mahatma Gandhi – 16e Du 20 février au 17 juin 2019 On voyage sur la scène du théâtre Hébertot Vieux garçon à la retraite, Henry Pulling mène une petite vie tranquille, faite de dahlias et de tondeuse à gazon, ses deux passions. Une existence de petit retraité sans vague ni encombre que l’arrivée de sa tante septuagénaire va venir bousculer. Excentrique et aventureuse, elle l’entraînera alors dans des tribulations qui les feront voyager aux quatre coins du monde. Une comédie british à savourer sans complexe. Voyage avec ma tante Théâtre Hébertot 78 bis, boulevard des Batignolles – 17e

7


LA BONNE EXPO

Le roux dans tous ses éclats C’est une rétrospective haute en couleur que propose le musée Jean-Jacques Henner. Intitulée Roux !, cette exposition met à l’honneur la chevelure rousse qui tient une place indéniable dans l’œuvre de JeanJacques Henner, qui en a même fait sa signature. À la fois objet de fantasme et de répulsion, ce sont ces différentes facettes que l’expo entend confronter. « Mais pourquoi autant de roux ? ». Si vous avez déjà poussé la porte du Musée Jean-Jacques Henner, vous vous êtes très certainement fait cette réflexion. Omniprésent dans ses peintures, le roux chez Henner vire à l’obsession. Une fascination que Claire Bessède, conservatrice du musée et commissaire de l’exposition, a souhaité explorer en parcourant l’ensemble de son œuvre, mais aussi celle de ses contemporains, comme Edgard Maxence, Jules Chéret ou bien Renoir, chez qui la rousseur était très prégnante également. Si l’expo s’intéresse à la peinture du XIXe, elle inspecte également d’autres univers, comme

8


“Puissante, esthétique et éminemment sulfureuse, la chevelure rousse a marqué le monde des arts. ” la photographie contemporaine, la mode, le cinéma ou bien la littérature, à travers une centaine d’œuvres réunies pour l’occasion. Divisée en cinq sections, elle s’ouvre au rez-de-chaussée avec la première rousse de Jean-Jacques Henner, Idylle, avant de laisser la place à d’autres tableaux célèbres, interrogeant les motivations de l’artiste à peindre du roux mais aussi les moyens mobilisés pour le généraliser dans son œuvre. Puissante, esthétique et éminemment sulfureuse, la chevelure rousse a marqué le monde des arts, et ce aux quatre coins du monde, des masques de Papouasie coiffés d’une impressionnante crête orange aux portraits de chefs indiens de George Catlin. Sans oublier l’œuvre et l’image de Sonia Rykiel, que l’expo met en lumière. « Il nous a semblé très important de l’évoquer, car elle a beaucoup travaillé sur la question du contraste de la couleur, en en faisant sa signature, et c’est exactement de cette façon que JeanJacques Henner procédait », explique la commissaire.

Roux ! dévoile le caractère ambivalent de la rousseur dans le champ artistique. La femme rousse, magnifiée et idéalisée, y est à la fois présentée comme une icône aux cheveux de feu tout en incarnant la sorcière, vile et perfide séductrice. Pour finir, l’expo pousse les portes de l’atelier de l’artiste qui a vu défiler un certain nombre de modèles féminins… pas toujours rousses. Oui, finalement, peu importe si elles étaient blondes, brunes ou rousses, elles finissaient toujours affublées d’une longue chevelure flamboyante sous son pinceau… • E.Y.

Roux ! De Jean-Jacques Henner à Sonia Rykiel Musée Jean-Jacques Henner 43, avenue de Villiers – 17e Du 30 janvier au 20 mai 2019

