Le réveil des combattants - Mai 2016

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QUE LES GROS SALAIRES LÈVENT LE DOIGT

1929-1933 MONTÉE DU FACISME : QUELS ENSEIGNEMENTS POUR AUJOURD’HUI ?

WASHINGTON CONTRE ATTAQUE

Mai 2016 - N° 824 - 5 €

Plutôt que de répondre au cri du peuple

Le gouvernement frappe la démocratie


LE RÉVEIL MÉMOIRE

27 mai 2016 Journée nationale de la Résistance

DECLARATION DE L’ARAC Durant 5 ans, de 1940 à 1945, nos aînés ont affronté courageusement l’occupant nazi et ses complices. De sensibilités communistes, socialistes, gaullistes, de philosophies ou de croyances différentes, syndicalistes et associatifs, ils se sont battus courageusement pour permettre à notre pays de retrouver son indépendance, sa souveraineté, le progrès social et la vie, la liberté, ainsi qu’a voulu l’instaurer le programme du CNR. Le débarquement allié en Afrique du Nord, l’écrasement de l’armée nazie sur le front de Stalingrad, les pertes subies par l’armée hitlérienne sur le front soviétique, ont apporté à nos compatriotes des motifs supplémentaires de résister aux nazis et à Vichy. Cela les a rapprochés progressivement de la Résistance dont l’action prit alors une ampleur significative. Surmontant de nombreux obstacles, Jean Moulin obtint l’unité totale des mouvements de Résistance en s’appuyant sur la volonté d’union de leurs principaux dirigeants et c’est ainsi que put se réaliser le véritable tournant de la Résistance le 27 mai 1943 lorsqu’il réunit à Paris dans la France occupée « le Conseil National de la Résistance ». Les initiatives ayant conduit à la création du CNR sont venues de la France occupée et Jean Moulin en est le symbole*. A l’instar du courage dont ils ont fait preuve, nous devons aujourd’hui faire face à la politique gouvernementale exigée par l’union européenne mise en œuvre par la commission de Bruxelles assemblée non élue donc non représentative de la souveraineté des peuples, dans le cadre du capitalisme financier mondialisé. Il n’est pas trop tard pour dénoncer encore une fois la tentative d’asservissement à laquelle nous faisons face, nous les héritiers des Révolutionnaires de 1789 et des combattants de la Résistance qu’impulsa Jean Moulin car la situation faite ainsi aux peuples porte tous les dangers. Comme le dit justement l’un des nôtres, il nous faut aujourd’hui assumer non seulement le travail permanent de Mémoire mais aussi « le devoir d’avenir ». Comme le CNR donna à la Résistance unie sa dimension nationale et une autorité accrue, il faut aujourd’hui assurer aux peuples les moyens d’exercer leur souveraineté pour leur permettre d’appliquer des politiques nouvelles économiques, sociales et démocratiques. Il nous faut poursuivre encore la défense des valeurs de la République.

Villejuif, le 12 mai 2016 * Voir déclaration du 27 mai 2015 (le Réveil n° 813-mai 2015)

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ÉDITO LE RÉVEIL Que sont devenus les espoirs de 2012 ?

SOMMAIRE Actualités Renault : le salaire de Carlos Ghosn .......................................................4 Cinq patrons français aux rémunérations exorbitantes ......................4 L’aubaine absolue des actions gratuites................................................5 Obama : seul Washington doit écrire les normes du commerce international................................................................................................6 Le président du Parlement européen, Martin Schulz, vient d’affirmer que « les gens votent sur n’importe quoi mais très rarement sur le sujet du référendum » ..................................................6 Un « EXPERT » européiste britannique réclame L’INTERDICTION en Europe de tout RÉFÉRENDUM sur les questions européennes .........7 Accueil des étrangers Sale temps au pays des droits de l’Homme ..........................................8 International Un officier de Tsahal enflamme Israël .....................................................9 Amérique Latine : Washington contre-attaque....................................9 Primaires américaines : Bernie ne lâche rien.......................................10 Turquie : Erdogan maître absolu… .......................................................11 Tentative d’assassinat contre Can Dundar… .......................................12 Vos droits L’OTAN bras armé de l’impérialisme contre les peuples ..................21 Vers la revalorisation des pension, retraite du combattant et rentes mutualistes ? .............................................................................................22 Plafond majorable de la rente mutualiste du combattant 1 750 euros au 1er janvier 2016 ............................................................23 Exigeons la véritable campagne double .............................................23 Allocation adulte handicapé : revalorisation de 81 centimes, idem pour les autres prestations............................23 Commission nationale d’attribution de la carte du combattant.....25 Vie de l’ARAC Vie des Comités .................................................................................25 à 31

P. 13 . D O S S I E R 1929-1933 montée du facisme

Quels enseignements pour demain ? www.le-reveil-des-combattants.fr LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse Mensuel de l’Association républicaine des anciens combattants et victimes de guerre. Commission paritaire n° 0713-A 06545 ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditions du Réveil des Combattants • SARL au capital de 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 11 Fax. 01 42 11 11 10 reveil-des-combattants@wanadoo.fr

• Tirage : 60 000 exemplaires • Gérant Directeur de la publication : Raphaël Vahé • Directeur délégué - Rédacteur en chef : Patrick Staat • Comité de Rédaction : Brigitte Canévêt, Hervé Corzani, Jean-Pierre Delahaye, André Fillère, Laurence Gorain • Service photos : Jean- Claude Fèvre • Administratrice : Annick Chevalier • Conception graphique - Impression : RIVET PRESSE EDITION - 24 rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9

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e concession en concession, le gouvernement pour faire passer sa politique, celle de la commission européenne, celle dictée par les lobbys, instaure un véritable autoritarisme d’Etat. Les mesures anti-démocratiques, liberticides, portant atteintes aux libertés individuelles et collectives ont vu le jour avec les lois Macron (dites lois sécurités). La situation des salariés, le chômage, le pouvoir d’achat ne cessent de se dégrader. Les impôts indirects touchent de plein fouet les familles, les retraités. La situation de la France est telle qu’aujourd’hui, notre pays se situe au 12ème rang des pays de la zone euro pour le niveau de vie des habitants, avant l’Espagne, le Portugal, l’Italie… Chacun subit cette dégradation, connait les difficultés de la vie, alors que se multiplient sans retenue les salaires mirobolants des patrons du CAC40 quand nos salaires, nos pensions sont bloqués. Le gouvernement s’attaque au code du travail, aux fruits des luttes sociales de plus de deux siècles d’actions. 3 Français sur 4 se disent contre la démolition du code du travail. Manuel Valls, autorisé par le conseil des ministres à recourir à l’article 49-3, veut contraindre les députés pour la deuxième fois. Plutôt que d’entendre le cri du peuple, le gouvernement tente de museler le Parlement. Il engage la responsabilité de son gouvernement. Il n’est pas question d’être contre la gauche ou la droite, mais bien de sanctionner la loi travail, la politique menée par le gouvernement. Face au coup de force inacceptable du premier ministre, qui nous rappelle les heures les plus noires de notre histoire, tous les Parlementaires doivent prendre leurs responsabilités, exprimer leur opinion clairement, sans hypocrisie, mais avec courage. Ils redonneraient ainsi à l’engagement, et à l’action politique ses lettres de noblesse. Rien n’est fini, tout commence, la mobilisation populaire continue, des grèves sont décidées chez les dockers, les marins, à la SNCF, les salariés des aéroports de Paris, d’Air France, ceux de l’énergie, de la pétrochimie, les routiers, la fonction publique… Prenons toute notre place dans la mobilisation. Le gouvernement a perdu toute légitimité, il ne représente plus les valeurs de la République. Nous ne le laisserons pas démolir la construction commune de plusieurs générations que sont les fondements de la République : la liberté, l’égalité et la fraternité. Patrick STAAT LE RÉVEIL - N° 824 - MAI 2016

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Renault : le salaire de Carlos Ghosn Alors que l’assemblée générale des actionnaires de Renault a rejeté la résolution sur le salaire du PDG du groupe Renault Carlos Ghosn, le conseil d'administration n'a pas tenu compte de cet avis consultatif et l'a maintenu. 54,12 % des actionnaires ont décidé de rejeter la rémunération de Carlos Ghosn au titre de 2015. Cette rémunération a atteint l'an dernier un total de 7,251 millions d'euros, dont 1,737 million en numéraire, soit une hausse de 0,49 % par rapport à 2014. Aussitôt le vote des actionnaires connu, le comité des rémunérations et le conseil d'administration se sont réunis hors la présence de Carlos Ghosn. Ils ont ensuite annoncé dans un communiqué avoir approuvé le maintien de la rémunération du PDG pour 2015, tout en engageant une mission sur les “évolutions utiles” pour les années à venir. “Sur proposition de son comité des rémunérations, le conseil d'administration de Renault a approuvé le maintien de la rémunération décidée pour le président-directeur-général pour l'année 2015”, indique le communiqué. “Le conseil d'administration a chargé le comité des rémunérations de la mission d'examiner les évolutions utiles de la structure de rémunération pour les années 2016 et suivantes”, ajoute

le document. Le conseil rappelle au passage la “qualité des résultats de l'année 2015, avec un chiffre d'affaires record de plus de 45 milliards d'euros, en hausse de 10,4 % et une marge opérationnelle de 5,1 % en avance de deux années sur les objectifs du plan Renault 2016 Drive the change”. L’État, qui contrôle 19,74 % de Renault, a voté contre la résolution, mais n'a pas utilisé son pouvoir de droits de vote doubles, puisque la résolution était soumise à titre ordinaire, ce qui le lui interdit. Pour sa part, le syndicat CGT Renault du site Lardy dans l'Essonne a jugé “indécente” la rémunération de 7,3 millions d'euros touchée par le PDG du groupe Renault Carlos Ghosn, alors que celle des salariés est bloquée depuis quatre ans. “Rémunération de Carlos Ghosn, même les actionnaires trouvent que c'est trop ! Mais rien n’y fait, il touchera sa rémunération indécente de 7,3 millions d’euros pour son mi-temps chez Renault !”, écrit le syndicat dans un communiqué. Le syndicat souligne que les sala-

riés subissent “depuis maintenant quatre ans le blocage de salaires”, des “conditions de travail dégradées par la suppression de 7 500 emplois” depuis la signature de l'accord de compétitivité. Il évoque aussi une “hausse des cadences et du temps de travail sur chaîne”, une “désorganisation complète dans de nombreux secteurs avec les départs non remplacés”, de “fortes pressions sur le développement des nouveaux modèles ou les questions de dépollution”, la “précarité” des collègues intérimaires ou sous-traitants “dont le nombre a explosé ces dernières années”. “Pour justifier le maintien de la rémunération de Carlos Ghosn, le Conseil d'administration a rappelé la qualité des résultats de l'année 2015, avec un chiffre d'affaires record de plus de 45 milliards d'euros, en hausse de 10,4 %, et une marge opérationnelle de 5,1 % en avance de deux années sur les objectifs”, rappelle la CGT. Elle indique que ces résultats “sont le fruit du travail des salariés” et demande de “vraies augmentations générales de salaires”.

Cinq patrons français aux rémunérations exorbitantes Alexandre de Juniac, Air France-KLM Intraitable avec ses pilotes, le patron sur le départ s’est bien traité en s’augmentant de 65 % en 2015. Sa rémunération est passée de 645 000 euros 4-

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en 2014 à 1,062 million d’euros l’an dernier. Explication : la part variable du salaire a flambé à 462 000 euros grâce au retour aux profits de la compagnie. Les personnels d’Air France qui ont payé ce redressement au prix fort


ACTUALITÉS LE RÉVEIL

(5 500 suppressions de postes) l’ont évidemment mauvaise.

Alexandre Bompard, Fnac Avec sa capitalisation de 850 millions d’euros, l’enseigne de distribution ne figure pas au CAC 40. Mais son patron, Inspecteur des finances reconverti dans le business, est payé comme s’il jouait dans la cour des grands. En 2015, Bompard a touché 11,5 millions d’euros, dont 9,7 millions d’« équivalent en actions gratuites » payées en cash et corrélées à la performance boursière. Une somme colossale et totalement disproportionnée pour une boîte dont le résultat net s’élevait l’an dernier à 48 petits millions.

Carlos Ghosn, Renault Nissan Ce n’est pas juste le revenu du PDG de Renault qui pose problème :

7,2 millions d’euros en 2015, actions de performance comprises. C’est la somme de cette rémunération avec celle de Nissan qui fait grincer et a abouti à un vote négatif, lors de l’assemblée générale des actionnaires. Ghosn a reçu au total 15 millions d’euros. Soit quatre fois plus que la moyenne du CAC 40. Même Pierre Gattaz est « gêné ».

Olivier Brandicourt, Sanofi C’est le patron le mieux payé de France : pour 2015, le PDG de Sanofi devrait percevoir la somme hallucinante de 16,7 millions d’euros. Le « golden hello » qui avait fait polémique à son arrivée n’était qu’un apéritif : à ses 2,39 millions de salaire annuel et aux 2 millions de prime de bienvenue devraient s’ajouter 12,3 millions en actions de performance, encaissables dès 2018. Brandicourt est bien parti pour toucher ce jackpot tous les ans. Et s’il s’avérait

moins « performant » que prévu, il pourra toujours compter sur un beau geste : son prédécesseur Chris Viehbacher est parti avec un « golden parachute » de 4 millions.

Carlos Tavares, PSA Doubler son salaire à 5,24 millions d’euros en 2015, alors que 8 000 suppressions de postes sont en cours chez PSA ? Tavares ne voit pas où est le problème. Sous le feu des critiques, il a répondu début avril que sa rémunération était « tout à fait normale compte tenu de [ses] responsabilités ». Et puis sur un marché comparable au mercato des stars du foot, Tavares se voit comme un petit joueur : « Ce qui a choqué représente à peu près un tiers ou au maximum la moitié du salaire de mes pairs. » Ou comment tacler son ancien boss de Renault pour mieux garder ses millions… Classe. Source : Libération - 2/05/2016

L’aubaine absolue des actions gratuites Après les indemnités de départ octroyées même en cas d’échec, après les retraites chapeaux, voici venir les actions gratuites, dites « de performance ». Un président de comité de rémunération ne craint pas de soulever le lièvre : « C’est une anomalie complète, une rigolade, et pour les dirigeants, une aubaine absolue. » Dans le collimateur, l’absence de risque puisque, même si les « actions gratuites » sont soumises à des conditions de performance, celles-ci sont beaucoup moins sévères que la sanction ultime des stock-options : voir le cours de l’attribution prévu jamais atteint, et donc le cadeau actionnarial jamais livré… Mais il y a dans cette histoire un surprenant paradoxe : c’est Emmanuel Macron, lui-même, avec sa loi, qui a joué les pompiers pyromanes ! Grâce à son article 135, les actions gratuites sont devenues beaucoup moins fiscalisées que les stock-options, et les entreprises du Cac 40 se sont empressées de les généraliser. Ainsi, avec deux présidents hautement performants, comme Carlos Ghosn et Carlos Tavares (PSA), affichant tous deux un salaire de 3 millions d’euros en 2015, le premier va recevoir 4 millions d’euros en actions gratuites,

tandis que le second n’en a été gratifié que pour deux millions. Ce simple exemple, qui ne fera pleurer personne, démontre une fois de plus que l’on nage pour les rémunérations des dirigeants, en plein arbitraire. LE RÉVEIL - N° 824 - MAI 2016

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Obama : seul Washington doit écrire les normes du commerce international Une fois en vigueur, l’accord de partenariat transpacifique (TPP) permettra aux Etats-Unis d’établir les règles du commerce international. Et les autres pays n’auront d’autre choix que de les suivre, explique le président américain. « Elever des murs afin de s'isoler de l'économie globale ne fera que nous priver de perspectives incroyables. Au contraire, les Etats-Unis doivent écrire les règles. Les Etats-Unis doivent mener le bal. Les autres pays doivent jouer d'après les règles que les Etats-Unis et nos partenaires fixent », indique Barack Obama dans un article publié dans le Washington Post (2/05/2016). L'article rédigé par le dirigeant américain est consacré aux perspectives du TPP, accord signé en février et visant à abattre les barrières au commerce et à l'investissement entre 12 pays des régions Asie-Pacifique et Amérique, qui représentent près de 40 % de l'économie mondiale. « Le monde a changé. Les règles changent aussi. Ce sont les Etats-Unis et non pas des pays comme la Chine qui doivent les écrire », poursuit le président américain.

Très vaste, le TTP vise à fixer les règles du commerce et des investissements internationaux au XXIe siècle et compte pousser la Chine à adapter ses propres règles en matière de commerce, d'investissement et de droit commercial à celles établies par le TPP. Ainsi, M. Obama presse le Congrès de ratifier ce texte aussi rapidement que possible, car Pékin est en train de négocier ses règles commerciales avec d'autres pays de la région Asie-Pacifique. « L'accord commercial que la Chine négocie avec d'autres pays lui permettra de partager certains marchés à croissance rapide au détriment des Etats-Unis, ce qui mettra en danger les emplois, les entreprises et les produits américains », appréhende M. Obama. Pour entrer en vigueur, le TPP doit être ratifié sous deux ans par les Par-

lements nationaux et notamment par le Congrès américain où il suscite une hostilité croissante, spécialement dans cette période de campagne présidentielle. Le TPP a été signé début février 2016 par l'Australie, Brunei, le Canada, le Chili, le Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour, les Etats-Unis et le Vietnam. Il prévoit une ouverture substantielle des marchés des produits agricoles pour le Canada. Source : AFP

Le président du Parlement européen, Martin Schulz, vient d’affirmer que « les gens votent sur n’importe quoi mais très rarement sur le sujet du référendum » S’exprimant en français le 12 avril 2016 sur la chaîne de télévision LCI, où Arlette Chabot l’interrogeait sur le résultat du référendum aux PaysBas et sur les perspectives du Brexit, le président du Parlement européen, l’Allemand Martin Schulz, a répondu très précisément ceci : « Tout est possible dans la politique. Et 6-

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les sondages ne sont jamais les résultats. Mais, aux Pays-Bas, nous avons vu que les gens votent sur n’importe quoi, mais très rarement sur le sujet du référendum. Je crois que la large majorité de ces gens qui ont voté aux PaysBas même ne savaient pas qu’il s’agissait de l’Ukraine. Ils voulaient voter contre ceux-là à Bruxelles, contre


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l’Europe, contre le Premier ministre, n’importe quelle motivation. Alors maintenant, en Grande-Bretagne, avec les Panama Papers, il y a un vrai risque que les gens votent, mais peut-être sur les Panama Papers,

et pas sur la sortie ou le maintien dans l’Union Européenne du Royaume-Uni. Alors ça, c’est un vrai risque. Moi, je suis absolument pour que la Grande-Bretagne reste dans l’Union européenne parce qu’ensemble nous

sommes plus forts que séparés. C’est pour nous le cas, l’Union européenne, mais aussi pour la Grande-Bretagne qui, hors du marché intérieur, perdrait à mes yeux beaucoup de sa puissance économique. »

Un « EXPERT » européiste britannique réclame L’INTERDICTION en Europe de tout RÉFÉRENDUM sur les questions européennes De nationalité britannique, Fraser Cameron est un ancien haut fonctionnaire de la Commission européenne. C'est désormais un analyste politique, largement médiatisé Outre-Manche pour commenter les questions européennes et les affaires internationales. Il est directeur de « Eurofocus-Bruxelles » et professeur adjoint à la « Hertie School of Governance » à Berlin. Suite au référendum qui a eu lieu le 6 avril 2016 aux Pays-Bas sur l’accord d’association entre l’UE et l’Ukraine – référendum qui s’est soldé par 61,1 % de Non et une participation de 32 % le rendant valide –, cet « expert » vient de publier un article sur le site Euractiv pour réclamer l’interdiction des référendums à travers toute l’Europe, dès lors qu’ils porteraient sur les politiques européennes. Euractiv est une fondation de droit belge, composée d’un réseau de médias européens « indépendants » spécialisé dans la publication d'articles sur les questions européennes. Officiellement, la « tribune » ainsi offerte à Fraser Cameron n’engage pas la responsabilité d’Euractiv. Il n’en demeure pas moins que ce genre de « point de vue » ressemble fort à ce que l’on appelle un « ballon d’essai », pour tester la façon dont l’opinion publique réagirait à une pareille mesure. En tout cas, ce genre d’articles témoigne de la très alarmante dérive

des européistes, qui exigent désormais des mesures de plus en plus clairement dictatoriales. Comme le lecteur pourra le mesurer, le « point de vue » de Fraser Cameron est bourré de sophismes et de mauvaise foi. Le prétendu « expert » européiste affirme par exemple qu’il « est peu démocratique que 30 % des électeurs dans un État membre puissent bloquer une politique approuvée par 27 États membres ». Mais il passe sous silence que les 27 autres peuples des 27 autres États membres n’ont justement pas été consultés sur l’accord d’association UE-Ukraine, et que tout porte à penser que, s’ils l’avaient été, une écrasante majorité d’entre eux auraient rejeté cet accord comme l’ont fait les Néerlandais. Le même prétendu « expert » – qui n’est en fait qu’un propagandiste virulent –, reprend par ailleurs à son compte cet argument éculé des apprentis dictateurs européistes, selon lequel les peuples ne répondraient jamais aux questions posées par les référendums, mais à d’autres considérations. Et que, dès lors, c'est le « système de démocratie représentative en Europe qui doit être renforcé ». Il s’agit évidemment d’un raisonnement totalement fallacieux : car si l’on postule que les peuples ne répondent jamais à la question posée par un référendum, pour

quelles raisons mirobolantes serait-on assuré que leur volonté serait mieux respectée par des députés qu’ils ont élus sans jamais évoquer ladite question ? En réalité, et tout le monde le comprend bien, la volonté de supprimer les référendums et de laisser la « démocratie représentative » décider à la place des peuples revient tout simplement à considérer que les peuples sont comme des enfants à mettre sous tutelle. Les dictateurs en costume-cravate de l’euro-atlantisme estiment que les peuples n’ont, au fond, pas leur mot à dire sur la conduite des affaires publiques, et que celle-ci doit être confiée à des gouvernants ou des députés présélectionnés par le système médiatique et l’oligarchie qui le maîtrise. L’article de Fraser Cameron est disponible sur le site : https://www.euractiv.com en date du 11 avril 2016 LE RÉVEIL - N° 824 - MAI 2016

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Accueil des étrangers

Sale temps au pays des droits de l’Homme Jacques Toubon, défenseur des Droits, déplore dans un rapport une «logique de suspicion» envers les étrangers et de nombreuses violation du droit. Il dénonce la prégnance de la « préférence nationale » Le nouveau rapport du défenseur des droits, intitulé « Les droits fondamentaux des étrangers en France », vient d'être rendu public. 300 pages qui s'appuient sur un recensement des actions juridiques menées par Jacques Toubon, nommé défenseur des droits en 2014. Il pointe l'ensemble des obstacles qui entravent l'accès des étrangers aux droits fondamentaux et n'y va pas par quatre chemins : la France discrimine ses étrangers, et développe une logique de suspicion vis-à-vis d'eux. La préférence nationale est devenue la norme. C'est l'idée principale développée par le défenseur des droits. Pour lui, cette notion, surtout véhiculée par la pensée d'extrême droite, est pourtant bien présente dans la relation qu'entretient aujourd'hui l'Etat français avec ses étrangers. Le rapport montre combien les droits fondamentaux tels que la scolarisation, la santé, le logement, ou la protection sociale sont entravés par le fait de ne pas être Français. Il en va de même pour l'accueil réservé aux migrants, aux réfugiés ou aux étrangers en séjour de longue durée. Pour ceux qui atteignent le territoire français le rapport pointe du doigt la difficulté de « demander le droit d'asile à la frontière ». Les demandeurs sont souvent maintenus en zone d'attente, ce qui est déjà une source de privation des droits. Une fois entrés dans le pays, lorsque les migrants entament leurs démarches en préfecture, il n'est pas rare qu'ils soient confrontés à de longues heures d'attentes. Il est même question de refoulement alors que le droit régalien impose que toute demande soit

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examinée. Sans parler des délais de traitements souvent excessifs.

Des mineurs en danger L'un des sujets d'inquiétude récurrents de Jacques Toubon est le sort des mineurs non accompagnés. Il évoque un accès aux droits et à la justice « défaillant », des conditions de prises en charge « inquiétantes ». Pendant l'évaluation de leur situation, dit-il, « ces enfants devraient être protégés de manière inconditionnelle, ce qui n'est pas toujours le cas ». Le rapport dénonce aussi la persistance de pratiques illégales qui consistent à refuser des titres de séjour pour soins. Il en est de même pour la délivrance des visas. Il est de plus en plus compliqué pour un étranger sous prétexte de « risque migratoire » de visiter sa famille en France. Dans les domaines de la vie quotidienne, le droit interdit de marquer une différence de traitement. Mais appa-

remment dans la pratique, les abus sont légion. Jacques Toubon a été régulièrement saisi pour le refus de scolariser des enfants lorsque les parents ne sont pas en situation régulière, ou bien sont sans domicile. Alors que la loi impose l'école obligatoire pour tous de 6 à 16 ans. En matière de prestations familiales, des témoignages montrent que le code de la Sécurité sociale marque non seulement une différence entre les enfants français et étrangers mais va plus loin encore dans la discrimination. Les jeunes Algériens, Turcs, Marocains, Camerounais et Bosniaques vivant en France se verraient plus souvent refuser des prestations, sans parler des restrictions d'accès à l'emploi. Bref la liste présentée par Jacques Toubon se décline sur des dizaines d'exemples. Décidément il ne fait pas bon être étranger au pays des Droits de l’Homme. J.-P. Delahaye


INTERNATIONAL LE RÉVEIL

Un officier de Tsahal enflamme Israël Par Nissim Behar, Correspondant à Tel-Aviv — 9 mai 2016 à 20 : 31 - Libération Un officier de Tsahal enflamme Israël L’opinion israélienne a la réputation de souvent s’enflammer pour un rien. Mais cette fois, les propos du brigadier général Yaïr Golan, chef d’état-major adjoint de Tsahal (l’armée israélienne), vont marquer les esprits pour longtemps. Invité à s’exprimer à l’occasion des commémorations de l’Holocauste, cet officier supérieur, sec comme un vieil olivier, a appelé ses concitoyens à réfléchir. « Ce qui me fait frémir dans le souvenir de la Shoah, c’est de déceler avec effroi, chez nous en 2016, les processus nauséabonds qui se sont déroulés en Europe il y a soixante-dix, quatre-vingts ou quatre-vingt-dix ans, a-t-il prévenu. Rien n’est plus facile que de haïr l’étranger, de semer la peur, et de se transformer en bête. » Venant du numéro 2 d’une armée d’occupation, ces propos comparant l’ambiance de l’Etat hébreu à la veille de son 68e

anniversaire à celle d’une Europe en route vers l’obscurantisme ont de quoi étonner. En tout cas, ils provoquent une levée de boucliers qui risque de déboucher sur la mise à l’écart de leur auteur : la très influente ministre de la Culture, Miri Regev (Likoud), et certains députés réclament sa démission. Pourtant, Yaïr Golan n’a pas parlé sans réfléchir. Ceux qui le connaissent affirment d’ailleurs qu’il est du genre à tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de s’exprimer. Son discours reflète les inquiétudes d’un nombre grandissant d’officiers supérieurs, intellectuels et universitaires. Car si les dirigeants du pays proclament partout qu’Israël est un « Etat juif et démocratique », son caractère juif prend peu à peu le pas sur les aspects démocratiques. Un phénomène qui a débuté lorsque le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, s’est allié avec les partis d’extrême droite et ultraorthodoxes, et ne fait que s’amplifier depuis lors. Les exemples sont nom-

breux. Aux sondages confirmant que la majorité des Israéliens juifs souhaite limiter les droits politiques de la minorité arabe s’ajoutent ceux rappelant le soutien massif de la population aux soldats qui abattent des Palestiniens un peu trop facilement. Et que dire de cette nouvelle loi autorisant l’emprisonnement des mineurs lanceurs de pierres - forcément palestiniens - à partir de 13 ans ? De cette autre qui vise à obliger les ONG de défense des droits de l’Homme à déclarer l’origine de leurs fonds ? Du retrait des bibliothèques scolaires d’un roman autobiographique évoquant la relation amoureuse entre une jeune femme juive et un Palestinien ? Ou de la limitation des subsides publics aux théâtres et centres culturels jugés pas assez « sionistes » ? A la veille du Yom Haatzmaout, les fêtes de l’Indépendance qui débutent mercredi soir, il y a un gros malaise en Israël. Et c’est ça que le brigadier général a voulu exprimer.