9


LE BON ARTISAN

L’amour du bois au bout des doigts Devant la porte de son atelier niché rue Berryer, Franck scrute l’arrivée du camion qui doit lui livrer deux secrétaires époque Louis XVI d’un instant à l’autre. Cinq minutes plus tard, les meubles, acheminés non sans mal, trônent fièrement dans sa petite échoppe déjà bien encombrée. Il faut dire que depuis 28 ans, Franck a eu le temps d’en stocker, du mobilier. Après s’être cherché, s’essayant à la menuiserie puis à la charpenterie, c’est finalement sur l’ébénisterie que notre artisan a jeté son dévolu. Dans son atelier, il fait de la restauration et de la conservation de meubles anciens ou récents, du plus luxueux au plus modeste, précisant qu’ici, le snobisme n’existe pas. Un travail minutieux et exigeant qui demande certaines qualités : « C’est un métier où il faut avoir le sens des couleurs, des volumes mais aussi un esprit technique. C’est un métier de passionné,

10


il faut avoir une fibre pour ça », souffle-t-il, les yeux brillants. De la passion, il en a à revendre. Il suffit de lui parler du rapport privilégié qu’il entretient avec le bois pour le voir s’animer. Une matière vivante, qui se renouvelle sans cesse, dont il apprend toujours et qui stimule chaque jour sa curiosité. « Les meubles, c’est l’histoire de l’art, l’histoire d’une technique, l’histoire d’un pays », explique-t-il. D’ailleurs, si le secteur de l’ameublement a considérablement évolué – l’automatisation reléguant le travail manuel au second plan –, dans l’atelier de Franck Somon, le savoir-faire artisanal prime. Une technicité vieille de 200 ans, soucieuse de respecter une certaine méthodologie et une déontologie, indispensables à l’activité de restauration. « On utilise la technique moderne pour ce qu’elle nous apporte de mieux, comme les outils électriques

“C’est un métier où il faut avoir le sens des couleurs, des volumes mais aussi un esprit technique. C’est un métier de passionné. ” par exemple. Mais pour le reste, nous avons tout ce qu’il nous faut pour travailler à la main », assure-t-il. Après des décennies au contact du bois, Franck n’éprouve d’ailleurs toujours aucune lassitude. Faire plaisir et rendre les gens heureux, voilà son moteur. Et ce ne serait pas finalement ça, la recette du bonheur ?

Atelier Franck Somon 10, rue Berryer – 8e Tél. : 01 45 63 38 96

11


LA BONNE INITIATIVE

La nouvelle vie de la caserne Exelmans, transformée en village alternatif

150 demandeurs d’asile, 100 réfugiés statutaires mais aussi 80 familles dans le besoin cohabitent avec les 40 structures occupantes depuis plusieurs mois dans ce vaste complexe. Le but ? Créer de la mixité et faciliter la rencontre des publics, par le biais d’activités. « On a constaté qu’il y a très peu d’interactions entre les personnes qui vivent dans des centres d’hébergement d’urgence et le reste de la société. Notre solution, c’est justement de créer un écosystème qui favorise le lien social », explique Adrien, membre de l’asso

Plateau Urbain. Le site, pensé comme une petite ville, compte des logements à l’étage ; le rez-de-chaussée est lui réservé aux activités, comme un atelier de réparation de vélo, un restaurant ou encore une ressourcerie. Artisans, artistes, start-ups et associations sont donc conviés par Aurore, faisant du site solidaire un réel espace de socialisation et d’insertion. Les familles des résidents et celles du quartier peuvent ainsi se retrouver dans le petit jardin au fond de la cour, autour de la start-up Ma Petite Couche qui propose des couches lavables et recyclables et accompagne les parents en les sensibilisant sur une nouvelle façon de consommer. Juste à côté, l’Atelier Bobbie, spécialisé dans la papeterie, embauche les hébergés via la conciergerie solidaire du site pour les aider à faire des paquets ou bien envoyer des colis. Contrairement aux Grands Voisins, l’ouverture au public est pour l’instant mesurée et contrôlée, comme le précise Adrien, regrettant que les gens viennent parfois dans

12

Photo : Philippe Brody

Deux ans après l’ouverture d’un premier centre pour sans-abris à la lisière du bois de Boulogne, de nouveaux centres d’hébergement d’urgence ont ouvert leurs portes en plein 16e en septembre dernier. En attendant la construction de logements sociaux, l’association Aurore, qui a déjà œuvré pour Les Grands Voisins, a posé ses bagages dans une ancienne caserne de gendarmerie, aujourd’hui transformée en immense village alternatif.