Amérique Latine

Washington contre-attaque Brésil : « L’ambassade US ressemble à celle aux temps d’Allende au Chili » Depuis plusieurs mois de nombreux pays d’Amérique Latine sont en proie à d’importants soubresauts politiques. De l’Argentine au Venezuela en passant par le Brésil, la contre-offensive du droit est en marche. Pour certains observateurs, profitant d’un contexte de forte crise économique et des tensions politique, les Etats-Unis tentent de reconquérir leur ancien «pré-carré». Le journaliste argentin, Carlos Aznarez, interrogé par Tarik Bouafia pour Investig Action, s’est exprimé sur cette question dans une interview publiée, le 21 avril dernier, dans plusieurs médias. Extraits… Lors de ses cent premiers jours au pouvoir, le président argentin Mauricio Macri a reçu le premier ministre italien Mateo Renzi, François Hollande et Obama. Dans le même temps, il a abandonné les efforts du gouvernement précédent de promouvoir l’intégration régionale. Quelle est la nouvelle politique étrangère de l’État argentin ?

(…) il est vrai que les gouvernements Kirchner entretenaient de très bonnes relations avec le Venezuela, avec Cuba, avec la Bolivie… La politique extérieure a aujourd’hui profondément changé. Nous sommes de nouveau plongés dans des relations destructrices avec les Etats-Unis, l’Union Européenne mais aussi avec Israël.

Tout cela provoque un malaise très fort au sein du souscontinent, notamment de la part de ceux qui ont fait le pari d’une intégration sérieuse, et je crois que, malheureusement, ce changement de diplomatie nous mène vers le néocolonialisme. (…) A l’occasion de la visite d’Obama, les 2 présidents ont évoqué la possibilité de signer un accord de libreLE RÉVEIL - N° 824 - MAI 2016

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

les signer. Et ils tentent aujourd’hui de faire pression sur le Brésil. Ils tentent de déloger Dilma Rousseff car ils adoreraient voir l’Argentine et le Brésil signer ces traités. C’est pourquoi il est important que le Brésil résiste et que Dilma Rousseff, au-delà des graves erreurs qu’elle a commises, ne tombe pas(…)

échange entre le Mercosur et les Etats-Unis. Va-t-on vers un nouvel ALCA ? Il est certain que le pays va finir par rejoindre l’Alliance pour le Pacifique. Il va sans doute renforcer les traités existants avec l’Union Européenne, les Etats-Unis et Israël. Lors de la visite d’Obama, de nombreux accords économiques ont été signés entre des chefs d’entreprise argentins et étatsuniens. Les Etats-Unis avancent dans la région et tentent de faire pression sur les gouvernements pour qu’ils adoptent des mesures de libre-échange. L’Uruguay et son gouvernement « progressiste » est en train de signer ces traités. De son côté la présidente du Chili, Michelle Bachelet n’a aucun problème à

Concernant le Brésil, que cherche la droite brésilienne ? Quels sont ses motivations et objectifs ? Elle cherche à destituer Dilma par la voie judiciaire, par la voie parlementaire mais aussi par la rue. La gauche s’est endormie entre les contradictions notamment au sein du PT, qui a rendu presque naturelle la corruption dans ses propres rangs après avoir mis en place une politique d’austérité non seulement avec l’ex-ministre et banquier Joaquim Levy mais également avec son successeur Nelson Barbosa qui a suivi la même ligne. (…) Et quel rôle joue concrètement les Etats-Unis dans les manifestations qui ébranlent le pays ? L’ambassade étatsunienne au Brésil reçoit aujourd’hui les visites d’opposants à Dilma, de la social-démocratie qui est aux avant-postes dans le processus d’impeachment (destitution) contre Dilma. L’ambassade des EtatsUnis au Brésil ressemble à celle aux temps d’Allende au Chili. C’est le lieu où se préparent tous ces projets de déstabilisation. Les Etats-Unis couronne-

raient leurs objectifs en provoquant la chute de Dilma. Ainsi, en s’emparant de l’Argentine, du Brésil, de l’Uruguay, du Chili et du Paraguay, ils remettraient la main sur le Cône Sud (...) Rafael Correa a réagi sur les événements au Brésil et a parlé d’un nouveau Plan Condor qui serait en train de frapper le continent. Partagez-vous le point de vue du président équatorien ? Oui, je suis d’accord avec lui. Mais il faut remarquer quelque chose. Le Plan Condor, c’était autre chose. C’était une alliance entre les armées des pays du Cône Sud pour éliminer les éléments « subversifs ». Nous avons à faire ici à un nouveau Plan Condor. C’est un Plan Condor piloté en quelque sorte par les multinationales. Regardez les derniers morts dans les rangs de la classe travailleuse, ce sont des gens qui ont été tués après avoir lutté contre les multinationales. (…) Je pense que c’est le bras le plus concret de l’impérialisme dans le continent. Ne pensons pas aux « Marines ». Les multinationales sont « les nouveaux marines ». Il faut également mettre en exergue la dangereuse avancée du para-militarisme dans presque tous les pays de la région. On voit ainsi ressurgir aujourd’hui des Etats policiers prêts à réprimer qui que ce soit. (…)

Voir Réveil N° 765 d’octobre 2010 – Interview de l’ambassadeur Cubain M. Orlando Requeijo.

Primaires américaines

Bernie ne lâche rien Distancé par sa rivale Hillary Clinton, le sénateur du Vermont n'a pas l'intention de se retirer de la course à l'investiture démocrate. Ne comptez pas sur lui pour jeter l’éponge : le “socialiste” Bernie Sanders se battra jusqu’au bout, peu importe le résultat des primaires. Le sénateur du Vermont, devenu en quelques 10 - LE RÉVEIL - N° 824 - MAI 2016

mois un phénomène politique est, certes, distancé par sa rivale Hillary Clinton. A l’issue des dernières primaires, mardi 26 avril, l’ancienne secrétaire d’Etat dispose de 2 228 dé-

légués, quand lui doit se contenter de seulement 1 454. Mais pas question de baisser les bras. Quoi qu’il arrive, “nous irons à la convention démocrate à Philadelphie”, programmée en juil-


INTERNATIONAL LE RÉVEIL

let, prévient Bernie Sanders. D’ici là, le candidat n’a pas l’intention de se retirer et participera aux prochaines primaires. « Les gens de chaque Etat de ce pays ont le droit de déterminer quel président ils veulent et quel programme le parti démocrate doit adopter, estime-t-il. C’est pour cette raison que nous resterons en course jusqu’au dernier vote ». Dans un communiqué cité par “Politico” et publié, au soir de cinq nouvelles défaites, il s’est dit impatient de mener des campagnes focalisées sur ses idées dans les semaines à venir. L’un des stratèges de sa campagne, Tad Devine, l’a affirmé : « Nous faisons campagne pour aller à la convention démocrate de Philadelphie avec le maximum de délégués possibles, pour nous battre pour une plateforme progressiste », écrit-il. Et le candidat Sanders qui a fait de la lutte contre les inégalités son cheval de bataille, de marteler ses principales propositions : un salaire horaire minimum de 15 dollars, la lutte contre les institutions financières de Wall Street, la fin de la fracturation hydraulique

ou encore la gratuité des universités publiques.

Peser sur le programme des démocrates Autant de thématiques sur lesquelles Hillary Clinton n’a pas pu faire l’impasse durant sa campagne. Débordée sur sa gauche par Bernie Sanders, l’ancienne secrétaire d’Etat a bien été obligée de réorienter son discours. « J’applaudis le sénateur et ses millions de partisans. Grâce à eux, nous allons relever le défi pour qu’il n’y ait plus d’argent opaque en politique, et pour réduire les inégalités, » a-t-elle concédé ! En coulisses, la bataille idéologique a déjà commencé, explique le « New York Times ». les conseillers de Bernie militent auprès des cadres du parti pour avoir un rôle important dans la rédaction du programme démocrate. En parallèle, Bernie Sanders a un trésor de guerre, rappelle le journal : une base de données de deux millions de donateurs, qu’il a déjà utilisée pour lever des fonds en faveur de candidats

libéraux dans les Etats de New York, Washington et du Nevada. Quoi qu’il arrive, le septuagénaire, sénateur du Vermont, a conquis le cœur des jeunes. Selon une récente étude réalisée par l’université de Harvard, il est le candidat le plus apprécié – et de loin – des Américains de 18 à 29 ans, rapporte le Chicago Tribune. « Il fait bouger toute une génération vers la gauche, analyse le responsable des sondages de Harvard. Qu’il gagne ou qu’il perde, il influe sur la façon dont toute une génération envisage la politique. » J.-P. Delahaye

Turquie

Erdogan maître absolu Le président turc manoeuvre en tous sens pour remanier la constitution à son profit. Il menace, emprisonne, écarte tout ce qui lui résiste et laisse agir les éléments les plus radicaux de son gouvernement. « En tant que pays musulman, pourquoi devrions-nous être dans une situation où nous sommes en retrait de la religion ? Nous sommes un pays musulman (...) Avant toute autre chose, la laïcité ne doit pas figurer dans la nouvelle Constitution », a déclaré fin avril, le président du parlement turc Ismaël Kahraman. Immédiatement, cette sortie du haut dignitaire de l’Etat, membre de l’AKP, le parti au pouvoir dirigé par Erdogan, a suscité une levée de boucliers

des milieux laïcs et de l'opposition parlementaire. La laïcité est l’un des fondements de la République turque créée par Mustafa Kemal, dit Atatürk, en 1923, sur les ruines de l'empire ottoman. Des manifestations ont éclaté dans les grandes villes de Turquie, dont Ankara et Istanbul violemment dispersées par la police. Soucieux de calmer le jeu, les dignitaires de l’Etat ont multiplié les déclaLE RÉVEIL - N° 824 - MAI 2016

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LE RÉVEIL INTERNATIONAL

rations rassurantes. Après le Premier ministre c’est Erdogan lui-même qui est intervenu. « Le président de notre Parlement a exprimé ses propres opinions », a-t-il réagi alors qu’il était en visite en Croatie. Malgré l'assurance donnée par le pouvoir, la déclaration de Kahraman a continué d’enflammer les rangs de l’opposition laïque qui a réclamé haut et fort sa démission. L'éditorialiste pro-gouvernemental Abdulkadir Selvi n’en a pas moins affirmé dans les colonnes du journal Hürriyet que même si une “Constitution religieuse” n'est pas d'actualité, une possible “référence à la religion musulmane et à dieu est en cours de débat” parmi les cadres de l'AKP. Depuis son arrivée au pouvoir en 2002, le parti du président Erdogan est soupçonné de vouloir islamiser la société turque. Entre autres, il a libéralisé le port du voile islamique, autrefois strictement interdit dans la fonction publique et les universités et s’est aussi illustré avec des mesures contro-

versées contre la consommation et la vente d'alcool, banni par l'islam…

Une constitution sur mesure Quant à la réforme constitutionnelle c’est un projet d’Erdogan qui a essentiellement pour but de faire passer la Turquie d'un régime parlementaire à un régime de type présidentiel afin de concentrer tous les pouvoirs entre ses mains. D’ailleurs depuis quelques jours, le maître d’Ankara tente d’accélérer le processus… Il espère bien soumettre à référendum son projet de transformer son pays en république présidentielle. « Ce n’est pas un vœu personnel » mais « une nécessité urgente », a-t-il assuré, lors d’un discours public à Istanbul le 6 mai dernier. Depuis les élections législatives de novembre, le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) manque de voix au Parlement pour convoquer un tel scrutin. Jusqu’ici, Erdogan a toujours rejeté la perspective d’élections législatives anticipées en vue de regagner les sièges

qui lui font défaut, mais, selon certains observateurs, cela pourrait changer. Cet appel à une accélération du calendrier est lancé au lendemain de la mise à l’écart du premier ministre Ahmet Davutoglu, coupable notamment de ne pas suivre Erdogan sur ce dossier. « Un président fort, un premier ministre obéissant », a résumé le quotidien turc Hürriyet Abdulkadir Selvi, commentant cette éviction. Ce départ écarte de sa route un ministre avec lequel il accumule les désaccords. Pour Le Monde « Erdogan est connu pour tenir les rênes de la formation politique qu’il a fondée et avoir gardé la main sur l’exécutif. C’est d’ailleurs faute de pouvoir prétendre à un troisième mandat de premier ministre – la Constitution, encore elle, le lui interdit – qu’il s’était résolu à briguer la présidence en 2014 ». Chaque jour la Turquie s’achemine vers un régime de plus en plus autoritaire, liberticide et religieux. Face aux atermoiements de l’Union Européenne Erdogan a les mains libres. J.-P. Delahaye

Tentative d’assassinat contre Can Dundar A l’heure où nous écrivons ces lignes nous apprenons que le rédacteur en chef du quotidien d’opposition « Cumhuriyet’, Can Dündar vient être victime d’une tentative d’assassinat devant le tribunal d’Istanbul. L’agresseur a tiré plusieurs coups de feu, le visant aux jambes et le traitant de traître. « je suis indemne, je ne connais pas cet individu, mais je connais très bien ceux qui nous prenne pour cible » a déclaré Can Dundar avant d’entré dans le tribunal. Il était convoqué, ainsi qu’un autre journaliste de la rédaction, pour « divulgation de secret d’Etat » suite à la parution d’articles dévoilant le rôle des services secrets turcs dans la livraison d’armes aux islamistes radicaux. Les deux journalistes ont été condamnés à cinq ans de prison ferme. « Ils le paieront cher ! » (les journalistes NDLR) avait en son temps prévenu, le président turc Erdogan. C’est désormais chose faite… 12 - LE RÉVEIL - N° 824 - MAI 2016

Can Dundar redacteur en chef du quotidien cumhuriyet

J.-P. Delahaye


LE CAHIER MÉMOIRE N° 824 MAI 2016

ÉDITO Par Bruno Drweski

1929-1933 montée du facisme Quels enseignements pour demain ? dialisation », d’unification économique du monde, est aujourd’hui accompli, ce qui exacerbe les contradictions à un niveau inégalé puisque les capitalistes n’ont plus aucun moyen de contrecarrer la baisse tendancielle des taux(2) de profit par un repartage du monde. Alors que les deux guerres mondiales visaient pour leurs protagonistes à se repartager le monde en sphères de domination exclusive, ce qui fut le cas lors de la Première Guerre mondiale, ou à essayer de refaire de même, tout en tentant d’éliminer par la même occasion la puissance socialiste née de la guerre de 1914/18, ce qui fut aussi le cas lors de la Seconde Guerre mondiale. C’est dans ce contexte de contradictions entre puissances impérialistes et de peur du défi révolutionnaire communiste qu’est né le fascisme en Italie du Nord, courant politique qui s’est répandu sous différentes formes à l’extérieur, en particulier sous sa forme la plus extrême en Allemagne, celle du nazisme.

En ces temps de grandes incertitudes, sociales, économiques, politiques, idéologiques, on voit resurgir des mots, des slogans, des textes qui rappellent un passé sombre pour celui qui a gardé la mémoire de ces époques. C’est en revenant aux sources des courants totalitaires de droite de l’entre-deux-guerres que nous pourrons être mieux armés pour affronter la réalité d’aujourd’hui, en faisant la distinction entre ce qui est réellement nouveau de ce qui témoigne de la résurgence d’une pensée simpliste et réductrice caractéristique d’une pensée fascisante. Dans une situation où le processus capitaliste de « mon-

Pour comprendre donc les éventuelles similitudes entre la situation que nous vivons, ou parfois que nous revivons, nous devons revenir vers la période qui a vu la naissance du et des fascisme(s) pour en refaire une définition claire, en analyser les bases, les objectifs, les intérêts représentés, l’idéologie. Il sera plus aisé pour tout observateur raisonnable de voir en quoi notre période est celle d’un certain retour de la « bête immonde »(1), même s’il ne s’agit peut-être que d’un rejeton semblable ou innovant de cette bête sorti de son ventre toujours fécond. (1) Qualification du nazisme par l’écrivain dramaturge allemand Berthold Brecht (2) Baisse des profits au fur et à mesure de la concentration des capitaux investis.

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11


LE RÉVEIL DOSSIER

1929-1933 Montée du fascisme Quand la bête immonde rugit à nouveau Le prototype : le fascisme italien Le fascisme étant un phénomène politique qui s'est développé à l'origine en Italie, et plus précisément dans l'Italie urbaine du Nord, il a servi de référence à de nombreux mouvements politiques qui se sont en partie au moins identifiés à ce phénomène italien plus qu'à des mouvements qui s'y sont opposés et qui l'ont considéré comme le prototype du mouvement qu'il fallait combattre, ce qui donna naissance à l'antifascisme. Mais c'est finalement en Allemagne que les éléments de base que l'on trouvait dans le fascisme ont connu en quelque sorte leur apogée, sous le nom de nazisme ou national-socialisme. Selon la définition émise par le Georgi Dimitrov, Secrétaire général de l'Internationale communiste, le fascisme, c'est, en résumé, « la dictature ouvertement terroriste des éléments les plus réactionnaires, les plus

Hitler et Mussolini.

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chauvinistes et les plus impérialistes du capitalisme financier… Le fascisme n’est pas un pouvoir qui se placerait au-dessus des classes, il n’est pas le pouvoir de la petite-bourgeoisie ou encore du lumpenprolétariat sur le capital financier. Le fascisme est le pouvoir du capital financier. C’est l’organisation terroriste d’une justice sommaire envers la classe ouvrière et la partie révolutionnaire de la paysannerie et de l’intelligentsia. En politique internationale, le fascisme correspond au chauvinisme dans sa forme la plus grossière, cultivant une haine zoologique envers d’autres peuples ». Le fascisme nécessite donc dictature monopoliste d'un Parti-Etat, capitaliste, impérialiste, chauvin, répression de masse, esprit réactionnaire « zoologique », manipulation de la petite-bourgeoisie et du lumpenprolétariat(1) au nom d'un « socialisme » pure-

ment verbal et ethnocentrique. Ce qui explique qu'il a pu exister des mouvements de type fasciste partout dans le monde, et s'appuyant sur des classes moyennes déclassées comme base sociale et sur le lumpenprolétariat(1) comme force dynamique. Mais le fascisme ne peut parvenir de lui-même au pouvoir que dans des pays développés, capables d'être impérialistes, car possédant une bourgeoisie puissante, expansionniste, et affaiblie. Ce qui a particulièrement caractérisé l'Allemagne de l'entredeux-guerres, exemple sur lequel nous allons baser cet article car il constitue le cas d'école par excellence qui pourra permettre de voir si, de nos jours, le capitalisme en crise n'utilise pas, dans les pays où l'impérialisme est en phase descendante, des méthodes fascistes, de type fasciste, proto-fascistes(2) ou néofascistes. En tenant compte bien sûr, de l'expérience de l'histoire et des échecs rencontrés par le nazisme, qui peuvent permettre de resservir la même marchandise frelatée sous une apparence régénérée. Le but de cet article historique est donc d’aller au fond du phénomène hitlérien, d’en analyser sa base sociale réelle qui lui a permis d’être propulsé au pouvoir, grâce à ses alliances de classe et ses fondements idéologiques. Problématique assurément historique mais nécessaire pour percevoir les évolutions, les résurgences, les similitudes, les différences existant entre ce qui s’est matérialisé dans l’Allemagne et plus largement dans l’Europe et les EtatsUnis de l’entre-deux-guerres sous la forme des fascismes et ce qui se cache derrière les courants xé-


DOSSIER LE RÉVEIL

nophobes, racistes ou « simplement » militaristes et sécuritaires qui se répandent aujourd’hui dans notre société en déshérence. Après 14/18, c’est donc dans l’Italie appauvrie, pays sans cohérence nationale stabilisée, déçue des maigres résultats de sa très coûteuse « victoire » dont les fruits furent partagés avant tout par plus puissant qu’elle qu’apparut le mouvement fasciste qui allait prendre le pouvoir entre 1922 et 1925 et le garder jusqu’en 1943/45. Ce mouvement créa un Etat dominé à tous les échelons du pays par un parti unique ramifié, au fonctionnement hiérarchisé et antidémocratique, pratiquant le culte du chef, s’appuyant sur une police omnipotente, un appareil de justice aux ordres, une idéologie ethnocentrique ultra-nationaliste, un expansionnisme colonial raciste et violent, une militarisation des esprits, une répression sans limite légale des revendications des classes populaires et des mouvements d’opposition, bénéficiant de l’appui de la grande bourgeoisie, utilisant le désarroi et la dispersion des masses de la petite-bourgeoisie, des classes moyennes déclassées, de la vieille aristocratie décadente et ayant comme force de frappes des milices formées d’anciens combattants souvent issus des classes précarisées ou de jeunes ouvriers, salariés pauvres emplis de haine mais incapables de percevoir les causes réelles de leurs malheurs. En Europe du Sud ou de l’Est, des partis de type fascistes purent naître et se développer mais comme ces Etats n’avaient pas la force d’être impérialistes car ils ne possédaient de puissante bourgeoisie capitaliste, les mouvements fascistes durent souvent composer avec des courants politiques plus conservateurs, plus proches des classes possédantes

rurales traditionalistes et, s’ils arrivèrent au pouvoir, seuls ou en coalitions de fait, c’est sous l’impulsion des puissances fascistes, Italie et Allemagne, comme on a pu le constater avant et pendant la Seconde Guerre mondiale en Espagne ou dans les pays d’Europe centrale et méridionale occupés ou directement associés au IIIe Reich. (1) Lumpenprolétariat : terme désignant la patrie du prolétariat constituée par ceux qui ne disposent d’aucune ressource sociale, et caractérisée par l’absence de conscience politique. (2) Proto-fascistes : début de méthodes fascistes

La police regarde passer un défilé de National Socialiste (facistes allemands) à Berlin.

Allemagne 1918-1933 : éléments constitutifs de la cristallisation du nazisme C'est donc en Allemagne que les conséquences du phénomène fasciste allaient culminer. Car dans les autres pays impérialistes, malgré la crise de 1929, malgré l'essor des mouvements fascisants, la France, le RoyaumeUni, la Belgique, les Pays-Bas ou les Etats-Unis avaient encore suffisamment d'arrières, dans leurs colonies ou leurs protectorats de fait, pour « gérer la crise » sans que les bourgeoisies locales ne se décident à liquider définitivement la démocratie libérale. En France, comme ailleurs en Europe, il fallut « l'aide » du conquérant allemand pour que des groupes fascistes parviennent aux sommets du pouvoir. Mais le IIIe Reich rencontra néanmoins un fort attrait dans toutes les classes sociales conservatrices, attrait qui pénétra de nombreuses familles de la bourgeoisie française, anglais, nord-américaine, belge,

néerlandaise et autres et dont les effets n'ont pas totalement disparus après la défaite du nazisme. La famille Bush par exemple aux Etats-Unis fut très proche des hitlériens et ce jusqu'au milieu de la Seconde Guerre mondiale et il est difficile de ne pas associer ce fait avec les lignes directrices ayant caractérisé les deux présidences Bush successives dans les Etats-Unis en crise des trois dernières décennies(1). Pire, certains éléments de « nationalisme intégral » avaient exercé une telle fascination à l'époque nazie sur différents milieux brimés dans leurs aspirations que, même chez des peuples ou des catégories qui avaient été particulièrement (1) Voir par exemple, < http://www.theguardian.com/world/2004/sep/25/usa. secondworldwar > ; < https://fr.wikipedia.org/wiki/Prescott_Bush > ; < http:// mai68.org/textes/PrescottBush.htm >

LE RÉVEIL - N° 824 - MAI 2016

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LE RÉVEIL DOSSIER

victimes des répressions et tueries nazies, on a pu noter parfois, après 1945, le développement de tendances politiques ethnocentriques, voire ouvertement racistes, dont les racines peuvent être trouvées dans l'idéologie « völkisch », ethniciste, racialiste et finalement raciste, qui s'était développée en Allemagne depuis l'échec de la révolution de 1848 et qui avait d'ailleurs essaimé en Europe avant le nazisme. Car, si l'on doit adopter de façon conséquente le principe de l'internationalisme et de l'égalité des êtres humains, il faut dès lors accepter l'idée que, dans une situation comparable, chaque groupe humain, quelle que soit son origine ou ses traditions, peut développer en son sein, les mêmes symptômes, les mêmes déviances, les mêmes maladies sociales que ses adversaires d'un temps. Pour qu'il y ai fascisme ou néofascisme, il suffit donc qu'il y ai amoncellement de frustrations, et d'échecs avec la capacité de tenter de continuer à exercer une domination impériale, coloniale ou néocoloniale. Il faut à cet égard rappeler deux faits qui démontrent qu'avant l'apparition du fascisme, il existait une « archéologie du fascisme ». L'idéologie coloniale avait préparé les esprits d'Europe et d'Amérique au principe de

Manifestations sociales en Allemagne.