“Notre solution, c’est justement de créer un écosystème qui favorise le lien social.” ces lieux à fort impact social sans saisir le sens du projet. Pour autant, l’idée n’est pas de rester dans un entre-soi associatif, mais bien de tisser des liens entre l’extérieur et l’intérieur de la caserne, au détour de brunchs familiaux le dimanche, de babyfoot ou de jeux de quilles afghanes avec les résidents. « C’est finalement cette excuse à la rencontre qu’on souhaite créer. On veut que la caserne soit un espace autorisant, où les gens se sentent un peu décalés, hors de leur zone de confort. L’idée, c’est de bousculer les habitudes mais surtout d’aller au-delà du cercle des convaincus. On ne veut pas rentrer dans le politique, dans des peurs ou

des débats anxiogènes, mais plutôt se concentrer sur l’humain », assure-t-il. Présent pendant deux ans, le nouveau projet de l’asso Aurore a déjà réussi à susciter l’intérêt et la sympathie des riverains, dans ce quartier que l’on a tendance à considérer comme replié sur lui-même. Preuve que les idées reçues ont parfois la peau dure…

La Caserne Exelmans 51, boulevard Exelmans – 16e

13


“Une seule certitude : les recettes sont réconfortantes à souhait dans ces rudes périodes hivernales.” 14


LA BONNE TOILE

Et si on se faisait une toile ? C’est dans le tout nouvel écoquartier Martin Luther King, petit dernier du 17e lové entre la Porte de Clichy et le pont Cardinet, que le cinéma Les 7 Batignolles a ouvert ses portes. Un complexe atypique qui entend bien dynamiser nos séances cinéma. Action ! À la tête de ce projet ambitieux, on retrouve le groupe Ciné-Movida, Les Cinémas PathéGaumont mais aussi Djamel Bensalah, le producteur de Neuilly sa mère, qui a découvert le concept à Londres et à Berlin. S’il reste encore difficile d’accès, perdu au milieu des nombreux immeubles en construction, ce cinéma flambant neuf attire déjà riverains et curieux. Il faut dire que l’établissement réparti sur 3 étages n’a rien à voir avec les petites salles de quartier aux espaces exigus. Avec ses 3000 m2, on ne sait plus où donner de la tête. Heureusement, Dorothy Malherbe, la directrice du multiplexe, est là pour nous faire visiter les lieux. En plus des sept salles, dont la Sphera à la technologie de pointe qui permet une expérience cinématographique totalement immersive mais aussi la Family – adressée aux kids avec poufs, méridiennes et déco ludique –, le lieu compte un bel espace culturel inondé de lumière. Coffee shop parsemé de touches bleu Klein, immense terrasse donnant sur le jardin Martin Luther

King, sol blanc terrazzo et panneaux en laiton doré au plafond, ce vaste hall imaginé par la décoratrice Ana Moussinet prévoit d’accueillir plusieurs animations pour petits et grands. Outre le brunch le dimanche et les soirées jazz déjà lancées, ateliers de tricot-thé, sessions yoga, pop-up stores, concerts et expositions seront également bientôt au programme. Sans oublier ces séances décalées, comme les ciné-goûters, les ciné-contes, les ciné-clubs ou encore les pop-corn movies, où l’on pourra revoir tous les films de notre enfance en VF comme on les a découverts et aimés. « Face à l’arrivée de grands concurrents comme Netflix, je pense que notre seule force, c’est justement de ne pas les voir comme des grands méchants mais plutôt d’essayer de repenser nos offres en tant qu’exploitants. C’est-à-dire de proposer aux gens de voir des films dans nos salles, mais pas seulement », analyse Dorothy. Avec une programmation à la fois grand public et plus pointue, proposant des séances d’Art et d’Essai, Les 7 Batignolles s’impose comme la nouvelle pépite de ce quartier en devenir ! • E.Y.

Cinéma Les 7 Batignolles 25, allée Colette-Heilbronner – 17e

15


LE BON FILM

5 bonnes raisons d’aller voir Celle que vous croyez Claire, la cinquantaine, se crée un faux profil facebook pour stalker son amant, Ludo. Sur les réseaux, elle est désormais Clara, une superbe jeune femme de 24 ans. Un peu par hasard, elle noue une relation virtuelle avec Alex, le meilleur pote de Ludo, qui tombe éperdument amoureux de Clara. Prise à son propre jeu, Claire ne peut plus reculer…

Une satire des réseaux sociaux Avec beaucoup d’intelligence et de subtilité, le film montre les dérives du tout virtuel. Si les réseaux sociaux augmentent les chances de rencontrer l’amour, ils peuvent aussi créer une véritable dépendance. On joue avec son image, on idéalise sa vie, mais les sentiments qui se créent par écrans interposés sont bien réels, et la souffrance qu’ils peuvent engendrer également. Juliette Binoche Elle est tout simplement époustouflante. Dans le rôle de cette femme qui refuse, quelque part, de vieillir, elle est tour à tour inquiétante, fragile, séductrice, et dévoile une duplicité surprenante. Elle porte le film de bout en

16


bout avec une authenticité et une aisance qui touchent à la grâce. Quelle femme ! François Civil Dans toute la première partie du film, son personnage n’existe que par sa voix, mais il parvient grâce à un travail fascinant sur les intonations et les modulations vocales à lui donner corps, à le rendre sensible, si bien que quand il apparaît finalement en chair et en os, on tombe totalement sous le charme. Comme Claire. Jeux de miroirs En travaillant beaucoup sur les reflets – dans le miroir, à la fenêtre la nuit, devant l’écran – et les images que les personnages ont et

donnent d’eux-mêmes, le réalisateur Safy Nebbou donne une profondeur vertigineuse à son métrage, dont les décors naturels sont constitués par les immeubles tout en verre d’un Paris très contemporain. La voix au cœur de tout Le film débute par la confrontation silencieuse entre Claire et sa psychiatre, incarnée avec beaucoup de sensibilité par Nicole Garcia. Dans ce cabinet cosy comme dans l’intimité d’une chambre duveuteuse, pendue au téléphone, les voix des comédiens résonnent avec une puissance émotionnelle impressionnante. Tomber amoureux d’une voix, c’est possible ! • L.H.

17


18


LA BONNE ÉTOILE

Sarah Sirel Photos Naïs Bessaih

Texte

Le plus sympa des voyous Derrière le mystère Voyou se cache Thibaud, grand gaillard, visage affable et grandeur bienveillante. Avec un sourire enfantin, il porte sur le monde un regard juste et malicieux, du genre que l’on découvre en marchant sous la pluie au saut du lit. Son premier album, Les Bruits de la Ville, sort le 15 février et il enchante nos oreilles. C’est doux et sucré à la fois, comme une pastille à la menthe qui fond dans la bouche. Tu viens d’où Voyou ? Je suis né à Lille, j’ai ensuite vécu à Nantes et désormais à Paris depuis un an. On va retourner les questions habituelles, t’es chaud ? Alors, qu’est-ce qui ne t’a pas influencé ? La musique EDM, la techno hongroise des 90’s, le film Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?.

C’est quoi ta chanson pas préférée dans l’album ? C’est toutes mes bébés, j’ai ma petite tendresse pour chacune d’elles ! Mais je dirais le morceau Lille, il me rappelle trop de souvenirs tristes. T’écoutes pas quoi comme musique ? Despacito et les Summer Hits. Mais je n’ai jamais d’animosité pour la musique des autres… Même si je trouve ça hyper mauvais. On va parler de ton album si tu veux bien, tu as passé combien de temps dessus ? Tout est allé vite, j’ai vécu beaucoup de choses en deux ans et cet album est un condensé de ces deux dernières années. Pourtant tous les morceaux ont été écrits à des moments différents.

19


VOYOU C’est drôle car ça se ressent, chaque morceau évoque une émotion particulière et bien différente, comme un accordéon de sentiments… C’est le but ! Je passe énormément de temps sur les arrangements pour faire passer les émotions que peuvent ressentir les personnages que je décris et dépeindre le décor de mon histoire. Les morceaux ne se ressemblent pas car ils font tous appel à une émotion différente. Ça ne ferait pas trop sens pour moi d’avoir un truc hyper uniforme dans la masse sonore.