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l'inégalité biologique des races, ce qui, après s'être développé en France et en Angleterre, avait connu un succès particulier dans les universités allemandes. Universités d'un Etat fragile, récent, peu cohérent, peu légitime sur le plan historique, mais doté, dans sa partie occidentale, d’une puissante bourgeoisie industrielle capable de faire montre d’un expansionnisme planétaire dans une situation d’équilibre politique précaire puisque l’est de l’Allemagne, beaucoup plus pauvre, restait alors sous l’influence d’une couche de grands propriétaires fonciers, les Junkers, dont les fils faisaient traditionnellement carrière dans l’armée, armée au service d’un Etat prussien que l’on pouvait définir ainsi, selon le bon mot de Mirabeau : « La Prusse n’est pas un État qui possède une armée, c’est une armée ayant conquis la nation2. ». Rappelons à cet effet que, comme un signe prémonitoire de ce qu’allait être le nazisme, l’Allemagne coloniale pratiqua dans le Sud-Ouest Africain (actuelle Namibie) un génocide quasi-total puisque 90 % des Hereros et plus de 50 % des Namas furent exterminés3 et qu’on sait aujourd’hui, grâce aux archives allemandes, que des officiers allemands jouèrent un rôle central dans la planification et l’organisation du génocide des Arméniens pendant la Première Guerre mondiale4 conduit par leur protégé, la Turquie des « Jeunes Turcs » nationalistes alors en pleine déliquescence. Dans l’Allemagne défaite de 1918, plusieurs éléments allaient permettre le développement d’un « fascisme allemand », avant même l’essor du nazisme. Si une grande partie du peuple allemand s’est soulevé en 1918, sous l’influence de la Révolution bolchévique, pour mettre fin à la guerre, très vite, il y a eu rupture

Les SA exhibent un couple mixte dans la rue. Sur le panneau de l’homme : « Comme tout juif, je n’emmène que de jeunes allemandes dans ma chambre. » Sur le panneau de sa femme : « je suis la grosse truie qui ne va qu’avec de vieux juifs. »

entre les spartakistes, partisans d’une Révolution radicale rompant avec l’impérialisme et le militarisme allemands, et les sociaux-démocrates, englués dans la coopération de classe militariste depuis 1914 et qui n’hésitèrent pas à soutenir la formation des Corps francs, formations militaires regroupant tous les déçus de la défaite et les anciens combattants revenus du front incapables de trouver dans une Allemagne effondrée un moyen de « se recaser ». Ils furent utilisés par les gouvernements de « gauche » et de « centre-gauche » successifs pour éliminer de la façon la plus brutale les révolutionnaires allemands, spartakistes devenus communistes et dont les deux martyrs symboles furent l’Allemand (2) Honoré-Gabriel Riquetti de Mirabeau, De la monarchie prussienne sous Frédéric le Grand, vol. 1, Londres, 1788. (3) Génocide où allait s’illustrer en particulier le père du futur Reichsmarschall Hermann Göring. Voir, entre autres, David Olusoga & Casper W. Erichsen, The Kaiser’s Holocaust : Germany’s Forgotten Genocide and the Colonial Roots of Nazism, Faber & Faber, 2011 (3e édition). (4) Voir, entre autres, « L’Allemagne et le génocide arménien », https ://www. mondediplomatique. fr/1997/06/CHETERIAN/4794


DOSSIER LE RÉVEIL

Karl Liebknecht et la Polonaise Roza Luxemburg, mais leurs victimes furent aussi les anarchistes de la République bavaroise des conseils, les insurgés polonais de Silésie et tous les mouvements émancipateurs nationaux qui, de la Prusse orientale jusqu’en Estonie, remettaient en cause l’hégémonie séculaire sur ces terres des « barons baltes » d’ascendance germanique. C’est de ce premier bain de sang qu’est née la haine de nombreux révolutionnaires allemands envers des sociaux-démocrates qu’ils allaient vite appeler des « sociaux-fascistes ». Phénomène qui explique pourquoi il sera si difficile d’engager un rapprochement entre les deux partis « ouvriers », « de gauche » au moment de la montée du péril nazi. Car la « force de frappe » des nazis fut très vite constituée par les anciens des Corps francs qui allaient adhérer massivement à la SA (Sturmabteilung), milice armée de masse du parti nazi. Les formations militaires et services d’ordre des partis politiques en Allemagne étaient la conséquence de la guerre civile larvée qui ne s’était jamais complètement éteinte entre 1918 et 1933. Les nazis avaient donc ce que les fascistes italiens n’avaient pas, une puissante bourgeoisie impérialiste industrielle souhaitant une revanche sur la défaite de 1918 face à ses concurrents impérialistes français et anglais, tout en souhaitant l’éradication définitive du communisme, en Allemagne bien sûr, mais aussi en URSS, malgré les coopérations militaires ponctuelles et surtout tactiques engagées après 1919 pour contrer les pressions occidentales dans la foulée du traité de Versailles. Les nazis jouissaient aussi d’un potentiel beaucoup plus massif d’anciens combattants aguerris et d’officiers d’une armée régulière limitée depuis le traité de Ver-

sailles et qui souhaitaient la remilitarisation du pays. Il y avait par ailleurs en Allemagne, depuis la fin du XIXe siècle, une masse d’immigrés venus de l’Est, Polonais, juifs polonais ou russes, Ukrainiens, Slovaques, etc. envers lesquels on pouvait diriger le mécontentement, ce qui visait particulièrement les juifs. Car, si l’Allemagne était alors un pays où le nombre de juifs était relativement restreint, presque 600 000, ils étaient concentrés dans quelques grands centres, Berlin, Munich, Francfort, où ils formaient une minorité évoluée, visible, présente dans le monde intellectuel, la finance, la presse, très intégrée à la culture allemande et quasi-totalement séparée des Ostjuden, des juifs de l’Est, immigrés, pauvres, précarisés. Mais la combinaison de ces deux facteurs allait donner un regain d’intérêt pour l’antisémitisme : mépris à l’égard des masses juives immigrées considérées comme porteuses d’esprit révolutionnaire internationaliste, de démoralisation, de maladies avec la haine de la grande bourgeoisie possédante et cosmopolite auquel on pouvait associer « l’esprit juif », sans oublier les intellectuels d’origine juive dotés

d’un fort esprit libéral de gauche. Bref, l’antisémitisme pouvait devenir un des éléments constitutifs d’un « fascisme allemand ». Auquel s’ajoutait le sentiment dominant en Allemagne depuis plusieurs siècles selon lequel les Allemands représentaient une « race supérieure » face aux populations « semi-mongolisées », slaves ou autres. Tout cela pouvait assez aisément se résumer sous le vocable de « judéo-bolchevisme » et qui visait à la fois le radicalisme social, la « race » juive et les peuples « inférieurs » de l’Est destinés à disparaître sous les coups de boutoir d’une Allemagne devant coloniser l’Est européen pour y apporter la « Kultur » germanique. On doit souligner ce tropisme « oriental » du nationalisme allemand en comparant les regrets somme toute assez faibles manifestés en Allemagne devant la perte de l’Alsace face à la France ou celle des colonies allemandes face à la France, la Belgique et le Royaume-Uni. Pendant toute la période 1919-1933, la presse allemande, de droite comme d’une grande partie de la gauche, allait sans interruption ressasser la « blessure » de la perte des territoires orientaux qui séparaient le Reich de sa vieille colonie en

Autodafé.

LE RÉVEIL - N° 824 - MAI 2016

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LE RÉVEIL DOSSIER

Europe de l’Est, la Prusse orientale. Il faut constater le réalisme de la grande bourgeoisie allemande qui cherchait à s’étendre là où elle pouvait trouver une main-d’œuvre exploitable à bon marché, des investissements à réaliser, une base agricole à se réserver, avec peut-être même l’appui des puissances occidentales concurrentes avec lesquelles on pouvait envisager sur le long terme des collaborations. Ce que la bourgeoisie allemande allait tenter de faire à partir de 1938 et ce que la République fédérale d’Allemagne fit après 1948, sous l’égide des Etats-Unis, de l’OTAN et de l’Union européenne. Nous avons vu que, depuis 1918, et ce phénomène se poursuivit jusqu’à la crise de 1929, le fascisme allemand se constitua progressivement en mouvement dynamique sur la base des anciens combattants, des anciens Corps Francs, en bénéficiant de l’indulgence d’une grande partie de l’armée, de la bourgeoisie, de la presse de droite, des milieux conservateurs et traditionalistes. Les nazis n’en étaient pas moins perçus comme des primitifs utiles pour faire le coup de poing contre les révolutionnaires infréquentables dans les salons des milieux « respectables », ce qui explique pourquoi ce parti resta alors marginal. C’est avec la crise de 1929, l’augmentation massive du nombre des chômeurs, la précarisation des classes moyennes et de la petite-bourgeoisie, et la montée du mouvement communiste, que les nazis trouvèrent la masse de désespérés haineux qui allaient les propulser comme force électorale majeure, qui ne devint d’ailleurs jamais majoritaire puisqu’au fait de sa puissance électorale, le parti nazi NSDAP, lors des dernières élections réellement démocratiques de 1932, 18 - LE RÉVEIL - N° 824 - MAI 2016

n’obtint les suffrages que d’un tiers seulement des votants, ce qu’illustre ce graphique : Si l’Allemagne bascula dans le nazisme, ce n’est donc pas seulement à cause de l’arithmétique parlementaire, mais c’est parce que d’autres partis allemands acceptèrent, de gré ou de force, de tenter l’expérience d’une participation nazie au pouvoir, et pourquoi pas, de les aider à « régler définitivement » les problèmes que l’Allemagne n’avait pas su régler depuis 1918, au profit des classes possédantes bien entendu.

Résultats du parti nazi aux élections législatives %

50

31 Nombre de sièges au Reischstag 6,6 % Pourcentage du nombre total de sièges 40

30

20

10

0

Résultats des élections novembre 1932 :

Mai 1924

Décembre 1924

Parti

Mai 1928

Septembre 1930

Juillet 1932

Novembre Mars 1932 1933

Suffrages

Sièges

Parti national-socialiste (NSDAP)

33,1 %

-4,2

196

-34

Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD)

20,4 %

-1,2

121

-12

Parti communiste d'Allemagne (KPD)

16,9 %

+2,6

100

+11

Parti du centre (Z)

11,9 %

-0,5

70

-5

Parti national populaire allemand (DNVP)

8,5 %

+2,6

52

+14

Parti populaire bavarois (BVP)

3,1 %

-0,1

20

-2

Parti populaire allemand (DVP)

1,9 %

+0,7

11

+4

Service chrétien-social du peuple (CSVD)

1,1 %

+0,1

5

+2

Parti démocrate allemand (DDP)

1,0 %

+/-0

2

-2

Parti des fermiers allemands (DBP)

0,4 %

+/-0

3

+1

Ligue agricole (WBWB)

0,3 %

+/-0

2

+/-0

Parti du Reich des classes moyennes allemandes (WP)

0,3 %

-0,1

1

-1

Parti allemand hanovrien (DHP)

0,2 %

+0,1

1

+1

Autres

0,9 %

+0,3

0

-1

Total

Nous avons vu que les nazis étaient parvenus à se constituer une « base militante » et une « garde prétorienne » au cours des années 1920. Le noyau dirigeant était constitué d’hommes issus de la petite-bourgeoisie et des petites villes, plus souvent catholique et d’Allemagne du sud, voire d’Autriche(5). En revanche, à partir de la crise de 1929, c’est la masse des électeurs d’Allemagne du nord,

100,0 %

584

20 juillet 1933 au Vatican, Von Papen et le cardinal Pacelli futur Pie 12 signe le Concordat.

-24


DOSSIER LE RÉVEIL

Allemagne en 1929.

de tradition luthérienne et habitant les petites villes et les campagnes qui constitua l’élément de masse qui propulsa le NSDAP sur le devant de la scène politique. Population petite-bourgeoise, paysanne, voire ouvriers des petites villes travaillant dans de petits établissements industriels qui n’avaient jamais été tentés par les deux partis ouvriers, social-démocrate du SPD ou communiste du KPD. La classe ouvrière de la grande industrie des grandes villes était en revanche, et le resta jusqu’au bout, c’est-à-dire même encore lors des élections sous pression et en partie falsifiées de mars 1933, entièrement acquise à ces deux partis, la tendance étant au cours des années de crise économique au passage des voix du SPD vers celles du KPD. La classe ouvrière allemande n’a donc pas « trahi », contrairement à une légende tenace qui prétend que les nazis ont réussi à s’implanter en milieu ouvrier ayant une conscience de classe. C’est l’effondrement des partis centristes qui permit la montée des nazis. C’est la masse des électeurs « libéraux » de centre-gauche et de centre-droit (Parti démocrate allemand DDP et Parti populaire allemand DVP) des années 1920 qui constitua la base électorale de la masse nazie à la veille de la fondation du IIIe Reich. L’électorat conservateur nationaliste du Parti national-populaire allemand DNVP s’effrita lui beaucoup moins, de même que l’électorat centriste catholique du parti Zentrum et du parti autonomiste

bavarois. Ce qui allait ouvrir définitivement aux nazis la voie des ministères après le coup de force de l’incendie du Reichstag, dans une ambiance de terreur se voulant « antiterroriste », c’est la trahison des dirigeants de ces trois derniers partis qui capitulèrent en rase campagne… A l’instigation des milieu possédants allemands et de leurs courroies de transmission dans les Eglises catholique et protestante. Nous pouvons conclure de cela que la victoire des nazis en Allemagne a été due à un amalgame de facteurs cumulés, liés à la crise de l’impérialisme allemand, à la crise du capitalisme mondial, au défi représenté par le mouvement révolutionnaire, à l’existence d’une masse d’anciens combattants sans perspectives et issus de milieux petit-bourgeois éclatés et précarisés, au désir de revanche de la grande bourgeoisie face à la classe ouvrière, aux puissances concurrentes, à l’Union soviétique qui avait inoculé le « microbe » de l’internationalisme et de la lutte pour la paix. A la formulation d’une idéologie rassemblant tous les éléments ultra-nationalistes, racistes et colonialistes préalablement développés depuis la naissance du nationalisme et du Reich allemands. A l’existence d’une armée humiliée et prête à se reconstruire à tout prix, à la manipulation de l’antisémitisme et du racisme anti-slave accordant à la germanité un rôle « civilisateur » face à des masses de l’Est

considérées comme du bétail pour les Slaves et de la vermine pour les juifs. Tout cela ne suffit pourtant pas pour arriver au pouvoir. Il fallait encore que les masses opportunistes de centre-droit et de centre-gauche basculent vers l’extrême droite tandis que l’électorat plus traditionaliste, plus à droite mais plus fidèle aux partis conservateur et nationaliste ou catholiques soit en quelque sorte trahi par leurs dirigeants poussés en ce sens par les élites possédantes allemandes prêtes à tenter le risque de l’aventurisme nazi pour « réenclencher la conjoncture » par une politique de répressions internes et de réarmement simultané, dans la perspective de résister à l’inéluctable baisse tendancielle des taux de profit. Il doit être en particulier noté que, à côté des deux électorats de gauche, ce sont les milieux catholiques et nationalistes traditionalistes qui se révélèrent plus réticent devant le nazisme que les milieux à l’origine libéraux de gauche ou de droite dont les partis avaient joué un rôle central dans l’Allemagne des années 1920 et qui s’effondrèrent au profit des nazis. Chose à méditer, car l’expérience nazie démontre que l’opportunisme libéral peut être bien plus dangereux et plus imprévisible dans sa masse que le traditionalisme religieux ou le nationalisme conservateur. (5) Où le parti nazi allait connaître après 1938 une implantation encore plus forte que dans le vieux Reich.