De toute façon il y a plein de tristesse qui nous entoure, mais on peut l’accepter et considérer que les choses tristes nous font évoluer vers quelque chose qui nous permet d’aller mieux ! Je n’ai pas de problème de tristesse dans ma vie en général.

“J’ai fait dix ans de tournée avant de lancer Voyou en solo.”

Elles ne parlent que de toi tes chansons ? Non, ma parole unique n’est pas assez intéressante pour être suffisante. Le morceau La Serre, par exemple, parle de la violence de notre époque. On est dans la merde pour le climat et je fais ma part du job pour sauver la planète, mais peut-être qu’il faut accepter qu’on ne contrôle pas tout et que le temps manque, non ? Mais bref, ne parlons pas de politique.

On retrouve beaucoup le registre du rêve dans l’album. T’es un grand enfant qui a peur du temps qui passe ? Non, le temps pour moi ne passe pas à la même vitesse que pour les autres car je fais un truc qui, justement, ne me renvoie pas au visage le temps qui passe. Ma plus grosse appréhension n’est pas de vieillir mais de ne plus rien avoir à raconter, comme beaucoup de personnes qui prennent de l’âge et qui restent bloquées à l’époque dans laquelle elles ont grandi. Ça m’arrivera peut-être un jour. Il contient pas mal de morceaux tristes, pourtant ton album, pris dans son ensemble, est assez joyeux. L’état d’esprit commun, c’est planqué, pas trop violent et jamais cynique. Je ne raconte pas une histoire qui se passe mal sans jamais donner les clés derrière pour que ça aille mieux.

Justement tu as toujours l’air heureux, c’est le cas ? Ouais, j’ai la chance de ne pas avoir de problèmes d’angoisse, de stress, ni de me poser de questions sur ce qu’il s’est passé ou ce qui va m’arriver. Toujours zen.

Alors on change de sujet. Racontemoi ta vie, t’as commencé comment la musique ? Mon père est musicien et j’ai commencé à jouer de la trompette avec lui quand j’étais petit. À 5 ans je suis rentré au Conservatoire, et j’en suis parti plus tard faute de manque d’espace de création plutôt que d’interprétation. J’ai ensuite commencé mes premiers groupes de rock vers 14 ans à Nantes. Puis en sortant du lycée j’ai joué avec Rhum for Pauline, Elephanz et Pegase, et j’ai fait dix ans de tournée avec ces groupes avant de lancer Voyou en solo. C’était pas facile mais j’étais heureux parce que je faisais un truc qui me plaisait et c’était plus important que de gagner de l’argent.

20


Tu chantes cette chanson qui s’appelle Les Trois Loubards, qui raconte une agression. Tu t’es vraiment fait castagner comme ça ? Ça m’est arrivé plusieurs fois ouais, je me suis fait racketter quand j’habitais dans la banlieue lilloise quand j’étais jeune. Mais le contexte des Trois Loubards, avec trois mecs qui viennent vers moi et me tapent la discut’ avant de me taper tout court, ça m’est arrivé à Nantes il y a environ trois ans. C’est quoi la question que tu aimerais que je te pose ? Le dernier concert que j’ai vraiment kiffé, et là-dessus je te réponds MOU au Pop Up du Label. Et je dis pas ça parce que c’est un pote, c’est sincère, j’ai adoré.