« Contre la dictature et la tyrannie » manifestion en faveur de la République - Berlin, 1930.

LE RÉVEIL - N° 824 - MAI 2016

- 19


LE RÉVEIL DOSSIER

Qu'en conclure pour aujourd'hui ? Nous avons vu que, pour qu'il y ait fascisme il fallait qu'il y ai impérialisme, et impérialisme en crise, ce qui est aujourd'hui le cas pour toutes les puissances et ex-puissances occidentales. Nous avons vu qu'il fallait une masse de jeunes lumpen et de petit-bourgeois sans perspectives, ce qui est le cas aujourd'hui. Nous avons vu qu'il fallait une préparation idéologique de longue date de type colonial, raciste, ethniciste, « communautariste » dira-t-on aujourd'hui, ce qui est le cas, même si le vieil antisémitisme judéophobe a été en partie délégitimé par le nazisme, mais on peut émettre l'hypothèse que l'essentialisation de l'islam, l'islamophobie, présenté comme une gigantesque pieuvre productrice de terrorisme, aboutit à des résultats comparables. Cela allant de pair avec une dénonciation des revendications populaires, à l'époque dénoncées comme « bolcheviques » et aujourd'hui qualifiées de « populistes ». Nous avons surtout vu que le basculement de l'électorat centriste vers l'extrême droite n'est pas une chose inimaginable. Au moment où les partis de gauche se trouvent aujourd'hui dans une situation idéologique bien pire que le communisme ou la socialdémocratie des années 1920, alors que les partis conservateurs, traditionalistes, démocrate-chrétiens n'ont plus la force des partis du même type dans l'Allemagne des années 1930. Ce qui manque en fait pour un fascisme d'aujourd'hui, c'est la force du facteur démographique, dans la mesure où la proportion de jeunes a diminué et que cette génération est par ailleurs incomparablement plus « mélangée » ethniquement que dans l'Allemagne des années 1930. C'est peut-être pour cela que la thèse du « conflit 20 - LE RÉVEIL - N° 824 - MAI 2016

de civilisations » prend la place de l'ancien racisme biologique, ce qui permet du coup de ramener vers la réaction, non seulement les « petits blancs » de tendance islamophobe ou négrophobe, néo-évangélistes ou « laïcistes », mais aussi de ramener dans une direction somme toute très parallèle une partie de la jeunesse « musulmane » poussée vers le néo-islamisme takfirosalafiste. Car entre les mercenaires des agences privées de sécurité américaines mondialisées comme Blackwater et ceux des groupes « salafistes internationalistes » allant faire le coup de feu de l’Ukraine aux pays arabes ou africains, il n’y a pas de différence fondamentale en finale puisque dans tous les cas, il s’agit de combattre des Etats non alignés et de servir l’impérialisme. Mais comme le discours droit de l’hommiste, individualiste, consumériste accompagnant le discours sur le « clash de civilisation » pousse vers des stratégies de « soft power » qui couvrent le « hard power » et le contre-balance en apparence, cela laisse penser que si néo-fascisme il doit y avoir, ce ne sera pas forcément avec bataillons de militants en uniforme de style néo-païen, ce sera plus soft dans le « look ». Mais est-ce que ce sera plus doux pour autant pour leurs ennemis et leurs victimes ? Ce qui nous interpelle aujourd’hui particulièrement, c’est non seulement la droitisation générale du discours politique et le retour d’une phraséologie guerrière et sécuritaire sous prétexte de terrorisme. Terrorisme créé avec l’aval original de l’impérialisme faut-il le rappeler ! C’est surtout le basculement vers ce type de discours des classes moyennes et aussi le basculement vers la droite des partis

Les catholiques contre la censure en Allemagne dans les années 30.

du centre-gauche qui, à l’image des Verts dans différents pays, sont désormais capables d’envisager des coalitions avec des partis de droite dure, eux-mêmes de moins en moins différenciés de la droite extrême. Bref, si les classes moyennes ont toujours constitué la base des démocraties libérales en période ascendante, elles ont aussi constitué la base des fascismes en période descendante. Ce qui est logique, car si elles n’ont pas plus accès que la classe ouvrière à la propriété des moyens de production et d’échange, elles n’en conservent pas moins l’illusion idéaliste d’appartenir, d’être censé appartenir ou, pire, d’avoir appartenu à un monde donnant l’illusion de la richesse et même l’illusion de posséder sa maison, sa voiture, ses biens, fussent-ils à crédit à vie. Et renoncer à ses illusions en « se noyant dans la masse », c’est ce que les capitalistes ont toujours su combattre efficacement en flattant l’instinct frustré de possession et de supériorité. C’est ce sentiment qui a amené une masse d’Allemands vers la catastrophe en 1933. En sera-t-il autrement aujourd’hui dans nos sociétés mondialisées, démantelées, désindustrialisées, précarisées, atomisées, désespérées où les dominants en arrivent à considérer, même quand ils se disent de gauche, que les questions « identitaires » sont fondamentales6. 6 Le 4 avril 2016, lors de sa participation au colloque « islamisme et populisme en Europe », au théâtre Déjazet, le premier ministre Manuel Valls déclarait : « Bien sûr, il y a l’économie et le chômage, mais l’essentiel, c’est la bataille culturelle et identitaire. » Bataille qu’il centrait dans son intervention sur la question du « voile islamique ».


VOS DROITS LE RÉVEIL

L’OTAN bras armé de l’impérialisme contre les peuples L’OTAN est le résultat d’un processus qui a été orchestré par les États-Unis en 1945 et a eu son aboutissement à Washington, le 4 avril 1949 avec la signature du Traité de l’Atlantique Nord. « Devant la menace, disait Truman, président américain, le monde libre n’avait rien de mieux à faire, ni rien d’autre, que d’adopter le leadership de Washington » Ainsi dès 1945, il était convaincu que la mission de servir de guide au monde revenait au peuple américain. L’OTAN a été fondée en 1949, pas pour répondre au pacte de Varsovie, créé en 1955, mais en réponse au fait qu’en 1948, la Tchécoslovaquie, refusant l’application du plan Marshall de domination économique américaine, était passée du côté soviétique. Mars 1966, la France se retire du commandement militaire intégré de l’OTAN, car la politique française reposait sur la constitution d’une force de dissuasion nationale avec un double objectif : reconquérir l’indépendance nationale et ne pas se laisser entraîner par les États-Unis dans un conflit qui ne concernait pas la France. Avril 2009 avec Nicolas Sarkozy, la France réintègre les structures militaires de l’OTAN lors du sommet de Strasbourg-Kehl. Les effectifs français passent de 100 à 1 000 militaires. Septembre nomination d’un général français au poste de commandant suprême allié. 22 mai 2012, François Hollande accepte le bouclier antimissile au Sommet de l’OTAN à Chicago. Ressuscitant les logiques de la guerre froide, les 28 chefs d’État donnent le feu vert au projet d’une ceinture antimissile autour de l’Europe. Trois autres étapes doivent finaliser le système à l’horizon 2018. L’Otan vient de franchir une étape dans la relance

de la course aux armements, selon une logique de puissance de bloc très dangereuse pour la paix. La France est le 3e contributeur aux budgets de l’OTAN, après les États-Unis et l’Allemagne, devant le Royaume-Uni et l’Italie. Le financement de l’OTAN reste un système opaque et sensible. L’ensemble des surcoûts liés à la réintégration de la France dans l’OTAN se serait élevé à 650 millions d’euros sur la période 2010-2015. L’OTAN va à l’encontre de la Charte des Nations Unies, à ce titre elle est une organisation illégale de par sa composition et son orientation. L’OTAN s’inscrit contre l’esprit de l’ONU, construit sur le droit des peuples à leur libre détermination, donc sans discrimination. En effet la Charte repose sur la mise en cohérence des principes d’universalité et d’égalité. L’OTAN n’est pas seulement illégitime, mais contraire au droit international. Si la charte admet les organisations régionales, l’Atlantique Nord n’a jamais été une région, et la plupart des pays membres n’en sont pas riverains, mais surtout, étant un groupe d’États organisés pour des interventions militaires, elle viole l’interdiction par l’article 2.4 de la charte du recours à la force ou à la menace de la force,

qui ne peuvent relever que du Conseil de sécurité et seulement pour le maintien ou le rétablissement de la paix. L’OTAN est une machine de guerre militaire et économique. Comme le montre son article 2 : « renforçant leurs libres institutions, en assurant une meilleure compréhension des principes sur lesquels ces institutions sont fondées, en développant les conditions propres à assurer la stabilité (…) elles s’efforceront d’éliminer toute opposition dans leurs politiques économiques. » En clair, l’OTAN empêche les bouleversements sociaux et garantir les principes du libéralisme et de l’économie de marché. Hollande achève le retour de la France dans l’Otan. En toute discrétion, le gouvernement français fait voter à l’Assemblée Nationale une loi qui prévoit sa réintégration dans l’OTAN. Après Nicolas Sarkozy, qui fait cadeau de la France à l’OTAN, c’est-à-dire aux États-Unis. Le Président français va au bout d’une logique : de gouvernement en gouvernement, la France renonce à sa souveraineté en intégrant le bloc atlantique. Surtout sans consulter le peuple français.

L’OTAN est un danger pour la Paix J.-C. Salomon LE RÉVEIL - N° 824 - MAI 2016

- 21


LE RÉVEIL VOS DROITS

Vers la revalorisation des pensions, retraite du combattant et rentes mutualistes ? Dans leur course à l’austérité – toujours moins pour le peuple, toujours plus pour les firmes et les banques nationales et internationales – les gouvernements successifs ont, depuis 2010, gelé l’évolution de la valeur du point d’indice des traitements de la Fonction Publique. De ce fait, ils ont quasi gelé l’évolu-

tion du point d’indice concernant les Anciens Combattants et les Victimes de Guerre, lesquels sont rattachés aux salaires de la dite Fonction Publique. Résultats, plus de 40 % de retard sur ce que nous devrions percevoir en matière du droit à réparation, au titre de la dette de la Nation envers les Anciens Combattants et Victimes de Guerre,

qu’ils soient de 1939-1945, d’Indochine, d’Afrique du Nord ou OPEX. Or, le Gouvernement vient d’annoncer qu’il envisageait d’accorder une « rallonge » de 1,2 % aux traitements de la Fonction Publique, soit 0,6 % au 1er juillet 2016 et 0,6 % au 1er février 2017. « Bonne nouvelle », se dit Basile car –

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VOS DROITS LE RÉVEIL

en toute justice – cette revalorisation devrait être prise en compte pour le montant des pensions militaires d’invalidité, la retraite du combattant et – à partir du 1er janvier 2017 – pour le plafond majorable des rentes mutualistes anciens combattants.

Mais, compte tenu du système particulier « à retardement » de nos rentes mutualistes anciennes combattantes fixées à janvier de chaque année, ne devrions-nous pas intervenir auprès du Gouvernement et de chaque élu de la Nation (députés et sénateurs) pour

que la 2e tranche de 0,6 % de février 2017… soit avancée au 31 décembre 2016 ?