Tes adresses préférées à Paris ? Pour dîner, Jones à Voltaire. On y trouve plein de petits plats à partager, c’est tellement bon que ça te tue à chaque fois que tu prends une bouchée. Les saveurs sont folles, les textures sont folles, les couleurs sont folles, et les vins naturels sont incroyables. Pour boire des coups, j’aime beaucoup le Motel et le Chair de Poule et pour des concerts, j’adore la Maroquinerie. Sinon j’adore mon appart’, je m’y sens hyper bien. C’est important de le dire, non ? • S.S. Merci à l’hôtel 1K pour son accueil

Les Bruits de la Ville / Entreprise/ A+LSO Sortie le 15 février En concert le 10/04 à la Cigale et le 20/04 au Printemps de Bourges

21


22


LA BONNE ENQUÊTE

Ces nouvelles façons d’aimer LGBTTQQIAAP. Plus. Bienvenue en 2019, où l’alphabet sera bientôt à cours de lettres pour embrasser toutes les communautés, sexualités et identités de genre que les millennials brandissent avec fierté. Gay ? Pansexuel ? Polyamoureux ? Bi-curieux ? Le lexique de la nouvelle génération n’a jamais été aussi riche et complexe, celle-ci exigeant la précision pour se définir au mieux. L’amour conjugué au singulier, au pluriel, au féminin, au masculin mais surtout au présent ; rencontre avec ces Parisiens qui fêtent l’amour, en toutes lettres. S’oriente-t-on vers une démocratisation de ces formes de sexualité divergentes, aujourd’hui clairement nommées et identifiées ? Possible lorsque l’on comprend qu’enrichir le vocabulaire amoureux et sexuel, c’est finalement permettre une meilleure compréhension de soi et de sa place face aux normes très instituées. « Le fait que ces définitions se démocratisent, c’est une très bonne chose car ça permet à plein de gens qui avaient le sentiment d’être “hors-norme” de se

sentir enfin appartenir à un groupe, de poser des mots sur leur sexualité qui n’a en réalité rien d’anormale. Dans la construction sexuelle, c’est important de pouvoir se référer à ses semblables et à des codes communs, surtout quand on est jeune », explique Claire Alquier, sexologue. Libertine assumée, Florence s’est toujours sentie hors-norme, avant même de débuter sa sexualité “kinky” et de découvrir le monde BDSM. Sa sexualité débridée, elle n’en parle finalement qu’aux initiés. Seuls quelques très bons amis à elle, étrangers au milieu, appelés “vanille”, sont au courant de ses pratiques sexuelles. Elle explique en effet que s’assumer en tant que femme dans notre société n’est pas toujours évident, alors se revendiquer libertine peut vite donner lieu à des raccourcis et des préjugés. Même son de cloche du côté de Tony qui se définit comme « hétéro-curieux non monogame ». La norme et les pressions sociales, il les a subies pendant plusieurs

23


LA BONNE ENQUÊTE années, exprimant des difficultés à accepter son attirance pour les hommes. « Assumer sa bisexualité chez un homme, c’est encore compliqué de nos jours car il faut sans cesse se justifier sur le fait qu’il ne s’agisse pas d’une homosexualité refoulée, mais bien d’une réelle attirance pour les deux sexes », regrette notre sexologue. Pour Tony, le choix de ses partenaires est vite devenu compliqué car contraint de respecter « cette norme » dont il avait du mal à se défaire. Finalement, ce trentenaire non-monogame a décidé d’assumer sa sexualité, bien que celle-ci reste très controversée, notamment auprès de son entourage qui ne le prend pas toujours au sérieux ou « essaie de (le) réparer ». À 22 ans, Camille a déjà une belle expérience en tant que polyamoureuse. Et c’est par le biais d’une rencontre que cette jeune fleuriste a troqué sa fidélité et ses habitudes de monogame au profit d’un amour multiple. La raison ? « Je me suis dit que cet homme était si merveilleux, alors pourquoi aurais-je dû être la seule à en profiter ? », s’est-elle demandé. Si l’amour à plusieurs continue d’alimenter bien des fantasmes, considéré à la fois comme une fantaisie, une excentricité voire une anomalie, Camille pense précisément le contraire. « Il me semble que tous les polyamoureux sont de grands sentimentaux. On aime l’amour. C’est justement cette soif de l’autre qui m’a menée au polyamour. Ma curiosité. J’ai l’impression de vivre plus intensément ainsi. Et on ne va pas se mentir, c’est aussi jouissif de se sentir subversif. » Une sexualité en marge de la norme auraitelle donc des effets aphrodisiaques ? S’affranchir du modèle étriqué de leurs aînés, dominé par le patriarcat, la binarité hétéro/homo mais aussi par cette vision hétéronormée de la relation amoureuse, voilà

le pari de ces jeunes adultes qui redéfinissent l’amour et la sexualité, les rendant protéiformes mais aussi plus excitants. Si Clémence, éducatrice spécialisée de 30 ans se définissant comme bisexuelle, avoue ressentir parfois de la jalousie quand elle voit un(e) de ses partenaires dans les bras d’autres personnes, elle reconnaît que cette vision peut également l’exciter, « surtout quand la soirée se finit dans leurs bras », précise-t-elle. Se jouer du genre en brouillant volontairement les codes vestimentaires, pour Malaïka, jeune cheffe de projet digital assumant sa bisexualité et se revendiquant comme “genderfuck”, peut avoir en effet des aspects très attrayants. Elle raconte ainsi qu’en tant que cis-genre, il lui arrive souvent de se faire draguer par des hommes gays ou des

24


femmes hétérosexuelles, pour son « plus grand plaisir ». Preuve que les orientations et représentations sexuelles échappent aux concepts dans lesquels la société tente parfois de les enfermer. Si la démocratisation de ces nouvelles façons d’aimer est une vraie avancée, Claire Alquier craint que la “tendance” prenne le pas sur la sincérité, pointant du doigt cet encouragement parfois exacerbé de l’expérience à tout prix, contraignant les jeunes à essayer tout et tout de suite. « La sexualité, c’est quelque chose qui évolue tout au long de la vie. Plus on a accumulé de l’expérience, avec l’âge, avec du recul et une réflexion sur soi-même, plus on est en mesure de définir ses propres besoins et de s’affranchir des pressions sociales normées et très classiques. Mais c’est quelque chose qui demande du temps, du travail et de l’énergie »,

explique-t-elle. Si bien que la nouvelle génération est parfois aux prises avec une sorte de tiraillement, ne se reconnaissant ni dans la norme très classique toujours très présente de nos jours, ni dans l’autre, celle du non-classicisme et de l’expérience pour l’expérience. Finalement, en 2019, l’amour, la norme et le sexe n’auraient-ils pas été déplacés, faisant de la marginalité une nouvelle forme de conformité ? Seul l’avenir nous le dira. • E.Y.

Bibliographie La salope éthique de Janet Hardy More than two de Franklin Veaux Les nouvelles hétérosexualités de Daniel Welzer-Lang Art Queer. Une théorie freak de Renate Lorenz

25


2018

1907


LA BONNE ILLUSTRATION

Illustration

RegardsCoupables™ — @regards_coupables

27


LE BON SHOPPING

e i v a L

28


Canapé Maison du Monde - 375€ Casque Urbanears - 50€ Culotte Henriette H - 50€ Canard en plastique Qualipet - 8,90€ Casquette Adidas - 18€ Coque Kenzo - 40€ Carnet Junique - 140€ Cafetière Philips - 113€ Montre Swatch “Skinblush” - 105€

en rose 29



Š Naïs Bessaih


LE BON HOROSCOPE

BÉLIER

GÉMEAUX

LION

À trop prendre les personnes qui vous entourent pour acquises, arrive ce qui devait arriver. Elles s’éloignent de vous ! Attention donc à ne pas vous disperser et à prendre soin de vos êtres chers. En fait je rigole, c’est complètement faux mais je voulais me prendre pour Christine Haas au moins une fois.

Personne ne vous l’a encore dit aujourd’hui, alors lisez bien : vous êtes superbes, bien évidemment que c’est une idée brillante de s’habiller comme vous le faites, vos goûts sont légion et sont le prolongement de votre caractère ! Après tout, qui d’autre peut se vanter de porter des Crocs en février ? Pas grand monde...

Dans la grande gueule de bois permanente qu’est la vie, il est toujours de bon ton de ne pas se laisser abattre et de boire jusqu’à plus soif à la rafraîchissante fontaine du week-end. Allez, on sert les dents et on y va mollo sur les métaphores.