L’Espoir Mutualiste

Plafond majorable de la rente mutualiste du combattant 1 750 euros au 1er janvier 2016 Le plafond annuel majorable des rentes mutualistes du combattant a été fixé par l’article 101 de la loi n° 2006-1666 du 21 décembre 2006 (loi de finances pour 2007) à 125 points d’indice de pension militaire d’invalidité. La valeur du point d’indice de pension militaire d’invalidité, en vigueur à ce jour – modifiée proportionnellement à l’évolution de l’indice d’ensemble des traitements bruts de la fonction publique de l’Etat, tel qu’il est défini

par l’Institut national de la statistique et des études est de 14 €. En conséquence, le nouveau plafond majorable est donc fixé pour l’année 2016 à 1750 €. Nous invitons les mutualistes de l’ARAC ne cotisant pas à hauteur de ce plafond et qui souhaiteraient le faire – à demander à la Mutuelle de l’ARAC le montant du versement à effectuer en 2016 (versement déductible des revenus) Ce montant sera évalué à nouveau au 1er janvier 2017 compte tenu de l’évo-

lution constatée du point de pension au cours de l’année 2016, d’autant que – malheureusement – le relèvement à 130 points d’indice (objectif qui devait être atteint fin 2002, puis fin 2007) a été refusé par le Gouvernement, malgré les demandes pressantes de la mutuelle de l’ARAC et de l’UFAC. Le taux des majorations légales des rentes viagères anciennes combattantes pour les rentes servies en 2016 est de 0,10 %. L’Espoir Mutualiste

Exigeons la véritable campagne double Depuis 1924, le droit à réparation (une dette de la Nation) prévoit que les Anciens Combattants fonctionnaires, travailleurs de l’Etat et assimilés – dont le régime de retraite professionnelle est différent de celui du « privé » - pourront bonifier celui-ci par l’adjonction de la « campagne double ». Dans les faits, il n’y ont eu droit qu’après que le Gouvernement ait reconnu officiellement la notion de guerre en Algérie (loi du 18 octobre 1999). Comptetenu du « retard » de cette « décision » (37 ans après la fin des combats), de nombreux fonctionnaires – partis en retraite avant le 18 octobre 1999 –

n’ont pu accéder à ce droit à réparation. L’article 132 de la loi de finances pour 2016 a corrigé en partie cette injustice, en décidant que ces anciens combattants partis en retraite avant 1999 sans la campagne double pourront désormais en faire la demande auprès de leur administration d’origine. Par contre, l’injustice du décret du 10 juillet 2010 demeure en limitant les effets de cette campagne double, aux seules actions de feu ou de combat (c’est-à-dire une mini-mesure !) alors que la loi appliquée depuis 1927 à tous les combattants des guerres successives

a pris en compte la TOTALITE du séjour des intéressés sur le théâtre d’opérations. La différence n’est pas mince et le processus n’a rien à voir avec les critères d’attribution de la Carte du Combattant (loi du 19 décembre 1926). D’autant que, demain, les Anciens Combattants des OPEX devenus fonctionnaires seront concernés par cette mesure. Pour l’égalité de toutes les générations du « Feu », il nous faut donc exiger et obtenir des élus et du Gouvernement, l’application équitable de cette campagne double sur la base de la totalité du temps passé sur le terrain. L’Espoir Mutualiste LE RÉVEIL - N° 824 - MAI 2016

- 23


LE RÉVEIL VOS DROITS

Allocation adulte handicapé : revalorisation de 81 centimes, idem pour les autres prestations Les décrets sont parus au JO du 3 mai. La Base mensuelle des allocations familiales (Bmaf), qui sert à calculer la plupart des prestations familiales (Allocations familiales, Allocation de rentrée scolaire, Prestation accueil jeune enfant…) est revalorisée de 0,1 %, passant de 406,21 euros à 406,62 euros, précise la Caisse nationale d’allocations familiales. Le montant mensuel maximum de l’Allocation adulte handicapé (AAH) est porté de 807,65 euros à 808,46 euros. L’AAH est versée aux personnes handicapées de plus de 20 ans ou 16 ans sous certaines conditions (lire article en lien ci-dessous). Elle est modulable en fonction des ressources du foyer et d’une éventuelle activité. Elle est accordée aux personnes souffrant d’un

taux d’incapacité supérieur à 80 %. Entre 50 et 80 % de taux d’incapacité, la personne doit être victime « d’une restriction substantielle d’accès à l’emploi » du fait de son handicap. La demande d’allocation doit être formulée auprès de la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH). Pour la prime d’activité : + 52 centimes Le montant forfaitaire mensuel de la

Prime d’activité, nouveau dispositif d’aide aux salariés à revenus modestes entré en vigueur au 1er janvier 2016, passe lui de 524,16 euros à 524,68 euros pour une personne seule en métropole et dans les Dom (hors Mayotte). Ce montant est applicable aux primes calculées pour déterminer le montant dû pour avril. Pour le Revenu de solidarité active Le montant forfaitaire mensuel du Re-

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24 - LE RÉVEIL - N° 824 - MAI 2016


VOS DROITS LE RÉVEIL

venu de solidarité active (RSA) sera à compter du 1er avril de 524,68 euros pour une personne seule en métropole et dans les DOM (hors Mayotte) contre 524,16 euros précédemment. Ce montant atteint 673,75 euros (contre 673,08 euros auparavant) pour une

personne seule bénéficiant de la majoration pour isolement auquel s’ajoute un supplément de 224,58 euros par enfant (contre 224,36 euros). Pour Mayotte, ce montant forfaitaire est porté de 262,08 euros à 262,34 euros. Ce montant est de 131,17 euros (contre

131,04 euros) pour le conjoint ou le premier enfant, de 78,70 euros pour chaque enfant à charge jusqu’au troisième (contre 78,62 euros précédemment) et de 26,23 euros pour chaque enfant à charge à partir du quatrième (contre 26,21 euros).

Commission nationale d’attribution de la carte du combattant La Commission restreinte s’est réunie le 30 mars 2016 à Caen, siège du service de l’ONAC traitant ces questions. La rencontre a été sympathique et enrichissante, le directeur (M. Daniel Arnaud), son adjointe (Mme Line Andres), les cadres et tous les personnels méritent toutes et tous de chaleureuses félicitations. La commission a examiné 6 289 dossiers ainsi répartis :

Anciens combattants 39/45 : favorables 8, rejets 5 Indochine : favorable 14, rejets 6 Afrique du Nord (ATM) : favorables 739, rejets 256 OPEX : favorables 4610, rejets 107 Hors période : rejets 542. Résultats les mesures spéciales : • ATM « à cheval » sur le 2 juillet

1962 : 11 027 cartes attribuées à ce jour. • OPEX « 120 jours » : 20 736 cartes attribuées depuis le 1er octobre 2015 (essentiellement concernés par la retraite du combattant). • Total des cartes OPEX attribuées 128 000 depuis 1993. L’Espoir Mutualiste

LE RÉVEIL - N° 824 - MAI 2016

- 25


LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Pas-de-Calais (62)

Le PCF d’Hénin-Beaumont et l’ARAC du Pas-de-Calais ont commémoré ce 11 avril 2016 le 82e anniversaire de l’assassinat de Joseph Fontaine, en présence de Danielle Rouzé, son arrière-petite-fille, qui a déposé une gerbe de fleurs aux côtés de Benjamin Dekeyser, jeune militant de la section. Eugène Binaisse, conseiller municipal représentait le groupe Agissons Unis pour Hénin-Beaumont. Extraits de l’intervention de David Noël, responsable de l’ARAC et conseiller municipal : « Joseph Fontaine est mort à quelques mètres d’ici, il y a 82 ans, au cours d’une contre-manifestation organisée par le comité antifasciste d’Hénin-Liétard contre la venue de Léon Daudet à Hénin dans une réunion publique organisée par l’Action Française, le grand parti d’extrême droite royaliste de l’époque. « L’Action Française, Charles Maur-

Val-de-Marne (94) Jacques Verrier, secrétaire National et Président départemental de l’ARAC 94 et Jacques Goutorbe, membre du Bureau National, le 8 mai 2016 au Monument du Souvenir à Créteil ont déposé la gerbe de l’ARAC. 26 - LE RÉVEIL - N° 824 - MAI 2016

ras, dénonçait les « quatre Etats confédérés » de « l’Anti France », les Juifs, les francs-maçons, les protestants et les étrangers qui menaceraient l’identité de la France, comme si la République ne pouvait pas intégrer ses enfants, comme si l’origine, la couleur de peau, la religion, empêchaient quiconque de devenir un citoyen français. Aujourd’hui, l’extrême droite dit la même chose qu’en 1934, sauf qu’elle a remplacé les protestants par les musulmans… « Joseph Fontaine savait bien ce qu’était le fascisme. Deux mois après l’émeute parisienne du 6 février 1934, avec plusieurs milliers d’autres manifestants, il était là, place Carnot pour dire non au fascisme. « Joseph Fontaine était là, ce 11 avril 1934, aux côtés de notre camarade Nestor Calonne, ce grand dirigeant communiste qui partira plus tard combattre dans les Brigades Internationales, s’engagera dans la résistance avant d’être élu maire d’Hénin et sénateur à la Libération. « Les Camelots du Roi avaient également des revolvers et ont tiré sur nos camarades. Joseph Fontaine est tombé, tué d’une balle en plein cœur, première « victime du fascisme » à Hénin-Liétard comme nous le rappelle la plaque commémorative devant laquelle nous nous trouvons. « Le passé doit servir à éclairer le présent et l’avenir. Dans le contexte d’aujourd’hui, l’extrême droite nationaliste est un danger redoutable pour nos sociétés. En France avec le FN, en Alle-

magne avec le parti AFD, en Belgique, aux Pays-Bas, en Suisse, en Norvège et même de l’autre côté de l’Atlantique, quand on entend parler Donald Trump, partout, des partis violemment xénophobes divisent nos sociétés et alimentent les haines. « Nous sommes capables de nous organiser et d’aller, quartier par quartier, rue par rue, au porte-à-porte avec des tracts expliquant ce qu’est l’extrême droite, mettant au grand jour sa duplicité et ses mensonges, comme sa dangerosité pour les travailleurs. C’est dans la grève, c’est dans l’action militante, que se créent les rapprochements qui auraient été jugés inimaginables quelques mois plus tôt. « Il y a 82 ans, Hénin-Liétard était l’épicentre de la réaction antifasciste qui a fait reculer les ligues, leur a repris la rue et a finalement mené au Front populaire. En 1936, dans notre circonscription, c’est le secrétaire général de la CGTU des mineurs, Cyprien Quinet, qui était élu député, le premier député communiste du Pas-de-Calais. « Nous sommes les héritiers de cette histoire. Nous devons en être dignes. Nous ne voulons pas que l’année prochaine, cette circonscription se donne une députée d’extrême droite. Camarades, d’ici, devant cette plaque, nous devons lancer le signal de la réaction antifasciste, c’est le message d’espoir que je voulais vous délivrer ce soir, en guise d’hommage à notre camarade Joseph Fontaine.

« Le Feu » a 100 ans L’Association des Amis d’Henri Barbusse, l’ARAC vous invitent à commémorer cet événement dans une ambiance conviviale à Aumont-en-Halatte (60) dans le parc de la Maison de l’écrivain – Samedi 11 juin 2016 de 10 h 30 à 17 h.


VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

L’ARAC 13 présente au 51e Congrès National de la CGT qui s’est tenu à Marseille des 18 au 22 avril L’ARAC y a tenu un stand. 1 000 délégués venus de toute la France y ont participés. 800 réveils des Combattants, 500 livrets sur l’histoire de l’ARAC, divers matériels dont ceux de la Mutuelle ARAC ont étés distribués. Discutions, rencontres pendant 5 jours. CGT et ARAC porteuses de mémoire depuis presque un siècle. Ensembles contre les guerres, pour la paix, pour la défense de nos valeurs républicaines,

pour la liberté, les conquêtes sociales, la solidarité et la mémoire. Notre secrétaire National Patrick Staat également directeur du réveil des Combattants est venu nous saluer. Un grand merci à André Pira porte drapeau départemental et à Eve Schmit pour avoir étés présents durant cette semaine. Patrick Saintenoy Président Départemental ARAC 13

Angoulême (16) pour notre ami et camarade Camille Dogneton résistant déporté, décédé en mars. « Cet hommage d’aujourd’hui n’aurait pas de sens si nous ne prenions pas l’engagement de poursuivre la lutte pour la liberté et la solidarité entre les peuples, conquêtes fragiles qu’il faut défendre sans faiblesse ».

Journée nationale du souvenir de la déportation à Angoulême dimanche 24 avril 2016 devant le Mémorial de la Déportation. Jean-Pierre Colas,

Président départemental de l’ARAC a lu le message au nom de la FNDIRP en tant que petit-fils de déporté de Natzweiller-Stuthof et a eu une pensée

En présence de Mme Martine Pinville, Secrétaire d’Etat chargée du commerce et de l’artisanat, du représentant du maire d’Angoulême Samuel Cazenave et du directeur de l’ONAC Patrick Rullac.

Le 16e Congrès du Comité International du Village de l’Amitié s’est tenu à Van Canh les 11 et 12 avril 2016 Les comités nationaux du Village de l’Amitié (vietnamien, allemand, américain, canadien, Japonais et français) avaient rendez-vous à Van Canh les 11 et 12 avril pour apprécier le travail effectué en 2014 et 2015, pour discuter et signer le protocole qui va servir de bases aux initiatives et actions visant à améliorer le Village de l’Amitié au cours des 2 prochaines années. Plus que le caractère officiel du congrès, ces deux journées ont été l’occasion de revoir nos amis vietnamiens, enfants, vétérans, personnel du Village de l’Amitié et de renouer nos relations amicales de travail avec Rosi, Becky, Brigitte, Carol, Ahara et tous les membres présents des comités nationaux du Village de l’Amitié. Saluons l’efficacité et le dévouement de l’association des Vétérans Vietnamiens qui a parfaitement organisé ces rencontres aussi efficaces que chaleureuses.

Les représentants du Comité Français : Raphaël Vahé- Alain Bonnet.

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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Notre ami et camarade Jean Cordillot nous a quittés Jean Cordillot, ancien maire de Sens, ancien conseiller général et régional, ancien député de l’Yonne, ancien professeur du lycée de Sens qui nous a quittés le 14 avril 2016, appartient à une famille liée depuis des décennies à notre ARAC. Son père, ancien combattant de la guerre 1914-1918 fut le fondateur de l’ARAC de l’Yonne et lui-même lui resta toujours attaché. Jean Cordillot est aussi le père de notre amie et camarade de l’ARAC, Claudine Cordillot qui fut maire de Villejuif jusqu’aux dernières élections municipales. A Claudine, à sa famille, nous présentons nos condoléances et lui exprimons notre solidarité et notre amitié fraternelle.

Gard (30) A la famille de Maurice Garrel qui a perdu une fille dans des conditions dramatiques Chère Paulette, Cher Maurice, Nous mesurons l’horreur qui vous touche ainsi que vos enfants et petits-enfants. Au nom des adhérents de l’ARAC, de leur direction nationale, nous voulons vous exprimer nos condoléances ainsi que notre amitié et notre affection dans ces moments particulièrement injustes et douloureux. Face à ce drame, nous vous assurons de notre solidarité et de notre soutien. Les mots ne peuvent pas cacher le malheur. Nous savons que perdre un enfant est insupportable pour des parents. Avec toute notre amitié.