TAUREAU Pour ceux qui ont lu cette page le mois dernier, ça donne quoi pour vous la nouvelle année ? 2019 vous sourit-elle ? Est-ce que vos engagements et vos résolutions se portent bien ? Sans déconner, dites-moi, j’aimerais bien savoir si l’horoscope, c’est vraiment un truc qui marche.

CANCER Le fait de vivre à Paris met beaucoup de pression d’un point de vue culturel : toujours une expo à voir, un petit film d’auteur indépendant, un concert de jazz incontournable... Mais n’ayez pas peur, revendiquez votre amour des films de Christian Clavier et restez cette personne entière et touchante.

VIERGE La planète va mal, la vie est de plus en plus chère, des conflits mondiaux pointent le bout de leur nez et la France est 2e au classement FIFA. Quelle est votre place dans ce microcosme d’anxiété ? Toujours en terrasse visiblement. Vous êtes à la vie ce que la Bretagne est à Paris : un grand bol d’air frais.

32


Février 2019

par bill@lebonbon.fr

BALANCE

SAGITTAIRE

VERSEAU

Le mode avion, ça existe ; ça veut dire que lorsque vous regardez fébrilement votre téléphone en attente d’un message providentiel, il est possible que l’interlocuteur soit déconnecté, ce qui fait un peu de bien dans ce monde moderne ! Sauf si on parle de votre crush, lui c’est parce qu’il vous ignore, désolé.

Très bien, c’est l’hiver, mais il s’agirait de grandir un peu, de sortir de cet état léthargique et d’enfin accepter de sortir un peu plus ! Parce que franchement, l’excuse du « je reste chez moi, il fait trop froid » ça va 5 minutes. Je suis dur avec vous, mais c’est pour votre bien.

Vous glissez sur les problèmes comme un kayak sur l’eau, vous grimpez dans l’estime de votre supérieur tel le saumon qui remonte la cascade, il pleut sur vous une multitude de bonnes nouvelles et votre hydratation n’a d’égale que votre humeur positive. À bientôt pour d’autres jeux de mots mouillés.

SCORPION La liste des nommés aux Oscars est sortie et malgré tout, vous vous offusquez de ne pas avoir été contacté pour être le présentateur de cette fabuleuse cérémonie. Pourtant c’est bien connu qu’en tant que Scorpion, vos blagues sont affûtées et ne manquent pas de piquant ! Ça se voit tellement que je n’en suis pas un ?

CAPRICORNE Très bonne idée que d’attaquer 2019 à toute vitesse ! Pas le temps d’hésiter, on fonce tête la première ! C’est vraiment une belle initiative, c’est juste dommage que comme tout le monde vous n’ayez pas encore pris l’habitude et continuiez d’écrire 2018 sur n’importe quel papier important.

POISSONS Besoin d’un peu de motivation pour accomplir vos rêves ? Il suffit de demander ! Vous voulez chanter ? Attrapez donc ce micro ! Vous voulez danser ? La piste est à vous ! Vous voulez rester dans votre canapé à manger, boire et regarder des séries ? Vous excellez déjà dans ce domaine, je n’en doute même pas.

33


Welcome Cora ! Que la force soit avec toi ! Champagne pour Nicolas !

Le dry ja nuary n e se passe p as très bien, j’ai chuté dès le 3 e jour… William

Je comprends rien à ce qui se passe en France, je dois être sobre…

Bon a nnive rsair ma kik i des b e ois ! Nico

Nicolas D. t’es plus puceau, well done ! Patrick Sébastien président !

Je t’aime maman ! Clem’ Happy You Naïs ! On t’aime !

ière fois C’est la dern voyage en rs que je pa llègues… co es m ec av L.

nu suis deve Cool, je  ! U M P r eu influenc qui ont les gens d, cest o p ir des a t une vraimen e. c ra sous-

J’ai découvert le compte @entenduadunkerque sur instagram, ça m’a souvé ma journée

Vous aussi passez votre annonce, contactez : cora.p@lebonbon.fr

Dany Boon, rends l’argent ! J’ai arrêté le spor je pue trop…

e t’aim , Je s a m on Tho cret. T as si p e en s ratrice i m d a . rète sec

34

t




Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.