Le Réveil des Combattants adresse aux familles et aux amis de nos camarades décédés ses sincères condoléances.

Nos peines ■ BOUCHES DU RHONE (13) Arles : Guy IMBERT, AC ATM. Jean LAURAIN, AC ATM. Amérigo Henri MELANI, AC ATM. ■ FINISTERE (29) Brest : Mme Marie Yvette HILY, dite « Mimi », 93 ans, Résistance, Chevalier dans l’Ordre National du Mérite, Chevalier de la Légion d’honneur, Croix du Combattant volontaire de moins de 20 ans. Robert LE ROUX, combattant pour la Paix. ■ HAUTE-GARONNE (31) Launaguet : André BOUCHER, Engagé volontaire 39-45. ■ MOSELLE (57) Ottange : Raymond DELLION, AC 39-45. Angel PANTALLA, AC ATM. ■ NIEVRE (58) Decize : Marcel Ange GONDET, AC ATM. Nevers : Marcel DOUX. Jean-Paul SEMPERE, AC ATM ■ HAUTES-PYRENEES (65) Soues : François CARPY, AC Indochine.

■ PARIS (75) 9e : François CHAUFAUX, AC 3945. Albert Léon GEORGES. Albert VIGREUX, AC ATM 3e : Mme Josiane ROUX, combattante pour la Paix. 11e : Mme Monique PETIN, veuve 12e : Lucien DUCKSTEIN 13e : Mme Helyette GARCIA. Paul LE MORVAN, AC ATM. RATP : Robert VAAST ■ SEINE ET MARNE (77) Esbly : Georges HENRY, 83 ans, AC ATM. ■ VIENNE (86) Chatellerault : Etienne Marcel GUILLÉ, 103 ans. ■ VAL DE MARNE (94) Alfortville : Mme Askanouche MADJALIAN, veuve. ■ CONSEIL NATIONAL Verniolle (09) : René COLOMBIES, AC 39-45

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VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Allonnes (72) « L’esclavage, notre histoire à tous »

Exposition Normandie Niemen

L’ARAC et Fasso Denw se sont associées aux villes d’Allonnes et de Coulaines pour donner ampleur et visibilité à cette deuxième commémoration. « C’est important de remettre sur le devant de la scène ce moment sombre de l’histoire, pour ne pas reproduire pareilles horreurs », estime le président de l’ARAC Roger Leroy. « Et quoi de mieux, pour se retrouver que la culture ? C’est le meilleur des vecteurs. » « Il faut que nous réussissions à parler de cette partie de notre histoire

La magnifique exposition “Normandie Niemen” relate cette remarquable épopée très peu connue de la seconde guerre mondiale. Pourtant, cette association Franco-Soviétique qui a joué un rôle important est quasi méconnue et quasi “oubliée” dans les manuels scolaires. Ce sont deux camarades de l’ARAC André Fillière et Chantal Degraeve qui pendant plusieurs années ont fait un travail remarquable pour collecter les documents d’illustration, les témoignages, pour réaliser cette exposition. Le 9 avril 2016, en Mairie de Trappes (78) le vernissage de cette exposition a été réalisé, en présence de leurs auteurs, du Maire adjoint de Trappes, de l’attachée culturelle de Russie.

de façon décomplexée, qu’on puisse rappeler que ça a existé et qu’il faut rester vigilant », enjoint Sidy Diarré, président de Fasso Denw. Comme lui, Mustafata Nafaa conseiller aux droits humains d’Allonnes regrette qu’à Allonnes et ailleurs « les gens ne se déplacent plus pour voter ou choisissent les extrêmes parce qu’on leur a vendu une image qui ne correspond pas à ce que l’on voit dans la rue. Si on ne connaît pas l’histoire, on ne peut pas avancer.

Allier (03) Etoile de Bronze de l’ORMCM à Christian Bertrand secrétaire départemental de l’ARAC Adhérent de l’ARAC depuis 1994, militant CGT dès son entrée dans la vie active (1969) Christian Bertrand, après avoir siégé de nombreuses années au sein du Comité départemental de l’Allier, il est, depuis Novembre dernier, secrétaire de la section ARAC de Saint-Pourçain-Sur-Sioule et secrétaire Départemental. Il a succédé dans ces deux postes à son camarade et ami René Merle. C’est ce dernier qui a tenu à lui faire obtenir l’étoile de bronze de l’ORMC. « Petit fils de poilus de 14-18, fils de résistant 39-45 Je ne suis pas ancien combattant mais il m’a paru indispensable de prendre

la relève de nos anciens. Ma prise de responsabilité et mon militantisme à l’ARAC et l’ANACR ne sont pas une contrainte car je le fais tout naturellement avec acharnement et conviction en pensant à ceux qui se sont opposés au péril de leur vie au régime de Pétain et à la barbarie nazie pour que nous puissions vivre aujourd’hui dans un monde libre. » a précisé Christian, lors de la cérémonie qui a eu lieu dans sa commune de naissance LAFELINE haut lieu de la Résistance qui pour lui est un symbole fort puisque son instituteur (ancien déporté de Buchenwald) lui a inculqué les valeurs républicaines.

L’étoile lui a été remise par André Sérézat (étoile d’or) en présence d’Yves Sanvoisin, Maire de Lafeline, et de Marie Françoise Lacarin et Jean-Paul Dufrèsne Conseillers départementaux.

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LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Cérémonie de commémoration du 54e anniversaire du 19 mars 1962

Le 19 mars 2016 au nom de l’ARAC Nationale, le Président Raphaël Vahé, le Vice-Président Paul Markidès et la

Secrétaire Nationale Liliane Rehby se sont rendus à l’invitation du Président de la République François Hollande, du Ministre de la Défense Yves le Drian, le Secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants et à la Mémoire Jean Marc Todeschini. Lors de son discours au quai Branly, le Président a précisé : « Le 19 mars 2012 j’ai promulgué comme président de la République la loi qui proclame le 19 mars journée nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la

Souscription Pour continuer nos combats, fédérer les organisations qui partagent nos valeurs, nous devons acheter les locaux que nous occupons à Villejuif. Envoyez vos chèques à l’ARAC 2 place du Méridien 94800 VILLEJUIF.

guerre d’Algérie et des combats de Tunisie et du Maroc. Aujourd’hui je tenais à donner une traduction à cette loi. Néanmoins le 19 mars annonce la fin du conflit et c’est pourquoi ce sont les mémoires de toutes les victimes qui sont reconnues. La journée nationale du 19 mars c’est honorer toutes les douleurs et reconnaître toutes les souffrances… ».

« Le système colonial contenait en lui sa propre fin ».

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0HUFL j WRXV OHV DUGpFKRLV La souscription se poursuit : ARAC 07, 11, 31, 47, 59, 88. SECTIONS ALES, ANNONAY, AUZAONNET, BOURGOIN-JALLIEU, CLERMONT-FERRAND, ISSOIRE, LE HAVRE, LEDIGNAN, NIMES, PUJOLS, VILLENEUVE DE BERG. ABELLAN C., AGOSTINI F., ALLOISIO F., ALMODOVAR J., FAGET C., AUBEY L., AVICE M., AZZOUZ M., BARRE J., BARUCCHI J-P., BAYLE J., BERDEIL M., BERENGER G., BERGEAUD R., BERGERON A., BERTRAND B., BIADELLI P., BONNET S., BRABANT J-C, BRICE G., BROUSTE M., BRUNET G., CANDELIER J-J, CARIOU J-C, CHABROL G., CHAUVEL A., COLLA G., COMBORIEU J., COMPAGNE R., COTHENET G., DANIEL J-C, DANIZAN E., DECEES R., DELAUBIER J., DELENA C., DELHOUME JM, DENIER R., DESCAMPS K., DESGUERRE R., DESNOYERS G., DESRUES M., EFFERNELLI S., ESTEBAN A., FAGUET C., FALIGAN C., FAURE E., FERRANDO C., FERRARO P., PERRIER V., FRANC A., FRANCHINEAU P., FRISON J., FUMAT N., GALABROU M-T., GARCIA H., GARCIA J., GARCIA-SANCHEZ, GARDETTE J., GATHU J., GAYDON G., GILBERT R., GINGOLD M., GOURBEYRE, GRAFF M., GRUNER M., GUIBERT M., GUILLY L., HELLIO F., HERAUD J., HUE H., IANELLI L., IRIDE B., ISSAD M., JOUANIGOT J., KRUG-COTTALORDA A., LABRYE FRITZ R., LALLEMAND A., LE LIEVRE S., LEBLANC J., LEMAIRE J-P., LENGRAND J., LENOIR J., LEON Y., LEVESQUE S., LOUGNON C., MARQUIS A., MARTIN P., MARTRES P., MAURICE R., MERLE R., PINELLI Mme, MOLINA F., MONOT G., MONTAGNE Y, MOYE G., NATIVI R., NUNEZ M., OROMI BRES M., PAGES S., PAPY N., PASTOR M., PERAMMANT F., PERRIGAULT C., PICOLLO A., PILI R., PITIOT H., PLATEAUX L., POTELOIN N., RAUTUREAU C., RENAUDIE J., RENAUDIN J., REYMOND J., RISACHER E., PAYRASTRE R., ROUAULT R., ROUDIER G., SEGUELA R., SERRES R., SOLARI N., STEZZI A., SUGIER R., SUNTINGER G., TALEC J., THIBAULT S., TONELLY G., TOURNELLEC M., TRANIER R., TROUCHAUD J., UBEDA A., VARASSE L., VERAN G., VINCELOT G., VIRECOULON G.

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VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Léon Landini et le devoir d’avenir A quelques jours d’entrer dans sa 90e année, Léon Landini, qui n’était encore que médaillé de la Résistance et officier de la Légion d’honneur s’est vu remettre à la mairie de Bagneux par Michel Bassot, président départemental de l’ARAC des Hauts-de-Seine et membre du Bureau National une décoration : la médaille d’or de l’Office Républicain des Mérites Civiques et Militaires. Elle honore celles et ceux qui se sont distingués dans leur lutte pour la liberté, l'égalité, la fraternité et la cause de la Paix. Et c’est bien pour son dévouement à ces idéaux que Léon Landini s’est vu distinguer, lui qui a tué une quarantaine de soldats allemands, réalisé une quarantaine de déraillements, détruit plus de trois cents véhicules sans parler de la destruction d’usines travaillant pour l’Allemagne. Léon Landini, en proie à une violente émotion, a donné la parole à ces héroïnes et héros, ses camarades de com-

bat qui ont subi les pires tortures sans jamais parler, la déportation, et donné leur vie pour l’idéal qu’ils partageaient avec lui. Il a parlé avec simplicité, avec passion aussi, passionné qu’il est d’avenir. Car de son passé de combattant et de militant, il retient une ardente obligation : le « devoir d’avenir » : trois mots qui semblent évidents à les entendre mais qu’on entend trop rarement. Difficile alors de ne pas évoquer en l’écoutant le Chant des partisans : « Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaîne » Léon Landini a dénoncé cette tentative d’asservissement d’un pays qui se veut fier de ses vertus révolutionnaires, de ce pays, le nôtre, où l’on a pu ratifier le projet de Constitution européenne alors que la majorité du peuple l’avait rejeté, 16 millions de voix s’étant prononcées contre Mêmes combats, autres armes.

Mont Valérien Nous vous invitons à être présent le SAMEDI 4 JUIN à partir de 14 heures à l’hommage populaire au Mont-Valérien au Mémorial de la France Combattante. Dès 14 h 15 – spectacle présenté et interprété par les Tréteaux de France (Directeur : Robin Renucci) accompagnés d’élèves du Lycée Le Corbusier d’Aubervilliers « Résister par l’Art et la Littérature » - Esplanade de l’Abbé Stock (Suresnes).

Nicole Mokobodzki

Villejuif (94) Jean-Louis Giraudou – Président de l’ARAC Villejuif – extraits.

Dépôt de la gerbe de l’ARAC par Térésa Gorain – secrétaire générale de l’ARAC du Val-de-Marne – et Patrick Staat – secrétaire national de l’ARAC.

« …Alors qu’en 1936 le Front Populaire avait gagné et s’engageait sur la voie du progrès social, des 40 heures, des premiers congés payés, les grandes fortunes ne s’avouèrent pas vaincues. Elles clamèrent « Plutôt Hitler que le Front populaire ». Le 18 juin 1940, le

général de Gaulle lançait son appel. Le 10 juillet 40, Maurice Thorez et Jacques Duclos appelaient à constituer « le front de la liberté, de l’indépendance et de la renaissance de la France ». « … Hommes, femmes, civils ou militaires, se sont levés pour

combattre, tous les résistants, mais aussi tous ces gens qui risquaient leur peau par des gestes simples : ouvrant une porte, portant une valise, hébergeant un enfant juif, prévenant d’une arrestation possible ? » « C’est de cette résistance que naquit, en 1944, le programme du Conseil national de la Résistance, dont sont issus ou inspirés tous les grands acquis sociaux… » « La victoire de 1945, si chèrement acquise, devait ouvrir sur des temps de fraternité et de progrès… la France osa inventer les comités d’entreprise, la Sécurité sociale pour tous, le droit au logement et un service national du logement, le retour à la loi de 40 heures avec paiement des heures supplémentaires à 25 % et 50 %, la nationalisation de la Banque de France et des établissements de crédits, mais aussi de l’électricité, du gaz, des transports et de la Poste. Elle reconnut, enfin, le droit de vote des femmes. » LE RÉVEIL - N° 824 - MAI 2016

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